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 Sujet du message: Le quartier royal
MessagePosté: Mer 2 Juin 2010 10:53 
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Le quartier royal


C'est une autre grotte de taille incroyable, surtout du fait de son plafond éminemment haut. L'entrée est gardée par un groupe de militaires à l'armure de cuir doré, signe de leur grade très élevé.

A l’intérieur, les parois de terre sont peintes en ocre et en jaune, le sol est recouvert d'une couche de marbre raffiné aux couleurs multiples. Des dizaines et des dizaines d'Orgamii se tiennent là, disposés en rangs de part et d'autre d'une allée centrale très large menant au fond de la grotte où se trouve généralement la Reine Mère des Orgamii, l'Araignée géante au visage humain qui commande la cité. Elle est en perpétuelle gestation de nouveaux Orgamii qui viendront alimenter les rangs de ce peuple qui se destine à devenir si grand qu'il pourra s'opposer à Khonfas, ville ennemie depuis toujours.

D'autres pièces sont adjacentes à cette grande grotte principale et royale, mais ce sont les 'appartements' de la Reine et personne n'est autorisé à s'y rendre.

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 Sujet du message: Re: Le quartier royal
MessagePosté: Mer 2 Juin 2010 11:33 
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Les mains de l’individu s’accrochèrent au cocon de Lilie et cette dernière trouva encore l’énergie de trembler, mais plus de parler, ne nourissant plus vraiment d'espoir. Elle restait muette et au bord de la folie, elle balançait son regard en tous sens. Pourtant, elle ne cherchait rien à voir de particulier, et c’était juste des mouvements de désespoirs qui la faisaient agir ainsi, alors qu’elle était traînée sur le sol avec une force et une agilité déconcertante. Qui était-il donc ? Cette question qui était pourtant primordiale, elle ne l’avait même pas posée, la raison en était qu’elle ne l’intéressait plus du tout. Elle ne voulait plus rien, si ce n’était que l’on vienne lui dire qu’il ne s’agissait là que d’un horrible cauchemar bel et bien irréel et qui n’avait plus aucune forme d’importance. Mais existait-il quelqu’un capable de la secouer et de la réveiller ? Elle n’en était plus vraiment sûre. Plus rien ne semblait vouloir avoir de sens dans son esprit et c’était là la seule échappatoire qu’elle avait trouvée pour se préserver. Elle chassait la logique de son raisonnement, de ses craintes et du destin qui avait toute puissance sur elle.

En réalité, c’était là une bien étrange sensation que de se préparer à la mort. La panique n’avait duré qu’un temps, épuisante, et elle avait rapidement fait place à l’angoisse, plus calme, plus profonde et plus dévastatrice encore. C’était là que s’était trouvée la lutte d’esprit, et Lilie en était ressortie perdante, accueillant la mort dans sa tête pour la laisser s’y installer, faire le vide et anéantir son être. La fin de l’esprit avant la fin du corps était la plus belle des morts. C'était ce que tout un chacun pouvait espérer, et la jeune elfe finit par se laisser sombrer dans un abysse de noirceur qui la coupait de tous ses sens. Plus rien n'existait, c'était parfait, idyllique, idéale.

Elle ne remarqua pas la traversée d’interminables couloirs de terre mal éclairés, pas plus qu’elle ne vit l'immense salle dans laquelle elle avait été transportée. Il ne restait plus rien dans sa tête, que la volonté de son âme de se sauver, de se protéger des horreurs qui allaient lui être infligées avant que tout ne vienne à s’éteindre pour de bon.

« Qu’on livre le cocon ! »

Une voix autoritaire et à la fois solennelle avait retenti dans cette impressionnante pièce plutôt sinistre mais majestueuse. L'écho de sa voix se répercuta avec violence contre les parois de l'immense grotte et fit se briser le silence qui semblait être installé ici depuis toujours sans faiblir. Pourtant, des dizaines et des dizaines d’êtres tous semblables les uns aux autres s'amassaient en ce lieu bien étrange. Impassibles, ils protégeaient on ne savait trop quoi dans cet antre à la lumière vacillante du fait des quelques braseros disposés ça et là de façon parcimonieuse.

Le cocon de Lilie fut encore déplacé, passant de main en main sans que la jeune fille ne prenne conscience de rien. Elle ne dormait pas, elle était juste dans un ailleurs qui la gardait de ce que son esprit n’était pas en mesure d’endurer. Là où elle se trouvait, psychiquement, rien ne pouvait l’atteindre, ni la beauté, ni la joie, ni la souffrance. Nul ne pouvait dire si ce lieu flottant existait vraiment ou s’il n'était que le fruit de sa folie, mais il était en cet instant ce qu’il y avait de plus précieux pour Lilie. Toute sa volonté n’était concentrée que sur le maintien de cet état second qui semblait être destiné à craquer d’un instant à l’autre tant il était instable et frêle.

Les tremblements refirent petit à petit leur apparition, sa respiration recommença à s’accélérer et ses paupières s'agitèrent avec fièvre, fissurant délicatement le voile de folie qui était définitivement entrain de céder. Le pire était alors à venir...

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 Sujet du message: Re: Le quartier royal
MessagePosté: Mer 2 Juin 2010 11:34 
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Ses yeux s’ouvrirent soudain, grands, impressionnants, révélant tout leur effroi lorsqu'ils virent l'horrible spectacle qui se déroulait au dessus du cocon. Un terrible visage arachnéen était entrain de scruter la jeune fille avec avidité. Son regard globuleusement sombre et maléfique était d'autant plus terrifiant que la bête était immense et qu'elle était d'un noir profond à en faire pallir l'onyx.

Une énorme mandibule mesurant la taille de la prisonnière fondit alors sur elle, tranchante, luisante, et un flash secoua l’elfe verte lorsqu’elle sentit le membre s’enfoncer dans l’épaisseur de la gangue de soie durcie.

