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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 27 Oct 2015 05:10 
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La nuit que Phyress passa fut chargée d'horribles cauchemars. La jeune femme remua dans tous les sens sur sa paillasse, agitée et exténuée, lorsque son sommeil entrecoupé de sursaut la reconduisait à la réalité, elle se retrouvait là, plongée dans le noir total de sa maisonnée à craindre les murmures de l'extérieur et le bruissement de la nature pourtant si familier à son cœur.

Sa mère dormait non loin d'elle, le visage faiblement éclairé par un rayon lunaire, elle agitait quelque peu ses lèvres paisiblement et ses yeux clos ne roulaient pas sous ses paupières, ils étaient immobiles et trahissaient un calme auquel Phyress ne comprit rien. Elle savait que la maturité éloignait les fantômes et les doutes, mais les loups avaient frappés chez Wil, à quelques pas de leur maison.

Dans le noir et la forêt, tapis dans les ténèbres attendaient les bêtes, montrant les dents prêtes à combler l'appétit grisant car si les chasseurs peinaient à trouver du gibier, il en était de même pour ces rôdeurs de la nuit que la faim chassait du bois pour tuer le bétail.

Quelques hommes du village prenaient les armes pour fouiller les bois, certains essayaient même de réaliser quelques pièges à partir d'appâts et de fossé dans lequel des pieux taillés étaient dressés. On racontait même que le forgeron avait sorti de sa grange quelques vieux pièges à ours rouillés, de lourds cercles de métal hérissés de dents affûtées qui se refermait comme un claquoir dès que quelqu'un ou quelque chose posait la patte dessus.

Phyress peinait à s'imaginer, elle qui n'avait jamais vu de loup ni d'ours dans sa petite vie. Mais elle restait là, cachée derrière sa toile de jute à écouter, fébrile, la nature qui s'exprimait au clair de lune. Il y avait quelques bruits métalliques de cloche que le vent faisait sonner, le bruit de plusieurs oiseaux nocturnes et quelques clapotement d'eau qui alternait avec le chant des grenouilles et des crapauds.

S'efforçant de rassembler ses esprits, Phyress ferma les yeux et essaya de décontracter son corps parsemé de tensions. Ce ne fut un succès qu'au bout de longues minutes de concentration où elle se remémorait de bons souvenirs et peu à peu elle plongea dans le royaume des rêves pour s'y voir arrachée presque aussitôt. Car à l'orée du bois, à quelques mètres d'eux, un long hurlement plaintif et lugubre s'éleva dans la nuit et juste après, les animaux se montrèrent silencieux comme si la mort venait de faucher toute âme qui vive.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 4 Nov 2015 13:42 
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Ines apprentissage : réussite
Ines cc coup du bouclier : réussite critique
Soldat gris 1 esquive : échec
Soldat Gris 2 : attaque échec
Gezabelle : attaque échec

Le coup de bouclier surprend et marche parfaitement, déséquilibré et sonné le sbire tombe à la renverse et se fend le crane sur une caillasse. Le sang éclabousse l'herbe et le pavé, tandis qu'une gerbe carmin explose au niveau de sa gorge le noyant. Un dernier sursaut témoigne de son agonie et de son asphyxie, puis plus rien. De son côté la rouquine échange des coups avec le deuxième soldat, mais les deux s'annulent et se maîtrisent parfaitement. C'est alors qu’apparaît un cheval qui bouscule le malfrat. En descend le capitaine vue sur Kendra-Kar. Le bidasse sur les fesses se relève rapidement prêt à en découdre.

Besoin d'aide ?

Dit-il en souriant.

Je croyais que tu ne pouvais intervenir.

Tu as volé un cheval propriété de mon roi.

Un clin d’œil complice et entendue entre les deux, fait comprendre à Ines que quoi que l'aventurière fait elle ne le fait jamais au hasard. Kedaw lance une épée à une main à l'elfe.

Occupe toi de récupérer ton coffre.

Le chauve semble se concentrer et une aura ténébreuse, brume fuligineuse et inquiétante, apparaît autour de lui. Le vent vient de tourner et le magicien ne semble pas vouloir se rendre facilement.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 5 Nov 2015 06:07 
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La nuit avait pris le village dans ses bras puis est passée. Elle laissa derrière elle un petit matin brumeux et silencieux. Phyress était assise sur une souche humide à observer l'onde du lac qui baignait encore dans un voile cotonneux. Un douce caresse faisait danser les roseaux et quelques lapins sautaient dans les champs accompagnés d'une nuée de rongeurs, de mouches et de libellules.

Un drôle de sentiment s'était emparé du village, tout le monde vaquait à ses occupations et on ne mentionnait le long hurlement de la nuit passée que sous couvert de murmures. La jeune femme était encore abrutie de son sommeil haché menu, depuis que ce cri lugubre lui avait glacé le sang, elle n'avait pas retrouvé la paix. Dès lors que l'aube eut pointé le bout de son nez, elle s'était rendue dehors pour apprécier le paysage et le monde qui se levait. Ce spectacle, elle le connaissait par coeur. Le boulanger faisait cuire quelques miches de pain et les enveloppait toujours dans un tissus pour les maintenir au chaud. Le forgeron attisait l'enfer des forges et sortait son matériel avant d'entamer le forgeage plus tard dans la journée. Les paysans discutaient un court instant entre eux avant de se mettre au travail. Les derniers jours où le temps se montrerait clément précipitait le travail, déjà, les champs perdaient les meules de foin qui étaient toutes entreposées au sec dans les granges et servaient de fourrage pour l'armée et le bétail.
Quand aux chasseurs et aux bûcherons, ils se rendaient en forêt, timides, craintifs, espérant ne pas tomber sur l'antre de la bête.

Phyress rêveuse se demandait bien à quoi pouvait ressembler un loup. Est-ce qu'un bûcheron armé d'une hache pouvait faire face à cette bête féroce que la faim rendait encore plus dangereuse ? Un chasseur habile arriverait à tuer ce monstre d'une flèche ou se verrait-il à la merci des crocs et de l'appétit féroce de ce messager de la mort ?

La jeune femme en eut presque mal à la tête à force de penser dans le froid. Elle décida de se dégourdir un peu les jambes jusqu'à l'orée du bois pour s'entrainer de nouveau à l'arc.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Ven 6 Nov 2015 22:09 
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Les montagnes, chaperonnées d'un voile blanc éclatant, offrent à qui a l'occasion de les contempler, une vue merveilleuse, presque onirique, au petit matin ; quand le soleil et la lune se partagent les cieux.
Ce moment si particulier où l'on voit le temps défiler, il semble s'étirer. Un temps lent mais court, si bien qu'on le considère trop rapide . Cette scène, fugace et majestueuse, cette métamorphose de la nuit en jour, ce passage du silence des ombres à la chaleur de l'éveil, Itsvara, dans le respect de ses règles de vie, ne la manquait jamais.
Elle considérait ce passage de Sithi à Gaïa, par l'action de Zewen, comme un instant de grâce qui lui gonflait le cœur et l'esprit quotidiennement. Ainsi, elle se présentait aux Dieux tous les matins après ablutions et admirait intensément leurs forces et ententes.

Mais pas ce matin-là.

Cawen fixait avec désapprobation Itsvara encore endormie sur lit boulonné.

"Oh ! Tu comptes roupiller encore longtemps ?!"

Elle lui poussa l'épaule sans violence mais sans délicatesse aucune, elle la voulait réveillée et s'y employait à merveille. La sindel fronça les sourcils et porta sa main au visage en se retournant. Le jour pénétrait la pièce et la lumière l'agressa.
Puis la panique la saisit.

(Le jour est levé. Sithi. Zewen.)

"L'eau !"

Elle se leva d'un bond en s'exclamant ainsi et ne prêta pas attention un instant à Cawen qui la regardait, éberluée, se demandant quelle folie l'animait.
La pièce fut parcourue par une elfe frénétique, presque terrifiée, qui s'arrêta net sitôt en possession d'un seau d'eau à la pureté toute relative.
Cawen ne bougeait pas et fixait Itsvara immobile penchée sur le seau. Ces quelques secondes lui semblèrent infinies et elle demeura immobile tandis que la femme devant elle levait la tête vers la petite fenêtre, d'où perçait un rayon de soleil, et lançait un regard affligé, presque affligeant.
Le silence était étouffant avec ses bruits de moteur et la scène fut brisée par l'arrivée de Lord Andrew.

"Si vous voulez sortir, mes chéries, vous pouvez. Ce n'est pas comme si vous pouviez aller bien loin..."

Itsvara tourna lentement sa tête vers le nouveau venu, l'œil hagard, aucun mot n'avait été retenu. Elle savait qu'il avait parlé, elle avait cru entendre le mot "chéri", elle analysa son air enjoué et subodora qu'il leur annoncait une bonne nouvelle, pour lui en tout cas.

(Cet idiot aurait-il fini de déchiffrer le code ? Même un chien aurait su faire pareil tour avec la clef.
Sithi.
Non, d'abord l'humain.
Ah non, pas l'humain avant les Dieux. Mais l'eau est sale, c'est irrespectue…)


"Nous approchons rapidement de la destination. Je vais retourner pour garder le cap."

Itsvara le regarda partir sans dire un mot puis se retourna vers Cawen dont elle perçut la présence grâce à une bordée d'injures à peine compréhensibles.

