L'Univers de Yuimen déménage !

Daemon

Une chape de désespoir s’abattit sur Daemon. Rentré dans ses appartements, il déposa son paquetage et resta sur le pan de la porte, sans bouger. Chandelle à la main, Asad attrapa un fauteuil afin de se mettre à la hauteur du lustre pour y allumer les bougies. Une lueur chaude envahit le boudoir principal aux boiseries marquées par le temps.

D'un pas traînant, le semi-elfe s'installa sur une causeuse avec raideur, le regard figé dans les limbes.

( Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi Korben a-t-il déserté ? Je n'aurais pas du partir, je n'aurais pas dû l'abandonner... )

Sa Faera s'échappa du néant et vint virevolter dans la pièce comme un oiseau moqueur. Son regard livide et lumineux interrogea celui du fanatique dans le silence, alors le chaton d'ombre se posa sur le tissu écarlate et se roula sur le dos, invoquant et jouant avec une petite bulle d'eau entre ses coussinets.

« Morgoth, tu dois pouvoir m'aider ? »

La créature fantomatique s'arrêta sinistrement.

( Ce nain est déjà condamné. De ta main ou d'une autre, son exécution est inéducable. À moins que tu ne souhaites trahir la guilde... )

Un gouffre de détresse envahit Daemon, il ne put retenir ses larmes. Des grincements de parquet s'immiscèrent, alors, il se couvrit le visage pour dissimuler ses sanglots. Piètre manœuvre car Asad vint s'asseoir à ses côtés et posa son bras autour de ses épaules en un geste de réconfort.

« Tu y tiens tant que ça à ton nain ? »

« Il est mon unique ami. Si je ne l'avais pas rencontré, si je ne l'avais pas embobiné pour traverser le continent, il ne serait jamais parvenu jusqu'ici... » pleurnicha-t-il.

Alors le basané l'attrapa pour le forcer à le regarder, le transperçant de son regard céleste et sévère.

« Pourtant, tu n'as pas hésité à m’ôter la vie... »

« Je ! C'était ! Un accident, c'était un accident ! »

Daemon se tordit en excuse et en justifications maladroites, mais son interlocuteur ne semblait pas s'en émouvoir.

« Tu es pitoyable. »

Le semi-elfe bondit sur ses deux pieds, sur le palier de la rage. Mais le regard accusateur d'Asad devint insoutenable et il se renferma sur lui-même. Alors Asad se leva à sa hauteur, car à présent ils faisaient la même taille, et s'approcha sensiblement.

« Ne t'excuses jamais ! Si tu avais été plus fort tu aurais pu sauver Korben, mais pour l'instant tu dois te plier aux règles des Messagers. Je ne te connais que depuis quelques jours et je n'ai jamais vu quelqu'un progresser aussi vite. Prends patience, fait tes preuves, devient plus puissant et ainsi tu pourras imposer ta réalité... »

Morgoth avait arrêté de jouer avec sa bulle pour assister à la scène avec attention. Daemon frissonnait et le silence devint lourd. Asad attrapa son sac et le balança sur la table aux pieds sculptés.

« Commence dès maintenant et cesse de geindre. Lis les parchemins de sort et sans t'arrêter. Même si tu ne comprends pas l'alphabet antique, que personne ne comprend d'ailleurs, ne quitte pas les lignes des yeux avant d'avoir tout lu, sinon ton parchemin deviendra inutilisable. »

Il disparut sur ces mots. Le semi-elfe sécha ses larmes et s'assit pour ouvrir sa sacoche. Curieuse, sa Faera s'approcha pour contempler les rouleaux de papier. Il les sortit, puis en ouvrit un sur le plat de la table. Il s'agissait d'un vieux papier froissé sur lequel étaient disposés d'étranges caractères ésotériques inscrits à l'encre noire. Suivant les conseils de son compère, il entreprit de lire les symboles avec attention. La première ligne était incompréhensible, mais il continua et arrivé au milieu de la seconde, il constata avec stupeur que les caractères du début du texte commençaient à disparaître. Il eut un vif mouvement de recul, mais ses yeux ne le trompaient pas, le parchemin s’effaçait.

Il reprit sa lecture dans la hâte, paniquant parfois et revenant en arrière de peur d'avoir survolé certains termes. Une étrange impression l'envahit mais il ne lâcha pas le parchemin, ses yeux sautèrent convulsivement de ligne en ligne, se repaissant des symboles à l'étrange régularité cryptique. À présent la page était blanche, il adressa un regard interrogateur à sa Faera car rien ne se passait. Soudain un flot de connaissances tourbillonna, une expérience étrangère semblable à de faux souvenirs se gravait dans son esprit.

