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 Sujet du message: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 20 Jan 2009 01:07 
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Les Chaînes de Montagnes


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Une surface pour le moins difficile à résumer par une description concise tant son ampleur est considérable ! En effet, d’après les géographes les plus éminents, les imposantes chaînes de montagnes qui siègent au centre de Nirtim ne constitueraient pas moins d’un quart de la surface totale du continent, ou peu s’en faudrait. Aussi on pourrait croire qu’il est impossible d’englober la totalité du territoire sous une seule et même nomination.
Pourtant, du fait d’un climat peu ou prou uniforme (les changements les plus notables se faisant au fur et à mesure que l’altitude augmente), les montagnes qui forment les Duchés se ressemblent étonnamment dans leur globalité, hormis quelques différences à échelle locale s’entend. En réalité, rien ne diffère de manière réellement frappante hormis quelques villes et villages de plus ou moins grande importance (Mertar est l’exemple le plus prépondérant de tous), sans compter quelques habitations, cabanes, huttes et autres lieux de retraite, ainsi que diverses sociétés recluses s’étant établies ici et là.

La température change avec les saisons, mais les zones les plus basses connaissent une moyenne annuelle de 13°C ; environ 20°C durant les saisons les plus chaudes et 3°C par grand froid. Ensuite, plus l’on monte plus la température baisse et, en conséquence, la végétation se raréfie, se limitant aux arbres les plus aptes à résister au froid et aux bêtes pouvant se plier sans rompre aux rigueurs hivernales. Il en va de même pour les populations, en règle générale seuls les robustes nains habitent les régions les plus élevées avec, évidemment, de nombreux Fujoniens, race sans conteste la plus adaptée à ces rudes frimas des sommets.


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 9 Mai 2009 18:43 
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En route vers Dahràm.1
Escale à Aramanthe.1



Takeshi mis une journée et demi à atteindre le village d'Amaranthe. Il avait passé la nuit au pied d'une falaise qui longeait les plus hautes altitudes des montagnes. Un lapin qui avait croisé sa route lui servit de repas, et quelques marres lui avait permis d'étancher sa soif.
Pendant le trajet il n'eut de pensées que pour Mia, obsédé par l'idée de ne pas avoir passé plus de temps avec elle. Elle n'avait pas changé en cinq ans, alors que lui vieillissait sept fois plus vite. Il lui enviait sa longévité. Avoir cent soixante deux ans avec l'apparence de quelqu'un de vingt cinq, comme elle, lui aurait permis de ne pas se presser, mais comme elle le disait si souvent, on ne choisit pas sa race.
Leur rencontre, six ans plus tôt, avait été rapide mais mouvementée. Il s'était l'un et l'autre sauvé la vie, ce qui à créer un lien particulier entre eux.

Le jeune homme ne savait trop quel étaient la nature de ses sentiments envers elle. L'amitié, l'amour, le respect, le devoir... Le sang dans lequel baignait son passé l'empêchait d'émettre un jugement correct sur leur relation.
Mais le plus frustrant était de ne pas avoir la moindre idée de ce qu'elle pensait de lui.

Il voulait en finir au plus vite avec son passé pour pouvoir enfin s'occuper de ce genre de chose. Voir les quelques amis qu'il lui restait... Edôh, Emino, Ryuth... Mia...

Sa route allais d'ailleurs le mener auprès de l'un d'eux, qui l'attendait patiemment à Dahràm, une chance que cette ville soit sur la route de Caix Imoros, lui épargnant un détour qui aurait pu lui couter encore beaucoup de temps...

Il devait traverser les montagnes, puis suivre le fleuve jusque Dahràm, et de là trouver un navire vers Caix Imoros... Mais quel navire? Capitale de la piraterie en Nirtim, Dahràm allait être un étape éprouvante. Le mieux serait le navire de pirates de pacotille, qui tenterait peut-être de le capturer, mais avec Edôh à ses côté... Un nouveau massacre en règle... Encore faudrait-il que se soit des pirates de pacotille...

( Au final, Mia a raison... )avait songé Takeshi

Partout où il passait, il provoquait un bain de sang... D'autant plus vrai quand il se rendit compte qu'il prévoyait de massacrer des pirates...

Il avait le meurtre dans le sang... Il le savait... Il éprouvait une sensation de liberté en égorgeant ses victimes...

Combien de gorges son poignard avait fendu? Combien de crânes son gantelet avait éclaté? Combien de litres de sang avait-il versé pour savoir la vérité?
Il ne comptait plus depuis longtemps déjà...

Il avait tant bien que mal tenté de penser à autre chose durant le trajet qui le ménerait d'Alkil à Amaranthe mais, depuis toujours il se torturait l'esprit avec toutes ces questions.

Un homme torturé qui se transformait un peu plus en monstruosité à chaque coup porté...

Voilà ce qu'il était...


<Escale à Amaranthe.2>

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La fiche technique de Pyron... Faut vraiment tout faire pour vous... Elle est là : ...
Une liste des péripéties... Vous le faites exprès ? Enfin bon... Allez voir là : ...
Une liste des personnages et un image d'eux ! Sa devient une habitude ou quoi ? ...
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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 27 Avr 2011 20:09 
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Suite de la route entre Kendra Kâr et les Duchés des Montagnes


Le soleil était levé depuis déjà quelques heures. Après avoir marché toute la nuit pour atteindre leur but dans la journée, Aztai sentait la fatigue lui alourdir les muscles. De temps en temps il marchait en ferment les yeux, humant l'air frais de la montagne. Car déjà ils entamaient les vertes collines des Duchés. La température avait légèrement chutée et plus ils monteraient, moins la chaleur se montrerait présente. Pas grave pensait Aztai, seul le soleil lui suffisait.

Depuis une bonne heure le paysage environnent n'était fait que de longues collines et de forêts qui couvraient leur horizon. Au loin les montagnes pointaient dans le ciel, apostrophant les cieux de leur roc indestructible. Waor paraissait fatigué d'avoir marché toute la nuit. Rudy affichait un air heureux, comme un enfant à qui on a promit une surprise. Décidément ce woran semblait indestructible... Il avait déniché une épaisse branche sur laquelle il s'appuyait lors des rudes montées de collines. Aztai n'oubliait pas que son père n'était plus jeune et que les aléas de la vieillesse pouvaient toujours reprendre le dessus. Aucun d'eux n'avaient desserré les mâchoires depuis qu'ils avaient pénétré les Duchés. Depuis leur fuite ils n'avaient que très rarement rencontré de voyageurs, seuls quelques marchands avaient croisé leur route. L'un d'eux avait même pris peur en voyant les trois worans mais Waor s'était empressé de rassurer le pauvre homme. Il avait même entrepris de leur donner quelques vivres qu'ils avaient poliment refusées.

Malgré le zénith frappant leurs crânes pelucheux le vent abaissait largement la chaleur. Rudy jugea le moment propice pour s'arrêter, pile en haut d'une colline. Celle-ci donnait une vue imprenable sur les autres bosses de la terre. Aztai remarqua une gigantesque forêt dans la vallée. Il observa un moment et s'aperçut qu'elle s'étendait sur des kilomètres sur le flanc de la montagne la plus proche. C'était comme si la nature avait voulu couvrir la base de la roche d'une écharpe de végétaux. Cette montagne, plus ou moins grande que ses voisines, laissait de temps à autre s'échapper des cris d'animaux, d'oiseaux et autres spécimens aussi étranges que rares. Au loin des volatiles, solitaires ou non, semblaient frôler la roche puis s'élevaient pour ne devenir que des points sombres dans le ciel bleu.

Assis tous les trois en tailleur, Waor proposa à ses amis quelques fruits bien juteux qu'ils acceptèrent avec gratitude. Le liquide à l'arôme exquis circula entre les crocs du woran neige pour venir désaltérer son corps. Pendant de longues minutes se firent entendre que les bruits de mastication. Puis, sans prévenir, Rudy leva le bras et l'abattit sur l'épaule d'Aztai. Le jeune woran s'était attendu à une "attaque" de la part de son père et il ne lui laissa pas le temps de conclure son geste: il saisit son bras en plein vol et porta un coup au ventre bien senti de son poing libre. Toujours assis les deux worans blancs sourirent.

-Bien joué, chuchota Rudy en se massant l'abdomen.

-Moi j'aurai riposté en plein dans les crocs, railla Waor, totalement décontracté. Puis un coup de coude au niveau des tempes aurait suivi le mouvement. Il rajouta, un rien vantard: j'aurais aussi achevé ce cafard avec un coup de griffe à la gorge.