Avec précision, tout fut sectionné, et une terrible douleur lancinante s'abattit sur Lilie qui ne laissa échapper qu’un petit raclement de gorge, sentant son poitrail et son ventre mortellement blessé et le souffle, venir à lui manquer. N’allait-elle donc pas être tuée sur le champ ? Ferait-on avec sadisme s’éterniser ses douleurs ? L’horreur était arrivée à son paroxysme le plus fou et elle n’avait plus de ressources à gaspiller en de vaines tentatives de sauvegarde. Elle allait être contrainte et forcée de subir, sous le regard grave et placide des sbires de cette abomination gigantesque et velue qui ne pensait qu'à la dévorer sans retenue.

L’un d’entre eux, trappu et à la peau foncée, s’approcha en hâte pour étirer la soie de part et d’autre de ce corps souffrant le martyr et convulsé de douleur, dans le but de l'en extirper. Lilie n’avait même pas pris la peine de le scruter, pas plus qu’elle ne l’avait imploré. Son sort était scellé, et elle ne perçut même pas l'étrange mouvement de recul qu’eut cet individu avant de laisser échapper un hoquet de surprise à la vue de ses vêtements, pas plus qu’elle ne perçût le compris la signification du grotesque rictus qui déchira le visage de la bête écoeurante.

« Mais…mais… »

L’individu était entrain de perdre tout son calme et lorsqu’il se tourna vers l’assemblée qui l’observait avec circonspection, il se mit à hurler un ordre qui parvint aux oreilles et à la conscience de Lilie tel un signe annonciateur de miracle.

« Allez chercher des guérisseurs, puissants, vite, cherchez Garl’rum et Marty Velth ! »

L’assemblée se dissolvait à une vitesse dépassant tout entendement. Ils étaient tout aussi paniqués que l’était ce personnage haut placé et la raison de toute cette agitation ne tarda pas à être donnée. Du gouffre infâme de la bête géante sortie une parole quasiment inintelligible tant elle était chevrotante, grave et mal articulé…

« Tu m’as ramené la nouvelle élue pour la Forêt…Idiot ! Si elle venait à périr de ses blessures, je te jure que je te ferais exécuter sur le champ, toi, ainsi que tous ceux qui ont participé à cette capture lamentable ! Qu’est ce que tu attends maintenant ? Sauve-la, fait tout ce que tu peux mais sauve-la !»

La créature avait parlé, et son subordonné devait agir sur le champ. Se laissant tomber aux côtés de ce cocon contenant Lilie de plus en plus mourante, il essaya de contenir le sang qui s’échappait de son incroyable blessure en resserrant les fibres durcies sur son torse et son abdomen à l’aide de mouvements mal assurés et tremblants. Le liquide se rependait partout autour d’elle et ses organes étaient gravement atteints. Il fallait faire vite, très vite, mais rapidement, la rôdeuse perdit connaissance et tout fut à nouveau fini.

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 Sujet du message: Re: Le quartier royal
MessagePosté: Mer 2 Juin 2010 11:37 
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Après la traversée de ce qui sembla être de nobles couloirs, les deux individus arrivèrent devant une haute porte qui se dressait majestueusement devant eux. Elle était gardée, elle aussi, par deux Orgamii, mais ils étaient vêtus de façon bien plus élégante que ceux qui protégeaient l’infirmerie, avec des carapaces dorées et argentées. L’endroit dans lequel ils étaient sur le point de pénétrer devait donc être un lieu de grande importance et il ne fallut pas bien longtemps à Lilie pour comprendre qu’elle allait être reconduite auprès de la Reine arachnéenne, mais dans des circonstances bien différentes de la première fois heureusement.

La rôdeuse était sans crainte, même en revisitant ses dramatiques souvenirs qui lui montraient de la souffrance, de la terreur et l’horrible visage quasi humain de la créature qui lui avait infligé tant de mal. Ses capacités de rationalisations semblaient à présent sans faille et Lilie en était presque fière.

« Lorsque nous aurons pénétré dans le palais de la Reine, ne dites pas un mot si vous n'y êtes pas invitée ! Regardez la Reine droit dans les yeux, toujours, et montrez-vous respectueuse et sans crainte, même si, ma foi, pour ce dernier point, il ne devrait pas y avoir de problèmes si j’en crois mes capacités magiques ! »

Il eut un petit sourire amusé, et invita les gardes à ouvrir les deux lourdes portes de bois massif qui grincèrent longuement en résonnant dans les galeries. Ils prièrent Lilie et Marty Velth d’entrer et refermèrent aussitôt le passage, plongeant les deux personnages dans une atmosphère froide et faiblement éclairée. L’elfe verte redécouvrait cet antre sous un tout nouveau jour. Cette architecture raffinée la laissait sans voix : la terre des parois et du plafond de cette immense salle était travaillée de façon très élaborée, avec de nombreux piliers et arabesques dansantes. Quant au parterre, il était recouvert de marbre à la pigmentation multicolore et terriblement glissant.
Lilie regrettait presque de ne pas avoir pu profiter de ce splendide spectacle la première fois, lorsqu’elle avait été amenée ici dans son cocon, mais son attention fut bien vite captivée par le nombre incroyable d’Orgamii qui se trouvaient présents de part et d'autre de Marty et de son invitée d’honneur pour former une longue allée menant à la Reine.

De là où elle se trouvait, Lilie parvenait déjà à voir l’incroyable araignée, mais de l’arrière. Son abdomen était dénué de poil et il semblait horriblement gonflé et en perpétuel mouvement : ce devait être le signe d’un état de gestation déjà bien avancé. En temps normal, l’elfe aurait été sans doute écœurée de cette découverte étrange. Mais présentement, elle était simplement fascinée par cette toute nouvelle façon de voir les choses grâce à la magie du guérisseur, par cette capacité à appréhender le monde sans crainte ni dégout malgré son traumatisme passé. Depuis le premier instant où elle avait repris connaissance dans la forêt, Lilie n’avait rêvé que de ça : pouvoir maîtriser ses émotions sans avoir à les subir, qu’elles soient positives ou négatives. Marty le lui avait dit, cet état de paix intérieure ne durerait pas, mais cela avait bien peu d’importance, elle voulait simplement profiter, et peut-être aussi, apprendre que vivre d’empressement et d’impulsivité, ça n’était absolument pas une bonne chose.

Solennellement, ils s’avancèrent en direction de la Reine, et lorsqu’ils furent enfin arrivés à sa hauteur, tous deux s’inclinèrent avec respect, Lilie copiant tous les faits et gestes de son ami avec brio.

