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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Mar 15 Déc 2015 17:48 
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J’attends avec impatience l’escorte qui va m’emmener au temple. Je n’ai qu’une envie, en finir avec ce délire d’exécution, puis contrecarrer les plans de l’aut’ mégère est pas pour m’déplaire. C’pas une cérémonie ponctuée d’un peu d’magie qui va m’faire peur.
Finalement quelques heures passent avant qu’deux gus débarquent tout en classe et sobriété. A voir leurs trognes, j’préfère fermer mon claque-merde et m’éviter un coup dans l’bide. Laisse pas d’trace mais c’est douloureux pour sûr. Ils me traînent à moitié jusqu’à la porte de la chapelle. L’un d’eux l’ouvre délicatement avant de me porter, plus dignement cette fois, par les aisselles. Au-moins mes genoux récurent plus l’sol.

J’crois bien volontiers Sine qui m’avait annoncé cet événement comme très important. Y’a foule, on s’croirait au marché de Mertar. Quoique, en plus silencieux quand même. J’entends juste une mélopée funeste qui accompagne mon avancée au sein de cet essaim de gens. Ils affichent des mines graves, impassibles. Enfin j’en vois bien quelque uns qui sourient mais j’n’ai pas l’impression que c’pour m’encourager… C’est si drôle de voir un unainjambiste borgne s’faire ensorceler ?

Vers la statue représentant Phaïtos je vois Dame Kadria, la folle, et un homme que j’connais pas. Un maudit elfe… Et l’un des pires, Shaakt. J’ai envie d’lui cracher une injure mais sans doute une réminiscence d’un instinct de survie m’en empêche. J’continue de la boucler, attendant le moment de vérité.

Les gardes me déposent sur l’autel trônant devant la représentation de Phaïtos. Ils m’enchaînent ensuite, non sans forcer sadiquement. Je sens le sang qui ne s’écoule plus correctement au niveau de mes poignets et de mes chevilles.

Une petite chose s’approche timidement. Cette bouille enfantine ne m’est pas inconnue… Je crois bien que c’est la gamine qui accompagne la peau-verte. Elle m’appose ses doigts sur le torse. Aussitôt une sensation de froid s’empare de moi. Je sens le phénomène s’étendre à tout mon corps. Ma température interne est au plus bas, je suis pris de frissons, je tremble. Le souffle que j’expire se forme en fine vapeur qui s’évade dans l’air. Ce feu glacé qui coule dans mes veines me plonge dans une douce folie. Les formes autour de moi se délitent et s’agrègent, tout devient flou, indistinct.

Je me sens mourir, mon âme arrachée à mon enveloppe corporelle mutilée. Les ailes de la statue qui me surplombent semblent se mouvoir, se refermer vers moi. Tout devient si sombre… Je n’arrive plus à distinguer quoi que ce soit.
Tout autour de moi j’entends le bruissement du vent, un piaillement aussi. J’ouvre mes yeux et la vision d’un corbeau s’offre à moi, dépité. Il disparaît rapidement, succéder par diverses apparitions fantasmagoriques.

Des images empreintes de nostalgie… Celle de ma mère me souriant, ou mon père qui me serre affectueusement dans ses bras. Tout ça m’arrache une larme, elle s’écoule lentement le long de ma joue pour disparaître dans mon épaisse barbe. D’autres images se forment, elles ne m’évoquent rien de particulier…

Ne sachant trop que faire, je décide de me relever et d’aller tout droit. Pouvait pas faire d’mal et j’n’avais pas vraiment d’meilleures options.

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Mar 15 Déc 2015 19:23 
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Tu entend bientôt une étrange clameur. Le grondement de milliers de voix. Une ombre t’engloutis. Tu distingue des silhouettes que tu ne peux clairement identifier, mais qui t'encerclent, te traversent...

QUI ES TU, TOI QUI T'APPROCHES DU NÉANT...

La voix est si terrible que tu as l'impression qu'elle va te déchirer de l'intérieur.

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Mar 15 Déc 2015 23:47 
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Alors que je progresse dans cette morne plaine qui inlassablement défile sous mes pieds, j’entends un bourdonnement sourd. La zone autour de moi deviens sombre, l’air ondule et c’est comme si des milliers de voix s’entremêlaient pour former un chœur intense et grave.

Des êtres éthérés, presque vaporeux m’entourent. Ils me frôlent, parfois me traversent de part en part. Pourtant cela ne provoque chez moi aucune répulsion. Ces choses, quelle qu’elles soient, ne sont que des souvenirs d’un temps à présent révolu. Elles appartiennent au passé et ne peuvent me nuire.

