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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:10 
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En direction du Temple des Plaisirs


La nuit avait envahi les rues de Kendra Kâr, habituellement si blanches et illuminées, et qui le soir se terraient dans une atmosphère grisâtre et inquiétante. Ce changement était troublant, curieux, et m’avait toujours déplu dans cette cité, qui, resplendissante le jour, devenait douteuse, fantomatique et peu rassurante… D’autres villes revêtait toujours ce côté noirâtre, malsain, ou au contraire étaient toujours illuminée de l’essence même de la bonté, de jour comme de nuit, pour toute leur vie, peu importe leur ancienneté. Ça n’était pas le cas de Kendra Kâr. La cité blanche revêtait un caractère cosmopolite dérangeant et parfois même menaçant par sa variété de races, d’individus en tout genre, de cultes divers, de pratiques différentes, de modes de vie opposés. Voilà pourquoi Kendra Kâr revêtait toujours pour moi un caractère que je n’appréciais pas, et qui faisait que jamais je ne m’y sentirais chez moi, même si un jour j’y habitais et devenais sédentaire.

C’est dans ces rues sombres et inquiétantes que nous sommes maintenant, mon amant des glaces et moi-même, venant de quitter la taverne des Sept Sabres pour rejoindre le Temple des Plaisirs, l’endroit que je voulais lui montrer, que je devais lui montrer… Je soutiens toujours Lillith dans sa marche, bien que mes pas ne sont pas plus assurés que les siens, et tout aussi titubant. Si bien que notre couple pour le moins original se retrouve titubant dans les ruelles, sur les pavés souillés de ce quartier glauque et reculé. Une chose est certaine, nous ferons au moins le double du chemin en marchant de la sorte. Mais qu’importe, je suis bien avec lui, même dans ces conditions précaires… à mon avis, ma confiance aveugle en ce moment partagé est sans doute aidée par le taux d’alcool qui baigne mon sang.

Sans ça, je me serais inquiété de tant de glauques ruelles malsaines et dangereuses. Enfin… dangereuses pour qui ne sait pas se battre. Il serait suicidaire de la part d’un coupe-gorge, d’un bandit des rues, de s’attaquer à un pareil duo. La maîtrise de la lame, la maitrise de la glace. Fou serait celui qui oserait ne fut-ce que menacer deux aventuriers de notre trempe. Il faudrait qu’ils soient un groupe, il faudrait qu’ils soient nombreux, très nombreux, et avant tout, il faudrait qu’ils soient totalement inconscients et suicidaires. Car ils devraient le savoir, peu réchapperaient de ce qui serait un carnage nocturne.

C’est avec un sourire confiant que je me tourne vers mon amant pour lui susurrer à l’oreille des mots doux, répondant enfin à sa demande de la sortie de la taverne.

« Ne t’inquiète pas mon flocon bouillant, mon glaçon torride, là où je t’emmène, tu auras tout ce dont tu rêves… »

J’oublie qu’il ne sait pas, lui, où je l’emmène. J’oublie qu’il risque de mal prendre ce lieu que j’ai appris à connaître aujourd’hui même, mais qui semble m’avoir toujours été familier, comme si je l’avais toujours connu, sans que je ne puisse me l’expliquer.

Petit à petit, nous quittons les ruelles crasseuses du quartier délaissé par la netteté des pavés blancs de la ville, bien que ceux sur lesquels nous marchons ne sont pas exactement aussi propres que ceux du quartier élevé où j’emmène mon doux amant alcoolisé. L’ambiance est quand même plus rassurante que les bas-fonds de la ville, ça ne fait pas l’ombre d’un doute…

Lillith a écrit:
Avec les ténèbres ambiantes, je suis bien heureux d'avoir à mes cotés mon bel elfe pour me guider. Au moins avec lui, je n'ai rien à craindre. Même le retour de la Grande Ombre dans mes rêves à cause des bêtises de Keynthara ne peux altèrer la paix que je retrouve dans les bras solides de Cromax.

La gueule de bois passagère, s'évanouissant en partie par la fraîcheur de la nuit, laisse malgré tout ressurgir quelques angoisses. Je suis en sécurité, mais le monde, lui, ne l'ai plus...

(Mais bon, faut déjà que j'arrive à marcher droit, alors m'inquiéter pour le monde...)

Je chasse mes mauvaises pensées et entends alors mon amour le susurrer de belles paroles, usant encore du petit nom dont il m'a baptisé et que j'adore sortant de sa bouche. Il me promet de me ramener à l'auberge pour que je puisse avoir à boire. En fait, je pense qu'un baril entier serait nécessaire. Autant pour m'hydrater que pour plonger ma tête dedans.

"Merci..."

Nous continuons notre déambulation tranquillement dans les artères abandonnées de la ville. Ne plus être dans l'ambiance étouffante de la taverne me fait un grand bien et le mal de crâne disparait au gré du froid que le vent clément m'apporte. Malgré cela, je ne suis toujours pas tout à fait apte à marcher seul. Si la gueule de bois est partie, il est clair que j'ai encore trop d'alcool dans le sang pour avoir l'esprit clair.

Au bout d'un moment, nous arrivons face à un grand bâtiment. Ses colonnes et son fronton de pierre n'appartiennent clairement pas à l'auberge de la tortue guerrière. En faisant plus attention, j'arrive à percevoir deux soldats tout de rouge vêtus qui sont postés devant, encore éveillés.

"Où est-ce qu'on est ? Ce n'est pas l'auberge.... Cromax ?"

Je le regarde avec des yeux ronds, cherchant une explication sur son visage.


Nous marchons dans les ruelles, paisiblement, titubant de gauche à droite et de droite à gauche comme si notre équilibre précaire ne signifiait rien pour nos êtres imbibés de cette douce euphorie alcoolisée. Ma main glisse de temps en temps sur le dos de mon amant des glaces, jusqu’à se poser, coquine et malaxante, sur son postérieur ferme et musclé, pour en tâter les formes, pour en épouser les saillies. Je peux presque sentir sous mes doigts le satin délicat de sa peau de bébé, celle qu’il a préservée à cet endroit ou peu, sans doute, ont eu la chance de mettre la main, ou autre chose, d’ailleurs. C’est en ces terres presque inexplorées, puisque je suis l’unique autochtone actuel de cette zone fessière, que je me perds le temps de notre trajet, qui me semble soudainement bien long, et me permet de me faire apprécier comme il se doit mon partenaire enivré par cette soirée de folie aux Sept Sabres.

Mais bientôt nous allons arriver, ça ne va pas tarder. Encore une bifurcation, et nous voilà dans le riche quartier de la cité blanche, là où les pavés resplendissent même la nuit de leur éclat immaculé, perçant les ténèbres nocturnes de leur pureté et de leur propreté innée. La roche utilisée pour bâtir cette légendaire ville a été soigneusement calculée, j’en suis certain, pour impressionner les provinciaux de ce riche royaume vaste et étendu. Ce centre de ville accorde ainsi une part nette au tourisme de masse, ou aux rendez-vous galants, aux hauts faits de la noblesse Kendranne, ou même aux poètes, écrivains, bardes et historiens, chercheurs et savants, puisque à l’instant nous venons de passer à coté de la docte bibliothèque abritant maints ouvrages divers et variés traitant de tous les sujets qui ne sont pas honnis dans une telle cité.

Je sais que le temple s’approche. Je le sens presque en moi, et les souvenirs de ma première visite, la veille dans l’après-midi, me remontent à la gorge et à l’esprit, viscéraux, vifs et intangibles. Le visage de la douce Pulinn, provocante et lumineuse, géniale et diabolique, merveilleuse et séduisante, se rapporte à ma mémoire comme une obligation d’y penser. Mais avec ces agréables sentiments en viennent d’autres biens plus obscurs. Révélations cruelles, lettres pleines de secrets, émoi, tristesse, effarement et surprise. Voilà tout ce qui m’envahit à l’approche de ce bâtiment que je peux maintenant voir, devant nous, avec son architecture épurée et belle, ses pierres blanches, sa tour si haute et si étrange si l’on s’en tient au reste du bâtiment. Un temple, oui, mais pas n’importe lequel. Le temple du Plaisir, ce lieu prometteur, ce nom particulier, cette histoire insensée, ses murs emplis de secrets, cette elfe magnifique, ses yeux de lait, son corps de velours…

(Hé bien mon Cromax, te voilà séduit… Tu en as presque perdu la notion de bâtiment et de personne tant tu sembles confondre les deux, les identifier.)

(Pulinn est magnifique, Lysis. Peu de personne sauraient résister à une telle beauté. J’en ai presque peur pour Lillith, qu’il veuille m’abandonner pour ne plus penser qu’à elle, ne rêver que d’elle.)

(Ne fais-tu pas pareil, mon amour ?)

(Non, nullement ! Mes rêves sont multiples, et nul n’a l’exclusivité de mes désirs. Peut-être est-ce étrange, mais c’est ainsi que je suis fait, et c’est ainsi que je m’accepte.)

(Et c’est ainsi que je te respecte. Ta sincérité, bien que dite immorale par beaucoup, est une valeur que peu peuvent se gausser d’avoir…)

Mais alors que mes pas hésitants mais déterminés nous mènent vers l’entrée de l’antre magnifique, mon amant m’arrête, surpris et atterré par l’endroit où je semble le mener. Il croyait que je l’emmenais à l’auberge. Mais ne lui avais-je pas dit que je lui ferais voir un endroit où il aurait tout ce qu’il désire ? Peut-être que toutes ses envies ne se rapportent qu’à ce qu’on trouve dans un lieu de sommeil et de mangeaille. Mais il a fait erreur en pensant que je le mènerais dans un endroit si simple, si dénué d’originalité. J’ai confiance en lui, et c’est pour ça qu’il est ici, aujourd’hui, maintenant, à cette heure-ci, et malgré notre état peu engageant pour tenir quoi que ce soit de concret. Peu importe. Ce temple a sans doute le pouvoir de clarifier toutes les pensées, de les rendre évidentes… Parfois blessantes, mais sans aucun doute réelles et indubitables. La vérité, voilà ce que j’y ai trouvé. Pas son entièreté, mais une bonne partie, et la voie que je suis censé emprunter pour arriver à elle…

Je souris doucement à mon amant. Lillith sait peu de choses sur moi, depuis que moi-même j’en ai appris une bonne partie. Peut-être les apprendra-t-il, s’il s’y intéresse. Peut-être que non… Il ne vaut peut-être mieux pas, après tout. Chacun a sa vérité, et chacun peut se réserver le droit de la maintenir dissimulée des autres, de la préserver pour se sauver…

« Ce n’est pas l’auberge, non. Lillith, mon glaçon coquin, je te présente un lieu qui m’a bouleversé, et où je voulais t’emmener pour te faire partager tout ce que j’y ai senti… Voici le Temple des Plaisirs. »

Je laisse un instant le silence planer entre nous, comme pour qu’il assimile les mots que je viens de prononcer. Puis mon sourire se renforce en des mots rassurants, satisfait de l’effet que j’ai sans doute laissé planer dans l’esprit endormi de l’humain, au bord du réveil, au bord de la connaissance.

« Ne te fie pas au nom de cet endroit. Ça n’est pas un lieu de stupre et de luxure. Tu verras. J’ai une personne à te présenter, à l’intérieur. Suis-moi, mon chéri… »

Le maintenant toujours, j’avance d’un pas décidé vers les portes du temple, tout en souriant, confiant. J’emmène mon amant dans ce lieu si personnel, tout d’un coup, qui s’est imposé à moi comme un point d’attache désormais inévitable… Arrivant à proximité, les deux gardes en livrée rouge me lancent un sourire bienveillant et accueillant, tout en regardant non sans un certain intérêt mon cryomancien de compagnon. Ce n’est pas un intérêt charnel, ni même spirituel ou sentimental… Un intérêt vénal ? Non, certainement pas non plus, bien que l’avidité habite leur regard enfiévré. Peut-être est-ce la nuit qui les transforme ainsi… Ou peut-être aussi l’alcool qui bouillonne dans mon sang. L’un d’eux s’avance, amical, avant de prononcer quelques mots de bienvenue à notre égard…

" Bonsoir, sire Cromax. Vous nous voyez enchantés de votre visite. Et nous souhaitons la même paix et une sincère bienvenue à votre compagnon, qui s’il est avec vous, ne peut-être qu’une personne d ‘une grande qualité."

Nuit ou jour, ces gardes ont le verbiage bien caressant, et si félin j’étais, il ne fait nul doute que je ronronnerais passionnément après ces paroles alambiquées de bienvenue entremêlée de compliments à double sens et à double destinataire. Sans un mot, souriant, je pénètre dans ce lieu sacré et consacré. Enfin, je vais lui montrer…

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:18 
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Un glaçon au Temple des Plaisirs 1 :


Le pas de la porte est passé, et aussitôt, je me laisse envahir par la moite chaleur du lieu, qui rayonne aussi bien nuit que jour de centaines de petites flammes qui sont comme posées sur ces chandelles de cire fondante et coulant sur de lourds candélabres dorés. L’ambiance y est identique que lors de ma première visite, et respire d’une douce et agréable odeur de rose, un parfum délicat, pas du tout oppressant, bien que fort présent. Le faste de ce temple me prend encore au ventre, et je suis à nouveau surpris de voir tant de luxe réuni ici, dans un endroit si incongru. Je pense que jamais je ne me lasserai de cette surprise en entrant ici. Jamais je ne pourrai me blaser d’un tel décor, d’un tel endroit.