« Je vois... »

Il dévora le reste des parchemins avec avidité sous l’œil attentif du chat fantastique. Une fois la tâche achevée, il s'enfonça dans son fauteuil et voyagea dans ses nouvelles connaissances. Une pointe de malveillance teintait ses nouveaux savoirs, à laquelle il ne porta pas attention. Il pouvait à présent utiliser son fluide obscur pour augmenter artificiellement sa force, pour s'insinuer dans les esprits afin de les déstabiliser et même absorber la vitalité de ses adversaires.

Asad réapparut et constata le travail achevé. Après s'être assuré que Daemon avait bien réalisé ses apprentissages, sa physionomie devint mesquine.

« Bien, passons à l'étape suivante... »

Il attrapa une fiole de fluide obscur et la déboucha prestement. Fort de son souvenir encore récent, Daemon se retrancha aussitôt dans les cousins.

« Reportons ça à plus tard ! »

Asad s'esclaffa d'un léger rire sadique, puis s'approcha de manière sinistre...

Le ciel pleurait pour lui

Daemon

Régularité cryptique

L'esprit embrumé d'affliction, Daemon gravit les marches souterraines de la nécropole. Il passa sous les crocs de la herse et se couvrit le visage pour se protéger de la luminosité puissante et diffuse. Dans l'édifice délabré à la toiture effondrée, il leva les yeux vers le ciel gris et maussade transpercé çà et là de piliers lumineux. Il sentit la pluie percuter son visage, des gouttes ruisselantes de ses grands yeux pourpres. Le ciel pleurait pour lui, car il partait assassiner un ami.

Il se dirigea vers les ruines du village situées en contrebas du promontoire, là-bas attendaient les hommes chargés de l'accompagner.

Au retour de sa dernière mission, sa supérieure l'avait informé de la désertion de Korben des rangs de l'ordre et de ses projets pour l'exécuter. Dans un premier temps choqué par la nouvelle, mettant en doute les dires de la nécromancienne, il en vint rapidement à culpabiliser sur le sort de son compère. Daemon ressentait un profond dégoût envers lui-même, envers ses mensonges ayant enrôlé le nain parmi les adorateurs de Phaïtos. Ses croyances et sa culture trop incompatible avec les desseins de la cité mortifère, le Thorkin n'avait pu s'y acclimater et s'était rapidement attiré des problèmes...

Puis la rage avait bouillonné en lui et il retourna sa colère contre Asad l'accusant de couardise et d'une pitoyable soumission. Mais la réalité, trop insupportable, avait fini par l'écraser. Il tenta de marchander misérablement auprès de la nécromancienne qui restait inflexible. Les lois de l'ordre sont divines, elles ne peuvent s'arranger selon ton bon vouloir, disait-elle. Après une période de dépression ponctuée d'une légère démence liée à l'ingestion de fluides obscurs, il finit par accepter le sort funeste de son ami. Car Korben n'était plus que l'ombre de lui-même. Son corps fut ravagé par les batailles, sa jambe sectionnée dans les catacombes et selon Merilian son esprit dévasté par l'hystérie. Mettre un terme à son existence relevait désormais de la clémence.

Le semi-elfe désenchanté arriva devant l'écurie assiégée par les ronces. Foulant le foin mêlé à la boue saumâtre des journées humides, il jeta un œil par-dessus le volet inférieur de la porte en bois sans y trouver personne. Des échos de voix se firent entendre malgré le bruit régulier de la pluie. Caressant rapidement sa jument, il fit le tour du bâtiment et retrouva Asad et Merilian sous un porche les épargnant de la pluie, ainsi qu'une dizaine de silhouettes encapuchonné.

La nécromancienne était vêtue d'un épais manteau de bure la dissimulant quasi-totalement tandis que le basané, aux cheveux d'un blanc ivoire et au regard céruléen, était accroupi et semblait faire l'inventaire de son sac. Daemon les salua sinistrement sans l'ombre d'un sourire et resta sous la pluie.

Nuée de corbeaux

Azra

Il y avait là une dizaine de silhouettes encapuchonnées. Merilian hocha la tête en te voyant arriver, puis elle éleva la voix :

"Celui que nous partons tuer st un traître qui nous a abandonné. Vous venez tous pour assister au sort réservé à ce genre d'individu. Mais ce n'est pas un traître ordinaire. Il a accompli le rituel du seuil de la mort, et ce faisant, il s'est rapproché de Phaïtos plus que vous tous, et autant que moi. Il nous a rapporté la voix d'outre-tombe et l'annonce de l'arrivée du premier messager. Cela, au moins, demande le respect. L'un d'entre vous devra le tuer, rapidement et sans douleur. Un volontaire pour être l'émissaire de la justice de Phaïtos ?"

