Durant ce moment de détente et d'abandon, Missen sentit soudainement un souffle chaud sur sa nuque, suivi du contact délicat d'une main féminine le long de sa poitrine, d'autant plus doux qu'il contrastait agréablement avec la rude pogne du garde, quelques instants plus tôt. Se sentant légèrement attiré en arrière, Missen ouvrit les yeux, tourna la tête et découvrit l'une des plus belles créatures qui lui ai été donné de voir.
L'être qui se tenait derrière lui était une elfe blanche de haute taille, dont la robe vaporeuse ne laissait guère de place au doute quant à la perfection de sa silhouette. Ses traits délicats étaient comme sculpté dans l'albâtre de son teint ; loin de la pâleur maladive des mourants, cette blancheur-là était synonyme d'une grande pureté, démentie par sa conduite aguicheuse. Ses lèvres dorées et pulpeuses invitaient au baiser, tandis que ses grands yeux pâles semblaient scruter l'âme du guérisseur. Puis elle parla, et sa voix était un enchantement.
« Voilà un bel homme qui n’a jamais franchi auparavant les portes de ce Temple. M’abuserais-je, en voyant en vous cet inconnu ? » La merveilleuse jeune femme se leva alors et alla se placer devant lui, lui évitant d'avoir à se tordre le cou tout en lui permettant d'admirer le subtil déhanché de sa démarche. Elle ajouta alors :
« Puis-je mettre un nom sur ce joli minois ? Et une raison derrière cette apparition ? »
Un homme moins expérimenté que Missen aurait sans aucun doute perdu son sang-froid devant les charmes de cette inconnue, tant l'apparence de la gardienne était propre à enflammer les sens des hommes. Mais le nobliau était un fin connaisseur de la beauté féminine, si bien qu'elle ne lui faisait plus autant d'effets, quand bien même elle était poussée à son paroxysme, comme dans le cas de cette elfe blanche.
C'est donc d'une voix maîtrisée qu'il lui répondit :
-Bonjour, ma dame. Je suis encore un inconnu, en effet ; toutefois, j'espère que cet état de fait changera bientôt.Il ponctua sa phrase d'un de ses meilleurs sourires : bref et étincelant, il véhiculait son attirance charnelle tout en la ponctuant d'une pointe de défi. Il ajouta :
-Mon nom est Missen, et j'ai été attiré ici par la beauté de ce lieu, ainsi que par la promesse de plaisir qu'il semble receler. Je remercie le destin de m'avoir offert cette vision. A double sens, cette phrase lui offrait une porte de sortie aisée, puisqu'il pourrait toujours prétendre qu'il parlait du temple en lui même. Il rectifia sa position sur la banquette, se redressant tout en se déportant subtilement sur la gauche, offrant ainsi une place suffisante pour que la ravissante gardienne puisse s'installer si elle le désirait. Cette manœuvre, qui avait l'acuité d'une arme ayant souvent servie, avait été suffisamment discrète pour sembler involontaire.
-Puis-je connaître votre nom, ravissante demoiselle ? A ces mots, il saisit la main de l'elfe blanche et la porta à ses lèvres, sans cesser de la regarder dans les yeux.