De jolis cailloux Elenwë arriva, sans trop avoir cherché d'ailleurs, devant le grand et très vieux temple de Zewen. On le disait extrêmement vieux, mais il semblait en parfait état étrangement. Il devait être bien entretenu voilà tout, se dit alors la jeune fille elfe. Elle avait beaucoup de mal à s'imaginer des pouvoirs magiques donnés à un bâtiment par un dieu. Le temple est en pierre massive d'un style plutôt primaire, très loin du style elfique. Mais malgré tout cela, Elenwë ne fut pas si choquée que cela. Après tout, on était dans le temple du roi du temps. Le temple aurait pu être de n'importe quelle facture, qu'il aurait été bien dans le ton.
Un coup primaire comme actuellement, étant donné qu'il représente une notion aussi ancienne que le monde est monde. Moderne, cela aurait pu être normal vu qu'il représente le présent. Ou encore futuriste avec des formes osées et étranges, tout aurait pu être normal, mais pas nécessairement comprit par les gens.
Elenwë visitait ce temple comme elle visiterait une forge, ce n'était qu'un bâtiment comme un autre qui ne servait pas vraiment selon elle. Prier un dieu qui n'avait ni le droit de venir parmi nous, ni agir directement, c'était de la stupidité pure. Les dieux n'étaient que de vieux vestiges ancestraux, dont on était les héritiers. C'était une chose évidente pour la jeune fille. Toutes les histoires que l'on pouvait entendre sur leurs tests, leurs jeux et leurs guerres, c'était nous les êtres vivants qui étaient les dépositaires. Il suffisait de connaître la légende sur le désert de Naora pour s'en convaincre, la stupidité à l'état brut. Il était évident pour la jeune fille, que si elle avait disposée d'autant de force qu'eux, elle aurait sans doute fait la même chose.
Il n'était pas possible de nier totalement leurs existences, c'était une chose connue et indiscutable. À chaque recoin de la planète, l'on voyait une manifestation des dieux comme la forêt vivante autour de Cuilnen.
Elenwë détestait l'idée de prier un dieu pour avoir l'espoir de recevoir quelque chose, comme du beau temps pour le paysan, comme la richesse pour les pauvres, la force pour le faible. Si les moutons qu'ils étaient voulaient tout ceci, ils n'avaient qu'à forcer la chance et le faire eux-mêmes. La jeune rouquine estimait que tout était possible, tout était réalisable s'il se l'on en donnait les moyens. Il était donc totalement inutile de s'en remettre à une force supérieure, d'espérer une intervention divine.
Cependant malgré tout ceci, la jeune elfe noble n'aimait pas du tout certain dieu comme Thimoros, Oaxaca ou même Phaëtos. Ils représentaient la destruction, la mort, l'acte gratuit sans aucune logique. Quant à elle, la jeune rouquine préférait penser qu'elle construisait quelque chose avec ses mains. Même une boule de feu lancée à la tête d'un voleur par exemple était une amélioration de la société et du monde. Mais réduire en cendres une ville, un continent ou le monde entier par simple caprice ou plaisir était une forme de bêtise. Elenwë en venait presque à plaindre Oaxaca de sa forme de penser limité. Peut-être qu'un jour, elle se réveillerait et ferait quelque chose de plus constructif?
La jeune femme entra davantage dans le temple, une fois ses pensées quelque peu calmées. Elle découvrit le calendrier solaire, puis lunaire. Il était certain que ce lieu était bien agencé, tout était étudié pour donne une impression de petitesse à la personne entrant ici. La jeune rouquine sourit légèrement à cette idée, cela ne fonctionnait pas du tout avec elle. Cependant, La jeune filaïraëne admirait les efforts et la façon de faire. Si c'était vrai d'un temple, pourquoi ne pas rendre ce même effet pour un château ou même un manoir ?
Elenwë remarqua au sol l'inscription au début du temple, elle était très solennelle et presque comme une menace ou un fait indiscutable. La jeune fille se retint tout de même de faire un commentaire sur le sujet à haute et intelligible voix. Elle se contenta donc de penser avec un malin sourire aux lèvres.
(Tu m'excuseras si tout de même, j'essayerai de changer mon destin que toi ou autre chose me donneront. Je me fabriquerais de mes propres mains, que tu le veuilles ou non ! )La jeune demoiselle se permit dans sa tête de tutoyer le dieu, elle ne pensait pas que Zewen lui-même s'empoisonnerait à écouter les pensées de tous les êtres vivants, déjà qu'elle-même avait du mal à écouter ne serait-ce qu'une personne alors plusieurs.
Elenwë fut surprise tout de même de découvrir un très ancien elfe en guise de prêtre, il ne pouvait pas être seul à tout faire ici. Il était en âge d'être un sage, il aurait sans doute beaucoup de choses à dire et à conseiller à une jeune demoiselle comme elle. Mais il faudrait tout de même faire le trie entre la vérité et la croyance religieuse.
Cela aurait été un humain, la jeune rouquine aurait très rapidement expédié cela, mais un elfe, c'était différent. On lui avait appris le respect des anciens, des sages, leurs grands savoirs, leurs décisions. Sans s'en rendre compte, la jeune noble se tint toute droite les mains contre son ventre, dans des postures que ses cours de maintien et d'étiquette lui avaient enseignées. Elle se posta devant le prêtre et le salua d'une noble et respectueuse façon d'une voix calme et posée.
"Qu'est-ce qu'un elfe comme vous fait ici dans une ville humaine ? C'est vraiment étrange pour moi, je me vois mal vivre longtemps ici. Et je suppose que la société elfique aurait sans doute beaucoup à gagner de votre savoir, plutôt que d'aider ces humains.
Bon quoi qu'il en soit, je suis venue ici car on dit que vous pouviez identifier les runes ? Je me doute que cela coûte un peu d'argent, et j'espère que cela servira à vous et pas à autre chose. Que vaux donc ce petit caillou ? ".
Elenwë tendit alors la rune non identifiée au prêtre elfe sans aucune hésitation, toute impatiente de connaître le résultat.
[[hrp : identification de la rune 30 yus ]]
Une rune dangereuse [