L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 11 Déc 2012 13:12 
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Débat

Une chose est sûre, la louve ne partage pas mon point de vue sur les hommes. D'un côté elle n'a pas tort en disant qu'il y a des individus dangereux dans toutes les races, et aussi des génies. Mais chez les humains, c'est démesuré. Ils ont un désir de pouvoir dévorant et ne contrôlent rien. Ils sont violents, impulsifs et irréfléchis.

Ils ont des qualités évidemment. La principale que je leur trouve est leur impressionnante soif de vie. Mais paradoxalement, ils n'hésitent pas à s'entretuer pour une parcelle de terre... Pourquoi ne peuvent-ils pas seulement s'entraider joyeusement ?

Je soupire, puis change de sujet de pensées. Je viens d'arriver, en compagnie de la louve, au théâtre dans lequel travail mon maitre de compagnonnage. Notre discussion par courrier s'est plutôt bien passée, mais cela ne m'empêche pas d'appréhender un peu sa rencontre.

Je reste immobile devant le majestueux bâtiment qui me fait face. L'architecture est un des talents que je trouve aux humains. Ils sont extrêmement imaginatifs, astucieux et efficaces lorsque qu'il s'agit de montrer la puissance de leur peuple aux étrangers. Ils savent construire des bâtiments resplendissants, loin de l'architecture elfique mais très personnels, pleins de force et de vigueur...

Je reste plusieurs minutes à contempler le bâtiment, à admirer les courbes des statues, si bien sculptées qu'on dirait des êtres vivants changés pour l'éternité en marbre. Je laisse mon regard s'attarder sur les vitraux rayonnants de multitudes de couleurs, aux deux grandes portes en bois aussi bien travaillées que le reste du bâtiment. Je suis obnubilée par les grandes fresques sculptées parcourant le mur extérieur du bâtiment, semblant raconter une histoire de dragons et de trahisons...

J'arrive finalement à retirer mon regard de cette merveille architecturale, en continuant à penser aux superbes renforts qui soutiennent le bâtiment et principalement l'étage qui est plus grand que le rez-de-chaussée, et regard Niwen.

"Entrons."

Puis je m'avance, montant une à une les marches d'un blanc marbré brillant, ignorant complètement les gens qui m'entourent. Jouer dans un tel environnement ne peut être qu'un bonheur, j'ai vraiment hâte d'y être. Une fois en haut des marches, je m'approche des portes, dominantes, imposantes même. A l'intérieur il fait sombre par rapport au soleil resplendissant qui règne dehors. Je ne parviens donc pas vraiment à distinguer ce qui s'y trouve.

Je fini donc par pénétrer dans le théâtre de Kendra-Kâr, et je m'immobilise une nouvelle fois. Tout respire le luxe, la pureté et l'art. Tout n'est que soie rouge, tableaux de maître et belle musique. Les femmes présentes sont sublimes, les hommes ne peuvent être plus distingués. Je suis une elfe, issue d'une famille noble, et pourtant ici je me sens presque vulgaire. Aucune note de travers, aucun pli, rien ne semble briser la beauté du lieu.

Je sert mon violon contre moi, murmurant :

"C'est sublime."

"N'est-ce pas ?"

Alya

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Dernière édition par Amalia rosenoire le Mar 18 Déc 2012 22:01, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 12 Déc 2012 01:08 
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Niwen remarqua facilement le mutisme après ses nombreuses leçons de vie, du moins c'était cela qu'elle avait appris dans la rue. Elle soupira alors un bref instant, des souvenirs noirs remontaient par vagues agressives et corrosives. Elle voulait y mettre un terme, mais que pouvait-elle donc faire seule face à ce système ? Des enfants innocents allaient se faire manipuler, après des années à faire des larcins que pouvaient-ils donc faire d'autre ? C'était la seule chose qu'ils savaient faire. Elle sortit légèrement de ses pensées à entendre Amalia soupirer également, elle rit doucement en plissant les yeux, amusée par la situation des sœurs pleureuses. Elle se cacha derrière sa main, souriante, un rictus se dessina sur sa gueule.

La louve suivit alors le regard de la violoniste, elle semblait comme hypnotiser, c'était juste un splendide bâtiment. Pas de quoi vraiment passionner l'adolescente, qui s'en fichait pas mal malgré son côté artiste, cela ne parlait pas du tout à son cœur. Amalia complètement subjuguée, en arrêt devant des pierres, des colonnes et des draperies. Niwen haussa alors les épaules, elle ne voulait pas la déranger, après tout à chacun ses plaisirs, elle n'était pas du genre à se moquer ou à faire une remarque. Elle remarqua alors soudain une hésitation, elle sourit alors posant sa main sur son épaule comme pour la soutenir. Après tout pour Amalia, c'était un tournant de sa vie. Niwen hocha la tête alors lentement.

"Oui allons-y, je te suis, c'est très joli en tout cas, j'espère que je ne vais pas me faire jeter."

Tira alors sur ses vêtements la jeune artiste en herbe, elle passa la tête à l'intérieur s'habituant rapidement à l'obscurité. Elle hocha la tête en lançant un sifflement d'approbation comme une rustique débarquant de sa campagne. La louve avait bien évidemment jamais joué dans un lieu pareil, elle ne pouvait même pas se rendre compte de la qualité sonore que pouvait apporter ce genre de lieu. Totalement naïve pour le coup, elle regarde à droite à gauche.

"Eh bien ça claque dis donc, tu as vue toutes ces dorures ? peintures et autres trucs. Ça doit valoir un paquet de pognon tout ça."

Niwen ne se rendait même pas compte des énormités qu'elle pouvait sortir actuellement, sidérée de voir autant d'argent, la luthière regardait partout. Elle remarqua alors une personne qui se rapprochait lentement, Niwen pencha alors la tête sur le côté, se demandant ce qu'elle voulait celle-là. La femme ne semblait pas vraiment une garde, la louve par conséquent n'avait rien à craindre pour le moment. Cette femme était magnifique, impossible de dire de quelle race elle était, les traits fins, sûrement une elfe, richement habillée, les yeux perçants. L'air de rien, Niwen croisa alors les bras derrière la tête.

"C'est sublime."

"N'est-ce pas ?"

Elle ne disait rien du tout, elle la regardait s'approcher, levant les yeux en l'air par dépit. Sa jeunesse parlait pour elle, on avait compris selon elle, c'était exagéré, mais elle n'en dit mot.


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Dernière édition par Niwen le Dim 30 Déc 2012 10:47, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 12 Déc 2012 11:02 
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Le théâtre

La réaction de Niwen aux vues du théâtre est celle de quelqu'un qui n'est guère intéressé par l'architecture. Je n'y fait pas vraiment attention, même lorsqu'elle s'exclame à haute voix que tout ce qui l'entoure doit valoir une fortune. Sur ce point précis elle a raison. Rien que la décoration de cette pièce d'accueil doit valoir plusieurs fois le salaire des gardes de la ville. Ne parlons même pas des robes et des costumes que je regarde avec respect. J'aime beaucoup les robes, je tiens cela de ma mère qui en possède une grande collection, de tous types.

Je me retourne lorsqu'on m'interpelle, ou du moins que l'on répond à une de mes phrases qui n'attendait aucun retour. Et je reste bouche bée.

La personne qui vient de m'interpeler est une femme, une elfe sûrement, plus âgée que moi mais encore dans la force de l'âge. Pas plus d'un siècle et demi à mon avis. Elle est un peu plus grande que moi, et tout en elle inspire un profond respect.

Je suis plutôt belle, surtout chez les humains, mais elle, c'est une exception, même chez les elfes. Je sens mon corps s'embraser un court instant alors que mon regard la détail brièvement. Elle est brune, de magnifiques cheveux fins et lisses, lui tombant bas dans le dos, et coiffés avec goût. Quelques mèches tressées, d'autres lestées de fins anneaux colorés. Une grande queue de cheval prend une grande partie de sa chevelure, laissant le reste complètement libre.

Son visage est à la fois beau et dur, fin et sérieux. Ses yeux si profonds m'inspirent à baisser les miens, mais je tiens bon. Elle respire l'autorité, mais semble être juste et gentille.

Sa tenue ne fait qu'ajouter à son charme : un long kimono bleu, blanc et noir, fin et gracieux, la laissant les épaules nues, et dévoilant au passage deux beaux tatouages représentant des nuages. Ses mains et ses bras sont glissés dans des fourreaux de soie assortis au kimono.

Je me reprend rapidement, consciente que je dois paraitre imbécile. Mais elle ne semble pas m'en tenir rigueur. Une gentille femme donc.

"Je me nomme Alya, et je vous remercie du compliment fais à mon établissement."

J'écarquille presque les yeux, surprise et honorée à la fois.

"Je... De rien, cet endroit est vraiment... magnifique."

Je baisse les yeux et rougis, je suis complètement nulle sur ce coup là. Mais encore une fois, la prénommée Alya ne semble pas y faire attention.

"Je suis ravie qu'il vous plaise. Je vois que vous avez un violon. Seriez-vous Rosenoire Amalia ?"

Perspicace en plus. Cette femme est parfaite.