-Et tu aurais même pris le temps de le chatouiller j'imagine?

-Tu veux mourir de rire? répondit-il avec une griffe faussement menaçante en sa direction.

-Tu n'as pas l'ombre d'une chance...

Waor pouffa d'indignation. Il s'allongea sur le dos et entrepris de fermer un instant les yeux, histoire de se reposer.

-C'est Ambervalle, dit calmement Rudy en désignant la forêt "écharpe" autours de la montagne.

-Ils occupent toute la forêt?

-Non simplement la partie sud. Ici. il pointa une griffe pour argumenter son explication. Et dire qu'ils vivent dans cette vallée depuis des siècles.

Aztai étudia la zone. En effet cette montagne était dans le creux de la vallée de toutes les collines alentour. Repensant à ce que son père lui avait dit, il imagina les garzorks attaquer Ambervalle. Certes ils avaient l'avantage de pouvoir ensevelir leurs adversaires, mais comme Rudy l'avait justement fait remarquer, la guerre en forêt est plus qu'un handicap quand on a pas l'habitude.
Si des worans surveillaient actuellement la lisière de la forêt, Aztai ne les remarqua pas.

-Ils sont là, fit Rudy en devinant les pensées de son fils. Moi non plus je ne les vois pas mais ils sont là, et ils nous ont vus.

-C'est presque effrayant maintenant que tu me le dis...

C'était vrai. Se savoir observé, même par une force "alliée" n'était pas une chose agréable. Il posa une main sur sa poche et s'assura que le petit coffre était bien là. Cette découverte inestimable devait rester en sécurité, c'est-à-dire avec son propriétaire.
Le woran neige ferma les yeux, renversa la gueule en arrière et inspira à fond l'air de la liberté. Il ne voyait pour l'instant aucun moyen d'éliminer le Monarque. De plus, une espèce d'intuition lui soufflait qu'il n'aurait pas à revenir à Kendra Kâr pour affronter le demi-elfe. Et il ne fallait pas être dupe pour savoir que le combat serait... inégal? Aztai refusa de s'avouer vaincu. Il avait son père et son meilleur ami qui s'avéraient être des guerriers hors-pairs.
L'herbe verte chuchotait sous le souffle frais du vent. Aztai aurait voulu ne bouger pour rien au monde et il somnola un moment, la tête à même le sol. Une fourmi attira un moment son regard. Un être si minuscule ne pouvait se soucier de problèmes aussi importants que ceux qu'Aztai connaissait. Pendant un instant il pensa à prier pour demander aux dieux de le transformer en un insecte insignifiant, heureux d'ignorer et d'être ignoré...

-Et si nous nous lancions? proposa gaiement Rudy. Aztai était occupé à enlever de la terre collée à ses jambières. Waor s'était à nouveau lancé dans une de ses nombreuses petites sculptures, une gueule de woran cette fois-ci.

-En avant! Fit Waor en se relevant souplement. Il tendit une patte au woran neige qui l'accepta et tous trois furent debout, prêts à rencontrer l'inconnu.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 27 Avr 2011 22:34 
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Après avoir dévalé la pente en direction de la vallée, au pied de la montagne, les worans longèrent un bon moment la lisière de la forêt. A présent aucun doute, Aztai se sentait franchement observé. Pourtant, il n'y avait que le vent pour faire bouger les feuilles. Jamais le woran ne capta un mouvement suspect, un bruit pas naturel. Et cette normalité l'angoissait, l'oppressait. Rudy était serein. Jetant des regards un peu partout il semblait attendre le bon moment pour débusquer on ne savait quoi. Waor, lui, paraissait aussi perplexe qu'Aztai. C'était comme avancer en territoire ennemi et plus d'une fois le jeune woran aurait voulu rebrousser chemin.

-Stop! Murmura Rudy en écartant légèrement les bras. Il lança un regard complice en direction des arbres. Puis, il replia les bras en les croisant au niveau des poignets. Il plaqua le tout sur son torse. Ainsi posté Aztai devina qu'il devait saluer ou adresser un quelconque signe aux worans.

-Mais qu'est-ce...commença Waor.

Son père l'interrompit d'une voix puissante et forte sans lui faire attention.

-Au nom de Meno c'est en paix que nous nous présentons à vous, sage peuple d'Ambervalle! Nous venons demander conseil et soutient à votre Ancien. Je me nomme Rudy. Voici Waor, mon ami, et Aztai, mon fils!

L'écho de sa voix sa répercuta et Aztai cru un moment qu'il avait parlé dans le vide. Un bruissement de feuille lui prouva le contraire. Sur une quinzaine de mètres de la lisière de la forêt émergèrent en silence plusieurs worans. Aztai en nota trois armés d'arcs en leur direction. Deux autres, plus proches, pointaient des lances au bout de leurs puissants bras. Il remarqua même une femelle parmi les archers. Aucun ne semblait sujet à discuter. Ils observèrent un moment Rudy, puis dévisagèrent les deux autres intrus. Le woran neige ne se priva pas de faire de même. Tous étaient noirs avec des rayures blanches plus ou moins présentes sur différentes parties du corps. La femelle avait un cercle de fourrure blanche autour de l'oeil droit qui lui donnait une allure presque comique... ce qui ne devait pas être le cas en vrai. Ils n'étaient vêtus que de tissus cachant leurs parties intimes et c'est pour cela que le terme "sauvage" leur aurait parfaitement convenu! Aztai garderait cependant son opinion lorsque l'heure de parler serait venu.
Un des worans armé d'une lance s'avança prudemment. Rudy ne cilla pas lorsqu'il braqua son arme sous sa gorge. Il ne desserra pas non plus ses bras toujours croisés sur sa poitrine. Cela semblait être un signe de respect car bientôt tous les habitants de la forêt relâchèrent leur tension. Du moins, ils en donnèrent l'impression.

-Rudy le Brave... murmura le woran en face de lui. Il était beaucoup moins zébré de blancs que ses congénères.

-Lui-même, répondit calmement le puissant woran. C'est un plaisir de revenir vous voir. J'imagine qu'il en va de même pour toi Kharo...

Le dénommé Kharo se détendit et croisa à son tour les bras sur sa poitrine.

-Je vois que Meno a écouté nos prières, Rudy le Brave est revenu sain et sauf parmi les siens.

Les siens. une expression qui sonna bizarre aux oreilles du woran neige. Il tourna les yeux vers Aztai qui faillit reculer sous l'intensité du regard. Pétillant de bonté et d'intelligence, il mit le woran en confiance. Aussi tôt Aztai imita maladroitement le rituel de son père et croisa les bras sur sa poitrine.

-C'est un plaisir de rencontrer le peuple d'Ambervalle, fit-il sincèrement. Ces worans étaient venu en aide à son père dans le passé et rien que pour ça il leur vouait un respect total.

-C'est aussi un honneur de rencontrer le fils, et l'ami (il se tourna vers Waor qui avait aussi croisé les bras) de Rudy le Brave. Vous êtes les bienvenus.

Il se tourna et leur fit signe de le suivre. Tous lui emboitèrent le pas et pénétrèrent la forêt. Bientôt les trois worans furent entourés d'une vrai petite escorte. L'impatiente rongeait Aztai. Dans cette forêt, il se sentait comme un enfant dans un endroit tombé d'un rêve. Ne manquant aucun détail, les gardiens de la forêt, tous plus vieux que lui, lui adressèrent des regards bienveillants.
Cette mise en confiance soudaine était une caresse adressée au woran neige qui se laissa emporter au coeur d'Ambervalle...

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 27 Avr 2011 22:58 
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Le vent soufflait faiblement. On ne pouvait entendre que le bruit de la végétation se mouvant sous son commandement. Rosa admirait une petite mare au loin, une chouette effraie non loin semblait songeuse, ses yeux rivés sur l’horizon. La Shaakt se mit en boule comme pour mieux réfléchir, le silence d’un tel paysage semblait si reposant. Pourtant elle ne trouvait pas le repos, tous ses gigantesques conifères l’inquiétaient, elle se sentait écrasée puis attirée vers ce point d’eau, la jeune elfe se mit à marcher. Sa mère l’attendait les bras ouverts, un sourire franc et admiratif. Harcelées par ses vieux souvenirs, Rosa avança plus rapidement vers la source agitée.