"Garder le cap. Bah bien sûr. Je ne sais pas même s'il distingue le nord du sud cet idiot !"

"Idiot, le terme est juste."

Cawen allait partir dans une nouvelle diatribe, la respiration était prise, la main levée, mais elle s'arrêta et accorda des yeux écarquillés à l'intention d'Itsvara.
À nouveau, un moment rapide mais au temps brisé s'installa. L'une était agenouillée devant un seau d'eau douteuse, interdite, l'autre se tenait droite et hallucinée.

"Nan mais ça va pas ?!"

Nouveau vent de panique.

Itsvara se leva d'un geste et fouilla du regard la pièce. Elle vit le pichet, esquissa un sourire et tout son corps se détendit. Elle reprit une allure plus digne, plus conforme et ferma les yeux lentement pour les rouvrir aussitôt avec serenité.

"Chaque matin j'assiste au lever du soleil en ayant préalablement fait mes ablutions."

Cawen la laissa parler, perplexe.

"Ce matin, je n'ai, de toute évidence, pas respecté ma règle et… J'aurais aimé qu'il n'en soit rien. Mais ne pouvant lutter contre l'impeccable et implacable Zewen, je me dois de rectifier au mieux mon incorrection et le faire dans le respect de ce qui doit être."

Cawen ne préféra rien répondre sur le moment, ce qui ne l'empêcha pas d'afficher un sourire sardonique.

"C'est effrayant, ridicule, fascinant et donc intrigant."

Itsvara, la sindel qui étudiait tout et tout le monde, se faisait elle-même décortiquée, commentée, sans délicatesse aucune.
Elle marqua un temps de réflexion et acquiesça.

"Je le concède, votre point de vue se tient quand on ne dispose pas des règles et de leur importance. Bien, maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'aimerais commencer ma journée et pour cela je dois vérifier si l'eau du pichet se prête à des ablutions."

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 19 Nov 2015 19:45 
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Elle s'élance, le regard fixé sur cet homme qu'elle compte bien massacrer, sa targe est tenue avec rage et détermination. Elle n'a que quelques foulées à faire pour l'atteindre, mais elle a le temps de s'imaginer une centaine de fois la scène. Elle sait déjà comment se repositionner une fois le coup porté. Peut-elle libérer suffisamment de force pour le surprendre ? L'assommer ? Le blesser ?
Sa targe est plaquée contre son ventre. Étrangement, elle ne ressent presque plus la douleur dans l'épaule, c'est une vague de chaleur qui la submerge. Est-ce le breuvage infecte ? Est-ce la ferveur du combat ?
Il faut lever le bouclier au dernier moment, rester protégée et surprendre. Il est à un souffle. Maintenant.
Mécaniquement, pour donner plus d'impact, elle saute, son bras se lève et s'abat instantanément, frappant et poussant avec toute sa puissance.
Elle sent le bouclier revenir contre son épaule, elle lâche un cri de douleur et de fureur, l'homme s'écroule et sa tête vient percuter une pierre, arme éphémère et providentielle.
Elle est figée sur ses appuis, les dents serrées, les yeux tournés vers le type. Elle le voit étendu, son sang recouvre peu à peu la pierre, ses yeux écarquillés et elle se détend légèrement, assez pour réaliser que sa cheville droite la tourmente. Les yeux toujours rivés sur le gars agonisant, elle essaie de la bouger et grimace.

(Chier, j'ai dû mal retomber, moi aussi.)

Elle sourit à cette pensée et n'accorde qu'un regard de haine au combattant s'étouffant dans son propre sang.

(Comme le gars dans la cave.)

Elle s'avance, claudicante, dague pointée devant elle et se penche sur le type. Autour, du sang, sur l'herbe, sur la pierre, sur son visage. Il lui lance un regard fou, indescriptible.
Elle prend une profonde inspiration et d'un ton posé l'informe :

"Il faut achever les bêtes malades ou mourantes."

Elle plante sa dague dans la carotide et s'affaisse contre lui au point d'entendre les derniers bruits d'un mourant. Elle sait que Gezabelle est à côté, toujours en combat, le métal tinte, les râles grondent, les cris percent, elle devrait l'aider, ou s'occuper du type étrange… Mais, à cet instant, elle réalise qu'elle a encore tué et elle recherche le remord, qu'elle ne trouve pas.

(Ils le méritaient.)

Elle s'apprête à quitter le macchabée et à rejoindre la rouquine quand un bruit de sabots attire son attention.
Elle tourne la tête, mollement, et se crispe en voyant un cavalier charger sans hésitation aucune sur leur groupe.
Cette chaleur ressentie plus tôt envahit de nouveau son corps. Elle doit se lever, au plus vite. Se mettre en position pour combattre. Oui, sa cheville est toujours sensible, mais il vaut mieux ça qu'avoir la tête éclatée sur de la caillasse.
Elle force la douleur, comme pour lui faire un pied de nez, et porte son attention sur sa partenaire… qui semble se porter relativement bien : son assaillant est à quelques mètres, au sol, il se relève en faisant face à Gezabelle et au capitaine de Kendra-Kâr, le gars qui était à cheval.
Inès se rapprochent d'eux, faisant fi de sa cheville endolorie.

(Bah il était temps !)

"Besoin d'aide ?"

(Et il est content !)

"Je croyais que tu ne pouvais intervenir ?!"

"Tu as volé un cheval, propriété de mon roi."

(Les malins !)

Le clin d'œil échangé entre ces deux-là confirme ses soupçons et regonfle la motivation d'Inès, et plus encore quand le capitaine lui lance une épée en lui proposant de s'occuper de son coffre.

(C'est maintenant à eux de subir le trois contre deux.)

Elle esquisse un sourire de contentement, ils vont souffrir pour ce vol. Mais pas le temps de se délecter de ces merveilleuses images de vengeance, entre elle et le coffre se trouve cet homme étrange, la tête pensante de ce groupe… Justement en pleine réflexion.

(Oh non… Pas un type comme Arana…)

Elle sait qu'il est en train d'incanter une saloperie de sort et elle sait qu'elle doit agir vite. Arana lui disait sans arrêt, leur point faible c'est le manque de résistance et, surtout, leur dépendance aux fluides. Soit elle le frappe pour qu'il arrête de suite, soit elle supporte ses sorts et l'achève une fois à vide… Mais s'il est comme Arana, il va lui falloir un moment pour se retrouver à sec.

"Fait chier !"

Une brume sombre, de plus en plus opaque, l'entoure. Elle a déjà du mal à le distinguer mais ses yeux, perçants de haine et de détermination, sont étincelants et fixés sur elle.

(J'vais le décapiter, il ne pourra plus lancer de sorts ce connard…)

Elle s'approche rapidement de sa cible, sa cheville n'est plus un soucis, elle concentre son énergie et sa force dans son épaule, dans son bras, dans sa main. Elle doit taper fort encore, et vite. Et même si la décapitation ne se fait pas, elle doit l'interrompre. Elle imagine plus qu'elle ne perçoit sa position, elle court, son épée est à l'oblique basse, légèrement derrière elle, elle la relève au dernier moment pour le taillader mais, en le regrettant presque ou sans vraiment comprendre pourquoi, elle décide de l'épargner et pivote sa lame d'un quart de tour, tentant de l'assommer du plat de la lame. Sa deuxième main est venue en renfort, pour frapper plus durement encore.


"Crève !"



(((Tentative d'apprentissage de : 36 chandelles : Utilise un coup de taille à l'aide d'une arme pour heurter la tempe adverse avec précision et puissance, ce qui peut avoir diverses conséquences. (1d100+[lvl]. De 1 à 70 : blessure + étourdi (pas d'attaque au tour suivant) - De 71 à 89 : blessure + assommé pour 3 tours - De 90 à 99 : blessure + assommé pour 3 tours + amnésique au réveil - A 100 : tué sur le coup pour un PNJ, reste 1PV pour un PJ (valable sur ennemi de lvl inférieur ou égal au PJ uniquement)
Condition : Utilisation d'une arme contondante ou le plat d'une lame)))

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 10 Déc 2015 00:58 
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Apprentissage réussi
Attaque cc Inès échec
Attaque Mage gris réussi

L'épée s'enfonce dans la brume fuligineuse et rencontre bel et bien un obstacle. Impossible de voir pourtant si la jeune guerrière à toucher, le claquement est métallique et ne semble pas être concordant avec ce qu'elle attendait. Un violent coup de pied, la frappe alors au plexus et l'envoi rouler dans l'herbe. Sa tête se cogne contre le coffre, il est là juste à côté d'elle, attirant, il semble livrer à elle, comme si de l'intérieur il l'appelle. Mais la jeune femme va devoir faire un choix car de la brume noirâtre sort le mage gris, hirsute, vociférant, prêt à l'étriper.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 10 Déc 2015 18:26 
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L’atmosphère s’alourdissait de l’odeur du cochon grillé lorsqu’elle s’approchait de l’épaisse fumée venant du haut de la colline d’en face. À une lieue des grandes portes de la cité, au nord, travaillait Julia. Payée principalement par les poissonniers et les bouchers de Kendra-Kâr, elle alimentait un énorme foyer où ils venaient, à tour de rôle, jeter leurs déchets. Cela faisait de nombreuses décennies qu’un tel travail avait été considéré comme essentiel. Les plus vieux parlent d’une épidémie qui serait partie de l’accumulation de déchets animaux en pleine ville. Depuis, afin d’avoir une ville saine, on brûlait tout, des carcasses jusqu’aux tripes. Ce qui n’était pas mangé finissait dans les flammes et il est à noter que les bas quartiers semblaient plus propres quand on écoutait les histoires d’antan. Jeanne avait donc consciencieusement découpé les membres de Guy, pilonné à la masse le crâne, les mains, les pieds et les côtes. Une fois le tout méconnaissable, elle le plongea dans l’imposante bassine où elle entreposait ce qu’elle ne pouvait vendre et au-dessus de laquelle le fils de Corène avait subi ses dernières heures. Elle la referma à l’aide du grand couvercle et la hissa sur le plateau de sa charrette à bras. Le jour pointait lorsqu’elle traversait les grandes portes gardées par deux soldats en bout de quart. Les immenses cernes qui trônaient sous leurs yeux fatigués ne dépassaient pas, cependant, celles que Jeanne arborait sur son visage éploré. Des larmes traçaient comme des sillons sur ses joues rougies par la honte de son action, le manque de sommeil et la satisfaction de la vengeance. La pluie cessa de tomber alors qu’elle pouvait apercevoir le panache de fumée. La montée restait difficile, le chemin se couvrant de boue depuis la veille.