La chaleur de la vaste salle contraste étonnement avec l’air froid de l’extérieur, et cette chaleur me prend à la gorge, pour s’étendre dans tout mon corps, comme si j’étais bercé par elle, apaisé. Toutes les craintes qui auraient pu m’habiter s’évanouissent au contact rassurant de ce temple, qui agit presque sur moi comme une poche maternelle, où je me sens en sécurité, loin de tout tracas. Et je sais qu’ici, il ne peut rien m’arriver. Je suis protégé, par tous, par ces gardes, par ces murs, par cette pénombre, par ce luxe. Ici, rien de mon passé, de mon présent ou de mon futur ne pourrait m’être reproché. Ici, il n’y a rien que la béatitude d’être bien, d’être soi, et d’être heureux.

À mon entrée, je crois un instant apercevoir une silhouette qui m’est familière. Une demoiselle à la peau pâle, et aux habits plutôt dispersés, que j’ai rencontrée voici peu de temps, dans un lieu bien plus pauvre, bien plus glauque. Ainsi, c’est Atanya que j’aperçois se glisser lentement dans une alcôve, le long du mur occidental, disparaissant derrière les tentures rouges qui préserveront l’intimité de sa nuit aux yeux indiscrets. Il ne fait aucun doute que ce cher Léonid l’y attend, peut-être déjà plongé dans les nimbes d’un sommeil réparateur et digestif.

Je me demande intérieurement si l’un des deux a eu le bonheur et la chance de rencontrer la belle Pulinn, et de lui parler, d’échanger avec elle quelques propos. Je leur souhaite de tout cœur, car venir ici sans rencontrer l’elfe blanche serait comme visiter Omyre sans croiser le moindre orque. Ça laisserait sans aucun doute un arrière goût de manque suprême, de vide horrible.

Et c’est à ce moment que je la vois, toujours soutenant mon amant. Elle arrive vers nous, dans sa démarche chaloupée à l’hypnotisant déhanché. Sa peau blanche comme les plus pures des neiges éternelles luisant sous la lumière des chandelles de l’allée qu’elle emprunte pour se diriger droit vers nous semble luire d'un éclat divin. Je sens son regard de glace, blanc, mais si chaud et rassurant, se poser sur moi, puis sur Lillith, et vaciller dans sa marche langoureuse de l’un à l’autre sans jamais vraiment s’arrêter sur personne, ni s’attarder sur aucun, comme si ses yeux englobaient toute la scène sans qu’elle eut à faire d’effort de concentration pour en distinguer les détails, qui viendraient en elle comme des évidences nettes.

Aussitôt que je la vois, mes pas s’arrêtent et mes yeux de charbon s’arrêtent sur son corps aux formes parfaites et idéales, que l’on a envie d’étreindre sans la moindre gêne, sans la moindre retenue. Tout en elle respire la sensualité qu’elle incarne, qui l’habite comme si elle en était la maison. Ses jambes au galbe parfait avancent en déviant mon regard vers elle sans que je puisse me contrôler, tant ce mouvement parfait me satisfait. Elle est toujours aussi peu vêtue, et ses tatouages d’or renforcent la splendeur de sa personne, et son mystère, aussi. À mesure qu’elle approche, mon regard remonte sur son corps. Sur ses hanches souples et aguicheuses, sur son ventre à moitié dénudé sous un tissus blanc très transparent, sa poitrine gardienne de mille secrets tus depuis maintes époques, et qui ne demandent qu’à être découverts par un baiser abandonné sur cette peau satinée. Sa gorge, offerte à la vue, qui donne envie de mordre dedans à pleines dents, mais sans vouloir pourtant l’abimer, comme si percer ce cou délicat serait synonyme de mort assurée, de sacrilège suprême et irréparable. Ses lèvres charnues et désirables, d’où semble exhaler un souffle tiède et enfiévré mais serein. Ses yeux, par la vie, ses yeux d’opale, et son regard qui ferait craquer le plus endurcis des ascètes chastes. Pulinn est là, juste devant nous… Et maintenant que j’y suis, que je devrais présenter cette merveille à mon flocon, voici que mes lèvres asséchées restent closes, et que la salive qui me manque tarde à humidifier mon palais.

À la place, c’est elle qui ouvre la bouche pour parler, d’une voix rassurante et enivrante, un chaleureux sourire ornant l’or de ses lèvres.

« Cromax… Ta visite me remplit de plaisir. J’ai été mise au courant, comme tu le sais. Et je suis heureuse de voir que ton compagnon, Lillith, si je ne m’abuse, est fort séduisant, lui aussi… »

Elle fait deux pas vers moi, et nos visages se retrouvent à quelques centimètres, alors que je sens son souffle glisser entre mes lèvres entrouvertes comme pour apporter une réponses à ses dires. Réponse qui ne vient pas, puisque l’instant d’après, c’est à mon glaçon qu’elle s’adresse, et c’est de son visage qu’elle s’approche de la même manière…

« Je me dois donc de te souhaiter la bienvenue ici, Lillith. Tu es ici chez toi. Je me nomme Pulinn. »

C’est alors que sorti de nulle part, elle tend à mon amant un verre d’eau fraîche et pure, qu’elle tenait à la main sans même que je n’ai pu le voir avant, tout en arborant un sourire complice et mystérieux.

(Comment a-t-elle su ?)

(Les informations circulent plus vite que tu le penses, mon amour. Je te l’ai toujours dit…)

(Coquine… S’il ne comprend pas que c’est toi, ça risque de faire un drôle d’effet sur mon Lillith !)

Pulinn pose alors ses mains sur une épaule de chacun, et sa voix se fait murmure.

« Mais si nous allions nous asseoir, avant de poursuivre cette charmante réunion qui s’annonce… »

Elle nous attire alors sur une banquette recouverte de rouge, où elle s’étale lascivement, comme je l’ai déjà vue faire. Plus confiant qu’à ma première visite, je prends place à côté d’elle, décrochant mon regard de sa peau pour le poser sur mon amant…

Lillith a écrit:
Cromax m'a emmené dans un endroit étrange au nom douteux. Mais peu importe, il m'assure que je dois pas me fier aux apparences, et je le crois. Autant par ma gorge asséchée que par ma circonspection, je reste silencieux, gardant les yeux grands ouverts pour en savoir un peu plus.

Les gardes en vêtus de rouges semblent le connaître et le salut. Dans un verbiage un peu pompeux, l'un lui fait ses hommages et continue sur sa lancée en me lançant quelques compliments par le seul fait de ma relation à Cromax.

(Ils sont étranges... on dirait presque qu'ils considèrent Cromax comme un roi ! Mais bon, je ne vais pas m'en plaindre.)

Nous passons la porte et pénétrons dans ce lieu mystérieux. tout de suite, le contraste frappe avec la rue. Tout d'abord, la chaleur de l'intérieur rend ma gorge plus aride, si c'est encore possible. L'éclairage diffuse une lumière jaune et douce, bien plus présente que la lumière faiblarde de la lune cette nuit. La salle aux multiples tentures de satin pourpre est dotée de proportions immenses, allant chercher le ciel dans des colonnades impressionnantes et des voûtes légères et graciles ; et s'étendant autant que la salle de bal du palais royal que nous avons rapidement traversée cet après-midi.

Je suis bien content à ce moment que Cromax me soutienne car je me serais facilement écroulé devant tant de magnificence. C'est vraiment un endroit incroyable où une certaine grandeur est perceptible. Ce n'est pas trop dans mes goûts, mais il est indéniable que c'est une lieu d'exception qui mérite l'admiration.

"Par Yuia.... C'est ... incroyable !"

C'est alors qu'arrive une femme qui mérite tout autant l'admiration. Son portrait est assez difficile à décrire, mais deux mots pourrait suffire : c'est La Femme...

D'un coté, sa beauté est une pureté que j'assimile à celle de ma mère. La douceur, la gentillesse, l'amour... Mais d'un autre coté, sa beauté est un masque, celui qui pare toutes les femmes dans leurs sombres cotés.

Sa peau a une blancheur de lait, encore plus éclatante que celle qu'avait ma mère. Ses yeux semble aussi de cette blancheur et encore une fois, cela me rappelle un peu ceux de ma mère, et les miens. Ses cheveux, en boucles souples, semblent flotter autour d'elle telle une auréole.

Mais en même temps, sa bouche pulpeuse et la profondeur de son regard me rappelle Caacrinolas. Sa tenue plus que légère et sa démarche assurée et dominante vont aussi dans ce sens. Lorsqu'elle s'arrête face à nous, je ne peux réprimer un frisson.

Cette femme me donne à la fois envie de l'enlacer et de la fuir le plus vite possible.
En tout cas, nul doute que c'est la personne que mon amour d'elfe voulait me présenter.

Elle nous parle alors, semblant savoir beaucoup de choses, comme le fait que nous venions, ou simplement mon nom. Je hausse un sourcil interrogateur, mais l'oubli vite quand elle me lance un compliment sur ma beauté. Dans un réflexe de timidité, je rougis, avec cet horrible sensation de chaleur qui embrase le visage, et porte la main vers ma cicatrice la plus visible, celle barrant mon œil gauche.

(J'ai du mal à trouver la beauté dans les traces laissées par ce monstre de Caacrinolas...)

Elle se présente à moi, se rapprochant de mon visage de manière trop intime, et dit s'appeler Pulinn, avant de me tendre un verre délicat remplit d'une eau que je devine rapidement fraîche en prenant la coupe tendue.

"M... Merci Pulinn..."

Elle se dirige vers une banquette pour que l'on puisse entamer une discussion plus tranquillement. Je la suis, toujours aidé par Cromax. Je bois avidement en même temps, ce qui me fait un bien fou. C'est comme une renaissance intérieur. Je sens le liquide parcourir ma gorge puis courir vers mon ventre, traînant des tentacules glacés jusque celui-ci. Je ne peux m'empêcher de gémir tant c'est agréable et je dois dire que c'est presque, je dis bien presque, aussi agréable que le fluide de glace.

Pulinn et Cromax s'allonge sur la banquette dans une attitude que la poupée jugerait sûrement très peu discrètement d'indécente. Je ne partage pas sa prude perception, mais préfère m'asseoir néanmoins sur le bord de la banquette. Les choses sont encore trop troubles pour me laisser aller ainsi.

Mais peu loquace comme je le suis dans mon état, je ne bombarde pas de questions la maîtresse des lieux, ni ne lui rends un salut très correct. Laissant de coté les questions sur l'endroit et sa personne, qui finiront par arriver à un moment dans la discussion, je reprends l'histoire de son compliment.

"J'ai du mal à voir dans mes cicatrices le pouvoir de séduction que vous me prêtez..."

Malgré le verre d'eau glacée, mes joues sont encore un peu roses. Alors que ma main cherche inconsciemment sous ma chemise les reliefs de quelques autres séquelles de mon passage chez Caacrinolas, je cherche du regard la réaction de Pulinn.


Alors que je m’installe sur la banquette confortable et moelleuse, au côté de la beauté la plus parfaite de ce temple, je ne peux m’empêcher de sourire de la réaction de mon amant glacé à la vue du Temple, et surtout de Pulinn, qui visiblement ne le laisse pas indifférent, à l’instar de toutes les personnes que cette douce elfe blanche doit croiser en une journée ici. C’est impressionnant comment elle inspire le contact social, la discussion, simple et sans détour, bien que je doute qu’elle soit réellement si simple à cerner et à comprendre. Elle est certainement la personne la plus compliquée à déchiffrer que je connaisse, encore que je ne peux en être certain, ne la connaissant finalement pas beaucoup, et n’ayant eu à faire avec elle qu’une fois dans mon existence, le jour même, dans l’après-midi. Et me revoilà face à elle, dans ce temple marginal et particulier, en la présentant auprès de Lillith comme une personne que je connaitrais mieux que quiconque.

Je me rappelle les révélations qu’elle m’a fait lire, des révélations sur moi et sur elle. Sur ce qu’elle a formé ici, et le secret qu’elle protège. Le lourd secret qu’elle protège. Aussi lourd que le secret qu’elle a révélé sur moi, c’est certain… Je ne pense pas qu’elle soit assez renseignée sur Lillith pour lui fournir de tels documents troublants. Je suis une exception, un cas à part. Il suffisait de voir la manière dont elle m’a accueilli… C’était tout sauf un hasard. Ma venue ici était attendue, depuis longtemps peut-être même… Mais ce n’est pas le moment de réfléchir à de telles choses. Surtout que mon amant semble porter le plus grand intérêt aux compliments de la séduisante Pulinn.

L’elfe blanche rit d’ailleurs à la remarque de l’humain. Un rire franc et jovial, tout en restant distingué, et peut-être même un peu coquin, pour qui voudrait voir chez cette merveilleuse créature un fantasme vivant, un désir ardent, une obsession sans limite. Je la regarde simplement rire, et se redresser lentement en croisant mon regard avec une lueur complice et bienveillante, comme si rien que par la pensée, par ses yeux, elle essayait de me faire passer un message.

(Elle trouve que tu as bien choisi la personne que tu as emmenée avec toi, ce soir…)

(Ah ? Mais… Comment sais-tu ça ?)

(Je l’ai lu dans ton propre esprit mon amour. C’est ça que ton regard t’a inspiré.)

