Niwen avançait dans les rues, plutôt heureuse de tout ce qu'elle avait pu voir ou faire dans ce théâtre. Elle se retourna un instant vers lui, elle le regardait en marchant en arrière lentement, elle percuta alors quelqu'un qui balança immédiatement une insulte. La louve ne l'entendit même pas, elle se retourna alors vers lui et elle lui sourit simplement, ce qui fit l'effet de le désarmer complètement.

"Oui ... bon fait plus attention la prochaine fois petite !"

Elle n'y pensait déjà plus, elle se demandait surtout si un jour, elle y reviendrait vraiment . Elle ne savait pas vraiment, dès lors y entrer était déjà un exploit en soit pour elle. L'adolescente regardait en l'air et commença à fredonner tranquillement un air inconnu avec un sourire aux lèvres. Elle connaissait plutôt bien la ville comme sa maison, d'ailleurs c'était sa maison, ces rues en particulier bien entendu. Elle ne savait pas trop à quoi s'attendre avec un lieu qui s'appelait le temple des plaisirs. Ce lieu était connu de presque tout le monde qu'il y soit allé ou pas d'ailleurs. Malheureusement, les personnes qui y étaient allées, se montraient toujours discrètes, étranges, qu'il y avait-il de si dramatique à cacher ? Les choses du sexe, de la beuverie, de la perversion n'étaient pas inconnues à la louve, pas qu'elle ne les avait déjà toutes vécues, loin de là. On lui en avait parlé comme quelque chose de normal, le sexe était fait pour la reproduction, la perpétuité de son espèce, elle avait déjà vu cela; son corps d'adolescente cependant était à ce jour encore pur. À force de passer des soirées dans les tavernes, la louve avait vu de quoi toutes les espèces étaient capables, de boire de grandes quantités d'alcool pour oublier, selon les piliers de bar qu'elle avait questionné. Elle s'amusait d'ailleurs à refaire le monde avec eux, toujours une expérience amusante malgré le fait qu'elle n'avait jamais bu d'alcool, elle n'avait quant à elle rien à omettre.

Niwen prit alors des chemins détournés afin de se retrouver devant le beau bâtiment, il n'avait rien à voir avec le luxueux théâtre, mais dans son genre, il semblait agréable, doux et l'on pouvait l'imaginer plein de coussin partout. Les pierres de taille massives marquaient le prix et la volonté de le faire perdurer par son architecte. Une grande tour se dessinait derrière, on aurait dit le tour d'un mage d'une taille improbable, où tout était magique des livres, aux lits en passant par les balais. Elle croisa les bras, lâchant un soupire et dit à demi-mots.

"Quelle feignasse celui-là ! il pourrait faire son ménage lui-même tout de même !"

Dans la tête de la musicienne, elle s'était déjà fait sa propre idée, c'était un mage petit, gros, légèrement dégarni, qui s'amusait avec ses pouvoirs à se faciliter la vie ! Le fustigeant un peu avant de reporter son regard vers la porte massive, elle était gardée par deux hommes en armes et armures, habillés de rouge, de grandes hallebardes. Cela intimida immédiatement Niwen, elle n'avait aucune envie d'y aller se voyant déjà embarquée par la garde dans une geôle humide. Des gens de toutes sortes allaient et venaient entre les deux gargouilles qui faisaient office de garde, ils étaient immobiles, sortant quelques mots gentils et discrets à certains. La seule chose qui troublait la liykor, c'était le fait qu'ils n'étaient pas de pierre en plein jour.


((Bon si je suis assez rapide peut-être qu'elles ne m'attraperont pas, les gargouilles ne sont pas connues pour leur vitesse. ))

Niwen se déplaça lentement afin de se mettre bien en face, elle prit lentement quelques pas de recul pour gagner de la vitesse pendant la course. Elle prit lentement sa respiration, son cœur battait la chamade, sa vie était certainement en jeu ! Le temps suspendait son vol un instant, arcboutant ses jambes, elle commença à courir vers les gardes comme si sa vie en dépendait. Elle fermait les yeux en passant entre les deux gardes, qui devaient se demander à quoi elle jouait celle-là. Elle était passée ! Elle se regarda lentement mais rien, aucune blessure, aucune poursuite, elle était légèrement essoufflée due à l'effort rapide, elle souriait largement, pas peu fière. La louve regarda alors autour d'elle où elle se trouvait, de grandes draperies courraient le long des murs blancs, heureusement malgré le nom du lieu, il n'y avait aucune trace de forme de divinité, Niwen détestait cela. C'était immense, dans son propre style presque aussi riche et luxueux que le théâtre, un endroit fort agréable en somme, de douces senteurs de fleurs lui envahissaient les sens.

La jeune adolescente, qui n'avait d'ailleurs peut-être pas sa place ici, se laissa guider tranquillement par l'ambiance, ce qu'elle ressentait, elle ignorait les bruits étranges qui pouvaient parfois se dégager de quelques alcôves. Elle se retrouva alors le dos contre un immense pilier, son jeune corps pas encore tout à fait mûr s'étalait contre la pierre, elle était habillée d'une armure de cuir de plus ou moins bonne facture, des vêtements en mauvais état en dessous qui juraient avec le lieu si riche. De prime à bord, elle ne semblait pas armée, sa dague cachée dans ses chausses abîmées.

Quand elle revint à elle, une humaine à la peau si blanche, que l'on aurait dit qu'elle était morte, menaçait un homme plutôt laid de griffes artificiels en métal, elle pencha la tête légèrement curieuse. Elle n'était pas du tout paniquée, elle n'allait pas agir pour arrêter cette femme de le tuer. Elle resta contre la pierre, levant la tête vers le haut plafond, elle prit une grande inspiration et elle commença à chanter une comptine dans sa langue maternelle. Cela pouvait être surprenant pour ceux qui ne connaissaient pas cette langue. C'était une chanson douce et mélodieuse, Niwen prenait sa plus belle voix cristalline dont elle était capable, elle espérait bien surprendre cette femme, qu'elle soit plus intéressée par sa chanson et oublier les mauvaises manières de cet homme.


[[cf dans ma signature pour la chanson !]]

Précédemment: Quand un dieu s'invite et fait un cadeau


Oryash se trouvait dans un tel état d'esprit qu'elle se rapprochait plus de l'animal que de l'humain en cet instant présent. De plus elle mourrait d'envie de rependre les entrailles de cet homme sur le sol du temple. Une pression, il suffisait d'une petite pression et d'un grand sec sur le côté pour le faire. Alors même que cela lui effleurait l'esprit, une petite voix s'immisça dans sa tête.

"Tue-le! Prouve-moi que rien ne t'arrête! Tue-le"

Cette voix, c'était lui, Thimoros. Ne pouvait-il donc pas la laisser en paix? Elle hurla tel un animal ou plus exactement comme un loup avant que le woger ne fasse de même. L'homme tremblait de tous ses membres. De tels cris ne tardèrent pas à attirer l'attention de certaines personnes présentes et bientôt un petit attroupement se forma à quelques mètres du couple que formait le gros homme et la peau blanche.

"Eh ..eh... tu vas pas commettre une folie.. Hein? Je disais ça pour plaisanter, il va de soi!"

Oryash émit un grognement encore plus féroce et montra les dents. Son regard était comme possédée et elle n'était plus maitre de ses pulsions. L'animal en elle refaisait surface et plus rien ne semblait pouvoir la maitriser. Elle agissait comme jadis au coeur de la meute. L'humaine laissant place à la louve sauvage qui sommeillait en elle, prête à tout pour se défendre.