Daemon

Le ciel pleurait pour lui

Merilian hocha la tête en constatant son arrivée et s'adressa d'une voix forte à l'intégralité du groupe, indiquant qu'ils partaient tuer un traître ayant déserté la guilde. Tous devaient assister au sort réservé à ceux tournant le dos à l'ordre. L'assemblée d'encapuchonnés assistait au discours silencieusement, intervenant pour glisser quelques discrètes approbations. Elle indiqua que le fuyard n'était pas n'importe qui, car ayant réussi l'épreuve du seuil de la mort et s'étant approché de Phaïtos plus que quiconque, à l’exception d'elle-même, précisa-t-elle, il méritait une mort digne.

Elle ajouta qu'au cours de cette épreuve, Korben aurait prophétisé la venue du premier messager, un mystérieux prophète qui selon la légende devrait guider l'ordre vers sa renaissance. Kadria avait déjà évoqué cette histoire, mais Daemon n'en accordait aucune importance. Quel intérêt de se bercer d'espoir dans l'attente de grands accomplissements qui ne viendraient jamais ? Il songea à sa première rencontre avec Merilian, lorsqu'elle hochait entre pulsion meurtrière et extase contemplative dans un violent bazar névrotique.

( À croire que cette femme ne raisonne qu'en matière d'apparitions divines. Fidèle religieuse ou psychopathe illuminée ?)

( Je me passerais de tes commentaires Morgoth. )

Sa Faera émit un petit rire antiphonique aux antipodes de l'humeur de son maitre. Merilian suggéra qu'ils devraient le tuer, rapidement et sans douleur, demandant si quelqu'un souhaitait devenir l'émissaire de la justice de Phaïtos.

Plusieurs réponses favorables et presque excitées montèrent dans l'assistance. Daemon observa cette nuée de corbeaux tracer des cercles. Ce genre de comportement le révulsait. Ces gens n'accordaient aucune importance à la vie de leur ancien confrère, à l'inverse de Merilian qui le tenait au moins en estime. La pression monta, puis sa gorge se déploya spontanément, mettant fin au cancan.

« Korben est mon ami, si quelqu'un doit accomplir cette besogne se sera moi ! » clama-t-il avec force.

Son regard était dur, inflexible. La nécromancienne le jaugea et valida son souhait malgré la désapprobation générale et cacophonique.

Une fois le sujet clos, un messager à la voix fluette annonça qu'il guiderait la marche jusqu'au repère du traitre, la cabane d'un ermite à seulement quelques lieux du domaine. La procession se mit en route en direction du sud en suivant le fil de la rivière. Malgré son assurance apparente, Daemon était fébrile et son ventre se nouait à la sinistre perspective. Il rejoignit Asad sur la route, recherchant désespérément la moindre bribe de réconfort.

Un renfoncement moussu

Mendax · **Inscription:** Mar 19 Jan 2016 23:05 **Messages:** 1257 **Localisation:** ...

C’est après plusieurs journées de marche éreintantes à causes de nos blessures que je parviens enfin avec Sine aux abords du domaine d’Endor. Je suis pale et marche en me trainant comme un grand père excédé par le poids de l’âge. J’observe un peu médusée les alentours… il n’y a rien d’autre que des vestiges d’un ancien village. Les bâtiments sont pour la plupart rongé par une épaisse végétation qui s’étend de la forêt non loin.

(C’est bien ma veine, vu l’état extérieur, je me demande comment ça va être dedans… enfin, si c’est là ma future famille je vais devoir m’en contenter… et je dois garder mon objectif en tête, trouver quelqu’un capable de m’apprendre à maîtriser mon état d’émotif, je dois cesser d’être sous l’emprise du fluide sombre dès que ça va mal…)

Sine me conduit à travers les décombres de ce hameau et c’est quand, à sa demande, je lève la tête que je peux contempler le castel d’Endor. Il ne paie pas de mine mais s’élève haut dans le ciel, revêtu d’une parure sombre comme la nuit. Je manque alors de tomber et décide de me reconcentrer sur la route. Des corbeaux à… trois yeux croassent en m’épiant depuis les hauteurs.

(Hum… pourquoi pas… trois yeux hein.)

Je décide de ne plus prêter attention aux corbeaux et continue d’avancer aux côtés de Sine en direction du château.

Azra

Intervention pour Mendax

Un homme surgit de l'ombre comme pas enchantement.