(Sans doute oui. Et je sais que Lillith saura se montrer à la hauteur de ce qu’elle attend. Même si… Je ne sais pas exactement ce qu’elle attend de lui…)

Pulinn regarde maintenant Lillith, et sa réponse ne tarde pas à arriver, alors qu’elle prend un air mutin et provocateur. Le même air qu’elle avait utilisé avec moi avant de tenter de m’embrasser suite à une remarque non moins provocante de ma part…

« Chaque personne, Lillith, a un énorme potentiel de séduction. Tu te fixes sur tes cicatrices et le douloureux souvenir qu’elles doivent t’apporter, mais les autres ne voient pas ça. Moi j’y vois une victoire, pour chacune d’elle. Une victoire contre la mort à laquelle tu as échappé. Un victoire à un combat que tu as mené. Elles respirent ta virilité, prouvent ta force autant physique que mentale. Car il faut être fort pour endurer de telles blessures. Tu vois Lillith. Ce que tu crois laid ne l’est peut-être pas autant que tu le crois, pour d’autres. La beauté est relative, comme toute chose de ce monde. Mais dis-moi, si tu trouves laides ces plaies refermées, qu’est-ce qui apporte satisfaction à tes yeux ? Que trouves-tu beau ? Qu’aimes-tu prendre plaisir à regarder ? »

Elle marque une courte pause, le temps pour elle de me jeter un rapide coup d’œil coquin, souriant plus fortement avant de poursuivre.

« …mis à part Cromax, bien entendu. Je ne doute à aucun instant le plaisir que tu ressens à regarder ton elfe gris, sa peau et son visage, son corps, ses mains, et tout ce qu’il inspire… Moi-même j’y prends beaucoup de plaisir, en fait… »

Je sens soudainement une chaleur m’envahir le visage. Son compliment me touche, mais je commence à la connaître. Oui, ce qu’elle dit est certainement sincère, mais il n’a aucune raison d’être si elle n’y trouve pas un certain intérêt. Le gris de mes joues fonce un peu sous la pulsion du sang sous mon épiderme incandescent, et je souris à la demoiselle qui a l’air de si bien manier l’art du compliment, tout en se procurant ce qu’elle désire. Cette conversation qui début ne manque pas de m’intéresser, et je garde pour le moment le silence, attendant la réponse de mon amant, curieux de savoir ce qu’il pourrait bien dire face à cette question qui, tout en restant dans la logique de la conversation, amène vers le but final de la gardienne des lieux, celui que Lillith ne peut deviner sans savoir ce que moi je sais…

L’elfe blanche conclut son discours dans le même temps, toujours aussi souriante, dévorant le visage marqué de mon glaçon.

« Mais j’espère ne pas attirer de jalousie en toi, humain. Sois assurée que je ne veux que ton bien. Cromax pourra te le confirmer, je pense. »

Son bien… Tout est relatif, comme elle le dit si bien. Oui, elle veut son bien, le bien de tus, l’épanouissement de chacun en ce lieu dédié au plaisir. Mais derrière ça, il est des choses plus secrètes, moins aisées à comprendre, à deviner, à cerner. Et c’est là le réel désir de Pulinn, au-delà de toute notion de bien être. Et c’est vers ça que moi aussi je dois tendre… Les mots de l’elfe sont pour moi un apprentissage. Une leçon en vue d’accéder au poste qu’elle m’a promis, et dont je me sens capable de supporter la tâche…

Lillith a écrit:
La demoiselle éclate de rire à mon aveu timide et se redresse pour me répondre. Une fois face à moi, elle me fixe avec un regard troublant, le même genre de regard que Cromax m'envoie à longueur de nuits.

« Chaque personne, Lillith, a un énorme potentiel de séduction. Tu te fixes sur tes cicatrices et le douloureux souvenir qu’elles doivent t’apporter, mais les autres ne voient pas ça. Moi j’y vois une victoire, pour chacune d’elle. Une victoire contre la mort à laquelle tu as échappé. Un victoire à un combat que tu as mené. Elles respirent ta virilité, prouvent ta force autant physique que mentale. Car il faut être fort pour endurer de telles blessures. Tu vois Lillith. Ce que tu crois laid ne l’est peut-être pas autant que tu le crois, pour d’autres. La beauté est relative, comme toute chose de ce monde. Mais dis-moi, si tu trouves laides ces plaies refermées, qu’est-ce qui apporte satisfaction à tes yeux ? Que trouves-tu beau ? Qu’aimes-tu prendre plaisir à regarder ? »

Chacun de ses mots me réconforte un peu plus, comme si ses dires devenaient parole divine et que j'y puisais une énergie nouvelle. J'acquiesce silencieusement à chacune de ses phrases, y trouvant un écho particulier et personnel.

(La résistance contre Caacrinolas ; la victoire face à la mort, que Cromax et moi, et quelques autres, avons traversé, explorant les champs désolés d'un Phaitos dont ne avons passé outre ; une force intérieure en moi qui éclate maintenant au grand jour, en dépit de tout ce que mon père pouvait penser...)

Je bois littéralement ses paroles, les prenant pour vérité et les faisant miennes. Perdu dans mes envolées d'orgueil, je ne répond pas tout de suite à sa question, dont elle apporte de toute manière une réponse partielle en parlant de Cromax comme un pur objet de désir.

(C'est fou comme toutes ces filles lui tournent autour ! Je les comprends, mais entre elle, Atanya, Prunelle et Cheylas, j'aimerais bien une petite pause...)

Mon teint rafraîchit par sa réponse reprend vite une couleur plus sanglante, cuisant mon visage d'une colère flagrante. Mais ce n'est pas vraiment une simple jalousie envers elle. Elle perce si facilement mes barrières. Elle sait où me toucher et comment le faire, que ce soit pour me renforcer ou me pousser à bout. Elle a deviné directement pour ma soif intenable...

Et le fait qu'elle dise ne vouloir que mon bien ne suffit pas à arranger mon point de vue, même si elle utilise Cromax comme argument d'autorité.

Un peu farouche, j'hésite quelques instants à poursuivre la discussion avec quelqu'un qui peut avoir autant le contrôle sur moi, mais je finis par flancher et tenter de continuer. Je dois bien ça à Cromax. Et puis un petit bout de ma fierté me dit qu'en étant prévenu et sur mes gardes, je pourrais toujours la devancer si ça tourne d'une drôle de manière... C'est ce genre d'orgueil qui mène à leur perte les plus grands, mais je suis loin de m'en rendre compte dans mon état.

Je réponds donc à sa question, gardant le silence sur le sujet brûlant qu'est mon amant polygame.

"Les montagnes.... J'ai toujours trouvé les paysages de cimes enneigées magnifiques. Mais j'ai pu voir de nombreuses choses magnifiques dans ma vie. Mais peu importe, elles sont si éphémères face aux montagnes éternelles."

(Et plus encore, d'après ce que j'ai pu voir d'un futur mené par Oaxaca, l'horreur destructrice. La beauté des choses disparaitra d'autant plus vite...)

"C'est là le défaut de leur beauté, et pourquoi je vénère la pur et immuable beauté qu'est Yuia. J'ai d'ailleurs poussé mes recherches magiques, car tu dois sûrement savoir que je suis cryomancien," rajoutais-je avec un regard appuyé, "dans ce domaine."

Malgré mon épuisement et le peu de mana qu'il me reste, je commence à me concentrer pour rassembler mes fluides au dessus de ma main. Comme je l'avais fait sur la plage de la première île de Verloa, et à maintes reprises pour m'entraîner depuis, je manipule les cristaux de glace pour former une sphère translucide répondant aux bougies des chandeliers par des dizaines de reflets iridescents.

Grâce à l'habitude et la répétition de cette manipulation, je m'en tire sans trop de mal et creuse quelques cratères pour que l'on y reconnaisse la lune.

Ma magie et mon esprit deviennent alors trop faible. Mon sort se termine et la lune de glace retombe dans ma paume. Je souris faiblement vers Pulinn et lui tend la sculpture qui ne tarderait pas à fondre vu la chaleur des lieux.

"Je commence à me débrouiller avec les fleurs, mais je ne suis pas vraiment en état ce soir de faire cet exploit."


La réaction de mon amant aux paroles de Pulinn est troublante et visiblement très partagée. À un moment, il semble se satisfaire des compliments de surface que forment le discours de la belle, mais petit à petit, après une courte réflexion qui n’aurait sans doute pas pu aboutir à quoi que ce soit de conséquent dans son état, il semble s’en irriter, et je ne peux que m’étonner de voir de la colère sur son visage habituellement si paisible, placide, autant dans la joie que dans la tristesse ou dans la rage. Pulinn l’avait-elle calculée aussi, cette réaction ? Peut-être… Tout ce que j’en sais, c’est que je dois en prendre note mentalement pour mon apprentissage, pour ma formation. L’elfe a visiblement des tas de choses à m’apprendre, à m’enseigner, et je me surprends à tenter à chaque instant de discerner des tours de passepasse dans ses dires alambiqués et ses phrases à double sens, dont le second sens n’est compréhensible que par quelqu’un d’initié, quelqu’un qui sait ce qui se passe réellement ici, et qui sont réellement ces gens, autant les visiteurs que les gardes, ou même Pulinn, ou moi.

Je me sens un peu coupable, en fait. Je suis presque en train d’utiliser Lillith pour parvenir à des fins qui sont autres que celles dont je lui ai fait part, sans pour autant que je lui mente. Je ne sais si c’est là de la tromperie, si c’est déjà l’apprentissage de Pulinn qui s’éprend de moi, et pénètre mes habitudes, mes réactions, mon être tout entier et mes jugements, mes paroles et mes actes, moi qui autrefois était si impulsif… Peut-être est-ce là un signe de sagesse, peut-être aussi est-ce simplement le témoin d’une paranoïa nouvelle et encombrante, ou simplement le fruit de manipulations qui m’ont mené à me comporter comme cela, à diriger mon état, mon comportement. Je me place presque en analyste de la discussion qui se déroule, comme si j’y étais totalement extérieur bien que Pulinn ne cesse pas de parler de moi, de me rappeler à l’ordre intuitivement, d’attirer mon attention sur certains points. Je suis conscient que je vis là quelque chose d’important, et je vois comment elle parvient à faire dire ce qu’elle eut entendre par mon amant, que je n’aurais jamais cru capable de se dévoiler ainsi à une parfaite inconnue, qui semble trainer les rennes de la discussion comme elle l’avait fait avec moi.

Et en moi un sentiment étrange nait… Comme si je savais qu’il était impossible de ne pas entrer dans le jeu que joue Pulinn, comme si c’était évident de se laisser porter dans ses mots. Elle se présente comme une protectrice, comme une âme sœur, une amie. Il est dès lors étrange de vouloir mal réagir à cette manière d’agir… Et puis qui pourrait s’énerver, ou aller à l’encontre d’une telle beauté qui semble se mettre à notre service ? C’est ainsi que moi aussi je dois devenir, à ma manière et non à la sienne, et c’est pour comprendre ça que je suis ici. C’est pour que je sache que ce potentiel, je l’ai aussi en moi, et que ce n’est pas un hasard si c’est moi qu’Ils attendaient…

Revenant de mes pensées, je rattrape la discussion à l’instant où mon pâle flocon décrit avec amour et passion ce qu’il aime admirer, bien que je ressente dans ses mots une réserve nouvelle, comme s’il se méfiait de la belle. Je reconnais là mon Lillith, qui doute, qui n’accepte pas tout ce qui lui est présenté comme un bœuf inerte allant l’abattoir sans savoir que sa mort est proche. Lui, même s’il est condamné à mourir, il fera toujours tout pour savoir avec précision la manière dont il sera traité, et ce qui l’attend, s’il n’y a pas un moyen de s’échapper… Dans le cas présent, il n’y aurait aucune raison de s’échapper, mais je sens qu’il essaie d’en trouver une… Il est méfiant… Et malgré cette méfiance, il parle quand même, et va jusqu’à démontrer son talent de créateur en faisant apparaitre au dessus de sa main une petite boule de glace, qui se change bientôt en une lune réaliste et semblable à la vraie, qui se pare des mille flammes qui nous entourent dans la vaste salle du temple. Mes yeux brillent à cette apparition qui, une fois finie, est tendue comme un cadeau à l’incarnation de la perfection de ce lieu.

Pulinn a aussi l’air surprise, mais comme si elle savait déjà ce qui allait se passer. Elle s’émerveille simplement de voir Lillith se donner, se confier, s’ouvrir à elle en créant sa passion, ce qu’il aime. Elle le regarde presque avec avidité lorsqu’il tend à la belle son cadeau, qu’elle saisit avec précaution entre deux doigts habiles, tout en souriant et en gardant le regard fixé sur la lune de glace dont quelques gouttes d’eau commencent à perler pour tomber lentement sur le sol. Une s’entre elle glisse le long de la main de l’elfe, glaciale, lui arrachant un frisson visible, alors que sa bouche s’ouvre en un petit soupir. La perle liquide glisse le long de la peau nue de son avant bras, et avant que celle-ci n’atteigne le coude, elle est rattrapée par une langue habile. Pulinn garde là sa maîtrise totale de la sensualité qui est sienne, et c’est avec langueur et presque érotisme qu’elle récupère la petite goutte au creux de ses lèvres, pour la laisser glisser dans sa bouche suave et tiède…

Regardant la lune fondre lentement entre ses doigts de nacre, elle reporte le regard sur Lillith, et je m’apprête à poursuivre encore mon apprentissage quand je vois ses lèvres pulpeuses s’ouvrir pour parler encore, et répondre à Lillith…

« Si je ne savais pas ce que tu étais, il ne fait maintenant aucun doute que je le sais, désormais… l’information vient à qui sait l’attirer à elle… »

Je surprends un instant son regard sur moi, comme si ces paroles m’étaient plus destinées qu’à lui. Silencieusement, le hoche lentement de la tête comme pour répondre à cette nouvelle leçon. Sans savoir qu’il était cryomancien, elle lui fait croire qu’elle était pourtant au courant, et il lui a donc révélé en toute confiance, croyant qu’elle savait déjà. Et même là, il ne peut savoir si elle savait ou non qui il était…

(Splendide…)

Elle poursuit alors :

« Avec les fleurs ? Je serais curieuse de voir si la complexité d’une rose, que l’on ne peut faire que couche par couche, est à ta portée. Mais pour le moment, je me contente de ce cadeau, de cette lune. Mais toi qui parlais de beauté éphémère… N’y a-t-il pas une beauté plus éphémère que celle de la glace, qui à peine créée fond et se change en eau ? Regarde cette lune, elle sera bientôt réduite à néant, alors qu’elle est si belle. Pourquoi dis-tu que Yuia préserve cette beauté qui semble pourtant disparaitre si vite ? »

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:22 
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Un glaçon au Temple des Plaisirs 2 :


Lillith a écrit:
J'ai la satisfaction de voir l'elfe blanche se vêtir d'un air de surprise totale en contemplant ma création. Elle semble ravie de mon cadeau et le prend comme une sculpture de cristal qu'il faut protéger de tout choc. Bien entendu, la chaleur des lieux reprend vite ses droits et ma lune commence déjà à fondre, laissant apparaître des gouttes glacées sur la main de Pulinn, qui, avec grâce et candeur, fait courir sa langue sur son bras pour venir chercher une perle liquide filant trop vite.

