Ah, les portes de Kendra Kâr, ses files de marchands, ses coursiers rapides à monter sur leurs grands chevaux, ses nobles qui croient que le monde est à leur service, ses gardes aussi aimables qu'un Garzok affamé, son attente interminable, ... Il faut reconnaître que cela taperait sur les nerfs de n'importe quelle personne sensée ; mais l'énervement n'est pas une chose que je connais. Je prends donc mon mal en patience, me hisse sur une chariote de foin qui passe à ma portée et commence à jouer un petit air de musique entraînante, oubliant temporairement ma chanson. Un groupe de musiciens, un peu plus loin dans la file reprend la mélodie, pour mon grand plaisir.
Il n'y a rien de telle que la musique pour détendre une foule pareille et bientôt je me retrouve avec une poignée de yus supplémentaires à côté de moi. Il en va de même pour le petit groupe, dont la chanteuse a une voix qui me fait frissonner. C'est la voix idéale pour une chanson sindel que le prince appréciait tout particulièrement, concentrant ma voix pour mieux imiter ce timbre si doux et puissant à la fois, je me lance, traduite, elle donne ceci à peu près :
"Une lumière d'or brille au-delà de toutes les villes
Sur une route faites du chant des oiseaux et du croquant des lambas,
Un artiste nomade, un jongleur, était le cri accueillant de l'aubergiste,
Le son de la brume, l'odeur des landes moussues
Tissant mes ailes de nombreux fils de couleur
Voler plus haut, plus haut, plus haut dans la nature
Tissant mon monde dans la tapisserie de la vie
C'est le feu d'or, dans mon refuge.
Je goûterais au clair de lune dans chaque arbre
Au miel liquide et au vin des collines lointaines.
Tôt le matin s'élève un vert forestier concerto
Qui salue mon refuge avec sa voix éternelle.
Tissant mes ailes de nombreux fils de couleur
Voler plus haut, plus haut, plus haut dans la nature
Tissant mon monde dans la tapisserie de la vie
C'est le feu d'or dans mon refuge.
Tissant mes ailes de nombreux fils de couleur
Voler plus haut, plus haut, plus haut dans la nature
Tissant mon monde dans la tapisserie de la vie
C'est le feu d'or, dans mon refuge.
Tissant mes ailes de nombreux fils de couleur
Voler plus haut, plus haut, plus haut, plus haut, plus haut, plus haut
Je ne veux pas me soustraire au monde
Pourtant, je construirai pour toujours le mien
Pour toujours le mien,
Pour toujours un foyer. *J'apprécie le regard enthousiaste des spectateurs de ce concerto parfaitement improvisé tandis que nous passons sous la grande muraille, entrant enfin en ville.
(((Ambiance et version originale de la chanson
* les paroles ne sont pas de moi, mais j'ai fait la traduction.)))