Nonobstant l’énorme fourche qu’elle tenait en main, le tas de carcasses de bêtes mortes qui brûlait dans l’impressionnante fosse à ses pieds ou l’odeur macabre qui s’en élevait, Julia semblait joyeuse. La grande rousse attachait ses cheveux en un chignon serré, principalement pour ne pas les voir prendre feu ou se coincer entre les dents de son outil. Malgré le côté pratique de sa coiffe, elle y mettait un soin certain, et elle formait une jolie sphère flamboyante sur le haut de son crâne. Bien qu’il arborât une cicatrice bien soignée sur la joue droite, son visage était élégant, plein de finesse et d’une parfaite symétrie. Son épais manteau de cuir cachait sa petite poitrine mais ne pouvait occulter un léger embonpoint somme toute assez gracieux. Ses hanches ne trompaient aucune femme d’un certain âge ; Julia était une mère, aucun doute là-dessus. Son sourire illumina l’esprit épuisé et incroyablement triste de Jeanne. Tout dans ses yeux respirait la sympathie et pourtant, la vie n’avait pas été facile. Perdant ses parents à huit ans, elle s’était retrouvée dans le même orphelinat que la bouchère. Elles avaient fait les quatre cents coups ensemble alors que leurs têtes juvéniles ne dépassaient pas la hauteur de la fourche que Julia venait de planter dans le sol en la voyant arriver. À l’institution, les enfants plus âgés racontaient des horreurs sur elle, la traitant de meurtrière. Jeanne faisait fi de ces on-dit, mais elle découvrit pendant leur adolescence le fond de l’affaire. Ses parents décédèrent des suites de l’incendie de leur maison. Incendie qu’elle provoqua. Julia maîtrisait la magie du feu qui brûlait en elle, désormais, mais pendant ses premières années, ce n’était pas le cas.

« Ma belle, tu as une mine atroce », se permit l’amie d’enfance de Jeanne. Cette dernière, essoufflée, posa sa charrette au bord de la fosse et tenta de sourire. Julia vint l’embrasser, passant ses mains sur son dos et déposant une bise pleine de tendresse sur sa joue. « Alain m’a dit pour Bruno. Je suis profondément touchée. » Jeanne maintint l’étreinte le temps qu’une larme coule discrètement jusqu’aux épaules de celle qu’elle considérait comme sa sœur. En se reculant, elle fit glisser ses mains le long des bras qui l’enlacèrent et empoigna les mains tendues au bout, sans prendre la peine de cacher son pleur.

« Merci. Je vais avoir besoin de toi.
— Ça empire ?
— Oui. Il n’en a plus pour longtemps. »

Elle marqua une longue pause pendant laquelle son amie la reprit dans ses bras. Elle venait de se l’avouer en l’annonçant à celle qui prenait la place juste à côté Bruno dans son cœur. Elle s’autorisa, pour ce moment suspendu, d’oublier les horreurs qu’elle venait de commettre, celle qu’elle souhaitait répéter, ses désirs de vengeance et ses velléités de changement. Jeanne se mit à sangloter, s’effondrant dans ces épaules si précieuses, puis ouvrit les vannes. Deux longues minutes passèrent, durant lesquels Julia la serra fort contre elle et laissa sa magie s’exprimer. De ses mains partirent de léger filin orangés s’évadèrent et commencèrent à les encercler. Tournant autour d’elles deux pendant leur étreinte, les quelques fils de flamme créèrent une aura chaleureuse qui réconfortait peu à peu celle qui celle voyait déjà veuve. Les larmes séchèrent peu à peu, laissant une vague traînée salée sur sa peau, qu’elle essuya du revers de sa manche en se reculant. Lorsque la chemise disparue du visage de Jeanne, elle souriait à Julia, de ce sourire heureux de pourvoir partager sa tristesse alors qu’on la pensait inextinguible, insupportable, indépassable. Ces marques de tendresse comptaient beaucoup pour la bouchère que l’on supposait froide, dure, impassible ; dans les bras de Julia, elle n’avait pas l’impression de devoir mériter cette amitié, mais qu’il s’agissait davantage d’un roc auquel elle pouvait à jamais s’agripper sans dévier du cap qu’elle se choisirait, quel qu’il soit. Et celui qu’elle empruntait depuis quelques jours la perturbait au plus haut point. Elle savait ses actions moralement répréhensibles ; sa propre damnation la guettait en poursuivant sa vengeance. Mais elle savait qu’en acceptant ce statut, elle pouvait le transcender pour atteindre celui de martyre pour l’ensemble du bas peuple. Libérer ce dernier du joug de profiteurs malhonnête ne méritant pas l’once de vie qui leur a été accordée.

« Tu peux m’aider à transvaser la bassine dans la fosse ? » Elles plongèrent les restes organiques immondes qui s’amassaient dans la cuve au profond de la fosse brûlante puis s’assirent, les pieds flottant au-dessus du brasier, afin de discuter plus badinement, du petit qui grandit, des bêtes d’Alain, des bêtises de leur enfance. Lorsqu’elles aperçurent trois énormes charrettes tirées par des bœufs, elles se relevèrent.

« Je vais te laisser travailler.
— Tu sais que tu ne me déranges jamais.
— Je sais. Mais moi aussi, je dois y retourner. Je n’ai pas dormi de la nuit, et je n’ai pas de commande aujourd’hui. Je vais tenter de trouver le repos.
— Parfait. » De nouveau, elles s’embrassèrent. « Tu passes manger à la maison dans quelques jours ? Ça fera plaisir au petit, cela fait longtemps qu’il n’a pas vu sa marraine.
— Avec plaisir. Et peut-être avec Bruno. Je dramatise souvent, tu me connais. Te voir me donne toujours espoir. Merci pour tout. »


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Jeanne


Dernière édition par Jeanne le Mar 15 Déc 2015 00:28, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Lun 14 Déc 2015 04:54 
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Toute la journée, Phyress resta les bottes dans la boue à réaliser des séries de tirs médiocres. Son entêtement autistique n'était déjà plus remarqué par de nombreux villageois, ils ne faisaient même plus attention au claquement de la corde ou aux flèches qui se fichaient dans le bois ou la terre. La jeune femme aux doigts rougis par l'épreuve continuait, ne détachant jamais son regard de la cible, elle concentrait toute son attention et son énergie à ne visualiser que l'affreux épouvantail à tel point que ça lui donnait des maux de tête.

La pluie et le vent de face ne suffirent pas à altérer sa détermination mais l'épouvantail détrempé fini par ployer alors sous le poids de l'eau qui pénétrait la toile et alourdissait la paille qu'il renfermait. Sa cible s'échoua à terre comme un vulgaire chiffon malmené et troué dont les parois de chanvre vomissait des fétus de paille devenue brune sous les champignons et la moisissure qui l'attaquait.

Le regard brouillé par l'eau de pluie, Phyress ne distingua pas immédiatement mais derrière le poteau qui maintenait l'épouvantail, situé à quelques pas d'elle, juste sous l'orée du bois, une petite forme bleue flottait dans l'air. Elle plissa les yeux et essaya de mieux distinguer ce qui se déplaçait maintenant vers le taillis. Il s'agissait d'un Bouloum, bien que Phyress n'en ait jamais vu jusqu'alors, elle avait reconnu sans mal la forme et la petite queue de cette créature que sa mère préparait jadis en ragouts.

Voyant là une opportunité exceptionnelle de ramener quelque chose pour le repas, Phyress ramassa sa flèche et couru vers la créature qui disparaissait déjà derrière les arbres. La jeune femme savait qu'elle n'avait que peu de temps, si elle perdait de vue cette petite bête trop longtemps, elle ne parviendrait sans doute pas à la retrouver et de plus, il valait mieux tenter de la tuer avant qu'elle ne l'entraîne trop loin dans la forêt, la menace des Loups rôdait toujours.

