L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 8 Avr 2016 16:39 
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La journée du lendemain serait chargée pour Anastasie. Elle devrait en premier lieu interroger les habitants du village, ce qui se révélerait long et fastidieux, dans l'espoir de trouver une information inespérée qui aurait pu passer outre la vigilance d'Edrick, ou pour en apprendre plus sur cette silhouette blanchâtre qu'avait vue la première victime. Il y avait encore la possibilité que ce ne soit qu'une coïncidence, ou une invention du mineur, mais les chances restaient maigres que les tueries aient commencées le jour même de cette découverte sans aucune raison.

Mais sa tâche ne s'arrêterait pas là, car elle voulait avancer l'enquête avant le jour suivant, qui signerait sa troisième journée dans le village, et donc le début de la menace de mort qui pesait sur elle. Elle n'avait d'ailleurs pas écarté l'hypothèse que les accidents commencent dès le lendemain, par plus de sûreté. Déjà parce que la malédiction semblait bien trop imprévisible pour qu'elle puisse se permettre d'envisager quelques cas communs comme plus qu'une coïncidence, et ensuite parce que le meilleur moyen d'éviter le courroux de cette étrange malchance était encore d'être constamment aux aguets, être prêt à éviter les accidents les plus absurdes. Mais, plus longtemps la malédiction resterait d'actualité, plus grands seraient ses risques de mourir. Et c'est bien pour cela qu'il lui faudrait s'en débarrasser au plus vite. La visite de la mine, qui lui permettrait, elle l'espérait, de trouver la source de tous ces maux, était donc prévue pour l'après-midi même.

C'est donc aux aurores que se leva Anastasie, bien décidée à interroger tout le monde le plus tôt possible. Mais, d'une manière générale, les témoignages ne se firent pas particulièrement utiles. Dans la première moitié des maisons qu'elle visita, personne n'avait vu de différence entre avant et après le début des tueries, personne n'avait remarqué quoique ce soit d'étrange chez les victimes avant qu'elles ne meurent et personne n'avait vu la forme blanchâtre léviter en dehors du tout premier des mineurs.

De l'autre côté du hameau, cependant, c'est Edrick, quelque peu réquisitionné par la jeune femme, qui posait des questions similaires aux habitants. Et alors qu'Anastasie sortait d'une énième habitation qui n'avait rien de plus qu'elle ne savait déjà à lui offrir, le garde accourut vers elle, un air grave sur le visage.

« Mam'zelle ! » la héla-t-il. « J'ai trouvé. La p'tite Elsa ! Elle a vu quequ'chose ! »

La jeune Comtesse haussa les sourcils, surprise. Après plus de la moitié de la matinée passée à poser des questions qui restaient éternellement sans réponse, le pessimisme avait fini par l'emporter, et elle commençait à perdre quelque peu espoir et patience. Aussi, cette nouvelle arrivait à point nommé.

« Quoi donc ? » questionna-t-elle avidement.
« Suivez-moi, elle va vous dire elle-même. »

Et le duo se dirigea vers la seule ferme du petit village, tellement insignifiante qu'elle tenait sans peine au milieu des autres bâtisses. Il fallait dire que toutes les habitations étaient relativement espacées pour une ville de cette démographie, laissant largement la place de construire quelques poulaillers et enclos entre elles.

L'intérieur de la maison était semblable à celui de toutes les autres : rustique, pauvre en décoration, mais chaleureux, comme l'on pouvait s'y attendre de toute habitation de montagne. Assises près de l'âtre, une femme entre deux âges, la carrure forte d'une montagnarde mais le visage doux d'une mère, et une petite fille aux boucles blondes à quelques années encore de la puberté. Elle semblait effrayée et gardait la tête basse, comme si elle avait fait une bêtise. A l'entrée d'Anastasie dans la pièce, la première se leva immédiatement pour venir la saluer, mais la seconde, irrémédiablement muette, continuait de regarder ses chaussures avec une feinte attention.

« Je m'appelle Anastasie, » se présenta la jeune femme, « et je suis là pour arranger la situation. »

La fermière grimaça quelque peu à cette déclaration.

« Presque tous nos mineurs, deux prêtres de Gaïa et trois de nos gardes ont échoués à nous sauver, mademoiselle. Pardonnez-moi, mais je peine à croire qu'une jolie jeune femme comme vous puissiez y arriver. »

La petite Comtesse accueillit les doutes de son interlocutrice avec un sourire bienveillant. Elle ne pouvait lui en vouloir de douter de ses capacités. Après tout, quelques semaines auparavant elle n'était qu'une jeune noble mal éduquée.

« Je n'en suis pas à mon coup d'essai, » la rassura-t-elle en posant une main réconfortante sur son épaule. « Je vous promets de réussir. »

On ne pouvait pas non plus dire qu'elle était particulièrement habituée à régler ce genre de situation, ce n'était jamais que sa troisième affaire du genre, mais les habitants n'avaient pas besoin de savoir que leur dernière chance était une débutante, et c'était dans l'optique de préserver leur espoir qu'elle avait agi depuis son arrivée comme une aventurière chevronnée plus que comme une jeune noble dont la dernière lubie était de se bricoler combattante du mal. Et puis, malgré tout, Anastasie se savait particulièrement compétente. Elle avait mené avec brio ses deux premières opérations du genre, et ses ruses lui avaient permis d'appréhender, seule, un assassin qui avait échappé à la milice entière pendant plus d'un mois. Elle avait, depuis, confiance en ses capacités. Et elle comptait bien tenir sa promesse, coûte que coûte.

« Si nous vivons dans un monde où c'est aux jeunes femmes de s'exposer au danger pour sauver quelques mineurs et paysans, je ne vois pas de quoi me réjouir, » répondit tristement la fermière, acceptant toutefois le geste de réconfort d'Anastasie d'un léger sourire.

Son accent était bien moins marqué que celui d'Edrick, il semblait presque Kendran, mais ses traits, eux, doux et harmonieux, étaient plus proche des Tulorains. Le poids des années passées à la montagne la vieillissait quelque peu, et on pouvait voir qu'elle n'avait jamais été d'une beauté sensationnelle, mais elle était malgré tout d'un charme indéniable, ce qui expliquait en partie le visage parfaitement angélique de la petite Elsa, vers laquelle se dirigeait maintenant Anastasie. Arrivée à sa hauteur, elle s'accroupit pour se mettre à sa hauteur et, posant l'index sur le menton de la gamine, remonta son visage boudeur pour planter son regard dans le sien.

« Vous êtes une dame chevalier ? » demanda la petite, soudain curieuse.

La Comtesse lui adressa un sourire rieur.

« Mieux, une Théurgiste de Gaïa. »

Ce n'était en rien officiel, et elle s'avançait quelque peu en s'autoproclamant représentante de la Déesse, mais la formulation lui plaisait tout particulièrement. Et, après tout, ne combattait-elle pas le mal insufflé par Thimoros au nom de Gaïa ?

« C'est quoi une théurgiste ? » interrogea la fillette.
« C'est... un peu comme un prêtre. Mais je me considère plus proche d'un paladin que d'une prêtresse personnellement. »

Les yeux de la fillette s'écarquillèrent à cette annonce.

« Un paladin ? Comme ceux qui chassent les mauvais esprits dans les contes ? »

Le sourire de la jeune femme s'élargit un peu plus.

« Exactement comme eux. Et je suis là pour m'occuper de celui qui rôde ici. Alors, dis-moi ce que tu as vu. »

La mine de le petite se renfrogna de nouveau, mais, après quelques secondes de silence, elle reprit enfin la parole, dans un murmure presque inaudible que seule la jeune femme put entendre.

« Près de la mine. Je l'ai vue près de la mine, la forme qui vole. »
« La silhouette, tu veux dire ? »

La gamine hocha vivement la tête en signe d'assentiment.

« Quand ? » interrogea Anastasie.
« Tous les jours. Juste avant que la nuit tombe. »

Les sourcils de la jeune femme se haussèrent. Ainsi, la première victime n'avait pas été la seule à voir la silhouette, et elle était en plus liée à la mine, ce qui prouvait vraisemblablement son lien avec la série d'accidents qui avait eu lieu. Mieux, cela donnait une piste à Anastasie ; elle savait maintenant comment remonter à la source de cette malédiction, il lui suffirait pour cela d'attendre la tombée de la nuit et de suivre la silhouette. Mais il lui fallait plus d'information avant de se lancer dans une telle entreprise.

« A quoi ressemble-t-elle ? » questionna-t-elle.
« C'est une graaaande femme en robe. »

Anastasie frissonna à cette révélation. Une grande femme en robe qui lévitait, c'était la description parfaite d'une banshee. Et ce n'était absolument pas une bonne nouvelle.

« Elle est belle ? » demanda-t-elle.

Et la gamine hocha de nouveau la tête à répétition, infirmant les soupçons de la jeune femme, qui sentit son cœur se desserrer d'un seul coup. Les banshees étaient généralement hideuses, le visage déformé par la haine qu'elles portaient et la détresse qu'elles avaient subie.

« Et elle a de belles robes, » reprit la petite fille. « Et un air triste. »

( Peut-être un spectre, ) songea la Comtesse. ( Ils sont souvent liés à des malédictions, et ils sont retenus à un endroit précis. )

Sur ces pensées, la jeune femme se redressa et ébouriffa les cheveux de la fillette avec tendresse.

« Merci, tu m'as été d'une grande aide, Elsa. »

Puis, elle fit un signe de tête à la fermière et s'apprêta à sortir de la maison, en compagnie de Edrick qui l'avait attendue près de l'entrée. Mais un détail dans la dernière déclaration de la gamine la retint de justesse de quitter l'habitation. Elle se retourna vivement vers elle, les sourcils froncés.

« Attends, tu veux dire qu'elle a une belle robe, n'est-ce pas ? »

Mais la petite secoua la tête en signe de négation.

« Elle en a plein ! Une rouge, une noire, et plein de blanches ! »

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 8 Avr 2016 17:10 
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« Qu'est-ce qu'ça veut dire ?» demanda finalement Edrick alors qu'ils quittaient la maison pour rejoindre la caserne.
« Je ne sais pas, mais aucune des réponses que je trouve n'est très rassurante. En tout cas il faut que j'aille à la mine à la tombée de la nuit.»

Le garde sembla hésiter quelques secondes.

« Heu... faut... faut que j'vienne ?»

La jeune femme le rassura d'un mouvement horizontal de la tête.

« Bien sûr que non, c'est trop dangereux.»
« Mais vous...» commença-t-il.
« Moi je me suis engagée dans cette affaire en toute connaissance de cause. Vous n'aviez aucune raison de penser avoir à vous occuper d'une telle chose quand vous êtes entré dans la garde d'un petit village sans histoire. Et puis, j'ai eu l'entraînement pour.»

Edrick hocha la tête, visiblement soulagé d'avoir une explication toute prête pour ne pas avoir à risquer sa vie dans la mine avec elle. Les gardes des petites villes choisissaient rarement ce métier par vaillance, bien au contraire. Surtout dans un endroit aussi calme et loin de tout, où ils étaient presque certains de ne jamais avoir à utiliser leurs armes, et dans lesquels ils ne savaient de toute façon que rarement s'en servir. Dans ce village en particulier, la garde devait très probablement servir à calmer les querelles de voisinage et à escorter les convois qui se rendaient directement à Luminion, ne passant littéralement par aucune route pour se faire. Même les brigands n'étaient pas un problème pour eux ; après tout, qui s'intéresserait à des kilos d'argent brut ? Les raffiner était une corvée bien trop pénible pour des gredins et les vendre tel quel était presque hors de question pour des raisons logistiques évidentes. Autrement dit, le danger le plus pesant sur leurs épaules était quelques loups affamés : donc rien qu'une poignée de gardes montés ne pourraient faire fuir de quelques gestes.