Sa mère souriait, les yeux humides elle tenta d’étreindre sa fille. Une ancienne berceuse résonna dans son crane mais Rosa la laissa flotter. Un vieil écho qui la transportait si proche du passé. Parfois, la nuit se montrait insurmontable à cause des ombres par la fenêtre, alors la voix maternelle accourait pour les chasser et refermer fermement cette salle protectrice. Une main chaude venait animer le corps fébrile de la pauvre petite fille, un sentiment d’ordre extrême, de sécurité rassurante. Lorsque la jeune mage tendit son bras à ce vieux souvenir, elle se fléchit faiblement sur le sol assailli par les mauvaises herbes. Rosa fit un pas, au bord de la mare. Un bouc pourrissait bercé par l’eau flottante. Les mouches déchaînées se réjouissaient du spectacle. La mort qui venait surprendre la shaakt dans un moment de faiblesse. Dans une brève plainte inaudible, la sorcière recula désemparée. Les yeux de la bête assaillis par les vers se tournèrent vers elle. Son équilibre fut persécuté, elle tomba assise figée par le corps inanimé. L’animal avait été dévoré par quelque chose de certainement effrayant mais c’était la dépouille qui la terrifiait.

Lorsque sa raison vint chasser ses craintes, elle laissa place à une profonde mélancolie. Rosa fit face à un vieux tilleul, arbre torturé par le temps, bientôt mort et les racines agonisantes. La cruelle nature ne voulait pas non plus donner un refuge, partout elle souffrait. La pluie chassa la mage définitivement de ce coin illusoire. D’abord quelques gouttes puis se présenta le déluge agressif. Rosa regrettait sa petite promenade, elle savait que rester à l’auberge lui aurait évité cette pièce tragique. Fâchée contre elle même, la shaakt maudit sa mémoire qui la dévorait chaque jour un peu plus. Trempée jusqu’aux os, elle fit l’effet d’une chienne errante qui entrait intempestivement dans l’établissement. Thalo se leva pour l’inviter près de la cheminée, le guerrier osa interrompre son maître visiblement.

Le fameux personnage, le voici et plus sous la forme de mots acerbes dans une lettre. Un vieillard à l’oreille coupée, des cheveux hirsutes et tachetés de blanc. Un homme au visage creusé et fatigué qui parlait tel un fantôme très las, sous des murmures hachés par une respiration encombrée. Du haut de son corps autrefois saint et désormais courbé, il pestait contre l’éveil de ses rhumatisme. Le vétéran montrait qu’il n’en avait plus pour longtemps. Rosa savait cela car les esclaves du clan montraient la même gestuelle à leur déchéance. Plus apte à souffrir les coups sans broncher, ils se laissaient mourir soit par la colère du maître soit par la fatigue amère. On les jetait dans une oubliette, une cave sans sortie avec pour seule entrée un mince trou, unique source de lumière pour les agonisants jetés. Parfois, la jeune mage allait les écouter gémir sans sollicitude mais avec envie. C’était sa manière à elle d’établir des concepts de choses désagréables pour une enfant dans un monde dénaturé. Quand le courage lui donnait la force, elle rampait pour laisser passer sa tête voir au delà du trou, du noir, encore du noir… Des ombres, encore et toujours des ombres.


Quelle joie ! Revoir une tête si fière après tant d’années ! Thalo se sentait si ému qu’il manqua de peu d’étouffer Rosa alors qu’il voulait juste la réchauffer avec une couverture. L’homme regardait son maître tel qu’il le voyait autrefois, un personnage charismatique et rempli de sagesse.

« Vois tu, petit ; enfin si je peux encore t’appeler ainsi ; le voyage s’arrête pour moi. » lança le mentor d’un ton naturel.

« Excusez moi ? » balbutia l’élève après un long moment

« J’ai découvert ce que je voulais, le monde. J’ai transmis mes connaissances à un jeune prometteur qui semble bien s’en tirer et maintenant la vieillesse s’offre à moi ! Faut bien que je pense à me poser pour finir paisiblement. »

« Je suppose… qu’il y a une fin à tout. »

« N’y pense pas maintenant ! Tu as bien tout retenu si ce que tu me dis est vrai ! Ton histoire avec les esclavagistes , je n’aurai pas fait mieux ; même si ça ne s’est pas bien terminé hm. Et puis la sorcière là, tu as fait preuve de compassion, ce que Gaïa nous sollicite tant. Tu es vers un chemin de lumière et en cela tu apaises ton vieux maître. »


Un temps.


« D’ailleurs, je ne souhaitais pas réellement que tu viennes. Histoire que… On évite les adieux déchirants et tout et tout. »

Le lendemain, le maître disparut au delà de la colonne de pierre, avec l’espoir de mourir d’un dernier combat. Son acte, il expliqua dans une dernière lettre sur son lit mais elle n'apporta aucune réponse à l'ancien apprenti. L’élève chercha un temps le maître mais le sort refusa un nouvel entretien semblant décidé à ternir l'ultime voyage du mentor. Affaibli par le doute, Thalo s’écroula contre une roche. Fatigué par cet acharnement de la fortune, Rosa l’invita à retourner au village. La sorcière surprise ne ressentait plus l’aura protectrice de ce guerrier en armure lourde. Elle ne voyait plus qu’un homme agrippé par l’incertitude.

« Nous pourrions penser à retrouver le capitaine Heartless. » lui proposa une Shaakt peut être soucieuse.

« Ah, dame. Que l'existence joue parfois des tours surprenants. »
soupira un homme perplexe « Ce voyage que je pensais bienfaiteur m’a en réalité blessé dans mes idées. Il voulait partir, sans que je sache pourquoi et ne voulait pas que je l'en empêche.»

« Crois en Gaïa. Nourris ta foi car tu ne verras rien en ce monde rongé qui réconfortera ta pensée. »

« La misère de l’homme sans dieu. Comment faites vous pour tenir ? »

« Je découvre le beau. Peut être trouverai-je quelque chose. C’est une question sans réponse ou peut être que j’ai été ensorcelée pour maudire l’existence des paladins errants. »


Une pointe d’humour ;peut être ; pour l’aider à se relever, jeune dans l’âme, Thalo réussit à se redresser. Cette relation entre les deux personnages semblait leur échappait à tous deux. Pourtant ni l’un ni l’autre ne s’en plaignait au contraire, ils s’y accrochaient fermement. Ensemble, ils regagnèrent l’auberge du village pour y passer la nuit.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Jeu 28 Avr 2011 18:50 
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Les rayons du soleil filtraient à travers la cime des hauts arbres d'Ambervalle. Le groupe de worans marchait en silence, longeant un sentier invisible aux yeux d'Aztai mais bel et bien existant, il le savait. Malgré le bruit répétitif des pas écrasant le feuillage et les branches mortes le chant incessant d'un oiseau venait vriller leurs tympans. Cette douce symphonie plongeait le woran neige dans un état de plénitude et d'allégresse. Il caressait distraitement le pommeau de son épée du bout des doigts, capturant mille détails de ses yeux bleus. Il osait à peine croiser le regard des worans de la forêt. Leurs muscles saillants, sous leurs fourrures soigneusement entretenues ressortait aux moindres de leurs mouvements.
Ils marchèrent ainsi pendant une bonne heure, sillonnant la nature, grimpant et descendant les surfaces inégales d'Ambervalle. Plusieurs fois Kharo, qui semblait diriger le petit groupe, leur fit à tous le signe de s'arrêter. Il examinait alors une branche, une feuille, la terre, reniflant ou observant avec l'oeil professionnel d'un habitant de la forêt. Il gardait à la main sa lance: une arme simple avait noté Aztai. Le travail cependant méritait un coup d'oeil. Le bois de la hampe était parfaitement sculpté et la pierre qui avait servi à créer la lame était finement aiguisée. Certains reliefs du minerai témoignait du travail artisanal effectué; artisanal, mais pas moins efficace... Comme l'avait précisé Rudy les arcs étaient impressionnants, pour ne pas dire gigantesques. Mesurant un bon mètre cinquante pour certains, un peu moins pour d'autres, la puissance d'un tir devait s'avérer dévastateur.

Soudain un bruit attira l'attention d'Aztai qui leva les yeux. Tous l'imitèrent et trouvèrent, perchée dans un arbre, une bande de jeunes worans sombres qui jouaient. Aucun ne devait avoir plus de dix ans. Le woran neige en compta quatre et tous firent un geste de salut en voyant passer des congénères plus âgés. Ils repartirent à leurs occupations qui devaient être, Aztai le devinait, grimper dans les arbres et passer son temps à combattre des ennemis imaginaires.

-Nous approchons de la clairière, dit calmement Kharo.