L'orée n'était pas très dense mais les fougères et les taillis rendait l'avancée difficile et il était complexe d'y rester silencieux et de ne pas écraser une branche morte. Un craquement moite se fit entendre, puis un autre et un suivant. Phyress serra les mâchoires espérant que le petit Bouloum n'y prenne pas garde. Le mammifère flottait en zigzaguant dans la forêt jusqu'à se poser sur une petite branche. Phyress le voyait toujours, il était situé à dix pas d'elle, à peu près la même distance que lorsqu'elle s'entrainait à tirer sur ce satané épouvantail. Elle encocha une flèche et commença doucement à bander son arc. La jeune femme fit de son mieux pour contrôler sa respiration et maintenir la pointe de sa flèche vers la petite forme bleue que sa vision commençait à déformer lorsqu'elle faisait trop attention à son angle de tir.

" Doucement... Doucement... C'est comme viser l'épouvantail. " Se répéta-t-elle doucement. Le Bouloum reprit son vol et elle décocha trop tard. La flèche vint se ficher dans le bois, éclatant un morceau d'écorce provoquant au Bouloum une peur panique qui le précipita à accélérer son vol de façon assez maladroite. Il zigzaguait en piaillant un " Louuuuum ! " crétin et cette petite boule de poil s'agrippa à une branche trop haute pour que Phyress puisse engager son tir. La jeune femme décrocha la flèche du frêne qu'elle venait de toucher et pesta avant d'avancer en enfonçant ses bottes dans la boue. Elle prenait bien garde à ne pas chuter contre une branche morte ou de se cogner la tête contre une trop basse.

Elle rougit sous l'effet de l'adrénaline, sa première chasse improvisée, arc à la main pour essayer de récupérer son trophée affolé qui ne trahissait sa présence lointaine que d'un " Bloum ? " imbécile qui commençait à être inaudible à cause de la pluie qui résonnait contre le toit de feuilles et de branchages au dessus de sa tête.

Phyress emportée par l'ivresse de sa chasse en oublia le danger et voilà qu'elle s'était éloignée de l'orée, cherchant des yeux sa petite cible poilue qui couinait sur une branche en essuyant sa petite tête ronde de ses pattes. Phyress engagea son tir et prit moins de temps pour l'ajuster, écoutant son instinct et ses sens, elle décocha la flèche qui perfora le petit Bouloum et l'épingla à l'arbre.

La jeune femme ressenti alors une sensation orgasmique dans la poitrine. Elle tomba à genoux remerciant sa persévérance et voyant enfin que son entêtement payait. Certes, ce n'était pas un cerf ou une biche mais un Bouloum c'était mieux que rien et elle était déjà toute contente de pouvoir enfin ramener un gibier.

Elle se releva, décrassant un peu sa tenue couverte de boue et de feuille morte puis s'avança pour détacher le petit animal jusqu'à ce que son pied n'heurte quelque chose de dur et que sa cheville ne ressente une vive douleur. Sa vue se troubla d'un coup, sa gorge serrée ne parvint pas à crier et une douleur cinglante lui fouettait le mollet. D'instinct, elle s'attrapa la jambe, laissant tomber son arc à terre. Un piège à loup dissimulé par les feuilles. La douleur était telle qu'elle ne parvint pas à lutter contre les frelons blancs de l'évanouissement et elle chuta, blessant davantage sa cheville tenaillée par des crocs de fer souillés de rouille et de terre.

Face au ciel, elle vit de petites gouttes tomber des nuages gris autour d'elle. Un picotement intense durcissait le muscle de sa cuisse jusqu'à ce que le long et pénible écoulement de son sang ne plongèrent la jeune chasseuse dans un trou noir et profond.

La jeune femme se vit perdre pied, quitter le monde avec l'amère ironie de n'avoir jamais pu profiter de sa première prise.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Lun 14 Déc 2015 06:18 
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La pluie se mêlait à ses larmes salées. La jeune femme tourmentée ne sentait plus sa jambe. Elle oscillait entre clarté et songe mais chacune de ses réapparitions dans le monde réel n'était qu'un entremêlement de douleur et de peur. Phyress craignait la mort. Elle voyait le ciel au dessus de sa tête, sous lequel s'agitait les branchages en craquant lourdement sous le vent. Elle n'avait encore rien vécu. Elle ravala un lourd sanglot qui fit palpiter sa poitrine alors qu'elle revivait chacun de ses instants passés.

La vie de tisseuse, des heures assise au coin du feu à coudre et tisser ce qui leur permettait, à elle et sa mère, à peine de subsister correctement. Son estomac grondait et gargouillait, la douleur était moins vive mais son corps quittant l'état de choc lui rappelait par de nombreux signes la dureté de sa situation. Blessée et couchée sur les feuilles mortes, elle ne parviendrait pas à se relever toute seule. Autour d'elle, dans les branches, elle vit de nombreux oiseaux au plumage noir qui observaient la jeune femme étendue.
Elle pleurait en silence, essayant de trouver une solution à un problème qui ne se solderait que par la mort, elle le savait. Ses rares lectures avaient porté sur le monde et la chasse, des histoires de chasseurs célèbres qui rapportaient de peau d'Ours ou d'horribles prédateurs mais également sur les dangers qui renfermait la nature. Elle avait aussi lu un passage sur des soldats plantant au sol leur flèches afin d'infliger des blessures mortelles aux ennemis à l'aide des germes telluriques. Elle se doutait bien que le piège mordant qui s'était fermé sur elle, comme une terrible mâchoire d'acier, était couvert de saleté et de terre. Le métal rouillé s'était abreuvé de son sang et même si on l'arrachait à cette triste situation, le lendemain, elle contracterait sûrement une fièvre qui l'emporterait en quelques jours.

Elle renifla et essaya de bouger un peu ce qui accentua la douleur et la fit retomber dans les songes et ses yeux roulèrent dans le vide.

Pendant qu'elle fut inconsciente, une paire de main vint désamorcer le piège. L'étau se desserra mais la jeune femme ne bougeait plus. Elle respirait faiblement et son teint était devenu bien pâle, à l'image d'une poupée de porcelaine. Les cheveux trempés de sueur qui lui collaient au visage, elle avait la bouche à demi ouverte et les yeux mi-clos qui réagirent en suivant ce que son inconscient voyait comme une ombre noire encapuchonnée qui posa une main tiède sur son front lui arrachant une supplique de secours inaudible. Lorsqu'on déplaça son corps et en dépit de tous les soins que cette ombre semblait prendre pour ne pas aggraver le saignement, Phyress perdit connaissance de plus belle et fut conduite vers ce qu'elle espérait être un lieu sûr.

" Où... " Tentait-elle d'articuler mais on ne lui apportait aucune réponse. Allongée, elle ne vit que le ciel éclairé. Il avait cessé de pleuvoir. Elle avait la sensation d'être sur un chariot. Une route sûre et pavée si elle en croyait les nombreuses vibrations qu'elle ressentait le long de sa colonne et au travers de ses muscles endoloris. Froid, chaud, sec, humide, on lui caressait le front à l'aide de beaucoup de chose mais elle ne parvenait pas à voir exactement qui était la bonne âme qui s'occupait d'elle.

C'est ainsi que Phyress fut conduite quelque part. Elle ne se rendit pas compte que cette chasse au Bouloum venait de l'expédier sur le prélude de l'aventure palpitante que serait sa vie.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 5 Avr 2016 15:58 
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A peine Luneoh a-t-il ses chaussettes en main, qu'il s'évapore dans la foule. Comme à Oranan, je cherche à l'attraper, à le rejoindre, et comme là-bas, je le perds de vue. Trop petit, mais je ne m'inquiète pas pour lui, d'abord parce que je ne sais pas être inquiète, puis parce qu'on se verra bien une nouvelle fois. Puis de toute façon, malgré sa petite taille, il est bien assez grand pour se sortir de circonstances au plus haut point absurde dans lesquels il n'hésitera pas à plonger pour une simple paire de chaussettes.
Je retourne donc à mon chemin, et me met en quête d'un lac, d'un ruisseau, d'une rivière, enfin de n'importe quoi avec de l'eau douce en assez grande quantité pour que je puisse me décrasser et faire de même avec mes vêtements.

Bientôt je croise le lieu idéal, où des lavandières sont d'ailleurs occupées à leur labeur, accompagnées par un jeune homme, un berger sans doute vu les moutons entrain de paître tout autour, en train de jouer du hautbois, un instrument à vent assez simple, mais toujours très agréable. Sa musique est légère et rythmée, tout ce qu'il faut pour motiver au travail.

Suivant la musique, je danse jusqu'au ruisseau et, empruntant le savon aux gentes dames, je commence à me déshabiller pour récurer l'entièreté de mon poil dans la rivière. Pas plus farouches que cela, les quatre demoiselles rigolent en me voyant, ne me percevant manifestement pas comme une menace.

"Si tu veux, on peut s'occuper de toi ! T'es quoi d'ailleurs, parce que tu ne ressembles pas à une woran, ni à rien de ce qu'on connait !"

C'est à cet instant que je m'aperçois que la plus jeune des demoiselles est déjà occupée à décrasser ma cape, et une autre vient de glisser mon manteau dans son baquet avec ses linges.

"Je suis une aniathy." dis-je fièrement, mais leur regard est éloquent, elles n'ont pas la moindre idée de ce que ça peut être.
"Une peluche vivante. Vous voulez toucher ?"

Question stupide, bien sûr qu'elles voulaient toucher. Je suis un rayon de soleil dans un quotidien trop répétitif manifestement. Le jeune berger, quant à lui, lorgne plutôt sur mes bracelets et les équipements attachées à ma ceinture, que j'ai laissés sur le bord de l'eau.