Sur le chemin de la caserne, ils passèrent près d'une maison en haut duquel un homme, vraisemblablement âgé d'une quarantaine d'années, réparait son toit à grands coups de marteau.

( Téméraire, ) songea Anastasie.

Dans une période où l'on pouvait mourir par simple malchance, il fallait du courage pour monter sur un toit, particulièrement au vu de la fine couche de neige qui s'était déposée dessus durant la nuit. D'un autre côté, laisser un trou dans la charpente par ce froid n'était pas conseillé non plus, et après tout lorsque l'on pouvait mourir de mille et une façon dans son sommeil, les risques les plus obvies n'étaient peut être pas les plus dangereux.

Les faits donnèrent raison à Anastasie car aussitôt tout un morceau du toit se détacha de la charpente pour tomber droit sur elle. Par chance, elle avait toujours les yeux levés lorsque les débris chutèrent, ce qui lui permis d'éviter in extremis l'armature en plongeant sur le côté, écartant par la même Edrick du passage et leur sauvant à tous les deux la vie, alors que les tuiles et autres morceaux de bois s’explosaient avec fracas à l'endroit où ils se tenaient quelques instants plus tôt.

Le charpentier écarquilla des yeux ronds en leur direction, abasourdi par l'événement, alors qu'Anastasie se redressait péniblement.

« Trois jours, hein ?» murmura-t-elle, dépitée.

Le compte à rebours avait visiblement été abrégé.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
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Comme promis, la silhouette était là, à l'entrée de la mine. Elle lévitait à quelques centimètres du sol et portait une longue robe rouge, de fine facture mais d'apparence très ancienne. Elle était de dos, et bien trop loin pour qu'Anastasie ne puisse clairement l'identifier, cependant. Elle semblait venir d'un sentier qui commençait devant la grotte pour terminer dans un petit bois qui surplombait non seulement la mine, mais également l'ensemble de la ville, déjà en hauteur par rapport à cette dernière. La jeune femme, elle, était couchée devant le petit talus qui reliait la mine au village, si l'on omettait les quelques centaines de mètres qui séparaient la première habitation de la butte.

Elle venait de passer les quelques heures précédant le coucher du soleil à tenter de résoudre le mystère de la malédiction qui frappait le hameau. Les dernières informations obtenues, tant à propos de la silhouette fantomatique que de l'accident – si on pouvait l'appeler ainsi – qu'ils avaient évité de peu, lui avaient donné du grain à moudre. Elle savait maintenant que le spectre, ou peu importe ce que c'était, rentrait dans la mine le soir venu, et que l'énorme majorité des morts survenaient en pleine journée, très certainement lorsque la silhouette était dehors, donc.

L'accident ayant manqué de la tuer lui avait également confirmé que la, ou plutôt les malédictions qui sévissaient étaient bien spécifiques, et non un bête sort de malchance poussé à son paroxysme. Il lui avait également laissé penser que la chose à son origine était parfaitement pensante, puisque la règle du troisième jour avait été rompue au moment même où elle commençait à avancer sur son enquête, preuve qu'elle avait été prise pour cible parce qu'elle représentait une menace. Et ces conclusions étaient corroborées par la seconde série de victimes, celle ayant débutée après que les ouvriers aient désertés la mine. Dans l'ordre étaient morts le chef de la garde, autrement dit le plus à même de résoudre cette affaire, le médecin, qui aurait pu sauver quelques victimes qui n'étaient pas mortes sur le coup, les deux autres gardes, puis un homme qui avait tenté d'élucider le mystère par ses propres moyens. Cela expliquait également la priorité qui était portée aux invités, étant donné que deux d'entre eux étaient des prêtres de Gaïa, et un autre un aventurier chevronné de Luminion qui passait par là pour rejoindre Oranan. Autrement dit, la chose, ou la personne, derrière tout cela, couvrait tout simplement ses arrières.

Ce qui expliquait également la mort si soudaine des mineurs : sûrement étaient-ils tombés, à force de creusage, très proche d'un lieu que cette présence ne voulait pas que l'on découvre. Le lieu où était retenue Perçombre, très probablement. Le problème pour Anastasie était maintenant de découvrir le chemin qui menait à ce lieu, au milieu des centaines de galeries qui avaient été creusées au fil des ans. Et c'est dans cette optique qu'elle se redressa prestement et descendit quatre à quatre les marches qui avaient été installées dans le talus pour rejoindre l'entrée de la mine, bien décidée à suivre le spectre, le fantôme, l'apparition ou peu importe ce qu'était cette chose à travers le dédale de la mine.

Et c'est ainsi que commença la traque à travers les couloirs sombres de la montagne. Anastasie était dans le noir complet, et tâtonnait difficilement pour progresser, mais l'apparition, légèrement phosphorescente, lui donnait un avantage certain ; ainsi elle pouvait la suivre relativement facilement sans se servir ni de torche ni de magie, et en restant de cette manière complètement invisible à la silhouette fantomatique. La traque silencieuse dura de longues minutes, pendant lesquelles la jeune femme tournait à droite, à gauche, à gauche, à droite, jusqu'à être certaine qu'elle n'aurait jamais retrouvé son chemin si elle n'avait pas jeté des cailloux derrière elle tout le long. Elle ne pouvait en être certaine au vu de l'absence de luminosité, mais elle se doutait que les mineurs, empruntant ces corridors tous les jours avant cette sombre affaire, n'avaient jamais pris la peine de flécher leurs chemins. Et s'ils l'avaient fait, l'instigateur de cette malédiction pouvait très bien s'en être débarrasser pour être certain de ne pas être embêté.

Toujours était-il que, forte de son sac plein de cailloux, Anastasie était maintenant certaine de retrouver la sortir sans problème. Elle prenait même soin de les lâcher par groupe de cinq pour être certaines de ne pas les confondre avec ceux normalement présents dans la mine. Elle en avait d'ailleurs tellement prévu que le sac était encore à moitié plein lorsqu'elle arriva à destination. Destination qui n'était pas du tout celle prévue, d'ailleurs, vu qu'elle fut contrainte de s'arrêter nette face à une grande paroi rocheuse, étrangement éclairée par une lueur noirâtre presque imperceptible.

( Un cul de sac ?! ) s'énerva-t-elle.

La faible luminosité que dégageait la silhouette avait maintenant complètement disparue, ce qui empêchait la jeune femme de vérifier si un autre chemin partait de sa position.

« Hé merde !» siffla-t-elle entre ses dents, agacée d'avoir été distancée de cette manière après tout ce chemin parcouru.

Elle fut donc forcée d'appeler à elle une boule de lumière pour éclairer les environs, comme lorsqu'elle voulait lire le soir sans avoir à tenir une bougie en même temps que ses livres. Et, à sa grande stupeur, aucun autre chemin que celui par lequel elle était arrivée ne s'offrait à sa vue.

( Elle a traversé le mur... c'est donc bien une créature intangible. Mais alors pourquoi avoir commencé à tuer les mineurs s'ils n'avaient pas découverts des galeries qui menaient à Perçombre ? )

Anastasie fulminait. Elle avait échafaudé toute une théorie, parfaitement plausible, sur les causes de cette malédiction, mais tout semblait à revoir maintenant. Après tout, peut être n'y avait-il pas la moindre logique ? Peut-être était-ce une simple créature chaotique, tuant au hasard, et analysait-elle un comportement qui ne pouvait être analysé.

( Non, ) refusa-t-elle immédiatement. ( Ca ne colle pas du tout. )

Alors qu'elle inspectait la paroi d'un air circonspect, Anastasie remarqua quelque chose encastré dans le mur. Un morceau d'étoffe rouge, comme la robe que portait la silhouette.

( Un spectre intangible, mais qui change de vêtements et peut même en perdre dans les murs ? Ca ne colle définitivement pas. )

Vérifiant son hypothèse, la jeune femme gratta la surface terreuse de la paroi pour en faire tomber de la poussière, mais rien ne se détacha, restant un bloc uniforme contre toutes les lois de la nature.

( Une illusion, ) grinça-t-elle. ( Je l'ai dans l'os. )

En effet, elle n'avait apporté avec elle qu'une poignée de livres, et elle doutait de trouver la façon dont on se débarrassait d'une telle illusion dans l'un d'entre eux. C'était cependant actuellement sa seule option, et, le cœur serré par la déception et l'énervement, elle décida de rebrousser chemin pour la soirée. Cette incursion avait au moins eu le mérite de lui fournir quelques informations précieuses. Qu'elle trouve ou non un moyen de percer cette illusion, elle était maintenant pratiquement certaine de pouvoir prévenir la moindre mort due à la malédiction.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 8 Avr 2016 17:12 
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Lorsqu'Anastasie resortit de la mine, le soleil était complètement couché, et l'obscurité aurait presque été totale s'il n'y avait pas eu les torches d'Edrick et d'une autre jeune femme pour éclairer l'entrée de la caverne.

« Anastasie, je suppose, » fit l'inconnue avec un accent à couper au couteau.

Il était difficile de bien cerner sa couleur de peau au vu des reflets orangés qu'émettaient les torches sur son visage, mais la jeune Comtesse parvenait tout de même à distinguer le teint hâlé de la nouvelle arrivante, qui confirmait la provenance de cet accent si particulier : les déserts de l'Imiftil.

« En effet, » acquiesça la petite noble. « Et je suppose que vous avez été envoyée par la milice pour vous enquérir des chargements d'argent ? »

La milicienne hocha la tête en signe d'assentiment.

« Elle voulait vous attendre ici au cas où vous auriez b'soin d'aide, » intervint Edrick.
« Ak'Laharikah, » se présenta-t-elle sobrement. « Le Capitaine Edrick m'a expliqué la situation. Vous avez trouvé la source du problème ? »

La jeune femme haussa les épaules, sans trop savoir quoi dire. Elle avait découvert certaines choses, et avait confirmé quelques uns de ses soupçons, mais elle était toujours dans l'incapacité de se rendre dans le lieu où se trouvait l'instigateur de toute cette histoire.

« C'est compliqué. Je vais tout vous expliquer à l'intérieur, mais il ne faut pas rester là, nous sommes exposés. »
« Par la malédiction ? » interrogea l'autre. « Nous sommes exposés partout. »

Anastasie était étonnée du flegme avec lequel la dénommée Ak'Laharikah prenait la nouvelle. Le peuple des dunes était-il si habitué à la magie noir et aux malédictions pour qu'elle semble si peu surprise ?

« Non, pas partout. Je vais vous expliquer, j'ai dit. » Puis, se tournant vers Edrick : « Je suis désolée, mais vous allez devoir passer la nuit dehors. On va planter des torchères à l'entrée du tunnel et vous allez monter la garde en haut du talus. Je vous relèverai au milieu de la nuit. »
« Heu... » hésita le pauvre garde, déboussolé. « S'il le faut, » finit-il par accepter.
« Je le relèverai moi, » intervint la milicienne. « Je suis militaire. Et c'est vous l'experte en magie noire, alors c'est vous qui devez être le plus en forme en cas d'attaque. »

La jeune femme accepta la proposition d'un signe de tête, et, après avoir laissé une longue torchère à l'entrée de la mine pour en éclairer l'intérieur, mena ses deux compagnons en haut du talus pour continuer la conversation.