Grand bien leur fasse de s’agglomérer autour de moi, du moment que j’peux trouver la porte de sortie et pouvoir parader d’vant l’autre folle. Je continue d’avancer quand une voix tonne avec puissance. Je m’arrête aussitôt de marcher, comme paralysée. La majesté, l’autorité qui se dégage de cette voix me laisse pantois.

QUI ES TU, TOI QUI T'APPROCHES DU NÉANT...

Je regarde partout mais ne distingue personne hormis l’amas de spectres. Serait-ce l’un d’eux qu’a causé ainsi ? Bon dans tous les cas j’vais bien devoir répondre, sait-on jamais.

« Une âme en peine bwahaha ! Non j’déconne. Moi c’Korben Bière Brisée, fils de Throrond Ours qui gronde et de Leelo Dall'As. J’suis ici cause d’une mégère qui comprend pas que même dans un lieu d’culte dédié au silence, j’peux avoir besoin d’m’exprimer. M’enfin… C’par où la sortie s’vous plaît ? C'pas que j'sois particulièrement pressé, ou qu'votre compagnie me soit insupportable, non non. Juste qu'j'ai un peu mieux à faire qu'de traîner là à attendre je n'sais quoi. Voilà l'topo mon grand ! »

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Mer 16 Déc 2015 11:37 
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Il y a un instant de flottement. Les ombres semblent hésiter... puis s'égaille subitement, comme prise de folies. Tu distingues à peine une forme gigantesque qui te cache le soleil.

ONC NE VIT PAREILLE INSOLENCE ! ABSENCE DE RESPECT POUR CE QUE JE SUIS ! POUR CE QUE J'AI ENDURÉ !

Une douleur terrible te transperce. Il te semble qu'il s'agit d'un cavalier immense et ténébreux qui te domine... et il brandit déjà sa lance vers toi.

EST-CE LÀ LES NOUVEAUX MESSAGERS DE PHAÏTOS ? Ô RAGE ! Ô DÉSESPOIR ! Ô VIEILLESSE ENNEMIE ! N'AI-JE DONC TANT VÉCU QUE POUR VOIR CETTE INFAMIE ! ÂME EN PEINE TU TE PROCLAMES, ÂME EN PEINE TU SERAS. PUNITION POUR TOI ET TOUS LES AUTRES, QUI NE SAVENT SE MONTRER HUMBLE DEVANT LE DIEU CORBEAU ET LES SACRIFICES DE CEUX QUI L'ONT SERVI.

Ton esprit est au supplice. Tu ne peux bouger. L'épreuve serait-elle perdu ? Vas-tu mourir ici, réalisant les vœux de Merilian ? Apparemment oui, si tu ne fait rien. L'être, entouré de sa farandole de spectres gémissants, se prépare à porter le coup de grâce.

TRAÎTRE ! SANS HONNEUR !

Il va falloir réagir vite !

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Mer 16 Déc 2015 15:17 
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La trainée de spectres semble immobile, mais cela ne dure pas. Elle convulse, s'agite frénétiquement sous mes yeux ébahis. Une ombre titanesque se révèle dans toute son horreur, me privant des rayons du soleil qui luit dans le ciel sans nuage. La voix qui me répond est si dense, si impérieuse qu'elle me transperce comme le ferait une lance de fer. Je suis obligé d'm'agenouiller, soumis à une pression telle que rester debout reviendrait à me faire broyer lentement par sa volonté. La forme se précise, revêtant l'apparence d'un immense cavalier, sa cape se composant de l'amas d'ombres agglutinée derrière lui.

Une lance jaillit tout droit du néant et s'abaisse vers moi. La pointe de l'arme, sombre comme la nuit profonde d'une nuit d'hiver semble prête à m'embrocher fissa. Chose que je ne désire... Pas vraiment ? Non décidément ce n'est pas vraiment ce que j'escomptais. Je voulais juste savoir par où partir... Pourquoi qu'il l'prend si mal c'con là. Il s'est peut-être levé du pied gauche... Enfin ça a des pieds au-moins ?