"Tu plaisantais? Vraiment?" Demanda-t-elle avec ironie, ne croyant pas un seul instant les propos du gros homme.

Il acquiesça transpirant de plus belle, sentant sa fin venue avant qu'une mélodie ne vienne se faire entendre. Une mélodie que la peau blanche perçut à peine. Par contre l'odeur qui vint emplir ses narines lui rappela celle les loups. Des loups, ici à Kendra-kâr?
Elle huma l'air, ne relâchant pas pour autant sa prise et chercha du regard d'où provenait cette odeur. Elle ne tarda pas à trouver. Là, près du pilier se tenait une créature sortit tout droit de l'imaginaire si Oryash n'avait pas entendu parler d'eux par ceux de son clan. Un Liykor.
La créature chantait comme si de rien n'était, comme si tout cela n'avait pour but que de détourner Oryash de sa proie. Pourtant la demoiselle aux yeux rubis ne semblait pas vouloir renoncer à son projet.

L'homme déglutit péniblement et ajouta...

"Re...regarde, il y a plein de monde! Tu...vas pas me tuer là? Hein? Pas devant eux!"

Un sourire malsain sur le visage d'Oryash.

" Et qui pourrait m'en empêcher? Toi? Regardes-toi tu trembles comme une feuille!"

Puis à la Liykor dont le chant devenait de plus en plus agaçant pour Oryash.

"Toi, là bas, près du pilier, cesse donc de chanter ou cela sera ton dernier chant! Ta mélodie m'écorche les oreilles!"

La Phalange de Fenris n'était vraiment pas à prendre avec des pincettes et mieux valait se montrer prudent. L'intervention de Thimoros, les révélations de Cromax, la magie sombre, l'arrivée d'une nouvelle divinité, le chamboulement dans le monde de la magie. tout ça ne contribuait qu'à rendre Oryash de plus en plus instable et donc dangereuse.

Niwen s’arrêta en plein milieu de sa chanson, un peu troublée par les hurlements d'animaux. Pas qu’elle ne connaissait pas bien, au contraire, mais cela la surprenait venant d’une humaine, qu’elle soit albinos ou pas d’ailleurs. Elle regarda le woger à ses côtés, intriguée, elle se demandait pourquoi se promener avec ce genre d'animal à ses côtés, elle avait déjà rencontré des rôdeurs avec des compagnons animales, peut-être était-ce alors une rôdeuse griffue ? Elle ne fit pas attention aux cries et râlements de l’homme qui allait peut-être mourir, c’était sans importance pour elle, la louve se targuait d’être neutre, une observatrice anonyme. Elle restait pour le moment à distance, pas qu’elle craignait pour sa vie, mais qu’elle n’estimait pas nécessaire d’intervenir, peut-être que dans ce lieu, ce genre de chose était normal ? Le plaisir de tuer était sans doute aussi recevable qu’un autre.

Oryash se montrait très agressive envers cet homme qui avait tout de détestables. Sans doute riche, un égo surdimensionné à force de pièce d’or dans sa bourse, les femmes faciles qui se laissaient convaincre, peut-être même que cet endroit était fait pour cela ? Un immense cloaque aux portes grandes ouvertes, gardées seulement par principe afin de montrer le sérieux du lieu. Puis la blanche prit à partie directement Niwen, c’était bien la première fois que sa musique ou son chant pouvait déranger ! Comment ne pouvait-elle pas apprécier ? Si elle chantait en pleine nuit et réveillait les gens, ça, bon, allez, pourquoi pas ! Mais là !

" Tu n’aimes pas ? Enfin, c’est vrai que c’est une comptine et qu’on est encore dans la journée, peut-être une chanson plus festive serait de meilleur aloi ? Tu …"

Niwen allait continuer sa phrase en regardant dans les yeux l’humaine blanche, mais son regard se troubla un court instant, sa perception changea autour d’elle drastiquement. Tout le bâtiment autour d’elle s’effrita alors rapidement, laissant à la place une forêt tropicale magnifique, luxuriante, pleine de plantes vertes et d’arbres très hauts de toutes sortes, plutôt serré, dont le feuillage formait un toit épais au-dessus d’elle. De Colossales fleures rouges décoraient les murs végétales, de hautes herbes ondulaient avec le vent entourant … entourant une belle louve blanche aux yeux rouges, la bave aux lèvres, elle était furieuse, entre l’excitation de la chasse et la haine. Elle avait un magnifique corps athlétique, svelte, les muscles se dessinaient avec soin sous sa fourrure, elle avait des tatouages mystiques peint de façon tribale, quelque chose d'étrange se dégageait d'elle. La louve blanche avait plaqué contre le sol avec ses griffes un gros dindon très gras et âgé, qui gloussait de panique devant la situation. Elle devait avoir fort faim pour manger un animal pareil, il y avait certainement mieux ! Niwen s’approcha alors à pas lent et silencieux du couple, en évitant la foule d'herbes hautes qui l’empêchait de passer.

"Je serais toi, tu ne devrais pas penser à le croquer, ni même à l’abîmer, il est si vieux, si gras et laid, aucun intérêt. Et puis ça pourrait te faire du mal au bide. Il y a certainement mieux à faire que ce truc la voyons. "


Répondit alors la liykor musicienne, tout à son délire. Elle s’était naturellement baissée, courbée, marquant son infériorité à cette magnifique louve blanche. On voyait facilement son expérience, une certaine force dans son regard, c’était la louve dominante de cette forêt. Niwen croisa alors les bras dans son dos, souriant légèrement. Elle avait remarqué l’autre loup à ses côtés qui restait tranquille pour le moment. Elle espérait bien ne pas devenir la prochaine proie suite à sa réflexion, ni même lui faire croire qu’elle voulait lui la voler.

"C’est la première fois que je viens ici, tu pourrais me guider ? Je suis un peu perdu ici, c’est si étrange, même si c’est très beau hein. "

Niwen glissa alors sa main le long d’une magnifique fleure rouge, humant son odeur illusoire avec délectation. La réalité était tellement laide, tellement triste, les lignes si droites et fixes, que l’adolescente passait du réel à l’imaginaire sans même s’en rendre compte, confondant les deux avec une joie indéfectible. Elle aimait les lignes courbes, une vision trouble, de magnifiques endroits luxuriants, à la réalité si morne et grise. Comme elle ne trouvait pas sa place quelque part, elle se fabriquait dans sa tête ce dont elle rêvait de vivre.

Précédemment: Quelques paroles de trop et une mélodie


Oryah ne se contrôlait plus, tout lui échappait, et cela la contrariait de plus en plus. Thimoros, son baiser puis cet homme qui lui avait proposé ce que l'on propose à une catin et maintenant cette louve et son chant. Par Fenris! Ne pouvait-on pas la laisser tranquille? Oryash ne voulait que ça, prendre un peu de temps pour elle, mais une fois de plus cela lui était refusé par quelques éléments indépendants de sa volonté.
Aussi lorsque la Lyikor s'adressa à la blanche, trouvant visiblement étrange qu'Oryash n'aime pas sa chanson. Niwen crut bon d'ajouter qu'une chanson plus gaie serait sans doute plus appropriée. Oryash n'avait que faire de ces fichues chanson, qu'elles soient enjouées ou tristes. Non, elle voulait juste qu'on lui fiche la paix.Oryash grogna de plus bel, comme si la voix de la Lyikor l'agaçait. Aussi lui répondit-elle assez sèchement.

