Hésitant, comme si la petite gavroche pourrait lui écraser la tête à n'importe quel moment, Ari allonge le bras et prend la pomme. Il donne à la petite fille un coup d'œil suspicieux ; les garzoks et sektegs ont parlé (de manière moqueuse, bien sûr) de la gentillesse des humains, mais son temps court en Kendra Kâr l'a déjà convaincu que c'était des mensonges. La gentillesse n'existe pas parmi les sektegs et garzoks et parmi les humains non plus. Mais pourtant … cette pomme. La gavroche sourit.

"Vas-y ! Mange-la !"

Est-ce qu'elle est empoisonnée ? Enfin, s'il ne mange pas il va mourir de faim. Il mange. Le goût aigrelet remplit sa bouche, la pomme remplit son estomac affamé et larmes remplissent ses yeux.

"Salut !"

La gavroche se tourne et le laisse avec sa pomme.

Tremblant et les yeux fous, il tenta de se reprendre. Quel était ce cauchemar ? Le ciel emplit de nuages de pluie ? Des parchemins rouges comme les arbres dont les lettres essayaient de le mordre ?
Quelle folie ! Pas étonnant que la magie noire soit détestée ! Mais il n'avait pas le choix, il devait continuer sur cette voie.
Au moins l'obscurité était-elle réelle, car la nuit était tombée entretemps. Tentant de sortir la tête du cauchemar, il décida de chercher une activité plus terre à terre. Il se laissa tomber dans le caniveau et compta ses yus. Il avait dépensé beaucoup aujourd'hui, et ne se sentait pas l'envie de payer en plus pour une chambre d'auberge. Non, il allait sans doute dormir dans une ruelle adjacente, se faisant tout petit pour ne pas se faire attraper par la garde. Mais pour l'instant, il allait un peu se reposer ici même...
Alors qu'il se tassait en s'enveloppant dans sa cape, une rumeur monta. Au début il n'y fit pas attention. Il se sentait vidé et anticipait quelques réminiscences du délire maléfique.
Il resta donc planté là, silencieux. Essayant d'oublier les derniers instants... mais il sentait toujours une noirceur sinistre planer sur son esprit.

La rumeur s'approcha. Des gens se réjouissaient. Ils riaient et poussaient des clameurs propres à réveiller tout le quartier. Au bout de la rue, apparurent des lueurs de flammes. Des gens portaient un chariot entouré de torches, au bruit qu'ils faisaient ils devaient avoir eu la mauvaise idée de vider quelques tonneaux de bière avant de se mettre à chanter.
Ils se dirigeaient par ici, sans s'arrêter de brailler. Mais qu'est-ce qu'ils voulaient ces bouffons ? On sentait bien là des gens qui n'avaient pas besoin de se battre pour survivre...

Les premiers fêtards passèrent bientôt devant lui. Ils appelaient tout le monde à les rejoindre, clamant que l'épidémie de folie qui ravageait la ville commençait à disparaître. Un peu partout, des gens sortaient de leur maison pour les rejoindre.

(Saletés de demeurés ! Heureusement qu'il y a des pauvres nullards dans mon genre pour vous donner motif à faire la fête !)

Ni Chandakar, ni la mystérieuse voix ne se manifestèrent. Azra se sentait libre d'agir, et ça lui plaisait. Il jeta par dessus les pans de sa cape des regards haineux. Puis il vit le chariot et ce qu'il transportait.

Un idole de Kubï.

Le dieu mille fois honni, celui qui distribuait le bonheur aux autres et oubliait Azra qui dormait dans la boue ou sur les pavés de la rue. Le garçon sentit une rage violente monter en lui. Il fixa l'arrogant petit dieu doré qui, malgré sa taille dérisoire, le dominait du haut de son piédestal.

Azra se dévoila alors et bondit avec un cri des rage. Les imbéciles ne firent pas un geste, incapable de comprendre qu'ils n'avaient pas affaire à un autre ivrogne. Il put donc atteindre le char et grimper, sombre créature des ténèbres, sur la succession de décorations qui ornaient le char, s'élevant en pyramide vers la statuette.
Il arracha fleures et bougies, provocants des cris dans la foule. Une main lui attrapa le pied pour l'arrêter, il la frappa de son poing et la fit lâcher. Il put ainsi continuer son ascension, mi-rampant, mi-trébuchant, jusqu'à atteindre l'horreur immonde : le dieu représenté ici sous l'apparence d'un petit homme ventripotent et brandissant une chope. Chacun avait sa représentation de Kubï.