Il recommence une tirade, m'insultant, me rabaissant plus bas que terre, comme si j'en étais pas déjà suffisamment proche tient... Il parle des sacrifices qu'il a dû enduré pour l'Unique Dieu qui mérite d'être vénéré. Le dieu Corbeau. Il continue de parler, devait faire longtemps qu'il n'avait eu une oreille attentive l'vieux. Enfin est-ce que ça a un âge au-moins ? La douleur devient si forte qu'elle m'arrache un hurlement. Je suis en prise à une force qui me dépasse totalement. La petite attaque mentale de Dame Kadria à côté c'de la pisse de chat. Non celle-ci remue mes fondements même, j'ai l'impression que je vais être scindé en deux, totalement détruit par cet être qui semble n'avoir d'yeux que pour Phaïtos.

Il me désigne comme un traître, et sans honneur en plus. Cette fois je crois que c'la fin. Il brandit son objet de mort vers moi. Je réfléchis intensément, comment apaiser sa colère ? Je n'arrive pas à choisir entre bravade, histoire d'l'intriguer, et respect faussement adopté pour l'amadouer.

"Faut s'détendre de l'escarcelle mon grand ! M'enfin en attendant, t'es qui pour m'juger comme ça ? Moi, un traître, et sans honneur qui plus est ? Nainmého j'aurais tout entendu ! Je suis quand même envoyé par Dame Kadria, dirigeante du culte de Phaïtos afin de prouver mon dévouement envers ce dernier. C'pas des broutilles par ma barbe !

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Mer 16 Déc 2015 20:53 
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La réponse ne se fait pas attendre. Une explosion de douleur te ravage. Tellement intolérable qu'il semble impossible que tu sois encore en vie après ça.

TA KADRIA N'EST RIEN ! TU PARLES DE DÉVOUEMENT... TU OSES... PARLER... DE DÉVOUEMENT... FACE À MOI ?

Tu ne vois plus rien. Tout ton être n'est que douleur...

Sa voix se fait presque douce, mais c'est une cruelle douceur

DIS-MOI... EST-CE QUE TU AS MAL ? EST-CE QUE TU VEUX QUE J'ARRÊTE ?

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Mer 16 Déc 2015 21:37 
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Je suis noyé dans un océan de douleur, totalement immergé dedans. Pas une seule foutue partie d'mon nainatomie est épargnée. J'ai l'impression d'être une poupée de chiffon ballottée par de violentes vagues, je suis de plus en plus loin du rivage, synonyme de délivrance. Non, plus ça dure et plus je souffre, c'en devient intolérable. Mes yeux semblent prêts à jaillir hors de leurs orbites, ma peau à s'arracher en lambeaux.

Pourtant... Au lieu d'apprivoiser la bête qui sommeille en moi, la douleur ne fait qu'attiser sa haine dévorante. Elle me somme de me révolter, d'abattre mon ennemi. Elle hurle en moi, à travers moi, gronde comme un animal acculé. Elle m'insulte, me traite de lâche... De faible. La bête s'agite, ses griffes raclent contre ma paroi thoracique, s'engouffrent dans ma chair. Elle me laboure de ses crocs, me dévore de l'intérieur. Si je ne puis lui résister elle me consumera entièrement. J'hurle un râle bestial, ne faisant qu'un avec cette partie de moi. Je la sens frémir de plaisir, d'une joie sans faille. Je suis subjugué par cette haine féroce, je n'ai plus l'impression d'être un nain, juste la bouteille contenant le feu de la vie. Un feu prêt à s'étendre, à tout ravager pour ne laisser que des cendres fumantes, des pleurs et des larmes. J'hurle encore une fois, à m'en rompre les cordes vocales. Je vais transcender cette épreuve, m'en sortir ! C'est décidé ! Quoi qu'il advienne je m'en sortirais. Il faut que je vive, que je sois libre, libre, libre...

Une voix devenue familière perce ma folie et m'cause de Kadria, de son inutilité. Il m'demande comment j'ose parler de dévouement devant lui. Je ne suis qu'un jouet en prise à un enfant brutal, hargneux et vindicatif. Il pense être le seul vrai adepte de l'autre là, Phaïtos, quel gland...

Je suis toujours en proie à une souffrance indescriptible, mais l'écho de la voix de l'esprit mécontent se fait quant à elle doucereuse. Il me demande à quel point j'ai mal, si j'en veux encore. Mais quel sadique... Bien sûr que j'souffre le martyr, il le sait aussi bien que moi... Pourtant je n'ai aucune envie de baisser mon froc, au contraire j'aimerais le saigner à blanc ce maudit fantôme, lui faire regretter sa venue au monde.

"Va chier putain va chier ! Qu'est-ce t'as bien pu faire au nom de Phaïtos à part effrayer plus faible qu'toi ? T'es qu'un foutu hypocrite !"