"Oui, c'est moi, enchantée."

Je serre la main qui m'est tendue.

"Je ne savais pas que... la propriétaire du théâtre entendrait parler de moi."
"J'entends parler de tout ce qui entre et sort de ce bâtiment. C'est moi qui vais vous prendre en charge."

Je reste un instant interloquée, avant de sourire, sans vraiment m'en rendre compte. La gérante du plus grand théâtre de Kendra-kâr comme maitresse de compagnonnage. Que pouvais-je demander de plus ?

"Je... Merci. Mais, ce ne devait pas être vous normalement."
"Votre maitre attitré a eu un accident. Un grave accident. Il ne pourra pas s'occuper de vous durant une grande partie de votre compagnonnage. J'ai donc décider de reprendre la charge."
"Merci. Va-t-il... bien ?"

Ma question semble la gêner, je regrette presque immédiatement de l'avoir posée.

"Il survivra. Mais il ne pourra plus m'accompagner au violon."

Sa voix a changé d'un coup, elle semble triste. L'accident de mon maitre attitré doit être grave. S'il était violoniste et qu'il a perdu de quelque façon que ce soit la possibilité de jouer...

Un instant je me demande ce que je ferais si jamais je ne pouvais plus jouer du violon. Je sert mon étui contre moi et préfère ne pas y penser.

"Désolée."
"Ce n'est rien, la vie est ainsi faite. Je vais vous emmener dans vos appartements, puis je vous demanderai de bien vouloir jouer pour moi. Un petit test, pour connaître exactement votre niveau."
"Entendu."

Elle se retourne et je la suis. C'est une belle femme, à la démarche gracieuse. Les gens la salut, certains s'inclinent même. Elle ne répond que par un regard et un hochement de tête. J'aimerais devenir comme elle. Peut être qu'un jour je le serai. Je l'espère.

Je vérifie que Niwen me suit bien elle aussi, puis essaie de rester droite et fière sous le regard intrigué des personnes que l'on croise.

Tests et cœur

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Dernière édition par Amalia rosenoire le Mar 18 Déc 2012 22:20, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 13 Déc 2012 15:35 
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Niwen s’était rapprochée du joli décore près du mur, plutôt curieuse, même si le vol n’était plus trop dans ses habitudes, elle essayait d’arrêter, comme une drogue en somme. Penchée vers l’avant, sa queue ondulait rapidement, joueuse. Elle gratta légèrement la dorure histoire de tester quand même, sans vouloir vraiment l'abîmer. Puis elle regarda une draperie sur le côté, plus belle toute ce qu’elle avait pu porter. Elle passa la tête derrière, peut-être imaginait-elle quelque chose de caché ? Une pièce d’or incrustée ? Tout était si riche et chère, pourquoi pas après tout. Pendant l’espace d’un instant, elle s’imaginait porter de magnifiques robes dans de rares draperies, tournant dans un grand salon en train de danser avec un charmant jeune noble. Puis elle éclata de rire, seule, dans son coin sans chercher qui était autour. Elle avait déjà complètement oublié les deux personnes qui parlaient entre elles. La louve se retourna alors vers le couple pour partager sa propre joie, mais elles n’étaient pas du tout sur la même longueur d’onde. Un peu gênée tout de même, elle ondula sa queue doucement derrière elle, avec une petite moue entre l’amusement et la gêne.

Niwen trouvait l’autre elfe plutôt jolie et classe, mais elle avait appris que ce genre de chose dépendait surtout de la richesse, du papier-cadeau qu'il y avait autour de la personne. On pouvait utiliser un mauvais objet et bien l’habiller, mais cela ne changeait en rien ce qu’il était en vérité. L’adolescente ne pouvait pas juger pour si peu cette femme, elle ne la connaissait pas et elle ne devrait pas la connaître de toute façon, quelqu’un de bien trop loin pour elle, inaccessible. Niwen pensait que cette femme devait voir tant de jeunes « talents » venir dans son théâtre et tenter leur chance, que c'était peine perdue pour elle. Alors elle les laissa sur le côté parler, c’était bien mieux comme ça. Elle avait facilement senti qu’Amalia avait le cœur sur la main, c’était une vraie petite perle de bonnes ondes. Elle avait certainement vraiment pensé pouvoir l’aider, que c’était aussi simple que venir jouer et se produire sur scène.

Par politesse, Niwen resta dans le coin en observant la salle d’accueil, elle ignora totalement le sort de cette fameuse personne qui s’était blessée, les inconnues pour elle, aucun intérêt. Tous les jours des gens naissaient, mouraient, se blessaient, avaient des expériences, elle n’allait pas pleurer pour chaque. Amalia devait aller faire un teste de violon, elle était attendue, et de ce que Niwen avait entendu, elle avait largement le niveau pour, si ce n'était pas le cas, c'était qu'ici il n'y connaissait rien en musique !

La louve resta alors sur le côté, les laissant partir en glissant ses mains dans ses poches, sa queue s’agitait doucement, elle gardait un sourire sur ses lèvres. Elle était assez contente pour sa coéquipière de musique, une grande et longue vie s’annonçait pour elle, les feux de la rampe. Elle s’attendait alors à entendre les crieurs annoncés ses futurs spectacles. Mais étrangement, Amalia se souciait de savoir si la louve venait aussi, Niwen se montra alors du doigt presque étonnée, elle hocha les épaules et se mit à marcher à son rythme. Peu décidée de rattraper le couple, Niwen prenait son temps dans les couloirs. Les réactions des gens à mon passage étaient alors très très éloignées de celles de la propriétaire des lieux. Niwen marchait l’air de rien derrière les deux comme si elle accompagnait la grande future vedette, malgré la présence de son luth en bandoulière, qui jurait nécessairement avec la beauté et la grande qualité des lieux.

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Dernière édition par Niwen le Ven 4 Jan 2013 20:37, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 15 Déc 2012 19:02 
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Précédemment: Quand le passé refait surface


Oryash remontait doucement les rues en direction des écuries, tenant son destrier par les rennes. Depuis qu'ils empruntaient des artères un peu plus fréquentées, le woger avait disparu à nouveau comme s'il savait que la foule était pour lui une menace. Oryash s'interrogeait quand aux propos tenus pas Melron. Se pouvait-il qu'il ait raison? Qu'elle soit devenue un être avide de sang et de barbarie? Que les événements aient fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui?
Non! Elle se refusait d'y croire. Elle avait toujours aimé le fracas des combats et ce qui en découlait forcément, le sang et la mort. Pourtant il avait réussi à toucher un point essentiel. Elle était seule, sans amis et sans amour. L'amour, si un jour son cœur avait su éprouver de l'amour, cet amour était mort le jour où elle avait appris la mort de Melron. Elle était devenue dures et sans cœur. Ou du moins elle se renfermait derrière une façade de dureté qui en faisait fuir et reculer plus d'un.
Pourtant depuis quelques temps elle se sentait attirer pas Lillith, mais était-ce purement physique? Était-ce le fait qu'il aime le froid et tout ce qui y touche de près comme de loin? Ou bien alors était-ce des sentiments? Oryash était incapable de le dire.
De toute façon, elle n'attendait rien de précis. Elle pensa à Melron, au fait qu'il lui ait avoué qu'il tenait encore à elle. Un mot de sa part et il quitterait tout pour elle. Peut-être avait-elle idiote en refusant son offre. Elle secoua la tête comme pour ôter tout ça de ses pensées et accéléra le pas. Il lui tardait de retrouver la quiétude du temple .
Les tumultes de la dernière mission avait laissé des traces aussi bien dans les chairs que dans les esprits, aussi comptait-elle bien avoir une petite explication avec Pulinn concernant ce que Cromax leur avait révélé. Il fallait qu'elle tire ça au clair. Elle voulait savoir si elle était manipulée et dirigée comme un pion sur un échiquier. Si tel était le cas, elle quitterait le temple. Nosveris lui manquait, les terres gelées, la rudesse du froid, les monts éternels. Après tout quoi de plus naturel lorsqu'on a connu que cela des années durant. Soudain le bâtiment des écuries apparut à l'angle de la rue et elle eut un demi sourire.

"Herumor, tu vois pouvoir prendre un repos bien mérité cette fois."

Le destrier bougea les oreilles comme s'il avait saisi les propos de la peau planche.

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Dernière édition par Oryash le Lun 23 Juin 2014 21:08, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 15 Déc 2012 19:09 
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Précédemment: Un cheval à faire bichonner


Les rues étaient toujours aussi bondées de monde et de charrettes. Ca allait et venait, grouillant telle une fourmilière en pleine effervescence. Bien qu'aimant la quiétude Oryash se rendit compte que la cité lui avait manqué. Peut-être plus qu'elle ne l'avouerait jamais. Certes Kendra-kâr n'était pas un havre de paix et bien des voleurs et des coupes gorges courraient ses rues, mais il faisait bon y vivre quand comme elle, on n'avait pas d'attache précise.
Elle inspira un grand coup en ayant un léger sourire aux coins des lèvres. Ses bottes raisonnaient sur le pavé et il fallait parfois montrer des coudes afin de se frayer un passage parmi la foule dense. Des vendeurs ambulants alpaguaient d'éventuels clients, des commerçant vantaient la qualité de leurs produits et des gamins tentaient de gagner quelques pièces en proposant leurs services. Une ville prospère en pleine activité. Oryash poursuivait son chemin lorsque au détour d'une rue, les murailles blanches du temple des plaisirs apparurent enfin.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 16 Déc 2012 16:57 
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[Précédemment.]