« Redressez-vous, ma chère enfant ! »

Ce visage aux traits humains avait parlé, et la rôdeuse avait obéi, plantant alors son regard dans celui de l’araignée géante comme le lui avait conseillé Marty resté incliné sans un mot. Calmement, Lilie attendit alors la suite des évènements, le cœur battant dans sa poitrine comme ça ne lui était plus arrivé depuis sa rencontre avec le puissant guérisseur. Le sort commençait-il déjà à faiblir ? Elle n’eut de toute façon pas le temps de s’en soucier, car la bête reprit la parole, de sa voix caverneuse et roque.

« C’est un honneur pour nous de vous accueillir en notre cité. Vous êtes encore jeune et naïve, et il va vous falloir remédier à ces failles qui, comme vous avez pu le constater, on manquait de vous prendre la vie. »

Elle fit claquer ses terribles mandibules comme pour illustrer ses propos, mais Lilie ne réagit pas, se contentant de hocher la tête en signe d’approbation. Elle-même se sentait à présent honteuse de tant de bêtise, repensant à son comportement candide lorsqu’elle s’était trouvée face à cette grosse araignée et sa toile, dans la forêt.

« Ce monde d’en-haut est dangereux. Nous-mêmes ne nous y aventurons jamais. Seules mes filles-araignées le font, car elles passent inaperçues et s’intègrent parfaitement dans le décor de la faune et de la flore locale. Et puis, elles savent relativement bien se défendre et elles doivent chasser pour m’apporter de quoi manger. »

Lilie se demanda l’espace d’un instant quels pouvaient être ces dangers, se remémorant les paroles des plantes qui l’avaient mise en garde contre elle ne savait pas vraiment quoi au final. Elle ne laissa pas pour autant s’exprimer son interrogation, et laissa poursuivre la Mère des Orgamii.

« Les elfes noirs de Khonfas ne doivent pas soupçonner notre présence, c’est la raison pour laquelle nous nous cachons. Cela dure depuis des millénaires et peut-être nous tiennent-ils pour morts ! Mais ils empiètent de plus en plus sur la forêt, la corrompant avec leur immonde magie noire, la même qui a été à l’origine de ma création, je suppose. »

La Reine semblait attristée, mais également en colère. Ses yeux noirs s’agitaient avec nervosité et ses lèvres s’étaient crispées dans un rictus courroucé. Il ne faisait aucun doute que si ce peuple parvenait à se développer et à se répandre assez, ils reviendraient un jour à Khonfas pour prendre la place qui leur était due. La forêt était la maison de sa famille ainsi que sa protection, et la Reine ne supportait apparemment pas que l’on y touche.

« Les arbres deviennent mauvais, la nature sombre du mauvais côté, les animaux sont tués pour leur bon plaisir et leurs entrailles sont répandues là où ils le peuvent. Des autels en l’honneur de Valshebarath sont construits partout où ils passent et ils sont en guerre pour étendre leur territoire sur celui des humains d’Eniod. »

Lilie fut choquée d’apprendre toutes les horreurs que ces êtres infligeaient à la forêt, et un mouvement de révolte frappa son esprit. Peu à peu, elle découvrait l’importance du rôle qu’elle avait à jouer pour protéger non seulement sa famille et sa propre patrie, mais également la forêt dense toute entière, de cet horrible peuple conquérant et destructeur. Qui était donc cette ignoble Valshebarath en l’honneur de qui tout ce mal était perpétré ? Si la Reine Mère avait été offerte à Khonfas pour aider aux conquêtes de la forêt, il ne faisait plus aucun doute qu’à présent, elle était en totale opposition avec ces préceptes qui l’avaient pourtant formée.

« Bien, à votre expression, je vois que vous mesurez à présent toute l’ampleur du danger qui pèse sur nos arbres et leurs habitants. Notre peuple sera donc heureux de participer, à la hauteur de ses moyens et de ses connaissances, à la réalisation d’une Gardienne. Vous êtes intelligente, cela se voit dans vos yeux, et votre tribu a bien fait de vous désigner. »

Lilie commençait à croire que dans cette ville souterraine, tout allait être mis en œuvre pour la faire progresser au plus vite. L’urgence était palpable, et elle espérait juste pouvoir être à la hauteur des attentes que tout le monde plaçait sur ses épaules. Il ne s’agissait donc pas uniquement d’une quête personnelle vers la raison et le savoir, mais d’une véritable mission de sauvegarde d’un équilibre mis à mal par le Mal lui-même.

Déglutissant lourdement, Lilie se redressa un peu plus encore, rabattant ses épaules en arrière telle l’héroïne qu’elle allait être amenée à devenir sans même en avoir le choix. De toute façon, le choix, l'avait-elle voulu un jour, au final ? Sa décision de devenir celle qui protégerait la forêt n’était-elle pas déjà prise depuis longtemps ?

« Marty Velth va maintenant vous introduire auprès de tous les Orgamii qui ont des choses incroyables à vous apprendre. Votre séjour ici ne sera pas de tout repos, mais je pense que cela va vous plaire. »

L’Arraignée géante fit cliqueter ses pattes sur le sol de marbre et s’inclina à son tour, respectueusement, avant de s’en aller dans une galerie voisine adaptée à sa taille incroyable. Lilie fut bien surprise de ce salut auquel elle ne s’était pas le moins attendue, puis elle se tourna vers son ami qui arborait un sourire réjoui. Il semblait heureux et à bien regarder ces centaines d’individus alignés comme de sages petits soldats de plomb, eux aussi semblaient ravis, comme un seul homme. Ils reflétaient un certain état de satisfaction général, et Lilie s'habituait d'ores et déjà à être celle qui était à l’origine d’une telle réjouissance.

« Si vous voulez bien me suivre, à nouveau. Je vais vous accompagner aux quartiers militaires, là où vous allez commencer à prendre votre programme d’entraînement au combat. Plus jamais un cocon d’araignée, même de bonne taille, n’aura raison de vous, croyez-moi sur parole, ma chère ! »

Sur cette entrefaite, Lilie se laissa conduire au travers des galeries qu’elle allait finir par connaître sur le bout des doigts à force de s’y faire escorter. La rumeur de sa venue dans la ville des Orgamii commençait à se répandre au fil des heures, si bien que les salutations de ces dizaines d'êtres croisés se montraient de plus en plus révérencieuses.