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Mer 16 Déc 2015 21:59 
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Aussi étonnant que cela puisse paraître, ça fonctionne. La douleur recule.

OUI, TU VEUX QUE J'ARRÊTE... MAIS QUI EST HYPOCRITE, DE NOUS DEUX ?

Sa voix est toujours chargée de menace. Les spectres hurlent et gémissent sans fin.

CE QUE TU VIENS DE SUBIR, C'EST CE QUE JE SUBIS CHAQUE... JOUR. SI TANT EST QUE CE MOT AIT ENCORE UN SENS. IL EN A UN POUR TOI, AU MOINS.

Tu sentirait presque une once de mélancolie dans sa voix. Mais aucun regret.

J'AI FAIT CE CHOIX LIBREMENT. JE ME SUIS DONNÉ À LA CAUSE DE PHAÏTOS. AFIN QUE LES PIRES SPECTRES, LES ÂMES QUI ONT LE PLUS SOUFFERT DANS LA VIE, NE VIENNENT PAS POLLUER LA MORT. AFIN QU'ILS NE BRISENT PAS LE CYCLE ÉTERNEL DE LA MORT ET DE LA RENAISSANCE. JE PRENDS LEUR DOULEUR SUR MOI. JE LES TIENS À L'ÉCART DES ENFERS. ET C'EST AINSI QUE PEUVENT NAÎTRE DE PAUVRES AVORTONS COMME TOI. J'AI ACCEPTÉ CE SACRIFICE ET CETTE DAMNATION ÉTERNELLE POUR LA GLOIRE DE MON DIEUX ET POUR LE BIEN DES PEUPLES DE YUIMEN.

Sa voix se durcit :

JE N'ATTENDS AUCUNE PITIÉ NI AUCUNE RECONNAISSANCE DE TOI. MAIS AVANT DE VENIR AVEC TES GRANDS AIRS, ME PARLER DE FOI ET D'HYPOCRISIE. DEMANDE-TOI SI TU AS FAIS AUTANT QUE MOI POUR LA VIE. POUR LA MORT. POUR PHAÏTOS.

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Mer 16 Déc 2015 23:14 
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La douleur reflue, elle ne cesse pas mais devient plus douce. Je suis toujours incapable de bouger. La bête tourne comme un lion en cage, m'invite à tenter ma chance, à lui sauter au cou... Complètement con ouais. Enfin je n'vais pas nier que cette haine indomptable m'a été d'une aide précieuse, m'empêchant de sombrer tout à fait dans une folie meurtrière. Le spectre reprend la parole, me demande qui de nous deux est réellement hypocrite. J'trouve rien à lui répondre, optant pour le silence. J'essaie d'apaiser le monstre qui s'insurge en moi. Je prends une grande respiration, tente de me calmer. Elle se contente de renâcler. Je l'ignore finalement, préférant me concentrer sur les paroles du cavalier.

Il continue donc, m'expliquant que cette douleur, si brève fut-elle pour moi, lui il devait l'endurer au jour le jour. J'en ai mal pour lui, comment ne pas se briser sous ce poids. Comment pouvait-il continuer d'errer alors qu'une si terrible affliction pèse sur ses épaules, sans qu'un seul espoir de rédemption soit envisageable. Il semble pensif. Je n'ose pas l'interrompre, il poursuit donc sa diatribe. Me fait réfléchir aussi. Ce serait grâce à lui, à ce preux damné, que le cycle éternel mais néanmoins fragile de la vie puisse subsister sans interférence.

Lui qui retient les mauvais esprits de saccager les enfers. Lui encore qui endossait toute cette douleur. Lui pour finir qui acceptait cette tâche sans qu'aucun remord ne vienne entacher sa foi inébranlable. Il se savait être en accord avec lui-même, avec Phaïtos également. Il se savait inestimable pour préserver l'équilibre précaire du monde, grâce à lui les peuples de Yuimen jouissaient tous d'une vie plus ou moins agréable. Que se passerait-il s'il n'était pas là... Si les enfers se voyaient perturbés par des choses innommables, boursouflés de haines...

Sa voix devient alors glaciale, de moi il n'attends rien. Ni pitié, ni reconnaissance. Il cherche à me faire me remettre en question, et il a raison... Qu'est-ce que je fais moi ? Moi le pauvre nain qui hurle, se plaint et se bourre la gueule ? Qu'ai-je fait quand ma mère m'a quitté, qu'ai-je fait quand ce fut le cas pour ma sœur ?

