Il sourit pour la première fois :

"Excellente réponse ! Bon, Kadria pensait m'envoyer un boulet, mais je pense que tu pourrais être utile. Je pourrais te faire fournir une chambre, ou toute autre chose que tu désires et qui est dans mes moyens. En échange, quand je te donnerais une mission, tu l'accompliras sans rechigner. C'est d'accord ?"

(Avant)




La peau-verte attend cette bonne nouvelle avec impatience, presque excitation qui lui passe du crâne au fion, tout l'long du dos. Celle de son empoisonnement donc de son voyage prochain chez l'meilleur des dieux. Mais nan. Gwandor sourit pour la première fois, mais juste pour lui dire que ce qu'elle a répondu était excellent. Merde alors... Tant pis, faudra faire sans. Zu'Gash se cure l'oreille, déçue de pas être sur le chemin du royaume de Phaïtos. Mais ça lui passe aussi vite que c'est venu, quand le Patron lui déclare qu'il peut lui filer une piaule ou ce qu'elle veut, tant que d'son côté elle est prête à partir en mission sans la ramener.

La garzoke sourit de tous ses crocs. Ah ben valà ! Elle qui cherchait un responsable, quoi d'mieux placé dans l'domaine que l'deuxième patron de la secte ?

"Si y'a un truc qu'j'aime pas, Patron, c'est m'faire chier. Et si toutes les missions sont aussi marrantes qu'la chasse à l'ours que j'viens d'me taper, j'suis partante quand tu veux ! ", lance-t-elle en collant ses poings sur ses hanches.

Elle cogite un peu, puis fait un signe de tête.

"J'suis pas du genre garzoke d'intérieure, Lord. Pioncer entourée d'pierres, j'aime pas. J'préfère l'grand air ! Donc j'vais avoir b'soin d'quelques poteaux, d'peaux traitées contre la pluie et l'vent, et j'me fais mon coin dehors.", explique-t-elle. "Et j'suis tanneuse, hein ? Vu qu'j'peux même pas pét..."

"Rha ! ", l'interrompt l'oiseau noir.

"Ben quoi ? J'explique ! J'veux dire qu'si j'peux pas m'vider les boyaux dans l'château, j'pense pas qu'on m'laissera étriper mes proies sur l'tapis. C'tout."

Son index vient tapoter la corbac de Phaïtos. Elle parvient à lui chopper le bec, et se reprend un coup dans les doigts.

"Oaille ! T'vas arrêter d'faire ça ?", s'amuse la peau-verte.

"Quand Zuzu... Arr-êee-ter bou-cher bec !", s'offusque le piaf en agitant brutalement ses ailes. Elle pousse même jusqu'à la griffer avec sa patte ressemblant à une main.

Ah oais, merde, c'est vrai qu'le pif d'un piaf c'est aussi sur l'bec. Faudra qu'elle fasse gaffe ! Mais bon, Aro' est l'genre d'oiseau à pouvoir causer un peu. Elle lui dira si elle fait une connerie plus grosse qu'elle.

"Mais bon, j'préfère aller péter des tronches ou livrer du matos qu'faire la poussière, question trucs à faire.", précise la garzoke, avant de jeter un œil vers la gamine et son instructrice.

Vrai ça, elles sont là pourquoi, elles ? Elles vont aussi s'castagner avec des armes du coin ?


(Après)

Il hocha la tête :

"C'est entendu. Pour l'instant, je n'ai rien pour toi. Pour t'installer à l'extérieur... tu n'auras qu'à demander à Shaddem, l'un des gardes à l'entrée. Il connait bien les ruines, il te trouvera un abris et le matériel que tu veux. En attendant, tu peux apprendre les voies de notre dieu avec Merilian, je crois qu'elle va bientôt commencer un cours avec la gamine, Maya. Tu peux aussi lui poser des questions sur la magie, si ça t'intéresse."

Après réflexion, il ajoute :

"Je n'ai pas de véritable mission pour l'instant, mais j'aimerais que tu me fasses une pair de bottes. On en manque. Fait-là avec ce que tu pourras, j'espère que la qualité sera au rendez-vous."

(Avant)




L'Patron la prévient qu'pour l'instant, il n'a rien d'bien intéressant pour elle. Et qu'pour s'faire son abri, elle n'aura qu'à d'mander à Shaddem. Lui connait bien les ruines entourant l'château. Il pourra lui indiquer un coin intéressant et lui refiler le matériel nécessaire. Avec du pot, y'aura des restes d'une échoppe d'équarrisseur ou un truc avec des bacs pour faire tremper les peaux ! Zu'Gash remue le pif. Quand même, c'est la première fois d'sa vie qu'elle va s'installer dans un truc en dur. Merde alors ! Elle va devenir comme ces chienchiens d'Omyre ? À revenir au même endroit tout l'temps ? Bah, en même temps, ça sera p't'être marrant d'appeler un coin d'Yuimen son "chez elle".

Gwandor lui sort que la Merilian va donner une sorte de leçon sur les voies d'Phaïtos à Maya, et qu'elle peut y assister aussi. Ça n'la tente qu'à moitié, même si savoir bien prier Phaïtos est important. Mais dès qu'le piaf noir entend qu'il sera possible de poser des questions sur la magie, la voilà qui agrippe une mèche marron et la tire à répétition.

"Oaille ! Eh ! Oh ! Je sais, ça va ! T'les pos'ras aussi tes questions, Aro' !"

L'Lord réfléchit un peu, puis il lui commande une paire de bottes. Semblerait que les Messagers soient tombés à court. L'idée d'se servir d'ses rouleaux d'cuir amène un sourire si grand à la tronche de la peau-verte que ça tire sur ses cicatrices. Ça tombe bien ! Elle qui avait démoli ses bottes trouées pour voir comment c'était foutu, elle va enfin pouvoir s'servir d'ces connaissances !

Zu'Gash fait un signe de main au shaakt avec son sourire plaqué sur la gueule, puis elle se retourne comme une masse vers les filles.

"Salut Maya ! Salut Meri' ! J'vous ai manqué ? Dis rien, gamine, j'le vois à ta tronche ! Bwahaha !"

La corbac se tend, faisant dépasser sa tête derrière celle de la peau-verte.

"Rha ! Maaa-Giie !", fait-elle de sa voix rauque, en agitant ses ailes.

"Oais, oais, on y va Aro' ! "

La garzoke lève les mains, les croisant derrière son crâne. Elle a hâte de savoir à quoi ça ressemble exactement un cours. Faut espérer qu'c'que la Meri' va sortir puisse être pigé par elle, parce que la dernière fois qu'elle a causé... Heureus'ment qu'y avait c'type masqué avec elle pour traduire. La peau-verte n'le voit pas d'ailleurs. Dommage, ça aurait pu faciliter l'bordel !

(Après)

Merilian cligne un instant des yeux, puis déclare qu'il est temps de passer à la leçon suivante : comment tuer un oiseau sans lui causer de douleur. Maya pousse un petit cri qui suspend son geste, puis elle se reprend, ayant visiblement oublié ce qu'elle vient de dire.

"Ainsi, donc la magie noire peut provenir directement de Phaïtos. C'est un don que nous fait le dieu de la mort. Thimoros peut aussi avoir un rôle, mais il est mineur. Cependant, seul l'absorption de fluides extraits par les alchimistes permet d'accroître ce potentiel. Il ne s'agit cependant que d'un potentiel. L'entrainement à le manipuler est primordial et... oh ! Un mille-patte !"

Elle fait un pas de côté et un petit "chkrouic" retentit.

"Donc, je disais... oui, il faut généralement de nombreuses tentatives pour réussir à mobiliser les fluides et leur donner la forme voulue. Heureusement, certains mages vendent en boutique des parchemins permettant de mémoriser instantanément le processus. Cela reste la technique la plus efficace. N'ayant personne de ce genre ici, il faut s'entrainer..."