Elle arpenta, le capuchon vissé sur la tête et ses nouvelles bottes aux pieds, les rues pratiquement désertes de la ville en raison de l’heure. Le soleil qui pointait le bout de son nez, s’éveillant doucement, reflétait des raies d’une lumière orangée sur les bâtiments de la ville. Ainsi, les murs de Kendra Kâr la blanche prenait une légère teinte crème qui égayait les lieux. Luli aimait beaucoup la vue qu’elle avait de la ville et flânait plus qu’elle ne marchait vers son but.

Près du Château, sur une sorte de petite place s’agglutinait des dizaines de personnes. Curieuse, elle s’avança dans le but de voir ce qui créait un pareil rassemblement à une heure si matinale. Dans une cage escortée de plusieurs gardes se trouvait une sorte de félin immense, un Woran. C’était la première fois qu’elle en voyait un et remerciait Zewen que ce fut dans ses circonstances. Jamais elle n’avait vu plus terrible et effrayante créature. Celui-ci crachait sur les passants, montrant ses crocs dans un rictus à faire pâlir les plus trouillards. La foule profitant des barreaux de la cage pour se montrer téméraire, n’hésitait pas à huer l'ersatz de félin, lui lançant parfois des légumes pourris ce qui agitait davantage la bête. Luli, elle, se contentait de l’observer d’un air presque impressionnée par l’envergure du Woran.

Tout en s’avançant, elle retira son capuchon, laissant sa crinière rousse voler au vent afin de mieux voir le spectacle qui se jouait devant elle. Elle se faufila entre les gens, parvenant au premier rang.

Un militaire, du moins c’est de quoi il avait l’air avec son uniforme et son épée à sa ceinture, se planta devant elle et démarra un discours qui retint toute l’attention de Luli, cette dernière le trouvant fort charismatique avec son sourire et sa prestance indéniable :

« Oyé, Oyé, Kendrans ! En ce jour, nous vous annonçons la victoire écrasante de notre force de frappe sur la menace d’Oaxaca ! Voyez comme ces fous n’auraient pas dû s’en prendre aux terres pacifiées de Nirtim ! Voyez ce qui reste de cette dissidence ! Tous furent tués par nos vaillants soldats, tous périrent de l’épée des Kendrans ! »

Il leva son épée bien en l’air et cria :

« Saluons la bravoure de nos vaillants soldats ! Saluons la force de Kendra Kâr ! »

Le petit rassemblement applaudissait aux paroles du militaire tandis que l’homme se mettait en retrait, laissant un autre de ses camarades parler. Luli n’écoutait déjà plus. Elle ne pouvait s’empêcher de rester focalisée sur le premier discoureur qui rangeait son épée et qui observait les auditeurs d’un air paisible et confiant.

« … pour célébrer cette belle victoire, des festivités auront lieux tout au long du mois ! Cette victoire est aussi la vôtre, peuple de Kendra Kâr !

- Ouaaaais ! » Crièrent les passants en cœur.

La bête en cage grognait à présent contre la foule, leur arrachant un "oh !" de surprise général. Tous retinrent leur souffle l’espace d’un instant, puis huèrent de nouveau l’ennemi. Le charmant militaire donna un coup de poing sur la truffe du prisonnier qui rugit violemment contre son agresseur avant de se calmer et s’asseoir au centre de sa cage. Le Woran se massa la truffe, on aurait presque eu l’impression qu’il était peiné par la douleur du coup qu’il venait de recevoir.

« … remise de récompense aura lieu prochainement … »

Le discours ne l'intéressait plus. Le militaire l'ennuyait profondément tandis que le premier s'éloignait. Elle l'observa marcher d'un air un peu déçu puis secoua la tête. Elle se hâta ensuite de rejoindre les portes de la ville, remettant son capuchon sur la tête.

[L'histoire continue.]

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Dernière édition par Luli le Mar 25 Déc 2012 16:54, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 16 Déc 2012 19:11 
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Alya

Alya me guide à travers des couloirs plus somptueux les uns que les autres, aux murs recouverts de tapisseries fines, au sol de bois ou de marbre et aux lustres de cristal. Tout ici respire le luxe et la beauté, je commence même à me demander si ce monde peut m'accepter. Ma famille est plus qu'aisée, elle est riche et je n'ai jamais manqué de rien. Mais ici c'est différent. J'ai l'impression que la propriétaire pourrait acquérir n'importe quoi n'importe quand sans problème.

Mes yeux retournent sur ma maitresse de compagnonnage, sa chevelure ondulant à chaque pas, suivant le mouvement de ses hanches et celui du tissu de sa somptueuse robe. Cette femme est emplie de grâce. J'aimerai bien devenir un jour comme elle, être aussi belle, adulée et riche qu'elle. Mais bon, pour l'instant, il faut qu'elle m'accepte, ou du moins qu'elle accepte ma musique.

Finalement je sors de mes pensées lorsque Alya se retourne vers moi, m'invitant de la main à passer la porte qu'elle vient d'ouvrir. Rien que la porte me laisse rêveuse : elle est en ébène, sculptée d'enluminures complexes et incrustée de perles de marbre. Le tout semble représenter un arbre, ses branches et ses racines, sous une douce pluie d'été.

"Ceci est mon bureau personnel, c'est ici que je loge."

Je la regarde brièvement dans les yeux, à la fois intimidée et confuse de mon hésitation, puis pénètre dans en ce lieu. Et je reste coite. Cette "loge" est magnifique, digne des plus beaux rêves de princesse. Des tapisseries sublimes aux murs, un sol en marbre veiné resplendissant et un lustre de cristal composé de trois cercles recouverts de larmes de cristal, excentrés les uns par rapport aux autres... Le mobilier est du même niveau, tout en ébène, sculpté finement, recouvert de satin rouge pour le bureau...

Mais ce qui attire mon regard directement est le piano. Un magnifique piano à queue blanc nacré.

Alya laisse entrer Niwen en lui intimant de rester silencieuse puis referme la porte derrière elle et va s'assoir à son bureau. Elle prend un calepin dans un des tiroirs, l'ouvre et commence à y écrire avec une belle et grande plume rouge. Je la regarde faire, silencieuse, ne voulant surtout pas la déranger.

"On m'a dit que vous étiez douée. Très douée."

Elle a relevé la tête et me regarde, sans que je ne parvienne à savoir ce qu'elle pense.

"Je... C'est en effet ce que l'on m'a aussi dit."
"Et vous, qu'en pensez-vous ?"
"Je pense l'être."

Ma maitresse de compagnonnage baisse la tête et se remet à écrire dans son calepin.

"Sortez votre violon et faites moi quelques notes."

Je m'exécute, le cœur commençant à battre la chamade. J'ouvre doucement l'étui de mon violon, et en sort l'instrument. Je suis très fière de cet instrument, cadeau de mon père.

Je le pose doucement sur ma clavicule et pose mon archet sur les cordes, délicatement. Je ferme les yeux, inspire doucement et commence à jouer.

Pas de musique sophistiquée, pas de combinaison complexe de notes. Juste des notes, de nombreuses notes, les unes après les autres, liées entre elles par les secrets de la musique. Non pas la suivante après la précédente, mais la complémentaire après la principale. Et ainsi de suite, suivant ce que me disait mon oreille... Les yeux fermés, je ne vois pas la réaction d'Alya. J'essaie de ne pas y penser, j'ai le cœur qui bat la chamade.

Et finalement, la dernière note est jouée, et je la laisse résonner doucement dans l'air avant de baisser mon violon, et de rouvrir les yeux.

Elle n'est plus là. Elle n'est plus assise devant son bureau. Et soudain j'entends une note, une seule, derrière mon dos. Un ré, plus précisément. Je me retourne subitement. Elle est assise devant son piano et me regarde, le regard pétillant.

"Tu es en effet très douée, peu de gens savent faire ça. Mais la musique, ce n'est pas que ça. Je te propose de jouer avec moi. Cela te va-t-il ?"

J'écarquille légèrement les yeux, surprise par la demande d'Alya. Jouer avec elle, pourquoi pas, mais je ne suis pas sûre d'être à la hauteur. Elle n'est sûrement pas devenue la femme que j'ai devant moi sans raison.

"Très volontiers... J'espère être à la hauteur."
"Tu le seras sûrement, du moins au niveau de ton instrument. C'est autre chose que je veux tester."
"Quoi donc ?"
"Je te le dirai après."

J'acquiesce, dubitative. Que peut-elle vouloir tester si ce n'est ma musique et ma maîtrise de l'instrument ? Je suis flattée qu'elle dise que de ce côté là je suis au niveau mais ne comprends le but du second test. Je m'y attelle donc du mieux que je peux.