Des éclats me reviennent en mémoire, je revois ma sœur souffrir, pleurer et gémir. Moi à côté, la laissant crier, les bras croisés. Elle venait de me défier après une grave dispute, j'y étais allé trop fort et mon dernier coup avait cassé certaines de ses côtes, lui perforant l'un des poumons. Bien sûr je n'en avais aucune idée... Bien entendu je ne m'imaginais pas à ce moment là qu'elle ne simulait pas, qu'elle avait vraiment mal. Alors je me souviens encore de ma réaction, je me suis moqué d'elle malgré les larmes qui perlaient le long de son visage, malgré ses sanglots. Au final je me suis esquissé, me rendant compte qu'elle avait vraiment mal. Le soir, lors du souper, aucune trace d'elle.

Effrayé par sa disparition, j'étais retourné sur le lieu de l'affrontement. Elle était allongée sur le sol, ne bougeait plus. J'étais aussitôt allé auprès d'elle, lui secouant les épaules, la sommant de se réveiller. Mais rien ne vint altérer son expression figée. Un fin filet de sang s'écoulait de sa bouche, il était dorénavant sec. C'est là que j'ai compris, j'avais tué ma jeune sœur, l'avait même laissé agonisé... Pris de panique je me souviens encore de ma cavalcade effréné pour m'enfuir, m'éloigner du cadavre. Cette nuit là et les suivantes je ne pensais plus qu'à elle, jamais je n'avais autant pleurer, jamais je n'étais allé aussi mal. J'étais coupable d'un crime qui me poussa même à essayer de me suicider. C'était mon père qui m'avait retrouvé en train de me pendre dans la cave. Je fus muet quant aux raisons qui me poussèrent à de telles extrémités. Je ne voulais pas avouer que j'avais provoqué la mort d'Inold, ma sœur... Ce poids pesait sur mes épaules, mais je dus faire face, la vie ne s'arrêtait pas pour autant. Je savais, ou étais presque sûr que ma mère le savait, ou du moins s'en doutait. Mais jamais elle ne m'accusa, jamais elle ne chercha à tirer de moi un quelconque aveu. Sans doute savait-elle que la plus terrible punition que je pouvais endurer venait de moi, se nourrissait de ma propre culpabilité... Les choses ne furent plus jamais comme avant. J'étais devenu un autre nain, j'avais conscience de plus de choses. Mais quelle leçon amer malgré tout...

Je reviens peu à peu à moi, le regard embué de larmes chaudes. Je jette un regard en direction du sombre cavalier et m'adresse à lui :

"Je vous prie de m'excuser, j'ai été trop... Impulsif, trop borné aussi il faut l'avouer. Ce que vous faite est admirable et même si vous ne voulez de ma gratitude, je ne puis que vous rendre un hommage, vous qui êtes un véritable disciple. J'ai également une question... Vous avez en charge les esprits souffrants si j'ai bien assimilé. Je voudrais savoir... Même si cela semble peu probable... Pouvez-vous par un quelconque miracle retrouver quelqu'un ? Ne serait-ce qu'un court instant, me permettre de lui parler..."

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Jeu 17 Déc 2015 10:55 
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L'esprit reste un instant silencieux. Puis, presque doucement, il murmure :

JE SAIS DE QUI TU PARLES. TON ESPRIT N'A PAS DE SECRET POUR MOI. TU AS DE LA CHANCE. JE PASSAIS DANS CETTE RÉGION QUAND LE CRIME A ÉTÉ COMMIS... JE N'AVAIS PAS LE CHOIX. TROP DE SOUFFRANCE... TROP D'INCOMPRÉHENSION... FINALEMENT, IL EST BIEN QUELQUE CHOSE QUE TU PEUX FAIRE POUR ALLÉGER MON FARDEAU.

Il parlait avec un mélange de tristesse, mais tu sentais pleinement sa désapprobation.

JE NE PEUX ÊTRE PARTOUT À LA FOIS. ALORS QUAND J'ARRIVE A TROUVER UNE ÂME DANS CET ÉTAT, JE LA PRENDS. C'EST PEU À L’ÉCHELLE DU MONDE, MAIS C'EST DÉJÀ ÇA. VIENS ICI, INOLD.

Et voilà qu'un spectre se détache du groupe. Un visage familier, quoique tordue de souffrance. Le spectre entraine ces âmes à l'écart des portes du repos, et c'est là son seul but. S'il prend un peu de leur souffrance sur son dos, il n'en demeure pas moins qu'ils sont condamnés à errer avec lieu, perdu au milieu d'une farandole d'âmes démentes et souffrantes. D'une certaine manière, le sort de ces pauvres âmes n'est pas mieux que celui de leur sinistre geôlier.