Il s'ensuit une longue discussion compliqué traitant de la "main des ténèbres" et de ce qu'elle appelle les "attaques fondamentales".

"Il y en a une pour chaque élément. Mais ici, nous n'apprendrons que la main des ténèbres, car l'ombre est l'élément de Phaïtos. Il faut donc se concentrer pour mobiliser les fluides. Puis, imaginer la formation d'une main voulant étrangler l'ennemi. Ensuite, seulement, les faire sortir du corps ! C'est important, sans quoi, vous risquez de gaspiller votre énergie en efforts infructueux. Vas-y Maya."

La jeune fille commence ses première tentatives.

(Avant)




La Merilian s'fait entendre, après avoir dit un truc bizarre sur comment buter un piaf sans douleur. Elle est marrante à toujours faire ou dire des trucs pas compréhensibles ! Elle se met à causer magie, que c'est un don d'Phaïtos quand elle est noire. Mais qu'pour augmenter ses capacités, faut absor... Bref ! La peau-verte décroche de ce qui se raconte déjà. Elle ne fait gaffe que quand la nécro... Chose... écrabouille un mille-pattes. Merde alors ! Elle aurait pu lui laisser ! C'est bon ces bestioles ! Surtout crues !

Zu'Gash tente de résister, mais elle finit par bailler et s'assoit par terre, en tailleur. Un coude planté dans le genou, elle soutient sa tête et dévoile ses crocs encore une fois. Les filles causent d'un truc compliqué, une main des ténèbres. Le genre de magie qui peut étrangler quelqu'un à distance. Drôle, ça lui dit un truc, ça.

La corbac finit aussi par bouger. Elle saute de la capuche ours, se pose à côté du sac de la peau-verte et picore dedans. Zu'Gash la zyeute, ouvre son bagage et sort le bout de cape enroulé autour des flacons froids. Et pendant que l'oiseau s'acharne à en faire sauter le bouchon, la garzoke mate Maya essayer sa magie. Elle a pas l'air à l'aise. Pourtant...

"Eh gamine !", l'interpelle la peau-verte. "C't'ait p't'êt' qu'un coup d'pot, mais c'est bien c'truc magique que t'avais utilisé contre la bestiole, là. Celle qui m'a sauté à la gueule quand on allait à Dahràm ?", lâche la peau-verte, en imitant la courbure du dos du traqueur.

Ça remonte p't'êt' trop. Z'ont pas une si bonne mémoire les humains ! Mais elle non plus en fait... À quand remonte son dernier en-cas ? De son côté, la corbac galère un peu. Il faut que l'autre main de la garzoke tienne la fiole pour que le bec parvienne à la déboucher. Elle s'méfie la peau-verte ! Des fois qu'c'truc magique lui sauterait sur les doigts !

"Ma... Gie...", chantonne le piaf. "Maaaa-Giiie !", lâche-t-elle encore une fois, en tendant sa patte au doigt en trop dans le goulot.

Alors ça, c'est intéressant ! Les yeux rouges matent la patte noire du piaf commencer à luire en blanc, genre comme si elle l'avait mise dans de la poussière d'verre. Les serres raclent le contenant, faisant voler l'contenu. Et que ça remonte le long d'sa patte ! Et qu'ça fait briller son plumage.

"Eh, tu vas pas t'changer en corbeau blanc, hein ? J'ai gagné un corbac, moi, pas une tourterelle !", boude un peu la peau-verte.

"Frooo-aaah ! Froo-Ah !"

La voilà qui agite ses ailes, comme si sa patte était engluée dans d'la mélasse, et qu'elle pouvait plus s'en sortir.

"J'le savais qu'c'était une mauvais idée. La magie, c'pas pour moi, mais c'pas pour les piafs non plus.", déclare la peau-verte en lissant du doigt le dos d'Aroroa, puis en la soulevant pour l'installer contre elle. "C'est vrai qu't'es pas chaude."

Grosse patte entre les ailes de l'oiseau, l'autre tenant cette fausse main devenue glacée et toute blanche. Et c'est qu'ça s'étend en plus ! Merde alors ! La Coureuse ne veut pas d'une glace goût corbeau, elle !

"Dis voir Meri', t'as causé d'absorption d'lfuides, nan ? Comment qu'ça s'controle c'merdier, quand t'as pas d'magie à la base ?", demande tranquillement la garzoke, alors qu'elle sent l'oiseau trembler de plus en plus fort.

Par réflexe, elle l'emmitoufle dans sa cape d'ourse et la frotte. Ce serait con d'avoir une statue d'oiseau, mais encore plus d'perdre Aroroa' parce qu'elle a touché un truc qu'il fallait pas. C'est qu'elle est marrante cette bestiole ! Et puis, elle sait rapporter les bolas, en plus !


(Après)

La femme regarde avec surprise le corbeau statufié :

"Un animal doté de pouvoirs ? Même de la part d'un corbeau de Phaïtos, c'est surprennant... des fluides de glace à ce que je vois... seul la personne qui les absorbe peut les contrôler, mais l'absorption elle-même n'est pas contrôlable. Ajouter des fluides de feu en moins grande quantité peut faire disparaître des fluides de glace, mais la réaction peut-être violente, il vaut mieux éviter..."

Une nouvelle vague d'ombre envahi le secteur avant de se dissiper. Merilian ne semble pas perturbée, mais au loin ton nouveau patron braille :

"Merilian ! Contrôle ta disciple, bordel !"

Finalement, Maya, guidée par ta proposition, se rappelle comment elle avait fait et commence à matérialiser une main des ténèbres hésitante. La main s'ouvre et se referme sporadiquement, comme si elle cherchait maladivement quelque chose à attraper.

(Avant)




La Merilian fait une tronche étrange en matant le corbeau glacial. Y'a pas grand chose à y faire, parce que seul l'idiot qu'essaie d'absorber les fluides est capable de les contrôler. Mais l'fait d'les gagner, ça, c'est pas du ressort d'l'imbécile. Y'a donc pas grand-chose à faire à part attendre, et voir si l'piaf s'en remet, ou s'il crève d'froid comme un moineau en hiver. Elle continue de la tenir au chaud, de la frotter régulièrement. Elle est forte c'te piaf ! Elle s'est attaquée à un ours, quand même ! C'est pas un peu d'poussière blanche qui va la faire claquer, hein ?

Nouvelle vague noire sur la pièce. Maya s'est encore loupée. Gwandor râle depuis l'autre côté d'la salle d'armes. C'est vrai qu'si t'essaies de t'entrainer à cogner un truc et qu'il fait nuit toutes les cinq minutes, c'pas simple. Pourtant elle progresse la gamine. Elle a un caractère de battante, la petite ! Il lui faut pas des masses de temps pour parvenir à faire une grosse main qui s'ferme et s'ouvre dans l'vide.

Zu'Gash la fixe, et commence à s'demander c'que ça fait d's'faire étrangler par une sorte d'nuage noir. Elle dévoile ses crocs.

"Eh Maya !", fait-elle en écartant sa cape d'ourse de sa gorge, puis la pointant du pouce. "Vise donc ici, gamine. T'auras beau essayer d'l'étrangler, l'air d'c'te salle va pas crever facilement !", s'esclaffe-t-elle, le regard pétillant.

De son côté, Aroroa cesse de trembler et remue les ailes. Oaip, semblerait que la poussière blanche commence aussi à se barrer d'ses plumes. Pas qu'elle tombe, mais elle a l'air d'se concentrer plus bas. En fait, sa main dégueulasse qu'étais juste mouchetée commence à virer totalement blanche. L'oiseau prend appui sur la main de la peau-verte, et mate sa patte. Elle y fout un coup de bec pas rassuré, puis un autre plus fort et elle finit par se la pincer. Zu'gash ne pige pas du tout ce qu'elle fait, mais c'est drôle à voir. La tache blanche passe totalement de sa patte à son bec. Puis ça disparait, et ça revient autour de son oeil du front.