Rudy lança un regard complice à Waor puis à son fils. Bientôt ils ne croisèrent pas que des jeunes fauves. Les arbres s'espaçaient de plus en plus et le tapis de feuilles était plus aplati, le signe que des êtres passaient régulièrement ici. En effet ils virent plusieurs worans aller et venir. Ce qui interpela le jeune woran fut que tous affichaient des couleurs de fourrure différentes. Ainsi il aperçut un woran roux, une woranne entièrement blanche (la première fois qu'il voyait cela), plusieurs worans sombres, une bande de worans tigrés roux et noirs, un woran au pelage identique à celui d'Aztai et Rudy... Un tumulte identique à celui de la foule parvint bientôt à leurs oreilles. Ils continuèrent à croiser d'autres worans tous aussi différents les uns que les autres. Aztai nota la présence de petits abris entre les arbres. Ces sortes de petites cases entièrement faites de bois ne semblaient pas assez nombreuses pour couvrir le nombre total de worans que la forêt hébergeait. Car même sans les avoir tous vu Aztai était déjà impressionné par le nombre de fauves qu'ils avaient croisés. Il posa discrètement la question à son père mais tous tournèrent la tête vers lui, comme s'il eut été un profanateur du silence.

-Ces maisons, car c'est comme ça qu'ils appellent leurs abris, ne sont là que pour les worans plus faibles ou vieux. Ici on dort à la belle étoile, et le contact avec la nature est une chose primordiale!

Cette réponse n'étonna pas le woran neige qui avait lui aussi dormit de nombreuse fois sous les étoiles et sans toit. Pour un peuple tel que celui d'Ambervalle Aztai jugea cela normal.
Enfin la petite troupe atteignit ce que Kharo avait appelé la clairière. Copmme l'avait deviné le jeune woran c'était la "place du village" d'Ambervalle. Arrivé à la lisière de la clairière Aztai fut choqué par la concentration woranne présente. Jamais dans sa vie il n'avait vu un tel nombre de worans. Sur l'herbe écrasée s'élevaient des tentes, des étalages, formant de véritables ruelles qu'empruntaient des worans de tout âge. Ils apparaissaient d'entre les arbres, seuls ou par groupes entiers pour venir se fondre dans le "village" forestier. Des odeurs de nourriture, de feus, d'herbe, montèrent aux narines d'Aztai. Dans cette concentration de fourrure personne ne remarqua les nouveaux venus.
Le woran neige observa un instant et s'aperçut que malgré le nombre de cases et autres constructions qui remplissaient la clairière (et qui lui obstruaient donc la vue sur l'étendue totale du champ) une tente, apparemment située au centre, pointait dans le ciel bleu, surplombant toute la communauté woranne.

-C'est là que nous allons, fit Kharo en voyant Aztai suivre du regard le sommet pointu de la tente. Nous allons vous faire rencontrer l'Ancien d'Ambervalle, notre guide à tous.

Ils se mirent en marche. Discrètement Rudy s'approcha d'Aztai et lui enlaça l'épaule d'un de ses puissants bras.

-Comme je te l'avais dit, commença-t-il, l'Ancien est un guide spirituel. C'est le représentant religieux, un fin croyant, comme tous ici, de Meno.

-C'est étonnant que ce soit Meno et pas Utu, comme chez les tigrés...

-On ne remet pas en cause les légendes, on ne fait qu'y croire ou pas... Personnellement je me prête à leur religion, et crois en leur légende. Tu sais, lorsque Meno à unit la woranne sombre et le woran tigré.

Aztai n'osait le dire mais sa foi en les dieux avait pris une claque depuis son incarcération. Cependant Utu et Meno restaient les seuls dieux en qui les worans tigrés croyaient (particulièrement Utu), et Aztai se promit de respecter les actes de ses semblables. Qui sait, peut-être allait-il retrouver la foi...

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Jeu 28 Avr 2011 23:49 
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Malgré le vent frais de la montagne la température dans la grande tente était suffocante. Seul, Kharo avait mené ses visiteurs jusqu'à la "Maison de l'Ancien". Il avait rapidement expliqué à Waor (et par conséquent à Aztai) que l'Ancien traitait des affaires dites importantes du village. Par exemple, si un woran avait une idée sur la façon de faire telle ou telle chose, voulait proposer une nouveauté, un changement, il passait chez l'Ancien. Ensuite, l'Ancien se concertait avec d'autres worans (Aztai ne savait lesquels précisément) et ils décidaient ensemble de l'issue de la proposition. Du moins c'est ce qu'il avait retenu de ce que Kharo avait dit. Aussi, tout étranger devait passer voir l'Ancien pour se faire accueillir.
Ainsi les deux worans neige et le woran roux faisaient face au guide spirituel en question. Sans trop le dévisager Aztai l'observa. Le fauve était semblable aux autres habitants de la forêt et il eut été facile de le confondre. Ici, pas d'habits étranges, de marquages, d'incantations bizarres pour saluer ses visiteurs. Simplement assis à même le sol, il releva la tête et adressa un sourire à Rudy. Il ne devait d'ailleurs pas dépasser son âge mais la sagesse pétillait dans ses yeux vert clair. Son pelage, entièrement noir, était reconnaissable par une longue rayure blanche qui lui traversait verticalement tout le torse. On aurait pu croire à une énorme cicatrice de guerre. Le dos de ses pattes était aussi taché de poils blancs. Comme les autres worans il était vêtu d'un habit qui cachait simplement sa virilité. Il se leva enfin, ne quittant pas ses hôtes du regard. Il était un peu moins grand que le woran neige.

Rudy croisa les bras sur sa poitrine. Waor l'imita puis Aztai.

-Ancien, c'est toujours un plaisir pour moi de revenir vers les miens. Aujourd'hui le doute ronge mon coeur et je viens chercher refuge, aide et soutiens auprès de ta sagesse. Par la flamme de Meno je te prie de nous accorder un peu de ton temps. Je suis fier de te présenter mon ami Waor et mon fils Aztai.

L'Ancien examina d'un oeil critique mais pas hautin les deux autres woran. Aztai conserva un regard dur et ne cilla pas lorsqu'il croisa celui du woran noir. A son tour il croisa les bras et ouvrit la gueule:

-Rudy le Brave sera toujours le bienvenu à Ambervalle. Et ses amis trouveront toujours protection auprès des worans de cette forêt. Par le pouvoir du Père de la Flamme je vous souhaite la bienvenue et accepte de vous offrir mon aide.

Sans raison, le coeur d'Aztai se dénoua. recevoir de l'aide était peut-être une chose en laquelle il avait peu cru ces derniers temps. Et s'il fallait prier Meno pour se débarrasser du demi-elfe il brulerait volontiers sa vie.

-Rudy, reprit l'Ancien, je vais demander à toi, ton ami et ton fils de bien vouloir aller prier notre Père à tous.

-Nous respecterons les coutumes de notre peuple comme il se doit, Ancien.

-Hum, je te connais Rudy le Brave, c'est une simple formalité car je crois et j'ai confiance en toi.

-Par Meno c'est un honneur d'entendre ces paroles sortir de la gueule d'un descendant sacré... fit solennellement Rudy. Il inclina légèrement la tête.

-Kharo vous conduira à votre maison. Vous êtes nos hôtes et vous serez traités comme tels, sous la protection divine, conclut-il théâtralement en levant les bras.

Des paroles dignes d'un fervent croyant se dit Aztai. Cependant il se prêterait quand même à la prière et aux autres pratiques religieuses. L'Ancien leur fit signe qu'ils pouvaient prendre conger.

-Ce soir, fit-il alors qu'ils le saluait, au crépuscule. Venez poser vos problèmes et sous l'esprit bienveillant de Meno nous les résoudrons.

Aztai faillit rire jaune devant l'optimisme du woran. Si les dieux pouvaient résoudre de tels soucis... Il s'en voulut aussi tôt: c'était trahir les dieux que de penser ainsi.

-Veux-tu aussi que Kharo te montre l'autel de prière?

-Inutile Ancien mes souvenirs ne me font pas défaut...

L'Ancien sourit et les invita à nouveau à sortir, ce qu'il firent tout de suite. Le vent vint caresser leur fourrure et soulagea Aztai de la chaleur de la Maison de l'Ancien.

Dans la clairière le tumulte des voix couvrait le souffle incessant du vent. On entendait aussi le son caractéristique du marteau frappant le métal. Depuis leur arrivée jamais n'avaient cessé les coups réguliers des forgerons.

-Je suppose qu'ils n'utilisent pas de monnaie? Demanda Aztai alors que Rudy leur frayait un chemin à travers les nombreuses tentes, étalages et autres stands.