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Jeu 17 Déc 2015 16:34 
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A ma requête le cavalier demeure l'espace d'un instant silencieux avant de murmurer qu'il sait de qui je parle, qu'il me connait mieux que personne, qu'il est capable de lire en moi comme un livre ouvert. Sa voix bien que miséricordieuse est accusatrice. Je sais que je le mérite... Ce que j'ai fais ne puis être pardonné. Un meurtre, même involontaire reste un meurtre. Par mes décisions j'avais enlevé le droit de vie à ma jeune sœur, l'avait privé de son existence... Le spectre continue de converser avec moi et finit par prononcer un mot... Un nom qui fit rejaillir en moi une tristesse incommensurable... Inold... J'aperçois une frêle silhouette se détacher de l'amas d'ombre suite à cet appel. Elle s'approche lentement.

Le choc émotionnel provoqué par cette subite apparition est si intense que j'en reste sans voix. Inold, ma chère Inold... Elle se tient devant moi, son doux visage réduit à un masque de souffrance, ses traits sont crispés. Les émotions me submergent, me réduisent à une loque ambulante. Les regrets se mêlent à la honte et au chagrin. Je n'arrive plus à formuler de pensées cohérentes, totalement absorbé par cette vision qui me soulève le cœur. Le palpitant s'acharne, tambourine contre mon torse, cherche à se frayer un chemin hors de mon corps. J'ai le souffle court, du mal à respirer.

J'ai l'impression que je vais suffoquer, mourir étouffé par ma culpabilité qui s'intensifie au fur et à mesure que les secondes s'écoulent. Quand je la regarde, elle qui était mon soleil, m'apparaît maintenant une abime dans laquelle je ne peux que tomber, me fracasser entre les parois.

J'ai envie de hurler mais aucun son ne s'échappe alors de ma gorge qui se contracte. Je tombe à genoux, répétant lentement ce nom... Inold... Ma sœur se tient à mes côtés, j'ai rêvé de ce moment de longues années et voilà que je ne parviens plus à articuler ne serait-ce qu'une phrase. Je ne sais que dire, que faire... J'ai envie de la serrer dans mes bras, mais me rendra-t-elle mon étreinte ? Ne risque t-elle pas de me repousser, moi qui fut la cause de sa mort, de son malheur ?

Je sens mon cœur qui se brise en mille morceaux, les fragments se répandent dans mon corps, m'écorchent de l'intérieur. Je me sens si mal, les larmes inondent mon visage, forment des rigoles qui se perdent dans ma barbe. Je la regarde une nouvelle fois, j'ai l'impression de me prendre un violent coup dans le ventre. Tout l'air contenu dans mon corps s'en trouve expulsé.

"Inold... Je suis tellement désolé... Si cela était possible je prendrais ta place et te donnerais la mienne... Je suis impardonnable... Toute ma vie je me suis rongé pour cet acte odieux... Comment t'exprimer avec de simples mots la peine, la douleur, la cassure que j'ai ressenti en comprenant l'étendue des conséquences de mon geste ? Comment te dire que..." Je m'interromps, sanglotant comme un bébé. Je n'arrive plus à prononcer quoi que ce soit. Je m'impose un petit temps de répit, reprend mes esprits. J'essaie en vain de me dominer mais la tâche est ardue alors que le simple contact visuel m'arrache déjà des larmes.

Je tourne mon regard vers le cavalier et lui demande d'un ton suppliant :

"N'y a-t-il un moyen d'endosser cette souffrance à votre place ? De prendre sur moi la douleur que ressent ma jeune sœur ? Ou mieux encore de la délivrer totalement de cette malédiction qu'elle na pas choisie de vivre...?"

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Jeu 17 Déc 2015 17:58 
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L'esprit secoue la tête :

SEUL PHAÏTOS PEUT FAIRE CELA. QUAND A LA DÉLIVRER... SI QUELQU'UN PEUT LE FAIRE, C'EST BIEN TOI. ET UNIQUEMENT TOI.

