L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Lun 18 Avr 2016 13:11 
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Cela fait maintenant de nombreux soleils et lunes que j’ai vu défiler depuis que Yui et Grouik m’ont recueilli. La prothèse faite de bois qu’il m’a taillé reste douloureuse, surtout quand elle s’engouffre dans mon moignon et remue de l’intérieur mais j’arrive dorénavant marcher. Aujourd’hui est par ailleurs un foutu jour ! Un jour à marquer d’une pierre blanche ! C’est celui qui sonne le glas de mon impuissance, celui qui m’a vu me lever et marcher dans la forêt pour la première fois. Bon certes, Grouik m’a aidé, je me suis même plusieurs fois appuyé sur son épaisse carcasse mais j’ai réussi ! Merde c’pas à prendre à la légère quand même !

C’même moi, oui monseigneur, moi, qui suis parvenu à ramener les fruits de la prochaine cuvée, c’qu’il faut les laisser macérer un p’tit moment avant qu’Yui puisse en faire quelque chose d’convenable.

C’est au final ivre de joie que je m’emploie à devenir ivre tout court, buvant de grandes lampées dans la coupelle à alcool avant de la tendre à Yui qui en prend à son tour avant de déposer ce qui reste devant Grouik. Je débute alors une chanson grivoise, l’ermite essai de suivre la cadence, son visage empourpré par l’alcool. Même Grouik vient rajouter son grain d’sel dans cette cacophonie assourdissante.

« Quand l’arquebusier… ! »

« Quand l’bousier… ! »

« Grouiiiinnk ! »

« Arrive en garnison ! »

« Voit un joli fion ! »

« Grouuuuiiink ! »

« Toutes les naines farouches… ! »


« Comme c’lui d’une mouche… ! »

« Grou…Grouuiiiink ! »

« Pooooinnntent du tééétoon ! »

« Il l’en perd la raiiiiisooooon ! »

« Grouiiiiiiiiink ! »

C’est quand je commence à entamer le second couplet qu’une ombre se dessine dans l’embrasure de la fente ménagée dans la paroi rocailleuse. Au brouhaha festif succède un lourd et profond silence, rare sont ceux se perdant dans la forêt, la prudence est donc de mise. Je regarde, attentif, l’esprit en proie aux doutes l’ouverture pour voir entrer un jeune homme. Derrière lui résonne les rumeurs de bruits de pas qui s’arrêtent, piétinant la terre et faisant crisser les pierres.

L’homme est plutôt chétif et bien que ses yeux expriment une certaine maturité, ses traits fins, que dis-je, ses traits féminins et enfantins viennent contraster avec cette impression. Il me jauge pendants quelques minutes sans mot dire. Grouik exhibe ses défenses et grogne avant que je ne l’apaise d’un geste calme.

Le garçon me regarde et me salue alors, m’appelant Korben. Ce nom résonne en moi comme autant de vieux et poussiéreux souvenirs. Je pensais m’appeler Phaïtos mais peut-être me suis-je trompé. La trogne d’cet inconnu ne m’est pas non plus inconnue. Je braque sur lui mon attention, malmenant ma mémoire dans le but de réveiller en moi ces bribes perdues dans les limbes d’ma mémoire.

(Cet air d’tafiole… C’te voix d’femme… Ah putain ! Daemon ! )


Mon visage s’éclaire sous le coup de l’illumination, les pièces s’assemblent enfin, j’étais un Messager, oui un foutu émissaire d’un dieu putride et sans vergogne. Un dieu qui ne mérite que du dédain et je m’exclame soudain :

« Daemon ! Qu’est-ce tu fous là l’demi ? »


Yui me regarde alors et me demande qui est cette personne et je le regarde en chuchotant :

« C’est un fanatique d’un dieu puant, un adorateur du dieu de la mort… J’me souviens maintenant, on va dire que la suite d’évènement m’avait obligé à faire partie d’cet ordre maudit, et on dirait que mon passé me rattrape maintenant… »

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J'suis tête en l'air... Merci à Dame Itsvara pour c'te superbe signature !


Korben's Song.


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 19 Avr 2016 10:11 
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Le cœur d'Anastasie s'arrêta de battre pendant quelques secondes. Elle venait de passer trois jours à enquêter pour arriver jusque dans cette caverne miteuse et puante. Elle avait bien entendu sauvé le village de mineurs dans lequel elle était, mais jamais elle n'avait perdu de vue son objectif : Perçombre. Et cet objectif, ce but, qui l'avait menée jusqu'ici, dans un hameau perdu au bord du Duché de Luminion, à chasser un nécromancien et sa horde de morts, était là, devant elle. Mais plus que la notion de devoir accompli, c'est l'arme en elle-même qui coupa le souffle de la jeune femme. Elle était tout simplement sublime. Dans cette caverne presque dépourvue de lumière, Anastasie ne pouvait pas l'apprécier pleinement, mais même par cette obscurité elle semblait parfaitement jurer avec le décor. C'était une rapière ; fine, élégante, aux détails soigneusement sculptés et à la garde à la fois sophistiquée et simple. Si la lame était d'une couleur métallique tout à fait normale, le reste était tout en nuances de doré, comme pour signifier son appartenance à la lumière. A Gaïa.

L'admiration passée – ou du moins assez pour lui redonner la faculté de mouvement – Anastasie tendit les doigts vers la poignée de la relique. Elle n'était pas sienne, certes, mais elle ne pouvait résister à la tentation de la tenir, de la manipuler. La rapière semblait l'appeler. Et puis, elle savait ces objets légendaires inaltérables, aussi pouvait-elle la ramener sans emporter avec elle ce coffre. C'était une excuse supplémentaire pour satisfaire ce besoin de sentir le poids de la rapière au creux de sa main. Mais lorsque ses doigts se refermèrent sur la poignée de l'épée, une chose étonnante se produisit : la lame, jusqu'alors d'un gris acier propre aux armes communes, s'embrasa en un instant. Ou s'illumina, à bien y regarder. De la base jusqu'à la pointe, tout était maintenant parcouru de brillances rouges et dorées. Mais Anastasie ne sursauta pas à la vue de cette réaction. Au contraire. Ce phénomène la fascinait, mais il lui semblait... logique. Presque familier.

La rapière en main, elle se redressa alors. Son mollet, mordu par le nécromancien, la faisait encore souffrir, mais le sort de vigueur faisait toujours effet, la gardant en pleine forme malgré ses nombreuses blessures.

« Perçombre... » murmura-t-elle.

Derrière elle, un bruit attira son attention. C'était un hoquet de surprise, camouflé par quelques gargouillis lugubre. Elle se tourna pour faire face au nécromancien agonisant, qui fixait la relique, terrorisé. Du sang s'échappait de ses lèvres, l'empêchant d'émettre le moindre son intelligible. Anastasie le regardait droit dans les yeux, stoïque.

« Des décennies d'attente, cloîtré, pour cacher cette rapière au Temple, et la voilà entre mes mains. Des décennies gâchées, pour que je finisse par la retrouver en trois petits jours. Ironique. »

Son ton était glacial. Bien plus qu'il ne l'avait jamais été. Sa colère sourde s'était maintes fois exprimée par quelques piques d'une froideur dont elle avait le secret, mais cette fois sa voix était bien plus calme, maîtrisée. Elle était satisfaite de voir sa mine abattue. Sa propre mort était quelque chose qu'il ne semblait que peu craindre. Mais la défaite qu'elle lui avait imposée, la défaite qu'elle avait, par la même, imposée à Tal'Raban, son maître, l'avait plongé dans un désespoir dont elle tirait un plaisir malsain. Il n'avait pas assez souffert.