-Non! Ils troquent, mais très rarement entre eux. Puisque chacun trouve et joue un rôle universellement important tous vivent en comptant sur les autres. Si le forgeron te donne de quoi te défendre ou chasser c'est parce que tu lui auras rapporté du poisson, du tissu ou plein d'autre chose. L'équilibre reste toujours primordial...

Ils marchèrent encore un peu. Décidément cette clairière était gigantesque, Aztai doutait d'en voir le bout un jour. Dans la zone Nord-Ouest trônait l'autel dont l'Ancien avait parlé. C'était une stèle de pierre sombre simple avec quelques runes gravées dessus. Aztai nota que sur chaque face une flamme ressortait du roc. Aussi, un périmètre circulaire avait été délimité, une dizaine de mètres autour. Surement pour "ne pas approcher trop près la lumière divine de notre bon Dieux Meno hô le père de tous" pensa Aztai...

Encore une fois, il venait secrètement de blasphémer...

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 29 Avr 2011 00:11 
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Autour du "cercle" tracé par ce qui paraissait du sable quelques worans était agenouillés. Une woranne avait la tête renversée sur le menton, s'appuyant sur ses chevilles elle semblait en transe avec Meno lui-même. Ils priaient tous à des "degrés" différents. Rudy expliqua rapidement en quoi considérait la leur.

-Nous allons simplement prier Meno de nous prendre sous son aile durant notre séjour à Ambervalle. Malgré cette simple formalité nous nous devons de nous prosterner pendant au moins une bonne heure.

-Sérieusement? Demanda Waor incrédule.

Aztai fut pareillement choqué. Une heure à prier un dieu en qui il avait à peine foi... La foi, il aurait payé pour en avoir un peu et tout donner pour avoir l'espoir de l'Ancien quand il évoquait le "Père de la Flamme". Il décida cependant de ne pas protester et de suivre les instructions de son géniteur.

-Tous les jours nous devrons prier au moins une fois Meno. Pas aussi longtemps rassure-toi Waor. Aujourd'hui nous arrivons et c'est différent. Nous sommes comme étranger aux yeux du dieu alors il faut nous familiariser avec lui...

-Très bien, murmura Waor sans conviction.

Aztai s'agenouilla le premier et garda le dos bien droit. Il eut le temps d'apercevoir Rudy s'assoir en tailleur et fermer les yeux. Son ami roux avait dû adopter la même position. Ayant déjà prié Utu, mais pas aussi longtemps, il se concentra et formula ses voeux comme l'avait conseillé Rudy.

Au final il était rassurant de s'imaginer cette force divine. Aztai comprit pendant un instant ce que tous les fidèles ressentaient lors de leurs prières... Alors le woran neige oublia tout autour de lui et pria sans retenue le Père de la Flamme.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 29 Avr 2011 19:51 
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-Aztai?

Waor venait de poser une patte sur l'épaule du woran neige. Aztai dû cligner des yeux en les ouvrants, comme après avoir passé une longue période dans le noir puis s'être exposé au soleil juste après. D'ailleurs il allait bientôt se coucher.

-Tu t'es endormi mon ami? Demanda le woran roux en pouffant de rire.

-Je ne me serais pas permis, répondit Aztai en se levant. Il s'étira comme après une nuit de sommeil. C'était parfaitement vrai. Il avait passé tout son temps à prier avec toute la sincérité qu'il pouvait. Après tout la foi ne coutait rien mise à part un peu de temps.

-Tu as prié plus longtemps que Rudy l'avait conseillé...

-C'est un tort? lança Aztai sur un ton de défi. Waor se contenta de sourire.

-Rudy est allé parler à l'Ancien. Il est allé le mettre au courant de notre, hum, situation...

-Ne devait-on pas attendre le crépuscule?

-Mais le soleil se couche mon ami... fit Waor en riant.

Aztai leva les yeux et s'aperçut qu'en effet le soleil ne tarderait pas à se coucher. Il avait prié si longtemps que cela...

-J'ai préféré attendre et laisser ton père faire. J'ai pris connaissance des lieux, c'est vraiment un endroit formidable...

-Ah oui, qu'a tu appris? Demanda le jeune fauve en observant un vieux woran tigré s'agenouiller non loin de là pour prier.

-Eh bien que les forgerons travaillent tous sous la même bannière. En fait c'est une famille ancienne qui forme les apprentis qui forgent ensuite pour toute la communauté. Aujourd'hui ce sont les frères Jagd qui s'occupe de la forge d'Ambervalle. Ils sont au nombre de trois.

-Ne me cite pas de noms j'ai peur de vite les oublier, fit distraitement Aztai.

-Retiens simplement que trois worans sont à la tête de la forge et qu'un petit groupe lui obéit, conclut Waor.

Ils engagèrent une marche en direction de la Maison de l'Ancien. Même à cette heure le village ne perdait pas de son activité. Tous venaient et allaient, petits et grands. Les plus jeunes participaient grandement à la cohue générale, Lâchant de précoces rugissements, zébrant l'air de leurs petites griffes. Ils zigzaguaient entre les jambes des plus âgés pleins d'indulgence devant tant d'enthousiasme. Décidément Ambervalle semblait être le monde parfait pour les tigres bipèdes.
Un petit vent frais venait sans cesse agiter les fourrures, mais les arbres savaient contenir une certaine chaleur ambiante.

L'estomac d'Aztai lui rappela qu'il était affamé. Ils arrivèrent enfin devant le "tipi" de l'Ancien. Le tissu voletait quelque peu lorsqu'une faible bourrasque venait le frapper. Au bout d'une dizaine de minutes Rudy écarta les pans de l'entrée suivit de l'Ancien. Un groupe de jeunes worans passèrent et saluèrent leur guide. Il le leur rendit d'un signe de tête ponctué d'un sourire. Aztai et Waor s'approchèrent.

-Rudy le Brave m'a fait part de votre situation, fit d'une voix un peu voilée. Il est inutile de dire que vous n'avez pas l'ombre d'une chance.

Des paroles si dures, sans espoir. Frustré, Aztai aurait voulu répondre que pour manquer ainsi d'espoir le woran ne méritait pas d'être "Ancien". Ce rôle n'exigeait-il pas que le woran en question ouvre le chemin, la voie de l'espérance? Comment autant de worans pouvaient-ils avoir confiance en un seul, si lui-même baissait les bras. Réfléchissant quelque peu, Aztai s'avisa qu'après tout ce n'était pas leur problème...

-Et pourquoi ce prompt désespoir? Demanda-t-il brusquement. Rudy le foudroya du regard, Waor ne fit aucun commentaire. Cette soudaine prise de parole semblait déplacée.

-Qu'attends-tu de nous jeune woran? Demanda l'Ancien, imperturbable.

-Une aide, si minime soit-elle.

Le woran noir croisa les bras et examina son jeune semblable.

-Sait-tu pourquoi il n'y a pas d'espoir? Chuchota-t-il en se penchant légèrement en avant.

-Parce que vous ne jugez pas nécessaire d'en avoir? répondit-il avec une lueur de défi.

-Aztai! Marmonna Rudy d'un ton menaçant.

Avec la vitesse de l'éclair l'Ancien pointa son doigt sur le torse du woran neige qui n'eut même pas le temps de cligner des yeux. Le bras tendu, il souriait malicieusement.

-Tu es mort, dit-il simplement. Une lame dans ma main et Aztai au Sang Chaud ne serait plus des nôtres.

Aztai ne dit rien. La vitesse d'exécution de "l'Ancien" était troublante, il en perdit ses moyens.

-J'ai dit "vous n'avez pas l'ombre d'une chance". En revanche je ne me rappelle avoir dis "vous n'aurez pas l'ombre d'une chance". Avec le temps nous pourrons. Je dis "nous", car vous aurez besoin de notre aide. Il retira son bras et les croisa à nouveau. Il toisait à présent Aztai. Mmoui, murmura-t-il, avec une telle lenteur tu auras besoin de nous. Le woran neige nota encore de la malice dans ses yeux. La preuve qu'en aucun cas l'Ancien ne rabaissait son jeune hôte, mais le poussait au défi.

Après avoir jeté un regard à Waor puis à Rudy il s'en retourna dans sa tente.

-Demain, fit-il d'une voix chantante avant de s'éclipser définitivement.

-Tu verras, fit Rudy à son fils perplexe. Allons retrouver Kharo, c'est avec lui que nous allons partager notre repas.

Sur le chemin Aztai nota que Rudy conservait un sourire... mélancolique. Lorsqu'il lui demanda pourquoi, il répondit de sa voix grave et remplie de fierté:

-Ta réaction pour le moins... déplacée tout à l'heure. J'ai eu exactement la même lors de mon arrivée ici il y a des années.