« Edrick, vous ne devez pas bouger d'ici. Vous ne risquez rien si vous ne vous endormez pas. Votre rôle c'est de venir me chercher immédiatement si vous voyez la silhouette sortir d'ici. Faites moi confiance, » ajouta-t-elle devant son regard interrogateur. « Vous avez mangé ? »
« Heu, non. »
« Bon. On rentre à la caserne, on vous apportera des couvertures et à manger, et on sera là s'il y a le moindre problème. Mais surtout, vous courrez nous chercher à la seconde même où vous la voyez. »

Et bientôt, le garde se trouva assis en tailleur, plus ou moins confortablement emmitouflé dans quelques couvertures, un bol de ragoût entre les cuisses et le regard rivé vers l'entrée du tunnel.


« Alors, pourquoi croyez-vous qu'il est en sécurité ? » demanda la fille des dunes quand elles furent enfin installées à l'intérieur de la caserne.

A la lumière des chandeliers, la petite noble put observer plus en détail la milicienne. Elle semblait jeune, moins de trente ans, et avait une carrure fine. Elle n'était pas beaucoup plus haute qu'elle, qui était pourtant particulièrement petite, et semblait de prime abord frêle. Mais, sous son armure moulante de cuir, on pouvait voir des muscles particulièrement bien dessinés, même si l'agilité et la vivacité étaient vraisemblablement ses armes de prédilection. Mais c'est son visage qui attira le plus l'attention de la jeune femme. Il était beau. Très beau. Mais l'expression à la fois implacable et impassible qu'elle semblait arborer constamment ne le laissait pas forcément apparaître. Ni les deux grosses cicatrices qu'elle portait presque fièrement : l'une qui barrait l'arrête de son nez et venait se terminer sous son œil gauche, l'autre qui coupait son sourcil du même côté. Et sa coupe, à la fois guerrière et sophistiquée, n'arrangeait pas forcément son air froid. D'un côté, ses cheveux noirs tombaient en cascade jusqu'à son épaule, de l'autre ils formaient une multitude de petites tresses qui venaient se rejoindre en une dernière, plus grosse, qui tombait jusqu'à son sein ; ce côté laissait voir son oreille, percée de quelques bijoux.

« Parce que la malédiction n'en est pas vraiment une, » répondit finalement Anastasie en se servant du ragoût de bouloum. « Ce sont des petits rituels, lancés spécifiquement à chaque fois. Des genres de sorts, en plus élaborés et moins restrictifs, si vous voulez. »
« Qu'est-ce que ça change concrètement ? » interrogea Ak'Laharikah en fronçant les sourcils.
« Ca change que, pour que ce soit efficace, il faut avoir un visuel sur la personne visée. Par exemple si je veux que vous mourriez, mais que je ne sais pas où vous êtes, mon sortilège a toutes les chances de tomber largement à côté. Donc il faut que je vous vois, pour, par exemple, décider de vous faire tomber l'étagère sur le haut du crâne. »
« Ca n'a pas l'air très pratique, » s'étonna l'autre.
« Ca ne l'est pas. Et si c'est théoriquement possible, je n'ai jamais entendu parler de qui que ce soit ayant utilisé des rituels de ce genre. Ils sont globalement inutiles, et beaucoup trop long à effectuer pour le résultat obtenu. Sans compter qu'à moins d'un sacrifice, ils doivent sûrement consommer énormément d'énergie. »
« Pourtant ils ont tué près d'une vingtaine de personnes. »
« Oui, parce que celui qui lance ses rituels est un nécromancien. Je crois qu'il a réussi à se lier à cette silhouette ; il observe nos faits et gestes à travers ses yeux, et il n'a plus qu'à préparer son rituel en attendant que l'on passe à un certain endroit, ou que l'on arrête de bouger suffisamment longtemps, pour lancer sa mauvaise blague, comme un rocher qui se détache de la montagne, ou un lézard qui se loge dans votre gorge. »

Les yeux de la fille des dunes se plissèrent encore un peu plus.

« Ca a l'air incroyablement compliqué, tout cela pour tuer une personne. »
« Je ne me l'explique pas tout à fait non plus. J'ai eu la preuve que la silhouette était tout à fait tangible, alors il aurait très certainement pu l'envoyer pour décimer le village sans trop de problème ; sans compter les autres mort-vivants qu'il aurait pu invoquer. Mais il a préféré les tuer un à un, presque au hasard, à travers des rituels coûteux en énergie et assez long, ça n'a pas vraiment de sens. Mais toujours est-il que tant que la créature est dans les tunnels, il ne peut pas voir où nous sommes, et donc il ne peut pas lancer ses rituels. »
« Et qu'est-ce que vous avez trouvé, au juste, dans la mine ? » demanda Ak'Laharikah.
« Une illusion qui me ferme l'accès à la grotte du nécromancien. Et je ne sais pas comment la briser. »
« Pour briser une illusion, il faut montrer qu'elle n'existe pas, » déclara tout naturellement la milicienne.

Anastasie la regarda, surprise. Etait-ce une simple superstition du peuple des dunes, ou une véritable solution ? Quoiqu'il en soit, il lui semblait difficile de prouver que cette paroi n'était pas réelle sans la traverser. Hors, pour avoir déjà tenté cette méthode, elle savait l'interaction impossible.

« Et comment est-ce que je suis censée montrer qu'elle n'existe pas ? » questionna-t-elle.
« Je ne sais pas ; je suis guerrière, pas chamane. C'est à vous de trouver. »

Anastasie leva les yeux aux ciels, exaspérée. Elle n'était pas beaucoup plus avancée. Elle était presque certaine de ne pas trouver la réponse dans ses livres, et elle avait comme seule indication un genre de vieux proverbe obscur des dunes.

« Eh bien, nous ferions bien de nous reposer, parce que demain nous nous occupons de la silhouette. Enfin, si vous voulez bien m'aider à son propos. »
« Je suis là pour ça, » déclara sobrement la milicienne.
« Alors j'ai bien peur d'avoir une mauvaise nouvelle à son sujet ; je crois bien que c'est une banshee. »

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 8 Avr 2016 17:12 
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La matinée était presque terminée. A tour de rôle, Edrick et Ak'Laharikah avaient observés l'entrée de la grotte, à l'affût de la moindre trace de la banshee, mais rien n'en était sorti.

« Vous êtes sûre qu'il n'y a qu'une entrée ? » s'était enquit la milicienne au milieu de la matinée.

Mais Anastasie l'avait rassurée. Si elle n'était toujours pas là, c'était simplement qu'elle savait qu'elle était attendue. Tapie dans l'ombre des tunnels, elle avait certainement remarqué leur présence. Et celle-ci suffisait à désamorcer les rituels de son maître. Après tout, il n'y avait rien de dangereux à des dizaines de mètres à la ronde. Pas un rocher à leur faire tomber dessus, pas un animal au venin mortel à des centaines de kilomètres, pas d'arbre ou de meuble, d'outil ménager ou de cheval prêt à ruer... Rien.

Et ils étaient maintenant trois à observer l'entrée de la mine. Tous les autres habitants avaient reçu comme consigne de s'enfermer chez eux jusqu'à nouvel ordre, et ne restaient que Edrick, Ak'Laharikah et Anastasie, fixant inlassablement les tunnels.

« Si c'est une créature que l'on peut toucher, est-ce qu'on ne devrait pas provoquer un éboulement ? » proposa le garde. « Elle serait coincée dans la mine... »
« De toute façon Kendra Kâr n'acceptera jamais de perdre cette mine, ils ne feront qu'envoyer des gens supplémentaires pour s'occuper de ce nécromancien. »
« Eh bien, laissons les faire ! Ils s'occuperont eux-même de la banshee ! »
« Impossible. Il y a quelque chose que je dois à tout prix récupérer dans cette montagne. Je ne vous demande pas de vous battre à mes côtés, je sais bien que vous n'êtes pas formés pour ça. Je pense qu'Ak'Laharikah et moi-même serons suffisantes pour une créature de cette dangerosité. »

L'intéressée hocha sobrement la tête, toujours aussi peu loquace que la veille. Pour être envoyée seule accomplir une mission si éloignée de Luminion, Anastasie ne doutait pas qu'elle devait être douée. Si les quêtes proches des milices pouvaient être confiées à des débutants, qui pourraient rapidement demander de l'aide en cas de besoin, celles qui se déroulaient si loin de tout devaient la plupart du temps être réglées par l'enquêteur lui-même. La jeune femme des dunes, donc, devait être plus expérimentée que la moyenne. Peut être plus expérimentée qu'elle.

Plusieurs heures supplémentaires étaient passées lorsqu'un mouvement se fit finalement sentir à l'entrée de la grotte.

« Anastasie ! » appela une voix éthérée, mais féminine.

Aussitôt, une silhouette diaphane fit son apparition devant la mine, flottant à quelques centimètres du sol. Son visage semblait plus serein que celui d'une banshee normale, il aurait peut-être même été beau si une certaine folie ne le voilait pas d'une aura inquiétante. Sa longue crinière blanche contrastait avec sa magnifique robe rouge, et Anastasie croyait même apercevoir du verni sur ses longs ongles pointus. Le nécromancien avait transformé cet esprit en une poupée à échelle humaine.

« Tu es Anastasie ! » déclara-t-elle d'une intonation emprunte de folie, de démence, qui glaça le sang de la jeune femme. Elle semblait hurler sans même élever la voix. « Tu ne veux plus que je joue ! » continua-t-elle. « Tu ne veux plus que je joue et maintenant elle doit te tuer ! Alors MEURS ! MEURS ! »

Très vite, les trois êtres humains avaient dégainé leurs armes, et après une déclaration d'une telle intensité, d'une telle absurdité, tous étaient plus tendus que jamais. La Comtesse avait un mauvais pressentiment, son cœur battait la chamade ; elle se tourna néanmoins vers le capitaine, le regard grave.

« Rentrez, Edrick. Ce n'est pas un combat pour vous. »

L'intéressé déglutit péniblement, certainement en proie à un combat intérieur. Mais il finit par s'exécuter, sans toutefois oser croiser le regard de ses deux camarades. Ne restaient plus que les deux guerrières et la banshee, toujours immobile.

« On ne sait pas ce qu'il y a d'autre dans cette mine, » murmura Ak'Laharikah, « il faut la laisser venir à nous pour se battre loin de son entrée. »

Anastasie acquiesça imperceptiblement, étant arrivée aux mêmes conclusions de son côté. Après tout, elle ne savait pas si d'autres mort-vivants étaient dans la mine, et même si ce n'était pas le cas, le nécromancien lui-même pouvait être proche, attendant le moment opportun pour surgir.

« Tu es maline. » reprit l'esprit d'une voix plus apaisée. « Peut-être que c'est une bonne chose que tu sois venue. Ca m'apprendra à vouloir m'amuser. Lorsqu'elle en aura terminé avec toi, elle tuera chaque personne ici, comme cela personne ne saura jamais que je me cache dans cette grotte immonde. »
« Je crois qu'il parle à travers elle, » expliqua Anastasie à voix basse. « Ou qu'elle répète ce qu'il lui dit. »
« Bien ! » continua le nécromancien. « Si tu n'es pas tombée dans mon piège, alors mon piège viendra à toi ! »

Au même moment, la Comtesse et la milicienne se mirent en garde, prête à encaisser ce qui allait suivre. Et un mort-vivant sortit du tunnel. C'était un simple squelette, lent et à priori très faible. Du genre qu'elle avait battu sans problème lors de son affrontement contre Alban. Mais bien vite, Anastasie comprit la difficulté qui s'annonçait devant elle. Car ce mort-vivant se vit bien vite rejoindre par un second. Un troisième. Un quatrième, un cinquième, un dixième, un vingtième. Ils étaient une armée.