Quelques toussotements arrachèrent des crachats de sang au nécromancien ; il commençait à perdre les quelques onces d'énergie qu'il lui restait. Anastasie s'approcha de nouveau de lui, la rapière toujours en main, et s'accroupit à sa hauteur.

« Lorsque tu seras mort, et que les serviteurs de Tal'Raban viendront arracher à ton âme les informations dont tu disposes... n'oublie pas de leur dire à quel point Perçombre s'est illuminée en mes mains. »

Puis, sans un mot, elle se redressa, et quitta la pièce, boitillant légèrement jusqu'à la sortie sans un regard en arrière. Perçombre, dans sa main, brillait toujours. Elle irradiait. Et Anastasie sut qu'elle devrait convaincre Adam de la lui laisser.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 19 Avr 2016 10:16 
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Assise sur les marches du talus, devant la mine, Ak'Laharikah l'attendait. Elle était épuisée, mais ses blessures étaient toutes guéries, grâce à Anastasie. Lorsque la milicienne aperçut la Comtesse, son regard déterminé, l'épée dans sa main, sa mine inquiète laissa place à de la surprise. Elle attendit que la jeune femme l'atteigne pour se redresser.

« Le nécromancien ? » questionna-t-elle, fidèle à son attitude toute militaire.
« Mort, » répondit l'autre sans trahir la moindre émotion.

La femme des dunes fronça les sourcils quelques brèves secondes avant de reprendre son habituel masque d'impassibilité et de hocher la tête.

« Il ne me reste plus qu'à faire mon rapport à la milice alors. Je partirai demain à l'aube. Tu voudras m'accompagner jusqu'à Luminion ? »

Ce fut au tour de la noble d'opiner du chef. Il n'y avait plus rien pour elle ici. Plus de malédiction. Aucun blessé. Elle avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour les aider ; elle était heureuse de pouvoir partir. Et puis, elle était parcourue d'une certaine lassitude. Provoquée par sa journée, éreintante, et la disparition progressive du sort de vigueur qu'elle s'était administrée, mais pas seulement. Elle avait laissé quelque chose dans cette caverne. Une part d'elle-même. De son innocence. Elle avait fait de ces horreurs son quotidien plus d'un mois plus tôt, et ça l'avait énormément endurcie. Mais c'était une autre partie de son innocence dont elle s'était départie quelques minutes plus tôt ; elle s'était rendue coupable. Tout à fait sciemment, elle avait décidé d'abandonner la vie du nécromancien, elle l'avait laissé agoniser alors qu'il était en son pouvoir de le sauver. C'était un meurtre pur et simple, et elle n'en ressentait aucun remord.

« Anastasie ? » s'inquiéta Ak'Laharikah.

Mais l'intéressée balaya ses questionnements d'un mouvement de main et se remit en route, en direction de la caserne.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 20 Avr 2016 03:34 
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Tenant fermement la barbe de son fier compagnon mineur, Broginn courait encore une fois sans réfléchir, sans regarder derrière-lui. Il essayait de perforer les défenses gobelines, sachant pertinemment qu'un affrontement serait à leur désavantage. Il courrait, se dandinant comme un pingouin ivre pour parvenir à avancer dans la haute poudreuse. Le nain brasseur ne faisait plus attention à ce qui l'entourait, il voulait juste avancer, tant et si bien qu'il ne rendit même pas compte que les quelques poils roux qu'il tenaient n'étaient plus reliés à rien.

Quelque secondes plus tard, la tête de Broginn percuta quelque chose. Etrange. Jusqu'à maintenant, il était persuadé d'avoir la voie libre, de n'avoir que de la neige à perte de vue devant lui et pourtant, son séant se retrouvait maintenant au contact de le neige, mais la froideur de cette rencontre ne fit pas le moindre effet au brasseur, son attention étant complètement accaparé parce qui lui faisait alors face. Le cul par terre, il avait ouvert la bouche pour jurer, mais rien ne sortit et sa mâchoire...ne remonta pas. Bouche bée il fixait désormais la créature qui lui faisait face. Un être humanoïde ou presque, mesurant pas moins de trois, quatre ou cinq mètres de haut - difficile à évaluer pour un nain - à la peau grise comme la roche que les nains prenaient plaisir à briser, aux membres aussi épais que...que des nains! Et c'est pas peu dire! Mais ici, nulle pioche ne saurait blesser cette chose...Un troll! Un troll affamé qui avait clairement décidé de se repaître de la chair des deux fils de Valyus. Il n'y avait bien qu'un troll pour trouver leur chair appétissante. Le borborygme qui survint ne fit que tout confirmer et eût aussi le mérite de débloquer les cordes vocales de Broginn.

"Ah bah merde un Tro..."

Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Une grosse paluche vint lui saisir le pied et le brasseur se retrouva la tête en bas, face à face avec le troll. Ses petits yeux noirs et vitreux brillants d'envie, sa grande bouche difforme laissant couler des flots de bave visqueuse, son petit nez reniflant avec vigueur...Peut-être un peu trop de vigueur d'ailleurs. Et alors que les poils bruns de la barbe de Broginn chatouillaient les narines du prédateur, ce qui devait arriver arriva. Un éternuement d'une puissance rare et le nain fut lâché. Lâché puis propulsé sur son compagnon Gorog. Lui plus un flot de morve verdâtre qui reliait les deux nains au nez du troll. Ce liquide collant et écœurant, recouvrait les deux compagnons. Plusieurs filaments épais les entouraient, se collaient à leurs poils, leur peau, leurs vêtements. Comme si une pieuvre de mucus entortillait ses tentacules autour de sa proie, refusant de la laisser partir.

Pourtant Broginn essayait vainement de se dépêtrer de cet amas gluant. Pas parce que c'était dégoûtant non, mais parce qu'il ne fallait pas rester là une seconde de plus à moins de vouloir terminer dans le ventre de la bête.

" De la morve de troll! C'est bon dans la soupe, mais pas dans les poils! Gorog, faut pas qu'on reste là nom d'une pioche émoussée."

Et il joignit le geste à la parole. Se relevant, encore recouvert de résidus nasaux, il essaya d'aider son ami à se relever alors que le troll essaya de nouveaux d'attraper l'un des deux Mertariens.

[HJ : horticulteur ]

_________________
Broginn - Brasseur - Rôdeur

Un tonnelet de bière pour me réchauffer, un tonnelet de bière...Pour vous éclater!


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 20 Avr 2016 14:17 
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Son ami, tête en bas, remuait comme un beau démon pour se défaire de la poigne ferme du monstre horrible qui le tenait par le panard. En vain, hélas, la force de l’être des monts étant telle que même si les deux nains unissaient les leurs en criant très fort « Fusion » pour le frapper, ça ne rimerait à rien, et aurait au moins autant d’effet qu’un pet silencieux dans la face d’un enrhumé. Il n’aurait rien senti. De l’enrhumé, Gorog n’en avait que le nez, et le sien n’était pas bouché. Il restait là, regard hagard, bras ballants, bouche béante et paupière frétillante, à pointer d’un doigt tremblant la sinistre et immense apparition.