Azra, lui, n'en avait aucune.

Sous les cris stupéfait de la foule qui commençait vaguement à comprendre qu'il se passait quelque chose d'anormal, du moins pour ceux qui étaient assez proche du char et qui n'étaient pas déjà en train de cuver.
Des gardes arrivèrent bientôt, attirés par ce rassemblement et craignant qu'il ne faille le disperser. Quand ils virent Azra qui avait finalement réussi à arracher la statuette de son socle et la frappait contre le bois avec fureur pour la briser, ils se précipitèrent sur lui.

En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, le chariot était cerné et une armée d'hommes en armure montaient à l'assaut. Le jeune fanatique ne les vit que lorsqu'ils furent sur lui. Furieux d'être interrompu, il leva la main pour les foudroyer d'un souffle de Thimoros...

Mais rien ne se passa. La magie ne répondit pas.

Il resta figé, stupéfait. C'est alors qu'il reçut un coup à la tête et sombra dans le néant.

"Espèce de vermine !"

Encore une fois Ari se trouve en courant par la porte de la petite boulangerie, mais cette fois c'est différent. Il porte dans sa main une petite brioche et sur son visage un grand sourire. La boulangère le suit en jurant, mais pas assez vite pour l'attraper. Une minute plus tard Ari se trouve caché derrière un angle de la rue en mangeant la brioche et mirant la boulangère abandonner la chasse.

Quelques jours après la rencontre avec la petite gavroche, Ari a appris comment survivre dans les rues de la cité humain. Étant sekteg, il a un don naturel pour se mouvoir furtivement, ou, si nécessaire, vite. Il n'a pas rencontré la gavroche pendant ces jours, un fait qui le rend un peux triste. Elle est la seule personne qu'il a rencontré qui le semble une amie. Il veux la retrouver, mais dans une ville aussi grande que Kendra Kâr, c'est plus facile à dire qu'à faire.

Soudain, Ari entend un cri perçant, suivi d'un rire sadique en voix bas.

Haha ! J'te tiens, petite diablesse !

Lâche-moi, gros plein d'soupe !

Ari reconnaît immédiatement la voix de son amie la gavroche. Il cours vers le son, mais en contournant l'angle il aperçoit l'origine et s'arrête. Un grand homme armé d'une épée terrifiante et vêtu d'une cotte de mailles tient la gavroche par la nuque et la tire vers le cachot de la cité. Ari ne peut rien faire contre lui. L'homme est deux fois plus grand que lui et trois fois plus fort.

Il suit le couple inégal en traversant les rues de Kendra Kâr, chose difficile parce qu'il faut éviter être découvert par les humains qui ne supportent pas un gobelin dans leur ville. Mais ce quartier n'est pas un des plus riche de la cité et ici il y a beaucoup d'éléments plutôt "louches". Aussi c'est le soir et s'il se meut par les ténèbres il peut suivre le garde jusqu'à son but. Comme il le craignait, ce but est vraiment le cachot. La garde tire la petite gamine, qui se débat furieusement et hurle comme une damnée, vers la porte gardée.

Grosse barbe de chèvre ! Sale brute !

Le grand homme la donne un coup de pommeau et elle arrête de se battre. Ils rentrent la porte et Ari ne les voit plus.

La soirée Ari s'en retourne au bâtiment abandonné qu'il a trouvé dans la périphérie de la ville. La vieille maison ne ressemble plus à un domicile. Elle se trouve près du mur qui encercle la cité et elle a du être bien misérable même quand elle était nouvelle, mais maintenant elle est complètement délabrée, et la lune donne à ses planches sales couvertes de mousse une impression maussade. Pourtant là-dedans se trouve toujours une chambre qui ne s'est pas encore effondrée et Ari le partage avec ses seuls amis qui restent en liberté : les rats et cafards de Kendra Kâr.

Perdu dans ses pensées il rentre dans la chambre pour planifier. Comment peut-il l'aider à sortir du prison ? Qui sait que va se passer là-dedans ! Peut-être qu'on va la tuer ?