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Anastasie donna un coup de talon au premier squelette qui tenta de grimper sur le talus qui séparait la mine de la clairière sur laquelle reposait le village, le faisant dégringoler dans les jambes de deux de ses compères, qui chutèrent aussitôt. L'un d'eux se brisa un bras lors de l'impact, et les os de chacun s'entremêlaient à ceux des autres, formant un amas de corps qui aurait presque pu paraître coquasse en d'autres circonstances.

( La banshee reste en retrait, ) remarqua la jeune femme. ( C'est étrange. )

Mais elle n'eut pas le temps de creuser plus encore ses questionnements ; les squelettes étaient nombreux, et même l'avantage conféré par le talus ne pourrait les empêcher d'être débordé par cette masse très longtemps.

« Il faut combattre sur un terrain plus étroit ! » déclara Ak'Laharikah en donnant un coup d'épée à un mort-vivant qui s'approchait dangereusement d'elle.

En effet, le talus était trop large pour qu'elles puissent le tenir à deux. Si les squelettes étaient assez stupides pour monter droit sur elle la plupart du temps, il en restait qui profitaient de l'amplitude du terrain pour monter à des endroits d'où elles ne pourraient pas les pousser. Et bien vite, en plus d'arriver face à elle, les squelettes les prenaient également en tenaille, attaquant sur chaque flanc alors qu'elles étaient trop occuper à endiguer le flot d'ennemis qui optaient pour une attaque frontale.

« Approche-toi de moi ! » ordonna la Comtesse à la milicienne en détruisant l'un des squelettes qui les séparait l'une de l'autre d'un coup d'épée.

Comprenant la stratégie, Ak'Laharikah s'exécuta, se débarrassant des deux autres squelettes qui étaient sur son chemin avant de se coller le plus possible à l'auto-proclamée théurgiste de Gaïa. Ainsi, les mort-vivants, trop stupides pour attaquer de manière coordonnée, ne pouvaient plus les attaquer que sur deux flancs chacune. Malheureusement, elles étaient toutes deux droitières, ce qui gênait les mouvements de l'humaine des dunes, qui avaient Anastasie à tribord ; mais elles avaient moins de fronts à tenir en même temps.

« Il faut se replier sur un terrain plus étroit ! » répéta-t-elle finalement tout en repoussant tant bien que mal les inlassables vagues d'ennemis qui déferlaient sur elle.
« Pas tout de suite ! » rétorqua Anastasie. « On ne peut pas en laisser autant aller dans le village, ils pourraient s'attaquer aux habitants sans que l'on ne puisse tous les contenir ! »
« Mais si on meurt là, ils les tueront tous ! »

Au même moment, une épée pénétra la défense de la milicienne, s'enfonçant superficiellement dans son bras gauche. La jeune femme poussa un gémissement de douleur avant de repousser l'assaut du squelette d'un coup d'épaule.

Autour d'elles, il semblait que des dizaines de cadavres jonchaient déjà le sol, immobiles. Mais en vérité, la grande majorité d'entre eux se relevaient très rapidement, malgré leurs blessures, pour venir grossir de nouveau les rangs des assaillants. Il était difficile de les compter tant tous se ressemblaient, mais le nombre était colossal ; elles ne devaient leur survie, jusqu'alors, qu'à l'incroyable incompétence dont ils faisaient preuve.

« Il faut réduire un peu leur nombre, » argumenta Anastasie. « Et j'ai encore une carte à jouer avant que l'on ne recule, laisse les juste se regrouper un peu plus ! »
« Je te fais confiance, mais si l'une de nous est plus gravement blessée, on recule immédiatement ! » concéda l'autre.

Le tutoiement était venu tout naturellement entre elles, alors qu'elles décimaient des hordes et des hordes de squelettes, si bien qu'Anastasie ne s'en était pas rendu compte. C'était un réflexe de soldat ; être familier avec celui que l'on protégeait et qui nous protégeait était à la fois une manière d'approfondir ce sentiment de camaraderie et de complicité qui pourrait sauver la vie de l'un ou de l'autre, et un moyen de ne pas mourir auprès d'un étranger.

Les échanges entre les squelettes et les jeunes femmes continuèrent pendant des minutes entières, étrangement monotones dans cette bataille pourtant si particulière. Elles frappaient, ils tombaient, entraînant leurs alliés dans leur chute ; ils frappaient, elles paraient avec simplicité ces coups à la fois trop lents et trop évidents. S'ils n'avaient pas été aussi monstrueusement nombreux, l'escarmouche n'auraient duré que quelques secondes tant la domination technique et physique des deux humaines était écrasante. Car Ak'Laharikah se révélait être plus douée encore que la Comtesse pour les choses de l'escrime. Elle n'était vêtue que d'une épée courte, mais chacun de ses coups était plus précis, plus rapide, plus meurtrier que ceux d'Anastasie. Pour autant, celle-ci n'avait aucun problème non plus à écraser les cages thoraciques de ces tas d'os à coup de talon, à les démembrer d'un coup plongeant, à leur exploser le crâne d'une estoque.

Ou du moins n'en avait-elle eu aucun au début. Mais après un tel marathon de passes et d'esquives, un tel concours d'endurance face à des golems qui en avaient des ressources illimitées, les premiers signes de fatigue se firent sentir, et avec eux les premières cicatrices de la Comtesse apparurent sur son visage et ses bras. Des estafilades et des bleus sans gravité, mais qui venaient très légèrement entacher plus encore son efficacité. De leur côté, les squelettes qui, détruits, ne se relevaient pas étaient toujours aussi rares, comparés à ceux qui continuaient d'attaquer. Et à quelques mètres de ce formidable champ de bataille, la banshee affichait une expression démente de jubilation.

« Je vais plus pouvoir tenir longtemps, » annonça Anastasie entre deux assauts de mort-vivants. « Quand je te le dirai, tu t'éloigneras vite de quelques mètres. Il faut que j'en prenne le plus possible dans le rayon de mon sort. »
« Compris, » affirma l'autre aussi sobrement qu'à son habitude. On pouvait néanmoins entendre des signes de fatigue dans sa voix.

La minute suivante, la Comtesse la passa à parer et esquiver plutôt qu'à frapper. Car si ses attaques étaient dévastatrices pour de si frêles corps, elle savait la botte qu'elle préparait bien plus incapacitante pour eux. Et plus elle en engloberait dans ce rayon, plus elle pourrait en achever une fois qu'ils seraient à terre. Alors quand, finalement, les squelettes les encerclant furent si nombreux que certains avaient été obligés de les contourner plus encore, leur retirant presque intégralement toute retraite, Anastasie éructa un « Maintenant ! » que sa camarade accueillit avec joie. Celle-ci bondit à l'extérieur du cercle de mort-vivants, écartant l'un d'eux d'un coup d'épaule, et roula à quelques mètres de là, laissant la Comtesse seule au milieu d'une horde incroyable de squelettes.

Pour Anastasie, le temps ralentit. Tout était incroyablement lent. Incroyablement clair. Elle ferma les yeux et laissa son instinct prendre le dessus. Pour l'avoir déjà expérimenté, elle savait que ce sort n'avait rien à voir avec ses fluides. Rien à voir avec sa propre magie. C'était comme être transcendée par la bénédiction de Gaïa. En fait, elle ne savait pas si elle pourrait réitérer cette formidable poussée d'énergie ; c'était un pari qu'elle avait décidé de faire dès le début de cet affrontement, un pari qu'elle savait nécessaire si elles voulaient avoir une chance de tenir face à un nombre aussi extraordinaire d'ennemis. Mais bien vite, les craintes de la Comtesse s'envolèrent ; une vive lumière s'empara d'elle, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, accompagnée d'un sentiment d'apaisement. La seconde d'après, une vague lumineuse de fluides déferla sur près de deux mètres autour d'elle, envoyant les ossements de ses ennemis voler dans tous les sens.

« NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! » hurla une voix démente depuis l'entrée de la mine.

Presque tous les squelettes étaient à terre ; la banshee avait le visage déformé par l'horreur et la colère.

« Anastasie ! » la rappela à l'ordre Ak'Laharikah, alors qu'elle s'affairait elle-même à détruire définitivement les corps qui tentaient vainement de se redresser.

Sortant de ses pensées, la Comtesse imita sa sœur d'armes, se désintéressant du cas de l'esprit supérieur par lequel le nécromancien communiquait. Pour une raison qu'elle ignorait, il semblait ne pas vouloir l'envoyer au combat. Et tant qu'il ne changerait pas d'avis, elles pourraient s'occuper des derniers squelettes en sécurité. Bien sûr, tous n'avaient pas été pris dans la déflagration. En tout, douze étaient encore debout. Douze soldats de piètre qualité qui trébuchaient presque jusqu'à elles pendant qu'elles finissaient de détruire les squelettes restés à terre. Autant dire qu'ils constituaient une menace toute relative. Surtout avec un tel niveau de désorganisation. De temps en temps, l'un ou l'autre arrivait à la hauteur de l'une d'entre elles et donnait un coup d'épée maladroit. Elles s'interrompaient alors pour le détruire de quelques coups de bottes ou d'épées, puis retournaient à leur tâche. Et bien vite, plus aucun autre mort-vivant que la banshee n'était debout.

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Ak'Laharikah fit un pas vers la banshee, épée en main, mais Anastasie l'arrêta d'un geste. Leur cible avait les yeux fermés et le visage baissé. Ca ne disait rien qu'y vaille à la Comtesse.

« Attends, je vais nous soigner, » déclara-t-elle en tendant les mains vers sa camarade.

Une aura lumineuse s'empara de ses paumes, avant de se répandre rapidement dans le corps de la jeune femme des dunes, effaçant les quelques cicatrices légèrement incapacitantes qu'elle avait subit jusque là. La jeune femme recommença l'opération, à son profit cette fois, soignant ses propre blessures, avant d'attraper sa gourde magique, qui pendait à sa ceinture. Se remémorant ce que lui avait dit le vendeur, elle se concentra sur les fluides de lumière que contenait le récipient et ingurgita trois doses. Son corps était plus habitué à recevoir de la magie pure maintenant, et l'assimilation se fit sans problème, ne procurant que quelques légers frissons à Anastasie.

Lorsqu'elles se retournèrent vers la banshee, celle-ci avait de nouveau les yeux ouverts, et ses lèvres arboraient un sourire à glacer le sang.

« Maître m'a autorisé à vous tuer ! » déclara-t-elle d'un ton enjoué. Cette fois, c'était bien elle qui parlait.
« Je ne sais pas à quel point ces monstres sont censés être fort, » fit Ak'Laharikah à Anastasie, « mais à deux contre un je doute que ce soit si difficile. »

La Comtesse grimaça, ne sachant trop à quoi s'attendre. Les banshees étaient réputées pour être des esprits d'une puissance considérable, à ne surtout pas prendre à la légère, mais pour avoir déjà affronté son lot de mort-vivants, et en si bonne compagnie, elle espérait sincèrement que la confiance de sa camarade n'était pas déplacée. Un éclat de rire de la part de l'être diaphane qui leur faisait face vint cependant balayer cet espoir comme un vulgaire fétu de paille un soir de tempête.

« Deux contre un ? » s'étonna-t-elle. Puis, son expression se transformant subitement en un rictus de colère et de démence, elle hurla : « NE SOUS-ESTIMEZ PAS MON MAÎTRE ! »

Au même moment, de nouveaux cliquetis se firent entendre derrière elle, suivis de près par l'apparition d'ossements armés.