"Hey, mais c'est du tissus ! On dirait presque de la fourrure ! Attends, on va te laver ça !"

Avant d'avoir eu le temps de comprendre ce qui m'arrive, je me retrouve adosser contre une planche à laver, à me faire frotter les bras par deux lavandières adroites qui frictionne mes poils pour ôter la boue qui macule mon pelage normalement d'albâtre. La troisième s'occupe de décrasser et ôter mes tresses de mes longs cheveux. La quatrième part en courant, pour aller chercher un peigne, et des ciseaux, dans leur ferme non loin. Si j'ai bien tout saisi, c'est quatre sœurs, le berger étant leur frère qui veille sur eux, une fronde redoutable à la ceinture. Cependant, il se détend petit à petit et finit par, avec ma permission, m'emprunter la dague acquise dans le livre pour l'aiguiser avec sa petite pierre dans un crissement qui n'a absolument rien de musicale à mes délicates oreilles.

Deux heures plus tard, je me retrouve couchée dans l'herbe, au pied d'un arbre, en train de donner un récital à la flûte, entièrement propre, accompagnée du berger et de son hautbois sentant les fleurs dont les demoiselles parfument leur lessi. Ce n'est qu'à la tombée de la nuit que je quitte cette charmante compagnie. Leur expliquant qu'il est bien gentil de m'inviter à dîner, mais que mon état de peluche, même vivante, me privait des joies de la table. De surcroît, je suis attendue, il faut que je retourne à Kendra Kâr, pouvant me présenter dignement au temple des plaisirs et achever ma chanson !

Tout en marchant, je ne cesse de songer à ma chanson, composant les premières rimes, enfin. C'est dingue comme le corps propre, les mots viennent plus simplement. A moins tout simplement qu'à force de répéter ces quelques mots "je n'étais qu'un fou, et par amour elle a fait de moi, un fou, un fou d'amour !", la chanson s'est dessiné dans mon esprit, aussi clairement que les partitions sur les papiers de mon défunt maître.

Je possède désormais le refrain, que je me répète en boucle, tentant de trouver le démarrage d'un couplet pour aller avec.

"Je n'étais qu'un fou mais par amour
Elle a fait de moi un fou, un fou d'amour
Mon ciel c'était ses yeux sa bouche
Ma vie c'était son corps son cœur
Je l'aimais tant que pour la garder
Je l'ai tuée je ne suis qu'un fou
Un fou d'amour, un pauvre fou
Qui meurt d'amour"*


C'est toujours en chantonnant que j'arrive aux portes altières d'albâtre, ouverte à l'extérieur et à la différence, entrée prestigieuse de la belle Kendra Kâr.

(((musique d'ambiance : Hautbois

* le texte n'est pas de moi)))

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La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. Nietzsche
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Là où est la musique, il n'y a pas de place pour le mal. Miguel de Cervantès


Je suis aussi GM14, Lothindil, Gwylin, Naya et Syletha


Dernière édition par Hailindra le Ven 22 Avr 2016 21:21, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Ven 22 Avr 2016 13:08 
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Son cri se perd dans les ténèbres et sa lame libère un claquement métallique. Impossible de voir et savoir ce qu'elle vient de percuter, mais ce qu'elle entend ne répond pas à ses attentes.
Décontenancée, elle entrouvre la bouche et laisse s'échapper un : "Qu'est-ce que…" qui s'étouffe dans un souffle coupé par un violent coup à la poitrine. Impossible de bloquer l'attaque ni même de contrôler la chute. Elle subit complètement la situation, telle une victime impuissante et son corps est expulsé par un coup de pied à une volée de là avant de s'écraser lamentablement dans l'herbe. Sa tête heurte une pierre et s'affaisse vers l'avant, son avant-corps est à peine relevé, difficilement soutenu par un bras tremblant et fléchi. Elle dodeline fragilement, s'efforçant de prendre une grande inspiration pour attraper une bouffée d'air salvatrice. Son cœur, ses poumons et sa gorge brûlent de douleur.
 
"Fait chier…", grogne la guerrière d'une voix rauque, elle tire son épée et la plante dans le sol, juste devant elle. L'épée devient canne tandis qu'elle se redresse fragilement, soutenue par son arme. La jeune femme tremble, son corps s'affaisse sitôt elle reprend une inspiration, l'air est semblable à de fines lames aiguisées qui lui déchirent les entrailles. Sa tête tangue et son regard dérive, emporté par le flot de douleur, avant de s'échouer de nouveau sur la pierre. Pierre qui n'en est pas une puisqu'il s'agit du coffre qui, pour la deuxième fois déjà, percute le crâne de l'elfe.
Elle le fixe intensément, le voir la revigore, c'est comme si le souvenir de sa promesse l'extrayait de sa torpeur. Elle est là pour le coffre, pour Valy', pour sa dernière volonté, elle ne peut pas flancher, elle ne doit pas être faible. Sa vigueur se régénère, sa concentration s'aiguise, sa volonté se renforce, elle s'apprête à se saisir du coffre quand la silhouette macabre se détache des brumes et la pétrifie de doute. Prendre le coffre et s'éloigner ? Peut-elle seulement le fuir ? A-t-elle l'envie de fuir ? Mourir ne sauvera pas le coffre après tout. Elle serre les dents avec rage, sa respiration est sifflante.
 
"Fait chier !" éructe-t-elle en se relevant complètement.
 
La voici qui se remet en garde tandis que son adversaire s'approche vociférant de haine, si elle ne l'a pas frappé du plat de sa lame, elle a au moins su le faire sortir de ses gonds. De le voir ainsi la fortifie plus que cela la terrifie.
 
"Approche donc ! Au lieu de te planquer dans les ombres ! Sale lâche !" lui hurle-t-elle, sans s'avancer. Elle assure sa prise et se met en garde, à l'affût. Elle guette le coffre, elle scrute son adversaire et jette un coup d'œil vers le duo un peu plus loin. Gezabelle est dans un sale état mais elle continue de se battre avec tout ce qu'elle a. Quant à son ami, il semble agile et puissant. Encore un coup d'œil au coffre. Il l'attire.
 
(Morfler autant pour je-ne-sais-pas-quoi… Sans déconner, Valy', je donne tout ce que j'ai, mais il me met la misère le type en face…)
 
Le type continue d'avancer. Il est presque à portée.
 
(Il m'a bien fait voler l'autre, quand même…)
 
Elle se déconcentre encore, la vue du reliquaire l'absorbe dans de nouvelles brumes. Le gars est juste là, l'aura sombre danse autour de lui, il lève sa main crispée et se met à déclamer des sons à peine perceptibles. Inès bondit vers lui, hors de question qu'il incante une saloperie de sort ! Sa lame fend l'air qui s'assombrit instantanément, un léger tintement vibre, elle l'a effleuré ! La guerrière s'enfonce dans le voile et vise à l'aveugle, espérant atteindre sa cible, mais une douleur vive la saisit de toute part. Elle tombe à genoux et cherche l'air qui lui manque. Son corps est transpercé par l'invisible. Le mage est debout, la main tendue vers Inès, une fumerolle se dégage du bout de ses doigts et vient lécher le corps de l'elfe, toujours au sol. Ses forces la quittent, tel un pantin inanimé elle s'affaisse, impuissante.
 
"Lâche…" souffle-t-elle en s'efforçant de reprendre le dessus. Elle puise ses maigres ressources pour déchirer d'un large mouvement le voile obscur au niveau des chevilles de son opposant. Aucun intérêt si ce n'est se faire emporter en arrière par l'élan donné dans le coup inutile. Et sa tête replonge contre le coffre. Cette saleté de coffre, dont le coin vient de s'enfoncer sur l'arcade d'Inès. Le sang coule dans l'œil de l'elfe qui le ferme, dans un réflexe crispé avant de porter le revers de sa main pour essuyer le flot.
 
Le sale type se met à ricaner, la douleur perçante s'est estompée mais la guerrière est toujours affaiblie. Ses bras enveloppent le coffre, un sacrifice pour la protection d'un bien précieux, son sang s'écoule continuellement et glisse sur le secret défendu. La main du chauve se lève, celle de l'hiniönne fait de même. Il va la frapper avec tant de force qu'il va lui briser un os, ses yeux fulminent de rage et de contentement. C'est au moment où il s'apprête à l'abaisser qu'une dague vient de planter dedans, sans rencontrer la moindre résistance. Il hurle et recule de quelques pas, Inès se redresse de stupeur et regarde d'où vient cette attaque providentielle. Gezabelle, à quelques pas de là, à bout de force mais le sourire fier ; elle venait de donner tout ce qui lui restait et elle s'effondra comme une poupée de chiffon. Le sauveur était toujours aux prises avec le sbire survivant.
 