" Je n'ai que faire de tes chants! Si tu cherches un auditoire, trouve une taverne! "

Au moins Niwen savait exactement à quoi s'en tenir. Les deux femmes se fixaient en une sorte de joute. Comme si une rivalité venait de s'installer entre elles et qu'une seule aurait le dessus. Durant quelques minutes, pas une paroles ne furent prononcées avant que la Lyikor ne vienne à s'avancer en direction de la Phalange de Fenris et de lui dire qu'elle risquait de se faire mal si elle envisageait de croquer le gros homme. La peau blanche haussa un sourcil, se demandant si la louve avait bien toute sa tête. Et tout en affirmant cela la jeune louve mis genou à terre courbant l'échine comme le ferait un dominé devant un dominant.
La Lyikor avait sans doute senti qu' Oryash ne se laisserait pas si facilement convaincre et encore moins vaincre. Aussi se montrait-elle soumise plutôt que de risquer un affrontement qui se terminerait sans doute très mal. Oryash observait cette jeune louve, trouvant son attitude pour le moins étonnante. Dans la meute dont avait fait parti jadis Oryash, Niwen n'aurait pas fait long feu. Il fallait se montrer fort, combattre pour espérer survivre et pas courber l'échine à la première difficulté.
Oryash ne s'occupait plus du gros homme, mais ne le lâchait pas pour autant. Aussi lorsqu'il tentait de bouger, Oryash raffermissait sa prise, laissant un grognement lui échapper en signe de mise en garde tandis que les curieux attendaient la suite des évènements. Oryash observait cette jeune louve qui de toute évidence connaissait fort bien les usages de la meute. La peau blanche ne desserrait toujours pas les dents, bien trop silencieuse. Puis alors qu' Oryash ne s'y attendait pas le moins du monde, Niwen ajouta qu'elle avait besoin d'un guide, qu'elle se sentait perdue et qu'un peu d'aide ne serait pas de refus. Un autre haussement de sourcils de la part d' Oryash.

" Je ne suis pas d'une nature très sociable jeune louve! Et comme tu peux le voir, j'ai déjà un compagnon de route!"

Oryash désigna le woger qui commençait à s'agiter, toute cette foule amassée non loin d'eux, le rendait nerveux. Puis soudainement la jeune louve tendit une main en avant et le woger réagit à ce geste qu'il prit pour une agression. Il se précipita entre Oryash et la Lyikor, la menaçant de toute ses dents, le poils dressé sur le dos, prêt à fondre sur elle si elle tentait quoi que ce soi contre la peau blanche. Oryash savait que si elle n'intervenait pas, le moindre geste serait l'arrêt de mort de la Lyikor et l'idée même lui plu, comme lui avait plu l'idée d'éventré le gros homme. Cependant comme pour laisser le bénéfice du doute à Niwen, Oryash rappela le woger d'un léger grognement et ce dernier vint se positionner près d'elle.

" Qu'es- tu venue chercher ici? A part du plaisir sous différentes formes tu ne trouveras rien. Et je doute que te faire saillir par un humain tel que celui-ci soit ta priorité."

La peau blanche désigna alors le gros homme d'une signe de tête.

" Un individu comme lui ne mérite que mépris. Il traite les femmes comme des objets. Il n'est la que pour satisfaire ses envies et qu'importe ce que ressentira la femme qu'il prendra de gré ou de force. Est-ce la ce que tu cherches?"

La peau blanche fixa le gros homme quelques instants et d'un sourire carnassier égratigna la bedaine de ses griffes de la rose dont les pointes étaient imprégnées d'un poisson mortel. Puis sans ménagement elle le jeta au sol et lui cracha dessus.

" Part! Part avant que je ne change d'avis et que je ne décide de te tuer maintenant!"

L'homme rampa au sol s'éloignant de la peau blanche aussi vite qu'il le pouvait sous les rires de ceux qui observaient. L’homme se redressa une fois hors de portée d' Oryash et se dirigea droit vers la sortie en braillant à l'égard de la peau blanche.

" C'est scandaleux! J'en référerai à Dame Pulinn. De tels agissements sont inadmissibles!"

Et alors que l'homme arrivait sur le pas de porte, Oryash eut un sourire en coin et murmura...

" Encore faudrait-il que tu sois encore en vie ce soir pour le faire"

Puis elle reporta son attention sur la Lyikor.

La louve blanche ne semblait vraiment pas apprécier toutes formes de musiques ou de chants, que sa vie devait être triste, Niwen ne pouvait pas survivre une journée sans musique, sans se laisser complètement aller. Elle secoua rapidement la tête, elle jugeait sans doute trop rapidement la personne en face d'elle, après tout peut-être qu'un animal comme elle ne pouvait pas apprécier son art. Elle lui pardonnait déjà grande magnanime qu'elle était, elle lui sourit, se gardant de tester une musique sur une grande bataille entre les peuples libres du continent .

"D'habitude je tente dans les tavernes de temps en temps, je vis dans la rue alors, ça m'apporte de chouette soirée au chaud et même parfois j'ai à manger ! "

L'adolescente disait cela comme une formidable opportunité, quelque chose d'extraordinaire, sa seule chance de survivre dans le droit chemin, ce n'était pourtant pas ce genre de chose qu'elle allait lui proposer. Elle en avait honte, elle était toujours très déçue et dégoûtée d'elle-même de devoir en finir à ces bassesses. Trop heureuse de ne pas à avoir à parler, Niwen ne dit rien pendant un long moment, elle en profitait pour observer cette merveilleuse et magnifique louve blanche, très rare, plus les générations passaient et plus les couleurs claires disparaissaient dans le brassage génétique. Elle se contenta de sourire gentiment, elle ne cherchait nullement tension ou bagarre, très loin de tout ça, elle était une sorte de pacifiste. Peut-être l'était-elle devenue par la force des choses, après tout, elle venait tout juste d'avoir une arme, presque incapable de s'en servir.

"Qu'y a-t-il ? quelque chose ne va pas ? "

Sortit tout naturellement d'une voix douce, légèrement fuyante la louve histoire de briser la glace qui commençait à se former. Niwen pencha la tête lentement sur le côté, agitant un peu sa queue, elle courba son corps un peu vers l'avant afin de la regarder par en dessous. Elle trouvait tout ce qu'il y avait de plus naturel de se soumettre devant plus fort que soit, premièrement cela évitait des combats inutiles, donc de grandes chances de se faire blesser pour pas grand-chose. La deuxième chose était que Niwen avait de grandes chances de se soumettre à la plupart des personnes agressives, qu'elle aurait trouvé intéressantes à côtoyer ne serait-ce que quelques chaudes minutes. Elle était faible, n'aimait pas se battre, elle n'avait pas non plus le mental pour ce genre de confrontation.

Niwen ne s'occupait plus du gros dindon, qui de peur de se faire transpercer par les griffes acérées de la louve blanche ne faisait que remuer par moments, comme pour tester si elle lâchait prise, mais loin de là bien au contraire.

" Je ne suis pas d'une nature très sociable jeune louve! Et comme tu peux le voir, j'ai déjà un compagnon de route!"

"Pas sociable ? On n'est pas obligé de parler tu sais ma jolie louve blanche, et puis les loups d'habitudes ne parlent pas beaucoup de toute manière ! Un compagnon de route ? Ho, je n'en demande pas tant, juste me montrer cet endroit si particulier, tu sembles bien le connaître pour l'appréhender comme ça. Ou alors tu adores particulièrement la violence. "

La liykor fut surprise par le rapide mouvement de l'autre loup, mâle celui-là, elle ne bougeait plus d'un millimètre. Elle ne connaissait que trop les réactions de ce genre de prédateur, elle n'avait pas du tout peur, totalement détendue.