Et soudain elle commence à jouer, une musique douce et sans prétention, une musique largement à ma hauteur. Je commence donc à la suivre, ne jouant pas les mêmes notes mais complétant sa musique, essayant de trouver les notes qui correspondent le mieux aux siennes, tentant de répondre aux sentiments qui transparaissent dans sa mélodie.

Puis elle accélère, augmente peu à peu la difficulté de la musique. Je parviens à suivre toutes ses modifications, à reconnaitre chaque fluctuation sous ses doigts. Je ne sais pas combien de temps dure le test, mais je m'épanouis entre ses notes et les miennes, dans cette musique que nous jouons ensembles.

Puis soudain, quelque chose change. De mon côté j'ai chaud, mes cheveux collent à mon visage et ma robe à ma peau. Mon cœur bat vite, suivant le tempo de la musique. Mais quelque chose apparait, quelque chose de différent, ses notes semblent... modifiées, perturbées. Ce ne sont plus des notes simples, mais autre chose, des notes supérieures, inaccessibles avec un simple instrument. Ce sont des notes modifiées par la magie.

Ainsi, elle aussi utilise la magie ? Je vais donc la suivre sur ce terrain là. Je commence à manier mes fluides au fond de moi, je me concentre, comme ma mère m'a appris et comme si souvent je l'ai fait. Puis j'applique ces fluides à mes notes, les modifiant subtilement, les améliorant encore, les rendant plus pures, plus profondes...

Mais là, je déchante soudainement. Alors que j'ai atteint le somment de mon art, de mon talent, elle continue à monter le niveau du sien. Ses notes me sont inconnues, mais résonnent dans mes oreilles comme divines. J'essaie de concentrer mes fluides mais n'y parviens pas, les notes que je tente de moduler ne sont pas les bonnes, et ma musique sonne, pour la première fois depuis des années, fausses.

Je sens mon cœur s'emballer et une larme couler le long de ma joue. Elle n'est pas la seule, d'autres la suivent. Et j'arrête soudain de jouer. Je suis à bout, fatiguée, et j'ai échoué. Je baisse la tête et laisse les larmes couler. Comment ai-je pu jouer faux ? Comment cela est-il possible ? Je n'arrive pas à comprendre comment Alya a fait pour ainsi fluctuer ses notes...

"Ainsi tu contrôles tes notes par la magie. Je ne m'attendais pas à tant, sincèrement."

Je me retourne doucement vers elle, les yeux larmoyants. Un instant elle semble attristée et se lève, pour s'approcher de moi et me prendre dans ses bras.

"Ne pleure pas. Tu es une des plus grandes musiciennes que j'ai pu voir dans ce bureau, crois-moi."

Puis elle s'éloigne et plonge son regard dans le mien. Je suis hypnotisée par ce regard d'un gris subtil. Je ne parviens qu'avec peine à en détourner les yeux, mais ne le veux pas.

"Tu vas pouvoir jouer ici, tu es une grande musicienne, surtout pour ton âge. Je ne pensais pas que tu savais déjà utiliser la magie pour fluctuer tes notes. C'est assez rare, et la majorité n'y pense même pas. Par contre, il va te falloir t'entrainer à cette fluctuation. Tu as vu ce dont je suis capable, tu peux faire la même chose."

Je n'y crois guère. Ma mère m'a apprit tout ce qu'elle savait, et la fluctuation en elle même, je l'ai acquise en autodidacte. Je sèche les larmes autour de mes yeux.

"Comment ? Vous allez m'apprendre ?"
"Non. Je suis une grande musicienne, mais une piètre professeur. Connais-tu la faculté de magie ?"
"Je... Non."
"Elle n'est pas loin d'ici, c'est là-bas que j'ai appris."

Elle retourne à son bureau et s'y assoit gracieusement devant son bureau avant de prendre sa plume et de gratter son calepin.

Puis elle se lève et se rapproche de moi, me tendant la feuille qu'elle a plié en deux.

"Voici comment te rendre à la faculté. Vas-y, et restes-y autant de temps qu'il te faudra. Passe me voir de temps en temps si cela te chante."

Elle sourit, un sourire enchanteur qui me laisse sans voix. Je sens que quelque chose bouge en moi et mon cœur s'accélère. Et malheureusement, Alya semble elle aussi l'avoir remarqué. Elle s'approche de moi et pose ses lèvres sur mon front.

"Je t'attends. Tu deviendras la meilleure, soit en sûre. Maintenant, vas-y, et profites-en bien."

Je reste immobile quelques instants, incapable de réfléchir.

"D'accord... Merci. J'espère vous faire honneur."
"Ne t'inquiète pas. et la prochaine fois, appelle moi Alya."
"D'accord."

Je range mon violon délicatement dans son étui puis me dirige vers la porte que ma maitresse de compagnonnage vient d'ouvrir. Elle me sourit, je suis toute chose.

Je regarde Niwen qui semble elle aussi avoir remarqué mon désarroi, puis sors de la pièce.

Je crois que je suis amoureuse.

Cette idée me perturbe au plus haut point. Je secoue la tête et décide de me concentrer sur cette faculté de magie. J'ouvre le papier qu'Alya m'a donné et étudie ses indications, écrites d'une belle écriture féminine.

En m'éloignant, j'entends ma maitresse de compagnonnage, parlant à Niwen.

"A vous, maintenant."

Arrivée à la Faculté

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 16 Déc 2012 21:15 
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Niwen observa tout cet étalage de richesse, c'était quand même excessif, exagéré. Soit on était dans un théâtre mais quand même, c'était encore pire que ce qu'elle pensait. Ce lieu était peut-être réservé pas même au riche, mais une sorte de club privé pour milliardaire. Innocemment, la louve leva une patte, elle regarda un pied puis l'autre afin de vérifier que ses bottes étaient propres. Presque agacée par tout cela, elle suivait un peu plus renfrognée. Si elle était capable de voler ne serait-ce qu'un chandelier, elle serait capable de nourrir toute sa petite bande de gamins pendant des mois. Elle secoua la tête vivement afin de chasser toutes ses idées de son esprit encore malsain.

À l'approche de la porte du bureau d'Alya, l'adolescence fut étonnée par la présence des perles, elle glissa un doigt lentement dessus, souriante, son regard se perdait dedans avant de revenir à elle, lorsque Alya lui fit signe de rentrer et d'être silencieuse. Quel comble pour elle, la plupart du temps elle ne disait rien ! De qui se moque-t-on ! Mais la louve peu contraignante à ce moment, ravis au contraire de ne rien avoir à dire, elle se tue et observa les mains dans le dos pressé contre le mur joliment travaillé. Elle écouta leur échange, beaucoup moins subjuguer par la maîtresse des lieux que ne le serait jamais Amalia. Cela l'amusait beaucoup de la voir devenir comme une petite fille devant cette grande dame. Avec un léger sourire aux lèvres, Niwen regardait Amalia fondre complètement, qu'est-ce qui lui prenait ? était elle si douée que cela pour en faire presque une vénération ? La louve détestait toute forme de religion par principe, selon elle, il n'y avait besoin de personne pour vivre, inutile de s'encombrer de ce genre d'être, qui était à mille lieues de comprendre réellement les personnes simples qui vivaient ici-bas.

Niwen leva au ciel ses yeux lorsqu'elle lui demanda son niveau, elle trouvait cette forme de jugement totalement déplacer, on ne pouvait pas se juger soi-même pour la louve. Elle sentit immédiatement qu'Amalia était très tendue, c'était après tout un tournant dans sa vie, c'était très important. La lyikor était certaine qu'elle réussirait, elle savait jouer de son violon, toute confiante quant à elle de la prestation de sa nouvelle amie. Bien décidée d'en profiter au maximum, elle aurait le temps cette fois-ci d'apprécier la musique. Elle ferma alors les yeux, un large sourire aux lèvres, quel endroit plaisant tout de même que ce lieu de musique, de jouissance artistique, comment mieux s'évader que dans un lieu pareil ?

Amalia commença alors à jouer quelque chose de simple, Niwen avait pensé qu'elle mettrait la barre plutôt haute dès le départ pour se rassurer et en mettre plein la vue, mais non rien d'extraordinaire. Elle se laissa alors porter par cette histoire mélodique, qui s'écrivait devant elle par cette plume en forme d'archet. Très rapidement, les notes devenaient secondaires, ce théâtre limité physiquement commençait à se briser sous la forte pression de la musique, tout le haut du bâtiment se faisait emporter par un vent puissant, chaud et mélodieux. Même Amalia et Alya disparurent rapidement, mais pas leur musique qui vivait, qui continuait à tout pulvériser. Niwen ressortit alors ses mains de son dos, tout d'abord inquiète de subir le même sort que tout ce qui l'entourait, elle mit ses mains devant elle afin de se protéger le visage, mais elle ne sentit rien, pas d'agression. Tout finit alors par disparaître autour d'elle, la louve ne savait pas du tout comment cela était possible, mais elle s'envola. Elle planait sur ce vent puissant et chaud qui la transportait à toute allure au-dessus des nuages, elle voyageait si vite, si fort, les yeux grands ouverts dévorant tout ce qu'elle voyait.