Il est temps de se reprendre et de saisir la chance qui vient de lui être donnée ! C'est incroyable ce qu'une ouverture comme celle-ci rend en énergie et détermination. D'un bond, Inès se relève et, l'épée fermement tenue, charge sa proie à peine voilée d'obscurité. Son attaque est répétée mentalement le temps d'une foulée, son objectif est précis : la main saine restante. Juste avant de porter son coup, elle prend une profonde inspiration qui lui brûle la poitrine, mais elle n'en a que faire ! Elle abat vivement son épée vers sa cible et recule aussitôt. Elle a touché ! Elle le sait, tout comme elle sait que c'était une fois de plus superficiel. La brume s'est épaissie autour du mage, si bien qu'Inès est incapable de le distinguer. Elle jette un nouveau coup d'œil sur le coffre et le rejoint, irrémédiablement attirée par son énigme. Elle a oublié la gisante Gezabelle et son chevalier combattant. Elle ne pense qu'à ce qu'elle protège et ce qui le menace. Elle frotte le sang qui a ruisselé et s'est aggloméré avec la terre, l'espoir fugace que les maltraitances aient endommagé la serrure passe dans son esprit ; elle tire un coup dessus, mais la mécanique résiste. Elle y regarde de plus près mais à quoi bon ? Elle a déjà essayé de l'ouvrir, à Cuilnen. Une pure perte de temps, qu'elle ne doit pas s'accorder ici et maintenant. Derrière elle, un bruit l'interpelle et la ramène au combat, c'est le mage qui revient à la charge, ses mains sont tordues mais il y paraît totalement insensible et le voilà qui fait de grands gestes.
 
(Ce type déborde d'énergie…)
 
La gardienne repose son précieux bien et se relève calmement, elle était si tendue et crispée jusqu'alors qu'elle n'avait aucune maîtrise de la situation. On ne lui avait pas enseigné le combat ainsi. Dans l'arène, le sol était lisse, les armes étaient à portée de main, les règles étaient définies, il y avait de la lumière, on se saluait avant de commencer et une pause était aménagée si le corps n'était plus en capacité de combattre dignement. On ne risquait pas de mourir, non plus.
 
(Mais on ne risque pas de mourir non plus si on se bat correctement. Foutue mage. Détends-toi. Reprends tes appuis, déroule ton cou et tes poignets. Ressens le poids de ton arme. Respire.)
 
Le gars est probablement en train d'hurler, mais Inès entend surtout les cliquetis de sa cotte de mailles sous sa tunique grisâtre, elle observe sa démarche, le pas est large mais lent, elle scrute la cicatrice qui barde son visage de haine.
 
(Sale type.)
 
Elle s'incline légèrement alors qu'il s'approche puis lève nerveusement son épée à l'oblique haute avant de l'abaisser vivement vers son assaillant qu'elle a rejoint le temps d'une fente, l'homme recule d'un pas et voit le bord de sa capuche entaillé. À peine le temps de le constater que l'épée d'Inès revient à la charge, cette fois-ci, le fer pointe vers la cuisse du mage qui refait un pas en arrière pour mieux engager en déviant l'épée et en abattant sa main sur le bras de l'elfe. Cette dernière peine à l'esquiver et le coup lui fait lâcher son épée, elle amorce une descente pour la récupérer, mais l'autre main ennemie, enveloppée par les ombres, fond vers elle, si bien qu'elle n'a que le temps de rouler sur le côté. Accroupie, le regard passant de son épée à l'humain, qui rit à gorge déployée, Inès fulmine. Cette idiote n'est même pas foutue de tenir une épée en main ! Un repli, encore un, est nécessaire. De toute façon, le gars semble faire durer son plaisir. Elle se déteste d'être si mauvaise, de lui offrir une telle humiliation.
 
Il ne lui reste à nouveau plus qu'une targe et une dague. Elle voudrait tant avoir à disposition le râtelier de l'arène et y sélectionner une lance ou même une autre épée…
 
(Tous ces entraînements n'ont servi à rien. La réalité n'a rien à voir.)
 
Après s'être encore reculée de son assaillant, elle regarde aux alentours et constate qu'ils se sont éloignés des trois autres. Gezabelle est toujours étendue, inanimée. Inès fait une petite moue qui se transforme en sourire narquois en voyant le capitaine clouer son adversaire au sol. Quand elle reporte son attention sur le chauve sitôt il entre dans son champ visuel, le type est proche, si proche qu'Inès a à peine le temps de voir le bras meurtrier jaillir des ombres pour la saisir par la gorge. La poigne est ferme, tremblante de rage, elle lui brûle la peau et lui coupe, une fois de plus, le souffle.
L'elfe se crispe sur le bras étrangleur mais c'est à peine s'il fléchit légèrement. Elle relâche son bras droit à la recherche de sa dague, par chance toujours accrochée à son ceinturon. Les yeux de l'humain glissent sur la scène et sa main serre davantage encore la gorge de la guerrière, pour réduire en miette les dernières volontés qu'il lui reste.
 
"Vous auriez dû plier devant sa toute-puissance. Vous êtes si faibles."
 
(Si faible…)
 
Elle entrouvre la bouche, mais seul un gargouillis se fait entendre. Elle va crever à la moitié du chemin. Elle va crever, étranglée par un type louche à la force inouïe. Sans même une épée dans les mains.
Hors de question. Elle n'a pas été entraînée pour en arriver là. Elle doit faire quelque chose. Elle raccroche ses deux mains sur celle qui la bloque, mais la prise est ferme. De peur et de rage elle puise encore un peu dans sa détermination, pas tout à fait étranglée, et commence à allonger le bras pour frapper le gars en pleine tronche. Lui péter le nez, ça pourrait être pas mal. Lui rentrer les yeux au fond des orbites aussi. Le type se prend les coups sans broncher, soit il est résistant, soit elle tape comme une mauviette ; sans aucun doute est-ce la deuxième hypothèse, elle se sent si faible. De petits points noirs violacés papillonnent devant ses yeux, l'air devient rare et aucune solution ne peut plus monter au cerveau asphyxié.
 
(Valy'… Finalement, j'vais suivre le même chemin que toi, un peu plus tôt.)
 
Sa tête commence à pencher, elle flanche, ses yeux tombent sur le coffre, à travers sa grimace de douleur elle esquisse un sourire désabusé. Elle ne saura même pas ce qu'il contient avant de mourir. Plus elle le regarde, plus elle jurerait qu'il est animé d'une force, d'une volonté propre. Il lui semble que la brume ne parvient pas à lécher le bois et le métal qui l'ornent. Peut-être ne s'agit-il que d'hallucinations, ou peut-être…
 
Encore se battre. Ne pas renoncer !
 
Son corps se recroqueville avec force, elle le ressent pleinement, avec ses blessures et ses capacités, puis elle s'ouvre avec vigueur, étirant chacun de ses membres au maximum. Son ennemi titube légèrement, suffisamment pour qu'Inès reprenne pied et abatte son coude sur l'épaule de son assaillant qui lâche sa prise. Instantanément, l'elfe sort sa dague et la pointe face à elle, comme une bête acculée, elle regarde nerveusement autour d'elle. Le coffre est juste à côté, son épée est à au moins trois pas derrière le mage, le cadavre du gars est à plus de deux pas vers Gezabelle, quant au duo…
 
(Mais il fout quoi l'autre, là ?)
 
Le Capitaine kendran est agenouillé à côté de Gezabelle, ils ne bougent ni l'un ni l'autre, il y a un souci, c'est évident, mais Inès ne peut voir ni bouger d'où elle est. Une arme, il lui faut une arme moins ridicule que cette dague, il lui faut une plus longue portée contre l'énergumène qui lui fait face. Ses yeux se reposent sur l'égorgé. La voilà la solution !
D'un bond, elle s'écarte de son opposant et rejoint le gisant. Le coffre est resté aux pieds du chauve qui esquisse un sourire amusé. Voir sa proie lutter vainement le réjouit et plus encore qu'elle en vienne à abandonner son précieux bien à ses pieds.
Là, à côté du sous-fifre fraichement exécuté, elle se saisit de la lance et se retourne vers son ennemi. Son sourire carnassier est revenu, elle l'étudie de nouveau, mais son regard a changé, il s'est adapté à sa nouvelle arme.
 
Une foulée et une allonge, il ne lui faut que ça pour le harceler de la pointe de sa lance. Elle la manie avec aisance, après tout, c'est à l'entraînement au bâton qu'elle a commencé. Son poids est équilibré comme il lui faut, le bois est légèrement souple et suit bien les impulsions données par Inès. Elle tente une passe, esquivée, une seconde, esquivée également. Le type est agile mais elle n'arrête pas de le taquiner du bout de sa lance, ses gestes se font plus saccadés et vifs, la douleur n'est plus, il ne reste que la rage. Le désespoir s'en est allé, la volonté forte de ne pas mourir en ayant abandonné l'a rattrapée.

Le chauve, qui jusqu'alors esquivait les multiples charges, ne peut retenir le déferlement de coups et finit par recevoir la pointe de la lance à l'intérieur de la cuisse, assez haut pour inquiéter tout homme qui tient à sa virilité. Inès veut relever brutalement sa lance pour finir l'assaut, mais elle se retrouve bloquée par la main ensanglantée du mage qui se remet à marmonner sa création de brume sombre et inquiétante.