« Trololololololololololo… Trolololooooo. »

Il ressassait en boucle, sans pouvoir se ravoir, le nom de cette odieuse créature à laquelle il ne voyait comment réchapper, hormis en se faisant planter dans le sol avec force comme l’aurait fait un horticulteur zélé d’une patate germée.

C’était sans compter le nez.

Oui. En vrai, il pouvait sembler stupide de compter un nez. Ou de compter sur lui, son aide mathématique n’allant pas bien plus loin que le nombre deux, afin d’en compter les narines. Un nez, on n’en a qu’un. Qu’il soit vrai ou faux, laid ou beau, dur ou mou. Gros touffu ou petit joufflu, grand ridé ou mont pelé, on n’en a chacun qu’un. Ce fut pourtant la clé de la situation, car tout remuant qu’il était, la capillarité de bas de visage de Broginn s’en alla chatouiller la susceptibilité des naseaux du nez tordu du troll montagnard, qui n’en put vite plus, et éternua un grand coup sans demander gare. Le brasseur fut propulsé sur le mineur, et ils furent tous deux redécorés façon « art moderne » par la morve à la verve artistique du monstre bipède. Une sensibilité artistique qui ne les touchèrent guère, mais qui laissa pantois d’admiration le troll, dont ils n’apprirent jamais qu’il s’appelait Pollock, fils de Jack, célèbre lui-même pour ses haricots. Ainsi ému par son œuvre spontanée, régurgitée de ses narines en épais glaires verdâtres s’étalant dans les barbes conjointes des deux nains englués, il versa une larme qu’il écrasa sur sa joue d’un revers de sa main. Il admirait, ronronnant comme une chaudière naine son art primitif, dont les nains voulaient, à grands coups de mains, dépatouiller leur barbe maculée.

Ça collait, ça faisait des fils pire que du fromage fondu dans une soupe, et ça avait ce petit gout plutôt salé qui s’imposa à Gorog lorsqu’il s’aida de sa langue pour se débarrasser du flux vert qui lui cernait la bouche. Loin d’être répugné par la substance indélicate, elle lui permit surtout de retrouver ses esprits. Ils auraient bien le temps de récupérer de la morve d’une telle qualité plus tard pour en faire une bonne soupe aux grumeaux. Nul doute que le brasseur ivre en connaissait la recette exacte. Mais tout comme lui, il notait l’urgence de fuir cet ennemi à l’âme poétique dirigée par le chaos de ses créations. L’art éphémère, y’avait que ça de vrai, même si le gros truc gris ne semblait pas de cet avis. Aussi, quand ils furent débarrassés du plus gros des glaires, le troll se fâcha de nouveau, et son ami s’écria pour lui dire qu’il ne fallait pas rester plus longtemps dans les parages. Et à raison : le troll en avait désormais deux, de raisons, pour les attraper. Satisfaire son estomac grognant et récupérer son œuvre défaite pour l’encadrer dans son antre, sans doute proche.

Mais le duo des nains ne le laisserait pas faire. Ça non ! Par la Déesse Métal, ils fuiraient ce géant, et pas sans astuce. Les jambes du troll étaient trop longues pour qu’ils puissent penser à le distancer, fussent-ils d’excellents coureurs de fond. Ou de jupons, pour Gorog, qui dans sa prime jeunesse avait eu pas mal de succès avec les jolies naines trapues aux barbes légères et finement tressées. Non, la solution, elle était sous eux : la neige. Suffisamment tassée pour marcher dessus sans s’y enfoncer par-delà la taille, ou les genoux, si l’on prenait l’échelle du troll (et il en fallait bien une pour grimper jusqu’à lui), elle était pourtant faite d’une couche bien plus épaisse, qu’il suffisait d’un peu forcer pour s’y enfoncer plus profondément, tels d’adorables lapins des neiges. Espérant son compagnon suffisamment sagace pour comprendre la nature de son plan, il hurla à pleins poumons :

« On plonge ! »

Et aussitôt, d’un saut digne d’une nageuse de natation synchronisée, spécialité des elfes bleus de Lebher, il bondit tête la première dans la poudreuse, s’enfonçant entièrement dedans pour y creuser avidement une galerie grossière pour s’échapper, tel un ver. Après avoir parcouru quelques mètres sous la poudreuse, il refit surface pour voir où il était : il avait bien parcouru trois bons mètres. Le Troll, le voyant émerger de la sorte, grogna avec colère et tenta de le frapper de son poing fermé, comme un marteau géant. Gorog s’enfonça de plus belle, ne ressortant que deux mètres plus loin. Là encore, le troll le poursuivit en s’élançant pour tenter de l’assommer d’un coup de poing. En vain : le nain était rapide. Plus rapide qu’un troll, en tout cas. S’ensuivit un ballet improbable de deux nains qui sortaient leur tête de terre par des trous dans la neige, et un troll perdant patience qui tentait de les cogner dur. Ils venaient d’inventer un jeu qui, sans qu’ils en aient conscience, peuplerait encore longtemps les foires et salles de jeux.

Hélas, tout ne se termina pas par un joyeux tintinnabulement signalant victoire ou défaite. À force de frapper le sol de toutes ses forces, le troll avait fini par fragiliser la couche supérieure du glacier sur lequel ils étaient fourrés. Aussi, quand victorieux, il parvint à les attraper tous deux, les empoignant victorieusement dans ses poings fermés, prêt à les cogner l’un sur l’autre pour les assommer, la glace craqua et ils tombèrent.

Ils churent, ils churent, tombaient dans le vide, vide, tombaient dans le vide. La chute fut rapide, violente, mais profonde, et dans les entrailles des monts qui les avaient vus naître, ils finirent par atterrir, loin sous la surface, dans une sombre crevasse, grotte ancestrale oubliée de tous. Leur ennemi massif fut leur protection, lorsqu’il s’écrasa par terre de tout son long, torse percé de stalagmites acérées, amortit la chute des deux nabots barbus, qui n’en furent pas moins assommés sur le coup. En tout cas, Gorog le fut. Assommé, pas de bière, bien qu’il aurait préféré.

[HJ : Concupiscant.]

_________________
Gorog, nain.

Le nez, c'est l'idiot du visage.


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 20 Avr 2016 21:39 
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Un renfoncement moussu

Une grimace dubitative déforma le visage de Korben alors que sa barbe rousse frémissait. Il leva les yeux, comme pour fouiller les tréfonds de sa mémoire, émit une légère hésitation, puis son visage s'illumina en un soubresaut de réminiscence. Le Thorkin s'exalta jovialement et accueillit Daemon d'un large sourire. Il lui demanda à sa manière, familière et abrupte, quel bon vent l'amenait. L'étrange homme qui n'avait pas quitté le fanatique des yeux fronça les sourcils et demanda à Korben qui il était. Le nain se pencha dans sa direction et lui souffla grossièrement quelque chose.

Daemon ne perçut que des brides de son explication, mais retint les expressions « dieu puant » et « ordre maudit », ce qui le chagrina profondément. Alors qu'il avait encore l'espoir de démanteler un sinistre quiproquo, ces termes confirmaient la version de Merilian. Daemon dut se rendre à l'évidence, Korben les avait bel et bien trahi...

Le visage de Daemon s'assombrit et il détourna les yeux, incapable d'affronter le regard de son ancien ami.

« Je suis venu te retrouver, sous les ordres de l'ordre... »

Rassemblant son courage, il se confronta aux prunelles noisette.