"Qu'est-ce qu'tu fous, Aro' ?"

"Rhaa ! Ma-Gie ! O-bé-is !", répond le piaf avant de la boucler encore une fois.

La couleur super claire bouge comme ça un peu partout, puis elle disparait complètement. Enfin non, les serres du corbac s'mettent à luire. Et elles sont gelées sous la paume verte. Les trois yeux du piaf se ferment, et elle se blottit contre la garzoke. Faut croire que ça a fini par passer, mais qu'ça lui a pompé toute son énergie. Les doigts d'la Coureuse sentent les plumes s'réchauffer p'tit à p'tit, et Aro' n'essaie même pas d'lui picorer la peau quand elle l'enquiquine. N'empêche, si elle est mise hors combat à chaque fois, faudra faire gaffe à pas la laisser recommencer n'importe où.

"Bon ben, on dirait qu'elle s'est démerdée toute seule.", déclare-t-elle avant de lever le pif vers Maya. "Alors gamine ? Ça vient ?", provoque-t-elle en montrant sa gorge encore une fois. "T'inquiète pas pour ma gueule, hein ? Même si tu m'crèves, j'suis sûre qu'Meri' saura quoi faire ! Bwahaha !"

Pas croyable à quel point leur cervelle retient rien à ces gens-là ! Pis la peau-verte s'en fait pas ! C'pas comme si la magie d'Maya pouvait la buter. N'empêche, si elle y parvient, elle aura fait d'sacrés progrès d'puis leur arrivée la ch'tiote !

Zu'Gash attend, rencontrant le regard de la petite. Elle hésite, la gosse. Pas bon, ça. Si tu montres qu't'es pas l'genre à buter ton ennemi, il va en profiter pour pas t'louper, lui. La gosse pousse un souffle, jette un regard à Meriri' et se concentre. Ses petites mains se tendent vers la peau-verte, et une grosse patte noire en sort. C'est moche, c'est sombre, c'est un peu griffu, et ça se dirige vers elle... Sauf que ça s'arrête juste devant.

"Nan mais, faut vraiment qu'on t'tienne la main, Maya ?", rétorque la peau-verte, frustrée, avant d'se marrer à la blague qu'elle a fait sans l'vouloir. Elle racle son fessier sur le sol et plaque elle-même sa gorge entre les doigts noirs. "T'avise pas d'arrêter, gamine, ou j'viens t'en coller une !"

Bon, faut croire qu'ça marche. La garzoke sent une sorte de pression contre son cou. C'pas confortable, mais pas menaçant. Elle lève les yeux au plafond.

"Loupé ! J'peux encore causer !", beugle-t-elle.

Ah, cette fois, ça s'resserre. Elle respire encore, mais au moment où elle va lâcher une autre remarque, Meriri' souffle un truc à Maya. La magie monte brutalement deux crans au-dessus. Zu'Gash n'arrive plus à respirer correctement. Tout son cou est encerclé, comprimé... Comme un bout d'viande dont on veut faire sortir l'jus ! Gros bobo. Envie d'gerber. Là, c'est dérangeant. Là, ça a l'air d'menacer sa vie !

La Coureuse parvient à sourire, cherchant par réflexe à agripper cette main. Mais elle passe au travers. Merde ! Elle a la tête qui tourne un peu, là. Faut pas qu'elle perde connaissance, ce s'rait con d'louper sa propre mort ! Elle s'agite un peu, tape d'une main par terre, mais garde ses yeux rouges rivés dans la direction des filles. Elle commence à y voir flou. Et d'puis combien temps elle arrive plus à respirer ?

"Gack ! Kof ! Kof ! Pu... Kof...", se met-elle à tousser quand la magie se dissipe d'un coup. Merde, elle a vraiment eu l'impression d's'prendre une poutre dans la gorge, là !

Elle dévoile ses crocs et efface une petite larme instinctive du coin d'son œil. Meriri' fait la gueule, disant à Maya qu'elle aurait pu faire mieux. Qu'la peau-verte n'était même pas tombée inconsciente. Par contre, d'puis l'autre côté d'la salle, le shaakt a l'air un poil plus énervé.

"Eh ! Je t'ai donné un travail à faire ! Ne t'avises pas de claquer avant de l'avoir fini. Est-ce clair ?"

"Oui... Kof Patron ! J'rendais... Kof Juste un p'tit service !", ricane-t-elle avant de chercher à se lever, son corbac enserré dans un bras. Merde, ses gambettes tremblent. C'était pas mal comme expérience, mais elle s'est presque sentie partir. Et ça, elle en veut pas.

Une mort calme, c'est d'un chiant !


(Après)

Absorption par Aroroa d'un fluide 1/4 de glace.

(Avant)




La peau-verte tousse encore un peu, mais ça finit par passer. C'pas tout ça, mais elle a un tas d'trucs à faire ! Du bout du doigt, elle lisse la tête du piaf noir. D'ce côté-là, ça va. Et venant vers elle, la gamine s'approche avec une tronche inquiète. Ses petites mains agrippent sa paluche verte. Zu'Gash dégage rudement ses doigts, lançant un regard appuyé à la petite. Elle en pâlit c'te crétine. Elle a l'air d'avoir pris une baffe dans la gueule. C'est vraiment con un gosse !

La grosse patte brutale vient se coller sur la capuche de la fillette.

"T'en tire une d'ces gueules !", ricane-t-elle. "Crois-moi, c'pas d'main la veille qu't'arriv'ras à m'tordre l'cou ! R'tourne t'entrainer, Maya. S't'es sérieuse, j'te laiss'rai un peu d'ourson à boulotter !"

Et voilà qu'les yeux noirs s'mettent à briller. Elle fait un signe de tête puis se retourne d'une traite quand Meriri' l'appelle. Et l'engueule au passage. Et ça fait souffler l'shaakt à l'autre bout d'la pièce. Des chieurs, des jeunes, des types bizarres... Comme dans l'clan ! L'est pas trop paumée la peau-verte !

C'est limite en sifflotant qu'elle se barre de la salle d'armes et remonte les couloirs jusqu'à l'entrée. Dehors, y'a Shaddem et c'te saloperie de mule. Sauf que la bougresse s'fait dorloter. C'est limite si elle pionce pas debout, la tronche collée contre l'garde. Zu'Gash sourit de tous ses crocs et commence à se rapprocher sur la pointe des bottes. Elle pionce trop bien c'te saleté.

C'est l'moment d'lui faire payer c'trajet emmerdant !

"Schiiing ! Zouh !"

La garzoke s'arrête net, ses yeux rouges sur un reflet. Shaddem la fixe, son cimeterre braqué dans sa direction.

"Je te vois venir, toi.", fait-il d'une voix tranquille. "Et je ne vais pas te laisser ruiner tous mes efforts, compris ?"

"Bwoa ! T'es pas drôle ! Lui foutre une peur bleue, c'pas si grave !", chouine la garzoke, matant la mule qui ouvre un œil. "Bon, trop tard."

"Quand je dis non...", commence l'humain basané.

"Ça va, j'suis pas si con ! Ni sourde ! Pas la peine d'me rebattre les oreilles avec ça.", finit par pouffer la Coureuse. "Ah oais, fallait qu'j'te vois aussi. L'Lord Gwandor m'a dit qu't'étais l'mieux placé pour m'filer un coup d'main."

Regard intéressé du responsable des portes.

"Qu'tu pouvais m'aider à trouver un coin où m'installer dans les ruines."

Et une gueule qui passe d'l'intérêt à d'l'emmerdement.

"Genre pas trop loin d'l'entrée. Et faudra sans doute qu'tu m'aides à faire des poteaux."

Et un gros soupir d'la part d'l'humain ! L'est marrant l'Shaddem.

"Ben voyons ! Ce n'est pas comme si j'avais plus important à faire...", lâche-t-il avec agacement. Et une bourrasque de vent passe, sifflant entre les côtes d'un squelette proche.