"Sine ? Déjà de retour ? Ça fait plaisir de te revoir... qu'est-ce que tu nous ramènes ?"

"Salut, Shaddem. Une nouvelle recrue à présenter à la dame des brumes..."

L'homme sombre hocha la tête :

"Toujours pas remis de cette histoire ? Je suis sûr qu'il a trouvé sa place auprès de Phaïtos..."

Sine ne répondit rien et te mena à l'intérieur. Vous passez devant des gardes squelettes et quelques gardes, puis vous arrivez à une salle de réception sombre mais plutôt luxueuse, ornée d'une immense table à nappe rouge. Il te désigne un couloir :

"La dame des brumes est par là. Au sommet de la tour, tu ne peux pas rater l'escalier. Soit prudent et respectueux avec elle. Ici, nulle ne redoute de perdre la vie, ni de la prendre à d'autre. Mais si tu fait preuve de sagesse, tu pourras beaucoup retirer de cette rencontre, car elle connait bien des choses du monde. As-tu des questions ?"

Mendax · **Inscription:** Mar 19 Jan 2016 23:05 **Messages:** 1257 **Localisation:** ...

Alors que les portes délabrées du castel se dessine devant moi, un homme à la peau halée sort de l’ombre et se dirige vers nous d’un pas confiant. Une épaisse capuche lui ceint le haut du visage de sorte que je ne puisse distinguer qu’une partie de ses traits, il est cependant plutôt massif et bel homme, de ce que je peux en juger.
Il interpelle Sine, apparemment ravi autant que surpris de le voir déjà de retour, avant de parler de moi, d’une façon que je n’apprécie guère.

(Qu’est-ce que tu ramènes ? Je suis du bétail peut-être ?)

Je fais néanmoins bonne figure et souris candidement comme si je n’avais pas relevé la légère touche de moquerie quand Sine répond à celui qui se prénomme Shadem qu’il m’amène en tant que nouvelle recrue afin que je puisse converser avec la dame des brumes. Le portier hoche de la tête, affichant un air contrit avant de s’étonner d’un ton complaisant que Sine n’ai toujours pas réussi à passer à autre chose, puis rajoute dans la foulée qu’il est sûr que celui dont ils parlent a trouvé sa place auprès de Phaïtos.

(Il est mort quoi… Ils ne peuvent pas parler clairement ?)

Mais le liykor choisit de se murer dans un silence maussade avant de saluer d’un geste de tête le portier puis m’invite à le suivre, s’engageant à l’intérieur. Je regarde l’homme à la peau cuivrée et dans un petit sourire lui souhaite de passer un agréable moment avant de lui tourner le dos, chaloupant quelque peu mes hanches. Des squelettes gardent l’entrée et je pouffe à l’idée de moi enfonçant un doigt dans l’orbite vide d’un des squelettes.

(Ils pourraient toujours voir ou ils ont une sorte de troisième vue ? Va falloir que je me renseigne.)

Je continue d’avancer en respectant le silence de mon guide, nous sommes maintenant dans une salle peu éclairée mais somme toute luxueuse. La salle se voit coupée par une grande table recouverte d’une nappe aux nuances carmin.

« Votre décorateur d’intérieur a un sacré goût…ahem. » dis-je dans une vaine tentative d’humour mais l’expression de Sine demeure impassible, se contentant d’hausser les épaules.

Il s’arrête finalement et de son long bras surmonté de griffe me désigne un vaste couloir. Il m’explique que je n’ai qu’à suivre le corridor puis gravir toutes les marches de la plus haute des tours. Là m’attend la dame des brumes. Il m’adjure de faire preuve de respect et de prudence avec elle car en ce castle la mort se donne et se reçoit aisément. Il doit voir mon expression quelque peu crispée à l’annonce de tout ça et rajoute rapidement que je vais pouvoir tirer beaucoup d’enseignement de sa part pour peu que je ne la dupe pas.

« Merci Sine, j’espère que nous nous reverrons. Mon pèlerinage n’aura peut-être pas été inutile, peut-être vais-je trouver en ce lieu un sanctuaire… une place où la foi en Phaïtos n’est pas réprouvée et où je pourrais tisser des liens avec de nombreux fidèles. » lui annoncé-je en brandissant un poing en l’air.

Je me retourne après l’avoir salué de la main et avance avec conviction.

(Heureusement les murs sont plutôt large et ma phobie des espaces restreints peut bien aller se faire f…)

Je constate avec horreur que l’escalier en revanche est… très étroit et en colimaçon. Je rigole avec nervosité et mes poings se serrent avec force jusqu’à devenir blancs, privés de sang. J’ai l’impression que mes jambes pèsent des tonnes quand je gravis la première marche, puis les quelques marches suivantes. J’en suis au premier tournant quand pris de panique je m’assieds et halète comme une vache.