« ...pour t'exécuter. »

L'ermite barbu répandit un déferlement de beuglements scandalisés qui se répercutèrent contre les parois de la caverne. Mais à sa grande surprise, alors que les hurlements hystériques ne tarissaient pas, Korben resta silencieux et grave. Sa gaieté s'était évidemment évanoui, mais la déclaration ne parut pas le surprendre.

Korben rassura le sanglier paniquant à cause de la brutale agitation, puis il s'adressa calmement à son forcené de compagnon en invoquant le silence. L'ermite s'interrompit en un instant, les bras ballants, les yeux révulsés.

Le Thorkin pesta dans sa barbe et maudit la magicienne et sa clique en les accusant de tous les maux. Il adressa un regard compréhensif au semi-elfe et avoua avec un début de sourire qu'il ne lui en voulait pas. Malgré l'ironie de la situation, Korben confessa qu'il le tenait en estime, l'appréciait malgré ses origines elfiques et douteuses, et le considérait comme un véritable ami.

Daemon fut véritablement ému par sa déclaration.

« Tout est de ma faute. Si je ne t'avais pas embarqué dans mes histoires, rien de tout ceci ne serait arrivé... »

Korben s’agaça et évacua ses pleurnicheries d'un revers de main. Il se détourna et claudiqua jusqu'à une table grossière. Daemon remarqua qu'il portait une jambe de bois, ou plutôt une sorte de pieux encastré dans sa chair, à la place de sa jambe sectionnée. L'épouvantable souvenir du combat dans la crypte d'Endor lui revint à l'esprit, les effusions de sang, les cris effroyables de Korben alors que le squelette venait d'abattre sa formidable hache... La même hache aux reflets mordorés que Korben tenait à présent entre ses mains. Il s'adressa à Daemon avec force, l'enjoignant de sortir annoncer aux corbacs qu'il acceptait son sort et se battrait comme un Thorkin digne de ce nom.

Impressionné, le fanatique hocha la tête et se détourna vers la lumière extérieure. Une fois dehors, il rejoignit la troupe d'encapuchonnés. Merilian lui demanda si le travail avait été accomplit, auquel il répondit que le nain désirait un duel digne. Prudente, elle s'assura qu'il n'y avait pas d'entourloupe et demanda s'il pouvait s'enfuir par une autre sortie. Daemon déclara avoir inspecté la grotte et qu'elle ne disposait d'aucune autre issue. Alors, les Messagers du Corbeau s'avancèrent et formèrent un large arc de cercle et attendirent en silence.

Au bout de quelques minutes, une silhouette imposante se dessina dans l’embrasure ombragée de la falaise. Korben sortit la tête haute, monté sur son énorme sanglier au pelage gris moucheté de noir. Sa cotte de mailles scintillait au soleil. Il fit un détour afin de parader, puis s'arrêta sur un petit promontoire de pierre affleurant de la paroi rocheuse et exhiba avec solennité sa hache magnifique.

Puis il pointa son arme en direction de Merilian et sans délicatesse l'accusa à son tour de trahison, l'abreuvant d'une pluie d'insultes particulièrement virulentes. Daemon observa la nécromancienne qui restait de marbre sous l'insistance tapageuse du nain. Elle pivota légèrement la tête et lui adressa un regard en coin, sombre et explicite.

Alors Daemon s'embruma. Il sortit des rangs et vint se placer en face de son adversaire. Il dégrafa l'attache de son long manteau noir et d'un geste vif, projeta l'étoffe dans les airs. Son bras découvert et tendu révéla son gantelet noir aux courbures tranchantes. Refermant ses doigts en un poing compact, Daemon adressa à Korben un regard pourpre empli d'une funeste détermination.


Pardonne-moi

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Multi : Erastos, Meraxès
Thème : Catacombae - Mussorgsky


Dernière édition par Daemon le Mer 27 Avr 2016 21:37, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Jeu 21 Avr 2016 21:05 
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Daemon m’annonce plutôt froidement le pourquoi de sa venue. Faut dire que c’pas si surprenant venant d’un ordre régit par les doctrines d’un dieu vantant les mérites d’la mort. Je le regarde, lui qui s’dit investit d’une mission divine, et quelle mission ! M’tuer, rien que ça, et bonjour l’prétexte ! Traîtrise hein ? Parce que s’faire balancer pieds et mains liées par un serviteur zélé autant qu’fêlé c’en est vraiment une ? Surtout quand on sait qu’c’est la folle Meri qu’est derrière tout ça. Bon, soit, j’aurais pu, dû, revenir. Mais faut s’l’avouer, j’étais bien ‘vec Yui et Grouik à jouir de l’instant présent tout en m’imbibant copieusement…

Yui commence de gesticuler en psalmodiant des menaces et des braillements de mécontentements avant que je ne le calme lui et Grouik, qui, paniqué par les éclats de voix, semble prêt à charger au moindre geste mal interprété. Je fixe ensuite le demi avec gravité. Je sais quel destin m’est réservé et je sais pertinemment ne pas pouvoir m’y dérober.

« C’est Mérilian qui est derrière tout ça. » déclaré-je avant de reprendre d’un ton grave « Mais crois pas que j’vais supplier pour ma vie. Je l’aime trop, ou pas assez, question d’point de vue, pour ça. Alors j’vais t’combattre l’demi, c’est pas d’gaîté d’cœur car même si t’es un elfe, j’t’aimais bien toi et tes pitreries. Maintenant on a pas l’choix et j’préfère encore que ce soit toi plutôt qu’un d’ces foutus corbacs. »

Je me déplace en claudiquant jusqu’à la table en bois qui fait office de seul mobilier et récupère Titine. C’est là le vestige de mon ancienne vie, je me souviens maintenant… J’étais avec Sine et le demi dans les catacombes, cette hache m’aura couté une jambe, d’aucun dirait que le prix fut plus élevé que la récompense. Je demande alors à Daemon de m’accorder quelques instants, requête qu’il accepte sans rechigner avant de partir dehors rejoindre sa cohorte d’emplumé.

Je regarde mon ami et déclame avec calme :

« C’est la mort qui m’attends dehors, elle vient d’Endor où le mal se tapit mais jamais ne dort. Le destin fut bien généreux en m’accordant la chance de te connaitre mais l’heure est venue, je dois quitter cette terre en véritable nain, l’arme au poing. »

Il inspire un grand bol d’air et m’avoue alors qu’il faisait lui-même partie des Messagers. Qu’il a fui cette vie pour se consacrer à la nature et enfin connaitre la joie. Pourtant il ne peut se résigner à me laisser arpenter les couloirs des enfers seul et me demande un instant. Il farfouille dans un épais tas de feuille et ressort avec une masse rouillée et proclame qu’il me servira d’écuyer, la vie, à la mort !

Je le prends soudainement dans mes bras et lui murmure que je suis fier de mourir en brave à ses côtés, puis, je me retourne et flatte l’encolure de Grouik avant de lui grimper dessus. Ma hache dans une main, l’autre me servant à rester stable, je m’avance vers la mort, vers mon destin, si funeste doit-il être.

La peur m’effleure mais ne m’entrave pas, tout nain sait qu’il doit affronter la mort à bras le corps. Marche ou crève disait le paternel, enfin, boite ou crève serait plus approprié. Je sais mes chances de vaincre le demi inexistantes et pourtant… je ne peux que me résoudre à me battre, jusqu’à mon dernier souffle.

