Un retour tant attendu Elenwë remarqua aisément que James se retenait fortement de rire au sujet de sa coiffure. Vu qu'ils devaient aller à la faculté et peut-être aller voir Farah, elle en profiterait donc pour se refaire une beauté digne de ce nom. La jeune rouquine détestait l'idée d'avoir une apparence négligée, surtout devant son professeur James. Pour Nathanael, c'était ennuyeux mais pas aussi gravissime qu'actuellement.
La jeune fille elfe se laverait bien, en plus de se coiffer soigneusement avec quelques produits de beauté. Elle avait déjà oublié que la directrice les lui avait volé d'une manière perverse. Elle soupira légèrement en se touchant les cheveux, les passants en arrière derrière les oreilles.
Elenwë marchait tranquillement comme elle pouvait, en suivant James qui la soutenait. Il n'avait pas hésité une seule seconde à l'aider malgré son état assez spongieux. La jeune adolescente ne savait pas trop comment elle aurait réagi. Imaginons qu'il ressort d'une fosse à purin, jamais elle ne le tiendrait dans ses bras !
La jeune rouquine essayait de garder un rythme acceptable, en sachant qu'il faudrait plusieurs heures pour rejoindre l'académie en ville. Elle soupira une nouvelle fois, mon royaume pour un cheval pensa-t-elle.
Elenwë leva les yeux au ciel lorsque James lui annonça, que certainement son diplôme ne serait obtenu qu'après avoir tout appris ce qu'ils pouvaient enseigner. Elle ressortirait de cette école avec des cheveux blancs si cela continuait ainsi ! La jeune rouquine se sentit tout d'un coup fébrile. Elle s'imagina rester pendant des siècles et des siècles, à jamais élève dans ces murs. Elle connaîtrait donc plusieurs directrices plus perverses les unes que les autres, toutes incorruptibles. Telle une forçat, la jeune fille travaillerait comme une acharné à ranger une immense bibliothèque, dont elle ne verrait jamais le bout. Elle s'occuperait alors à des chariots entiers d'élèves dans les ateliers de magie. Les professeurs qui les féliciteraient pour avoir allumé une bougie. La tête lui tourna alors légèrement à cette idée.
Elenwë sourit bien heureuse du compliment de James, au sujet de ses rapides progrès. Elle en était excessivement fière également, la jeune femme avait compris le principe pour apprendre un sort d'elle-même. Certainement que les prochains, elle n'aurait pas réellement besoin de quelqu'un pour maîtriser un nouveau sortilège.
"Bon et bien si TU insistes, je vais te tutoyer alors. Si tu préfères ainsi que l'on soit proche, cela ne me pose pas de problème particulier. "Elenwë ne laissait que peu d'ambiguïté dans ses paroles. Elle avait toujours été habituée au vous avec ses autres professeurs privés à Cuilnen. Elle avait appliqué la même chose avec celui-là, mais il se trouva qu'il était bien particulier.
La jeune rouquine aurait préféré garder de la distance, c'était plus sécurisant pour que son rêve ne devienne pas réalité. Elle n'en saurait pas plus que dans son rêve, expliquer à son père la situation. Être avec un shaakt, que James devint la personne la plus importante. C'était toujours impossible, elle restait dans une forme d'utopie inaccessible. Elle ne pensait pas du tout à du potable, cela restait du domaine du fantasme. Elle avait déjà imaginé son mariage à de multiples reprises, toujours grandiose et colossal bien entendu.
Tout d'abord, cela se passerait dans sa cité natale, il n'y avait pas de doute là-dessus. Il y aurait presque la moitié de la ville invitée afin de célébrer leur union. Tous serait habillé avec leurs meilleurs atours, des couronnes de fleurs trôneraient un peu partout. Des lâchers de colombes à son passeage des marches du temple de Yuimen, elle prenait tout son temps afin de profiter du moment. Tout serait réglé comme du papier à musique, goupillé aux petits oignons comme une pièce de théâtre. On y mangerait uniquement les mets les plus rares, chers et dégustatifs. Les plus grands chefs de la planète seraient aux fourneaux afin de contenter cette horde de prétendant.
Et puis enfin son mari, un elfe blanc, beau, grand, légèrement musclé, un regard ténébreux qui la ferait chavirer. Elle ne saurait jamais comment réagir avec ce bel étalon, elle en perdrait le goût pour la magie, la violence et les sauts d'humeur. Elle deviendrait une parfaite épouse et une merveilleuse mère, qui aurait des problèmes comme par hasard avec la petite dernière.
Cela faisait un moment que le petit couple marchait le long de la route. Elenwë avait repris un peu de poile de la bête, il n'était pas question qu'elle paraisse faible devant la directrice. Elle devait se montrer forte, puissante et indomptable. La jeune rouquine s'imaginait alors comme Farah pourrait jubiler de la voir ainsi exténuée de tous ses efforts par sa faute.
"Voilà qui est fort dommageable mon cher, en tout cas j'apprécie grandement votre façon de vous exprimer ainsi professeur James. Cela me rappelle énormément comment mes autres professeurs me traitaient. Vous savez que notre peuple aime enseigner de multiples domaines à ses ouailles dès le plus jeune âge. Moi-même par exemple, j'ai appris la diplomatie, l'héraldique, écrire et lire bien évidemment, l'histoire, et pas mal d'autres choses. Je ne sais pas comment cela se passe parmi les tiens, mais je doute que cela m'intéresse en fin de compte. Je ne dis pas cela pour toi, mais il est de notoriété publique que les shaakts étant destructeurs ... Vous devez apprendre comment haïr et détruire vos adversaires.