Elle m'adresse ensuite des paroles étranges, laissant entendre que je me fourvoyais sur son omniscience et que j'avais complété sa connaissance de mon être. Mais peu importe en fin de compte, je ne cache pas mes dons, plus maintenant... Ce n'est pas comme si je lui parlais de ma famille.

Elle jette alors un regard mystérieux à Cromax, dont je n'arrive pas à comprendre le sens et que je préfère ignorer, le mettant sur le compte de ma fatigue. Elle continue ensuite par une question sur les roses à laquelle je répond par un simple sourire.

(Je me suis un peu avancé pour les fleurs... J'ai dans mes meilleures tentatives pu atteindre un total de 5 pétales, mais j'ai déjà les bases. Le reste viendra avec l'entraînement.)

La suite me fait par contre très vite déchanter. Mon sourire agréable se fige un instant pour retomber sec. Je n'apprécie pas le terrain dans lequel on entre, d'autant plus que je n'ai pas tout éclairci à ce sujet pour le moment. Ma réponse aurait pu se mêler à un rire sarcastique pour masquer mes réelles pensées, mais je n'en ai même pas la force, ni l'envie à l'instant.

"Ne connais-tu pas la légendaire cité de Nosvéria ? La vraie glace est éternelle, si bien que même une flamme ne peut la vaincre. la maigre durée de vie de cet art repose sur le talent de son créateur, tout simplement..."

Des sentiments contradictoires m'envahissent, surtout à la pensée de ma mère et de tout ce qui l'entoure. J'espère juste que Pulinn va vite reculer sur ce terrain car je ne sais pas trop comment je risque de réagir, entre ma méfiance et l'alcool courant encore mes veines, si on continue ainsi.


Les paroles de Pulinn concernant la rose me frappent de plein fouet, comme si une réelle révélation venait de m’être faite. Je ne comprends même pas comment je n’ai su y songer avant, une telle logique, sans faille, tellement sensée que désormais je ne souffre plus de la moindre hésitation sur sa capacité à fonctionner, ce qu’elle fait sans doute depuis plusieurs générations humaine, au cœur de ce temple. La rose… Elle ne se dévoile que couche par couche, d’abord les pétales extérieurs, les plus robustes, les plus solides, mais aussi les plus abîmés, qui s’étendent en de larges corolles rouges, offrant une indicible promesse de beauté et de parfum, bien que l’on n’en cerne pas encore l’essence suprême, à ce niveau…

Puis viennent les pétales internes, suivant la première ligne. Celles-là sont plus au courant de la beauté et de la senteur de la rose, bien que ça ne soit pour elles qu’un rêve lointain, peut-être même inaccessible. Et il en va ainsi jusqu’à ces pétales qui forment une couronne autour du cœur divin de la rose, le dernier rempart protecteur de ce cœur unique et tendre, si fragile, mais si beau et inaccessible. C’est cette couronne que j’apprends à atteindre, et Pulinn en fait déjà partie, en tant que gardienne de ces lieux. Et notre devoir est de protéger ce cœur, secret ultime du temple et de ce qui l’habite… Ce secret perdure depuis des temps immémoriaux, et il doit continuer à perdurer inlassablement, et c’est pour ça que je suis ici, et qu’on m’a confié ce rôle que je dois maintenant remplir, puisque j’en ai accepté le poids… bien que je n’aie pas réellement eu le choix…

(Bien sûr que si, c’était un choix !)

(Elle détient des secrets sur moi dont la révélation pourrait lourdement me porter préjudice… Je ne pourrais plus me présenter à Kendra Kâr, et serais chassé de la milice de Tulorim…)

(C’est donc un choix que tu as pris… Protection ou exclusion… Tu as bien fait d’opter pour le temple, c’était la plus sage chose à faire, mon amour.)

Ma discussion interne est interrompue par la réponse vive, et même un peu agressive de mon amant, qui semble se retrancher dans les derniers remparts protégeant ses propres secrets, sa propre vérité, qu’il la connaisse ou non. J’ai peur de la réaction de Pulinn à son égard, et de ce qu’elle pourrait faire à Lillith. Je sais sa force, et son pouvoir en ce lieu. Même s’il le voulait, Lillith ne pourrait pas rivaliser contre elle. La colère dont Pulinn pourrait se revêtir, bien que je ne sache si elle est à ce point susceptible, me fait peur, et je n’ai aucune envie de titiller cette rage en elle en la provocant. Inquiet, je pose une main légère et protectrice sur l’épaule de mon amant, tout en regardant fixement celle contre qui je ne peux me dresser.

Mais pour ma plus grande surprise, la seule réaction de Pulinn aux dires de Lillith est un sourire confiant et presque nostalgique. Elle lui répond d’une voix douce, lointaine presque, et son regard se perd dans le cou de Lillith alors que la lune est désormais à moitié fondue dans la main qu’elle a refermé sur la petite sculpture de glace sans sembler souffrir du froid que cela pourrait provoquer. Des gouttes filtrent entre ses doigts fins, et dégoulinent sur le sol ou le long de ses bras sans qu’elle s’en soucie.

« J’ai vu la cité de glace, Lillith. J’ai vu Nosveria et sa glace éternelle. J’ai vu la beauté froide de ses murs, de ces places et palais. Alors oui, je sais combien la glace est belle et durable… Mais une telle beauté n’est-elle possible que sur ces terres éloignées ? Tu parles de créateur… Imagine une cité entière construite avec la plus grande puissance de Yuia en personne. Tu n’as jamais été là-bas, sur les plus hauts sommets des Monts Eternels. Prétends-tu un jour être capable d’égaler cet art, Lillith ? Quel est ton but ? Y aller et la contempler ? L’imiter ou… surpasser ce qui a pu être fait là-bas ? »

À ces derniers mots, son regard est comme flamboyant d’une lueur envieuse et presque inquiétante, bien que cette lumière fait sans doute plus partie de mon imagination que de ce qui se passe réellement. Mais une vraie convoitise, une vraie admiration se pose dans ces yeux laiteux qui me regardent maintenant avec un sourire satisfait avant de se reposer sur ceux de Lillith, dans l’attente d’une réponse. De mon côté, je n’ai toujours pas déplacé ma main de l’épaule de mon glaçon…

Lillith a écrit:
Comme pour me soutenir dans cette discussion qui devient électrique entre moi et Pulinn, Cromax me pose une main sur l'épaule. J'apprécie ce contact doux qui vient à point nommé. En baissant un peu la tête, je touche tendrement le dos de sa main avec mon menton.

Mais l'orage ne vient pas, malgré mes quelques paroles peu diplomates. Le visage de Pulinn se couvre d'un sourire faible, comme au rappel d'un bon souvenir. Et quel passé ! Lorsqu'elle annonce d'un ton tranquille qu'elle a connu la cité millénaire de ma déesse, je tombe des nues et c'est avec un air béat au visage que je la fixe. La bouche entrouverte, j'ai du mal à me retenir de lui couper la parole pour lui en demander plus. j'ai tellement soif de connaissances sur le sujet que ma gorge recommence à me brûler, ou du moins, m'en donne l'impression...

Mais la suite coupe cette course à l'information, car elle a réveillé une toute autre partie de mon être. Enfin, après très longtemps, on oriente mon esprit vers l'avenir. Moi qui demeurait reclus dans mon passé, ou au mieux vivait l'instant présent au jour le jour... Et elle, Pulinn, a soulevé pour la première fois de ma vie la question de mon futur. Et la graine de l'ambition germe d'un coup dans mon être, ravissant le peu de logique qui n'était pas inhibé par l'alcool.

"Un jour, j'irais là-bas, et j'apprendrais de ma déesse."

Je sers le poing et le tend haut pour montrer une détermination toute nouvelle. Je penche aussi mon buste en avant comme pour me lever, mais mes jambes sont trop branlantes et la main de Cromax me dissuade de cette bêtise. Je poursuis néanmoins sur ma lancée.

"Oui, c'est ça. Un jour, je perfectionnerai cet art. Et j'irai le plus loin possible, je ferai aussi bien que Yuia, non pas en l'imitant, mais en suivant ma propre voie. Et s'il le faut, j'amènerai une nouvelle ère glaciaire pour rendre immortel le monde que je créerai !"

Je me surprends moi-même à chacun de mes mots, grimpant toujours plus dans les octaves. A la fin, ma voix était claironnante et sûre d'elle, bien plus que je ne le suis en réalité quand je suis sobre. Je lis dans le regard de Pulinn le reflet de ma propre ambition grandissante.

Je reste figé dans un sourire carnassier, l'air encore un peu rêveur.


Pulinn a touché juste ! Ses paroles, bien qu’elles n’aient pas la même signification pour moi que pour mon doux flocon émoustillé, ont directement frappé là où elles devaient arriver, et Lillith se voit changé, soudainement motivé par les mots de l’elfe blanche, ragaillardi par une promesse, une impulsion qui a explosé sous mes yeux sans que j’en comprenne le sens. Je ne connais pas Nosveria, la mythique cité dont ils sont en train de parler, et je ne peux donc pas saisir totalement le sens de cette discussion qui petit à petit m’échappe. Mon attention diminuée par l’alcool dans mon sang ne tient plus la route, et c’est avec difficulté, mais presque plus de compréhension, que je vois Lillith commettre des gestes vainqueurs et déterminés. Quand il tente de se lever, ma main reste comme accrochée à lui, et le retient presque dans son élan. Peut-être est-ce mieux ainsi. Il aurait peut-être commis un impair à chuter devant la belle Pulinn, reine de mon admiration du moment. Il reste donc assis, mais ma main, elle, tombe sur ses genoux, et je la récupère sans même y faire attention, trop troublé par le changement qui vient de s’effectuer chez l’homme des glaces.

Je ferme un instant les yeux, pour me remettre de cette vue plus très nette qui semble échapper à toute mon attention déviante. Lorsque je les rouvre, l’elfe et l’humain se taisent, tous les deux perdus dans leurs pensées lointaines et mémorables, ou pleines d’une ambition nouvellement trouvée. L’un comme l’autre ont le regard vide, clair, éloigné. L’élan de folie de mon amant des montagnes ne m’a même pas plus surpris que ça… Il est spontané, et je suis bien placé pour le savoir, même si une telle fougue est rare chez lui…

C’est alors que je remarque un laquais, une sorte de serviteur en tenue rouge, pareil à celui qui m’avait apporté cette douce liqueur mielleuse, au cours de l’après-midi. Il est posté à côté de la gardienne magnifique du temple, et semble attendre la fin de sa béatitude contemplation mentale avec quelque peu d’impatience, bien que n’osant pas la troubler dans ses profondes pensées. Et elle ne tarde pas à revenir à elle, regardant Lillith, puis moi, pour enfin poser son regard sucré et clair sur l’homme en tenue de service, alors que je suis déjà suspendu à ses lèvres, curieux de voir pourquoi il interrompt un si bel échange… Mais ma curiosité n’est pas ici satisfaite, puisque l’homme se penche vers la belle elfe et lui susurre doucement tout un discours à l’oreille, s’assurant que nous n’entendions pas ce qu’il a à dire en plaçant une main presque en travers de sa bouche, n’osant pas non plus toucher la peau satinée de Pulinn, comme s’il s’agissait là d’un sacrilège que de l’approcher de trop près.

Après une dizaine de seconde de blablatage intempestif, répit durant lequel je prends les mains de mon amant dans les miennes pour lui sourire sincèrement, lui adressant à distance un petit baiser aérien lui prouvant tout mon attachement, Pulinn congédie le laquais d’un élégant geste de la main, un sourire radieux et coquin collé sur les lèvres et sur tout le visage. Elle se tourne alors vers nous et nous annonce d’une voix qui susurre et murmure :

« Je crois qu’il serait plus agréable pour nous de poursuivre cette conversation loin de regards ou oreilles trop curieuses, mes doux seigneurs… Suivez-moi, et souffrez que nous devenions tous trois plus intimes… »

Elle se lève alors d’une manière plus gracieuse et féline que jamais, nous laissant intentionnellement, mais presque innocemment, profiter du décolleté plongeant et généreux de son corsage évasif et féérique, qui ne semble plus cette fois contenir de lettres ou autres papiers privés et secrets, mais juste sa poitrine délicate et frémissante, quoi que sur le coup, c’est plutôt mon être tout entier qui frémit du bonheur que me procure cette vision enchanteresse… Son geste est suivi d’un déhanché langoureux suite auquel elle nous tourne le dos avant de partir vers une des alcôves bordant le bâtiment, près de laquelle elle s’arrête avant d’écarter doucement les lourdes tentures pourpres pour se glisser à l’intérieur.

Je regarde un instant Lillith, avant de me pencher vers son cou où je dépose un délicat baiser.