Je sors alors, monté sur mon noble sanglier, paré de toute la fierté qu’il me reste. Yui me suit de près et se tient derrière moi, la masse dans sa main droite. Le soleil est haut dans le ciel et mes yeux se perdent à l’horizon. Le spectacle est magnifique, surtout quand l’on sait que ce sera la dernière fois. C’est maintenant que je réalise que la vie mérite d’être vécue mais c’est trop tard. J’ai une dernière pensée pour les miens, ma famille, mon vieux cercle d’amis… J’aurais aimé être entouré du paternel, pourquoi pas d’Nib’, de groseille et de talzigog… M’enfin, c’est pas comme s’ils allaient débarquer comme des fleurs… Je sens des larmes monter mais me reprends aussitôt et regarde les emplumés, une bonne dizaine, là à attendre, le visage dissimulé sous le couvert des capuches rabattues. Je braque alors, dans un geste que j’veux théâtral la lame de ma hache en direction de Mérilian.

« Espèce de radasse de comptoir ! Mon esprit n’connaîtra de répit que quand tu boufferas les pissenlits par les racines ! Tu m’as trahi ! Fait jeter dans ce foutu fleuve ! Je te jure que tu le paieras un jour sale pute ! Oui un jour ! » m'exclamé-je avec force.

Elle ne réagit même pas, se mure dans un silence grave, son visage n’exprime aucunes émotions mais je sens du plus profond de mes tripes que c’est bien elle… Elle jette alors un regard à Daemon qui s’avance aussitôt. Il dégrafe sa cape et exhibe son gantelet… C’truc aussi m’dit quelque chose, j’me souviens d’un ours, qu’il était question qu’j’m’serve du demi comme d’un bouclier humain… Ah oui ! Sa foutue relique ! Il l’a toujours donc…

(Au-moins ma mort sera-t-elle rapide.)

Je soulève ma hache, la brandit bien haut avant de rugir et d’enjoindre Grouik de foncer. J’hurle et à travers ce cri perce ma détermination, je ne mourrais pas sans combattre.

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J'suis tête en l'air... Merci à Dame Itsvara pour c'te superbe signature !


Korben's Song.


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 27 Avr 2016 21:36 
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Comme un Thorkin digne de ce nom

Comme le voile du destin, une bruine dense couvrit le lointain et embruma la perspective, scellant l'issue tragique de ce combat inévitable. La maille de Korben ne brillait plus, sa hache s’assombrit, seul son courage continuait à flamboyer. Le crachin délicat fit frémir l'échine exposée de Daemon, qui malgré sa détermination apparente, se perdait dans les méandres noueux et agités de son esprit.

Alors, Korben lui rendit service et mit fin à ses troubles. Il brandit sa hache et talonna sa monture en poussant un formidable cri de guerre. Le sanglier dévala les rocailles incertaines avec une assurance surprenante, tandis que son maitre présenta bien haut le tranchant de son arme. Pendant ces quelques secondes, le semi-elfe murmura une incantation silencieuse apprise dans l'un de ses parchemins. Ombre et douleur tourbillonnèrent sombrement en lui, car pour user de ce sortilège, une dîme vitale devait d'être versée. Mais à présent une force impie à la nature grandissait, conférant à ses muscles une déraisonnable puissance.

Il s'arracha du sol en une seule impulsion afin de se dégager de la trajectoire furieuse, puis plongea son ténébreux membre sur le monteur de sanglier. Mais l’œil percé du Thorkin se trouvait de l'autre côté et il ne fut pas dupe de la manœuvre. Parant les doigts crochus du plat de sa hache, un tintement métallique marqua le premier essai de la sinistre joute.

Porté par son élan, le gros mammifère dut effectuer un large virage pour repartir en lice. Mais alors que Daemon suivait son allure avec attention, une vive mise en garde se fit entendre. Il se détourna vers les spectateurs et vit Asad sur le point de dégainer, les yeux rivés sur quelque chose dans son dos. Un roulement de caillou confirma une présence et le semi-elfe eut à peine le temps de se détourner qu'il esquivait à peine un coup de maillet.

Le fanatique bondit en arrière et essuya un filet de sang coulant de son front qui gênait sa vue.

Le vieil ermite gueulard venait de se joindre en combat et enjoignait déjà son arme à récidiver. Le visage barbu, blafard et révulsé, l'ermite l'asmata de coups désorganisés qui le forcèrent à se protéger. Il criait, hurlait, beuglait comme un enragé, enchaînant ses frappes sans s'arrêter. Daemon recula et le laissa braver le vide, tentant de trouver une faille dans la garde de son adversaire. Mais ses mouvements frénétiques et chaotiques ne lui laissèrent entrevoir aucune perspective, puis, constatant que le sanglier s’apprêtait à charger, il entreprit les grands moyens. Les yeux rivés sur l'assaillant azimuté, il fronça les sourcils et bondit mentalement comme une bête immonde. Les griffes de la tenaille mentale enserrèrent l'audacieux, alors, l'homme se figea.

D'un seul et même mouvement, Daemon déploya ses serres à la rencontre du visage égaré. Une partie fut directement arrachée et son crâne s'ouvra comme une fruit trop mûr. Une longue giclée rosâtre et rouge colora le paysage, puis le corps tomba avec un écho spongieux. Daemon resta coi en observant sa main gantée recouverte d'une pulpe sanguinolente, il ne concevait pas que le sortilège de la force obscure puisse lui conférer cette force insondable.

Korben dérailla complètement en découvrant le meurtre de son ami et chargea en poussant un terrible et désespéré hurlement continu. La tristesse et le désespoir se lisaient dans son regard humide. Il savait pertinemment que ses derniers instants se déroulaient. Daemon l'avait bien senti lors de leur premier échange, quand le nain intercepta son assaut insidieux, sa parade était faible et dénotait de sa déplorable condition physique. Malgré les soins prodigués par Kadria, il ne s'était pas remis de sa dernière blessure et se battait corps et âmes avec la terrible certitude de l'échec. Ce nain chargeait et injuriait virilement, souhaitant la fin que les guerriers considèrent comme digne.

De son expérience, Daemon avait compris que les derniers instants ne transpiraient jamais vraiment la dignité. Alors, par égard pour Korben, par respect envers les préceptes des Messagers, il décida d'en finir rapidement.

( Pardonne-moi, Korben. Puisses-tu trouver la félicité dans les autres sphères d’existence... )

Le fanatique se transforma en une ombre meurtrière et happa l'atmosphère nimbée de cette pluie brumeuse, son gant passa au-dessus des défenses du sanglier, de son échine, puis ses doigts vinrent se figer entre les côtes du cavalier. Le choc arracha un rictus de surprise à Korben qui fut directement désarçonné. Daemon accompagna sa chute comme il le pouvait et retira sa main de ses entrailles. L'observant de ses petits yeux noisette, Korben sourit et prononça de muettes paroles, avant de se figer éternellement.

Alors que le sanglier errait autour, égaré, le semi-elfe resta un long moment au-dessus de la dépouille. La pluie ruisselait abondamment le long de ses joues. Puis il se leva et lança un regard sépulcral à la nécromancienne.

« Êtes-vous satisfaite ? »


Trouver un nain

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Dernière édition par Daemon le Jeu 28 Avr 2016 23:37, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 27 Avr 2016 21:50 
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Merilian avait le visage baissé, les yeux dans l'ombre. Elle semblait... impossible à dire. Il n'y avait aucun bonheur, ni aucun malheur en elle. Gauwin se tenait à côté d'elle. Il prit sa main d'un geste et murmura :

"Pourquoi a-t-il dit que tu étais derrière sa mort ?"