-Et quelle a été sa réaction à lui?

-La même que pour toi, les mêmes mots... Hum je me rappelle qu'il a ajouté, quelques jours plus tard, que je deviendrais un puissant woran digne du peuple d'Ambervalle.

-Hum, espérons qu'il me gratifiera du même honneur demain, répondit Aztai avec une pointe d'ironie.

Rudy éclata de rire.

-Inutile d'attendre, il m'a fait part de son opinion vis-à-vis de toi tout à l'heure.

Il jeta un regard complice à son fils.

-Il m'a dit "qu'Aztai au Sang Chaud deviendrait un woran digne du peuple d'Ambervalle... comme son père Rudy le Brave."


Fin du Chapitre 2

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 29 Avr 2011 21:44 
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II/ Chapitre 3: L'instinct est maître


Allongé sur son lit de feuilles, Aztai caressait le bijou qui ornait son majeur. Du bout de la griffe il suivait les lettres gravées dessus. Ong'wa. Ce mot du langage d'Utu signifiait Unis. Comme l'avaient été Waor, Rudy et Aztai avec leurs anciennes tribus. Et ce matin le woran neige sentait renaître ce sentiment dans son coeur. Les rayons de soleil matinaux transperçaient la cime des arbres pour venir s'écraser sur la terre sèche d'Ambervalle.
Le woran neige inclina la tête pour s'assurer que ses biens étaient toujours là, posés contre un arbre à un mètre de lui. Les jambières et autres plaques pour protéger les avant bras scintillaient à la lumière. Ses deux épées reposaient tranquillement sur le tronc. Malgré les cris des bêtes sauvages qu'on entendait au loin, le tumulte des worans couvrait déjà largement ces expressions animalières. La clairière se réveillait.

Se relevant en position assise il tâta machinalement sa poche pour s'assurer que le minuscule coffre était là. Satisfait, il chercha du regard Waor... allongé pas loin de là dans une position ridicule et complètement endormi. Rudy était il ne savait où...
La veille ils avaient diné avec Kharo comme prévu. Le sommeil les emportant tous les trois, Aztai Waor et Rudy avaient été emmenés dans un endroit un peu à part de la clairière pour ne pas être dérangés pendant leur sommeil. Il y avait fort longtemps qu'Aztai n'avait pas dormi sur ses deux oreilles et il se sentait à nouveau... en vie.
Ainsi revigoré il se leva et se dirigea vers la "place" du village, laissant son ami roux dormir à sa guise.

Le woran neige s'avisa qu'il était bon de laisser tout son attirail de guerre derrière lui. Depuis longtemps il n'avait pas été équipé que de tissu. Il marcha lentement entre les arbres, guidé par le bruit de la foule woranne. Silencieux comme un chat il prenait un plaisir à ne toucher aucun arbre, ne frôler aucune feuille; il savourait la simplicité du matin.

Arrivé à la lisière de la clairière il s'arrêta. Il pris un petit moment de réflexion pour se souvenir de l'endroit depuis son point.

-Au Nord-Ouest, murmura-t-il pour lui même.

Après quelque minutes de marche non forcée il arriva devant le cercle de sable. Au centre se dressait l'autel gravé de flammes. Humant l'air à plein poumons Aztai s'agenouilla, le dos bien droit. Pendant combien de temps pria-t-il? Il n'aurait su le dire. Mais pendant qu'il abandonnait corps et âme pour accorder du temps à la vénération de Meno, rien ne semblait l'atteindre.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 29 Avr 2011 23:29 
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-Aurait-tu retrouvé la foi mon jeune ami?

Aztai sursauta en entendant la voix de l'Ancien. Il se redressa, réorganisant rapidement ses pensées et salua le woran en croisant les bras sur sa poitrine.

-On dirait bien, répondit-il un peu penaud.

L'Ancien gloussa de rire et posa une main sur l'épaule d'Aztai.

-Alors tout va pour le mieux, murmura-t-il.

-Que... que faites vous ici?

Autours d'eux plusieurs fauves se regroupaient pour prier Meno.

-Eh bien comme tout le monde je viens remercier le Père de la Flamme. Contrairement à ce que tu penses, être Ancien ne nous accorde pas une plus grande importance. D'ailleurs je ne mérite pas et je ne veux pas être considéré plus important que ce woran que tu vois là-bas, ou lui encore.

Il avait ponctué sa phrase de gestes significatifs.

-Je ne suis qu'un simple descendant, et ce statut me confère des responsabilités. Ainsi va la vie...

L'Ancien s'agenouilla et ferma les paupières. Son pelage noir miroitait des lueurs colorées, au soleil. Aztai se retira légèrement pour laisser le guide spirituel se recueillir.
A son grand étonnement la dévotion ne dura pas plus de cinq minutes que déjà le woran noir se relevait. Il s'étira un moment et remercia Aztai de l'avoir attendu. Bien entendu ce n'était pas l'idée première du woran neige car, à part prier, il ne savait quoi faire en l'absence de son père et de son ami.
Soudain, sans prévenir, l'Ancien réédita son geste de la veille: il pointa de la griffe le coeur du woran neige.

-Tu es mort, fit-il doucement. Aztai n'avait pas eut le temps de réagir bien entendu. A vrai dire, à peine avait-il vu le woran esquisser un geste qu'il se voyait déjà "mourir".

-Vous êtes trop rapide...

-Et toi pas concentré. Je ne vais pas te dire que ma rapidité n'y est pour rien. Mais si à chaque instant tu te mettais en situation de danger tu parerais tous mes coups; avec un peu d'entrainement bien sur.

-C'est votre cas?

-Comment ça?

A ce moment, Aztai osa. Il porta un coup identique sur la poitrine de l'Ancien. Le vieux woran para sans aucune difficulté, écartant d'un geste vif de la main le bras d'Aztai.

-Vous êtes tout le temps dans cet état de concentration? Fit Aztai impressionné.

-Mmm je ne pense pas que la concentration ait le rôle le plus important dans mes actes. Je dirais plus que c'est... l'instinct.

Aztai était fasciné. Décidément il était loin d'y avoir pensé.

-Et comment développe-t-on l'instinct? Demanda-t-il comme un enfant pourrait le demander à son père.

-Ha! s'exclama l'Ancien en riant. Suis-moi.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 30 Avr 2011 00:10 
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-C'est un endroit merveilleux, murmura Aztai...

Pendant une vingtaine de minutes l'Ancien lui avait fait traverser les arbres. En direction de l'ouest, vers le pied de la montagne, le silence crescendo venait caresser les tympans d'Aztai. Le vieux woran l'avait conduit à une autre clairière. Beaucoup plus petite (on en voyait la limite) l'herbe était haute, faute de l'absence d'occupant. Ainsi, l'endroit paraissait plus naturel et sauvage, agréable au regard, avec une atmosphère exquise.

-La simplicité dans toute sa splendeur, dit le woran dans un petit rire. J'aime venir ici pour, hum, développer mon instinct.

-Oui j'imagine que le calme est primordial...

-Pour moi.

Aztai ne compris pas.

-Oui, pour moi, répéta-t-il.

-Je...

Voyant la détresse d'Aztai il le devança.

-Pourquoi? Parce qu'il en est ainsi.

Aztai ne comprit plus rien. l'Ancien se fendit d'un large sourire.

-Pour moi le silence est essentiel. Mais pourquoi ne pourrait-on pas développer son instinct la tête à l'envers perché dans un arbre? Et entouré de mille animaux criant à tu-tête?

Aztai réfléchit un moment et s'imagina la scène. Il regarda l'Ancien et faillit rire en l'imaginant ainsi posté. Mais où voulait-il en venir...

-Vous voulez dire qu'il y peut y avoir...

-Pleins de façons d'accroître cet aspect de l'esprit.

-Et chacun doit trouver une technique qui lui est propre, conclut-il avec la sensation de sortir de la brume.

L'Ancien lui sourit pour approuver sa conclusion.

-Pour développer son instinct je peux te proposer plusieurs solutions. Comme tu aurais pu le deviner, la méditation en fait parti. Mais aussi, il porta un vif mais léger coup de poing sur le torse d'Aztai (qui ne put l'éviter), la pratique.

Le woran noir s'avança gracieusement dans la clairière et, contre toute attente, se laissa tomber en arrière dans l'herbe et éclata de rire, comme un enfant le ferait dans la neige. Aztai se retint de faire de même: l'Ancien d'Ambervalle, le descendant de la lignée dite "légendaire", le guide spirituel des worans semblait retomber en enfance...