« J’aurais peut-être dû te prévenir… Elle est… Délicieuse, n’est-ce pas ? »

Sans attendre sa réponse, je me lève à mon tour et prend la main du glaçon pour l’entrainer à ma suite alors qu’à mon tour, je me dirige vers l’alcôve fermée de rideaux et dissimulant un moelleux matelas recouvert de rouge et de bordeaux, de soie et de satin… J’y arrive assez rapidement, et en écartant un pan du lourd tissu qui, durant un moment trop long, a caché de mes yeux la splendide Pulinn, je vois apparaitre un nouveau spectacle délicieux, celui de l’elfe blanche sensuellement allongée sur ce matelas délicat, une jambe tendue et j’autre repliée voluptueusement vers la voute de ce vrai petit nid d’amour, alors qu’elle se mordille lascivement les doigts en attendant notre venue. Sans plus attendre, j’emmène avec moi Lillith en prenant bien soin de refermer les tentures derrière notre passage, et je m’allonge près de la semi-déesse charnelle, de sorte que Lillith puisse lui aussi s’installer avec tout le confort nécessaire. Il faut dire, ce matelas est certainement fait pour accueillir plus de deux personnes, c’est un fait. J’enjoins donc mon glaçon de venir poser son visage dans l’angle que forment ma tête et celle de Pulinn, où son corps sera presque prisonnier entre les nôtres, dans un doux étau pas oppressant le moins du monde.

Lorsqu’il est confortablement installé, Pulinn reprend la parole, mutine.

« Confortable et intime, que demander de plus ? »

Elle rit un peu en caressant avec légèreté mon bras sur lequel ma tête est appuyée du bout de ses doigts fins, avant de reprendre en regardant Lillith.

« Plus sérieusement, si nous pouvons en ce lieu parler de sérieux, je préférais rester ici, où nous ne serons plus interrompus. Cette conversation me passionne réellement, ami cryomancien, et j’aurais encore quelques questions à te poser… »

Elle laisse le silence retomber, alors qu’elle respire presque bruyamment, sans que ça soit dérangeant, laissant son souffle tiède et moite glisser sur la peau de nos visages, avant de reprendre.

« Tu parlais tout à l’heure d’une ère glaciaire… Une telle chose ne peut-être prise à la légère, tu le sais. Et je crois qu’une préparation à de telles ambitions s’avère nécessaire. Ce qui m’intéresse le plus dans ce que tu as dit est le fait que tu veux suivre ta propre voie… As-tu déjà une idée de comment faire ? Tu as l’âme d’un artiste, Lillith, mais quel est ton style ? »

Lillith a écrit:
Perdu dans mes rêves, je contemple dans les yeux de Pulinn mes propres ambitions. Au bout d'un moment, je remarque un garde comme ceux de l'entrée se rapprochant. En fait, c'est peut-être bien l'un de ceux de l'entrée, je me souviens mal.

Il se penche pour chuchoter quelque chose à l'oreille de la belle elfe blanche, me sortant un peu de ma torpeur. Je me concentre alors plutôt sur mon amant, redescendant un peu sur terre après mes élans fous de grandeur. Il me prend les mains et m'adresse un sourire confiant que je lui rend timidement.

Pour passer le temps pendant le rapport de l'employé pourpre, il me lance un baiser mimer auquel je réponds par une caresse sur son pouce et un clin d'oeil.

(Quand même, il m'a emmené dans un endroit étrange... et m'a présenté une femme plus que mystérieuse.)

Celle-ci, finissant ses cachoteries, nous invite à nous retirer dans un endroit plus privé. Peut-être que mes ambitions d'alcoolique voulant congeler le monde ne sont pas du goût de Pulinn et qu'elle préfère éviter d'ébruiter de telles sottises. Quoi qu'il en soit, elle s'éloigne de manière plus que provocante et Cromax profite de cet interlude pour jeter ses lèvres fougueuses dans mon cou pour le couvrir d'un baiser frais. Ne sachant toujours pas quoi penser de Pulinn, mais ayant finalement décidé de repousser mes soupçons, je me contente d'une réponse évasive à la question de mon amant.

"Ouais, on peut dire ça..."

Je me lève péniblement à la suite de Cromax pour suivre Pulinn. Elle nous mène dans une alcôve cachée par un des multiples rideaux rouges. Les deux elfes s'installent tranquillement sur la banquette, me laissant plus vraiment de place dans ce coin clos plutôt étroit. Mais ce n'est pas faute d'essayer et ils se serrent sur les cotés pour que je puisse me caler entre eux deux, de manière très... intime...

Le rapprochement des corps et les frictions entre nos peaux me changent complètement les idées et ma lubricité se réveille. Je me lance dans une caresse lascive de la poitrine de Cromax.

Mais je suis vite arrêté dans mon élan. Pulinn ramène sur le tapis le sujet sérieux de mes ambitions et coupe court à l'onirisme de mes projets de cryogénie. C'est sûr que congeler le monde n'est pas à l'ordre du jour avant très longtemps, mais c'est rude de retomber ainsi sur terre, et d'autant plus que cela coupe mes débuts de caresses envers Cromax.

Mais il y a tout de même quelque chose de surprenant dans ses paroles, c'est qu'elle ne semble pas rejeter complètement l'idée. Cela me laisse perplexe, mais la suite ne me donne guère plus de temps de réagir. Je me fige à sa question, levant mes doigts qui trainaient sur la peau de Cromax.

"Je ne sais pas vraiment quel est mon style, j'ai encore beaucoup à apprendre avant de pouvoir le trouver. J'ai pu développer ma puissance durant le voyage que j'ai fait avec Cromax, mais la technique est encore un vaste champ à défricher pour moi."

Mon ton peut paraître un peu dur, mais je ne vois pas quoi dire de plus là-dessus, ou si peu.

(Certaines choses ne sortiront pas de ma bouche, peu importe le charme elfique le plus puissant.)


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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:26 
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Un glaçon au Temple des Plaisirs 3 :


Lillith n’a pas l’air plus emballé que ça par la magnificence de Pulinn… L’attirance qu’il a pour moi endort sans doute sa libido, et il semble incapable d’éprouver le moindre désir charnel, puisque qui résiste à Pulinn est capable de résister à toutes les créatures de chair qui peuplent ce monde, il n’y a pas photo. J’en tire presque une grande fierté, lorsqu’il choisit de venir se lover plus près de moi que de la gracieuse et fabuleuse elfe blanche, qui n’en prend pour autant pas ombrage, loin de là, souriant toujours admirablement en dévoilant ses dents claires et éclatantes. Mais en cet instant, mes envies se tournent plus vers mon glaçon, qui entreprend de me caresser le torse de ses mains habiles et fougueuses, dont le toucher audacieux me manque presque déjà… Et intérieurement, je sais qu’unir mon corps au sien alors que Pulinn est témoin de la scène ne me dérangerait pas loin moins du monde, et exciterait même plus mon désir… Mais ces envies déviantes et libidineuses ne sont pas d’actualité, puisque Lillith abandonne sa douce entreprise sur mon corps envieux de lui pour répondre assez sèchement à la belle hôtesse qui nous reçoit gracieusement sur ce matelas intime et confortable, pour reprendre ses termes.

Ainsi, il affirme ne pas savoir quel est son style, et avoue avoir beaucoup d’apprentissage devant lui pour arriver à ses fins étranges dont il dictait les conséquences et formes l’instant d’avant, dans la salle principale. Encore une fois, je redoute l’éventuelle réaction de Pulinn, mais je ne peux que m’étonner une fois de plus de voir qu’elle garde un calme placide et serein, et que c’est d’une voix douce qu’elle consent à répondre une fois de plus à Lillith, posant une main aérienne entre la nuque et l’épaule de mon amant glacé.

« Pourquoi es-tu autant sur la défensive, Lillith. Je ne te veux aucun mal. C’est ton art, ton envie, ton désir, et je ne pourrais me permettre de te l’enlever. Tu es et resteras maître de toi-même et de tes souhaits, cryomancien. Mon seul souhait, à moi, c’est que tu t’épanouisses selon ce que ton cœur, ton corps et ta tête désirent. Et je peux t’y aider. Je veux t’y aider… Mais pour ça, tu dois me faire confiance, humain. Je sais que c’est difficile à concevoir, alors que nous ne nous sommes jamais parlé auparavant… Mais tu dois savoir que jamais je n’ai trahi un engagement lorsque celui-ci était respecté. »

Elle aventure alors avec audace, mais douceur, ses doigts fins sur le cou de Lillith, puis dans ses cheveux ébouriffés, sous mon regard surpris, alors que ma propre main passe doucement sur son cuir chevelu, où je mettais toute ma tendresse. Sans même que j’en prenne réellement conscience, dans un premier temps, les doigts de Pulinn croisent les miens et nos mains se rencontrent et se caressent, se touchent, curieuses et taquines, ne quittant pas l’arrière du crâne de mon chéri glacé. Je ressens une réelle plénitude à sentir ainsi cette peau plus douce que le satin sur lequel je suis allongé tout en gardant un contact avec mon flocon.

Mais elle abandonne ce contact si rassurant et doux pour récupérer sa main, qu’elle pose sur la fine couverture, près du ventre de Lillith, tout en reprenant la parole.

« Tu connais les montagnes, n’est-ce pas ? Tu as déjà été dans le temple de Yuia que les Duchés abritent… ça ne fait aucun doute… Mais y es-tu retourné, dans ces montagnes, sur cette neige éternelle, depuis que tu as assemblé toute cette puissance ? Ne serait-ce pas le moment idéal pour y faire un voyage, et voir où en sont tes pouvoirs, au meilleur de leur capacité ? »

Son regard est à nouveau allumé d’ambition partagée, autant pour elle que pour mon doux amant des neiges. Je passe mon bras autour de sa taille pour doucement l’étreindre, et me lover contre lui, sans plus déranger sa discussion, tendant moi-même toujours une oreille attentive tel l’élève que je suis…

Lillith a écrit:
Pulinn tente de me charmer et de briser la glace que j'ai mise entre nous. Elle veut me pousser à la confidence plus que je ne le peux. Elle joint à son discours mielleux des caresses dans mes cheveux, lascives et tendres.

La main de Pulinn et celle de Cromax se croisent dans leurs ballades capillaires et jouent un jeu bien agréable. Je commence à me laisser aller, oubliant un peu mes prérogatives envers l'elfe inquisitrice.

Je me laisse faire, subissant leur doux châtiment avec ravissement. La main de Pulinn court rejoindre mon ventre, ce qui n'est pas non plus désagréable, mais elle poursuit ses questions, toujours plus poussées.

"C'est sûr qu'un retour dans mes montagnes sera important par la suite, mais je réserve ça pour plus tard. Par contre, je dois confesser n'avoir jamais vu les ruines du temple de Yuia, perdu dans les montagnes des Duchés. Certains soucis ont stoppé mon expédition, coupant net mes recherches sur le Livre de Yuia."

Je suis plutôt content de la piste du temple, évitant les sujets épineux sur lesquels on stagnait depuis un moment, et je peux donc me libérer et parler plus ouvertement à celle qui me travaille au corps, au sens propre comme au figuré. Avec ce que j'ai pu entrevoir de la belle, l'introduction dans le dialogue de livre mythique, à moitié volontaire, pourrait l'intéresser grandement.

Cromax me serre contre lui, m'enlaçant tendrement. Je réponds à son geste en lançant un bras en arrière pour tâter son postérieur royal avec délectation.


Lillith, me surprenant un peu, semble apprécier les caresses que Pulinn et moi lui faisons avec douceur et tendresse, et se laisse gagner par une sorte de léthargie consciente de bien être. Je suis content de voir que mon amant se décrispe enfin un peu, et accueille avec bienveillance son laisser-aller soudain, son abandon à nos mains et à nos corps. Même dans sa réponse à la belle elfe, il semble plus détendu, plus serein, comme si ses angoisses irraisonnées s’étaient évanouies par les paroles apaisantes et confiante de Pulinn, ainsi que nos pulsions tactiles sur sa peau humaine.

Il parle d’un retour dans les montagnes, et par là, j’entends un éloignement de ma personne. Je devais m’y attendre, nos chemins ne pouvaient pas garder la même route indéfiniment, mais je sais que mon attachement pour lui, peu importe où il soit, près de moi ou très éloigné, restera indemne et fort, et que maintes pensées lui seront dédiées, à lui et à son corps de rêve, ainsi qu’au rêve que j’ai accompli en m’unissant avec lui, bravant toutes mes peurs, tous mes aprioris et aussi le regard inquisiteur et juge des autres qui ne sont pas aptes à comprendre, et donc encore moins à accepter…

C’est mieux comme ça, après tout, qu’il aille faire un peu sa vie, vivre ses buts personnels, de son côté. Moi aussi j’ai de nombreuses choses à faire, maintenant que mon insouciante attitude du passé s’est alourdie de tâches bien nouvelles et curieuses pour moi. Ce que je cherchais à savoir sans réellement chercher à le trouver m’est presque tombé dans les mains en une fois, comme un coup de hachoir sur un steak saignant, et a éveillé en moi une nouvelle couche de mon être, que je ne connaissais pas, que je ne soupçonnais même pas… Je ne suis plus aussi libre qu’avant, désormais. Enfin… Libre, si, mais je ne peux plus me permettre de vaquer à mes désirs de voyage sans réellement y apporter un but, car en chacune des villes, chacun des endroits que je visiterai à partir de maintenant, j’aurai un devoir à effectuer, une liste de tâches, d’obligations morales qui seront dans un futur plus ou moins proche fort utiles, et même nécessaires pour ma survie, je le pressens…

(Pourquoi te sens-tu en danger, mon amour ? Le destin est avec toi, l’aurais-tu oublié ?)