"C'est faux."

"Alors..."

"Silence ! Plus un mot ! Que le silence plane sur la tombe de celui qui à vu le Cinquième Lord..."

Et le silence tomba. Il plana un instant, puis elle détourna sa monture et s'éloigna, les épaules voutées. Alors que vous partez, elle te donne tes nouvelles instructions, laconique : Tu dois aller porter la nouvelle de cette mort au frère de Korben, un certain Nibelung. Au dernières nouvelles, il partait pour Kendra Kâr en compagnie d'une potentiel recru que les agents de Darhàm n'avaient pas réussi à rattraper à temps. Charge à toi de transmettre le message...

"Car ainsi, tu comprendras qu'il faut toujours garder en mémoire les conséquences de ses actes. Nous payons tous, un jour, pour apprendre cette leçon."

... et de ramener la recrue.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 19 Juin 2016 09:03 
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Les sentiers montagneux qui flanquent la montagne se succèdent les uns après les autres et j’en profite pour observer les plaines qui s’étalent en contrebas. Le soleil luit haut dans un ciel dépourvu de nuages et me réchauffe tandis que je me perds dans ma contemplation des environs. J’ai l’impression d’observer le dos d’un animal à la toison verdoyante. Le vent furieux qui survient fait ployer la cime des arbres, balaye la plaine et fait onduler sa crinière.

Sine m'a évoqué le comté de Luminion, c'est là-bas que se trouve le castel d'Endor, j'espère que ce n'est pas trop loin car je n'en peux plus. Marcher est pour moi une tâche si rébarbative... Nous marchons depuis plusieurs heures quand je me décide à le questionner afin de faire passer le temps. L’interpellant, je lui demande avec une moue hésitante :

« Vous avez quoi autour du château ? Un village, des fermes ou des marchands ? Et qu’en est-il de la politique en ce qui concerne… les ententes entre membres ? J’ai peur de m’ennuyer si je dois me contenter de ma simple… présence, si tu vois ce que je veux dire. » dis-je avec un clin d’œil complice à son attention.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 19 Juin 2016 09:30 
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Il ne semble pas vraiment comprendre ce que tu voulais dire mais te répond :

"Nous ne sommes pas très nombreux, pour l'instant, la plupart vivent dans le château. Les ruines ne paient pas mine de l'extérieur mais l'intérieur a été bien réhabilité. Ceux qui le veulent peuvent néanmoins rester à l'extérieur. Pour ce qui est de l'entente..."

Il fait une grimace :

"Ça va et ça vient. Nous sommes unis par notre foi en Phaïtos, mais il arrive que des querelles de pouvoir entachent un peu cela."

Vous avez alors la surprise de croiser une meute de liykor blancs qui semblent connaître Sine. Un groupe de chasseurs descendu d'Amarok. Sine entreprend de négocier un peu de nourriture tandis que les liykor blanc, tu n'en avais probablement jamais vu, prennent quelques nouvelles du monde, bien que celui-ci semble ne les intéresser que modérément.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 19 Juin 2016 10:02 
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Le vent rugit et fait bruisser les feuilles des arbres, des oiseaux perturbés s'envolent en nuée et tracent dans les cieux des vrilles inconstantes... Le soleil règne sans partage sur le firmament aux nuances bleutées alors que des nuages y vagabondent mollement. Des rumeurs de bêlements retentissent au loin et j'imagine des boucs se pavaner dans ce territoire qui leur est familier, bramant inlassablement...

Mon compagnon de route ne semble comprendre le réel sens de ma demande concernant les liens charnels entre les membres et je décide de ne pas insister, je verrais par moi-même. Sine me parle ensuite du castel et de ses environs, les alentours eux-mêmes ne sont guère flatteurs mais l‘intérieur s’est vu être l’objet d’une rénovation qui ne devrait pas me déplaire, à moins bien sûr que je ne souhaite séjourner dehors, rajoute-t-il en souriant. Je crois décelez ici une tentative d’humour et pour la sympathie que j’éprouve déjà envers ce grand gaillard, rigole de bon cœur. Il rajoute cependant, tout grimaçant, que des querelles intestines peuvent survenir bien que le lien qui les unit soit fort.

Je m’apprête à lui demander des informations supplémentaires quand surgit sur la route une assemblée pour la moins surprenante. Je n’ai jamais vu pareil bête, jamais de cette couleur en tout cas… Des Liykors revêtus d’une fourrure opaline étincelante sous le joug du soleil s’approche. Je ne suis pas habitué à ces êtres loups, ne sachant comment réagir je regarde Sine dont la gueule se déride, il exhibe un énorme sourire carnassier que je ne sais comment interpréter.

Mais toute intention belliqueuse de la part de ces inconnus disparaît comme glace au soleil quand je les observe, ils portent principalement des arcs et ne sont surement que des chasseurs. Sine salue d’une voix égayée par la joie de cette impromptue rencontre les blancs liykors avant que je ne l’entende commencer à marchander avec celui qui semble être le porte-parole du groupe, un liyor plus imposant que la moyenne dont certaines canines dépassent de sa gueule pourtant fermée.

Je m’approche, l’esprit embarrassé de multiple question. D’une voix timide et une fois arrivé devant le groupe, je me présente rapidement avant de regarder le chasseur principal.

« Ce pelage que vous avez là, c’est dû à la magie ou est-ce de naissance ? Et d’où venez-vous ? Des confins d’une terre glaciale ? » je reprends rapidement mon souffle et continue sur ma lancée « Et par ailleurs, vous qui êtes des chasseurs, ne connaissez-vous pas un raccourci pour arriver dans le comté de Luminion au plus vite ? »

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 19 Juin 2016 13:33 
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Le chasseur éclate de rire :

"Nous sommes les Fujoniens d'Amarok. Notre pelage est ainsi ! QUand à notre demeure... Nous n'en parlons pas car nous ne voulons pas être dérangé. Seul ton ami est admis parmi nous."

À ta demande de raccourci, ils acquiescent et vous désigne une direction. D'après eux, il n'y a pas de sentier, mais les animaux de la forêt on laissés une piste à travers les fourrés menant à un lac de montagne. De là, vous pourrez rejoindre directement la route, puis le château...

"Attention, tout de même, on a repéré une petite meute de woger dans cette direction."

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 19 Juin 2016 15:08 
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Le chasseur liykor part dans un rire tonitruant avant de me dévisager et reprenant un semblant de sérieux, se désigne, lui et ses compagnons, comme les Fujoniens d’Amarok. Il m’explique ensuite que leur pelage a toujours été ainsi dans son clan, qui n’ouvre ses portes à personnes, exception faite des autres liykors.

Je ne me montre pas plus entreprenant. Je comprends parfaitement qu’ils souhaitent garder le silence sur leur demeure… qui sait ce que la vilenie des Hommes pourrait les pousser à faire contre ce peuple si différent ? Ils sont surement de paisibles chasseurs et cherchent donc à rester discret mais ma question aura au-moins trouvé écho. Le liykor désigne de son long bras poilu la voie à emprunter. Il m’explique que nous devrons couper à travers la forêt, passer par le simili de sentier laissé par les animaux sauvages. D’après lui, si nous suivons bien la piste, il ne nous restera qu’à continuer jusqu’à un lac de montagne, de là nous pourrons rejoindre la route pour arriver au château. Il me met toutefois en garde, lui et ses compagnons ont repéré dans cette direction une petite meute de woger.