-Et toi Aztai au Sang Chaud, cria-t-il, comment médites-tu?

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 30 Avr 2011 23:48 
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Les tiges d'herbe s'aplatirent lorsque le woran neige s'agenouilla. Pour commencer, il fallait trouver la technique de méditation, comme le lui avait dit l'Ancien. Un exercice pour le moins compliqué. Fallait-il rester des heures à ne rien faire? Tenter l'immobilisation? La concentration? Non loin de là le woran noir semblait dormir sur le dos, les bras en croix. Aztai se sentait quelque peu ridicule... Dans un arbre voisin un oiseau entama une stridente ritournelle. Alors que le piaf maintenait son chant plutôt fatiguant le woran neige ferma les yeux. Sa position était identique que lorsqu'il priait Meno. Il tenta de faire "le vide" dans sa tête... Mais que voulait dire faire le vide? Cédant à l'exaspération il soupira et rouvrit les paupières. Il leva les yeux au ciel et dit, tout bas:

-Meno veux-tu bien faire taire cet oiseau pour moi...

Le volatile accentua son cri et le "trilili" qui en résultait paru plus fort. Aztai soupira à nouveau. Et puis il eut une idée.

-Merci, murmura-t-il sincèrement.

Il plongea à nouveaux ses yeux dans l'obscurité. Se concentrant sur l'oiseau, il ne laissa plus que son cri pénétrer son tympan. Alors il s'imagina pleinement une ligne blanche sur un fond noir. Lorsque l'oiseau ouvrait le bec il tentait de l'anticiper en faisant vibrer mentalement sa ligne. Aussi tôt que le silence fut revenu, il conservait la droiture du trait. Au bout d'un petit moment l'exercice se transforma en jeu, et Aztai faisait tout pour capter au millième de seconde à l'avance le son.
Il arriva à la conclusion que sa technique devait être bonne. Il comparait les cris irréguliers de l'oiseau aux coups d'épée d'un ennemi. Lors d'un combat, on ne sait jamais comment va se terminer l'affrontement. Dans la clairière c'était la même chose: la fausse régularité de l'éclat sonore surprenait Aztai et le forçait à se concentrer en vue du prochain. Et s'il le captait, c'était une petite victoire personnelle...

Quand l'Ancien posa une main sur son épaule, un bon moment après, le woran neige sursauta. Le vieux woran lui avait vraiment fait peur, le tirant d'un autre monde comme on sort quelqu'un du sommeil.

-Pardonne-moi. Le soleil est au zénith, je vois que tu apprends rapidement.

-Bof... fit Aztai avec un vague signe de la main.

-Il faut parfois plusieurs séances à un woran pour "trouver" son instinct. Le développer est un autre travail, qui ne se mesure pas dans le temps. Après des décennies moi-même je me plonge parfois dans la solitude pour m'acquitter de cette tâche.

-Comme tout à l'heure.

-Oui! S'exclama-t-il avec joie. A présent il nous faut retourner vers les autres. Comme je te l'ai dit être Ancien ne fait pas de moi un être exceptionnel. Par conséquent j'ai une faim de loup, comme toi j'imagine.

C'était vrai et Aztai hocha la tête. Malgré ce débordement de joie constant de la part du woran noir, une chose perturbait le woran neige. Ne savant pas comment aborder le sujet il attendit qu'ils soient presque revenu jusqu'à la clairière centrale, où l'activité était à son comble.

-Ancien, (le woran se tourna tout ouïe) pourquoi... pourquoi faites vous part de tant d'intérêt à mon égard?

Le guide s'arrêta et se tourna entièrement vers son jeune semblable. Il posa lentement sa patte sur son épaule, ouvrit la gueule mais la referma aussi tôt. Une infime tristesse avait traversé ses yeux de félins, pendant une fraction de seconde. Après un long silence il répondit dans un chuchotement à peine audible:

-Et...pourquoi pas?

Faisant volte-face il s'éclipsa alla bientôt se fondre dans la clairière d'Ambervalle, parmi les siens. Aztai resta debout un moment.

Une goutte de joie pouvait parfois cacher un océan de tristesse, il venait d'en avoir la preuve parfaite.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 1 Mai 2011 00:43 
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Une agréable routine s'installa durant les jours qui suivirent. Le woran neige profitait pleinement de sa nouvelle liberté et le revendiquait auprès de son père et de Waor. Sous les conseils de l'Ancien, il se forçait chaque jours à méditer quelque peu pour développer son instinct. A l'aube, et plus rarement au crépuscule, il se rendait à la petite clairière pour s'agenouillait et écouter le chant de l'oiseau. Il arrivait que le volatile soit absent. Alors s'engageait un exercice de patiente qui consistait, pour le woran, à attendre le moment propice pour faire "vibrer sa ligne mentale". Une seule fois le succès avait été au rendez-vous.
Aussi, Aztai s'était mis en tête d'aller prier Meno deux fois par jour. Dès le réveil, juste avant de s'enfoncer dans la forêt pour aller méditer, et le soir, plus rarement l'après-midi...

L'Ancien semblait plus distant depuis qu'Aztai lui avait posé la fameuse question. Il s'en voulait de ne pas avoir su tenir sa langue. Au fond, il savait que le woran noir ne lui en voulait pas, mais un fossé semblait s'être creusé... Et puis, un matin, l'Ancien s'était pointé pendant une séance de méditation.

-Je savais que je te trouverais ici, Aztai au Sang Chaud.

Aztai se contenta de sourire... Il observa l'Ancien cassé deux branches d'un arbre. Longues chacune d'un bon mètre, il en tendit une à Aztai qui la saisit. Il devinait déjà la suite des évènements...

-Voyons voir... fit malicieusement l'Ancien. Tu vas essayer une chose. Je vais te porter des coups "d'épées". Tu vas devoir faire tout ton possible pour éviter le coup.

Un exercice des plus basiques...

-Attention! S'exclama le woran noir en voyant son regard soulagé. J'ai dit "éviter" et non "parer".

-Dans ce cas à quoi me sert cette branche si je ne peux m'en servir? Demanda Aztai perplexe.

-A quoi sert une arme à ton avis?

-Heu... Se défendre? Tenta Aztai.

-C'est ce que tu penses? Crois-tu que tous ces outils de guerre furent créés pour se défendre? Fut-il leur but premier?

-Non, répondit le jeune woran après une courte réflexion. Ils servent à tuer.

-Exact! S'égaya le woran noir. Donc tu vas devoir tuer avec! Je te demande d'éviter mes coups, car si tu pares à l'aide de cette "épée", elle perd sa fonction première: attaquer et détruire. Si tu veux interrompre les coups de ton adversaire munis-toi d'un bouclier, pas d'une lame.

-Mais il n'est pas exclu de pouvoir tuer avec un bouclier, minauda Aztai.

L'Ancien éclata de rire.

-A toi de juger de la fonction des armes que tu as en main... N'oublies pas que nous somme là pour développer ton instinct. Par ailleurs seule la façon dont tu vas anticiper mes coups va compter.

Ainsi ils s'élancèrent. Lors de leur première séance Aztai dû avouer que la pratique était plus difficile qu'elle ne le paraissait. Il comparait les coups du woran aux cris stridents de l'oiseau. Il arrivait même parfois que, après avoir esquivé avec succès une tentative, il contre machinalement et touche son adversaire. Dans ces rares moments de contre l'Ancien s'extasiait et ses yeux verts clairs pétillaient à nouveau de malice.

Quelques fois, Waor ou Rudy venaient assister à l'apprentissage de leur jeune semblable, se régalant des affrontements qui avaient lieu entre le "jeune" et le "vieux". Et Aztai ne ratait plus un matin pour venir méditer et ne faire qu'un avec son oiseau chanteur. Il prenait aussi un grand plaisir à prier Meno, abandonnant son esprit entre les mains du Père de la Flamme.

Il en appris un peu plus sur la vie à Ambervalle. Par exemple les worans de la forêt élaboraient eux-même des armes pour le moins originales. Alors qu'il s'était attardé devant la forge pour examiner la précision du travail effectué, l'un des frères Jagd (les maîtres forgerons) l'avait interpelé. C'était l'aîné, il s'appelait Dorsa. Ses deux frères, des worans tigrés comme lui, s'appelaient Alhi et Helje. Alhi était le plus jeune et apparemment le plus bavard des trois. C'est lui qui lui avait présenté quelques modèles d'armes "typiques d'Ambervalle" avait-il dit avec fierté. Il avait exposé devant un Aztai très intéressé une série de couteaux étranges. Avec un pommeau semblables à tous les couteaux, la lame sortait, elle, de l'ordinaire. Lorsque l'on forgeait un poignard il était normal de renforcer la partie métallique qui rattachait la lame au pommeau, histoire qu'il n'y ait aucune rupture. Ici, la base était beaucoup plus fine et deux fois moins large que le reste de la partie tranchante. Aztai avait manifesté son point de vue, exprimant que le moindre coup briserait l'arme à coup sûr. Alhi avait rit en entendant cela.