(Je me réserve le droit de décider de mon propre sort, Lysis. Et je ne sais pas encore quelle voie choisir, celle que tu me proposes ou celle que me dicte mon cœur et mon enseignement.)

(Foutre de cette bonté d’âme et des enseignements de ce vieux radoteur d’elfe sylvain ! Tu n’es pas comme ça, ça ne fait partie de toi que par un malheureux hasard, une malchance indigne d’un être comme toi…)

(Et pourtant, ne m’as-tu pas dit avant que le destin était avec moi ? Pouvons-nous reléguer au simple rang de hasard le fait que je me sois retrouvé là, dans cette forêt, au lieu d’aller vers le sort qui m’était réservé ?)

(Tu ne sais rien de ce qui t’étais réservé, Cromax. Rien !!)

(Peut-être puis-je le deviner, mais qu’importent mes visions à ce sujet, elles ne sont pas appréciables… Je suis content de la vie que j’ai actuellement, et de celle que j’ai eue jusqu’ici…)

Mes pensées intérieures m’empêchent de bien suivre le cours de la discussion qui se poursuit pourtant sans moi, entre Lillith et Pulinn. Je ne perçois dans les mots de mon magicien que son envie de retourner dans les montagnes, et quelques propos concernant un temple et un livre sacré, renfermant des secrets, certainement. Ma conversation mentale avec Lysis finit quand l’elfe blanche, le regard illuminé par ce qu’elle vient d’entendre, répond avec engouement à mon doux amant, alors que celui-ci passe son bras autour de moi pour me malaxer le derrière, m’arrachant un petit gémissement de surprise et de plaisir…

« Le Livre de Yuia ? Mais c’est l’évidence même, Lillith. Un tel artefact doit te revenir ! Il y a à mon avis peu de mages de glace qui ont tes ambitions, il est donc normal qu’il te revienne… Mais prends garde, cependant. Il renferme bien plus que des simples formules magiques… Et pour le manier, il faut être doté d’une prudence extrême… La moindre erreur pourrait t’être fatale, Lillith. Et ça désintègrerait d’un coup toutes les belles choses que tu prévois… Tu dois le trouver ! Et surtout ne pas l’ouvrir directement. Ça serait une erreur grossière… Amène-le en ce lieu où paisiblement tu pourras le consulter, alors qu’il sera à l’abri de tout danger. Les Gardiens de la Rose seront là pour veiller sur lui et le préserver de regards étrangers et indésirables… »

Lillith a écrit:
Je souris d'aise en me rendant compte que j'ai réussit à surprendre pour la première fois mon amant dans nos jeux amoureux, lui arrachant un hoquet de surprise. Je continue mes attouchements fermes pour ne pas le priver d'un plaisir montant, tout en écoutant attentivement la réponse de Pulinn.

Celle-ci, pour changer, semble connaître bien des choses sur le Livre. Elle réanime mon envie de le trouver, désir qui avait disparu sous un coma, une fuite vers l'inconnu et les affres de Verloa. Mais ses avertissements m'inquiètent un peu.

"Des dangers autour de l'ouverture du Livre ? Le sage Moboutou ne m'avait parlé de rien de tel !"

J'efface mon air alarmé pour reprendre mes rêves d'ambitions par la queue.

"En tout cas, il est clair que ce livre m'est destiné... Ce n'est pas un hasard si l'on ma lancé sur sa piste une fois et qu'on me la rappelle maintenant. Et quand je vois les piètres compétences de mes pairs, je me dis parfois qu'il n'y a vraiment pas de doute à avoir."

Par pairs, j'entends surtout Arévoès, dont la magie de glace était tout juste bonne à baisser la fièvre ou refroidir un verre d'eau. Evidemment, le grand-prêtre du temple de Kendra-Kar doit être assez puissant, mais le clergé n'a pas la trempe pour savoir utiliser une telle merveille.


Les détours de la conversation m’échappent désormais complètement. Ils parlent d’un livre dont j’ignore tout, mais qui semble pourtant porter une réputation assez imposante, et sans en douter très importante pour mon amant visiblement aussi expert que Pulinn sur la chose. La conversation qui était ouverte et privée semble prendre un tournant qui se rapproche plus de la discussion autour d’un thé sur une petite tablette en acajou dans un quartier riche de la ville, vers 17h, avec un nuage de lait et un peu de sucre. C’est tout juste si en parlant, ils ne lèvent pas le petit doigt, causant de magie et de secrets renfermés dans des livres.

Je sais combien le savoir renfermé dans les grimoires et parchemins est précieux, et qu’il ne faut en aucun cas prendre ces dons d’autres temps à la légère, car ça nous apporte savoir et sagesse, puissance même, parfois. Mais la vie et ses secrets se sont pas renfermés entre deux couvertures de cuir, ou sur une page de parchemin usé. Sa vie, il faut la tracer soi-même, en se démarquant des autres pour ne pas tomber dans une lassante banalité, une ennuyante répétition de journées identiques et sans réelle action… Les livres ne doivent servir qu’à savoir ce qui a déjà été fait en vue de faire mieux, de compléter, et non d’imiter stupidement comme ces humains bâtisseurs se bornent à faire sans originalité. Tous ces bâtiments carrés, stricts, impersonnels. On dirait presque qu’il est mal vu d’avoir de la personnalité, de l’originalité, du caractère. C’est sans doute pour ça que je préfère la vivante et animée Tulorim à cette blanche et uniforme cité.

(Haa Tulorim me manque…)

(Tu devras bientôt y retourner, mon amour…)

(Je l’espère tant… Même si l’annonce de ce présage dans ta bouche sonne comme le glas d’ennuis inévitables…)

Je ne sais même plus ce que les deux autres personnes partageant la couche racontent, maintenant. Je me contente de me satisfaire des tendres et passionnées caresses de mon flocon sur ma croupe qui lui est toute offerte, alors que son corps est plaqué contre le mien. Ma main glisse sans gêne, ni pour Lillith ni pour Pulinn, le long de son torse, sous sa chemise, et je caresse sa peau de mes doigts souples et envieux. Mais lorsque la douce et agréable elfe blanche se redresse, je ressens un soudain sentiment de culpabilité, comme si j’avais fait une erreur à un instant crucial que je n’aurais pas pu discerner par mon manque d’attention… J’arrête de bouger, la main contre les pectoraux cicatrisés de mon amant, et je la regarde d’un air neutre, sans savoir si je vais me prendre une remarque négative, espérant ne pas lire de la déception dans ses yeux.

Mais je n’y vois rien de tel. Elle regarde le magicien, confiante et visiblement conquise par mon choix, et lui adresse une nouvelle fois la parole d’un ton amical.

« Si c’est ce que te dicte ton cœur, il n’y a en effet aucun doute à avoir. Va, quand tu seras prêt. Retourne dans les montagnes et ramène ici ce précieux artefact qui fera de toi quelqu’un de puissant, grâce aux secrets qui y sont inscrits. Ce n’est pas autour du livre que le danger repose, mais à l’intérieur, entre les pages. Le pouvoir est dangereux, lorsque l’on ne sait pas s’en servir. Il faut l’apprendre petit à petit, pour ne pas tomber dans une frénésie insensée… »

Elle me regarde alors, en plissant les yeux. Nous ne devons pas avoir bonne mine, Lillith et moi. Ça sera notre première nuit dans un vrai lit depuis longtemps, et nos traits sont tirés par la fatigue et l’alcool… Il se fait tard, et Pulinn semble le comprendre aisément…

« Je crois qu’il est temps que je vous laisse tous les deux, maintenant. Vous avez sans doute des choses à vous dire… »

Elle se penche alors vers mon amant, dont elle embrasse délicatement la joue, presque maternellement… Elle se dresse alors par-dessus lui à quatre pattes pour m’atteindre à mon tour, et son visage se mue en une moue coquine. Elle me fait un clin d’œil avant de me lécher la joue, féline.

« Bonne nuit… »

Et ce sont là les derniers mots de la semi-déesse qui quitte notre abri intime en se dandinant gracieusement à quatre pattes pour s’en aller vers d’autres occupations… Sa nuit sera peut-être encore longue, qui sait…

Quand elle disparait derrière les tentures, mon regard reste fixe pendant quelques instants, où je respire profondément, souriant béatement. Puis, mes yeux se tournent vers Lillith et deviennent hagards. Je lui laisse l’initiative de la parole, l’enjoignant à me livrer ses pensées les plus impulsives, son témoignage à chaud, ou tourner cette page pour la garder pour lui seul…

Lillith a écrit:
Pulinn s'écarte de nous et prend une position assise, prête à passer le voile pourpre fermant l'alcôve. Elle dit approuver mes recherches sur le Livre et me conseille d'aller le chercher. Ou plutôt, elle m'ordonne d'aller le chercher. J'ai du mal à voir exactement sa position, mais il est clair que c'est plus qu'un simple avis, tout en n'ayant pas l'air d'un ordre sec comme ceux de Bogast.

Elle s'en va alors, nous laissant à nos affaires et moi plutôt démuni. j'avoue ne pas savoir trop comment réagir. De toute façon, il faudra que j'aille chercher le Livre, même sans son avis.

Maintenant que la présence envoûtante de l'elfe blanche ne trouble plus mes sens, je réalise la complète étrangeté de la discussion qu'on a eu. Je remarque alors avec effarement qu'on a beaucoup parlé de choses qui me sont très liés, mais rien sur Pulinn ou le temple. Je sais juste "qu'elle ne veut que mon bien" !

Je me tourne vers Cromax qui m'enlace toujours aussi tendrement.

"Bien... hum... Elle est particulière... En tout cas la discussion était intéressante..."

Puis n'y tenant plus, je lâche alors toutes mes questions encore sans réponses.

"Mais.. Qui est-elle ? Pourquoi voulais-tu me la présenter ? Et cet endroit, c'est quoi au juste ? Je suis quand même un peu perdu là."

(Et puis j'ai mal au crâne et le fatigue se fait insistante...)

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:30 
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J’attendais des questions de la part de mon amant, et on peut dire que je suis servi. Après un commentaire judicieux et certainement très recherché pour définir sa façon de voir Pulinn sans trop se mouiller en considérations subjectives et personnelle, il m’assaillit littéralement d’interrogations diverses et multiples, témoin de l’incompréhension et du déboussolement qu’il m’avoue juste après, et qui se voit aisément au fond de ses yeux clair. Je ne savais pas mon amant si curieux, et tout à coup, je me rends compte que les promesses que j’ai faites, les engagements que j’ai pris en acceptant mon rôle ici seront sans doute plus dures à tenir que ce que j’avais imaginé. Comment n’ai-je pas pensé que tant de secrets, de choses tues, de mystères attireraient des questions et des fureteurs impatients. Dans le cas de mon amant, c’est compréhensible, je l’ai littéralement fourré dedans sans réellement lui demander son avis. Et maintenant, c’est à moi d’assumer ses questions et d’assurer mes réponses sans rien dévoiler d’interdit…

Souriant à mon amant, je prends un air confiant qui n’est qu’à moitié joué, puisqu’entre ses bras, toute la confiance du monde peut être en moi. Je le regarde fixement en silence, souriant, cherchant des yeux ses lèvres sensuelles entrouvertes dans son interrogation comme si je voulais l’embrasser fougueusement, mais que je me retiens… En réalité, je cherche tout bonnement quoi répondre. Je n’ai pas encore l’habitude de ce genre de chose, et si je suis habituellement spontané et direct, mais là, je ne peux pas dire ce qui me passe par la tête, n’importe quoi… Pourtant, l’envie de poser ma langue contre sa douce bouche est bien présente, et un instant je me demande ce qui serait préférable, de l’embrasser fougueusement toute la nuit ou de lui répondre d’abord.

Finalement, je cède à mes instincts primaires, à mes envies charnelles, et j’avance la tête vers lui, posant mes lèvres sur les siennes, et unissant nos suaves salives alcoolisées. Ce faisant, ma main mutine vient se reloger contre son torse musclé, alors qu’elle l’avait quitté pour qu’il se tourne vers moi, et recommence ses caresses langoureuses et provocatrices… Mais bien vite, comme pour me faire désirer, je me recule, décidant de quand même répondre à celui qui partage ma couche avant de poursuivre ce baiser…

« Qui elle est ? C’est Pulinn, une gardienne de ce temple particulier. Une personne que j’ai rencontrée cette après-midi et qui m’a adopté en quelque sorte, ainsi que tout cet endroit magnifique. Tout ceci fait partie de moi, maintenant, et c’est pour ça que je voulais t’y emmener, parce que tu compte pour moi, et que je ne voulais pas que tu manques un tel lieu. Cet endroit, je le découvre en même temps que toi, presque. C’est un lieu unique, et exceptionnel. C’est un endroit où l’accomplissement de tes désirs est prôné, où rien ne t’es interdit de dire ou de penser, ou même de faire, du moment que ça n’entrave pas la liberté d’autrui… C’est un lieu qui me correspond, Lillith. C’est à ça que je ressemble, ou en tout cas une partie de moi. Un lieu de liberté et de vie, de beauté et de savoir. »

Je reprends ma respiration, qui s’est amenuisée d’excitation pendant mon discours sur le temple. Je prends alors le temps de me calmer, et la lueur de folie de mes yeux devient lueur de tendresse. Ma voix se fait alors plus douce, plus hésitante, car le sujet que j’aborde là est plus qu’épineux, et me concerne directement. J’ai envie de lui dire le maximum, mais je ne le peux… je ne peux savoir sa réaction…

« Tu sais… je n’ai pas de famille, ou du moins je ne la connais pas, et ne l’ai jamais connue… Ces personnes, cette Pulinn m’ont accueilli ici comme s’ils m’y attendaient. Pulinn m’a donné plus d’informations sur ma famille que j’en ai appris par moi-même durant toute mon existence, déjà si longue… Je sais maintenant que ma mère est en vie, et je sais aussi que j’ai… une sœur… bien que j’en sache encore peu sur elle… »

Je m’embrouille un peu, et retrouve un silence un peu gêné… En réalité, j’en sais bien plus que je ne peux le dire… à la place, je serre fort mon amant, plaquant ma tête contre son épaule pour ne pas qu’il voit le trouble qui m’assaille…

Plus je pense à ces révélations, plus je suis mal, comme si j’étais coupable de ce que j’ai appris…

Lillith a écrit:
Cromax prend son temps pour me répondre, perdu dans une contemplation que j'estime être le meilleur compliment sur ma beauté, bien plus que toutes les paroles de Pulinn. Ni tenant plus, il rapproche ses lèvres délicates pour m'embrasser fougueusement avant de répondre tranquillement.