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 Sujet du message: Re: Le quartier royal
MessagePosté: Jeu 6 Jan 2011 14:33 
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« Prête ? Mh… Il aurait d’abord fallu que je sache à quoi me préparer ! Mais bon, ce sera la surprise ! »

Son ton de voix était plutôt amusé mais dans le fond, ne pas savoir ce que l’on attendait réellement d’elle était une source non négligeable d’angoisses. A mesure que les galeries avaient défilé, Lilie avait entendu des voix s’élever derrière elle, de plus en plus bruyantes et nombreuses, telle une longue procession qui finissait de nouer les entrailles de la jeune elfe verte très perturbée.

Ils étaient parvenus assez rapidement aux quartiers royaux, pour le plus grand soulagement de Lilie qui commençait à ne plus tenir en place. Les draperies ornant les murs étaient d’une somptueuse beauté, reflétant à merveille l’amour que ces êtres passionnés vouaient à la Forêt. Rien de tout cela n’avait été présent lors de sa dernière visite aux quartiers de la Reine et elle avait du mal à s’imaginer que l’on ait pu transformer les lieux en aussi peu de temps rien que pour elle.

La foule qui se massait au dehors était impressionnante. Lilie avait envie de se faire toute petite et de retrouver les personnes qu’elle connaissait. Son maître d’armes Felixis, son ami Marty et les quelques autres têtes avec lesquelles elle avait eu l’occasion de se familiariser. Mais rien de tout cela ne semblait possible pour le moment, alors qu’elle se noyait dans la masse d'Orgamii l’entourant et la touchant.

Quelques dizaines de mètres plus loin, Lilie pouvait apercevoir une estrade sur laquelle reposait une étrange coupe enchevêtrée dans des branchages et des ronces. Elle était bien évidemment encouragée à s’y rendre, mais son inquiétude grandissante la poussa à se stopper, les lèvres tremblantes, se retournant pour s’adresser à l’Orgamii qui s’était occupée d’elle jusqu’ici.

« C’est trop… il y a trop… Je me sens pas bien, je vais pas tenir le coup, je sais même pas ce qu’il se passe, dites-moi, expliquez-moi, ce n’est plus de la surprise, là, c’est de la peur ! »

On pouvait voir à nouveau sur son visage la sueur reprendre ses droits et son teint pâlir, alors qu’il était habituellement d’un vert assez vif. L’émotion était insoutenable et elle avait du mal à se rendre jusqu’à l’estrade qui l’attendait. Sa tête lui tournait terriblement et la douleur lancinante dans sa tête recommençait à faire son apparition, si bien qu’elle eut la vive sensation de ne plus pouvoir tenir debout plus longtemps. Il fallait pourtant espérer que ce ne fût qu'une impression...

« Marty ? Marty ! »

Elle l’appela à plusieurs reprises, toute son attention soudainement focalisée sur la recherche du garant de sa santé mental. Elle savait que si son esprit venait à céder à la panique, il serait le seul à savoir comment l’apaiser, avec ou sans sa belle magie de lumière.

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 Sujet du message: Re: Le quartier royal
MessagePosté: Jeu 6 Jan 2011 21:14 
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L'Orgamii t'accompagnait jusqu'à ce que tu puisses arriver à l'estrade sans être happée par la foule. Ils étaient bien calmes, cependant, il fallait être aveugle pour savoir qu'il y régnait une certaine tension. Ce peuple avait devant lui un espoir attendu et trop souvent rêvé.

Il ne tenait qu'à toi de décider des tournures de la chose. Il te dit brièvement à l'oreille avant de t'abandonner qu'il escomptait que tu ailles devant tout le monde boire le calice. Il représentait un symbole particulier, un honneur rare, la vie.

Celle là même que ce peuple avait risqué de perdre une fois abandonnés, ils offraient une rare marque de respect, et pourtant il ne s'agissait que de l'eau et des racines macérées. Un repas d'autrefois ? Il serait bien mal avisé de refuser... Il concluait alors en soufflent un rapide :

" N'oubliez pas de vous adresser au peuple ! "

Lorsque tu appelais Marty, il te fit un signe de tête, visiblement, les Orgamii n'allaient pas bouger, ni même ton ami perdu quelque par dans cette galerie noire de monde. Il te fallait parler, ou boire la calice avant, en réalité tu n'en as pas trop idée. Il serait peut être plus aimable de remercier avant de boire, quoiqu'il en était, tu peux remarquer les racines noueuses des ronces partout autour du calice, et la tenue que tu revêts ne comporte aucune botte, ni même le moindre bout de tissus pour te protéger les pieds et membres inférieurs.

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 Sujet du message: Re: Le quartier royal
MessagePosté: Sam 8 Jan 2011 13:09 
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Soulagée de constater que Marty était présent, Lilie redoubla d’effort pour garder le contrôle d’elle-même une fois sur l’estrade. Elle ferma les yeux quelques instants, essayant de faire le vide dans sa tête en se répétant machinalement les consignes de son accompagnateur. Parler aux peuples, boire l’eau dans la coupe, tout ça n’avait, en soi, rien d’exceptionnel après tout. Elle pouvait bien réussir à surmonter cette épreuve au vu de ce qui allait l’attendre par la suite une fois retournée à la surface. Il fallait dire que ses troubles corporels ne l’aidaient pas beaucoup à être au mieux de sa forme.

Du haut de l’estrade, la rôdeuse rouvrit les yeux, cherchant à afficher un sourire chaleureux sur son visage. La foule qui se tenait en bas semblait suspendue à ses lèvres et le calme se fit très rapidement. Tout semblait moins impressionnant à mesure que la pression s’estompait et qu’elle dédramatisait la situation. Elle devait faire honneur à ce peuple et il était hors de question de les décevoir. C’est alors qu’elle prit la parole, sa voix, au départ chétive, devenue plus puissante car portée par la conviction. Elle résonnait avec intensité dans l’immense galerie du quartier royal et recevait l’écho des Orgamii exaltés.