Quelques heures passent et Ari n'a toujours pas du plan. Quel plan peut-il avoir ? Il est seul, sans alliés, sans amis sauf la prisonnière elle-même. Il ne connait pas l'endroit où elle est tenue. Il ne sait pas se battre, et même s'il le savait les gardes sont beaucoup trop nombreux. Plus qu'il en pense, plus il devient stressé. S'il souhaite qu'elle meure il suffit d'attendre ! Il doit donc agir ce soir, mais sans plan et sans alliés c'est du suicide.

(Bon, elle m'a sauvé la vie en me donnant la pomme ; ce serait normal que je me fasse tuer en tentant de sauver la sienne.)

Il soupire doucement et sort du bâtiment ruiné. Dehors la lune s'est cachée derrière nuages lourdes et une légère pluie fait une atmosphère sombre et maussade. Ça va l'aider à rester caché. Il lui reste encore quelques heures de la nuit. Il enfile la capuche de son manteau sur la tête et commence à marcher.

Ari arrive au cachot. La lune étant caché par les nuages, la nuit était particulièrement sombre. Heureusement les gobelins n'ont aucun problème de vision, même sous de telles conditions. Le seul avantage qu'il a contre les gardes humains. Il voit les deux hommes discuter avec voix étouffées devant la porte, partageants une bouteille d'une liquide dont l'arôme âcre arrive jusqu'à Ari même à travers la pluie. Une lampe d'huile le met en contraste avec son odeur douce et une lumière faible. Pas une chance d'entrer ici avec ces gardes, même s'ils n'ont pas l'aire trop alertes.

Ari se penche et ramasse un petit caillou de la rue. Il le jette vers l'autre côté des gardes. Le caillou produit un clack léger, clairement audible même sous le son constant de pluie.

T'as entendu quelque chose ?

Ouais. Et alors ?

L'autre garde hausse ses épaules. Donne-moi la bouteille.

Bon, ça ne va pas marcher. Qu'espérait-il donc ?

Soudain, un autre garde s'approche dans la pluie. Grand et corpulent, il a l'air de ne pas trop aimer marcher, moins encore cette nuit mouillée. Ari entend ses malédictions marmonnées avant qu'il n'aperçoive l'homme lui-même.

Regarde, enfin, c'est bien lui. Salut, Toc ! T'es en retarde !

Ta gueule ! J'ai bien failli ne pas venir avec cette pluie !

Bon, ça va. Vas-y, entre et fais ton tour.

Ari voit le gros homme entrer par la porte pour faire son tour et il sourit. La porte n'est pas barrée ! Sans doute, ici les gardes faillissent à leur devoir. Avec les deux devant la porte, ils ne pensent pas que ce soit nécessaire de la verrouiller. Et là, Ari tient une idée.

Encore une fois Ari se penche, cette fois pour ramasser plusieurs cailloux. Il attend que le garde corpulent revienne et continue sa ronde toujours marmonnant. Ari vise et jette ; le caillou frappe la casque d'un des gardes avec un "toc" satisfaisant.

C'est qui qu'a fait ça ?

Hein? Qu'est-ce qui se passe ?

Quelqu'un a tiré un – ouff !

Le second caillou le frappe en plein visage. Le nuit est trop sombre pour que les gardes puissent le trouver, mais après un autre caillou qui trouve sa cible, l'autre garde, droit à l'œil, Ari éclate de rire.

Par là !

Et c'est parti. S'il y a bien une chose qu'Ari sait faire, c'est courir. Ce talent lui a sauvé la vie quand il s'enfuyait des garzoks, et maintenant il va sauver la vie à son amie.

Et alors il court, de temps en temps il jette des cailloux pour assurer que les gardes le suivent.

Quand je l'attrape je vais l'étrangler, le petit … Ouf ! Par là, par là !

Une ou deux fois Ari est presque attrapé mais chaque fois il parvient à s'échapper grâce â sa rapidité et sa petite taille. Les rues sont désertées sauf pour ce trio étrange de la proie et ses deux chasseurs. La pluie s'arrête et la lune commence à illuminer les petites venelles mouillées dans le quartier du cachot de Kendra Kâr.