"Il n'en a pas marre de toujours faire la même chose ? Sale lâche…"

Elle tire un coup sec pour libérer son arme de l'emprise de l'homme et reprend ses provocations, revigorée par la réussite et nullement dérangée par le manque de visibilité. Si elle ne le touche pas forcément, elle peut le perturber suffisamment pour qu'il ne puisse pas manier ses fluides aisément. Le voile ténébreux ne lui permet pas de le distinguer, mais elle sait qu'elle doit le surprendre pour casser toute initiative de sa part, ses assauts répétés vont vite devenir inutiles, parce que prévisibles. Elle s'apprête à lui tourner autour quand soudain, sortant de la brume, un coup brutal lui atterrit dans le bas ventre et la plie en deux. Un rire puissant et effrayant éclate tandis qu'elle tombe à genoux. La douleur lui remonte depuis les entrailles jusqu'au fond de la gorge, en passant par son échine. Celle-ci semble se disloquer jusqu'à lui en déchirer l'esprit et lui laisser un goût ferreux sur l'arrière de la langue. Elle crache, du sang épais et visqueux s'étire depuis sa lèvre inférieure et vient marquer son menton d'une teinte de défaite.
Elle ressert son étreinte sur la lance et l'enfonce dans le sol ; l'arme devient un soutien. Tremblante, elle parvient à redresser un genou mais peine à se tenir debout. La force lui manque. La combativité commence également à s'étioler. Le gars doit parler, elle entend des éclats de voix mêlés aux battements de son cœur et à un sifflement sourd qui lui fait vibrer le crâne. Elle sait qu'il se tient debout, devant elle, à quelques pas, et à autant du précieux coffre. Elle veut tourner la tête pour, misérablement, demander de l'aide au jeune humain, mais elle s'en retrouve incapable, comme paralysée.

(Putain…)

La fin est proche. Il n'a plus qu'à l'achever. Elle s'y prépare. Elle fera face à la mort tête de haute.

(Désolée Valy'.)

Il s'avance. Elle s'efforce de le regarder. La brume se propage et l'enveloppe. Elle ne verra pas le soleil. Elle ne le verra plus. Elle retient sa respiration puis s'intime de rester sereine. Elle devine qu'il vient de lever ses bras.

(Pourvu que le coup soit net.)

Son ventre se tord. Sa main se crispe. L'ombre s'abat si vite ! Elle ne peut s'empêcher de fermer les yeux et se surprend d'avoir le temps de se maudire pour ça. Quand elle les ouvre, à peine deux ou trois secondes plus tard, elle découvre le capitaine, plus exactement son dos, sa lame est plantée dans les ombres qui retiennent difficilement un hurlement d'une douloureuse fureur.
Le paladin tourne sa lame dans le corps nébuleux. Le râle n'en finit plus. Inès reste figée, de stupéfaction, de souffrance, de honte. Il venait de faire, en un coup, ce qu'elle tentait vainement depuis un long moment déjà.

Mais le mage n'est pas un bouseux tout juste sorti de son étable et il n'en est pas à sa première blessure, il n'y a qu'à se souvenir de son visage froid, bardé de cicatrices, et de son accoutrement militaire. D'un mouvement brusque il extirpe la lame et place un morceau d'on-ne-sait-quoi avant de resserrer l'accroche de son épaulière avec vigueur. Les ombres, qui s'étaient légèrement dissipées, reprennent en épaisseur et opacité. Inès est toujours immobile, le poids de son corps se porte sur sa lance et elle regarde hébétée les deux hommes s'éloigner d'elle de quelques pas. L'humain essaierait-il de déplacer l'affrontement pour la préserver ou se pourrait-il qu'ils ne fassent ça que pour disposer d'une meilleure liberté de mouvements ? Quoi qu'il en soit, elle est désormais sauvée, en tout cas pour le moment, et déchargée de son ennemi. C'est aussi rassurant que dépitant. Quelle honte, franchement, de ne parvenir à vaincre ce sale type ! Elle a encore du chemin à parcourir avant de pouvoir honorer sa promesse. Peut-être aurait-elle dû préparer un peu plus son voyage, comme ses parents et son entourage lui avaient conseillé.

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Dernière édition par Inès Sannon le Mer 22 Juin 2016 21:09, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 28 Avr 2016 23:28 
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Pardonne-moi

Strié de bandes chaudes, le soleil devenait bas tandis que le chant des oiseaux s'éteignait. Ils avaient quitté les bois et arpentaient à présent une large route entre les bocages. Les haies vives et noires entrecoupaient les champs céréaliers, et plus à l'est, ils devinaient une vieille ferme aux lueurs timides et lointaines.

Daemon marchait faiblement, traînant presque des pieds, car la journée fut aussi éreintante physiquement que moralement. Il massa son front piquant avec une légère grimace, là où Asad y avait déposé un pansement imbibé d'un alcool infect, mais se trancha avec ses doigts gantés et arachnéens.

L'émail poli son gantelet luisait sous les dernières lueurs. Les stries d'ornementation y formaient des courbes écarlates raffinées et décoraient les petites plaques articulées d'une parfaite facture, lui offrant cet aspect naturel et terrifiant, presque symbiotique. Daemon contempla le troisième bras de Thimoros avec défiance.

« Quand je suis partis en quête du Gantelet d'Obscurité, c'était pour trouver la force nécessaire afin de venger les miens. Pourtant, depuis qu'il est en ma possession, il n'a servi que pour tuer mes proches... Serait-ce une malédiction ironique ? »

Asad, qui marchait devant, se retourna et afficha une grimace amusée.

« Alors tu me considères comme un proche ? »

« Arrête de me charrier ! » se révolta le semi-elfe empourpré.

Daemon songea à son défunt ami et saisit la lanière en toile de chanvre qui pendait à son épaule. Au bout, un objet familier y était précautionneusement enroulé : la hache de Korben.

« Que penses-tu des accusations émises à l'encontre de Merilian ? C'est vraiment étrange. » dit-il en se remémorant les affres de l'après-midi.

« Korben l'a quand même qualifiée de traitresse, si je me souviens bien, et cette histoire de sbire qui l'aurait balancé ligoté dans le fleuve... Sur le coup, je n'y ai même pas prêté attention en pensant qu'il délirait complètement. Mais avec du recul, son comportement dans la grotte paraissait relativement sensé et cela expliquerait la position de sa cachette, non loin des rives de la rivière. »

Asad regardait ses pieds et répondit d'une manière évasive, comme s'il craignait d'émettre le moindre soupçon envers la nécromancienne.

« J'sais pas... Faut avouer que le comportement de Merilian après le combat m'a surpris. »

Seul Gauwin, l'invocation de la nécromancienne camouflée parmi les spectateurs, avait osé évoquer les calomnies du nain une fois le combat terminé. Sa maitresse avait répondu d'une manière tranchante en affirmant que c'était faux, interrompant violemment les chuchotements. Ensuite, elle l'avait sommé de partir directement afin d'annoncer le décès de Korben à son frère, avec pour seule et unique justification le fait qu'il devait assumer les conséquences de ses actes...

Comment pouvait-elle savoir qu'il avait de la famille dans les environs et surtout pourquoi s'en souciait-elle ? Daemon l'ignorait. Certains chuchotaient qu'elle entendait des voix dans les flammes du temples, crépitantes entre les ailes recroquevillées de leur divinité, et envoyait parfois ses subordonnés dans des missions farfelues.

Il jaugea le poids certain du mythril lesté d'or en observant les broussailles. Il lui serait aisé de balancer la hache dans un fossé... Pourtant, malgré l'incongruité de cette mission, Daemon mettait un point d'honneur à son accomplissement. Espérant secrètement qu'après l'annonce de cette triste nouvelle sa culpabilité finisse par s'estomper.

Ainsi ils marchèrent un long moment, le ciel devint une voute bleutée ponctuée d'étoiles.

Puis Asad l'incita à gravir une colline derrière laquelle montait une lueur diffuse et incertaine. Le semi-elfe s'essouffla en foulant l'herbe frémissante, puis atteignit le point culminant qui lui offrit une perspective déconcertante. Derrière une muraille massive et sombre, une succession de toitures constellées de points orangés s'étendait à perte de vue. Il était commun d'affirmer que Kendra-Kar était la plus grande cité au monde. Mais cette vision surélevée laissait entrevoir des avenues aux dimensions titanesques, des boulevards aux profondeurs insondables et les contours d'édifices innombrables disparaissant dans l'horizon, pourtant si proche et nimbé de nuit...

« Trou... Trouver un nain dans cette... ville ? »

Asad lui adressa un sourire en coin.

« Bonne chance. »


Sous la voûte

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 2 Juin 2016 21:20 
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Beenn...

Un paysage verdoyant défilait et disparaissait au gré du sentier sous un soleil rosé. Des brindilles dans les cheveux, sur et sous ses vêtements, provoquaient des démangeaisons auxquelle Daemon ne tenait aucune importance. Curieux de tout et recouvert de foin, il observait la vie paisible des habitants du coin, car son conducteur s'arrêtait régulièrement pour saluer ses connaissances, apparemment très nombreuses dans la région. Tous armées de faux pour les moissons, aucun ne portait l'épée et ne craignait pour sa sécurité. Apparemment les Kendran avaient le temps de vieillir et mangeaient à leur faim.

Les hommes d'ici parlaient fort dans un patois guttural auquel il ne comprenait rien. Ils avaient la peau bien plus claire que ceux de Dahràm, issus d'un métissage nettement plus important et davantage exposées au soleil. Ici, le ciel se couvrait au moins une fois par jour et engendrait des pluies continuelles qui justifiaient l'abondance des récoltes. De colline en colline, les champs se perdaient dans l'horizon doré, qu'une petite armée s'attelait à récolter.