J'écoute sagement ses explications, essayant de tout appréhender malgré mon enivrement qui fait tout pour me rendre inattentif. Je comprends déjà un peu mieux les raisons qui nous ont menés ici et tout ce qui va avec.

Alors qu'il reprend son souffle j'opine lentement.

"D'accord..."

Il aborde alors un sujet beaucoup plus délicat. Je le fixe dans les yeux, comprenant l'importance pour lui de cette histoire. J'avais pu apprendre durant notre voyage sa triste enfance, et l'arrivée soudaine d'information sur sa famille. Il vient de gagner une mère et une soeur. Encore sous le choc, Cromax semble troublé, et loin de son habituelle assurance. Il m'enlace et se cale au creux de mon épaule. Je passe mes bras réconfortants dans son dos, ayant une prise ferme pour lui assurer mon soutien. Puis je lui susurre à l'oreille quelques paroles douces.

"C'est formidable ! Je suis heureux pour toi."

Je laisse le silence et les gestes faire un peu leur œuvre, puis reprend sur les sujets de la soirée.

"Désolé de t'importuner à nouveau avec ça, mais il y a encore un point qui demeure encore obscure pour moi. Pulinn, cette maîtresse du temple des plaisirs... Pourquoi s'intéresse-t-elle autant à mes pouvoirs et au Livre ? J'ai du mal à voir le rapport avec tout le reste."


Lillith semble accepter mes raisons et ne pas mal prendre mes révélations évasives, ne posant même pas de questions dessus, ce qui est pour me rassurer au maximum, puisque je n’aurais pas su que lui répondre sans mentir, car je ne peux lui avouer toute la réalité, je ne veux pas, car j’ignore la réaction qu’il pourrait avoir… Et je n’ai aucune intention de la connaitre, ou tout du moins pas maintenant.

En fait, il parait même plutôt heureux pour moi, comme le confirment ses mots doux, ses murmures au creux de mon oreille alors que nous nous enlaçons doucement, nous laissant porter par nos envies de tendresse du moment. Le silence revient entre nous, et je profite de cet intermède sans paroles pour fermer mes yeux et tenter de vider mon esprit, de ne plus penser à toutes ces histoires tortueuses et accablantes, ne profitant plus que de l’instant que je vis là, avec mon glaçon. Un moment complice et doux, loin de tous les tracas qui ont traversé ma vie, ces derniers temps.

Et c’est alors que je plonge doucement dans les nimbes profonds de cette tendresse apaisante que mon amant me pose une question sur la conversation qu’il a eue avec Pulinn. Je me redresse, un peu surpris de son interrogation, avant de lui sourire avec sympathie. Tout en défaisant les liens de cuir de mon armure qui m’encombre, sur cette couche de satin et de soie, je lui réponds d’une voix faible, à peine soufflée hors de ma bouche.

« Elle s’y intéresse parce que c’est ce qui compte pour toi. Elle te l’a dit, elle cherche ton bonheur et ton épanouissement. Ne t’a-t-elle pas affirmé que c’était le but de ce temple ? C’est un lieu dédié aux plaisirs, et ce livre, cette magie, c’est ton plaisir à toi… Par contre elle n’est pas maîtresse en ce lieu, elle en est juste la gardienne d’honneur, si on peut appeler ça comme ça… »

Une fois ma réponse formulée, je me débarrasse lentement du reste de cette armure qui m’enserre et me donne chaud, dans ce lieu déjà surchauffé qui m’avait déjà mis mal, l’après-midi. Je case tout dans un coin de l’alcôve avant de me retourner vers mon amant à nouveau.

« Pfiou, il fait chaud ici ou c’est moi ? »

Lillith a écrit:
Cromax se redresse à ma question et me renvoi en réponse un sourire. Les explications qui le suivent ne me plaisent qu'à moitié, car je les trouve encore remplies de faux-semblants et de justifications bancales.

(Mais après tout, c'est peut-être moi qui ai du mal à percevoir les choses correctement. Après tout, la soirée a été plus qu'arrosée et j'embrouille un peu mes pensées...)

Je me satisfais donc de ses réponses et en profite pour le mater alors qu'il se débarrasse de son armure pour se mettre plus à l'aise dans la couchette que nous partageons.

"Oui, il fait chaud ici..."

L'imitant, je retire ma chemise déjà bien ouverte, puis s'en suit le pantalon de toile que quelques acrobaties envoient contre le mur pour me laisser nu.

"Mais je peux aussi calmer tes propres ardeurs."

J'ose un ton mutin sous le coup de la déshinibition totale qui m'a accompagné toute la soirée. Je m'approche de lui l'aider à défaire les derniers vêtements cachant la splendeur de ses muscles finement ciselés et l'embrasser pour la énième fois de la soirée, entamant ainsi un nouveau jeu amoureux avant que la fatigue nous emporte dans les limbes. Dans la pseudo-intimité que nous offre notre alcôve, je me lâche enfin, après tous les préliminaires qui m'ont un peu frustré par l'impossibilité d'aller plus loin à cause des gens nous entourant.

Après avoir goûté à ses lèvres, je descends une langue avide dans son cou, puis sur son torse pour dessiner quelques arabesques de bonheur pur, avant de continuer le chemin du désir. Je veux redécouvrir son corps, dans son entièreté, comme si Verloa n'avait pas existé, comme si c'était la première fois, comme si cette nuit était la seule et unique, la nuit dédiée au plaisir.


Sentant son regard bouillonnant dans mon dos, je ne peux que soupirer sous l’exaltation que me procure l’attente de la réponse à ma question, qui arrive bientôt dans un crescendo d’envies diverses, mais avant tout charnelles et torrides. Oui, il fait chaud ici, comme le dit si bien celui qui attise mon feu intérieur comme s’il était muni d’un soufflet géant duquel il vient d’activer la toute puissance sur mon être entièrement offert à lui, à son corps et à ses désirs les plus fous. Car ils sont aussi ce que je veux, et mon feu interne est vite allumé. Il n’y avait qu’à souffler sur les quelques braises qui chauffaient déjà tout mon être d’espoirs coquins pour déclencher l’incendie qui m’habite désormais, alors qu’il ôte sa chemise, suivi d’une explosion de désir pour son corps unique quand il se défait agilement de son pantalon léger, mais ô combien encombrant dans ses moments.

Je ne peux plus désormais que contempler sa nudité, sa beauté virile, mâle, presque sauvage et brute, vraie. Ses muscles luisent de la transpiration que lui inspire la chaleur du lieu, et j’ai une soudaine envie de me jeter sur lui littéralement pour le plaquer sur ce matelas confortable pour lui prouver que cette lave incandescente qui monte en moi ferait pâlir d’envie la nuée ardente à laquelle nous avons échappé sur Verloa. Tel ce volcan terrible et grondant, mon corps est en éruption, et bouillonne de toute part. Mais je reste tétanisé pour faire durer ce plaisir de l’attente, de l’envie qui monte sans s’arrêter pour pulser toujours plus fort sur mes tempes, mon sang battant à grand coup dans tout mon corps soudainement réveillé, comme s’il avait été endormi d’un trop long sommeil…

Il s’approche alors de moi, coquin petit glaçon, pour me déshabiller sauvagement, tout en m’embrassant avec ardeur et passion, en me caressant de ses mains avides et désireuses. Bien vite, je me retrouve aussi dépareillé que lui, et mes derniers habits vont rejoindre mon armure dans un coin du lit, alors que Lillith m’assaille de furieux coups de langue dans le cou, descendant petit à petit, lapant ma peau brûlante pour apaiser ce feu naissant et ravageur. Quand je sens sa salive rentrer en contact avec mon torse dénudé, je lui réponds d’une voix rauque, presque coupée par le désir…

« Je ne veux pas que tu me calme, je veux que tu les attises encore, doux glaçon. »

Je pose alors ma main sur sa chevelure, caressant ses cheveux alors qu’il poursuit son chemin vers mon ventre, mon bas-ventre. Je laisse exhaler quelques soupirs soufflés, bien involontaires de ma part, mais l’exaltation de l’instant ne me permet même pas de m’en rendre compte. Il s’en faut peu pour que me mette même à pousser un léger gémissement presque plaintif, mais témoignant tout le bonheur que les lèvres humides de mon amant procurent sur ma peau, comme un encouragement à ce qu’il continue.

Et je le laisse faire, jusqu’à ce que je décide d’un peu prendre les choses en main, au propre comme au figuré. Agrippant son visage entre mes paumes, je l’attire à ma bouche et nos lèvres se rejoignent en un langoureux baiser où plus aucune retenue n’est permise. Mes doigts fébriles entrent alors en action et caressent sa peau moite avec force et détermination. Mes gestes en sont presque bestiaux, sauvages. Ils ne sont pas dessinés à faire mal, mais seulement à lui témoigner mon appétit vorace de son corps, ma soif inaltérable d’assouvir avec lui nos désirs depuis trop longtemps refoulés par un manque d’intimité.

Mes mains coquines prennent du bonheur à parsemer chaque parcelle de sa peau de mille caresses passionnées, et bien vite, je me retrouve à le plaquer sur ce matelas, passant au dessus de lui pour l’enjamber et l’embrasser à nouveau de mille façons, usant tat de ma langue que de mes lèvres, et caressant toujours avec grand appétit ce corps qui m’est offert… Ma respiration s’accélère, et les battements de mon cœur aussi. Je le chevauche tout en le gardant plaqué contre le lit, et à un moment, mes mains se crispent sur sa chair et je ne peux retenir un gémissement plus sonore quand je sens monter en moi sa force virile, témoignée par ses nombreuses caresses et baisers. Ô que j’aime ce qu’il me fait, ce moment, cet instant que je partage avec lui. Comme j’aime l’union de nos deux corps dans une passion charnelle remplie d’une émotion forte, de sensations puissantes, alors que mon bassin décrit des courbes agiles à mesure que mon visage se crispe de bonheur, râlant de plaisir, la nuque renversée vers l’arrière, tel le dompteur ferme et audacieux d’un cheval sauvage…

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:41 
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Une nuit au Paradis... ou pas 2 :


Lillith a écrit:
Je me réveille alors en sursaut. Je suis sur un lit moelleux aux draps satinés et doux. Mon mal de crâne vrille mes pensées, mais je reconnais rapidement à mes cotés mon bel elfe, Cromax, me regardant tendrement en souriant.

Vu notre nudité et l’état des draps, j’imagine un peu la folle nuit que nous avons passée mais je ne m’en rappelle pas. En me tordant quelques méninges, je cherche l’endroit où nous sommes mais ça non plus, ça ne vient pas.

(En tout cas ce n’est pas l’auberge. Les tissus et rideaux rouges, le genre de petite cellule dans laquelle on se trouve…)

Les tentures pourpres me rappellent soudainement une salle beaucoup plus grande, avec des colonnes montant au ciel et des dorures de prestige, mais c’est encore flou.

Je décide alors de répondre au sourire de Cromax, non sans fermer les yeux un instant pour calmer la douleur de mes tempes.

« Hum… Bonjour… Comment tu vas ? »

Je lâche un soupir avant un petit aveu.

« Je crois que je n’aurais pas du boire… J’ai comme un grand trou noir. »


Notre étreinte charnelle et chaleureuse finit par nous laisser épuisés sur le drap remué par nos ébats langoureux. Bien vite, mon amant usé par nos caresse tombe dans un profond sommeil, et m’allongeant à son côté, l’entourant de mes bras tout en me glissant sous le drap et en nous couvrant tous les deux sommairement de cette faible protection un peu inutile vu la chaleur qui règne ici, je m’assoupis à ses côtés, sombrant à mon tour dans un repos bien mérité de cette dure journée bien remplie. Je m’endors aisément, du fait de ma fatigue et de l’alcool qui baigne toujours mon sang. Et la nuit m’enveloppe de sa noirceur, pénétrant mon âme de cauchemars non moins sombres qui me hantent inlassablement. Ils sont toujours semblables, depuis notre départ de Verloa, même si chaque nuit je découvre d’autres détails troublants et terribles. J’ai toujours ces visions apocalyptiques de destruction, de violence, de chaos. Un endroit infernal où les morts sortent de partout pour nous emmener dans leur monde. Car ce que je vois, c’est leur monde, les enfers, le domaine du Dieu Noir. Et il apparait d’ailleurs, toujours aussi sombre et menaçant, intransigeant, et ses traits se confondent avec ceux d’un visage horrible et rouge qui ricane alors que je vois mes compagnons tomber les uns après les autres. Je vois même des personnes que je n’ai plus vues depuis longtemps, comme cet elfe vert m’ayant tout appris…

Et puis, cette nuit, une nouveauté arrive. Je vois dans mes songes mouvementés Phaïtos tendre la main vers moi, alors que je m’effondre à genoux devant lui. Je ploie sous la douleur de la blessure qu’il m’inflige, et qui laisse sur moi une marque indélébile et rougissante de sang et de feu. Un tatouage, une marque, au milieu de mon omoplate…

Je me réveille alors en sursaut, arrachant un cri retenu au mieux entre mes lèvres dans la nuit du temple, qui à travers les lourds rideaux qui nous protège semble toujours allumé, comme si jamais ces flammes cireuses ne s’éteignaient. Je suis en sueur, et petit à petit je reprends conscience de la réalité qui m’entoure. Je suis au temple des plaisirs, et je vais bien. Je suis loin de ces abîmes infernaux auxquels je n’ai de cesse de rêver, chaque soir… Comme par un réflexe stupide, plus pour me contraindre à la réalité que pour me rassurer réellement, je porte une main contre mon épaule pour sentir si cette fameuse marque existe ou non.