Niwen n'entendit rien lorsque les deux parlaient entre elles, elle affichait seulement un sourire béât, les nuages commençaient à se dissiper lentement, le vent à s'éteindre, elle ne voulait pas retomber si tôt sur cette terre sombre, humide et froide. Elle voulait encore voler la haut, tout là-haut. Heureusement pour la louve, le premier vent fut alors balayé par un autre encore plus puissant, peut être même un mélange des deux ! Elle ne connaissait alors rien à la magie, elle ne savait pas la reconnaître, surtout dans l'état où elle était. Le vent qui la transportait dans ce monde si beau, si chaud et doux se transformait en bourrasques continues et puissantes, quelques choses n'allaient pas, elle se sentait bien, mais quelque chose troublait cette harmonie, elle fronçait les sourcils. Une tornade cataclysmique se formait sous elle, déchirant cette agréable nappe de nuage sous elle, Niwen ouvrait grand ses yeux, elle pensait qu'elle tomberait, mais tout s'arrêta brusquement.

Elle revint à elle, essoufflée, apeurée, elle contrôlait la plupart du temps ce qui se passait dans sa tête mais pas là. Amalia avait joué faux, c'était plus qu'improbable, elle croisa les bras et essayait de ne pas se faire remarquer. Niwen était prête à défendre son amie, à crier à l'infamie face à ce qui venait de se passer ! Elle voyait bien que la violoniste était dévastée par ce qui venait de se passer.

((Tu vaux beaucoup plus que ça Amalia, à quoi tu joues ? Qu'est-ce qui t'a pris ? ))

Amalia semblait troublée, quelque chose se passait en elle, l'instinct de la louve sentait qu'elle avait les mains moites, elle imaginait son cœur battre, les jambes sans doute flageolantes. Niwen comprit alors très rapidement ce qui arrivait à la Rosenoire. Ce n'était pas de la vénération, elle avait le béguin ! Pour la liykor, cela s'arrêtait au fait de vouloir se reproduire, mais là, c'étaient deux femelles, elle voyait son amie commencer à quitter la pièce, elle ne savait pas trop quoi lui dire pour la rassurer. Quand elle passa à côté d'elle, elle glissa une main douce sur son épaule, la louve parla alors d'une voix faible, on lui avait interdit de parler après tout.

"Crois en toi, oublie tout ce qui s'est passé ici, avance, si notre chemin se recroise alors j'en serais heureuse. "

Niwen n'avait pas pour habitude d'expliquer en détail ce qu'elle pensait, ou même ce qu'elle exprimait, peut-être que tout cela serait trop biscornu pour être compris. Elle poussa légèrement Amalia vers la sortie afin de lui faire comprendre qu'elle en avait fini, elle la sentait dans un tel état, elle devrait l'accompagner, être une oreille attentive pour son amie, mais Alya lui dit alors que c'était son tour.

"Je me demande à quoi vous jouez avec cette petite. Je suppose que vous voulez entendre ce que je sais faire ? "

Niwen était plus rêche qu'Amalia, pour elle, elle n'avait rien à gagner ici et donc rien à perdre. Elle ferait cependant de son mieux bien décider à montrer ses talents. La louve prit alors son instrument, il n'était pas question de magie ici, juste de musique et de plaisir à l'entendre. Elle commença à jouer des notes douces et lancinantes, qui marquaient un rythme cadencé, particulièrement appuyé espérant bien qu'Amalia l'entende avant de partir, espérant la distraire et la sortir de son tourment. La louve alors de sa voix la plus douce, la plus pure, commença à chanter sur les notes. Elle n'avait pas la possibilité de chanter cette ritournelle souvent, à chaque publique ses mots.

" Ils sont fiers, ils sont élancés
Comme les arbres de leur forêt
Blanche est la feuille où courent leurs traits
Les elfes de vertes vallées

De leurs plumes aux reflets d'argent
Naissent les êtres d'autres temps
Des langues perdues, des chevaux blancs
Les elfes de vertes vallées

Ils imaginent des contrées
Des reines maudites aux yeux violets
Les ombres s'étendent sur leur forêt
Les elfes de vertes vallées

Vient alors la dame au visage blanc
Calme les esprits contre son sein
Sonnent ensuite les chants serins
Les elfes de vertes vallées

Ainsi donc s'achève la nuit
Mon histoire se termine ici
Je contemple les croquis
Des elfes de vertes vallées
"



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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 18 Déc 2012 14:56 
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Niwen finissait sa chanson sous les regards étonnés d’Alya de cette présentation, après tous les liykors n’étaient pas connus pour leurs chants mélodieux, ni pour leur dextérité à manier avec précision un instrument ou un outil. Elle se faisait plaisir à produire une jolie mélodie de fin, ondulant la tête, bercer elle-même par sa propre chanson, un sourire de satisfaction sur ses lèvres. Elle prenait toujours un pied total à faire de la musique et cela transpirait sur son corps. Peut-être est-ce pour cela qu’elle avait du succès ? Peut-être arrivait elle à offrir à tout le monde son amour pour la musique, faire passer tous ses sentiments qu’elle n’exprimait jamais ? Et si un jour elle finissait par s’exprimer, est-ce qu’elle jouerait mal de la musique ? Quoi qu’il en soit, Alya mit quelque temps avant de répondre, comme à son habitude d'une voix agréable et emplie de noblesse.

«Tu joues très bien pour ton âge jeune fille tu sais ? Tu dois être encore jeune pour ta race n’est-ce pas ? Tu as encore à apprendre, mais tu t’en sors très bien. »

La louve sourit légèrement au compliment, elle n’aimait toujours pas s’exprimer dans les bons comme les mauvais moments. Elle ne disait rien, que pouvait-elle répondre à cela ? Elle rangea sur le côté en bandoulière son luth, précieux pour elle mais certainement pas en pièce d’or, il ne valait rien du tout. Il était usé, abîmé, il avait certainement pris quelques coups au passage, mais il parlait directement avec l’âme de sa propriétaire.

«Est-ce toi qui écris tes propres chansons ? Elles sont fort intéressantes. »

Répliqua alors Alya, qui devant le mutisme de Niwen se sentait obligée de poursuivre la discussion seule. Si elle cherchait de nouveaux talents, c’était également pour remplir sa salle du théâtre, à la vue de tout ce luxe, cela devait coûter extrêmement cher à l’entretien. Le tout Kendra Kâr devait se presser, débourser de moult pièces d'or pour voir et écouter ce qui se passait ici. Niwen se demanda à quel point elle était intéressée par ces chansons, pour elle c'étaient surtout des chansons de taverne ou de festival de la moisson d'automne, qui se déroulaient chaque année. Afin de lui répondre l'adolescente hocha alors la tête lentement, effectivement c'était elle qui écrivait ces chansons, elle n'aimait pas utiliser celle d'autres artistes, sans doute très doués, mais cela ne lui parlait pas autant que les siennes.

« Je serais sans doute intéressé par quelques représentations de ta part dans mon théâtre, je pense qu’il sera nécessaire de reparler des détails plus tard. »

Niwen hocha la tête simplement, elle se leva sur ses pattes bien calées dans ses bottes de piètre qualité. Elle avait très souvent entendu parler d’un lieu très cossu appeler le temple des plaisirs, rien que le nom donnait certainement envie à la plupart des personnes. Elle avait déjà été voir une fois, mais la présence de gardes à l’entrée l’avait fortement refroidie. De part de son côté de voleuse, des gardes ne donnaient pas envie de rentrer pour se faire piéger. Avec sa visite d’un théâtre aussi riche et luxueux, pourquoi ne pas se lancer dans les endroits branchés de la noblesse et des bourgeois après tout !

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Ven 21 Déc 2012 13:49 
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Au sortir de la faculté je me sens un peu perdue. J'ai appris pas mal de chose dans ce bâtiment auxquelles je ne m'attendais pas. Equilibrium est devenu ma guilde, et je ne sais pas trop quoi faire. Dois-je aller en parler à Alya, est-elle déjà au courant ?

J'ai une forte envie de retourner la voir, même si je n'ai pas grand chose à lui dire. C'est étrange... Je m'arrête en haut des escaliers menant à la Faculté et soupire. Je suis amoureuse, j'en suis sûre. Elaën est l'homme parfait, le prince charmant dont toutes les princesses rêves. Mais j'ai plus envie de revoir Alya que lui... Je sens mon estomac se contracter et mon cœur s'enflammer.

Je ferme les yeux un instant, puis inspire un grand coup. J'irai la voir après être allée au Nobelium. On m'y attend, et il serait impoli d'arriver en retard au premier rendez-vous. Je descend donc les marches, serrant mon étui et mon petit sac contre moi, avant de m'enfoncer dans cette foule que je n'apprécie guère.

La tension semble avoir diminué depuis ce matin, mais le bonheur de la victoire est encore présent dans l'atmosphère. Je repense à l'exécution de cet adversaire sans cœur. Je repense à ce que m'a raconté le professeur de magie.