-Cette arme nécessite un peu d'entrainement, avait-il dit. Vois-tu, on ne peut pas trancher avec sinon la lame se brise, comme tu l'as justement indiqué tout à l'heure. Mais imagine que tu poignardes ton adversaire (il avait imité le geste en abattant son poing dans le vide). La lame ne se brise pas puisque la pression n'est pas exercée sur son côté. Ton ennemi se retrouve donc avec un couteau en lui, scène basique. Et là! (il avait presque crié) d'un coup de poignet tu brises le tourmenteur (le nom du couteau), séparant le pommeau de la partie mortelle.

-Et il se retrouve avec un morceau de métal coincé dans le corps... avait conclut Aztai.

Ainsi le plus jeune des frères Jagd lui avait parlé un moment des techniques de forges primordiales pour transformer le métal en arme redoutable. Il lui avait aussi montré de quoi éliminer des ennemis dans un silence total. Le troka était d'une simplicité effrayante. Constitué d'une cordelette ou d'un fil de fer relié à deux poignées, il consistait à surprendre son ennemi par derrière. On croisait le troka autour du cou et tirait violemment sur les poignées. Avec une cordelette il broyait la trachée, promettant une agonie silencieuse. Avec un fil de fer il décapitait littéralement l'ennemi. Alhi justifia l'utilisation de telles armes: des garzorks d'Omyre arpentaient parfois la forêt. Lorsqu'ils plantaient leur campement, les worans en profitaient pour mener un assaut. La nuit, les trokas étaient d'une utilité incomparable.

Une autre chose, la plus étonnante, qu'Aztai apprit les premiers jours, des mages vivaient parmi eux. L'Ancien lui-même l'avait mis au courant sur leur existence. A Ambervalle, être né avec les facultés de manier les éléments était un don. Le woran en question, après avoir suivi un entrainement rigoureux, pouvait entrer dans ce qu'ils appelaient la Corporation . Aujourd'hui, la Corporation devait compter une quinzaine de membres: des alliés inestimables dans la défense d'Ambervalle. A leur tête trônait fièrement Gaora, une puissante pyromanciène. Bien sûr, la faculté de manier le feu relevait directement du miracle pour les autres, comme si Meno était intervenu personnellement pour doter la woranne de son don.

Un matin, Rudy assistait à une séance entre l'Ancien et son fils. Aztai commençait vraiment à utiliser son instinct. Coups après coups il tentait de faire de son mieux pour éviter la branche du vieux woran. Celui-ci était fier d'Aztai, et il lui avait dit. Arrivés au zénith les trois worans décidèrent de s'en retourner vers la clairière principale pour se restaurer. Rudy avait pris la tête du groupe, longeant un sentier qu'Aztai aurait pu faire les yeux fermés. Le woran neige prenait toujours plaisir à circuler parmi les arbres qu'il reconnaissait, particulièrement à cet endroit. Et puis, sans un bruit, son père s'était rapidement retourné, surprenant son fils. Il avait propulsé à pleine puissance son poing en direction de l'abdomen d'Aztai. La haine lui déformant le visage il aurait effrayé une colonie entière de dragons. Réagissant (par instinct?), Aztai s'était jeté sur sa gauche, les griffes de son père lui frôlant le flanc.

-Formidable! Avait jubilé l'Ancien.

Aztai était par terre, Rudy avait perdu l'équilibre, s'écrasant à son tour dans la poussière.

-Vous l'avez bien formé, s'était exclamé son père.

-Oh on est loin d'avoir terminé mais le plus dur est fait. Après tant d'heure de méditation Aztai au Sang Chaud peut être fier de lui.

Toujours haletant le woran neige se releva, persuadé que la chance y était grandement pour quelque chose...

-Et je ne veux pas t'entendre dire que la chance y est pour quelque chose jeune woran! Avait dit l'Ancien par dessus son épaule, ouvrant à son tour la marche.

Fin du Chapitre 3

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 1 Mai 2011 23:31 
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II/ Chapitre 4: Message à l'agonie


Aztai se releva de sa prière du soir. Il ne se lassait pas de s'agenouiller pour aduler Meno, il avait répété ce geste des centaines de fois depuis qu'il était là. Et cela faisait au moins trois bons mois que le peuple d'Ambervalle l'avait accueilli. Ce soir il devait parler à Rudy. Circulant entre les tentes et étalages (qu'il connaissait par coeur à présent), il trouva son père assit en tailleur avec plusieurs worans. Parmis eux Aztai reconnu Dorsa, l'ainé des frères forgerons. Il lui adressa un sourire et posa une patte sur la clavicule de Rudy.

-Tu te fais du souci pour quelque chose mon fils? Demanda-t-il en lisant son regard.

Aztai ne cacha pas que quelque chose l'intriguait. Il avait une question et Rudy était probablement le seul à pouvoir lui répondre sans contraintes. Ainsi la montagne de muscle se leva, s'excusa auprès de ses camarades et s'éloigna en compagnie du woran neige. Ils longèrent côte à côte la lisière de la clairière pour parler librement. Le soleil ne tarderait pas à se coucher, déjà des lueurs orangées transperçaient le ciel.

-Il y a environ deux mois j'ai posé une question à L'Ancien... Tout ouïe Rudy tendit l'oreille. Je lui ai maladroitement demandé pourquoi me traitait-il avec tant de considération.

-Ha, tu as touché là un point sensible.

-J'ai vu, fit Aztai un peu penaud. Pourquoi a-t-il eut cette réaction, il a...

Après un court silence Rudy conclut la phrase.

-J'imagine parfaitement la réaction qu'il a eue. Te rappelles-tu Aztai? Avant d'arriver ici je t'ai parlé de l'Ancien; j'ai évoqué le fait qu'il pourrait me reconnaitre à condition que son fils ne lui ait pas succédé.

Dans le coeur du woran neige un gouffre s'ouvrit: il n'avait jamais vu ce fils en question.
Répondant à son regard éloquent, Rudy continua:

-Il est mort peu avant que nous arrivions.

Un silence respectueux suivit cette déchirante vérité.

-L'Ancien me l'a dit le soir où nous nous sommes entretenues. Son fils Kao est mort durant une bataille contre les garzorks. Apparemment il s'est fait surprendre de nuit alors qu'il était seul en forêt. Encerclé par ces pourritures il a chèrement vendu sa peau... mais à un contre vingt, même le terrain ne pouvait le sauver. Ils ont retrouvé son corps au matin, et le soir tous les orques mourraient de la main des worans. La dépouille de Kao a été incinérée comme le veut la tradition et une grande messe a été organisée: tous les worans ont prié Meno de prendre le jeune fauve sous son aile. De telles obsèques n'ont lieu que très rarement. Habituellement seuls les proches accordent une messe complète, les autres habitants se contentent d'une simple prière...

Aztai avait le coeur lourd, cette révélation l'avait abasourdi. Le soleil couchant semblait avoir perdu de son éclat, comme si lui aussi se recueillait.

-Je pense que l'Ancien revoit Kao à travers toi...

-Il se trompe! Répondit brusquement Aztai. Aussi tôt il regretta ces paroles. Perdre un enfant devrait être interdit et impossible...

-Alors pardonne-le! répliqua son père sur le même ton.

Soudain, à travers les arbres, Kharo surgit en courant. Accompagné de son escorte habituelle il s'occupait de surveiller les alentours, en dehors d'Ambervalle. Le visage en alerte, la lance à la main, il pénétra en trombe dans la lisière en direction de la tente de l'Ancien, Aztai le savait. Rudy intercepta un des gardiens, en vérité la femelle au cercle de fourrure blanche autour de l'oeil. Elle avait le regard ferme et son courage était palpable.

-Qu'il y a-t-il? Demanda Rudy en saisissant un bras de la femelle.

-Garzorks repérés aux abords d'Ambervalle. Ils comptent pénétrer la forêt d'après ce qu'on à entendu.

Elle se dégagea et rejoignit Kharo qui devait avoir déjà atteint la grande tente. Sans même se regarder, les deux worans blancs lui emboitèrent automatiquement le pas.

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Dernière édition par Aztai le Jeu 19 Mai 2011 18:02, édité 3 fois.

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