"Ne t'en fais pas, je ne ferais rien à ta compagne, tu le sais n'est-ce pas ? "

Niwen s'accroupit alors très lentement en face du loup, ne faisant pas de geste brusque. Elle traitait exactement de la même façon les deux loups, c'était pareil pour elle dans son délire. Elle agitait simplement sa queue lentement, toutes ces odeurs, ces sensations lui rappelaient des souvenirs profonds, toute son enfance, sa meute. Quelque part ça lui manquait, pendant un court instant, elle eut les yeux dans le vague.

" Qu'es- tu venue chercher ici? A part du plaisir sous différentes formes tu ne trouveras rien. Et je doute que te faire saillir par un humain tel que celui-ci soit ta priorité."

Elle regarda ensuite autour d'elle en cherchant un humain, plutôt perplexe, elle plissa les yeux, sur ses gardes. Elle ne les aimait pas trop de toute façon. Cependant, la louve ne vit rien qui ressemblait à ce genre de bête, elle se demanda l'espace d'un instant si elle était folle ?



"Sache une chose, les liykors ne se reproduisent que très peu souvent, presque uniquement quand c'est vraiment nécessaire, et encore plus quand on s'aime. C'est pour cela que l'on est si peu nombreux, alors me reproduire avec une autre race, ce ne sont pas ce genre de choses qui nous intéressent."

Niwen avait été clair, comme si c'était une évidence, mais sur un ton respectueux comme d'habitude. Cette louve ne pouvait sans doute pas savoir après tout. Elle se redresse davantage, croisant les bras dans son dos, pensive un instant à comment et quoi lui dire. Elle se sentait étrangement en confiance avec cette louve, quelque chose en elle, peut être son odeur, la rassurait.

" Un individu comme lui ne mérite que mépris. Il traite les femmes comme des objets. Il n'est là que pour satisfaire ses envies et qu'importe ce que ressentira la femme qu'il prendra de gré ou de force. Est-ce la ce que tu cherches?"

"Ce que je cherche ... Eh bien, j'ai visité il y a peu un luxueux théâtre dans les quartiers riches de la ville avec une nouvelle amie, ce fut fort intéressant, je dois l'avouer, très beau partout, alors pourquoi pas ici ? "

Ça c'était presque politique et langue de bois comme réponse, même s'il y avait des vérités dans ce joli cadeau emballé, elle ne voulait pas tant se cacher devant elle. Quelque part, peut-être que si elle avait eu des parents aussi fermes qu'Oryash sans doute qu'elle serait encore de la meute. Alors pourquoi lui mentir ? Elle complétait alors rapidement derrière.

"Je suis une musicienne, j'aime me produire, je suis une artiste, je dois dire que ça me rend complètement folle, quel pied. Et puis je suis très curieuse, j'aime voir de multiples choses, voyager, rencontrer des gens aux aventures extraordinaires ! Peut-être même que j'écrierais une chanson sur toi qui sait ? "

Elle se détourna enfin, regardant sur le côté, personne en particulier en réalité, elle retrouva rapidement son regard triste qu'elle portait la plupart du temps. Tout cela la minait, la creusait telle un acide qui érodait lentement jusqu'au plus profond de ses entrailles. Elle hésitait grandement à poursuivre ses explications, elle ne parlait jamais, alors d'elle. Mais elle avait confiance dans cette louve, cette mère.

"Je cherche ma place, où je serais au mieux, quelque chose comme ça ... "

Elle restait plutôt fuyante, ne cherchant pas à en dire plus pour le moment, elle c'était déjà assez livré pour plusieurs mois voir des années. Niwen regarda alors la louve blanche libérer sa proie, elle était rassurée pour la blanche, sans vraiment plus faire attention au dindon qui se dandinait dans tous les sens pour vite s'échapper, seuls quelques gloussements arrivèrent alors à ses oreilles.

"" C'est scandaleux! J'en référerai à Dame Pulinn. De tels agissements sont inadmissibles!"

"Dame Pulinn ? Qui est-ce ? une femme qui dirige un lieu de plaisir pareil ? "

Elle était amusée de savoir cela, elle trouvait cet endroit tellement pour les hommes, mais il n'y avait rien à payer, tout était disponible. C'était étrange, elle regarda autour d'elle beaucoup plus calme, sa queue s'arrêta, elle se posait des questions avec son regard extérieur d'observatrice neutre.

"Qu'est-ce qu'une louve comme toi fait dans un endroit pareil ? "

Niwen plissa les yeux, regardant autour d'elle avec de l'angoisse, presque paniquée. Elle fit signe alors à Oryach de se rapprocher pour lui chuchoter.

"J'ai l'impression que toutes les hautes herbes nous observent ... ce n'est pas un endroit sûr ici."

Précédemment: Mises en garde


En affirmant à la jeune louve qu'elle ferait bien de trouver une taverne pour chanter, Oryash ne pensait pas si bien dire. Lyikor lui confia qu'elle s'introduisait parfois dans ce genre de lieu. La peau blanche appris également que Niwen vivait dans la rue telle une sans logis. Voilà qui était bien curieux. D'ordinaire il y avait une meute, et chacun prenait soin des autres. la Lyikor lui confia qu'en entrant dans des tavernes elle gagnait parfois un repas et aussi l'occasion d'être au chaud. Ainsi donc la gamine, était seule.
Pour Oryash s'était différent en un point, elle avait choisi cette solitude pour une raison bien particulière et même si à présent le temple lui servait occasionnellement de refuge lorsqu'elle se trouvait à Kendra-kâr, elle gardait tout de même cette part de sauvagerie qui la caractérisait si bien. Une nature qui lui était propre pour ne pas dire vitale.

Oryash observait et écoutait se gardant bien de réflexion quand à la vie de la louve. Après tout chacun était libre de mener sa barque comme bon lui semblait. Cependant tout à son récit, Oryash ne put que constater que la Lyikor semblait se satisfaire de son mode de vie, comme si cela était pour elle une grande aventure merveilleuse. Elle allait bien vite déchanter. La vie à Kendra-kâr pouvait sembler agréable il est vrai, mais c'était loin d'être idyllique comme beaucoup le pensait. Certes de nombreuses gens menaient la belle vie et profitaient des richesses, mais beaucoup crevaient de faim et peinaient à gagner leur vie convenablement afin de nourrir leur famille.
Puis soudainement après un long silence et un sourire Niwen demanda à Oryash si quelque chose n'allait pas et la peau blanche fronça un sourcil. Chose étrange elle se comportait comme une dominée alors qu' Oryash ne faisait nullement parti d'une meute. Peut-être la jeune Lyikor la considérait-elle comme une dominante ce qui en l'était actuelle des choses ne faisait que conforter Oryash dans la vision qu'elle avait d'elle même. Depuis bien longtemps maintenant elle était sa propre dominante et s'était jurée que personne ne lui dicterait sa conduite ou ses actes. Aussi se trouva-t-elle pour le moins flattée que la gamine là perçoive comme une dominante.

Après qu' Oryash lui ait annoncé qu'elle était peu sociable la gamine eut l'audace de lui lancer qu'elles n'étaient pas obligées de parler et que de toute façon les loups ne parlaient pas beaucoup. Mais où diable voyait-elle des loups? Cette fille était vraiment dérangée ou bien alors elle le faisait exprès , ce qui agaçait de plus en plus Oryash qui perdait patience à nouveau. S'en suivit une foule de d'affirmation et Oryash soupira longuement. De toute évidence la gamine Lyikor était curieuse d'en apprendre un peu plus sur la blanche et sur le temple.