Gros silence.

Zu'Gash hausse un sourcil et regarde un peu partout. Non, c'est bien ça, y'a personne. On peut pas dire qu'il soit vachement occupé, là. Elle braque ses yeux rouges vers lui, lançant un regard con.

"N'en rajoute pas.", prévient-il en flattant la mule.

"Eh, j'l'ai pas encore ouverte."

"C'est bien ce que je dis."

Le Garde amène sa bestiole un peu plus loin, la confiant à quelqu'un sous capuche. L'emmerdeuse ! Elle suit sans broncher ! C'te saloperie fait bien d's'éloigner. Pas sûr qu'on puisse faire quelque chose de sa peau. Elle risquerait d'lui foutre un coup d'sabot, même morte. D'ailleurs, z'ont pas d'montures squelettes aussi les Messagers ? Dommage, ça aurait été marrant !

Shaddem écoute ce qu'elle a vaguement en tête. Il réfléchit un peu, jette un regard autour d'eux, puis il bouge. Tout en rangeant son cimeterre, il la guide entre des murs arrivant aux hanches, couverts d'lierre, jusqu'à une sorte de petite place. De là, l'est possible de voir l'entrée du château. Y'a comme des trucs en briques sortant du sol, lui arrivant à mi-cuisse, et avec un énorme creux au-dessus. La peau-verte s'y dirige, curieuse.

"Voilà, c'est ici. Je te laisse y jeter un œil. Fais juste gaffe au..."

"Criik... Craaak ! Zouuuuh ! Bam, plouf et pof."

"Puits.", fait le Garde en se penchant au-dessus du trou où elle vient d'tomber.

Pétage de branche, chute en envoyant valser Aro' dans les airs, atterrissage sur un rebord, les pattes dans l'eau... Et rattrapage de l'oiseau dans sa cape. Oaille. Non mais là, ouille quoi ! Quel est l'con qui a calé des branches mortes au-dessus d'un puits ? Heureusement qu'il est pas très profond ! Elle s'est quand même bien raclé l'fessier sur des pierres.

"Sympa d'prév'nir !", s'marre la peau-verte en gueulant vers le haut.

"Je vais aller chercher une corde."

"T'emmerde pas, Shaddi' !"

"... Shaddem... Pas Shaddi'... Pas Dedem... Pas Shem... Shaddem, bon sang...", gronde l'homme en s'accroupissant au bord. "J'ai hâte de voir comment tu vas te débrouiller pour sortir d'un puits presque à sec.", poursuit-il en s'appuyant sur son poing fermé.

C'est vrai ça, même debout, elle n'a d'la flotte que jusqu'aux genoux. Sous ses bottes, y'a comme un lit d'caillasse. Calant son piaf dans sa capuche, la peau-verte plonge les mains dans la flotte froide. Elle en tire des gros pavés qu'elle commence à entasser derrière elle.

"Ah ? Un mur. C'est une idée.", commente l'humain, en finissant par s'asseoir au bord du trou.

La peau-verte est curieuse. Pas grave si elle n'sort pas d'ce trou de suite, elle veut savoir jusqu'où il va c'puits. C'est vrai qu'si elle s'installe à côté d'un point d'eau, elle n'aura pas à crapahuter sur toute la montagne pour s'fournir ! Petit à petit, elle descend, et grattouille le tas d'débris collé l'long d'la paroi. Elle finit par arracher une grosse pierre, et aussitôt, un courant lui passe entre les gambettes.

C'est une impression ou...

"Tiens ? Tu ferais bien de bouger les bras, l'eau monte.", prévient Shaddem.

Merde alors. Elle a du toucher à un truc qu'il fallait pas. La flotte commence à la pousser vers le haut. Bon, ben pas besoin de corde ! Sauf que ça finit par s'arrêter, un peu plus haut qu'les pierres qu'elle a entassé. Il doit rester à peu près sa taille et demi avant la surface.

"Rha... Rha ?", chante Aro', sur le ton d'la personne qui s'réveille dans une auge après un lend'main d'cuite.

"Pionce Aro', tout va bien !", pouffe Zu'Gash en calant ses doigts sur les aspérités du puits.

Elle grimpe assez tranquillement sur les pavés puis le long de la paroi, même si ses fringues pleines de flotte l'alourdissent pas mal. En haut, Shaddem se fout à plat ventre et tend la main. La garzoke s'en saisit et le sent la tirer vers la sortie.

Sourire tous crocs dehors. Shaddem pige, tente de s'asseoir puis de caler son talon dans le sol pour se retenir.

Loupé !

"Zouuuh ! Plouf plouf ! Flap et pof."

Zu'Gash émerge de la flotte, trempée, mais prise d'un putain d'fou-rire ! Elle a réussi ! Elle a entrainé l'humain dans la flotte ! L'a l'air aussi con qu'elle ! Il émerge lentement de l'eau, lui braquant un regard noir sur la tronche. De son côté, Aroroa plane lentement, les ailes étendues, venant se poser sur le monticule de pierres entassées.

"Splaatch !"

Shaddem qui crache une bonne dose de flotte droit dans l'pif de la peau-verte !

"Whaohé ! Dégueu ! J'en ai aussi dans la bouche !", lâche-t-elle en tirant la langue.

"Zu'Gash..."

"Bah quoi ? T'm'as empêché d'me marrer avec c'te foutue mule, j'm'y colle maint'nant !", s'esclaffe-t-elle avant qu'un mouvement de bras de l'humain lui colle une vague dans la gueule. Elle s'étrangle à moitié dessus... "Hé ! Kof Héhé ! Est-ce que par hasard...", sourire qui s'allonge.

"Non...", fait froidement l'homme.

"Shaddem échaudé...", crocs brillants et yeux qui pétillent de sa connerie à venir.

"Ne finis pas cette phrase...", prévient son interlocuteur en repoussant sa capuche, dévoilant un crâne rasé.

"Craindrait l'eau froi... Blup !", tente la peau-verte avant que la main puissante de l'humain lui colle la tête sous la flotte.

C'est froid ! Et ça tire sa tignasse ! Il l'y maintient une bonne poignée de secondes avant de consentir la laisser respirer. Regard noir du Garde, puis gros soupir. Finalement, ils se mettent d'accord, et pendant que Zu'Gash se tient debout sur les pavés le long de la paroi, Shaddem grimpe sur ses épaules et s'extirpe du puits. Et c'te fois, il la laisse se démerder pour grimper seule jusqu'à la sortie.

Enfin presque.

Quand un éternuement menace de lui faire lâcher prise, il lui agrippe sans ménagement le bras et la tire en-dehors du trou. Aroroa vole hors du creux aussi, croasse et part se percher sur un des monticules en briques. Shaddem et la peau-verte se regardent, trempés. Elle finit par défaire ses tresses et s'ébrouer.

"Héhéhé ! Un bain d'moins à prendre !"

"Et tu trouves cela amusant ?", fait l'homme en retirant sa cape et l'essorant comme il le peut.

"Oaip !", fait fièrement la garzoke, tous crocs dehors.

Les yeux gris-marron du Garde la matent de pied en cap puis il pousse un souffle. Il finit par esquisser un sourire.

"Andouille."

"Meuh nan, moi, c'est Zu'Gash !"

Shaddem masque sa bouche derrière son poing clos et détourne la tête. Y'a ses épaules qui bougent un peu. Oais, c'tait marrant mais faudrait pas qu'il attrape la mort, lui.

Ce s'rait pas juste. Le coup d'la flotte froide, c'était SON idée !



(Après)

(Avant)




Y sont vraiment bizarres ces humains. L'Shaddem prépare un petit feu pour qu'ils s'sèchent, mais il fait sa pucelle quand la peau-verte décide d'se mettre à poils. Genre elle lève sa pièce d'tissu après s'être débarrassée d'sa protection en cuir, et l'autre agrippe ses mains pour qu'elle les baisse ! Ce s'rait pourtant l'plus simple d'tout enlever !