(Du calme Insanis, du calme… Tout va aller…. Tu peux le faire.)

Je me redresse et dans un geste désespéré tend les mains de part et d’autre dans un geste illusoire.

(Comme si mes mains pouvaient empêcher quoi que ce soit…)

J’avance pourtant en continuant d’apposer mes mains de chaque côté du mur alors que mes jambes tremblent de plus en plus. Je me répète comme un mantra que je ne suis plus loin mais chaque marche est un supplice…

« Rahh je tiens plus ! »m'exclamé-je dans un braillement suppliant.

Je m’assois à nouveau et ferme les yeux, m’imaginant être dans une gigantesque prairie totalement plane et s’étalant à perte de vue.

(Je suis dans une prairie… oui c’est ça, une prairie, une très grande prairie…)

J’avance alors, à quatre pattes, les yeux clos, mes mains en éclaireuses tâte les différentes marches et je parviens à monter bien plus vite et facilement ainsi. Je manque alors de tomber quand mes mains ne rencontrent que le vide et je comprends être arrivé tout en haut des escaliers. Je rampe jusqu’à ce que mes jambes atteignent elles aussi le sol salutaire, essaie de me décrisper et avance de nouveau de quelques pas avant d’ouvrir finalement les yeux…

Azra

Intervention pour Mendax

"J'ai vu bien des fidèles entrer ici... mais rarement de manière aussi respectueuse..."

La moquerie se devine plus qu'elle ne s'entend, tant la voix est froide. Quand tu lèves les yeux tu vois non pas une femme, mais des centaines, se répercutant à l'infini sur des miroirs savamment placé. Au contraire de l'escalier, cela donne l'impression d'une salle aux dimensions infinies. Toi-même, tu te dupliques partout, de sortes que tu en viens à te demander où tu es vraiment. La voix de la femme se répercute :

"Qui es-tu, et que fais-tu dans la demeure de Kadria, la dame des brûmes, maîtresse des Messagers du Corbeau ?"

Mendax · **Inscription:** Mar 19 Jan 2016 23:05 **Messages:** 1257 **Localisation:** ...

Une voix glaciale m’accueille quand j’ouvre enfin les yeux, se révèle alors à ma grande surprise une salle aux dimensions titanesque affublée de centaines de miroirs renvoyant le reflet d’une jeune femme élancée aux cheveux rougeoyant comme la braise. C’est avec ironie qu’elle déclame n’avoir jamais vu pareille entrée si respectueuse…

(En tout cas, elle est plutôt charmante… mieux que la petite nobliaude que je me suis taper en chemin… Tout ça devient finalement intéressant, même si j’espère surtout que ses connaissances magiques ne sont pas surfaite.)

J'observe avec délectation ses courbes, les traits de son visage exprime une fierté et je comprends que je ne vais pas devoir agir trop imprudemment.

(Si je n'essaie même pas de la connaitre avant de la séduire, je sens que je cours à un échec cuisant, quel dommage cependant... je vais devoir être patient si je veux tenter quoi que ce soit.)

Je me redresse rapidement, cherche la véritable femme du regard mais abandonne rapidement… Les images se confondent dans ce maelstrom de miroir qui réverbèrent son reflet et le mien. Je m'époussette rapidement et passant avec nervosité ma langue sur ma lèvre supérieure, inspire profondément et affiche alors un sourire éclatant.

« C’est que… c’est-à-dire que… Les espaces restreints et moi ce n’est pas le grand amour ! Mais je vous prie d’accepter mes salutations on ne peut plus respectueuses. » conclué-je par une rapide révérence.

La voix féminine résonne à nouveau partout autour de moi, elle me somme de me présenter, moi et mes motifs, souhaite savoir ce que je fais dans sa demeure qu’elle présente comme étant celle de Kadria, dame des brumes et maîtresse des corbeaux.
Je regarde un peu hésitant de tous les côtés et rétorque finalement :