« Il y en a un nombre ILLIMITE à sa disposition ! JAMAIS vous ne l'arrêterez ! VOUS N'ÊTES RIEN ! Vous pouvez tous les tuer, il en reviendra d'autres encore ! »

Les squelettes étaient moins nombreux, tout juste six, mais ils avançaient cette fois d'un mouvement bien plus coordonnés et ferme. Ils semblaient sans contexte bien plus forts que précédemment.

« Anastasie, ils sont bien plus forts, » murmura la milicienne, à l’œil tout aussi expert que sa camarade. « S'il en vient plus, on n'aura aucune chance. »

L'intéressée se mordilla l'intérieur de la joue. Elles semblaient effectivement dans de beaux draps, et la peur commençait à sérieusement la gagner. Cependant, elle doutait de la dernière déclaration de la banshee ; c'était probablement plus une tentative pour créer la panique de leur côté qu'une réelle menace.

« Ce sont les derniers, » affirma Anastasie à voix basse, certaine d'elle. « Ca draine beaucoup de magie, il ne peut pas se permettre de les envoyer par vague. Et la banshee va attaquer, je crois qu'il a peur qu'elle ne meure. Ca veut dire qu'il ne l'aurait pas laissé se mêler à la bataille sans mettre toutes les chances de son côté. [/color]»

Ak'Laharikah hocha la tête, rassurée.

« Attaquez ! » ordonna la banshee à ses sbires, se positionnant derrière eux.

Aussitôt, et d'un mouvement d'une coordination inquiétante, les squelettes se mirent en route, épée au clair.

« Reculons ! » ordonna la femme des dunes. « Maintenant qu'ils ne sont que six, on peut tous les tenir, il faut trouver un terrain plus étroit ! »

Anastasie opina du chef avant de faire volte-face et de s'approcher du village. Si ce nécromancien tenait effectivement à sa banshee, alors il n'y avait pas de risque qu'il se défasse de l'un des guerriers pour s'attaquer aux habitants : le risque qu'elle s'en retrouve en danger était trop grand.

Les squelettes sur les talons, les deux jeunes femmes pénétrèrent bien vite dans le hameau, menant toute cette petite troupe jusqu'à un regroupement de maisons un peu plus resserrées les unes des autres que dans le reste du village. Arrivées à destination, elles se retournèrent de nouveau, faisant face aux six guerriers et à une banshee narquoise.

« Bravo, bravo ! » railla-t-elle. « Mais choisir le terrain ne suffira pas à vaincre ! Vous six ! » ajouta-t-elle à l'attention des squelettes. « Vous m'occupez la magicienne pendant que je tue la basanée ! »

Le sang d'Anastasie ne fit qu'un tour à cette déclaration. Elle se rapprocha vivement de sa camarade pour les empêcher de les séparer, mais la banshee avait déjà bondit, et elles prirent toutes les deux un violent coup de l'avant-bras, les envoyant voler dans des directions opposées. La Comtesse se réceptionna avec douleur, roulant au sol avant de se redresser aussi vivement qu'elle le put. Elle voulait rejoindre au plus vite Ak'Laharikah pour faire front commun, mais déjà les squelettes étaient sur elle. De plus, elles avaient toute deux directement été expulsées du passage étroit de la zone, se retrouvant maintenant dans une partie assez vaste pour que les tas d'os se déplacent sans trop de problème. Ils pourraient difficilement l'encercler, mais elle ne pourrait pas en affronter que peu à la fois. Il fallait donc qu'elle affronte six ennemis à la fois, et s'en débarrasse assez rapidement pour porter secours à la milicienne.

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Anastasie para une attaque avant de rouler sur le côté pour en éviter une seconde. Ils étaient coordonnés. Trop pour qu'elle ne les prenne de front à six contre un. Une estoque la fit reculer plus encore, puis un coup de taille, quelques attaques verticales et autres assauts relativement faiblards, mais dangereux de par leur multiplicité. La jeune femme serra les dents une énième fois en ce début d'après-midi. De nombreuses ouvertures se présentaient à elle, mais trop occupée à déjouer les attaques des autres squelettes, elle ne pouvait jamais en profiter. Et quand, profitant de la lenteur de leurs réactions, elle parvenait à toucher l'un d'eux, la rapidité de l'attaque l'empêchait d'y mettre assez de force pour se révéler réellement incapacitante. D'autant plus face à des créatures incapables de ressentir la douleur.

Ni la fatigue, d'ailleurs. Contrairement à elle, qui, si elle avait eu le temps de récupérer quelque peu après son combat précédent, en accusait tout de même le coup, et ne pourrait continuer à cette cadence éternellement. Une parade et contre-attaque plus tard, un souvenir revint à Anastasie. Souvenir de son combat contre Alban, ou plutôt contre Golgatus. Elle avait alors transféré sa propre énergie vitale dans son épée, et ses attaques s'étaient révélées dévastatrices pour le squelette, pourtant autrement plus fort que ces pantins sans volonté. Elle ne se souvenait plus exactement comment elle avait procédé, ni n'avait réessayé depuis, mais avec un peu de concentration, elle était certaine de pouvoir remettre cette technique à exécution.

Profitant de la lenteur des squelettes, la Comtesse recula de quelques mètres et leva son épée droit devant elle. Elle n'aurait que quelques secondes avant qu'ils ne la rattrapent, aussi se concentra-t-elle immédiatement sur sa lame et son corps. Avec un peu d'attention, elle pouvait sentir son énergie vitale couler à l'intérieur d'elle, presque aussi clairement qu'elle sentait maintenant ses fluides. Elle visualisa alors cette étrange énergie et l'imagina ''couler'' à l'intérieur de la lame. Ce n'était pas chose facile, tant cette force semblait abstraite, mais, mentalement, elle lui attribua une forme physique, tangible, concrète. Une forme qu'elle pourrait utiliser à volonté, comme ses fluides. Et elle imagina cette force se répandre dans la lame. D'abord par ses bras, qui bien vite s'engourdirent face à la présence si concentrée de cette formidable énergie. Puis par ses mains, qui s'ankylosèrent à leur tour à mesure qu'elle retrouvait ses sensations dans le reste de ses membres. Enfin par ses doigts, qui s’anesthésiaient au moment où ses forces revenaient dans ses paumes. Et enfin, alors qu'elle était aux portes de son épée, cette énergie se transforma. Car cette énergie seule ne suffirait pas à chasser les squelettes, il lui fallait lui donner un but, une force. Alors Anastasie reproduisit la lueur de ses fluides avec cette énergie, elle lui imposa la clarté de la lumière, et ses attributs. Elle en fit une énergie dédiée à l'éradication des mort-vivants. Une énergie consacrée à les renvoyer définitivement dans la tombe. Et c'est cette énergie qu'elle relâcha alors dans son épée. D'abord à travers le manche, puis, continuant à la guider comme elle guidait des fluides, jusqu'à la lame, où elle se répandit en une auréole de lumière. Elle l'avait fait. Son épée était maintenant recouverte d'une fine aura dévastatrice pour tout non-vivant. Pour tous ces squelettes.

Alors, elle se décala d'un pas de côté pour éviter la nouvelle attaque de l'un d'entre eux. Alors, elle para l'assaut d'un second. Et alors, elle taillada le bras d'un troisième alors qu'il s'apprêtait à frapper à son tour. Et, alors que la douleur leur était un concept complètement étranger, celui-ci afficha un rictus ridicule, de son visage sans expression, et recula vivement, regardant avec incompréhension son membre blessé. Anastasie s'écarta de nouveau pour éviter une énième estoque, mais en reculant elle asséna un coup d'épée au crâne du squelette le plus proche. Son front explosa immédiatement sous l'impact, alors même que la force de celui-ci laissait à désirer, et le reste de son corps s'affaissa immédiatement.

Aussitôt, Anastasie voulut réitérer ses assauts, mais l'aura de lumière sur sa lame disparaissait déjà, et elle n'eut pas le temps de relancer cette technique qu'une nouvelle attaque coordonnée la cibla. Elle continua de parer et de contre-attaquer, mais plus aucune de ses attaques ne semblait réellement porter ses fruits. La Comtesse commençait à perdre patience ; si même pas une minute s'était déroulée depuis le début de cet affrontement, c'était une minute qu'Ak'Laharikah passait à affronter un adversaire autrement plus dangereux. Elle ne pouvait pas se permettre de perdre plus de temps face à ces pantins pendant que la milicienne risquait sa vie face à une banshee. Forte de cette nouvelle détermination, Anastasie se concentra une nouvelle fois sur sa lame, la recouvrant tant bien que mal d'une nouvelle couche d'énergie, plus concentrée cette fois. Si l'effet de cette technique ne durait que quelques secondes, alors elle terminerait ce combat en quelques secondes. Et pour la suite, il lui resterait sa magie de lumière pour se rafistoler.

Les squelettes attaquèrent une nouvelle fois. Elle esquiva. Une fois, deux fois, trois fois. Mais au quatrième coup, elle serra les dents et encaissa. C'était le mort-vivant qu'elle avait blessé au bras ; il pendouillait presque, et la force de son coup manquait. Son armure toute neuve avait fait du bon travail pour l'empêcher d'être trop durement touchée, mais l'épée s'enfonça tout de même de quelques centimètres dans son ventre. Profitant, malgré l'intense douleur, de la situation, en plein milieu de ces sbires, Anastasie fit valser sa lame d'un geste circulaire. Renforcée par l'aura lumineuse, celle-ci pénétra sans difficulté aucune dans les ossements, et les pourfendit les uns après les autres d'un seul mouvement.

Tous tombèrent. Y compris la jeune femme, grièvement blessée au ventre. L'arme de son adversaire n'avait touché aucun organe vital, mais la plaie restait béante et profonde. Dans un rictus de douleur, la Comtesse posa sa main sur la blessure et y concentra ses fluides de lumière, la refermant doucement. Lorsque les tissus de la chair furent tous ressoudés, Anastasie se releva sans perdre une seconde, et ce malgré la douleur qui continuait de l'assaillir. Elle n'eut pas à chercher bien longtemps pour trouver du regard Ak'Laharikah, en proie avec la banshee, qui ne semblait pas avoir remarqué sa victoire.


(((Tentative d'apprentissage de la CCAA Frappes exorcisantes : Si le théurgiste fait face à un mort-vivant, ses coups sont empreints de la puissance de Gaia: For +1,5/lvl pendant lvl/4 tours)))

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Dernière édition par Anastasie Terreblanc le Ven 8 Avr 2016 17:23, édité 1 fois.

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[:attention:] Certains passages de ce RP peuvent choquer les âmes sensibles [:attention:]

Ak'Laharikah donnait du fil à retordre à la banshee, prouvant une fois de plus ses talents d'escrimeuse. Mais elle restait, à l'insatisfaction d'Anastasie, en fort mauvais point. En effet, si l'autre semblait encore en pleine forme, et n'arborait pas la moindre cicatrice, la milicienne était-elle couverte de plaies et semblait particulièrement essoufflée. Un seul regard au duel suffit à Anastasie pour comprendre que, dans leur état, même si elles joignaient leurs efforts, elles échoueraient.

( On est toutes les deux trop fatiguées pour avoir une chance, » se lamenta-t-elle, tenant à peine debout sous l'effet des courbatures et de la fatigue.

Ses muscles comme ses poumons n'étaient pas habitués à tenir de si longs et si éreintants combats, et ses compétences physiques en souffraient énormément ; étant une magicienne plus spécialisée dans les soins que dans l'attaque, elle ne pouvait se fier qu'à sa lame pour vaincre.