" Je connais effectivement bien l'endroit puisque ce temple est pour moi un refuge lorsque je me trouve en ville . "

Chose étonnante lorsque le woger s'interposa entre la blanche et la Lyikor, cette dernière n'en eut pas peur. Elle vint même à s'accroupir face à lui avant de lui affirmer qu'elle ne ferait aucun mal à sa compagne. Sa compagne, elle était bien bonne celle là. Pensait-elle vraiment qu' Oryash était de celle qui s’accouple avec des bêtes.

" Compagne?! Non, mais tu déraisonnes ma parole. Ce n'est qu'un animal et moi une Phalange de Fenris. Et même si mon peuple côtoie les loups de près nous n'avons pas pour habitude d'en faire nos compagnons. Ils sont libres d'aller ou bon leur semble comme nous le sommes nous même. Qui plus est ce n'est pas un loup mais un Woger. Ils sont si différents, tu devrais t'en rendre compte. La taille, le poids, les aptitudes. De plus as-tu jamais vu un loup possédant des cornes?"

Cette erreur de perception entre le loup et le woger venait d'exaspérer Oryash de plus bel. La peau blanche perdait patience à nouveau et son irritabilité était palpable. La Lyikor avec ces questions commençait sérieusement à l'agacer. Oryash ne voulait qu'une chose qu'on lui fiche la paix une bonne fois pour toute. Et comme si cela ne suffisait pas la Lyikor enchaîna sur le fait que ceux de sa race ne se reproduisaient que très peu souvent et que copuler avec une autre race que la leur était pour un si dire nul s'il n'y avait pas de sentiments. A penser de la sorte tôt ou tard leur race disparaîtrait bel et bien. Chose qu' Oryash se garda bien de dire. La jeune louve avoua à Oryash qu'elle avait visité un théâtre et qu'elle avait aimé ça. Que l'endroit lui paraissait fabuleux et que les beaux quartiers lui avait plu. Alors il lui avait paru évident que le temple pouvait était tout aussi beau et fascinant à visiter. Puis comme si cela ne suffisait pas, Niwen vint à avouer à Oryash qu'elle était musicienne et artiste et aimait se produire devant la foule. Mais pourquoi diable éprouvait-elle donc le besoin de dire tout ça à Oryash qui n'avait rien demandé? A croire qu'elle avait la tête d'une confidente, chose dont elle doutait fortement. S'en vint alors d'autres questions aux quelles la peau blanche daigna répondre assez sèchement.

" Dame Pulinn est la personne qui s'occupe de cet endroit. Aussi si tu veux de plus amples renseignements sur les lieux adresses-toi à elle et non à moi. "

Puis une autre question encore et un long soupire de la part d' Oryash, excédée.

" Ce que je fais ici ne regarde que moi Lyikor."

La Lyikor lui fit signe de s'approcher ce que ne fit pas Oryash et elle perçut la question de la louve vraiment bizarrement. Elle parlait de hautes herbes qui les observaient. A part les curieux qui s'étaient amassés lors de l'incident avec le gros homme Oryash ne voyait pas des hautes herbes. La Lyikor lui paraissait vraiment dérangée pour ne pas dire folle.

" De hautes herbes! Par Fenris, mais reprend toi! Il n'y pas pas plus de hautes herbes en ce lieu que d'étoile en pleine lumière! De la pierre, des tentures, du marbre, là oui, mais des herbes! Nous sommes loin de la forêt! Revient donc à la réalité, gamine!"

Oryash ne prenait pas de gants et disait franchement ce qu'elle pensait.

Niwen voyait bien qu’Oryash n’appréciait guère le flot de questions que lui infligeait la jeune louve, un peu ennuyée avec tout cela, elle n’était pas du genre à s’imposer quelque part où on ne voulait pas d’elle. Elle se tue complètement, ne disant rien, elle observait autour d’elle en silence, les hautes herbes continuaient à les regarder même s’il y en avait moins qu’avant, le spectacle devenant de moins en moins intéressant. Elle hésita ensuite à parler afin de répondre pour la visite du temple des plaisirs, cela l'intéressait vraiment, pas véritablement ce qui s'y passait, de nombreux sujets lui paraissaient étrangers comme le sexe, manger à s'éclater la pense. La liykor se força un long moment à garder sa gueule fermée, résistant difficilement, son corps accusait le coup, ses muscles faciaux étaient tendus, ses oreilles dressées, sa queue balayait derrière dans un rythme effréné, bientôt vinrent presque comme des convulsions alors elle craqua.

«Peut-être que si ça ne vous dérange pas trop, vous devez être occupé mais à l’occasion vous pourriez me faire visiter. »

Répondit alors Niwen sur un ton léger et épris de respect. La louve pencha la tête perplexe quand Oryash se défendait de ne pas coucher avec son animal de compagnie, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi une telle réaction, elle savait très bien à quoi s’en tenir pourtant. Elle ne voyait pas de corne au beau loup qui se replaçait à côté de la louve blanche, mais docilement elle hocha la tête afin de ne pas la brusquer de trop, elle était déjà assez énervée comme cela. Oryash répondait à certaines questions, ignorant la plupart de manières sélectives, elle semblait vraiment en avoir assez de la liykor. Un brin boudeuse, elle ne comprenait pas du tout comment on pouvait la rejeter comme ça. Elle se sentait un peu blesser quelque part, mais qu’est-ce qu'elle espérait après tout ? Une personne qu’elle avait croisée comme ça, elle avait seulement évité un massacre au final. Niwen n’était personne pour Oryash, elle ne pouvait pas non plus s'attendre à un lien particulier qu’il soit animal ou pas.

«Veuillez m'excuser damoiselle, je ne vous dérangerais pas plus alors, bonne continuation.»

Niwen revint à elle subitement, la magie de son imaginaire s'était estompée tout d’un coup, son cerveau fit le lien immédiatement entre qui était quoi, sans même que la liykor ne se rende compte, c’était normal pour elle. C'était devenu une gymnastique tellement habituelle qu'elle ne se rendait même pas compte de l'absurdité qu'elle pouvait dire, ou le non-sens que pouvait apporter la suite de ses phrases. L’adolescente écarquilla alors les yeux quand Oryash lui parlait de revenir à elle, parlant d’herbe et de tout ce qu’elle pouvait voir facilement dans cette pièce. Pour Niwen, le lien ou la bascule était déjà fait, depuis toujours et jusqu’à maintenant donc les herbes hautes étaient et avaient toujours été les personnes autour, la belle louve blanche, Oryash, etc … Elle prit alors un moment pour trouver le bon ton, et ne pas se prendre les foudres de l’humaine qu’elle avait en face d’elle.

«Eh bien ... oui évidemment elle est loin la forêt, malheureusement d'ailleurs, mais on est en ville oui, mais … heu …… Je … je parlais des gens autour, qui nous regardent bizarrement depuis un moment, vous avez dû mal comprendre. »

Dit alors Niwen de sa voix la plus douce, avec le plus de tact possible. Elle commença à se demander de quoi pouvait donc bien parler la phalange de Fenris.