« Insanis pour vous servir ma Dame. Quant à ce que je viens faire ici… de multiples raisons m’y poussent. La première est Phaïtos. Il y a de ça de nombreuses décades, j’ai rencontré le Gentâme qui me révéla votre existence. Moi qui depuis ma venue sur ce monde avait toujours été seul… j’avais d’après lui l’opportunité de trouver un foyer, qui plus est vénère le même dieu que moi… Je ne crois pas à un destin tracé ma Dame, mais je suis sûr que c’est de la volonté de Phaïtos elle-même que découle la création de votre culte. Lui qui souhaite rassembler ses enfants… pour quel dessein je ne saurais dire et n’oserais essayer d’interpréter ces choix. Tout ce que je sais est qu’Il m’offre la chance de vivre l’un des souhaits les plus chers à mon cœur. » je reprends mon souffle après ce prompt discours et, posant une main sur mon cœur, continue sur ma lancée « J’ajouterais cependant que ce n’est pas le seul motif me poussant à vous rencontrer. Même si vous deviez m’acceptez, je ne pourrais rester, pas déjà. Il y a de ça quelque temps, j’ai eu une révélation, après avoir vaincu le monstre dont l'âme réside maintenant en moi, j'ai réalisé que cette quête du pouvoir pouvait me faire suivre le même chemin que lui... j’ai compris devoir encore m’assagir et m’aguerrir avant d’emprunter cette voie pour la recherche de la puissance et ai donc abandonné les reliques afin de prendre la route, seul... enfin jusqu'à ce que je fasse la rencontre de Sine. » mon visage devient alors un masque de gravité quand j'explique à dame Kadria ce que je suis« Je suis ce qu’on appelle un émotif, c’est un phénomène autant magique que rare s’il en est. Les fluides que je possède agisse sur moi… sur ma façon de penser elle-même. Et le fluide d’ombre, ce don de Phaïtos… je ne parviens pas à le contrôler. Je n’arrive même pas à choisir les moments où il me domine, comme s’il était animé d’une volonté propre à contrario du fluide de glace qui n’intervient que quand je fais appel à lui… Ce fluide d’ombre me laisse sauvage, dépourvu de compassion, ma seule survie prime, le tout régi par un instinct et un raisonnement bestial, primaire… Par le passé je me suis mis en danger ainsi que d’autres camarades. Je ne veux plus jamais que ça se reproduise... jamais ! » terminé-je en haletant.

Azra

Intervention pour Mendax

La femme sourit :

" Le silence est encore une vertu qui te reste à apprendre... mais au moins tu es claire et précis. Une de nos tâches est de réguler la magie noire pour ne pas qu'elle cause de soucis. Je te conseillerait bien d'aller parler à Maya Rhendlar, mais elle est absente... j'ai peut-être une autre option..."

(((du coup, tu veux que je parle de ton PNJ ?)))

Mendax · **Inscription:** Mar 19 Jan 2016 23:05 **Messages:** 1257 **Localisation:** ...

Dame Kadria laisse un fin sourire fleurir quand elle me rétorque que le silence est une vertu que de toute évidence, je ne maîtrise pas encore. Sa remarque prononcé sur un ton léger me fait m'indigner. J'essaie d'être honnête et voilà comment on me remercie ? La dame des brumes évoque alors un magicienne qui aurait pu m'aider, avant de préciser qu'elle est absente mais qu'une autre solution subsiste peut-être...

(Pourquoi me parler d'une mage absente... Si elle ne peut m'aider, inutile d'en causer voyons... enfin, du calme Insanis... tu ne vas pas lui faire de remarques...)

Je n'arrive cependant pas à rester totalement muet et d'une voix fluette lui répond :

"Peut-être auriez-vous préférer entendre que je souhaite intégrer vos rangs car j'aime votre uniforme ? Qu'il vous va bien au teint ? J'essaie de ne rien vous dissimuler et voilà que l'on me considère comme un moulin à parole. Enfin... votre opinion sur moi, construite sur une entrevue, est encore amené à changer je suppose... Concernant cette autre piste je suis tout ouïe."

Azra

Intervention pour Mendax

Elle ne relève pas tes commentaires :

"Tu as démontré ton courage. Je suis sûr que tu seras très utile... Pour la suite, le choix te revient : Attendre ici que Maya revienne... ou partir à la recherche du castel Hotarsique, dans les alentours de Darhàm. J'ai rencontré il y a fort longtemps l'ermite qui vit là-bas, un dénommé Valhata, il est fort sage et pourra sûrement t'aider. C'est un choix dangereux et difficile, cependant, car il n'aime pas beaucoup la visite et ses couloirs sont garnis de pièges et de monstres... à toi de voir."

Mendax · **Inscription:** Mar 19 Jan 2016 23:05 **Messages:** 1257 **Localisation:** ...

La dame des brumes se contente d’ignorer mes commentaires sans s’en soucier le moins du monde et alors que des centaines d’yeux m’épient, sa voix froide résonne. Elle affirme qu’étant courageux, je pourrais me rendre utile.