« Merci…

Merci d’être tous là, aujourd’hui, pour moi, pour l’espoir que je représente à vos yeux. Le destin nous a offert à tous un fabuleux cadeau et je vous fais le serment de faire tout ce qui sera en mon pouvoir pour ne pas le contrarier.

Grâce à vous, j’ai appris beaucoup et je combattrai les forces Shaakts qui détruisent notre monde, le mien, le vôtre, notre belle Forêt. Elle est une protection, une famille, une terre, le fruit et l’amour de Yuimen. C’est donc en son nom que je suis là. J’ai choisi ma voie il y a bien longtemps déjà, celle de servir notre Forêt, et sans vous, jamais je n’aurais pu être à la hauteur de ce devoir.

Alors, merci encore d’être là. Vous me donnez la force, le courage, l’honneur de combattre. C'est pour tout cela que je bois, à présent... »


Des larmes coulèrent le long de ses joues, bouleversée par toute l’émotion qu’elle avait mise dans son discours. Sans plus attendre, prête à accepter la souffrance que les ronces allaient lui infliger à ses pieds, Lilie s’avança vers le calice sacré. Les épines pénétrèrent douloureusement sa chair mais elle se refusait fermement à laisser transparaitre son mal. L’elfe verte ne précipitait rien, elle ne voulait pas accélérer les choses et considérait que cette souffrance devait avoir une raison, celle de la préparer à l’avenir et à la lier par le sang à son serment.

Tendant les bras vers le calice pour s’en saisir, Lilie chercha le soutien dans les yeux des Orgamii avant d’observer son reflet dans l’eau de vie. Rien de tout ce qu’elle était en train de faire ne l’affolait plus. C’était un ordre des choses auquel elle se devait de se soumettre pour le bien de tous et elle l’acceptait avec toute l’humilité dont elle était en mesure de faire preuve.

Ainsi, elle porta alors la coupelle à ses lèvres pour boire en l’honneur de toutes les valeurs qui allaient les unir.

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 Sujet du message: Re: Le quartier royal
MessagePosté: Dim 9 Jan 2011 20:38 
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Alors que tu t'avances lentement mais sûrement vers le calice afin de le porter à tes lèvres, tu peux sentir que les yeux ne te quittent plus. Tu es seule face à cette foule partagée entre l'admiration et cette considération divine et nouvelle qui t'es offerte.

L'Orgamii qui te suivait jusque là grimpa sur l'esplanade et passa sa main sur ton épaule, ses bottes écrasaient les ronces broyant les épines mais elles étaient toujours un obstacle qui te déchirait légèrement les chairs pour toi.

Vous vous dirigiez vers un petit porche de bois noir, menant à une galerie autrefois interdite, n'importe qui avec un demi cerveau pourrait parfaitement comprendre qu'il s'agit là de l'entrée de la galerie... De la reine.

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 Sujet du message: Re: Le quartier royal
MessagePosté: Sam 29 Jan 2011 15:53 
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Un puissant silence s’était établi dans la foule, signe de leur retenue face à cet instant sacré. Lilie était plongée au cœur d’un profond recueillement, s’imprégnant de toutes les forces que le peuple essayait de lui transmettre par cette cérémonie et cette boisson aux origines ancestrales. La magie de Yuimen lui-même semblait avoir investi les lieux en l’entourant de toute sa bénédiction, et lorsque la jeune elfe verte reposa le calice à moitié vide, un incroyable sourire vint parcourir son visage rayonnant. Elle se sentait prête à affronter le Mal et à accomplir le destin qui avait été tracé pour elle.

L’Orgamii qui avait pris soin d’elle depuis son réveil vint doucement se placer à ses côtés sur l’estrade, écrasant de ses fines bottes de cuir les épines qui laceraient la plante des pieds de Lilie. Elle en était presque venue à oublier leur existence tant la douleur lui était apparue dérisoire et à présent, elle plongeait ses yeux dans celui de l’individu qui l’avait rejointe, attendant la suite des évènements comme si elle sentait à présent que les choses ne faisaient que commencer.

Se laissant prendre par les épaules, la Taurion balaya une dernière fois l’assemblée du regard avant de réaliser qu’ils se dirigeaient ensemble vers l’antre de la Reine-Araignée. Cet endroit interdit allait aujourd’hui lui être révélé et elle mesurait une fois de plus l’ampleur de l’honneur qui lui était fait, habitée par un solide sentiment d’exaltation et de fierté. Passant par un massif portique sombre et noblement sculpté, Lilie s’attendait à tout moment à voir se dessiner l’imposante silhouette de l’Araignée Géante.

« La voilà enfin, notre Chère Gardienne ! Aujourd’hui est un grand jour ! »

Immobile dans une grande alcôve sombre, le visage humanoïde de la Reine des Orgamii arborait une expression bienveillante mais profondément déroutante pour qui ne la connaissait pas encore. Mais Lilie avait confiance en elle et elle se savait protégée, si bien qu’elle n’éprouvait pas une once de crainte en sa présence, seulement l’envie d’en apprendre plus, avec un pincement au cœur en sentant que l’heure de quitter ce peuple approchait à grand pas.

« Un grand jour pour continuer à devenir un peu plus forte et riche de votre savoir, Votre Grandeur. »

Lilie vint se placer à quelques dizaines de centimètres de l’Araignée et s’agenouilla avec difficulté, ses articulations refusant de lui obéir pour une raison qui restait totalement obscure. La seule chose qu’elle était en mesure de percevoir était que le fluide qu’elle avait absorbé par maladresse recommençait à étrangement s’agiter dans ses veines, comme stimulé par la présence de la Reine. Elle regarda alors ses membres rigidifiés, les tâtant de ses mains engourdies alors que personne ne semblait décidé à parler.

« C’est la magie qui fait ça, n’est-ce pas ? Tout le monde sait ce qu’il se passe, mais pas moi, alors, c’est la conclusion qui s’impose. Elle attend quelque chose, je me sens oppressée et à la fois excitée par elle. On dirait qu’elle a une conscience propre et qu’elle ne demande qu’à… pouvoir s’exprimer. Je suis là pour découvrir comment la libérer, alors ? »

De déduction en déduction, la Reine encourageait la belle elfe à poursuivre avant de tenter de répondre à ses questions de façon énigmatique. Il semblait évident qu’elle était résolue à la faire avancer par elle-même sur le chemin de la connaissance des arcanes, même s'il fallait bien sûr l’aiguiller dans ce parcourt initiatique.