Niwen regarda une dernière fois celle qui s'appelait Oryash, elle ne se sentait pas à ça place à ses cotés, elle ne voulait pas de compagnie et avait été plutôt clair à ce propos. Elle quitta rapidement les lieux en évitant la foule, sortant dans la rue, non sans regarder derrière elle. Cette personne n'aimait pas la musique, n'aimait pas la compagnie, était sauvage et agressive, c'était quelqu'un à l'exact opposé de la louve, même si toutes deux appréciaient de ne pas parler. Peut-être qu'un jour elle réussirait à lui faire ouvrir les yeux, à moins que ce ne soit le contraire, pendant un moment la louve chercha comment une humaine avait-elle pu finir ainsi ? qu'est-ce que dans sa vie quelque chose pouvait la pousser à devenir comme ça ? Et si Niwen avait été comme elle ? Dominatrice, dure, sanguinaire, peut-être que c'était ça que sa meute attendait d'elle ? chez les liykors les jeunes n'avaient aucune limite, aucune barrière, on les laissait libre, sans doute que voila le résultat pour Niwen. Elle qui était volage, papillonnait à droite ou à gauche, rien de sérieux en elle, tout n'était qu'amusement et joie de vivre, mais dans son monde. Là-bas tout était toujours beau, tout était si merveilleux comme elle rêvait, elle mangeait ce qu'elle voulait, allait où bon lui semblait, le temps passait vite ou lentement.

C'était dans ses pensées qu'elle quittait le temple des plaisirs se disant qu'elle y reviendrait peut-être, il y avait sans doute beaucoup à découvrir. Elle avait totalement oublié et zappé de sa mémoire les deux gargouilles à ce moment-là, déjà très loin dans son monde, un grand sourire sur ses babines.

Les yeux clos, un sourire niais sur le visage, confortablement couché dans le lit douillet, je laissais doucement la somnolence m’envahir. Juste au moment où j’allais sombrer dans un sommeil bien mérité, j’entendis la douce voix sensuelle de mon amante me susurrer quelques mots à l’oreille. En très bonne hôtesse, elle m’invitait au repos, me proposant d’aller la rejoindre une fois que je serai frais et dispos. Ce firent les derniers mots, les derniers sons du monde réel que je perçus avant de me laisser envelopper par les bras de Morphée.



Un sommeil se veut d’ordinaire réparateur et les rêves, des intermèdes, des distractions qui meublent notre cerveau incapable de se reposer aussi longtemps que notre corps. C’est ainsi du moins que j’avais toujours perçu le monde des songes et personne de suffisamment intelligent n’avait encore réussi à me convaincre du contraire. Cette fois par contre, c’était un peu troublé que je me réveillai. Ces heures de sommeil ne s’étaient pas voulues aussi réparatrices que je l’aurais souhaité. En songe, j’avais eu la visite de deux femmes, et pas n’importe lesquelles, mais celles qui tenaient le plus à moi et qui m’étaient très chères.

Tout en ressassant ce rêve tortueux, je me levai et m’approchant de la petite table basse, je ramassai la cruche d’eau disposée là et en versai un peu dans le plat, débutant sans autre préambule ma toilette.

(Angélie et mère dans mon lit !)

Eh oui ! Angélie m’était apparue le ventre bien rond, les traits tirés, la mine fatiguée, mais tout de même épanouie. D’une voix aimable, elle m’avait remercié de l’avoir quittée. Selon ses dires, j’avais fait le bon choix, puisqu’elle n’aurait jamais pu m’offrir la liberté que j’avais toujours souhaitée. J’étais ravi de sa nouvelle attitude, quoiqu’une pointe de jalousie naissait en moi. Fixant le bedon, j’enviais l’homme qui allait connaître la joie d’avoir un rejeton, qui soit dit en passant serait insignifiant à côté de la progéniture que j’aurais pu offrir à ma belle Angélie. Puis l’image de la jeune dame s’évanouit pour faire place à un visage plus âgé, plus mûr, encore joli malgré les rides le parcourant. C’était avec un air austère, pas loin du mépris que cette dame, qui n’était nulle autre que ma mère, me sermonna comme à l’époque où je n’étais qu’un petit gamin peureux. Elle me rappela que ma jeunesse ne durerait pas éternellement, que peu à peu les femmes ne viendraient plus aussi facilement à moi et que tôt ou tard, je me retrouverais seul. Comme toutes les mères, elle me connaissait de fond en comble et savait pertinemment que la solitude était ce que je redoutais le plus. Mon rêve s’était terminé par un doux baiser sur le front d’une mère convaincue qu’elle avait agi pour le bien de son fils chéri.

Propre et bien peigné, mais toujours aussi perturbé par ce rêve moralisateur, je tirai le rideau de l’alcôve pour retourner dans la salle principale à la recherche d’un garde qui m’indiquerait où je pourrais retrouver la délicieuse Pullin.

Pourquoi était-elle arrivée jusqu'à devant le temple des plaisirs ? Elle ne le savait même pas elle-même, la louve au pelage sombre argenté, était par moments illuminée de certaines parties de sa fourrure comme un soleil de midi, un croissant de lune sur le front en tache de naissance, un regard triste la plupart du temps presque mélancolique. Elle portait des vêtements des plus classiques, rien de riche, elle n’a rien à faire dans un lieu pareil. Elle portait en bandoulière un luth qui semblait avoir vécu. Il fallait avoir l’œil pour remarquer une dague, qui tenait plus du couteau de cuisine qu’une réelle arme dans son dos. Petit à petit, elle arrivait à renouveler son matériel et ses vêtements, mais pour rien au monde elle changerait son instrument de musique.

Niwen releva son visage vers le beau bâtiment, elle glissa ses mains dans ses poches, elle hésita à y entrer à nouveau, est-ce que la griffue serait encore là ? Elle était peut-être lassée d’essayer de tuer tous ceux qui lui manquaient de respect. Elle salua d’un signe de tête les deux gardes qui lui sourirent poliment, l’invitant à entrer. L’adolescente entra alors à nouveau dans la salle principale, ce lieu était vraiment étrange, tout était gratuit, toutes les perversions disponibles sans limites, mais pourquoi ?

(Quelque chose n’est pas normal, quel est l’intérêt de ce genre d’endroit ? Comment payer les gardes, les nourritures, nettoyer l’endroit ? C’est impossible sans gagner de l’argent quelque part !)

Niwen portait un regard plus inquisiteur que lubrique, dont la plupart des visages étaient recouverts. Sa queue remuait tranquillement, les mains dans le dos, les gens discutaient, se draguaient, se bécotaient, buvaient et mangeaient sans bornes. Elle se posa contre un mur afin de regarder le banquet géant, dont rien ne semblait manquer, les alcôves visitées et revisitées, s’en étaient presque indécent.

(Qu'est-ce que cela peut leur rapporter toute cette perversion pour entretenir un lieu pareil ? Écouter leurs bêtises, peut-être que des gens payaient cher pour voir un couple se reproduire ? Ils font peut-être des trafics d'enfant de multiples races ? )

Niwen devenait de plus en plus horrifiée à ce qu’elle imaginait, elle fermait les yeux et secoua sa tête vivement afin de tout oublier. Non, c'était impossible, c'était trop horrible, si c'était vraiment cela, elle brûlerait cet endroit afin de l'assainir ! En quoi ça la concernait ? En rien finalement, mais son côté neutre la portait à faire de bonnes choses et de mauvaises choses en alternance. Elle voulait ne plus rien penser, juste se poser, après tout elle était venue ici pour se réfugier, pour rien d'autres. La liykor ne savait pas trop pourquoi. Elle avait décidé de son public, celui qui n’écouterait finalement pas, vu qu’ils étaient largement occupés avec leurs partenaires. Pour une fois, elle avait envie de jouer pour elle, Niwen prit alors son luth, elle se cala dans un coin afin d’avoir une bonne position. Elle commença à jouer des notes douces d’une mélodie plutôt complexe. Elle voulait se faire un défi personnel, le résultat n’était pas nécessairement différent d’une chanson simple, sauf pour les mélomanes bien entendu. Ses pattes glissaient sur les cordes tendues avec dextérité, pinçant plusieurs cordes en même temps, accélérant la musique, la rendant de plus en plus difficile à jouer.