Sa mort a-t-elle apporté à l'équilibre du monde ou l'a-t-elle rendu encore plus instable ? Et son exécution publique et humiliante a-t-elle seulement eu un impact sur cet équilibre ? J'en doute. J'ai du mal à comprendre le réel sens de cet équilibre, sa vraie substance. J'en apprendrai sûrement plus en aidant Equilibrium.

Plongée dans mes pensées je ne vois pas avancer dans cette foule, et finalement j'arrive aux grandes portes de Kendra-kâr. Le Nobelium est de l'autre côté, et une partie de mon destin aussi.

Le Nobelium

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 30 Déc 2012 15:48 
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Un nouveau voyage, septième jour : l'arrivée à Kendra Kâr

Caabon prend la décision de traverser la ville de part en part, afin de se faire une idée de sa superficie, et de ce que représente la surface dont il a temps entendu parler. Seulement, compte tenu de sa première mésaventure, il hésite à s’engager directement dans la grande rue ; peut-être plus tard, lorsqu’il aura pu arranger son masque, ou se procurer quelque chose qui lui permette de se faire plus discret. Au flot des badauds plus ou moins fortuné qui arpentent le dallage égal dans un ordre que seul un observateur patient pourrait mettre en évidence, il préfère le calme relatif des ruelles parallèles, plus puantes, fréquentées par des gens occupés, pressés, d’un rang qui leur permet de salir leurs chausses ou leurs braies dans les ruisselets brunâtres qui par endroit se forment. Les voleurs se font peut-être plus rares sur ces voies alternatives, ou s’ils les arpentent, ce n’est pas pour exercer leur art, mais pour se déplacer comme leurs contemporains les plus honnêtes. C’est un autre flot qui se forme, une autre foule, moins parfumée, moins richement vêtue, moins bien coiffée, mais plus au goût du wotongoh.

Cet écart l’a rapproché de l’Arène de Kendra Kâr, qu’il aperçoit par-dessus le toit de quelques maisons. Alors qu’il jette de droite et de gauche des regards pleins de curiosité, il ne peut s’empêcher son œil de s’attarder sur ce bâtiment, éclatant de blancheur au dessus des toits. Un crochet l’amène au pied de l’édifice, encore plus imposant de près. Quelques gardes patrouillent dans le périmètre, mais ne prêtent guère d’attention aux individus qui fixent les murs, les arches et les colonnades avec des airs de provinciaux subjugués ; il y en a bien trop qui se laissent impressionner lors de leur premier séjour en ville, beaucoup trop, ils ne prennent même plus la peine de ricaner face aux spectateurs ébahis, tout comme ils ne pestent plus contre les pavés inégaux de certaines ruelles : ce sont des choses qui composent leur quotidien de miliciens, la racaille mérite plus d’attention. Caabon, s’il n’a rien du propriétaire terrien de campagne venu pour la première fois à la capitale pour régler quelque affaire, ne peut juguler son admiration pour cette prouesse architecturale. Certes, Oranan est une cité superbe, qui ne manque pas de raffinement, la fierté de ses bâtisseurs et de ses habitants. On loue la beauté du Pavillon d’Or, la majesté du palais du Conseil, mais aux yeux du jeune homme, rien n’égale ce qui émane de l’Arène.

(Ce n’est pas la puissance d’un seigneur ou d’une institution… Il y a quelque chose de plus… Combien de personnes peuvent se réunir là ?... Des milliers, ai-je lu quelque part… Des milliers de personnes capables de vibrer face à un combat, au son de la mort, à l’écoute des paroles d’un homme… Des milliers de personnes criant, hurlant, scandant un nom… quel vacarme cela doit faire ! … Quel dépense la construction d’un tel monument a-t-elle exigé ?... Combien d’hommes sont morts sur ce chantier ? … Oranan n’est qu’une petite ville à côté de Kendra Kâr, quel sens aurait une si imposante Arène là bas ? … Aucun… Ce n’est pas la marque de la puissance, c’est la marque d’un peuple, d’une foule derrière ces murs, une multitude comme des gens de ce monde n’en ont jamais fait l’expérience… Je n’en ai jamais fait l’expérience… Aujourd’hui, je vois ce que des hommes peuvent bâtir pour la multitude, mais cette multitude dont je n’ai eu que quelques aperçus depuis que j’ai passé les portes, je n’en connais rien… Il me faudra probablement arpenter longuement cette ville, suivant un plan précis, passer chaque rue, traverser chaque ruelle, découvrir chaque place… Des jours, des mois d’errance… Je verrai probablement des gens de toutes sortes, pauvres, riches, et l’immense variété se situant entre ces deux extrêmes, des marchands, des artisans, des serviteurs, des intendants… Quand bien même ferais-je ce voyage entre ces murs, quand bien même mes pas me feraient découvrir les moindres recoins de cette cité, je crois que je ne comprendrai jamais cette multitude… Il y aura toujours trop de gens cachés, occupés, ailleurs, en mouvement… Quelle situation ! Enfermé, j’ai appris ce qu’était la multitude, je l’ai pensée... Maintenant que je suis libre de découvrir sa réalité, elle m’échappe ! … Elle reste une idée… Des mots dans ma tête comme des mots sur le papier… Quel spectacle ce serait que de voir chaque femme, chaque homme, chaque enfant, toutes les races, alignés dans la plaine, et les contempler depuis le haut des remparts ! … Quel spectacle ce serait que de voir les gradins de cette Arène accueillir le plus grand nombre de spectateurs !... Il faudra un jour que je m’offre cette chance…)

Non sans un dernier regard, Caabon s’arrache à la contemplation de l’édifice et aux pensées qu’elle a fait germer dans son crâne. La blancheur de la pierre lui rappelle aussi douloureusement la couleur de sa peau, et rester immobile, le nez en l’air, le visage exposé à tous ne lui paraît pas être une attitude très prudente. Si la majorité des habitants de la ville ne lui porteront pas la moindre attention, et ne feront pas à son égard preuve d’hostilité, il peut y en avoir quelques-uns pour sortir de la léthargie dans laquelle la recherche de tranquillité plonge la plupart des individus, et ceux là pourraient être plus dangereux que tous les autres.

Premier contact avec la population locale

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C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit ;
par le savoir, on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables.
Proverbes, 24, 3-4


Dernière édition par Caabon le Dim 30 Déc 2012 17:49, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 30 Déc 2012 17:48 
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Kendra Kâr, premières impressions

La promenade de Caabon est interrompue un peu après qu’il ait contourné le marché par le nord.

La rue dans laquelle il s’est engagé ne compte pas de boutique, mais une taverne, déjà bien bruyante, ce qui laisse à penser que ses habitués s’abreuvent de la même manière qu’il fasse jour ou qu’il fasse nuit. Son enseigne est un panneau de bois cloué au mur, sur lequel est peint une femme nue, voilant un peu de son intimité à l’aide d’une bande de tissu bleue ; si l’artiste souhaitait représenter un membre du beau sexe qui excite le désir des passants, et les pousse à entrer dans l’établissement pour y chercher quelque autre trésor, force est à Caabon de constater qu’il a manqué son but, ou qu’il était assez ivre pour être satisfait de son travail. Toutefois, le tenancier a conservé l’enseigne, faute de mieux, et si l’endroit s’appelle « Au Plaisir », ce doit être une forme d’humour que le wotongoh a du mal à saisir. Quatre hommes sont sortis pour se soulager dans le caniveau. L’un d’eux, plus rapide que les autres, remonte son pantalon lorsqu’il aperçoit Caabon et l’interpelle.

« Eh, toi, le noiraud, dis donc, t’as une sacrée sale gueule… Qu’est-ce t’as ? Tu connais pas l’eau ? C’pas parc’que l’eau ça s’boit pas qu’faut pas y toucher hein ! »

Sans un mot, Caabon, qui n’est pas encore à hauteur de l’homme, continue d’avancer, comme s’il n’a pas entendu ces deux piques qui lui sont destinées. La rue n’est guère large, mais il estime qu’il pourra les contourner sans faire d’histoire, et sans s’attirer d’ennui.

« Dis donc, quand on a une sale gueule comme la tienne, on est poli avec les gens, tu pourrais répondre quand on t’parle ! »

Les trois autres ont fini de pisser, et Caabon commence à regretter de n’avoir pas fait demi-tour. En effet, ils se positionnent de telle sorte que toute retraite est coupée, deux hommes face au Wotongoh, un sur ses talons, et sur son flanc gauche celui qui continue de brailler, faisant sortir de la taverne quatre autres hommes, l’air tout aussi avinés.

« Tu sais pourquoi on boit ? On boit pour honorer la mémoire d’mon frère et d’nos copains qui sont pas r’venus. On boit pas pour rien nous. On boit parce qu’on les r’verra jamais, et qu’y z’auraient aimé qu’on boive pour eux ! Nous on aurait bien aimé qu’y boivent pour nous ! Nous on peut boire parce qu’on y était pas au col de Luminion ! Z’étaient courageux, nos gars qu’y sont allés ! Y avait mon frère avec ces gars ! Y s’sont battus pour qu’on reste libres ! Y s’sont battus pour qu’on ait pas à l’faire comme on dit ! Et pis y sont morts ! Mon frère est mort tu vois… nos copains sont morts… et p’têt’ que la prochaine fois, ce sera nous… »

Alors qu’il essaye de passer entre les deux hommes qui lui barrent le passage, Caabon se fait repousser en arrière par l’un d’eux. Avant qu’il puisse faire une seconde tentative, deux des hommes sortis le plus récemment viennent se joindre aux deux autres, et à eux quatre ils bloquent complètement la route.