« Venez, asseyez-vous sur les coussins, à mes côtés. Ils sont là juste pour vous, je n’en ai bien sûr pas besoin. »

Tournant sur elle-même, la Reine Araignée vint se placer en face de Lilie à présent installée sur les coussins, avant de poursuivre.

« La libérer importe moins que d’apprendre à ne faire qu’un avec elle. La magie est vous, vous êtes la magie, elle vous transforme autant que vous la transformerez bientôt. Sentez son influence, méditez et laissez-vous guider par la voie qu’elle vous indique… »

Discrètement, l’Orgamii s’en était allé, laissant les deux êtres de magie partager un savoir intime qui plongeait Lilie dans une voluptueuse méditation, à mesure qu’elle s’autorisait à ressentir les choses plutôt qu’à chercher à les contrarier intérieurement.

Lorsqu'elle sortirait de cet état de transe, la jeune rôdeuse ne serait plus jamais la même...

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 Sujet du message: Re: Le quartier royal
MessagePosté: Dim 27 Fév 2011 19:09 
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Lilie avait fermé les yeux et se retrouvait à présent plongée à l’intérieur d’elle-même, observant les méandres de son âme pour la toute première fois. Rien n’était plus pareil, ses sens s’étaient peu à peu brouillés pour préserver son état d’introspection et finalement, elle ne percevait presque plus les mots de la reine qui continuait de lui parler de sa voix caverneuse et puissante. La jeune elfe avait l’impression de flotter dans une bulle de magie et son intérieur n’était que fluides bouillonnants, virevoltant pour venir se projeter contre les parois de son esprit avec violence et tumulte. Lilie ressentait un puissant sentiment de frustration qui ne venait pas vraiment d’elle et il lui semblait presque que la magie avait sa propre conscience. Elle voulait sortir et s’exprimer.

Loin de s’être attendue à ça, son cerveau avait du mal à produire des idées cohérentes pour justifier ce qui était en train de se passer. Les paroles de la reine l’atteignirent à peine mais il lui sembla comprendre qu’elles étaient en communication toutes les deux, qu’elle devait se laisser guider et laisser aller son intellect. Il ne lui était de toute façon d’aucune utilité et elle devait se contenter d’observer, passivement, les étranges phénomènes qui se produisaient, de l’intérieur de son être, pour avancer.

La magie agitée dans la conscience de Lilie prenait peu à peu la forme de filaments verts, s’assemblant puis se séparant tour à tour dans un chaos le plus total. Elle commençait alors à pressentir les raisons de tous ses dérangements physiques. Une voix raisonna alors dans son esprit mais la Taurion était incapable de dire s’il s’agissait de la sienne ou d’une présence étrangère qu’elle avait laissée pénétrer dans ses pensées.

(Le fluide en désordre dans ta conscience l’est aussi dans ton corps. Tu dois apprendre à lui donner un sens, à l’ordonner pour qu’il soit en parfaite fusion avec toi…)

Les lumières aux nuances émeraude dans son esprit n’étaient pas vraiment elle et il lui fallut une puissante vague de volonté pour en prendre soudainement le contrôle, visualisant alors toute la magie en train de se calmer doucement, devenant lisse, vigilante à la moindre impulsion et finalement être... Lilie. La frontière de son esprit et de son corps n’était plus aussi nette et précise dans sa conscience et elle ressentait peu à peu la présence de la Reine Mère en contact avec sa magie, travaillant de concert avec elle, l’accompagnant depuis le début de sa profonde méditation introspective. Le travail était loin d’être fini, pourtant, Lilie réalisait qu’elle avait fait beaucoup de chemin déjà.

Sa magie, son être ne faisait plus qu’un à présent, et les scintillements verts à l’intérieur de son être s’animaient au rythme des impulsions de la volonté de Lilie. Elle avait l’impression de pouvoir faire tout ce qu’elle voulait avec et elle rencontra l’écho encourageant des émotions de la Reine lui signifiant qu’elle était en bonne voie. Elle tordait les filaments de magie, les enroulait et les faisait glisser contre les parois intérieures de son propre corps comme une fine toile d’araignée. Malléable à souhait pour elle, traître et redoutable pour les autres. Elle était devenue une araignée dans son esprit et c’était là le meilleur cadeau, le meilleur partage qu’elle pouvait offrir à la Reine des Orgamii, fascinée par cet apprentissage ultime…

Alors, instinctivement, Lilie ouvrit les yeux et rompit cette connexion étrange avec l’araignée géante et ses propres fluides magiques. Elle s’était attendue à voir, tout proche d’elle, la Reine Mère, majestueuse et imposante comme les instants d’avant, mais au lieu de cela, la plus spectaculaire des visions s’offrit à son esprit, si bien qu’elle ne fut pas en mesure de comprendre ce qui était en train de lui arriver.

Elle voyait tout, autour d’elle. Chaque relief dans les parois du mur derrière elle, chaque poil de l’Araignée géante en face et même, le plafond de la caverne et une multitude d’autres informations qu’elle n’était même pas en mesure d’assimiler tant il y avait de choses. Pourtant, cette image que se faisait son esprit ne semblait pas venir exactement de ses yeux et c’est alors qu’elle réalisa qu’au-delà de son esprit devenue araignée, tout son corps s’était transformé, constatant qu'elle possédait un nouveau sens perceptif qui lui permettait de capter des informations sur son environnement.

Ce fut sans doute le plus gros choc de sa vie… Bien au-delà de l’émotion générée par son réveil dans la forêt sans plus aucune mémoire de son passé. Bien au-delà encore de la première rencontre avec la gigantesque créature de Valshebarath qui lui avait enseigné cette transformation. Cette petite araignée d’une dizaine de centimètres tremblait comme une perdue et soudain, la transformation prit fin…

« J’étais une… araignée ? Je suis vraiment comme vous, alors, qui je suis ? »

Elle était recroquevillée contre le mur, partagée entre la terreur et le bouleversement les plus fous. Lilie était sortie grandie de cette expérience, au prix de la stabilité de sa santé mentale à nouveau mise à mal par tant de choses incroyables. Mais dans son corps, tout semblait être rentré dans l'ordre et sa tête ne la brûlait plus. La magie s'était vraiment mélangée à son être et même si sa panique l'empêcher de le voir, elle n'avait plus rien à craindre de ses pouvoirs.