"J'vais pas garder mes fringues mouillées, nan ?"

"Si. Je tiens à mes yeux."

"J'vois pas l'rapport.", lâche Zu'Gash en haussant un sourcil. "Les yeux, j'les bouffe sur des proies mortes."

Soupir de l'humain. Qui finit par la lâcher, puis lui scrute quand même le bide quand elle passe sa tunique de lin. Sourire tous crocs dehors quand la peau-verte le grille en train d'la reluquer.

"Héhé ! Alors t'es comme ça, toi ?", provoque-t-elle.

"Hein ? Mais je... De quoi tu..."

"Ben d'mes cicatrices ! D'quoi d'autre ? T'es du genre à aimer les balafres, hein ?", se met-elle à charrier en le poussant brutalement du coude. Sauf que l'Garde n'est pas une brindille. Il tient bien face au coup. Et le v'la qui se masse les yeux, genre épuisé.

"Quand tu auras fini de sortir des âneries, on pourra peut-être se mettre au travail ?", gronde-t-il en s'échauffant les bras.

"Pas faux ! J'savais qu'j'avais un truc à faire !", lance la garzoke en tapant du poing dans sa paume.

L'après-midi est consacré au tracé du "coin de Zu'Gash". Les quelques monticules en briques, c'est en fait des fours de teinturier. Il n'en reste que deux pas pétés, avec leur cuve type gros chaudron. L'troisième est bien démoli, mais sa marmite est presque intacte. Elle pourra toujours servir à y mettre le bordel coincé dans ses poches et son sac, vue la taille. La peau-verte n'a pas besoin d'eau chaude, mais les autres cuves lui permettront de stocker d'la flotte pour nettoyer ses peaux. D'ailleurs, l'seul mur qui tient debout dans l'coin est celui d'la bâtisse à laquelle ils sont liés.

Il n'en faut pas plus pour convaincre la Coureuse de s'installer là. Elle va pas s'faire une tente c'te fois. Trop p'tit, et enfermée dans d'la toile, elle n'pourrait pas garder un œil sur l'château. Elle va plutôt s'faire une sorte de auvent, avec des paravents sur les côtés.

Petits allers-retour de Shaddem. En prenant un air un peu plus blasé à chaque fois. Il va d’abord trouver une hache pour couper quelques arbres assez droits pour en faire des armatures. Pis la peau-verte s'rend compte qu'ses peaux seraient jamais assez grandes pour faire un toit convenable. Du coup, elle doit s'en remettre à l'homme. Il lui trouve assez facilement de vieux rouleaux de toile, genre gros chanvre moche, mais assez solides pour tenir d'vant la pluie et les bourrasques. Pas qu'y ait grand-chose qui passe dans l'coin, mais bon.

L'est pas con la peau-verte. Enfin, pas tout l'temps ! C'te fois, elle pense à caler des pavés, genre des restes de murs, pour faire une sorte de sol un peu plus haut qu'l'esplanade. L'a pas envie d'retrouver sa couche dans la boue à son réveil. Cinq fois en un mois, ça suffit !

Pendant qu'elle s'active à lier des branches à un poteau pour s'faire un toit, l'Shaddem se réchauffe près du feu. C'fou c'qu'il est silencieux. D'habitude, quand elle monte le camp, y'a une dizaine de Siffl'Crocs qui font pareil. En s'tapant sur les doigts par accident, donc défonçant ensuite la gueule du voisin pour pas passer pour des fillettes. Et Aro' pionce encore d'son côté. Elle n'va pas causer non plus.

"Dis voir, Shaddi..."

"Shaddem.", coupe-t-il.

"Oais, c'est bien à toi qu'j'cause, Sha-shad' !"

"... Sha-ddem..."

"T'as l'air d'mauvais poil, Didi !", pouffe la peau-verte, en tirant la langue.

"Non mais, tu le fais exprès ?", finit par sortir l'humain en la poignardant du regard. Il lève les yeux au ciel après avoir vu sa tronche fendue d'son sourire à crocs. "Que Phaïtos t'emporte."

"Oais, ça viendra j'espère ! Mais là, j'suis occupée...", déclare-t-elle en resserrant un lien et testant la solidité de l'armature. "Et bosser en silence, ça m'emmerde. T'aurais pas un truc à m'raconter ?"

"Un truc ? Les mille et une façons dont j'ai envie de t'étrangler, par exemple ?"

"Mille.", réplique joyeusement la peau-verte en agrippant la toile et l'étirant sur son quadrillage.

"Quoi ?"

"Maya m'a d'jà fait l'coup d'la main noire. Donc une de moins ! T'en reste plus qu'mille !"

"Tu parles sérieusement ?", dit-il sur un ton blasé. "Non, en fait, ne réponds pas."

"T'es trop poli, toi. Ça va t'jouer des tours un d'ces jours !", sourit-elle avant de lui faire signe. "File-moi un coup d'main. Ces poteaux vont pas s'loger dans les trous tous seuls !"

"S'il te plait."

"Qui ça ? L'abri ? Pour sûr qu'ça va être chouette ! Tant qu'j'ai d'quoi pas m'prendre d'la pluie sur la gueule."

Ah. Y'a un truc qu'elle a pas du comprendre, parce que le Shaddem lui lance un regard bizarre. Style... D'la pitié ou un truc à la con dans c'genre. Mais il finit par l'aider quand même. C'pauv' type va finir par s'faire complèt'ment exploiter sans même s'en apercevoir.

Le auvent debout, Zu'Gash tourne autour, les yeux brillants. Elle bourre de coups de pied les troncs servant de leste en bas, secoue les poteaux, tire sur la toile... Mais non, rien n'lui tombe sur l'pif. Elle s'étire de tout son long, agrippe sa tignasse et commence à passer les doigts dedans. Oaille ! Y'a des noeuds ! Des noeuds partout ! Va falloir qu'elle s'étrille un coup avant d'pouvoir refaire ses tresses ! Fait chier !

"Bon, voilà qui est fait.", déclare l'humain foncé en matant l'installation. Il finit par se tourner vers elle. "Tu n'as plus besoin de moi."

"Bah en fait...", commence la peau-verte.

"Ce n'était pas une question."

"Ro-Ah !", chante le piaf sombre en venant se percher sur l'épaule de la garzoke. "Bon-so-ar Sha-ddem !"

Grands yeux de l'humain. S'il l'avait mauvaise, ça s'voit plus. Le v'là avec un p'tit sourire en coin.

"À la bonne heure. Je vais informer Lord Gwandor de ta position.", dit-il. Mais au moment où la peau-verte ouvre la gueule, se perchant sur une patte, il la coupe. "De ta localisation. Il se contrefiche royalement que tu sois debout ou les quatre fers en l'air."

"Bwah ! T'es pas drôle."

"En effet. Et toi non plus."

La Coureuse sourit, tous crocs dehors, et s'agrippe la poitrine au niveau du cœur. "Aouch ! Touchée !" Elle finit par agiter sa grosse patte quand il se barre en emportant sa cape froissée, et lisse le bec de son piaf. La corbac pince la peau, mais pas méchamment.

"C'pas tout ça, mais avec c't'histoire, faut qu'j'finisse c'te paire de bottes avant qu'il fasse nuit ! "

"Rha !", approuve l'oiseau.

"Oais, oais. Tu dis ça, mais j'sais qu'tu vas pas t'fouler une plume pour m'aider, hein ?"

"Rha ! Haha ! ", ricane le volatile sombre. "... Non."

Et sur ce, Aroroa décolle, tourne tranquillement autour d'elle, se pose et se remet à pioncer... Au beau milieu des nœuds d'sa tignasse marron.


