A peine suis-je installée que des... rats viennent m'apporter les livres. Mais pas des humains qui joueraient les rats de bibliothèques, non, des vrais rats, des machins poilus avec des dents trop longues et trop aiguisées, et surtout généralement des puces, des tiques, des maladies, de la bave... Je me retiens de me cacher sous ou sur la chaise, je ne sais plus trop, calmant ma respiration, tentant d'apaiser mon coeur terrorisé. Oh Yuia, mais qu'est-ce qui m'a pris de me ruer ainsi dans une aventure sans me renseigner un minimum sur l'inconnue qui m'invitait ? Un Garzok, une lutine et maintenant des rats poilus.
Pour tâcher d'oublier encore plus vite, je plonge dans le travail fastidieux mais important de recopier la carte du Naora. J'aurais bien voulu une carte plus détaillée du désert, mais je doute qu'elle existe, la zone est connue pour être hostile. Je commence tout naturellement par l'île du centre, celle du désert de Sarnissa, qui porte le nom de Dragomélyn, le désert des batailles. Ilmorë m'a raconté plus d'une fois la légende de cette étendue aride, ancienne forêt magnifique réduite à néant par les Dieux. Là-bas, nous n'aurons aucune aide, la seule ville à proximité c'est Raynna.
J'arrête de dessiner la carte pour fouiller dans l'ouvrage sur le Naora des informations sur cette ville, dont je n'ai jamais entendu parler. En lisant entre les lignes, je n'apprends que des choses fort peu agréables, il s'agit donc d'un bagne où sont enfermés les rebelles et les criminels. Ainsi les Sindeldi pratiquent l'exil, punition qui me semble nettement plus cruelle que la peine capitale appliquée par notre bon Roi. En tout cas, en ce qui nous concerne, nous n'obtiendrons pas d'aide par là-bas, c'est certain.
Entre deux, des volcans, éveillés. Je n'ai jamais vu d'éruption, et là comme ça, je souhaite ne pas en voir. Dans ce que j'en sais, c'est un mélange de feu et de pierre et les deux ensembles, ça doit faire peur, très peur et être dangereux, très dangereux...
Nous avons donc en climat, de la steppe, des volcans, des neiges éternelles et du désert, ainsi que des possibilités de grottes. Je fonce dans le livre sur les silnogures, pour savoir ceux qu'on devrait rencontrer : atarlartëa, désert, grand, couleur paille et herbe brûlée; Aurëlartëa, proche de l'eau, pelage blond délavé, pêcheur; ithilartëa, neige, blanc pur; kemenlartëa, basse montagne, pelage court, brun gris; narlartëa, volcan, mi-long roux ou jaunâtre. Patiemment, j'inscris ça au dos de la carte, ça pourra servir, au moins qu'on sache si c'est normal de les croiser et lesquels.
"Laisse-moi juste encore le temps de recopier quelques mots du dictionnaire, qu'on sache parler aux elfes gris au besoin, puis on pourra y aller je pense."
J'ai désormais une carte, avec quelques informations, genre la présence d'une grande oasis dans le désert et surtout d'immenses volcans, sans compter ce bagne où je ne compte pas mettre les pieds et une liste des silnogures que nous pourrions croiser. Le livre de survie dans le désert naorien, je le laisse de coté, il me faudrait le recopier intégralement pour être intéressant, et là, je n'ai pas le temps, je ne suis pas une moine copiste moi.
_________________ Naya, fille du chevalier Cyrial de Rougeaigues, seigneur de Melicera
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