Daemon aperçut enfin la flèche isolée au-dessus des cimes qui indiquait la fin du voyage : la Glandée. Après avoir franchi un petit pont de pierre, les premiers toits de chaume apparurent. Aucune enceinte ne fermait cette petite bourgade tranquille organisée autour du temple de Gaïa. Les gens d'ici louaient tous leur bien-aimée divinité, pour se saluer, pour manger, pour s'encourager et même pour jurer.

Un goût amer imprégnait les papilles du semi-elfe quand son conducteur héla sa monture en indiquant qu'ils étaient arrivés. Daemon sauta sur la terre battue de la place et remercia son bienfaiteur en s'époussetant. Les brindilles blondes voletaient au vent. Il déposa quelques yus dans la main ridée du marchand et l'homme lui indiqua la route à prendre : vers le sud à travers les bosquets.

Un petit groupe de badauds s'étaient amassés à l'ombre d'un imposant châtaigner et le jaugeaient à distance. Le semi-elfe leur adressa qu'un bref et fuyant intérêt, avant de se détourner hâtivement vers la direction indiquée.


La milice m’envoie

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Dernière édition par Daemon le Mer 26 Oct 2016 16:59, édité 9 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 9 Juin 2016 21:38 
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Les champs se perdaient dans l'horizon doré

Après avoir traversé les champs humides, trop soucieux de ne pas dévier de sa route, Daemon emprunta un chemin de traverse au cœur d'un bosquet compact. Entre les troncs minces apparut enfin le tertre sur lequel était juché la ferme de Malegent. Derrière, une masse sombre et gigantesque écrasait l'horizon, grondant à en faire frémir les feuilles et déversant des trombes d'eau noires.

Il gravit la colline isolée et découvrit un amoncellement de bâtiments délabrés assaillis par les herbes folles. Les ronces se fendaient d'un sillon permissif entre deux bâtisses. Daemon s'y engagea à pas feutrés, et malgré ses précautions, y déchira son manteau. Il maugréa en examinant l'étoffe déchiquetée puis maudit les arcs d'épines. Il jugea néanmoins le passage praticable et se glissa dans l’enchevêtrement complexe.

Sortit du buisson, il aboutit dans une cour intérieure à peine plus entretenue que les friches extérieures. Une grange sombre béait sur une flaque saumâtre, quelques vestiges d'engins agricoles à demi-enseveli gisaient sous les ronces.

(Me serais-je trompé d'endroit ? Ce n'est pas une ferme, mais une véritable ruine...)

Il fit le tour des masures délabrées quand un meuglement tint derrière lui. Un vieil homme qui tenait une vache au bout d'une corde venait d’apparaître.

« Hé ! Qui va là ? » demanda-t-il d'un ton qui se voulait intimidant.

« Je cherche la ferme de Malegent. »

« Vous y êtes. »

« La milice m'envoie afin d'enquêter sur les disparitions de bétail. »

L'homme se figea tandis que la vache continuait son chemin, il fit des yeux ronds puis se gaussa dans un bruyant sarcasme.

« La grande milice Kendrane ! Je me doutais bien que j'pouvais pas compter sur eux. »

Il laissa l'apprenti milicien en plan et s'éloigna attacher sa bête, puis il attrapa un seau et s'installa sur un tabouret en l'ignorant royalement.

« La milice m’envoie ! » insista Daemon.

« Bah ! » répartit le paysan sans un regard. « Ils ne donnent pas de nouvelle, puis m'amènent un garçonnet à peine sorti du berceau ! Ce ne sont pas des lutins qui m'volent mes bestiaux. »

Daemon n'appréciait guère la remarque. Qu'on ne lui attribue aucun crédit était une chose, mais l'attitude désinvolte du paysan outrepassait largement sa patience. Une démangeaison excitation parcourut son bras ganté. Il leva un regard impérieux teinté de malveillance sur le paysan, et d'un geste, enfonça ses doigts gantés dans le cuir de l'animal.

L'effet escompté aboutit superbement. Un tressaillement parcourut l'échine du bovin qui émit un beuglement terrible, avant de se ruer brutalement dans toutes les directions. Daemon fit quelques pas en arrière afin d'éviter les volées de sabot et se délecta de la panique du propriétaire. La bête martelait le sol de ses sabots et subit de violents à-coups à tirer sur sa corde, qui finit par rompre.

Une fois l'animal en déroute, l'homme réapparut d'entre ses manches avec une expression médusée.

« La milice m’envoie afin d'enquêter sur les disparitions de bétail. » répéta-t-il une dernière fois.


Des histoires datant d'un demi-siècle

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Dernière édition par Daemon le Jeu 14 Juil 2016 01:54, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 14 Juin 2016 19:19 
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Cawen, pendant ce temps, avait passé la tête, deux ou trois fois, à l'extérieur de la cabine, rapidement, et constatait en pestant que les deux molosses se tenaient inexorablement aux alentours, visiblement mandatés pour assurer la surveillance des deux jeunes femmes. Itsvara s'esclaffa discrètement et résuma, lucidement, l'état des possibles.

"De toute façon, nous sommes toujours en vol et sommes condamnées à attendre l'atterrissage, voire même à l'espérer.
Pensez-vous qu'il serait judicieux de l'aider à tenir à le cap ?"


"Ça nous apprendrait peut-être où l'on va exactement. Parce qu'à part savoir qu'on va vers le Nord…"

"C'est le principe, oui… Et j'ose croire qu'il se fait assez confiance pour être sûr que vous ne pourrez pas prendre le dessus. D'ailleurs, à ce propos, il me faut vous poser quelques questions, afin d'être en possession d'un maximum d'éléments."

Cawen se rapprocha de la fenêtre et scruta l'horizon qui s'assombrissait à mesure qu'ils s'avançaient d'Omyre.

"Vous manipulez les ombres. Je vous ai vu tenter un sort contre Andrew, sans succès d'ailleurs. Savez-vous que j'ai le malheur de manipuler les fluides contraires ?"

"Nan. Et alors ?"

Itsvara se trouva perplexe face à cette réponse, elle ne s'attendait pas à une indifférence aussi flagrante.

"Et bien… Nous pourrions dire que nous n'allons pas bien ensemble du tout."

"T'avais besoin de ça pour t'en rendre compte ?!"

Et la jeune femme se mit à rire sans retenue, ce qui eut le don d'agacer un peu plus encore la Sindel qui commençait à douter de sa survie.

(Dans quoi me suis-je engagée ?)
(Dans un voyage en compagnie de personnes maniant les Ombres. C'est instructif, n'est-ce pas ?!)

"C'est de votre faute tout ça ! C'est vous qui m'avez envoyée chercher ce livre !"

Cawen se retourna vers la Sindel et s'exclama, rageuse et offusquée :

"Pardon ?! Tu te calmes tout de suite ! J't'ai rien demandé ! J'te dois rien, on est d'accord ?!"

"Mais je ne vous parle pas à vous ! Même si au final c'est quand même de votre faute !"

Cawen murmura un "s'pèce de folle…" et se plongea de nouveau dans la contemplation du paysage.

"Nous nous rapprochons de l'Omyre… J'espère que tu sais manier tes fluides la vieille…"

Itsvara haussa les épaules. Sa pratique était réduite et elle n'aimait pas du tout utiliser ses capacités. Certes, elle devrait les considérer comme bénédiction de Gaïa, mais elle estimait surtout que la magie engendrait toujours plus de tort qu'autre chose, simplement parce que ses pratiquants sont des ignorants. Elle avait bien essayé d'en apprendre plus, notamment à la bibliothèque de Tulorim et grâce à Acknarav, mais elle s'estimait toujours aussi ignare.
Devait-elle l'informer de son incapacité à dominer sa magie ? Elle hésitait, elle était partagée entre la confiance naturelle qu'elle porte, même dans les sous-êtres comme les humains, et la méfiance irrépressible qu'elle entretient pour les manipulateurs des ombres. D'un côté, elles étaient embarquées dans la même galère, d'un autre, comment pouvait-elle être sûre que Cawen n'était pas de mèche avec les malfrats ?! Comment confier sa faiblesse à une probable ennemie ? Elle allait lui répondre vaguement, qu'elle avait déjà eu l'occasion de les utiliser, quand elle remarqua que Cawen ne lui accordait plus aucune attention.

"Je sors. Je vais rejoindre ce Lord Andrew. Venez et aidez le."

Aucune réponse.

"Dites, je vous parle." insista la Sindel, quelque peu outrée.

"D'où tu me donnes des ordres ?" laissa glisser Cawen "Je n'ai pas confiance en vous. Vous êtes bien trop idiote pour que cela puisse être vrai."

La mâchoire inférieure d'Itsvara s'affaissa légèrement. Sa tête se pencha sur le côté et elle écarquilla les yeux, pantoise.
Cette sang mêlé devait lire dans les pensées, ou connaître la psychologie, ou être bonne comédienne, ou être plus semblable à Itsvara que cette dernière aurait pu le croire. Et, par Sithi ! Quelle impudence !

"Petite effrontée !" souffla finalement l'elfe grise, désabusée et lasse, elle refusa de poser plus de questions à cette bâtarde.
Elle se leva et s'engagea sur le pont, indifférente à Cawen, aux molosses et à la vue saisissante de terreur qui s'offrait à elle : le domaine des ombres avalait l'horizon. Son objectif était simple : rejoindre la cabine de pilotage et se renseigner, le plus naïvement possible, sur les intentions du chauve. Et puis, si elle parvenait à s'entretenir en privé avec Gabriel, ce pourrait être instructif.

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