Quand il sent qu'ils sont assez loin de la porte, Ari se débarrasse des deux gardes et court le plus vite qu'il peut vers la porte maintenant non gardé. Il entend les voix enragées des deux hommes quand il ferme la porte après être entré.

Intervention gmique pour Ari

Ari arrive sans problème dans le cachot

La juge fit signe à Azra de la suivre, ce qu'il fit tout en vérifiant qu'il avait tout dans sa sacoche. Miraculeusement, même la fiole de fluide y était. Sans doute n'avaient-ils pas fouillé, sans quoi ils n'auraient pas été aussi enclin à le laisser partir. Il se détendit donc légèrement et marcha bravement vers l'inconnu.
En chemin, Saferine expliquait :

« Il s'agit de gens assez âgés dont les enfants sont parti depuis longtemps. Ils sont certainement aussi inquiets que toi. Aussi, je compte sur toi pour ne pas les brusquer. »

Il garda le silence. Qu'aurait-il pu répondre ? Il était dépassé, c'est tout. Il ne remarqua même pas qu'ils étaient arrivés à la porte d'une maison et que la juge frappait.
Ladite porte s'ouvrit pour réveiller une femme aux cheveux grisonnant mais à l'air encore vive malgré un léger embonpoint dû à l'age. Un homme qui devait être son mari se tenait juste derrière, difficile de dire si sa couleur grisâtre était normale ou dû à la nervosité. La magistrat s'écarta pour dévoiler Azra, du moins c'était son intention mais il s'écarta aussi pour rester derrière elle. Il fallut plusieurs tentatives de ce petit manège avant que le garçon ne se décide à montrer sa tête blafarde et broussailleuse.

Il hésita encore un peu et s'avança tandis que la juge faisait les présentations :

« Madeline, Parion, voici Azra. C'est un garçon courageux qui a déjà vécu bien des aventures en dépit de son jeune age. Maintenant, il souhaite retrouver une famille, je me suis dit que vous pourrez lui apporter l'amour dont il a besoin. »

Le jeune garçon faillit s'étouffer devant cette description, mais ce n'était sans doute pas le moment pour signaler qu'il n'était pas franchement volontaire. Saferine poursuivit :

« Azra, tu as devant toi des gens respectables, et qui ont les moyens financiers pour te fournir un gîte agréable et une bonne éducation. Qu'en dis-tu ? »

« Euh... »

Devant l'évidence qu'il n'y aurait rien de plus, la grande femme déclara :

« Je pense que je vais vous laisser faire connaissance. Vous pourrez dire demain si tout cela vous convient. »

Elle sourit et les salua, mais resta jusqu'à ce que le couple fasse entrer Azra dans sa maison.

Famille d'accueil

Il avait réussi, il était parvenu à plaquer cette femme insupportable. Il avait rapidement mais délicatement posé son arme terrible sur la délicate gorge de la jeune demoiselle et il s'apprêtait à donner la mort. Point de torture, point de souffrance interminable, mais il n'en pouvait plus, il devait en finir. Mais alors qu'il allait trancher le coup de sa victime désignée, cette dernière lui asséna un terrible coup que beaucoup aurait jugé déloyal, droit dans l'entre jambe. Notre psychopathe se tordit de douleur, se recroquevilla, mais ne cria point. A dire vrai, il semblait même prendre un certain plaisir.

C'était la première fois, la toute première fois que quelqu'un parvenait à lui faire ressentir une quelconque souffrance. La première fois que quelqu'un parvenait à l'atteindre, lui, un être supérieur aux dieux eux-mêmes. Il en éprouvait un sentiment de plaisir et de rage mêlé. Une joie immense car la femme prenait de ce fait énormément de valeur à ses yeux, à tel point qu'il en oublia l'enfant, temporairement, mais aussi de la rage, car PERSONNE ne pouvait frapper un être divin de la sorte et en sortir indemne.

Les deux jeunes gens qui, était au sol, se relèvent, tranquillement. Lorsque Brenac fut de nouveau sur ses deux pieds, il n'attendit pas. Il fonça, lame en avant sur Sulam espérant la surprendre. Peu lui importait les souffrances désormais, il voulait juste la tuer. Peu lui importait de cacher sa folie aussi, il riait tout son saoul et ses yeux grand ouverts révélait sa profonde démence. Cette folie qu'il cachait la plupart du temps pour pouvoir se balader tranquillement à la recherche de victime. Il ne la cachait plus...Et Sulam allait comprendre toute l'étendue de ce qui habitait Brenac.