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Ven 18 Déc 2015 14:09 
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La voix du cavalier m'apparaît comme lointaine. Toute mon attention étant dévouée à Inold. Cette dernière me regarde droit dans les mirettes. Ses deux petits saphirs me sondent, me blessent comme autant de coup de couteau. Mon cœur se fait piétiner par une horde de garzokes en rut. Il n'en reste rien exception faite de quelques débris. Sa petite trogne porte les stigmates de la douleur, ce spectacle m'est insupportable... Moi qui fut le déclencheur de cette atrocité sans nom. Moi qui depuis ce funeste jour ai rêvé de la revoir, voilà que je souhaite qu'elle disparaisse, sa présence est par trop douloureuse, bien plus que tout ce qu'a pu m'infliger l'autre spectre... Cette souffrance émotionnelle me cloue au sol, me lardent de coups et me laisse en sang, gisant comme un pantin désarticulé.

Je trouve finalement le courage de lui reparler.

"Inold... M'entends-tu ?"

Une voix familière, presque implorante me répond alors, ravivant des souvenirs qui m'écorchent vif.

"Comment as-tu pu grand frère ?"

"Pitié pas ça... Pardonne moi ! Je t'en conjure... Je ne savais alors ce qui allait survenir... Pitié, accorde moi ton pardon..."

Le visage si doux de ma sœur est tordu d'une intense douleur, le simple fait de la voir ainsi me fait souffrir.

"Inold... Je m'en veux tant... Mon âme est au supplice pour cet acte odieux. Je t'en prie, trouve la force de me pardonner, puise dans l'amour irrationnel qui nous unissait jadis..."

"Tu m'as abandonnée... J'ai souffert de longues heures avant de lâcher prise. Korben... Je n'y arrive pas... Je ne peux te pardonner sincèrement. Cette douleur que tu m'as infligée est devenu mon quotidien "

Je la regarde, affichant une mine déconfite, l'implore presque :

"Comment puis-je t'aider ?"

"Tu n'es pas capable de m'aider Korben. Tu es incapable d'aider qui que ce soit... Tel père tel fils. Obnubilé par une seule valeur bien surfaite... L'honneur. Bien que te concernant cela ne démarre pas sous les meilleurs auspices. Je doute que tuer ta sœur soit vraiment honorable."

Elle prononce ces mots avec une platitude acide. Ils se plantent en moi comme autant de flèches barbelées.

"Arrête ! Arrête... Je t'en supplie..."

"Ce que tu fais se révèle inutile Korben. Tu ne pourras jamais comprendre oh combien cette trahison de ta part m'a fait mal. Ce que j'endure depuis ce qui semble être des siècles tu ne puis même pas l'appréhender. Tu n'es qu'un bébé évoluant dans un monde qui te dépasse. Régi par des règles que tu préfères ignorer. Tes actes portent à conséquence, frère."

Je n'en peux plus, l'impression de me liquéfier sur place. J'hurle, lui crie d'arrêter mais Inold semble déterminée à me détruire. Je pleure toutes les larmes de mon corps, me mets en position fœtale. Ce qu'elle me dit s'ancre en moi, m'empoisonne. D'un ton suppliant je la supplie de cesser, pourtant rien n'y fait elle continue. Je n'arrive pas à me pardonner et ce que me dit Inold ne fait qu'aggraver le jugement que je me porte. Je ne suis qu'un connard égoïste, avare et grande gueule...

(Non... Je ne suis pas que ça... Je dois aller de l'avant, bordel ressaisis toi Korben !)

Je me redresse et me confronte au regard accusateur d'Inold. Je ne peux peut-être me pardonner mais il m'est toujours possible d'essayer de faire le bien. De propager la foi en Phaïtos. Je ne dois pas baisser les bras et pleurer jusqu'à ce que mort s'ensuive, ça n'me ressemble pas !

"Ma chère sœur, je t'aime. Et même si tu ne veux pas de mes excuses, je te fais une promesse. Je fais une promesse solennelle au monde. Je vais devenir un prêtre, honorant et servant Phaïtos. Plus jamais je ne laisserais d'autres gens finir comme toi. Plus jamais je ne laisserais des personnes comme moi agir en toute impunité. Pour finir, j'assumerais enfin mon acte. Je vais me dénoncer à la milice de Mertar, étaler aux yeux de tous mon ignominie. Que tous apprenne enfin la vérité quant à ta mort."

Un fin sourire vint altérer le regard d'Inold, vite remplacé par un air grave et cérémonieux.

"Ce sera un bon début, Korben."

Je la vois s'élever lentement, comme aspirée vers la masse agglutinée derrière le grand cavalier.

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Sam 19 Déc 2015 15:39 
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Intervention de guilde pour Korben



Le spectre semblait... presque satisfait. Alors que tu t'éloignais, tu le vis qui disparaissait aussi avec ses ombres, poursuivant sa chevauchée sans but. Sa voix te parvint une dernière fois :

DIS À CES... MESSAGERS... QUE LE PREMIER D'ENTRE EUX EST DÉJÀ EN CHEMIN. ET IL PORTERA LE BÂTON AUX TROIS CRÂNES DE CAMARDE.[/quote]

Et tu te réveillas.