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 Sujet du message: Re: Le quartier royal
MessagePosté: Dim 27 Fév 2011 22:46 
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Se demandant qui elle était vraiment au final, ses pensées s’agitaient de plus en plus et Lilie se sentait partir dans un délire psychique des plus incontrôlables. Elle avait attrapé sa tête entre ses mains et la serrait très fort, fermant les yeux et couvrant ses oreilles pour retourner à un calme idéal trop brusquement quitté. Être toute petite, surtout rester minuscule, comme l’araignée qu’elle avait été, pour ne plus se sentir menacée par cette angoissante prise de conscience sur la nature de son être. Son corps n’était ainsi que parce que sa volonté le décidait et la crise identitaire qui la ravageait n’en finissait plus de balayer son esprit. Le phénomène prenait de l’ampleur sans qu’elle ne sache rien y faire, le fil de ses idées s’enchaînant à une vitesse folle.

(Marty… Marty sait me calmer… Ça recommence… Non, contrôle toi…)

Une infime parcelle de sa conscience avait, semblait-il, échappé à la déraison et elle était sa seule petite étincelle d’espoir de sortir de cet état délirant aiguë.

« Marty… Je veux Marty… »

Une explosion de larmes retentit alors, et blottie contre le mur de terre et les coussins, Lilie se sentait sombrer dans un néant infini pour fuir une réalité trop pesante que personne d’autre n’était en mesure de comprendre, pas même la Reine Araignée désemparée. Elle ne pouvait que se répandre en parole réconfortante pour tenter d’apaiser son enfant si fragile, habituellement cachée derrière la façade courageuse que le destin exigeait d’elle.

« C’est formidable ce que tu as réussi à faire ! Songe à la paix que tu viens d’installer en toi-même, à l’équilibre que tu as eu la force de créer ! Tu es si douée, reprends-toi, Marty n’est pas loin, tu le retrouveras bientôt, n’aie pas peur de ce que tu es capable de faire ! Tu seras une grande et puissante elfe verte, tu restes toi, Taurion,… »

Malgré l’isolement que Lilie avait tenté d’établir entre elle et le monde extérieur, la voix de la Reine continuait de retentir à ses oreilles et à lui faire perdre la tête. Elle voulait s’évanouir, disparaître pour fuir cette conscience altérée de sa propre enveloppe charnelle. Alors, sans même réfléchir -elle en aurait de toute façon été incapable- la jeune elfe devenue Shaman en revint à la magie qu’elle avait lié à son être et déchargea les filaments hors de son corps avec une force insoupçonnée, la force de la dernière chance, celle qui devait lui permettre de sauver son âme de tous ses tourments survenus massivement. Agir de la sorte allait probablement la libérer de son chaos intérieur et doucement, bien trop doucement, une fine couche de soie blanche commença à se déposer à la surface de son corps, manifestation de sa magie rejetée car elle avait souhaité être isolée et ne plus rien avoir à penser.

L’enveloppe mettait beaucoup de temps à se structurer et à s’étoffer car elle craquelait par endroits avant de s'évaporer. Mais Lilie ne se rendait pas vraiment compte de ce qui était en train de se dérouler pour son propre bien, sous l’impulsion de ses propres instincts de survies psychiques. La couche devint alors progressivement plus épaisse à mesure que la magie opérait avec plus de stabilité, se nourrissant de l'intarissable motivation d'isolement qui était la seule à guider l’elfe délirante. Et puis, finalement, au bout de plusieurs longues minutes d’éternité, son corps fut totalement recouvert par une quantité impressionnante de soie souple, chaude et moelleuse de l’intérieur, rigide et résistante à l’extérieur.

Mais cette protection était bien plus qu’une simple barrière entre elle et l’extérieur, elle était également le retour aux sources de ce qu’elle avait été dans des temps reculés, il y a plusieurs dizaines, peut-être même centaines d’années, alors qu’elle n’était qu’un bébé materné par les bras aimant de sa tendre mère oubliée. Et soudain, le vide fut fait dans son esprit, la Reine Araignée sembla accepter ce moment de repli narcissique et Lilie fut laissée seule avec elle-même dans sa bulle de vie magique. Si difficulté il y eut à produire cette gangue de soie, Lilie ne la ressentit pas, son esprit s'en était occupé pour elle.

Vivre sans passé, sans rien à quoi se rattacher qu’à un destin à bâtir à l’intérieur d’un corps qui n’est pas soi en réalité, mais juste à soi, contrôlable par une volonté qui semble surgir du néant, était une épreuve de la vie que Lilie allait avoir du mal à surmonter.

Après

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 Sujet du message: Re: Le quartier royal
MessagePosté: Mer 2 Mar 2011 21:11 
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Devant les portes du quartier royal, Marty faisait les cent pas tandis que Lilie réfléchissait à la suite des évènements. Elle ne pouvait se projeter en avant que de quelques heures à peine mais cela lui suffisait pour imaginer le chaos et la pagaille semée partout dans Selarim. La nouvelle n’allait pas tarder à se répandre et des corps d’Orgamii allaient sans doute être retrouvés gisant sous peu. Le Conseil de la Reine prendrait-il la décision de sortir ? C’était la dernière des choses à faire, Lilie le savait bien, mais elle ne se sentait pas capable de les en empêcher si tel était leur irrévocable décision.

Une pierre au fond de l’estomac tant elle était ravagée par la peur, la jeune shaman se retourna avec empressement en entendant, de loin, le groupe formé par les membres conseil et leur garde du corps qui arrivait. Tous ses sens étaient en alerte, exacerbée par l’état d’alarme dans lequel elle se trouvait.

Un Orgamii en armure de cuir recouverte de métal doré s’avança le premier et s’inclina devant Lilie avant de prendre la parole, une mine consternée.