( La magie ! ) pensa-t-elle soudain. ( Si elle soigne et soulage la douleur, elle doit pouvoir guérir de la fatigue. )

Forte de cette nouvelle idée, Anastasie manipula ses fluides et, au lieu de les transformer en une énergie guérissante, en forma une énergie revigorante. Elle avait tant utilisé ses sorts de soin que le procédé lui parut presque enfantin, si bien qu'elle s'en voulut de ne pas y avoir pensé avant. Lorsqu'elle relâcha finalement ses fluides, une puissante vague de magie parcourut son corps, rétablissant la vigueur de ses muscles, et annihilant toute langueur sur son passage. En quelques secondes seulement, Anastasie avait récupéré toute sa forme.

Mais, face à elle, rien n'allait plus. Le temps qu'elle avait perdu à se remettre en état, la banshee l'avait mis à disposition pour acculer plus encore Ak'Laharikah, lui infligeant quelques blessures particulièrement graves. Et maintenant, face à Anastasie, cette dernière chuta, lâchant son épée devant le regard jubilatoire de son adversaire. Elle était à sa merci, et jamais la Comtesse ne parviendrait à leur hauteur à temps pour empêcher la mise à mort.

( La magie, la magie ! ) se répéta la théurgiste, paniquée.

Elle avait déjà lancé un puissant sort offensif, lors de son duel avec le traqueur obscur, mais n'avait jamais réussi depuis à lancer plus que de légères pulsions tout juste bonnes à égratigner ses ennemis, et encore à la condition qu'ils craignent la lumière. Mais, cette fois, elle n'avait pas le choix. Il fallait qu'un sort puissant atteigne la banshee avant qu'elle ne puisse mettre fin aux jours de la milicienne.

Se concentrant immédiatement, Anastasie imagina son sort. Son esprit dessina un trait, celui-là même qu'elle avait jeté sur le traqueur, de la longueur de sa main et d'un blanc pur. Il le fallait d'une intensité prodigieuse, et d'une vitesse suffisante pour atteindre la banshee en une simple seconde. Une fois l'image en tête, elle l'appliqua à ses fluides. De la même manière qu'elle conférait à sa magie une nature bienfaitrice, qu'elle en régulait la puissance, qu'elle en changeait à volonté la forme, et ce le plus naturellement du monde, elle transforma ses fluides pour qu'ils correspondent à ses critères. Seulement, elle n'aurait su dire si c'était lié à la nature bienveillante de la lumière, ou si elle était directement fautive, mais si les soins lui semblaient si simples, si aisés, si naturels et logiques, donner une caractéristique destructrice à sa magie lui était particulièrement difficile. Elle avait l'impression d'effectuer un geste contre nature. Ou plutôt d'utiliser un objet d'une manière erronée. Comme se servir d'un onguent pour blesser, ou une épée pour soigner, donner à sa magie la possibilité de blesser lui semblait être une aberration, et d'une difficulté phénoménale, si bien que cette étape de la transformation du fluide échoua de nombreuses fois, alors qu'il lui semblait toujours avoir été le plus simple. Après moult tentatives infructueuses, qui, si elles ne duraient que quelques instants en réalité, avaient tout de même retardé Anastasie de plusieurs précieuses secondes, celle-ci décida de changer d'approche.

( Protéger, ) s'intima-t-elle.

Effectivement, la lumière ne servait pas à blesser. En tout cas, pas à elle. Le vrai but de la lumière, le vrai but de Gaïa, était de protéger. Par le soin, quand il le fallait, mais aussi par la force, si nécessaire. Lorsqu'elle avait affronté le traqueur obscur, Mariella était dans son esprit. Mariella, et ce qu'il lui arriverait si ce monstre mettait la main sur elle. Elle avait alors transformé son fluide en une force protectrice. Une force protectrice qui détruirait si telle était la seule solution pour défendre ceux qui le méritaient vraiment.

Les fluides à l'intérieur d'Anastasie reprirent forme, tout à fait naturellement. Techniquement parlant, leur nature était la même que celle que la jeune femme avait échoué à leur imposer tant de fois auparavant. Seul avait changé l'objectif de ces fluides : empêcher Ak'Laharikah de mourir. Empêcher tous les habitants de ce village de mourir. Et c'était cet objectif qui avait fait toute la différence et avait permis à la jeune Comtesse de leur donner une puissance destructrice jusque là inédite. Alors, elle leva le bras devant elle, paume ouverte en direction de la banshee, et matérialisa au creux de sa main cette puissante force fluidique.

Le trait partit aussitôt, à une vitesse prodigieuse, et vint se loger en plein milieu du visage de la banshee. Sous l'impact, celle-ci hurla de douleur ; elle venait de recevoir une vague d'énergie de la magie qui lui était la plus mortelle en pleine tête. Elle porta ses mains à son visage, comme pour arrêter une hémorragie, mais la magie avait pénétré profondément, faisant des dégâts qu'Anastasie elle-même n'aurait pas imaginé. Elle profita du temps gagné pour s'approcher à toute vitesse et se plaça immédiatement entre la milicienne et l'esprit, épée au poing.

L'avantage de la jeune femme s'arrêta cependant là, car déjà la banshee s'était remise en position de combat. Le trait de lumière avait néanmoins complètement détruit le globe oculaire droit de la créature, élargissant la cavité de quelques centimètres de diamètre. Et son visage, pourtant déjà dément, semblait plus emprunt de folie encore que précédemment. Alors qu'elle observait Anastasie de son œil unique, la banshee ouvrit grand la bouche, laissant échapper un hurlement inhumain, strident et morbide, qui ne fit que gagner en intensité à mesure que les secondes passaient ; bientôt, le cri devint insoutenable pour la Comtesse, qui sentit ses tympans au bord de l'explosion. Elle plaça ses poings sur ses oreilles, joignant son cri à celui de la banshee tant la douleur était grande, mais le râle perçait sans mal à travers ses mains.

Quand le bruit s'arrêta finalement, en même temps que la douleur, une longue griffe vint frapper le menton de la jeune femme, la faisant tomber à la renverse près de la milicienne.

« ANASTASIE ! » hurla la voix malsaine de la banshee. Il était cependant clair, de par son intonation, que c'était de nouveau le nécromancien qui s'adressait à elle. « J'AI DIT MEURS ! MEURS ! »

Au même moment, une main squelettique vint attraper la jeune femme par le crâne, la relevant par la force sans la moindre difficulté. Bien vite, elle pendit à quelques centimètres du sol ; son épée étant tombée pendant sa chute, elle était à la merci de l'esprit. Mais son nom fut prononcé de nouveau, par une voix bien plus douce, bien plus faible. Baissant les yeux vers le corps meurtri de Ak'Laharikah, Anastasie vit la milicienne attraper sa propre lame, qu'elle envoya de toutes ses faibles forces à sa hauteur. La Comtesse attrapa tant bien que mal l'arme au vol et, au moment ou la banshee s'apprêtait à asséner un ultime coup de ses longs doigts griffus en direction de son cœur, abattit l'épée sur le coude du bras la retenant. L'os craqua plus qu'il ne se fendit, mais aussitôt l'esprit lâcha sa captive en criant une fois de plus de douleur.

Anastasie se réceptionna difficilement sur les gravillons de la petite place, lâchant l'arme d'Ak'Laharikah pour amortir sa chute, mais elle fut bien vite contrainte de se relever car déjà la banshee revenait à l'assaut. Elle roula sur sa droite, attrapant sa propre épée au passage, et se redressa immédiatement. Profitant d'être sur le flanc de la créature, elle attaqua immédiatement, mais celle-ci esquiva prestement.

( Il faut que je me positionne sur son côté droit, ) songea la jeune femme. C'était en effet son côté le plus faible, ayant essuyé une blessure à l’œil comme au bras.

Une cicatrice de son menton à ses lèvres saignait légèrement, et elle venait d'encaisser quelques coups durs, mais grâce à son sort revigorant elle était toujours en pleine forme, parfaitement alerte et capable, comme si elle ne venait pas d'encaisser deux combats avant celui-ci. Mais, si la banshee était blessée à l'oeil et au bras, elle non plus ne semblait pas particulièrement fatiguée. Donc à moins de profiter de ses faiblesses, elle était pratiquement certaine de perdre, au vu de la supériorité physique de son ennemie.

« Tu ne veux jamais mourir ! » s'énerva le nécromancien à travers les lèvres de sa créature.

Sur ces mots, la banshee s'avança de nouveau, prenant d'assaut à une vitesse prodigieuse Anastasie, qui évita tant bien que mal la série d'attaque suivante. Cependant, ses coups ne venaient presque que de son membre gauche, et les rares du droit étaient particulièrement lents et faibles. C'est donc après une de ces attaques sans panache que la Comtesse plongea sur le mauvais flanc de la banshee et lui asséna un coup à l'épaule. L'esprit s'écarta par réflexe, mais elle ne put éviter totalement l'épée, qui s'enfonça profondément dans sa chair, lui tirant un nouveau cri de douleur. La contre-attaque arriva cependant immédiatement, et de manière brutale. Le bras valide de la créature donna un violent coup dans la lame d'Anastasie, qui lui vola des mains, puis vint s'abattre avec force au creux de son estomac, la faisant voler à quelques mètres de là.

La banshee plongea sur elle en hurlant un énième « MEURS [/color]», et ses deux mains vinrent bloquer la respiration de la jeune femme en serrant très fort sur sa gorge. La pression était prodigieuse, si bien que, en quelques secondes seulement, Anastasie cru que les organes de son cou allaient céder. Mais, contre toute attente, la créature la lâcha bien vite ; au même moment, une gerbe de sang noirâtre gicla au visage de la jeune femme. La tête de la créature ne tenait plus qu'à moitié sur ses épaules, et à sa gauche, Ak'Laharikah tenait difficilement l'épée qui avait gravement blessé l'esprit. Prouvant encore son endurance incroyable, ce dernier se redressa difficilement pour attraper la milicienne à la gorge à son tour, malgré l'état de sa gorge et le sang étrangement foncé qui en coulait à flot. Incapable, cependant, de s'occuper des deux ennemis à la fois, la banshee ne put voir Anastasie récupérer l'arme qu'Ak'Laharikah venait de lâcher, ni éviter le coup qui vint terminer de déloger sa tête du reste de son corps.


(((Tentative d'apprentissage du sort Trait de lumière : Une attaque concentrée de lumière vient percuter une cible (mag+1/lvl). )))

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Dernière édition par Anastasie Terreblanc le Ven 8 Avr 2016 17:25, édité 1 fois.

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Ak'Laharikah défit la main qui était restée crispée autour de son cou avant de se laisser tomber en arrière, vidée de ses dernières forces. Elle était déjà en très mauvais point lorsqu'Anastasie s'était mêlée au combat, mais elle avait réunit toute son énergie pour donner ce coup d'épée à la banshee, sauvant la vie de la Comtesse et lui permettant d'achever la créature.

« C'est fini ? » murmura la milicienne, un mélange d'étonnement et de soulagement dans le regard.

Mais son interlocutrice secoua la tête.

« Pour toi, oui. Pas pour moi. »

Elle avait encore toute son énergie, grâce au sort qui la maintenait en forme. Elle devait à tout prix utiliser cette occasion pour affronter le nécromancien, vidé de tous ses pouvoirs. S'il avait encore eu de la magie, nul doute qu'il aurait déjà envoyé de nouveaux squelettes se battre à sa place pour protéger sa banshee. Autrement dit, Anastasie devait profiter de l'effet du sort de vigueur pour se débarrasser de cet ennemi autrement trop puissant. Elle en pleine forme contre ce nécromancien vidé de toute énergie, c'était là sa seule solution. Car telle était la puissance de cet être capable de contrôler un nombre si incroyable de mort-vivants à distance.