Son regard était vide, elle n’était plus là, elle ne cherchait pas si les gens aimaient ou étaient dérangés par sa présence, ni même si elle avait le droit de jouer comme cela. Elle n’en avait cure, seule sa musique importait.

Voilà maintenant trois jours que je suis au Temple des Plaisirs, trois jours que je suis de retour dans la cité blanche et que rien ne s'y est passé, hormis une brève discussion avec une femme louve à la taverne. Trois jours que j'ai passé à profiter de tout ce qu'offre le temps, à m'entrainer, à attendre une apparition de Dame Pulinn. Car oui, avant toute autre chose, je suis ici pour la voir. Je veux parler avec elle, de ce qui s'est passé chez Grantier, de ce que je suis devenu après cette mission, du rôle que je peux désormais jouer pour elle.

De puis le jour où j'ai été enlevé par Rewolf, dans les rues d'Oranan, je ne savais pas quoi faire de ma peau, je ne savais pas comment mener mon existence. J'aurais très bien pu rentrer à Oranan et reprendre une vie paisible, mais j'ai croisé la route des Amants de la Rose Sombre, et je suis lié à ce groupe d'une étrange manière. Je ne suis plus seulement le guerrier Ynorien géant, je suis aussi un Amant et j'aimerais en discuter. Je veux me rendre utile et surtout, je veux en savoir plus sur cette étrange organisation. Sire Cromax nous fait moult révélations juste après le trépas de l'infâme Grantier et j'ai juré de le suivre, de rester près de lui, à sa disposition et à celle du Temple, mais je veux en savoir plus, je veux comprendre. Et pour cela, je dois voir Pulinn il n'y a pas d'autre solution.

Las de rester à rien faire, je quitte la banquette sur laquelle j'étais allongé jusqu'à maintenant et je me tiens au milieu de la grande salle, arme en main. Et sans me soucier des quelques regards qui passent sur moi de temps en temps, je me lance dans quelques enchainements lents. Maintenant, je n'ai plus qu'à attendre.

Précédemment: Une Lyikor pour le moins timbrée


Oryash en avait assez! Assez du bavardage incessant de cette Lyikor. Par Fenris ne se taisait-elle donc jamais? Agacée, la peau blanche lui avait parlé sèchement si bien que la jeune louve après lui avoir demandé de lui faire visiter le temple s'en alla, s'excusant de l'avoir importunée de la sorte. Affirmant dans la foulée qu'il était bien dommage que la forêt et les hautes herbes soient si loin.
Oryash soupira d'aise. Enfin seule, et tranquille. Elle ne demandait que cela. Le woger sembla lui aussi apprécié le fait de se retrouver seul avec Oryash. Cette dernière s'apprêtait à partir à la recherche de Pulinn lorsqu'un mouvement attira son regard .Un rideau venait de s'ouvrir sur une alcôve et là debout dans l'embrasure se tenait le Blondinet.
Elle le fixa longuement, constatant par la même occasion qu'il avait les traits tirés. La nuit n'avait pas été aussi réparatrice qu'il avait semblé le vouloir. Pour ça part Oryash n'avait pas encore prit de repos et cela jouait désagréablement sur son humeur. Mathis ne semblait pas avoir vu Oryash, aussi le héla-t-elle.

"Alors Blondinet, bien dormi? Tu as apprécié ta première nuit au temple?"

Sa voix raisonna dans la grand salle tel un glas. Puis alors qu'elle venait de l'apostropher, elle aperçut Duncan qui faisait quelques étirements un peu plus loin. A croire que tous s'étaient donnés le mot pour se retrouver ici. Mais point n'était le cas. Elle s'avança dans leur direction à tout deux, contente de les revoir après les dures épreuves qu'ils avaient traversé.Oryash s'étonna même d'être heureuse de les voir, comme si elle s'était attachée à eux durant leur périple.

Après tout,quoi d'étonnant à ça, vu tout le temps qu'ils avaient passé ensemble. Depuis le début, elle avait apprécié la compagnie de Duncan. Pour Mathis cela avait été une autre paire de manche avant qu'elle ne lui fasse un peu confiance. Même maintenant elle doutait encore de lui. La confiance n'était pas une chose que la peau blanche donnait facilement.

Duncan, comment te portes-tu as présent? Souffres-tu moins de ta blessure?

Elle leur adressa un sourire malgré le fait qu'elle tombait de fatigue, le woger toujours dans son sillage.

Alors que je cherchais un gardien, mon attention fut attirée par une suave mélodie qui ravissait mes oreilles. Je cherchais des yeux le responsable de cette musique enchanteresse lorsqu’Oyrash me héla, s’enquérant sur ma première nuit au temple. Sa question ramenant à mes souvenirs le délicieux interlude auprès d’Oraysh, je me rapprochai d’elle, le sourire aux lèvres, lui répondant gaiement :


« Une excellente nuit. Je vais me plaire ici sans aucun doute ! »

Puis comme elle avançait vers moi, je remarquai enfin Duncan qui semblait fort occupé à exécuter des mouvements sans doute de réchauffement. Sans se préoccuper de la concentration de ce dernier, Oyrash, qui semblait tout heureuse de nous retrouver, interpella l’homme blond blessé à l’œil. Tout en écoutant la réponse de Duncan, je m’éloignai quelque peu d’eux pour me rapprocher d’un gardien et lui faire part de ma requête.

« Pullin désirait me voir ce matin. Elle m’a dit que je n’aurais qu’à m’adresser à vous et qu’elle viendrait me retrouver ici . »

Ceci dit, je laissai le gardien repartir et de mon côté j’allais rejoindre Oyrash et Duncan lorsque j’aperçus adossée contre un mur, une mignonne lykor qui jouait admirablement du luth. Je m’approchai d’elle et après l’avoir examiné un petit moment, je l’interpellai gentiment :

« Cette mélodie est magnifique, mais elle le serait encore plus si votre voix accompagnait votre instrument à corde. »

Message PNJ

La musique du luth de Niwen sembla attirer dans ce coin du temple l’une de ses personnalités, en la délicieuse personne de Pulinn, l’elfe blanche la plus ravissante qui puisse exister, avec ses lèvres dorées, ses gestes graciles, ses yeux laiteux provocateurs, ses habits légers et envoûtants, sa démarche altière et néanmoins aguicheuse… Ses longs cheveux flottaient dans son dos, et son regard se posa sur le petit quatuor. Peut-être avait-elle été attirée là par ses Amants, aussi. Mathis, Duncan, Oryash, qui tous trois devaient la voir. Personne ne pouvait le savoir… D’autant qu’elle arborait un air naturel déconcertant, léger et souriant.

« Quel groupe intéressant que voici. Bonjour à tous, belle compagnie. »

Elle pivota légèrement vers la lupine, s’inclinant poliment pour se présenter.

« Je suis Pulinn, gardienne de ces lieux. Il est agréable que le Temple soit pour vous source d’inspiration. »

En silence, elle posa alors le regard sur les trois Amants, chacun avec la même considération, la même bienveillance.