(C’est quoi encore ça… )

« Merci pour ce conseil, et cet avertissement. Mais c’est quoi au juste…un woger ? » demandé-je avec une pointe d’angoisse dans la voix.

Le liykor me regarde avec un air légèrement désabusé et essaie de me décrire ces bêtes, une sorte de grand loup, pourvu de cornes sur le haut de la tête qui projettent la foudre… Il me souhaite alors bonne chance et je le remercie encore avant de lui souhaiter une bonne journée.

« Bon, allons-y alors, nous verrons bien ce qu’il en est… » dis-je en regardant Sine avec appréhension.

Je commence à avancer en direction du début de la piste sauvage, priant pour ne pas avoir à rencontrer ces affreuses bestioles pendant le trajet.

Les herbes sont aplaties là où nous passons et je remercie les animaux de laissé pareil sentier forestier. Nul besoin d'un talent de pistage, nous n'avons qu'à avancer comme nous l'a si judicieusement conseillé le chasseur. Je regarde les alentours avec une certaine prudence, conscient grâce aux paroles des liykors qu'un réel danger rôde dans ses bois... Ces bêtes qui sèment la mort pour satisfaire un besoin primaire me donnent la chair de poule.

(Et si je dois en croire le liykor elles peuvent même utiliser la puissance de la foudre... et forcément ces bestioles doivent avoir un sacré odorat ainsi qu'une bonne audition.)

Les arbres se succèdent et se ressemble, les couleurs diffèrent pourtant, certains ramages arborent des teintes émeraudes alors que d'autres revêtent des robes pourpres comme le sang. Je me souviens des paroles d'un soudard qui fréquentait avec assiduité mon ancien bordel, selon lui les arbres aux feuilles rouges forment de mauvais présages, souvent entachés de sang... J'essaie de ne plus y penser et demande à Sine s'il ne sent rien ou ne distingue rien, lui qui doit avoir une vue perçante et un bon odorat.

"J'espère que non, j'espère que le chasseur s'est trompé ou que la meute a changé de territoire de chasse... Je n'ai vraiment pas envie de croiser ces abominations..." dis-je dans un soupir en disant long sur ma motivation à combattre.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 28 Juin 2016 19:49 
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Le temps est pesant et les nuages aux traits menaçant s’amassent dans le ciel, forment un dôme aux nuances sombres. Les rayons de l’astre solaire peinent à le traverser, n’éclairant que par bribes éparses la lugubre forêt flanquant la montagne. Des corbeaux s’envolent, croassant, eux, les Messagers de la mort, eux, qui saluent les futurs trépassés depuis longtemps oubliés. J’en frissonne et interprète ça comme le signe annonciateur d’un danger imminent.

Je presse alors Sine de répondre à ma question mais il se contente de secouer la gueule d’un air dépité, m’avouant n’avoir rien vu ou entendu. Je pressens pourtant l’imminence d’un danger encore tapi dans l’ombre… Un orage éclate tout proche, il gronde au-dessus de moi. Les cieux sont zébrés d’éclairs qui pourfendent le dôme nuageux, éclairant fugacement les alentours. Une pluie drue commence alors à tomber, comme si le ciel pleurait toute sa peine. Les gouttes heurtent mon corps immobile, ruissellent comme autant de petites rigoles le long de mes vêtements. Je lève la tête et contemple la foudre, elle lézarde le firmament avec acharnement, frappe de plus en plus souvent, avec de plus en plus d’intensité…

Un énorme arbre poussant sur une bute de terre est subitement frappé par la foudre. Sa vie prend fin alors que son ramage s’embrase, les flammes le dévorent et se propagent avec fulgurance. Elles lèchent le tronc et le font craqueler puis noircir jusqu’à mourir, terrassé par l’impitoyable force des éclairs. La lueur émanant de cette torche improvisée brûle avec intensité dans la pénombre, se forment alors tout autour des ombres aux contours indistincts… Elles apparaissent et disparaissent à la faveur des flammes, je ne parviens pas à déterminer ce que c’est mais la peur me saisit, sape mes fragiles défenses érigées par un courage illusoire. Mon corps est victime de tremblements qui vont jusqu’à ébranler mes fondements.

Un hurlement déchirant résonne à ma gauche, un autre à ma gauche au même instant… La pluie se mêle à la transpiration causée par l’angoisse. Je tente vainement de me calmer, sachant pertinemment ce qu’il va arriver si je me laisse aller au désespoir. Sine pose alors sa patte griffue sur mon épaule et d’un ton alarmé m’ordonne de le suivre.

Je le regarde mais ne bouge pas, ne parle pas, je me contente de l’observer avec des yeux écarquillés.

« Dépêche-toi ! Cette fois je l’ai bien senti ! Ils… arrivent. Il nous faut fuir tant qu’il est encore temps ! » hurle-t-il à mes oreilles avec conviction, me maintenant les deux épaules et me secouant comme un sac de patates.

« Il est trop tard. Si nous fuyons ils nous frapperont dans le dos. Il faut faire face… » lui répondis-je dans un murmure.

Un nouvel hurlement déchirant résonne derrière moi, bien trop proche… Je subis les assauts répétés de la peur qui étreint mon cœur mais je ne peux plus fuir… Mon palpitant martèle contre ma poitrine, ma bouche devient aride et mes genoux s’entrechoquent avec violence mais je ne veux pas encore fuir. Je pense à cette vie que je veux vivre et non subir, à tous ces rêves que je peux encore accomplir et j’y puise une nouvelle résolution.

Un autre cri sauvage m’alerte et c’est à ce moment que je la vois… La bête cornue me brave du regard. L’un de ses yeux est fermé et surmonté d’une cicatrice, son pelage tire vers le blanc ivoirin mais sa queue elle, est bien plus sombre. Elle semble malingre mais dans son œil brûle la détermination. Celle du chasseur qui va abattre sa proie, se repaître de sa chair. Je suis face à une sorte de loup, cependant bien plus massif et pourvu de deux épaisses cornes saillant de part et d’autres de son crâne. Elle grondement doucement et je me tiens prêt à réagir quand un braillement de Sine m’oblige à me retourner. Deux autres loups se sont approchés silencieusement dans mon dos, profitant d’un angle mort et de la diversion de leur congénère… Je ne sais plus où donner de la tête quand Sine m’envoie valser d’une ruade au sol. Le loup qui avait jusque-là retenu mon attention a bondit là où je me trouvais il y a quelques secondes à peine. Je me redresse d’une roulade et essaie de dominer ma respiration. Le loup borgne continue de me défier du regard avant de japper rapidement. Les deux autres loups avancent alors jusqu’à Sine que je ne peux pas aider…

La créature la plus imposante exhibe ses crocs effilés, son dos se cambre et ses griffes s’enfoncent dans la terre meuble. Tous ses muscles sont tendus, prêt à bondir pour me déchiqueter mais je me tiens prêt à parer toute éventualité, l’esprit en ébullition.

(Je n’ai pas le droit à l’erreur. Je dois l’affronter, lui et les autres si je veux m’en sortir.)