« Pourquoi tu veux t’barrer ? T’as pas la consckianche… la conchianche… enfin t’es pas tranquille ! T’aimes pas qu’on t’parle de ceux qui sont pu là ? On boit à la mémoire d’mon frère et d’ses copains, on t’parle et toi t’écoutes pas ! Faut honorer leur mémoire qu’il a dit, le gars avec la belle armure, faut penser à eux comme des héros ! Ben ouais, mais y sont morts, les héros ! Y a une gamine et une femme qui le verront plus rev’nir, mon frère ! Parc’qu’il est allé s’battre contre les hordes, là ! Pour qu’elles puissent vivre en paix qu’y disait ! Pis maintenant ? Comment qu’elles vont vivre ? Hein ! La guerre c’est l’affaire de tous qu’on nous dit. Y faut avoir l’œil qu’on nous dit ! Y peut y’avoir des espions qu’on raconte… c’est l’devoir de tous d’faire attention… »

La suite, Caabon la redoute, et il jette un coup d’œil derrière lui pour échafauder un plan de fuite, mais de ce côté-là aussi l’étau se referme sur lui. Deux ou trois personnes ont fait mine de s’engager dans la rue, mais voyant que quelque chose se prépare, elles font demi-tour. Le wotongoh hésite à appeler à l’aide ; au final, il garde le silence, de peur d’aggraver la situation, ou de brusquer son issue : peut-être l’homme se contentera-t-il de cracher ce qu’il a sur le cœur. Il en doute, mais espère.

« J’crois qu’t’as pas l’air net ! J’crois même qu’c’est pas normal d’avoir la peau noire comme ça ! Faudrait qu’t’ai l’âme bien noire pour avoir une peau comme ça ! Ou bien c’est qu’t’es sacrément sale, et faut qu’on t’apprenne qu’on s’lave dans une ville bien prop’ comme la nôt’ ! »

Le crachat atteint Caabon au visage, instinctivement il ferme les yeux, aussi ne voit-il pas le poing qui le touche à la joue gauche. Fort heureusement, l’alcool a quelque peu émoussé l’évaluation des distances de son adversaire, le coup n’a donc pas porté avec toute sa force, mais assez pour que Caabon comprenne les intentions de cet ivrogne dans lequel il voit maintenant un adversaire dangereux. Dangereux parce que bien accompagné : seul, il n’aurait guère posé de problème au wotongoh, la fuite serait devenue une bonne solution, mais les sept autres compères qui forment le reste de la bande sont une menace non négligeable.

« J’vais t’arranger l’portrait ! J’vais pas laisser des gens comme toi v’nir m’nacer la paix d’not’ ville ! J’y étais pas, à Luminion, mais j’suis là et toi tu vas r’gretter d’avoir quitté tes amis les garzoks pour v’nir nous m’nacer ! »

(Rien ne sert de discuter avec lui… Ce n’est pas tant l’alcool qui le pousse, mais la haine et la douleur… Il a perdu son frère, il a perdu des amis, et lui il est encore là, mais ça n’a pas l’air de le réjouir plus que ça… Faut qu’il passe sa haine, et bien sûr, faut que ce soit sur moi…)

Les sept hommes ne font rien, sinon former un cercle autour des deux protagonistes. S’ils approuvent l’initiative de leur camarade, ils ne cherchent pas pour autant à l’aider. Eux aussi ont perdu des amis au col de Luminion, également de la famille pour certains. Malgré l’alcool qu’ils ont commencé à ingurgiter pour honorer les morts, et pour noyer leur chagrin, ils n’ont pas encore basculé dans une bestialité aveugle : le combat qui s’engage est celui d’un homme contre un autre homme, ou contre un monstre, ils ne savent pas bien. Ils interviendront, mais en dernier recours, pour soutenir un camarade en difficulté. Le combat doit être honorable, digne, pour la mémoire des morts. Mais si l’issue est défavorable à leur ami, ils feront pencher la balance en sa faveur, car leur conception d’un combat digne inclut une victoire des bons, et il n’y a pas pour eux à réfléchir un instant : les bons, ce sont eux.

Caabon esquive deux coups en reculant, et se trouve ainsi aux limites du cercles formés par les témoins ; il espère par cette manœuvre qu’ils auront le réflexe de s’écarter, ce qui lui donnera la possibilité de fuir : deux bras solides lui confirment l’échec de cette tentative en le repoussant vers le centre du cercle, vers un poing qui l’attend et qu’il évite de justesse en se penchant sur le côté. Le deuxième poing le touche aux côtes, un peu sous le cœur, et la douleur éveille soudain chez le wotongoh une rage froide et soudaine. La retenue, la nécessité de faire profil bas, tout cela s’effondre comme une digue que la crue submerge, laissant place à la volonté implacable de vivre, de faire face à la menace et de triompher.

Excité par l’aisance avec laquelle ses premières attaques ont porté, sans se voir offrir la moindre résistance, l’homme ivre s’enhardit et se lance dans une tentative pour porter une volée de coups à son adversaire, afin d’en finir vite et avec un certain panache. Poussé par cette idée, il charge, le poing levé, mais moins rapide et plus imbibé que sa cible, il ne s’arrête pas lorsqu’elle se dérobe, trébuche donc sur le pied tendu et effectue une chute lamentable sur le pavé. La seule blessure qu’il récolte est minime, sa lèvre supérieure s’est éclatée contre le poing qu’il a eu le temps d’interposer entre la pierre et son visage ; il s’est blessé lui-même, mais en impute intérieurement la responsabilité à l’étranger, ce qui n’est pas tout à fait exact. Ce dernier ne le roue pas de coup pendant qu’il est à terre, de peur que ce soit un signal pour l’intervention des spectateurs, il s’est reculé de trois pas et attend.

L’ivrogne revient à l’attaque avec un cri de bête blessée, enragé par la douleur et par le sang qui lui coule sur le menton. Si l’alcool brouille encore ses sens, il n’en montre rien, et ses poings volent avec plus de puissance et plus de précision. Caabon bloque deux crochets du droit, mais le poing gauche vient lui meurtrir l’épaule avant qu’il ait eu le temps de l’esquiver. En riposte, il frappe par deux fois son opposant au visage, deux fois les coups portent avec une efficacité qu’il ne doit qu’à son sang froid et sa rapidité.

La vitesse des échanges baisse à mesure que s’allonge l’affrontement, et les encouragements du cercle se font de plus en plus bruyants : ceux qui observaient la scène avec un détachement froid ont commencé à soutenir leur camarade par des cris, de plus en plus agressifs envers Caabon, comme si l’obstination qu’il met à se défendre est une offense à tous. Ils comptaient sur une victoire rapide de leur compère, meilleur pugiliste du groupe, maréchal ferrant de métier, les poings comme des marteaux.

Caabon a eu le temps de détailler cet homme qui lui en veut tant, pour une raison assez vague si on creuse vraiment. Plus grand, plus large, une figure carrée, tout en lui évoque la solidité et la force. Les coups qu’il parvient à porter sonnent le wotongoh, aussi ce dernier finit-il par se cantonner à des esquives et des frappes prudentes, malgré la décision de l’emporter qui a éclot un peu plus tôt.

L’espoir de Caabon réside dans le peu de soin que met le maréchal ferrant à adopter une position stable. Chacun de ses coups circulaires a assez d’élan pour assommer le jeune homme, mais également assez d’élan pour le déstabiliser. C’est sur cette faiblesse qu’il lui faut jouer, car l’issue du combat se fait de plus en plus incertaine, et le sac dont il n’a pas pu se débarrasser avant d’entrer dans cette arène improviser commence à devenir un sérieux handicap : hors de question d’oser une roulade, un saut ou quoi que ce soit ainsi lesté. Par contre, c’est un poids qu’il peut retourner à son avantage.

L’opportunité se présente, et Caabon la saisit aussitôt. Un peu emporté sur la gauche par un coup qui n’a pas porté, l’homme est déstabilisé, et le wotongoh bondit sur lui aussi bien qu’il le peut, avec l’effet escompté : le gaillard chute, et sa tête heurte lourdement l’arrondi d’un pavé. Son regard se voile, il tourne de l’œil. A peine le jeune homme s’est-t-il relevé que la pluie de coup s’abat sur lui. Les spectateurs préalablement échauffés n’attendaient que cela pour se faire acteur, et donner la rossée qu’il mérite à cet étranger, ce fauteur de trouble, cet espion. Les épithètes fusent, les grognements témoignent du cœur qu’ils mettent à l’ouvrage. Caabon s’évanouit.

Dans un état de semi conscience, il saisit au vol des bribes de mots.