Anastasie s'approcha d'Ak'Laharikah et posa ses mains sur son ventre, sur sa plus grosse blessure. Et elle insuffla dedans tous ses fluides. En quelques secondes, la couleur revint aux joues de la jeune femme, alors que la plaie se refermait, en même temps que les autres meurtrissures cicatrisaient. Elle avait lancé le sort de soin le plus puissant qu'elle avait en réserve, et il lui fallut quelques secondes pour s'en remettre, malgré le sort de vigueur, mais bien vite celui-ci refit son effet et elle put se relever sans problème. Devant elle, la milicienne clignait des yeux à répétition, quelque peu surprise de sa vitesse de rétablissement. Malheureusement, elle restait physiquement éreintée : la Comtesse savait ne pas pouvoir compter sur son aide lors de son combat.

« Je dois aller m'occuper du nécromancien maintenant, ou il attaquera de nouveau. »

Ak'Laharikah esquissa un grimace.

« Je te dirais bien de ne pas y aller, mais je suppose que tu as raison. »

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« Pour briser une illusion, il faut montrer qu'elle n'existe pas, » murmura Anastasie pour elle-même, face au faux mur du nécromancien.

Elle était de nouveau face à l'illusion, une boule de lumière au-dessus de son crâne pour en éclairer les détails. Si l'on omettait l'étrange et si faible lueur noirâtre qui semblait émaner de son centre, la paroi rocheuse était en tout point identique à n'importe quelle autre. Et pourtant, la banshee et les squelettes étant des créatures tout à fait tangibles, cette paroi ne pouvait pas être réelle. A moins que le nécromancien ne possède des fluides de terre, et reconstruise ce mur à chaque fois, ce dont Anastasie doutait très sincèrement pour tout un tas de raison.

« Pour briser une illusion, il faut montrer qu'elle n'existe pas, » répéta-t-elle une seconde fois.

Mais comment prouver l'inexistence de quelque chose qu'elle parvenait à toucher, à sentir sous ses doigts ?

« En ne la regardant pas ? » essaya-t-elle.

Et, mettant à exécution son idée, elle ferma les yeux avant d'avancer à tâtons vers l'illusion. Mais, de la même manière que lorsqu'elle observait la surface, ses mains entrèrent en contact avec la roche et la terre qui la constituaient. Ou du moins qui en faisaient mine.

« Merde ! » jura-t-elle d'une voix forte en jetant un regard mauvais à l'objet de son énervement. « Pour briser une illusion, il faut montrer qu'elle n'existe pas. »

Elle se mordilla l'intérieur de la joue, comme à chaque fois qu'elle réfléchissait intensément. Peut-être que ce n'était qu'une superstition du peuple des dunes ? Que la vraie façon de s'en débarrasser était un rituel, et non un simple tour de passe-passe ? Peut-être que l'illusion était trop avancée pour être réglée de cette manière ? Elle n'en savait rien, au final, et, à moins de la déjouer, elle n'avait aucun moyen de l'apprendre. Seulement elle n'avait aucune idée de la manière dont elle pourrait s'en débarrasser, et c'était donc là sa seule chance. Donc autant continuer, se disait-elle.

« Mais chaque sort à une faiblesse, » se souvint-elle. « Toute chose possède au moins une façon d'être contrecarrée, quelque chose pour la défaire, c'est une règle inviolée de la magie. »

Et, enfin, après près de dix minutes à lambiner devant la paroi, la révélation vint à Anastasie.

« Cinq sens ! » s'exclama-t-elle. « La vue, le toucher, l'ouïe, le goût, l'odorat ! »

En effet, les illusions disposaient d'au moins une faiblesse. Car, si l'illusion était réelle sur les cinq plans, elle devenait alors complètement physique, ce qui était impossible. Autrement dit, si Anastasie pouvait voir et toucher la paroi et que la pierre et la terre faisaient un bruit tout à fait normal lorsque l'on les frappait, il ne restait plus que deux solutions. Mettant cette idée à l'épreuve, Anastasie approcha son nez du mur, et y sentit immédiatement la même chose que dans tout le reste de la mine : une odeur de terre et d'humidité. Alors, à contrecœur, elle ferma les yeux et frotta sa langue contre l'illusion. Mais elle ne sentit rien. Et lorsqu'elle ouvrit les yeux, un corridor en pierres taillées était devant elle.

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Anastasie plongea immédiatement dans le couloir de pierre ; celui-ci ne dura pas plus de quelques mètres, et la mena directement à son objectif : une immense salle – ou plutôt une caverne aménagée – éclairée magiquement, au milieu de laquelle, recroquevillé, se tenait une grande silhouette squelettique. Une longue chevelure noire, se fondant dans sa robe, de la même couleur, cachait son visage, mais l'on pouvait distinguer deux oreilles pointues et des mains qui ne semblaient guère plus que quelques phalanges recouvertes de peau. Anastasie crut entendre des sanglots.

Le reste de la salle était pratiquement désert, au vu de la superficie de l'endroit. Un lit double, une table et deux chaises, une penderie où étaient rangées les robes qu'il devait faire porter à sa banshee, et une cavité qui semblait contenir une énorme quantité d'eau. Mais l'objet qui attira l'attention de la jeune femme était la gigantesque cage de verre, seule source de bruit de la pièce, dans laquelle se baladait une multitude de rats. Anastasie ne voyait qu'une seule raison pour disposer de tant de rongeurs enfermés, et l'idée lui soulevait le cœur. Cannibales, ils devaient se dévorer entre eux pour survivre lorsque ce n'était pas leurs excréments qu'ils ingurgitaient, mais se reproduisant à une vitesse effarante, ils compensaient leurs pertes automatiquement. Une ferme infinie de viande, pour vivre reclus pendant des années.

Quand il s'aperçut de la présence de la jeune femme, l'être se tourna vers elle, avant de se redresser rapidement pour lui faire face. C'était vraisemblablement un hinïon, mais la pâleur de sa peau rivalisait avec celle des sindel. Ses yeux, vitreux, trahissaient la douleur qui l'habitait. Il semblait que la perte de sa banshee l'avait plus touché que la Comtesse ne l'aurait cru.

« Ah ! » s'exclama-t-il d'un ton méprisant. « Tu as même percé l'illusion, à ce que je vois. »

Anastasie hocha doucement la tête, incertaine de la démarche à adopter. Elle s'était attendue à ce qu'un combat éclate immédiatement, mais rien dans la posture de son ennemi ne laissait penser qu'il désirait combattre. Elle garda néanmoins sa main fermement posée sur la garde de son épée, prête à dégainer au moindre signe suspect.

« J'attends là depuis si longtemps... » continua-t-il. « Tout ça pour finalement être humilié par une gamine. »
« Vous voulez dire que vous êtes dans cette caverne depuis la première mort de Tal'Raban ? » demanda-t-elle, soudain curieuse.

Ses cours d'histoire en la matière lui faisaient défaut, mais il lui paraissait inconcevable qu'il soit resté pendant tant de décennies dans un tel endroit, sans même voir la lumière du soleil.

A ses dernières paroles, son interlocuteur lui adressa un visage emprunt d'horreur.

« Mort ?! » s'exclama-t-il. « Tal'Raban est mort ?! »

Anastasie n'en croyait pas ses oreilles. Non seulement il semblait avoir vécu là pendant un temps monstrueusement long, mais il ne semblait pas avoir eu le moindre contact avec le monde extérieur depuis sa venue ici.

« Oui. Il y a bien longtemps déjà. Mais il est revenu il y a un peu plus de sept an. »

L'homme esquissa un sourire, apparemment soulagé par cette nouvelle. Il était pourtant celui à qui il devait un isolement si long, alors pourquoi semblait-il si heureux d'apprendre la résurrection de Tal'Raban ? La réponse à cette question, le nécromancien l'apporta lui-même, sans que la Comtesse n'ait besoin de la lui demander.

« Ainsi il ne m'a pas abandonné... Il était mort... Et maintenant il est revenu, il doit très certainement chercher un moyen de détruire cette maudite relique pour me délivrer de mon fardeau ! »

Son ton s'était peu à peu exalté à mesure qu'il avait prononcé ses mots, procurant un frisson de malaise le long de la colonne vertébrale de la jeune femme.

« Alors il faut que je vive ! » s'exclama-t-il en sortant un long poignard de sa ceinture. « Que je vive pour aller lui présenter mes excuses ! Quand je lui dirai que tu es la cause de tout ceci, toi qui as les pouvoirs d'Isaac, alors il me pardonnera ! »

Anastasie dégaina immédiatement son épée, mais lui fit signe d'attendre de la main gauche.

« Attendez. J'ai répondu à vos questions, à vous de répondre aux miennes. »

L'homme fronça les sourcils, visiblement peu emballé par l'idée.

« Rien ne m'y oblige, » déclara-t-il.
« Si vous répondez à mes questions, je vous dirai où vous pouvez trouver Tal'Raban, » rétorqua-t-elle.

C'était une information qu'il pourrait obtenir très facilement, mais il n'avait aucun moyen de le savoir. Aussi, après quelques secondes de réflexion, il rangea de nouveau son arme et fit signe à la jeune femme de poser ses questions.

« Pourquoi avoir tué les habitants de ce village ? » commença-t-elle.
« Parce qu'ils s'approchaient. »
« Et... pourquoi avec ce procédé aussi... laborieux ? »

Un ricanement à glacer le sang sortit de la gorge du nécromancien. Il semblait trouver la question amusante.

« Je compte le temps en portée de rat, » répondit-il, sans qu'Anastasie ne comprenne où il voulait en venir. « Ou plutôt je comptais. J'ai arrêté après la mille-trois-cent-vingt-et-unième. C'était il y a une éternité. Et tu sais ce qui est le plus difficile à supporter là-dedans ? L'ennui. »

Anastasie déglutit péniblement. Il confirmait ce qu'elle avait déjà deviné : ces morts atroces et absurdes n'étaient que dans le simple but de le divertir. La mort de toutes ces personnes s'apparentait à un jeu. La jeune femme serra un peu plus fort la poignée de son épée avant de conclure, cynique.

« L'ironie, c'est que c'est ce qui aura marqué votre défaite. A utiliser de votre propre énergie pour alimenter des rituels inutiles, à les tuer un par un au lieu de vous débarrasser d'eux en une fois... Et maintenant me voilà, attirée jusqu'à vous, et en pleine forme, face à un vieillard affaibli. »

Elle marqua un temps de pause, laissant le temps à sa tirade de faire son effet, avant d'achever de l'énerver.

« C'est à votre amusement que vous devez la mort de votre banshee. »

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MessagePosté: Ven 8 Avr 2016 17:17 
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Immédiatement, pris d'une rage folle, le nécromancien sortit son poignard et fonça sur Anastasie en hurlant. Mais, préparée, la jeune femme fit disparaître la lumière qui la suivait d'un mouvement de la main. Elle était encore très près de l'entrée de la grotte, où la pénombre régnait, tandis que son adversaire était en pleine lumière. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, il lui avait suffit de se décaler d'un pas pour qu'il la rate lamentablement. Il avait laissé ses émotions prendre le dessus, et ses mouvements, en plus d'être ralentis par sa condition physique pitoyable, se dévoilaient bien trop tôt pour qu'elle ne se fasse avoir.