Je ressens l’angoisse déchirante de l’attente, ce moment qui se verra bientôt succéder par le feu de l’action… L’excitation du chef de la meute se confronte à ma volonté de survivre, celle de l’animal aculé alors que nous nous faisons face. Je vois la salive couler le long de sa mâchoire barbelée de crocs aiguisés, un grognement guttural amorce son premier mouvement. Le ciel connait soudain un nouveau soubresaut, déchiré par un trait de lumière aveuglante qui s’extirpe du dôme nuageux et vient frapper la terre comme une punition divine. Mon autre œil cape le mouvement du loup qui bondit, les griffes brandies !

C’est à ce moment que tout s’enchaine, le fluide sombre en profite pour frapper, ayant trouvé derrière mon vernis de confiance une brèche par laquelle s’infiltrer. Il se déverse, sauvage, se répand comme le feu dans une forêt de sapin. Mon sang pulse dans mes veines, devient brûlant, mon cœur bat frénétiquement… Une seule pensée m’habite à présent, elle accompagne chaque battement erratique de mon palpitant.

(Survie.
Vivre….
Tue…
Tue ceux qui te menace…
Tue les avant qu’Ils ne le fassent.)

Je plonge vers la bête et empoigne ses cornes pour l’empêcher de me mordre, emporté par une rage bestiale. Mais de ses pattes, la bête lacère mon abdomen, m’oblige même à lâcher prise alors que je hurle de douleur et de colère. Je recule vivement, passe une main sur mon torse. Le contact est dérangeant… poisseux et douloureux.
Mais le loup ne veut pas me laisser de répit et plonge vers moi, je n’ai pas le temps d’esquiver qu’il me happe l’épaule droite. J’ai l’impression qu’elle est dans un étau dont la prise ne ferait que s’accentuer à mesure que l’on essaie de s’en dégager. La bête qui m’habite rugit de plus belle, déverse sa haine à travers moi quand j’invoque une aura glaciale.

Le prédateur, interloqué par ce brusque changement d’atmosphère lâche prise, la douleur reflue quelque peu. Il s’écarte vivement et grogne en montrant ses dents, un peu hésitant. Mes pensées ne sont tournées que sur mon odieux adversaire, ce rival qui veut s’abreuver de mon sang. La bête gronde encore en moi, ses griffes raclent et labourent mes côtes, trépignant d’impatience. Mes yeux ne sont à présent que deux fentes.

Autour de nous résonne la tempête. Les éclairs illuminent les cieux, le vent brutal vient arracher des gémissements aux arbres qui ploient devant sa puissance. Le tonnerre bat tel les tambours d’une armée en marche. Je capte un bref flash aveuglant et me jette en avant, évitant de justesse ce trait ardent. Je devine la source de cette attaque et contemple le loup ses cornes… Des crépitements résonnent alors qu’un amas d’énergie blanche et instable s’accumule entre les cornes recourbées du loup. Il hurle alors et d’un mouvement de tête projette sa foudre. Elle est à quelques secondes de ce qui me sépare de la mort quand par pur instinct j’invoque une barrière puisant dans mon fluide de glace. Le sortilège qui a revêtu la forme d’un miroir ovale se prend le trait électrique de plein fouet. Je bande ma volonté et continue d’alimenter ce sort dont la surface semble se fissurer sous l’impact du choc. J’entends des crissements assourdissants et voit des gerbes d’étincelles qui volent de part et d’autre avant que la foudre ne soit finalement absorbée par mon sortilège pour être renvoyé sur le loup !
La bête rugit de plaisir en moi à la simple idée de voir son rival terrassé. Mais le miroir cesse alors d’être et se désagrège, dévoilant la silhouette du loup, toujours dressée avec assurance, l’air de rien… Mon esprit primaire fait le rapprochement et assimile un fait dorénavant évident, l’ennemi demeure insensible à ses propres attaques... Je la ressens, elle et sa vanité, elle veut en finir… maintenant.

Le loup lui reste toujours sur la défensive mais commence à s’approcher en arc de cercle. Mes traits sont crispés, mes muscles tendus, j’accumule l’énergie et la libère dans les airs. Une pluie de particules aux nuances ébènes se répand dans l’atmosphère… Puis je bande ma volonté et délivre l’énergie destructrice du fluide ! Une salve d’explosions retentit dans une zone de plusieurs mètres. La terre qui en subit les impacts se fissure en de multiples endroits, l’air lui-même semble se ployer sous ce flot d’énergie.

J’entends un grognement et contemple avec jubilation le spectacle qu’il m’est donné de voir. Le loup borgne est à terre, deux de ses pattes ainsi qu’une partie de ses cotes ont été littéralement broyées, n’en reste que des lambeaux sanglants et des os saillants. La bête rugit en moi, à travers moi, elle exulte de plaisir, voir ainsi sa cible à sa merci, elle n’en supporte pas davantage, trop excitée et, toujours sous le joug de sa volonté, j’invoque une main sombre qui achève finalement la bestiole.

Enfin contentée, l’influence de la bête, du fluide sombre, reflue peu à peu... me laissant émerger de nouveau. Je regarde le cadavre du loup en esquissant une grimace devant la dureté de la scène mais finit par me redresser et scrute les alentours à la recherche de Sine. Ne voyant rien je commence à marcher et ressens alors une atroce douleur au niveau de l’épaule, et chaque respiration m’arrache un cri. Je me souviens maintenant… emportée par l’euphorie bestiale du fluide sombre, je n’ai pas fait attention et voilà que j’en paie le prix.

Mon épaule me lance douloureusement et je n’ai rien pour résoudre ce problème dans l’immédiat, je me résolus donc à poursuivre mes recherches. C’est là que je le vois… il git à terre et ne bouge que faiblement… je me précipite vers lui et après m’être agenouillé pose doucement une main sur son épaule et l’appelle.

Il ouvre finalement les yeux et crache du sang avant de me remercier. Il voit mon expression confuse et s’explique alors, un loup était sur le point de l’achever quand il y eut cette inespérée succession d’explosions. Le canidé, trop effrayé avait opté pour la fuite, autorisant Sine à continuer de fouler la terre de Yuimen. Je cède finalement totalement à la panique, ne sachant comment nous extirper de ce mauvais pas.

« Mais je ne vais pas pouvoir t’aider à marcher, et au vu de l’état de nos blessures ! » crié-je en brassant l’air de mes mains.

« Il va bien falloir que l’on continue. Ne t’inquiète pas je suis encore capable de marcher. » me dit-il afin de me rassurer, tendant une main apaisante vers moi.

Pendant qu’il parle je me ronge les ongles, cherchant vainement une solution quand Kahdan intervient finalement.

(Catin… il fait si chaud…)

(C’est pas le moment, je dois trouver un moyen de cautériser nos pl… Merde mais c’est ça !)

L’espoir illumine mon visage quand j’annonce triomphalement à Sine que j’ai trouvé un moyen de temporiser en attendant de recevoir de vrais soins. C’est à son tour de me regarder avec une mine confuse et je lui demande de venir près de moi. J’invoque alors une aura glaciale en prenant soin d’en contrôler la température, j’essaie de me focaliser sur les endroits touchés, son torse et le mien, mon épaule et sa jambe. Je sais que ce n’est pas terrible mais faute de mieux il va falloir s’en contenter. Je m’applique donc pendant au moins une dizaine de minutes à maintenir un froid constant avant d’arrêter, vidé de force magique.

Je le regarde alors et l’invite à continuer la marche avant de lui dire d’une voix peu assurée :

« Bon, j’espère que ce sera assez… continuons notre route, enfin… rassure moi il y a des soigneurs à Endor ? »

_________________
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Merci à Inès pour cette magnifique signature !


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