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 Sujet du message: Re: Le château d'Endor
MessagePosté: Sam 19 Déc 2015 20:02 
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L’immense et majestueuse ombre me regarde, un éclat de malice apparût brièvement dans ses orbites. Je le vois s’éloigner, sa tâche le rappelant à l’ordre, mais avant de disparaître tout à fait, j’entends ses mots charriés par le vent. Il me demande de porter un message aux messagers. Celui qu’il nomme le premier d’entre nous est en chemin, en possession d’une babiole sans doute magique. Il a appelé ça le bâton aux trois crânes de camarade. Enfin je n’suis pas sûr mais doit être un truc du genre.
Soudain je perçois un grand flash blanc, le paysage autour de moi se désagrège et m’emporte dans les abîmes insondables de la terre…

Quand j’vois de nouveau correctement, c’pour apercevoir les deux loustics qui m’avaient escorté jusqu’à l’autel. Y’en a un qui m’zieute du coin de l’œil avec suspicion. Je tourne la tête à droite, l’troupeau est toujours rassemblé en masse d’vant moi. Y’a l’autre folle qu’à l’air en rogne aussi. Elle semble fulminer, j’peux presque voir la fumée qui lui sort des esgourdes. Dame Kadria et l’shaakt sont postés à ses côtés. J’arrive même à distinguer le pelage roux de Sine un peu plus loin. Enfin en attendant j’étais sorti triomphant de c’t’épreuve mais les deux gus avaient pas la présence d’esprit d’me libérer. Les chaînes m’enserrent toujours, je lève la tête et c’te vision d’horreur me remémore l’atroce perte d’ma jambe. Je me sens encore fatigué par cette épreuve, mon corps est lessivé...

(Qu’il est laid c’moignon ! Rah j’peux même plus m’voir en peinture. J’ai envie d’me couper l’autre tient, serait équitable au-moins.)

J’apostrophe un des gardes :

« J’dis ça j’dis rien mais faudrait ptêtre s’activer l’croupion et v’nir m’délivrer preux chevalier. J’commence à avoir les muscles ankylosés. »

L’homme regarde Merilian qui lâche un soupir avant d’hocher de la tête. J’aime la voir enrager comme ça… Elle n’devait pas s’attendre à c’que j’survive cette cruche. Le garde se hâte d’enlever les liens me retenant sur cet autel. Je me sers de mes mains et m’pose sur l’cul.

J’observe toute la salle, le visage empreint d'une détermination sans faille. Sine joue des épaules afin de fendre la foule amassée et viens me rejoindre, me tendant une patte secourable. Je l’accepte bien volontiers et c’est avec ce grand Liykor que je m’avance vers Dame Kadria et Merilian et d'un ton faible leur dit :

« Bon, l’est pas coutume d’causer ici mais on peut bien faire une exception hein. Surtout au vu de l’importance de la nouvelle que j’apporte. Un genre de cavalier fantasmagorique m’est apparu. Lui et moi on a tapé un brin d’causette. Avant qu’il n’parte il m’a demandé d’délivrer un message. »

Voyant qu'elles ne posent pas de questions sur cette mystérieuse apparition je me racle la gorge et continue :

« Le Premier d’entre nous est en chemin... Et l’arrive en possession du bâton des trois crânes camarades. J'vous laisse cogiter là-dessus, moi j'dois trouver une prothèse décente, ce foutu moignon m'donne envie d'rendre mon repas d'midi chaque fois que j'le zieute.»

Je flatte l'encolure de Sine, toujours juché sur ses épaisses et massives épaules. Il s'incline légèrement, manquant d'me faire tomber la tête la première. Il ne semble même pas le remarquer et commence à sortir de la salle. Je suis encore épuisé par cette épreuve si particulière, si marquante... J'exprime mon besoin d'me reposer à Sine qui sans me répondre se dirige vers ma chambre. Il me dépose délicatement sur le lit, pose une hache à côté de moi. Je n'ai pas le courage de le questionner à ce sujet, abattu de fatigue.

Je m'endors très rapidement, laissant mon esprit dériver à travers des songes tous plus étranges les uns que les autres.

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Korben's Song.


Dernière édition par Korben Bière Brisée le Sam 26 Déc 2015 01:25, édité 2 fois.

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