(Ravi de l’entendre, au-moins ici je ne suis pas considéré comme un être inutile et sans honneur… ici je leur prouverais ma bonne foi et mon utilité ! Je vais devenir quelqu’un, être enfin reconnu par mes pairs… je leur montrerais à tous qu’ils se sont fourvoyés à mon sujet ! Le monde sera obligé de m’accepter !)

Kadria continue sans se soucier réellement de moi et m’explique que je peux donc attendre Maya ou alors… tenter de trouver un vieil ermite nommé Vahalat qui vit dans les alentours de Darhàm. Ce Sindel, être sage et puissant pourrait bien m’aider. Elle me prévient cependant, la bête est peu sociable et le chemin pour accéder jusqu’à lui est parsemé de pièges et de créatures… Ma conviction en prend un coup quand j’entends cela et je suis même tenté d’attendre le retour de cette fameuse Maya…

(Devrais-je… Non ! Ce n’est pas en attendant que je deviendrais quelqu’un ! Ce trajet sera mon pèlerinage vers une vie meilleure, vers un meilleur contrôle de moi-même et de ce foutu état d’émotif.)

Je me fends d’une révérence et remercie d’un ton protocolaire la dame des brumes avant de me retourner, avant de partir je hisse le poing en l’air et lui promet d’une forte voix que je reviendrais une fois maître de moi-même, que je lui rendrais au centuple son aide.

J’observe les escaliers avec appréhension mais ne souhaitant pas entacher mon départ, essaie de réprimer ma phobie et descends, lentement… Je glapis quand je franchis le premier tournant, l’endroit le plus étroit.

(Misère de misère… j’espère qu’elle n’est pas du genre à rester cloîtrer là-haut ou alors je vais me faire rare…)

J’inspire et expire profondément avant de perdre patience. Je me rends compte que c’est aussi inutile que d’essayer de trousser une noble en étant couvert de boue. Je me rassure de ne plus être à portée de vue de la dame des brumes et, fermant les yeux, commence à ramper de nouveau, cette fois vers le bas.

Quelques minutes et maladresses plus tard, je parviens enfin au niveau du couloir aux murs éloignés. Je me redresse avec détermination et heureux de ne voir personne, commence à marcher vers la sortie. J’ai obtenu l’information que je désirais, ne me reste qu’à trouver ce Sindel, apprendre de lui ce qu’il faut et revenir dans mon nouveau chez-moi.

Mendax · **Inscription:** Mar 19 Jan 2016 23:05 **Messages:** 1257 **Localisation:** ...

Je sors du castel d’Endor avec la confiance de l’homme en pleine possession de ses moyens. La dame des brumes m’ayant renseigné sur la localisation de mon futur maître, ne me reste qu’à y aller et le convaincre de me prendre comme élève. Je toise le ciel avec assurance, un léger sourire éclaire mon visage alors que je me perds dans la contemplation de l’horizon. Kadria m’a indiqué que le Sindel que je cherche se trouve dans les alentours de Dahràm… de mauvais souvenirs remontent à la surface quand je pense à cette ville qui m’a vu grandir. Des anciennes hantises, des réminiscences d’un passé douloureux et tumultueux… Cette vie de catin qui était jadis la mienne fut éprouvante au possible et je ne frissonne rien qu’à y penser.

(Mais tout ça c’est du passé, et je n’ai pas à y retourner de toute façon.)

Je commence alors mon périple pour trouver Vahalat, celui qui doit m’en apprendre plus sur cet état d’émotif qui me caractérise et me maudit en même temps. Je repense à la vieille Nesci, cette catin qui vivait dans le même bordel que moi, elle aussi était une émotive, je regrette d’être parti avant qu’elle n’ait le temps de m’enseigner plus que les rudiments… Mais je reste confiant en mon avenir, si je parviens à me dominer, je sais que je pourrais enfin vivre normalement.

Je sais que Darhàm est dans la direction opposée à celle par laquelle je suis arrivé et je décide donc de contourner le castel. Je me rends compte rapidement que les murs d’enceinte sont dans un état de décrépitude frôlant la ruine… Certains pans du mur manquent à l’appel et laissent passer les courants d’airs. Les quelques arbres qui jouxtent les murs sont également morbides et usés. Pas un n’exhibe de feuillage resplendissant, tous accueillent des corbeaux à trois yeux sur leur maigre branche, ils vous épient et croassent à votre passage, comme s’ils se moquaient de vous.