Depuis son arrivée, Luli déambulait dans les rues étroites de la ville. Elle prêtait attention aux moindres détails de chaque bâtiment, essayant de mémoriser les lieux. Elle s’appliquait à se faire discrète, évitant au maximum les gens qui lui paraissaient louches. Elle avait retiré la capuche vissée sur sa tête de façon à avoir une meilleure visibilité sur ce qui l’entourait. Ainsi, sa chevelure flamboyante volait au grès du vent.

Elle s’installa quelques instants sur les marches d’une habitation pour souffler. Elle devait rassembler ses esprits afin de trouver ce qu’elle pourrait bien faire, devenir. Luli essayait de ne pas s’apitoyer sur son sort, de ne pas penser à son défunt père. Elle se sentait seule et le froid commençait à engourdir ses membres.

« Je dois me trouver un endroit où me réchauffer… »

Chassant ses idées noires, elle se redressa et camoufla du mieux qu’elle pouvait ses bras dans son capuchon en le fermant précairement. Elle s’avança ensuite à la recherche d’un lieu public où elle pourrait se reposer un peu.

« Hé p’tite ! Qu’est-ce que tu cherches, ça fait au moins trois fois que je vois ta p’tite tête rousse passer, tu m’as l’air toujours autant perdue… »

Luli se retourna en fronçant les sourcils pour faire face au vieil homme qui venait de la héler. Elle ouvrit la bouche pour répondre mais aucun mot de vint. Elle prit le temps de l’observer avant de savoir si elle partait en courant ou non. De nombreuses rides marquaient son visage et ses cheveux grisonnaient, il était plutôt bien habillé avec un costume propre, du moins, il ne semblait pas venir de la rue. Elle s’approcha quelque peu, sur la défensive néanmoins, prête à se servir de son arbalète accrochée dans son dos, en cas de besoin.

« Je cherche un lieu où me reposer. Je viens d’arriver, Monsieur. »

Le vieillard prit un air surpris, presque outré.

« Tu es bien jeune pour voyager seule ! Où sont tes parents ?

-Mort, répondit-elle plus froidement qu’elle ne l’aurait voulu.

-Ma pauvre enfant, soupira-t-il l’air profondément désolé puis reprit d’un ton plus neutre, quel âge as-tu ? Je pourrais éventuellement t’aider si tu me rends quelques services en retour… »

Luli n’aimait pas l'idée de lui être redevable, mais elle se rendait bien compte qu’elle n’avait pas vraiment le choix. De plus, la faim commençait à la tirailler, si ce vieil homme pouvait l’héberger, elle n’était pas en mesure de refuser quoique ce soit. Il se rapprocha d’elle lentement, ainsi la jeune fille pouvait voir qu’il était beaucoup plus grand qu’elle. Elle devrait tirer vite et bien s’il avérait être un tueur d’enfants sinon il la rattraperait en deux ou trois enjambées. Elle secoua la tête légèrement pour se reconcentrer sur les paroles du vieillard :

« … expérience très dure, mais j’ai fini par m’en remettre. Je comprends donc ce que c’est. Allez, suis-moi, je vais t’expliquer ce que j’attends de toi après un bon repas. »

Elle n’eut pas le temps de refuser qu’il l’entrainait déjà dans les rues de Kendra Kâr en posant une main entre les omoplates de la jeune fille pour la diriger. Elle leva la tête pour l’observer un peu mieux. Oui, il faisait au moins deux têtes de plus qu’elle. Et pour un vieux, il était plutôt en forme, marchant droit et vite. Peut-être était-ce simplement elle qui avait surestimé son âge ? De près, elle lui donnait désormais une cinquantaine d’années.

Ils arrivèrent devant une grande bâtisse en torchis et à la charpente en bois. Elle pensa que c’était toujours mieux que la rue pour se convaincre d’entrer, puis suivit l'homme à l'intérieur, ce dernier lui faisant signe de le suivre...

[L'histoire continue.]