(Après)

(Avant)




La garzoke déploie tout son bordel devant elle et l'observe. Le rouleau de cuir brun, les morceaux d'ses vieilles bottes qu'elle a démoli pour comprendre comment elles étaient foutues, son matos de tanneur pour couper et faire des trous dans l'matériau, des tendons travaillés pour faire du fil bien résistant et... Des bout d'barbaque d'ourson, parce qu'bosser, ça creuse !

Elle mate les différents morceaux dont elle a besoin. Au moins quatre. Un bout sous ses pieds pour pas tremper les orteils dans la fange, un sur l'dessus, un autour d'l'arrière d'la patte, et un pour renforcer l'talon. Elle jette un œil à ses bottes à elle, et note qu'il y a des épaisseurs en plus. Et c'est là qu'strouvent les p'tites pointes en métal qu'elle a mis des plombes à retirer sur les vieilles !

"Bon, ben au boulot.", commente-t-elle à voix haute, juste pour entendre le feu répondre en claquant.

Elle commence par chopper un bout de bois noirci dedans. Elle va pas découper c'beau cuir à l'aveugle ! Elle enlève ses chausses et pose son pied sur la peau tannée. Et elle s'fait roussir les orteils en passant un peu près avec l'machin chaud ! Une fois l'trait autour d'sa patte fait, elle mate le truc. Faut qu'elle fasse une paire d'bottes mais... L'aurait pu préciser pour qui l'Patron ! Si c'est pour quelqu'un d'grand, ça passe ! Si c'est pour Maya...

La peau-verte lève le pif et commence à imaginer la gosse marchant avec ses bottes. Elle s'marre. Et encore. Et encore ! À chaque fois qu'elle imagine la gamine faire un pas, les godasses trop grandes la font tomber tête la première ! Dans d'la boue des marais ! Ou pire !

"Bwahaha !"

"Arrh ! Pour-quoi Zu-zu a-gi-tée ?", fait le piaf après lui avoir donné un coup d'bec.

"Héhé ! Ben t'as pas vu ? Pfff ! La gosse qui ! Qui... Ah ben merde, nan, t'as pas pu voir."

"Rha-ha-ha !"

La garzoke essuie un œil humide et se remet au boulot. Elle colle le cuir contre son mollet, tirant la langue pour à la fois le faire tenir, et dessiner l'contour. Loupé. La pièce d'cuir est super lourde ! Pareil pour faire l'dessus du pied ! Elle s'est déjà fait tomber tout l'rouleau sur les orteils. Pas découragée, elle tourne la peau encore et encore, gribouille au bâton noir, s'éclate encore un doigt d'pied. Elle finit par tout lâcher et s'asseoir en tailleur.

"Y'a un truc. J'sais qu'y'a un truc ! Mais on dirait qu'c'te bestiole tannée veut pas m'laisser faire.", fait la Coureuse en se grattant la tempe.

Aroroa ouvre le bec, émet un bâillement, puis décolle. Elle va se poser pile sur la peau, et surtout...

"Pourquoi tu m'mates comme ça ? ", lâche l'orque avant d'sourire. "T'veux aussi qu'j'te fasse des bottes ? Bwahaha ! Nan ! Vu la gueule d'tes pattes, vaut mieux des gants !", s'esclaffe-t-elle en se tenant les côtes. "Des p'tits gants ! Tous riquiquis ! Qui f'raient squick quand tu t'poses !"

La garzoke part dans un éclat d'rire qui la couche par terre. Elle s'marre tellement qu'elle s'étrangle sur sa salive. Merde, ça fait trois fois aujourd'hui ! Petits sauts d'ses épaules, puis elle s'rassoit, matant son corbac qui n'a pas bougé d'une plume. Et puis d'un coup, Aroroa fait un truc incroyable ! Elle choppe l'une des pièces de ses vieilles bottes et... Et !

Elle la colle sur le rouleau de peau.

Silence. Craquements du feu proche.

"Oais. Et ?"

L'oiseau lâche un grondement de gorge. Les yeux rouges la suivent alors qu'elle vole jusqu'au feu. Elle va pas s'jeter d'dans quand même ! Elle a sa viande d'ours, pas la peine d'faire un rôti d'Aroroa ! Mais ça s'mange les corbeaux ? Bizarrement, ça ne la tente pas.

Ah ? Nan, elle n'fait que prendre un bâton noirci. Zu'Gash la regarde faire alors qu'elle essaie de... Tracer le contour... De la pièce en cuir. Et quand c'est fait, après en avoir foutu partout, l’œil central du piaf la mate.

Silence.

Regard sur ce qu'elle vient de foutre.

Re-silence.

Petit vent frais qui annonce le soir.

Gros silence c'te fois.

Craquement du feu, qui s'met à éclairer d'un coup les environs.

"Oh pu-tain...", lâche la peau-verte en matant le tracé. "Oh pu-tain !", répète-t-elle en choppant l'oiseau et en le soulevant d'un coup. "Mais par les ponts d'Phaïtos ! Mais t'es géniale, Aro' ! R'garde ça ! J'ai plus qu'à faire pareil avec toutes les pièces !"

"Rha ! Fa-cile !", chante l'oiseau avant d'agiter vivement les ailes. "La-che ! La-che !"

Et c'est avec une énergie retrouvée que la Coureuse se met à tracer puis découper puis assembler les pièces de cuir. La nuit s'amène petit à petit, et elle termine l'assemblage des bottes. Sourire tous crocs dehors, elle les enfile pour les essayer. Grimace.

"Y'a un truc qui cloche.", dit-elle en se levant et faisant quelques pas. "J'les ai faites pareilles, mais j'ai un pied qui...", constate-t-elle en bougeant les orteils.

"Rha ! Rha-ha-ha !"

Ben voilà qu'le corbac à serres froides s'marre sans raison. Enfin, si en fait.

"Zu-zu ! Bê-ta ! Bê-ta !"

"Gné ?"

"Deux pa-ttes gau-ches ! Gau-ches !"

"Mais qu'est-ce qu'tu ch... Ah oais, merde. J'ai fait deux pieds gauches.", constate la garzoke avec un air un peu con. "T'aurais pu m'le dire, piaf d'malheur !", clame-t-elle avant d'se marrer aussi.

La Coureuse se remet au boulot, mais fait gaffe à changer la semelle de sens c'te fois. Elle galère de longues heures, tirant la langue en s'appuyant sur l'feu pour y voir clair. Alors qu'la nuit a fini par tomber comme une carcasse d'bestiole chassée, la peau-verte achève sa paire de bottes avec semelles et talons épais, en y enfonçant le dernier clou. Et c'te fois, elle a fait gaffe à mettre le rebord traité contre la flotte vers l'extérieur d'l'objet. Elle les enfile et fait quelques pas avec. Ça tient. Même quand elle saute, qu'elle tend la patte loin d'elle ou s'accroupit.

"Eh ben voilà ! Et tant pis pour la taille. Si y'a un problème, c'lui qui les prendra n'aura qu'à la les bourrer un peu !", lance triomphalement la garzoke. "Mais dis voir Aro', j'en fais quoi d'l'autre ?"

Sans la ramener, le volatile choppe la botte de trop. Elle la tire à l'abri du auvent, la renverse et... Et elle se niche dedans. Genre, sans hésiter. Presque comme si elle l'avait prévu qu'la garzoke allait s'planter. C'est si intelligent qu'ça un Corbac d'Phaïtos ?

Naaaaan !

"Ah oais, pas con comme idée."

Zu'Gash s'étire et mate le ciel super clair. Y'a même pas un nuage. C'est marrant ces points qui brillent là-haut. Mais entre les foutre le soir et les enlever le matin, ça doit faire un sacré boulot pour l'pauv' type qui s'en occupe ! Et à quoi ça sert ? Si c'est pour éclairer, la lune est vachement plus efficace !

Tous crocs dehors, la peau-verte recule à l'abri aussi et s'étale de tout son long sur son couchage. Elle a hâte que l'jour s'lève. Que l'Lord Gwandor lui file un truc à faire. Qu'elle retourne faire chier Shaddi. Il est marrant c'type. Elle a beau faire exprès d'l'emmerder, il reste vachement calme.