La contre-attaque de la jeune femme ne se fit pas attendre : un coup horizontal en direction de la nuque de l'elfe. Mais, muni des fantômes de ses réflexes passés, son ennemi s'écarta quelque peu avant que l'épée ne le frappe. Il réattaqua aussitôt, tout aussi maladroitement mais avec une vivacité étonnante compte tenu de son physique. Anastasie évita néanmoins ses assauts répétés de quelques pas en arrière, menant le nécromancien vers le centre de la salle par la même occasion. Il était si agressif, semblant se soucier si peu de sa propre sécurité, qu'elle ne trouvait pas le temps d'attaquer une seule fois sans être certaine de recevoir un coup dans la seconde qui suivait.

Après quelques secondes, cependant, la fatigue commença à se faire ressentir, et ses assauts furent moins soutenus que précédemment, laissant à Anastasie la possibilité de le frapper du talon de sa botte. Le coup, porté au plexus, lui coupa le souffle. Alors la Comtesse lui porta une estoque en direction du cœur. Mû par son instinct de survie, le nécromancien trouva la force de s'écarter juste à temps pour dévier la lame loin de l'organe, même si elle pénétra entre deux de ses côtes, lui arrachant un cri de douleur.

L'hinïon tomba un peu plus loin, et Anastasie le rejoignit bien vite, épée toujours en main.

« Il est à Omyre, » annonça-t-elle. « Mais vous, vous allez à la prison de Luminion. »

Toujours affublé de la même expression démente, l'hinïon secoua la tête.

« Plutôt mourir ! » s'exclama-t-il avant d'attraper le mollet gauche de la jeune femme et de le mordre à pleine dent.

Celle-ci hurla sous la douleur, avant de le déloger de sa chair d'un coup de talon. Lorsqu'il lâcha sa jambe, cependant, elle chuta en arrière, désarçonnée. Ils se relevèrent en même temps, mais, toujours pris d'un accès de folie, le nécromancien lui fonça de nouveau dessus sans tenir compte du sang qui s'écoulait de l'énorme blessure qu'elle lui avait infligé. Anastasie tenta de s'écarter de sa trajectoire, mais son mollet blessé lui sembla bien faible, et elle ne fit que boitiller légèrement, laissant à l'homme l'opportunité de se jeter sur elle. Elle lâcha son arme dans sa chute, et alors qu'ils roulèrent tous deux à terre, l'hinïon prit bien vite le dessus sans la moindre difficulté.

Ses doigts se refermèrent sur le cou d'Anastasie alors qu'ils continuaient de rouler sur le sol rocailleux de la pièce. Après quelques secondes, cependant, ils heurtèrent un meuble que la jeune femme ne vit pas, lui dessus, elle dessous ; bien vite, elle comprit contre quoi ils luttaient : la cage aux rats. La Comtesse sentait peu à peu ses forces la quitter sous la pression des doigts de l'hinïon, mais elle trouva la force de frapper sur le haut de la vitre. Ainsi, elle ne libéra aucun rongeur, mais de sa main nue, elle put attraper un morceau de verre, et l'enfonça de toutes ses forces dans le cou de son assaillant, se blessant par la même la main.

Le nécromancien la lâcha immédiatement et se releva sous le cou de la douleur ; le verre s'était logé à la base du cou, sa vie n'était donc pas en danger immédiat, mais le sang coulait néanmoins à flot. Anastasie profita de ce moment de répit pour se redresser à son tour et s'écarter en direction de l'épée, mais sa jambe était encore très faible, et bien vite l'homme était de nouveau sur elle, armé du morceau de vitre qui était planté dans son corps quelques secondes plus tôt. Sa démence prenait de plus en plus le contrôle de son corps, si bien que, malgré deux blessures potentiellement mortelles, ses mouvements semblaient de plus en plus vifs et puissants. Il arborait un visage de folie lorsqu'il sauta de nouveau sur Anastasie.

Par réflexe, celle-ci se tourna vers lui alors qu'il bondissait et leva sa jambe pour l'arrêter dans son élan. Si le coup porta effectivement, le poids de l'hinïon sur sa jambe blessée fut cependant trop important, et elle chuta de nouveau. Elle roula cependant en direction de son arme, et put l'attraper avant qu'il ne se redresse complètement. Alors, lorsqu'il lui sauta une énième fois dessus, Anastasie leva son arme en l'air, et le nécromancien empala son estomac dessus. Encore une fois, le poids était trop important pour Anastasie, et l'homme s'étala sur elle de tout son long, s'enfonçant plus encore dans la lame.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 8 Avr 2016 17:17 
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Anastasie sortit tant bien que mal de sous le corps du nécromancien. Même après tout cela, il bougeait encore. Faiblement, et la vie ne tarderait pas à la quitter, mais sa vitalité restait impressionnante. La jeune femme se redressa et retourna l'hinïon d'un coup de talon. Il la regardait encore avec une expression de défi sur le visage. Alors elle attrapa le manche de son arme et tira d'un coup sec, empirant l'hémorragie. Le sang coulait à flot sur le sol de la caverne. C'était la deuxième fois qu'elle tuait.

Bien sûr, elle pourrait le sauver. Si ses réserves de magie étaient à sec, il lui restait plusieurs doses de potion de mana qui pourraient lui permettre de soigner, ne serait-ce que sommairement, l'hinïon. Elle pourrait lui redonner assez d'énergie pour qu'il ne décède pas, et décider de le livrer aux autorités. A la milice de Luminion.

« Tu ne vaux pas une potion de magie, » assura-t-elle avec fermeté.

La déclaration la surpris elle-même. Quelques jours plus tôt, la déclaration l'aurait horrifiée. Mais elle n'avait plus la force de pleurer sur son sort. Cet homme avait passé les deux derniers mois à tuer pour son plaisir personnel, elle était contente qu'il meure. Pire, elle était contente d'avoir put mettre fin à ses jours elle-même. Au fond d'elle-même, une part d'innocence s'éteignit, peut-être pour toujours, alors qu'une détermination nouvelle s'emparait d'elle : certaines personnes méritaient tout simplement de mourir.

Ne prenant même pas la peine d'abréger ses souffrances, la jeune femme se retourna et boitilla jusqu'à la penderie dans laquelle reposaient les quelques robes de la banshee. Elle y avait repéré un coffre, à son pied, lorsqu'elle avait pénétré dans la pièce. Un coffre tout juste assez long pour abriter une épée. Elle s'agenouilla devant la malle en bois et releva délicatement le couvercle pour y découvrir l'objet de sa venu ici. L'objet tant convoité. L'objet que Tal'Raban avait fait garder pendant si longtemps, par crainte.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 16 Avr 2016 05:35 
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Nuée de corbeaux

La colonne sombre sillonna les reliefs boisés de Luminion une bonne partie de la journée, suivant le cours de la rivière aux eaux noires et stagnantes. Malgré la proximité des frontières du royaume de Kendra-Kar, cette région n'était pas encore conquise par la marée humaine et conservait son authenticité sauvage. Aucun sentier, aucun village ne parsemait ces étendues forestières, à l'exception peut-être de quelques cabanes de chasseurs ou autres prospecteurs à la recherche de territoires vierges.

Daemon suivait la marche avec réticence, à l'arrière de la file, repoussant au possible l'issue fatale. Son ventre n'avait cessé de se contracter et son angoisse ne cessait d'empirer. Presque fiévreux, des petits tics nerveux l'assaillaient alors que sa mâchoire se resserrait. Beaucoup moins familier en présence d’autrui, le comportement distant et presque froid d'Asad contribuait à entretenir cette inextricable tension.

Un encapuchonné s'arrêta en marge du convoi pour visiblement les attendre. Daemon le détailla du regard et reconnut les traits de Merilian dissimulés dans l'ombre de sa capuche. Cette dernière marcha en leur compagnie. Elle s'adressa à Asad, d'abord de manière superficielle et gênée, pour ensuite aborder subtilement le sujet stimulant son intérêt : l'excursion infernale d'Asad.

À défaut d'entretien avec la dame des brumes, ils s'étaient gardés d'évoquer cette histoire aux autres messagers, à l'exception d'une brève justification envers leur supérieure. Premièrement par honte, car cette bataille fut un cuisant échec, mais aussi par prudence car beaucoup verraient dans ce récit de résurrection de vulgaires racontars.

La nécromancienne s'assura de leur sincérité et se fit plus précise dans ses questions, ne dissimulant pas sa déception quand Asad rétorqua que ses souvenirs d'outre-tombe étaient plus que lacunaires. Néanmoins, il lui raconta ses quelques réminiscences de paysages désolés, stériles et éternellement nocturnes. Son visage bronzé se nimba d'angoisse quand il en vint à évoquer l'océan grouillant d'âmes damnées recouvrant la plaine infinie menant aux portes du royaume de Phaïtos. Captivée, Merilian retira sa capuche et réclama d'autres détails. Le basané aux cheveux blancs lui répondit de manière évasive et fuyante, prétextant que ces souvenirs s'estompaient chaque jour davantage. Alors, le regard convulsé, l'adoratrice l'agrippa par l'épaule et persévéra dans son interrogatoire déraisonnable.

La réaction du jeune homme surprit autant Daemon que Merilian, car submergé par l'insistance de la nécromancienne, il la repoussa violemment et l'envoya paitre avec force. Le semi-elfe ne put dissimuler un gloussement en découvrant l'expression médusée de la nécromancienne, mais son sourire se tordit brutalement à l'audition d'une annonce provenant de la tête du cortège. Ils étaient arrivés.

La troupe se regroupa à l'orée ombragée du bois, donnant sur une clairière au pied d'une paroi rocheuse. Une fente sombre se dessinait dans un renfoncement moussu, duquel s'élevait un écho étouffé mais pourtant très distinct d'une voix singulière.

( Korben ! )

Merilian fit fi de l'affront et prit place au centre de l'assemblée. D'une voix assez faible pour ne pas être entendue de leurs cibles, elle résuma une nouvelle fois la situation et enjoint Daemon d’exécuter la sentence.

Avalant sa salive, le semi-elfe ferma les yeux quelques instants.

( Pardonne-moi Korben, pardonne-moi... Je dois accomplir mon devoir, celui d'un serviteur de la mort. )

Il gravit la légère pente parsemée de rocailles de laquelle s'élevait des voix presque festives, il lui sembla même entendre le grouinement d'un porc. Alors qu'il s'approchait de l’embrasure dans la roche, une émanation nauséabonde vint heurter son odorat. Cette grotte dégageait une odeur désagréable de crasse et de macération.

À ses premiers pas dans la fraîcheur de la pénombre, les intonations bruyantes cessèrent. La vue de Daemon mit quelques secondes à s'habituer à l'obscurité ambiante, puis il découvrit une petite grotte rudimentairement aménagée de meubles primitifs, ainsi que des regards hébétés posés sur lui.

Un homme à la pilosité hirsute se dressait au centre de la caverne, vêtu de loques, il ne bougeait pas et grimaçait étrangement. Le long de la paroi poussiéreuse, assit sur un lit de fortune, Korben le dévisageait avec méfiance, les mains posées sur le museau d'un sanglier aux défenses imposantes. Le Thorkin avait mauvaise mine, ses cheveux et sa barbes complètement ébouriffés.

Daemon esquissa un sourire contrit.

« Bonjour, Korben. »


Comme un Thorkin digne de ce nom

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Multi : Erastos, Meraxès
Thème : Catacombae - Mussorgsky


Dernière édition par Daemon le Mer 20 Avr 2016 21:40, édité 1 fois.

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