C'est un petit peu ce que l'on fait ici, enfin pour les manières de tuer. Quand on y pense, apprendre à une jeune fille comme moi, comment exterminer un petit groupe d’individus, c'est assez original.
Avoir des dons magiques doit certainement amener à un destin plus complexe et grand que le commun des mortels." Répondit alors la jeune noble elfe à James au sujet de ne pas avoir de monture pour le voyage. Elle s'était amusée à répondre sur le même ton que lui, qui se trouvait être assez cavalier en fin de compte. La jeune rouquine secoua la tête légèrement, comment marcher pendant des heures permettrait de se reposer. Elle allait surtout se fatiguer, avoir des ampoules aux pieds, et devoir mettre ses pieds dans un bain d'eau salé afin d'apaiser tout cela.
"Je ne vois pas en quoi une jolie balade à cheval, nous deux sur le même bien entendu, gênerait quoi que ce soit à discuter. Rassure-moi, tu sais bien monter à cheval ? De toutes les façons, l'idée même de monter des chevaux ventripotents et invariablement humains est détestable. Quand je retournerai chez moi, je m'achèterais un autre magnifique destrier blanc !
À la maison, j'en aie déjà quatre. Je n'en monte véritablement qu'un seul d'ailleurs, mais les autres étaient si jolies, je n'ai pas su résister.
Et tu penses que cela peut-être quoi ? Je veux dire par là, qu'est-ce qu'une guilde prônant l'équilibre peut demander à une géniale et belle demoiselle comme moi ?
En même temps, je vous avais dit que j'étais la meilleure, tu sembles presque surpris la façon dont j'ai vite progressé. C'est seulement le temps que je comprenne ce que vous attendiez de moi voilà tout ! " C'était comme si elle voulait faire croire qu'elle savait déjà tout ce qu'on lui avait appris, oubliant rapidement tous les efforts prodigués. Elle haussa les yeux comme si c'était la pire des choses qui soit, la jeune rouquine reprit alors la parole.
"Oui si tu veux, on peut passer à la faculté. Mais ne me dit pas que tu as pensé inviter Farah à notre petit dîner !? Je ne suis pas certaine qu'elle soit d'aussi bonne compagnie que toi. " Elenwë fut quelque peu déstabilisée par la réponse de James au sujet de ses sentiments. Il n'avait donc rien compris du tout ! Ce que les hommes pouvaient être bêtes, peu importaient d'ailleurs la race à ce sujet. Elle voulait surtout savoir ce que pensait vraiment James à propos d'elle, pas comme élève ou personne, mais davantage comme une femme. Elle oubliait totalement son âge plutôt jeune pour ce genre de choses.
La jeune femme leva alors un sourcil lorsque James lui dit qu'ils se ressemblaient beaucoup. Il se revoyait en elle, comme il était à son âge. Pour une fois, La jeune femme entendit parfaitement les bons comme les mauvais points que James expliquait avec un tact certain.
Il expliquait, comment il pensait qu'Elenwë avait la haine contre tout le monde. Elle ne se voyait pas du tout comme cela. Avec elle, tout était blanc ou noir, cela était juste. Mais de là à maudire la terre entière, il y avait un gouffre. Elle avait des avis arrêtés sur beaucoup de sujets, c'était seulement parce qu'elle avait une vision plus grande et développée que les autres.
Il expliqua ensuite comment Elenwë était si imbu d'elle-même. Elle ne voyait absolument pas de problème dans ce cas-là, vu que c'était parfaitement la vérité et mérité.
Le cœur d'Elenwë palpita rapidement lorsque James lui dit qu'elle avait un bon fond. Ce n'était pas nécessairement grand-chose, mais de sa part, c'était quelque chose d'important. Légèrement exaspérer d'entendre les craintes de son professeur, Elenwë reprit la parole sur un ton légèrement acide.
"Je ne veux pas du mal au monde entier. Je suis meilleure que la plupart des personnes, c'est un fait, je dois par conséquent les aider de mon mieux c'est normal. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire que tu t'inquiètes à ce point-là. Et puis si tu as tellement peur, ne me quittes jamais et tout se passera bien !
Je ne m'attaque jamais à un innocent, c'est dans mes règles de vie. Et puis je ne vois pas pourquoi je perdrais mon temps à tuer un paysan, comment je mangerais alors vos fameux fruits que j'ai failli brûler ?
Il me faudrait davantage de puissance, je ne sais pas par quel moyen d'ailleurs. Je ne peux pas végéter à ce point-là. Je suis prête à aller assez loin, tu le sais ! Tu n'as pas une idée ?
D'ailleurs, il me faudra également revoir les coutures de mes gants, je veux acheter de nouvelles jambières. Je dois améliorer ma cape, elle est bien mais trop simple. Oh et puis je veux acheter à nouveau des fluides de feu au marché.
Oh, mais je n'ai besoin de personne pour me protégeeeeeeer ! " Interrompit alors la jeune et belle rouquine sa phrase, alors qu'elle trébucha à cause de la fatigue. Son pied s'était pris dans un pavé certainement, elle n'avait pas pu lever assez haut le peton. Elle s'agrippa fortement à James de ses deux mains pour ne pas tomber, finissant tout contre lui. James s'était baissé pour la rattraper, leurs visages se retrouvèrent alors face à face à quelques centimètres. La jeune femme pouvait sentir son souffle contre ses lèvres, mais elle restait incapable de bouger. Ses yeux tremblaient légèrement, son cœur battait la chamade, elle n'osait alors rien dire du tout.
De jolis cailloux.