Je soupire et à nouveau regarde le ciel, spectacle plus réjouissant s’il en est quand un détail me fait tiquer. Je vois une forme sombre qui suspendue à une corde attachée à une fenêtre en hauteur, descend le mur d’enceinte… Interloqué je me précipite vers cette silhouette qui arrive à mon niveau quelques minutes plus tard. Je peux alors contempler une femme qui n’a pas l’air d’avoir passée la trentaine. Pourtant ses cheveux sont d’un blanc nacré et ses yeux expriment une malice et une audace renversante. Elle se fend d’un petit sourire à mon intention avant de décrocher son grappin d’un revers d’épaule avec nonchalance. Elle me jette un nouveau regard et tout en sifflotant entreprend de ranger son matériel dans sa petite besace accroché par une lanière. Estomaqué, je ne trouve rien à dire et l’observe juste, la bouche ouverte.

Je tends vers elle une main hésitante et essayant de reprendre contenance l’interpelle :

« Hé ! Heu… qui êtes… non et puis… qu’est-ce que vous faisiez… enfin là-haut quoi ? » dis-je finalement en bafouillant, perturbé par cette aura qu’elle dégage. Un mélange d’aplomb, de témérité et de ce charme féminin que j’aime tant…

« Mais rien mon mignon. Il n’y a rien de valeur dans cette bicoque de toute façon ! » prononce-t-elle tout sourire.

« Mais… c’est… hum… mal ? » hésité-je en jouant avec mes mains.

« Il n’y a pas de mal car je n’ai rien volé, ce n’était qu’une… visite amicale. Allez mon beau, oublie ça et retourne compter pâquerette. » minaude-telle avec frivolité.

Je la vois qui se détourne et commence à partir d’un pas guilleret quand je me précipite sur elle, la plaquant au sol et lui criant :

« Ah non ! Pas si simple ! Tu voles, ou essaie, et tu oses partir comme de rien ? »

Mais je n’ai pas le temps d’entendre sa réponse qu’une douleur sourde monte de mes bijoux de famille. Je m’affale à terre, terrassé par cette sournoise femme. J’ai tout juste le temps de lui jurer que je la retrouverais quand elle me regarde et d'un ton désinvolte vante les mérites d'un coup dans les valseuses, puis elle me fait un clin d’œil tout en mimant m’envoyer un baiser et commence de courir à toute allure.
Je me promets de me venger mais ça devrait être simple… je l’observe qui emprunte la route que je dois justement prendre pour rallier les environs de Darhàm.

(Tu vas voir garce ! Je vais avoir le dernier mot !)

Je me redresse alors difficilement et, me tenant l’entrejambe, clopine vers la route menant à Darhàm, continuant pour l’instant de longer le castle d’Endor, mon nouveau refuge.

Mendax · **Posté:** Sam 15 Oct 2016 22:11

Les alentours du castel, maintenant familiers, m'apparaissent au détour d'un chemin qui traverse une grande forêt de peupliers et de chênes. Un soleil brillant orne maintenant un ciel bleu pastel qui ne se voit pas envahi par les nuages paresseux. Le souverain des cieux ne semble se soucier de ses sujets, se contente de les abreuver de ses divins rayons, permettant de par sa seule présence à la vie de croître. Il est le berger d'un monde en perdition, celui qui nous autorise à vivre, celui qui est, a toujours été et sera jusqu'à ce que la fin emporte le monde dans un nuage de poussière.

Les ruines du village nous accueillent sans qu'ombre ne passe, ne reste que des corbeaux qui croassent et passent leurs temps sur des rambardes de bois. Ici, les habitants ont depuis longtemps déserté les alentours et je le déplore. La vie ne serait que plus facile si nous avions à portée de main des ouvriers, des boulangers et que sais-je encore. Je compte d'ailleurs en parler à Kadria. Je souhaite, si je peux le faire, rallier des futurs villageois, faire prospérer le domaine, le rendre auto-suffisant sur un plan mercantile et alimentaire. Mais pour l'heure, ce n'est qu'un village fantôme.

Ce qui a été peut être de nouveau si l'on s'en donne les moyens. Ces décombres abritent les souvenirs de vies à présent révolues, écrasées sous le poids des années, effacées par la poussière du temps. Des portes grincent, animée par un léger vent, des planches craquent. L'ambiance est lugubre mais cadre bizarrement bien avec l'endroit. Nous le traversons rapidement et arrivons finalement à Endor.

L'imposant château en ruine s'étale devant nous et se découpe dans la franche luminosité. Il apparaît comme un grand-père qui souffre du temps mais continue de tous nous protéger. Je cogite quant à ce qu'il va se passer, la suite à donner à cette sordide affaire mais je garde l'espoir que tout aille pour le mieux. Je regarde alors Merilian avant de lui parler avec calme.

J'espère que nous aurons des réponses, et des bonnes. J'ai hâte de savoir ce qu'il en est réellement."

Le château d'Endor

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