« Milésis n’est plus des nôtres. Il a été retrouvé mort par le garde que vous avez envoyé nous chercher… Que se passe-t-il ? »

Les deux autres membres du conseil, dont Felixis faisait partie, rejoignirent Lilie et Marty et les lourdes portes de bois menant au quartier royal s’ouvrirent alors pour les laisser entrer.

« Ainsi donc, ils ont décidé de s’en prendre à toutes les grandes instances de Selarim ! Lilie, si vous vouliez bien avoir le courage de leur raconter la triste nouvelle que vous portez ? »

Déglutissant longuement pour détendre quelque peu sa gorge nouée, la Taurion alla droit au but, les mains crispées sur le tissu de ses vêtements tandis que tout son corps tremblait de manière incontrôlable. Des murmures furent échangés dans le plus grand désarroi et passant entre les allées d’Orgamii immobiles tels des petits soldats de plomb, ils arrivèrent non loin de l’endroit où l’estrade s’était tenue pour la cérémonie de Lilie.

« Le Conseil se réunit alors que je ne l’ai pas demandé ? Que se passe-t-il donc ? »

La voix puissante de la Reine Araignée retentit dans l’énorme cavité ocre, avant d’apparaitre de derrière l’arche de bois qui marquait l’entrée de ses appartements privés. Ses impressionnantes pattes velues se déplaçaient avec une légèreté impressionnante, pourtant Lilie en percevait chaque vibration avec précision. Elle prenait peu à peu conscience des surprenantes capacités sensorielles qui étaient siennes depuis peu de temps et en frémissait rien qu’à l’idée que ce soit lié à ses nouveaux pouvoirs de transformation arachnoïdienne. S’empressant de répondre aux interrogations de la Reine, Lilie oublia aussitôt ces considérations :

« Remercions tous Felixis de m’avoir enseigné à me battre, car sans lui, je ne serais plus de ce monde… »

Ses paroles furent soutenues par l’acquiescement des quatre membres du conseil présents.

« Un elfe noir a essayé de me tuer mais c’est moi qui ai eu sa peau. Votre ami Milésis, que je ne connaissais pas mais paix à son âme, n’a pas eu cette chance. »

La Mère des Orgamii se raidit sur ses pattes arrières, s’élevant de toute sa hauteur en poussant un cri déchirant, emplie de hargne, de tristesse et de colère. Mais Lilie se devait de poursuivre son histoire et d’exposer son raisonnement.

« Le Shaakt devait m’éliminer tout particulièrement moi, je suis apparemment considérée comme un obstacle à leurs desseins et je commence à me dire que leur objectif est de vous faire sortir de Selarim pour combattre. Je ne sais par quel moyen ils ont été amenés à découvrir votre cité mais maintenant, ils veulent vous exterminer… »

Felixis regarda ses confrères avant de prendre la parole en baissant la tête, s’adressant aux membres du conseil et à la Reine Mère de la façon la plus humble qu’il soit.

« Ils en veulent aux mines d’or, ça ne fait aucun doute. Si ce que dit notre Gardienne est juste, alors l’invasion de la forêt et sa destruction n’est qu’un simple prétexte nourrissant des aspirations bien plus grandes que le désir de conquête territoriale et d’expansion de leur culte maudit. »

Lilie n’avait manifestement pas disposé de toutes les informations pour établir ses suppositions quant à la raison de cette invasion Shaakt, mais une chose était sûre, il y avait bien plus en jeu que la simple dimension religieuse à présent, à en croire les propos de Felixis concernant les mines d’or.

Voyant l’air interrogateur que la Shaman portait sur son visage, Marty lui détailla qu’une des sorties de Selarim menait directement sur une mine d’or et d’astrium peu exploitée par les humains d’Eniod. Ils étaient donc les heureux détenteurs d’une zone riche et encore presque vierge sur laquelle les elfes noirs projetaient sans doute de mettre la main.

« Et que proposez-vous de faire, Votre Majesté, pour nous débarrasser des assassins infiltrés ? »

La question vint d’un Orgamii aux cheveux blancs qui possédait un bâton magique et qui devait être responsable des formations aux arcanes à Selarim. Il posa d’abord les yeux sur Lilie avant de reporter son attention sur l’araignée géante. Il était hors de question que la jeune Taurion restât entre les murs de cette ville plus longtemps et tous en avaient bien conscience. Elle courrait un bien trop gros danger.

« Vous allez vous en occuper, condamnez toutes les sorties, mêmes celle de mes petites protégées araignées et passez chaque maison, chaque boutique, chaque pièce fermée à clé au peigne fin ! Il n’est quand même pas difficile de faire la différence entre un elfe noir et un Shaakt quand même… »

La petite assemblée toussota, avant de hocher de la tête par politesse. Même Lilie en fut surprise mais elle continua sur un autre sujet.

« Très bien, et moi alors, je vais repartir à la surface, je suis prête. Eniod, vous m’avez dit Marty ? Les humains de là-bas sont-ils bons ? Peut-être que… leur aide pourrait nous être utile… Eniod est également sur la carte que… vous tenez entre vos mains, toutes froissées, puis-je ?»

Son idée était très claire, pour elle, il lui fallait aller chercher du renfort auprès de cette ville et rester courageuse tant qu'elle en était encore capable. Aucun Orgamii ne devait prendre le risque de sortir de leur cité qu’ils devaient protéger, ainsi que les richesses de leur territoire. Se retrouver à la surface sans plus aucun allier à ses côtés la terrifiait plus que tout, mais elle avait un serment à honorer et tout un monde à explorer pour mener à bien sa quête du savoir de la nature.

« En tous les cas, il ne faut qu’aucun d’entre nous ne sorte ! Tant que nous sommes à l’intérieur, notre protection est assurée et ils le savent parfaitement ! Surtout pas d’imprudence, donc… »

Lilie poussa un profond soupir de soulagement en entendant ces paroles raisonnables, avant de s’effondrer dans les bras de Marty en pleure. Devoir se séparer de ces êtres qui avaient été sa famille d’accueil lui déchirait le cœur et même si elle allait faire tout ce qui était en son pouvoir pour les sauver, elle ne pouvait être sûre d’avoir la chance de les revoir un jour.

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