« J’aimerais vous parler en privé, à tous trois. Mais si vous me présentiez votre amie musicienne avant tout ? »

Niwen était dans sa musique, petit à petit les paroles, les bruits autour d'elle se transformaient en sons sourds, inaudibles, puis plus rien. Elle avait bien les yeux ouverts, mais son cerveau semblait complètement ailleurs. Tout commençait à être recouvert de blanc, entièrement, les textures, les couleurs, les distances et reliefs s'effaçaient pour ne donner qu'un paysage uniforme unicolore. Au loin pointait une source lumineuse dorée, qu'est-ce que cela pouvait bien être ? Plus elle jouait, plus la lumière se rapprochait, plus la musique se complexifiait, plus ce mini-soleil brillait fortement. La louve était de plus en plus excitée et inquiète de ce que cela pouvait être. Dans ses visions musicales, elle ne sentait aucune agressivité de ce petit astre, bien au contraire. Un doux parfum s'en échappait, une chaude lumière, elle pouvait presque toucher ce soleil qui ne la brûlait pas, il avait une texture douce comme la soie, son cœur battait vite troublé par cette vision. L'adolescente avait l'habitude de rêver debout, mais cette fois-ci, elle sentait qu'elle ne contrôlait rien du tout de ce qui se passait. Maintenant que ce soleil était devant elle, Niwen pouvait mieux apercevoir l'intérieur, il y avait une magnifique femme, une sindel, sa voix produisait cette chaude lumière, elle chantait si merveilleusement, bien mieux que la louve.

Niwen se sentit si petite, si débutante face à cette personne, tout était parfait en elle. Elle était belle, merveilleuse, riche, des qualités extraordinaires en musique et en chant. Niwen la connaissait, elle creusait dans sa mémoire où elle avait pu rencontrer cette personne. Elle n'arrivait plus à jouer de peur de gâcher son récital par ses pattes pleines de doigts. Sur son visage se lisait une peur, de la jalousie et ses yeux brillants d'une excitation sans bornes, un profond respect. Cette lumière devenait plus intense encore, cela l'aveuglait, la louve n'avait pas le choix que de reculer en rampant comme elle pouvait, écraser par cette vision imaginaire que seule elle pouvait apercevoir.

" Lüntime de Xaoranh !"

Cria alors la jeune louve, comme si ce nom lui était imposé dans sa tête à coup de poing. elle s'effondra contre le sol en tenant son luth, essoufflé comme si elle avait couru un marathon, sa vision s'effaça tandis qu'elle revenait à la réalité. Elle était encore tétanisée par sa vision, elle regardait autour d'elle, se demandant vraiment ce qui venait de se passer ici. Personne ne semblait partager son étonnement, à part des regards soupçonneux sur elle et son comportement étrange.

Qui était donc cette femme dans cette étrange vision, elle s'en souvenait comme si elle avait un rêve, alors que toutes les autres visions se mêlaient si bien avec la réalité. À ce moment, elle avait fait clairement la différence, comme si quelqu'un l'avait inspirée. Elle l'avait sur le bout de la langue, elle connaissait cette femme, mais d'où ? Son nom était ancré dans sa mémoire maintenant comme avec un gros tampon encreur, Lüntime, de la ville de Xaoranh.

Xaoranh était une cité très loin d'ici vers l'archipel de Naora, elle faisait partie d'une très grande île qui était un siège religieux puissant, beaucoup de monde y allaient en pèlerinage. Elle avait toujours rêvé de voyager, elle avait étudié beaucoup les cartes, les villes et lieux insolites, les légendes, tout était bon pour lui inspirer une chanson. Elle ne connaissait cela que par des discours, des divagations d'alcooliques dans les tavernes, ce qui rendait certes beaucoup plus intéressantes les aventures !

"Mais oui ! C'est une musicienne légendaire ! À la voix d'or et de miel, dit-on ! elle travaille dans une taverne ! On m'en avait parlé ! "

Puis l'illumination, dans sa montée de voix, un flash lumineux se produisit, semblant être hors de contrôle d'ailleurs. Elle venait de se rappeler, c'était un voyageur, certainement un pèlerin elfe gris, qui se reposait pour la nuit dans une des tavernes de Kendra Karr, Niwen l'avait assailli de questions, elle l'avait déjà imaginé rien qu'à la description, comment elle pouvait être physiquement et mentalement. Elle voulait la rencontrer, la louve voulait étudier à ses côtés la musique, elle voulait être parfaite, que chaque note fasse vibrer l'âme de ceux qui l'écoutaient. Une nouvelle détermination brûlait dans ses yeux, en plus d'une tristesse, qui pour une fois passait en second plan.

Duncan, dans un coin, en ignorant tout le monde faisait des étirements, il semblait dans son monde à attendre on ne sait trop quoi. Elle remarqua assez facilement celle qu'elle avait prise pour une louve blanche, cela la fit frisonner. Quelque part, elle la craignait plus par respect que de réelle crainte de mourir. Puis un homme en face d'elle lui parlait, toutes ces personnes semblaient bien se connaître, ils semblaient avoir partagé pas mal de choses.

Pourquoi tout le monde tenait tant à rencontrer cette dame Pullin ? Qu'est-ce qu'elle avait de si extraordinaire ? bon pour des hommes, Niwen pouvait aisément comprendre l'intérêt de rencontrer une femme, mais même une femme semblait vouloir la rencontrer ! À tour de rôle, ils venaient se renseigner si elle serait disponible ce matin pour la rencontrer. La louve était par conséquent très curieuse, elle essaya de ne pas le montrer, après tout cet endroit était troublant, quelque chose n'allait pas, c'était trop le paradis pour qu'il n'y ait pas une grande part d'enfer quelque part.

Les paroles de l'homme en face d'elle mirent quelques minutes à venir à son cerveau, à analyser les mots. Elle ne se rendit même pas compte, elle qui avait de plus en plus de mal à parler suite aux événements de la nuit, la liykor répondit d'une voix perdue et fuyante, comme si psychologiquement chaque mot la blessait au sang.

"Ma voix se fait rare, mais je sais chanter mes propres chansons sir."

Elle se sentait si pauvre et petite face à cet homme distingué en face d'elle, il semblait avoir eu quelques soucis pour dormir la nuit dernière, mais on sentait quelque chose de spécial en lui. Elle se redressa lentement, toujours contre le mur, afin de se présenter à lui comme elle pouvait. Niwen était toute propre, ses vêtements n'avaient jamais été si immaculés, elle avait bien toujours sa dague cachée dans son dos. Par moments sa fourrure luisait faiblement mais bien visiblement en dorer, rien ne semblait être contrôlé cependant. Un collier en forme de croissant de lune en argent était visible sur son torse en cuir, symbole de la guide protectrice des elfes gris, sur son front trônait également une tache de naissance en forme de croissant de lune.

"Voudriez-vous que je chante pour vous sir ?."

Niwen lança tout de même un regard inquiet vers Oryash, elle savait bien qu'elle n'aimait pas du tout ce genre de chose. Puis une apparition, une femme splendide et envoûtante fit son entrer dans la grande salle. Sa démarche, ses habits, son regard, elle en montrait juste assez pour attiser la curiosité. La louve la trouvait intéressante en tant que personne, mais certainement pas comme une hypothétique amant. Tout d'abord, elle n'était qu'une adolescente, les Liykors n'étaient pas vraiment portés sur la chose, et encore moins Niwen qui avait d'autres préoccupations plus importante que de quelconques frivolités.

"Je me nomme Niwen dame, je ne suis qu'une humble musicienne qui essaie d'en vivre."

Répondit alors presque timidement Niwen, intimidé par cette femme en face d'elle, elle détenait après tout un endroit pareil, elle ravissait tant de gens, et tout ce qui était trop beau, la louve s'en méfiait par expérience.

-Une chanson pour Mathis