« … me dire ce qu’il s’est passé… » - « … aurait attaqué ? les huit ? vous vous foutez de moi ?... » - « … pas à vous de défendre la ville… » - « … passe l’éponge, c’est bien parce que l’heure n’est pas à punir, saoulez vous et laissez les passants tranquilles, quelque soit leur couleur… »

Caabon sent qu’on le transporte, parce que la douleur se fait plus intense, le réveillant un instant seulement, assez pour souffrir et retomber dans une obscurité salvatrice.

« … peux le soigner ? » - « … d’mon mieux, y s’en sortira… » - « Gamin, tiens bon, tu… »

Retour à la conscience

_________________
* * *



C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit ;
par le savoir, on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables.
Proverbes, 24, 3-4


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 3 Jan 2013 20:01 
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À l’extérieur, la matinée avait déjà bien commencé. Les badauds vaquaient à leurs occupations, des enfants jouaient sur le parvis de la faculté, des notables pressés trottinaient dans la rue. Tant d’animation me fit tourner la tête. Je me retournai vers Anastasia pour savoir quelle était notre destination.
«Alors que devons-nous faire pour trouver des recrues ?
- Dame Firelia m’a parlé d’un adolescent faisant partie de l’équipage d’un navire marchand amarré au port de la ville. Peut-être est-ce là une chance pour toi de faire tes preuves.»


Elle n’avait pas tort après tout. Je ne savais pas comment chercher alors un tel tuyau était pour le moins salvateur. J’étais si heureuse de pouvoir faire quelque chose de ma vie et de mes pouvoirs que je me mis à marcher rapidement aux côtés d’Anastasia, imposant l’allure à la jeune femme qui semblait tout aussi motivée pour se calmer de sa récente altercation avec son ami. Cela n’était pas plus mal, je me refusais à passer trop de temps dans la rue à la vue de toutes ces personnes qui auraient tôt fait de me reconnaître et de me renvoyer dans ma chaumière sans que je ne puisse y faire quoique ce soit. La tête basse, les traits tirés, je jetai des regards furtifs aux alentours, tentant de déterminer si j’étais suivie ou non. Cela ne semblait pas être le cas, mais prudence était mère de sûreté.

Nous passâmes devant la milice, bâtiment qui me rappela de très mauvais souvenirs. J’avais clairement failli perdre la tête en ce lieu et espérai ne jamais être enfermée de la sorte une nouvelle fois. Chassant les frissons qui me parcouraient le dos, je me rapprochai d’Anastasia toujours aussi aimable avec moi. Elle nous conduisait jusqu’au port où nous pourrions peut-être découvrir ce mystérieux jeune homme et lui portait autant d’aide que j’en avais reçu. J’ignorais ce que je devrais lui dire pour qu’il nous rejoigne, ni même si je saurais trouver les mots adéquats. Jamais au grand jamais j’avais dû communiquer avec autant d’inconnus que ces deux derniers jours. Cela me changeait de ma vulgaire vie de femme au foyer sans aucun but précis que d’attendre l’arrivée du jour suivant.

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Gabrielle ~ Mage ~ Dans l'espoir d'éteindre les flammes qui la consumment à petit feu


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Ven 4 Jan 2013 19:36 
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Il était tard dans l'après-midi, la plupart des habitants de Kendra Karr se dirigeaient vers leurs maisons, Niwen quant à elle, elle y était déjà. Elle se trouvait contre un mur, assise par terre, l'air prostré avec les jambes repliées contre elle, elle avait croisé ses bras autour de ses cuisses, cela faisait bien une heure qu'elle était là. Elle observait l'air hagard les passants dans la rue, peu recommandables où elle se trouvait. C'était sans doute pour cela que la petite guilde de voleur, auquel elle appartenait, avait élu domicile. Elle tourna lentement la tête vers la ruelle, où maintenant se dirigeait nombre de ses compagnons d'infortune, tous des enfants ou des adolescents comme elle. C'était eux qui faisaient le sale boulot, les grands, les adultes responsables se contentaient de faire les comptes, de réprimander ceux qui ne rapportaient rien ou peu. La liykor soupira longuement, elle connaissait cette ruelle sale par cœur, elle était encombrée de divers détritus, d’objet à moitié cassé, afin de gêner une patrouille de garde éventuelle. Pour la traverser c'était un véritable chemin de croix, presque un labyrinthe, des guetteurs étaient postés à chaque coin, attentif. L'un d'eux se rapprocha alors de Niwen, une mine embêtée sur le visage, il était contrarié de la voir comme ça à quelques pas de la "maison".

" Tu devrais rentrer, tu vas attraper du mal, et puis tu n'es pas venu depuis un moment, j'espère que tu ramènes quelque chose sinon tu vas encore finir dans la cage, tu le sais pourtant ! "

La louve tourna alors le visage l'air désespéré de la situation, pas de ne rien rapporter, mais de devoir y aller, de devoir s'excuser ou d'enrichir un type sans foi ni lois. Niwen s'était emmitouflée dans sa cape de camouflage, elle n'avait pas grand-chose de plus pour se réchauffer. Il pleuvait à grandes goûtes sur toute la ville depuis un moment. Par chance là où s'était écroulée la musicienne, il y avait un bout de toit qui la protégeait partiellement, de vieilles tuiles rouges de récupération, rien n'était neuf dans le quartier, tous étaient pauvres. Le guetteur soupira de la voir encore rien dire, de la voir dans cet état, il sortit alors de sa poche une bague en or plutôt simple, mais qui avait certainement une valeur facilement indentifiable.

" Tiens prend ça, mais tu m'en devras une je te préviens ! Ca me fait mal au cœur de te voir comme ça tu sais. Je t'aime bien mais tu devrais faire un effort, tout le monde doit travailler hein ... Et puis dis quelque chose quand on te parle ! "

Niwen se contenta de le regarder sans rien dire, elle ne fit pas un seul geste vers la bague en or. Un peu lassé de ce monologue, le guetteur ouvrit la main de la louve qui ne résista pas, en déposa gentiment la bague au creux de sa paume. La liykor baissa sa tête vers cet objet brillant, ne disant toujours rien, sa seule réaction fut sa queue qui s'agitait légèrement derrière elle. Le jeune homme soupira et commença à retourner à son poste, tout le monde était habitué à ne presque jamais entendre sa douce voix à la musicienne, excepter quand elle chantait bien entendu. Pour elle ce n'était pas du tout pareil, quand elle se produisait, peu importe le public, elle se livrait totalement, elle offrait tout ce qu'elle avait sur le cœur, tout ce qu'elle n'arrivait pas à exprimer. Elle en avait gros sur son petit cœur, elle ne disait jamais rien, sa vie dans la rue était tout ce qu'il y avait de plus pourri. Niwen serra alors très fort la bague dans sa main, elle cachait son visage entre ses bras, puis commença à pleurer à chaudes larmes. Elle n'essayait pas d'être discrète, à quoi bon, elle tremblait légèrement de tout son jeune corps, le début de ses jambes trempées par des heures de pluie. Le guetteur entendit clairement le chagrin de la louve, il soupira mais ne dit rien, il savait que c'était inutile même s'il ne la comprenait pas du tout.

Son cœur battait la chamade, elle avait les dents extrêmement serrées, crissant légèrement, ses yeux clos qui lâchaient des larmes sans discontinuer, de petits soubresauts prenaient son corps hors de contrôle. Niwen n'avait même pas la force de se réfugier dans un de ses mondes imaginaires, qu'elle appréciait tant, où tout était beau, magnifique, agréable. Elle n'était pas assez lâche comme ses fichus humains pour se suicider de désespoir, elle avait choisi cette vie, elle avait choisi de quitter sa tribu où elle ne se sentait pas chez elle. Par principe, elle ne pourrait pas y revenir. Pas même ses parents, qui devaient bien se porter, ne l'intéressaient, elle ne voulait plus en entendre parler, c'était tellement d'un ennuie mortel. Elle préférait se sentir vivante dans la rue, plutôt qu'au chaud dans une tribu sans âme.

"On ne devrait pas à avoir à faire tout ça, il faut faire quelque chose ... "

Dit alors dans une voix emprise de pleure Niwen, elle avait enfin ouvert la bouche pour sortir une banalité, que devait se dire la plupart des gamins de la guilde. Le guetteur était sidéré, c'était vraiment très rare. Il chercha quoi dire pendant un moment, mais quand il voulut lui expliquer qu'il n'y avait pas grand-chose à y faire, des orphelins ou des laissés pour comptes comme eux, Niwen n'écoutait rien. Elle fulminait intérieurement, il y avait bien quelque chose à faire, mais quoi ? Quitter la guilde ? Si on la laissait partir peut-être, mais les autres enfants ? Elle avait grandi parmi eux, elle se sentait responsable quelque part, elle était parmi les plus grandes et les plus incontrôlables de la guilde. Elle aurait dû montrer au plus jeune comment faire pitié, comment voler sans se faire prendre, jouer de la musique qui sait ? Mais c'était rentré dans leur jeu, ces gens immondes, des parasites de la société, qui tel des marionnettistes s'amusaient avec les plus jeunes déshérités que Kendra Kar avait fait naître.


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Dernière édition par Niwen le Ven 4 Jan 2013 19:39, édité 2 fois.

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