Elle réalise brutalement un truc. Au p'tit matin, faudra qu'elle s'farcisse son pire ennemi. L'seul capable d'lui coller d'la douleur qui part pas, une grosse migraine, et surtout une bonne dose d'emmerdes.

Sa tignasse pleine de nœuds.



(Après)

(Avant)




"Rrrroooon...."

Et que ça gonfle.

"Pshiiii..."

Et que ça r'tombe... Et encore... Et en sifflant... Et en grondant... Et avec un bruit d'raboteur qu'est pas motivé... C'est quand même dingue c'qu'elle ronfle la corbac ! Elle a un rhume ? Ou c'est juste qu'la botte dans laquelle elle pionce fait écho.

Sur son couchage, allongée sur le flanc sous le grand auvent qu'elle a installé hier avec le Garde d'la porte, Zu'Gash mate son piaf noir en s'curant l'pif, la tête appuyée dans la paume. Et gnap la crotte de nez ! Bof, ça cale pas, ça.

L'a l'air d'bien pioncer la Aroroa. L'aube est déjà là pourtant. L'est vraiment pas matinale celle-la. La peau-verte pense aux événements de la veille, pour s'réveiller tranquille. Elle est pas croyable cette bestiole quand même, à toucher à la magie froide comme ça. La peau-verte fronce un peu les sourcils. C'est que si l'emplumée est aussi gourde que Maya question trucs magiques, qui sait c'qu'elle va déclencher comme cata' en ouvrant l'bec ?

À la voir tranquille, Zu'Gash sent son sourire s'élargir. Elle s'approche doucement de la bête, bien décidée à lui foutre la trouille d'une belle gueulante. Devant la botte, elle inspire et...

"Rhaa !", claque brutalement Aroroa en ouvrant ses trois mirettes d'un coup.

C'est l'piaf qui r'tourne sa farce contre elle ! La garzoke est si surprise qu'elle s'étrangle sur sa bave. Et qu'elle tousse entre deux éclats d'rire.

"Bordel Aro' ! T'as lu dans mes pensées ?"

La corbac s'étire et fait claquer son bec. Oaip, elle se fout déjà d'sa gueule ! La grosse main verte se glisse sous l'piaf, la sort d'la godasse et l'autre vient lui ébouriffer les plumes. Coups d'bec, secouage d'plumes puis silence. L'oeil central fixe la peau-verte.

"Quoi ? "

Enfin nan, derrière la peau-verte.

"Ahem !"

Tête verte qui se tourne, pour voir que c'est Shaddem qu'est là. Et qui n'la regarde pas en face. L'humain basané se frotte les yeux, l'autre main tapotant la garde d'son cimeterre. Grand sourire d'la garzoke. Il a l'air d'être remis d'leur chute dans le puits. Mais il a pas tout à fait les mêmes fringues.

"Salut Shaddi' !", s'exclame-t-elle en levant la main.

"Shaddem...", réplique-t-il avec agacement sans lui rendre son salut.

"Quoi ? Tu fais encore la gueule pour hier ? Allez ! C'était drôle !"

"Mes bleus te sont reconnaissants... Mais passons ! J'ai un message à te donner."

"Ah ? Ben vas-y, j't'écoute.", fait-elle en s'étirant et en faisant craquer ses articulations.

Silence. L'homme de grande taille lui jette un regard puis lui tourne presque le dos. Il secoue la tête et s'remet à causer.

"Non, décidément, je tiens trop à mes yeux..."

"Gné ?"

"Oh, mon Phaïtos... Couvre-toi un peu."

"T'inquiète Didi' ! J'ai pas froid !"

"Shaddem... Arrête de le faire exprès et habille-toi !"

Beuh ? Ben quoi ? Elle a sa chemise en lin, vu qu'le reste séchait encore à côté du feu de camp. Qu'est-ce qu'il a encore à râler d'bon matin ? Il a jamais vu d'peaux-vertes à poil ? Zu'Gash se lève avec un sourire d'emmerdeuse. Et la v'la qui se met à tourner autour de l'homme sous capuche, faisant exprès de chercher son regard. Et lui qui fait tout pour pas l'faire. Il tourne sur lui-même, encore et encore, fait un pas de côté puis il finit par fermer les yeux.

Trop tentant.

Zu'Gash pouffe et... Tire sur la capuche, lui masquant totalement la tronche !

"Eh !", lance-t-il en relevant le tissu, matant de son regard gris les yeux rouges. "Oh..."

"Eh oais ! J'ai gagné !", s'esclaffe la peau-verte avant d'aller chercher ses fringues. "Bon, tu v'nais m'dire quoi au juste ?"

Petit moment de silence pendant lequel la corbac et l'humain se regardent sans un mot. C'est drôle. Ils ont l'air de s'dire des trucs rien qu'en s'matant. Le Garde de l'entrée finit par l'ouvrir.

"Lord Gwandor veut te voir rapidement. Il t'attend dans la salle d'arme. "

"Ah bon ? Mais t'aurais du commencer par là !", beugle la garzoke en sautant dans ses fringues. "Tu m'ralentis avec tes conn'ries !"

Shaddem ouvre la bouche pour répliquer, mais il s'retient. Il se contente de croiser les bras et de souffler. Pas le temps de refaire ses tresses. La coureuse décide de chopper une lanière de cuir, de tirer toute sa tignasse en arrière, et de se faire une queue-de-cheval rapide. Elle saute dans ses chausses en manquant s'casser la gueule dessus. Elle enfile sa cape d'ourse et lie son gourdin, choppe la paire d'bottes qu'elle a fabriqué la veille et son sac, puis elle tend son épaule pour la corbac.

"Cou-rage Sha-ddem !", chante Aroroa en s'posant sur son perchoir vivant.

"Oui... Oui. La journée commence bien..."

Hauts les genoux ! Elle galope dans les couloirs du château vers la salle d'armes, passant entre deux squelettes qui la matent d'leurs yeux vides. Tous crocs dehors, elle sourit jusqu'aux oreilles. Est-ce que le Patron a un truc à lui faire faire ? Est-ce qu'il veut se castagner comme hier ? Est-ce que finalement il va l'empoisonner pour qu'elle aille faire coucou au Grand Patron ? Elle a tellement hâte qu'elle sautille à chaque pas, secouant son piaf noir.

Finalement, elle s'arrête dans le cadre de la porte de la salle d'armes, matant les murs couverts de métal. Elle cherche l'shaakt des yeux.

"Patron ! J'suis arrivée !", lâche-t-elle sans retenue dans la pièce. Elle brandit les godasses triomphalement. "Et j'ai les bottes !"

Reste plus qu'à savoir ce qu'il lui veut. Pourvu qu'ce soit un truc sympa !



(Après)

Gwandor est assis sur un siège, regardant les recrues qui s'entraînent. Il lève les yeux et tu remarques Merilian ainsi que son compagnon et Maya à côté de lui. Il finit par prendre la paroles.

"J'ai une mission très importante pour toi... Maya doit prouver son utilité et ses pouvoirs récemment acquis. Nous lui avons donné de quoi se fournir en matériel magique, tu l'accompagneras jusqu'à la caverne des affaires. Ensuite... tu vas l'accompagner en direction des bois sombres. Nous savons que des chargements d'Olath sont envoyés à Omyre depuis là-bas. Nous voulons savoir d'où ils viennent. Y aurait-il des "errants", ces druides maléfiques, qui transmutent des métaux pour Oaxaca ? Maya a pour but de trouver la source, d'intercepter un chargement et de nous ramener ce qu'elle peut. Tu va l'escorter."

Merilian semble sortir d'un rêve pour intervenir :

"Quand on parle de chargement, ne t'attend pas à de grandes quantités. La transmutation de métal est une tâche difficile. Ramène ce que tu peux, et arrange-toi pour qu'Omyre ne sache jamais qui a volé le métal."

Maya semble particulièrement angoissée. Elle porte une tenue sombre, renforcée, ainsi qu'une dague. Elle est visiblement prête au départ.

(Avant)




L'patron est assis pour une fois, et l'bordel qu'la peau-verte entend est celui de recrues qui s'entrainent. La bande de cons. Ça va même hésiter à taper sur des faux humains en paille. Pétochards... Mais la pensée se barre alors que Zu'Gash entre dans la salle et s'approche. À côté du Patron, y'a Merilian la follette sous bure, la silhouette qui la suit tout le temps qu'elle a aperçu à Dahràm et surtout, y'a Maya ! Elle est attifée différemment, là. La grande gosse porte une sorte de robe bleue et noire, ouverte sur les côtés au niveau des gambettes. Papattes couvertes de cuissardes renforcées de plaques de métal, d'ailleurs. Pareil pour son torse. Elle a limite l'air équipée pour s'castagner. Et elle a une belle dague dans un fourreau, mais c'est pas celle que la garzoke a rafistolé pour elle. Elle la garde peut-être ailleurs.

Le shaakt Gwandor finit par causer. Beaucoup. Il lui apprend que la petiote doit faire la preuve de son utilité. Elle a gagné d'quoi s'payer des breloques magiques et l'Patron veut que la peau-verte l'accompagne jusqu'à la Grotte des affaires. Zu'Gash croise les mains sous sa couette en faisant la gueule. C'est juste une balade pour faire des courses ? Bof. Mais bon, y'aura la gamine pour la faire marrer !

Sauf qu'elle n'a pas l'temps d'en placer une qu'son supérieur enchaine. Elles vont devoir aller du côté des Bois Sombres ensuite, parce que des chargements d'olath, l'métal noir, en viennent. Peut-être fabriqués par des druides qui errent ou un truc dans l'genre. Bref, faut mener l'enquête, savoir qui qu'est responsable, quoi. Enfin, Maya surtout. C'est elle la patronne dans c'te mission. Elle est censée trouver la source et piquer un chargement en ch'min vers Omyre. Les yeux d'la peau-verte s'mettent à briller, parce que son rôle à elle, et à Aro', est d'escorter la gamine. En gros, possible qu'il y ait de belles bagarres en vue !

"Ouiii ! Ouiii !", chante Aro' à la place de la garzoke, depuis la capuche ourse.

Et là, la Meriri' qui avait l'air encore partie quelqu'part dans sa tête s'fait entendre. Semblerait qu'il faille pas s'attendre à d'grosses quantités d'métal. La trans... La mution... La... Bref, sans doute l'moyen d'changer un bousin en un autre est vachement dur. Mais Zu'Gash s'en cogne déjà un peu. Tout c'qu'elle a pigé, c'est qu'elle doit jouer les garde du corps pour la gosse, et s'taper avec elle tout l'voyage jusqu'à la frontière d'Omyre.

Sourire à crocs alors qu'elle mate Maya.

"Héhé ! Ça va t'rappeler des souv'nirs, hein Maya ?", lâche la peau-verte en venant tapoter la caboche de la gosse.

"... C'est... Déjà le cas.", fait une petite voix de souris, vraiment pas sûre d'elle.

Yeux rouges grands ouverts. Puis qui matent toute la salle. Non mais c'est ça, elle n'a pas rêvé ! Elle y voit !

"Beuh ? Il a arrêté d'faire nuit quand tu l'ouvres ?"

Petit silence puis la gosse hoche la tête. Ben bordel ! Un séjour chez les Messagers, et la voilà capable de causer ! Soit ils sont très forts, soit c'est la gamine qui a fait de gros progrès. En tous cas, elle a l'air totalement prête à partir, sauf que sa tronche et l'fait qu'elle soit raide comme un piquet indiquent qu'elle a les pétoches. Ou qu'elle est pas à l'aise, en tous cas.

Zu'Gash passe son bras autour des épaules de la p'tite kendrane et s'penche un peu. Elle a l'impression qu'c'était hier qu'elles traversaient les marais de Gutenborg. Mais elle a quand même un peu changé la petite. La peau-verte n'saurait pas trop dire en quoi, par contre.

"Te fais pas d'mouron, gamine ! On va juste faire des courses, s'taper un p'tit voyage et aller piquer l'matos d'couillons sans s'faire pincer ! T'vois ? Y'a pas d'danger ! Dommage, en fait..."

Maya lève ses yeux brillants vers elle et esquisse un sourire. L'est mignonne c'te gosse quand elle garde pas les yeux par terre. Dommage qu'la maquerelle de Dahràm ait voulu la berner, elle aurait fait une super affaire avec c'te donzelle. Mais c'est d'jà du passé ! La traite d'esclaves, c'est plus autorisé d'puis qu'elle est chez les Corbeaux.

La garzoke retire son bras et s'dirige vers la sortie d'la salle.

"Allez Maya ! Plus tôt on s'ra parties, plus vite on r'viendra !"

Les oreilles de la garzoke lui amènent la p'tite voix douce de la gosse, qui remercie Meriri' et Gwandor d'leur confiance. L'est con c'te gamine ! C'est justement pour voir s'ils peuvent lui faire confiance qu'ils l'envoient à l'aut' bout du continent ! Mais bon, l'fait qu'ils lui disent d'l'accompagner signifie qu'ils veulent la voir revenir, la gosse.

La d'moiselle finit par la rattraper au niveau d'l'entrée principale, où Shaddem aiguise tranquillement son arme. Assis sur une grosse pierre, il lève les yeux vers elle. Esquisse de sourire quand la gamine lui rend un salut de tête.

"On se fait une sortie entre filles ?", lâche-t-il sur un ton tranquille.

"Nan. 'Fin oais, aller ach'ter des trucs. Pis aller jusqu'aux B... Bff !", commence la peau-verte avant qu'sa grande gueule soit masquée par la main claire d'sa brune.

Maya la regarde en fronçant un peu les sourcils. Elle attend d'sentir que la peau-verte va pas causer plus pour la lâcher. Elle se tourne ensuite vers le Garde, lève la mimine et prend une tronche désolée. V'la qu'elle mime un "chut" d'un doigt devant la bouche et reçoit un air entendu du Shaddi.

"Shaddem.", fait-il d'un coup, en scrutant la garzoke.

"Eh ! Mais j'ai rien dit !", éclate la peau-verte en croisant les bras.

"Tu penses trop fort."

Zu'Gash hausse un sourcil, cherche à mater sa corbac puis la petite. Elle a vraiment pensé à voix haute ou il se fout d'elle, là ? Haussement d'épaules. En fait, elle s'en fout déjà. Elle commence à traverser les ruines, quand la petite main de Maya la stoppe dans son élan.

"Zu'Gash...", fait-elle doucement.

Ça fait bizarre de l'entendre dire son nom. Tout de suite, il sonne moins garzok. Comme quand Aro' l'appelle Zuzu.

"Quoi ? T'as d'jà mal aux pieds ? J'ai encore l'machin du mulot contre les ampoules."

La fillette secoue la tête et pointe une direction. Genre, à l'opposé de la voie qu'la peau-verte allait emprunter.

"Ah ben merde. Tu veux dire qu'la Grotte c'est plutôt d'ce côté ?"

Au loin, Shaddem la ramène pour s'moquer.

"Eh bien, vous n'êtes pas rendues !"

"Ben, normal ! On est pas encore parties !", réplique la Coureuse.

"C'est bien ce que je dis !", lance Shaddem avant de s'marrer tout seul.

L'est crétin cet humain ou... Bah, pas grave. Elle se creusera la tête une autre fois. Là, elle s'amuse de voir Maya lui saisir le poignet et l'inciter à avancer. Dire qu'avant, fallait limite la porter pour qu’elle foute un pied d'vant l'autre.

Y'a pas à dire, elle grandit c'te gosse !



(Après)