Mais alors que, incrédule, mes doigts caressent ma peau, je sens sous leur pression un renflement, une légère douleur, à l’endroit exact indiqué dans mon rêve. J’ai presque envie de crier, mais le son reste dans ma bouche, ne passant pas le barrage de mes lèvres closes, contrairement à mes paupières, qui, totalement sorties du sommeil qui m’habitait, sont grandes ouvertes.

(Ça n’est pas possible… C’est sûrement une simple cicatrice, témoin de nos trop nombreux combats contre les Orques de Crimson…)

(Pourquoi refuses-tu d’admettre la vérité quand elle est indéniable, mon amour ? Tu as été aux Enfers, et tu t’en es sorti ! Ta gloire n’a d’équivalent que ton mérite. Tu t’y es battu avec rage et courage, mais tu n’es pas le seul à en être sorti avec de telles marques…)

(Non, ça n’est pas possible !)

(Vérifie par toi-même…)

Mon regard se pose alors sur mon amant assoupi. Il est agité et semble lui aussi en proie à des mauvais rêves, remuant les membres et tressaillant de tout le corps. Je me penche au dessus de lui pour apercevoir son dos, et un de ses mouvements brusque offre à ma vue ce quej e redoutais au plus profond de mon être. Sur son dos, sur sa peau, un tatouage, noir, ténébreux. L’auteur d’un tel symbole ne laisse pas de doute, hélas…

(Phaïtos… Quelle infamie l’a poussé à nous faire ça ?)

(C’est le prix que vous avez dû payer pour sortir de son domaine, après avoir vaincu ses héros infernaux…)

Je ne peux m’y résoudre. M’allongeant à nouveau, j’essaie de ne plus penser à tout ça et à retrouver le sommeil… mais en vain. Je sais qu’il ne viendra plus, et je me félicite de n’avoir que peu besoin de repos, de par mon espèce. Je me tourne alors vers Lillith pour l’observer, le regarder dormir. Il est beau, même si son visage est crispé. Les heures passent, et on glaçon n’en finit pas de remuer à mes côtés. Jusqu’à ce qu’il gémisse, ultime prémices de son réveil prochain. Je me redresse alors en arrangeant sommairement mes cheveux pour avoir l’air présentable quand il ouvrira les yeux. Ce qui ne tarde d’ailleurs pas, et j’accueille le doux cryomancien dans la nouvelle journée qui vient de débuter avec un tendre sourire.

Il semble un peu perdu, et mal en point. Je crois que j’ai de la chance, avec tout ce que j’ai bu, de ne pas me retrouver dans son état. La gueule de bois m’a évité de peu, cette fois. Bon, je ne dis pas que je suis au meilleur de ma forme, mais au moins ma tête ne me fait pas souffrir outre mesure, et les nausées ne son presque pas dérangeantes… je pense que cette cuisse de porc rôti m’a sauvé la mise, sur le coup…

La voix éraillée par son réveil difficile, Lillith me salue en souriant maladroitement, prenant par la même occasion de mes nouvelles avant de soupirer et de m’avouer que sa mémoire n’est pas aussi nette qu’on aurait pu l’espérer d’un homme de son âge… L’alcool aidant, il me parle même d’un véritable trou noir pour la soirée d’hier… Souriant de plus belle, je m’apprête à faire le récit de nos folies, tout en oubliant volontairement quelques détails trop embarrassants… Mais alors que j’ouvre la bouche pour commencer, une idée me vient à l’esprit, et je sors de mon sac les quelques photographies que j’ai prises durant notre petite fête…

« Je vais bien… ou en tout cas mieux que toi, dirait-on… Regarde ces images, tu te rendras mieux compte de ce que nous avons vécu… »

La première représente Prunelle sur mes genoux, et pour ne pas attiser la jalousie de mon amant, j’ai vite fait de la dissimuler de son regard, tout comme celle de l’inventeur de la machine à Tchouk… Alors vient celle où Léonid danse gaiement avec une Atanya tombée des nues. Je ne manque pas de pousser un petit rire à cette image, me souvenant de ce que j’ai pu dire à la demoiselle qui me ressemble tant… La suivante est très révélatrice de l’attitude de mon amant, la veille… C’est celle où il est vautré par terre, à quatre pattes, montrant ostensiblement ses fesses à l’objectif de l’appareil.

« On va dire que c’est la faute du tabouret, n’est-ce pas ? Et puis des quelques cadavres de bouteilles qui peuplaient la tablée ! »

Je ris en passant sous ses yeux les autres photographies de Keynthara et du concours de nourriture, pour en arriver à la dernière, celle prise par Keynthara et représentant tout notre joyeux groupe de la veille. Je croyais en avir pris d’autres, mais je me contente de lui montrer celles-ci, poursuivant ensuite le récit de la soirée…

« Après que l’Aniathy ait bousillé la moitié de l’auberge avec un sort foireux, nous sommes sortis et je t’ai emmené ici, au Temple des Plaisirs, où tu as rencontré et eu une discussion avec Pulinn… Tu t’en souviens, n’est-ce pas ? Nul ne saurait oublier une si charmante personne… »

Je lui souris tendrement, évitant de poser mes lèvres sur sa bouche, de peur de sa réaction quand à mon haleine chargée… Prenant un air plus sérieux, je poursuis :

« Tu étais agité, dans ton sommeil… Tu as fait des mauvais rêves ? »

Lillith a écrit:
Pour me faire revenir la mémoire, Cromax sort comme par magie des parchemins de son sac où sont dessinées des gravures au réalisme frappant.

"Waouh ! Comment tu as fait ça ?"

Sans attendre sa réponse, je regarde avidement chacune des images pour me souvenir de quelque chose, mais rien ne vient. Je reconnais des visages, comme celui de Prunelle, Léonid, ou encore de la mystérieuse jeune femme qui était à notre table. Malheureusement, je ne me rappelle d'aucune situation décrite, et encore moins celle où je me retrouve les quatre fers en l'air. Cromax me rassure un peu à ce sujet, mais ça me laisse un peu mal à l'aise. Je fais contre mauvaise grâce bon coeur et préfère prendre ça à l'autodérision et rire avec Cromax de mes malheurs.

Ensuite, il conclut sur la visite d'un temple et la rencontre avec une certaine Pulinn. Ses mots résonnent dans mon esprit et amènent cette fois-ci quelques flashs de la fin de soirée.

"Je ne me souviens absolument pas de la soirée. J'ai discuté un peu avec Léonid, puis après... Par contre, le Temple des plaisirs et Pulinn me reviennent un peu à l'esprit, même si c'est encore flou pour l'instant."

Mais une fois les souvenirs énoncés, il balaye cette histoire pour embrayer sur les cauchemars qui m'ont hantés.

"Mauvais, je ne sais pas trop... en tout cas c'était effrayant, mais je crois que j'y vois plus clair. Je... Il me semble que j'ai trouvé mon style."

Je conclus ma phrase par un sourire éclatant, la question de Pulinn sur mon art cryomantique me revenant à l'esprit.



Lillith semble réellement impressionné par les images magiques que je lui montre, et malgré une bien faible, voire inexistante participation à l’élaboration de l’appareil à Tchouk, je retire une fierté de sa grandiloquente passion pour mes œuvres miniatures. Ça n’est pas simple de trouver un bon angle pour capturer ces imagettes souvenirs… Et elles sont bien utiles, visiblement, puisque la mémoire humaine semble définitivement inapte à se rappeler une soirée après une trop grosse beuverie, que nous pouvons plus diplomatiquement nommer excès de zèle sur des dives et attirantes bouteilles dont on ne peut se refuser le contenu une fois commencées… Ainsi, la biture n’est pas une habitude de mon compagnon de lit, et il en paie aujourd’hui les frais par une visiblement affreuse gueule de bois augmentée de trous noirs, pertes de mémoires, maux de tête et tiraillements musculaires, bien que ces derniers soient plutôt dus aux pratiques sportives intenses qui nous ont emmené une bonne partie de la nuit, sur cette même couche où nous nous réveillons lentement, émergeant d’un sommeil agité.

Ainsi, il regarde avec effarement les images, répétant une fois encore qu’il ne se souvient de rien, mais ne semble pas mal prendre ses mésaventures et finit par en rire avec moi. Il confirme aussi ma pensée en disant que la seule chose dont il se rappelle est cette conversation bien particulière avec Pulinn, gardienne de ce lieu, déesse de ce temple…

En ce qui concerne sa nuit agitée de visibles mauvais rêves, il nie, ou du moins doute du bienfondé de ma réflexion, m’arguant que bien qu’étant effrayants, ses songes lui ont permis de voir plus clair. Voir quoi, je ne sais pas exactement, mais il m’assure que sa vision est désormais meilleure, puis me précise qu’il a trouvé son style…

(Son style ?)

Petit à petit, de vagues réminiscences de sa conversation avec l’Elfe Blanche me reviennent à l’esprit. En effet, il avait parlé d’une sorte de style de préserver la glace et sa beauté, fut-ce dans des situations hostiles à sa magie du froid. Ils avaient aussi parlé d’un livre, si mes vagues souvenirs sont corrects. Un livre aux grands pouvoirs et dédié à Yuia, la déesse que mon amant vénère tant. La conversation, bien que j’y ai assisté avec attention, du moins au début, ne me revient que par bribes. Il est vrai que le sommeil commençait à lentement s’emparer de mon être, et mon attention n’a pu que s’en trouver déchue, malgré le zèle que j’essayais de montrer en tant qu’apprenti, qu’élève de cette grande Dame qui vit ici… Comprenant donc de quoi il veut parler, je hoche la tête avec enthousiasme.

« Ah oui vraiment ? Comme quoi on peut dire que la nuit porte conseil ! »

Mais une ombre passe alors dans mes yeux, sur mon visage… S’il a trouvé son style, ça veut dire que bientôt nous devrons nous séparer pour chacun suivre la voie qui lui est propre. Lui doit aller dans les montagnes, et moi… je n’en sais encore rien, mais les écrits de Pulinn n’augurent pas une existence de tout repos, en ce qui me concerne. Je m’efforce tout de même de garder un semblant de sourire, mais je ne peux retenir les doutes qui me parcourent…

« Tu vas donc te rendre dans les Duchés, là haut sur les montagnes ? et… on sera alors séparés… »

Je laisse ma phrase en suspens, comme si la poursuivre m’était impossible, comme si je ne savais que dire après ces mots franchement défaitistes et négatifs… Après notre première réelle nuit d’amour, où nos chairs n’ont été qu’une durant un instant de pur bonheur, déjà la question du départ se fait. La séparation, la distance et tout ce qu’elle entrainera inévitablement… Le manque, la nostalgie…

(L’oubli ?)

(Non ! Jamais je ne pourrai oublier mon glaçon. Toujours il sera là, dans mes pensées, et toujours je désirerai le revoir et le prendre contre moi…)

(Es-tu certain de ce que tu dis ? ça ne te ressemble pas réellement de parler ainsi, tu sais ?)

(Tais-toi ! Tu ne connais rien de moi !)

(Bien au contraire, j’en connais bien plus que tu ne le penses… N’as-tu pas abandonné Zya ?)

Ainsi Lysis a accès à mes souvenirs autant qu’à mon avenir, et à mes pensées présentes…

(Ça n’est pas pareil ! C’était une relation impossible, entre elle et moi. Jamais nous n’aurions pu nous déclarer au grand jour. Son père ne l’aurait pas accepté…)

(Je t’ai déjà connu plus battant et déterminé…)

(Ne ressasse pas mon passé, il ne te concerne en rien.)

À ma grande surprise, Lysis semble m’accorder le dernier mot de notre discussion mentale, fait plutôt rare s’il en est… Sans m’en rendre compte, j’ai laissé le silence revenir entre mon amant et moi. Un silence d’absence et de réflexion. Mais je n’ai aucune envie de gâcher cette matinée en sa compagnie, et je me reprends, posant ma main sur son épaule en regagnant le sourire et la bonne humeur…

« Allons, il est inutile de penser à ça maintenant ! Si nous allions prendre un petit-déjeuner digne de ce nom ? Il me semble avoir aperçu hier une vaste salle à manger, dans le temple. »

Sans le laisser répondre, je me dirige à genoux vers mon équipement pour l’enfiler avec précaution, tout en me contorsionnant sur notre couche pour ne pas blesser mon glaçon avec mes longues lames acérées… Je m’habille et enfile mon armure, puis mon sac et ma bonne vieille cape, mes brassières neuves au symbole Kendran, avant de glisser mes armes à ma ceinture, vérifiant en un regard que je n’ai rien oublié dans les anfractuosité sinueuses des draps… J’accorde alors un regard tendre à Lillith, pour le gratifier d’une caresse sur le visage. Une douce caresse qui semble s’attarder sur sa peau un peu rugueuse et piquante d’une légère barbe inconnue aux elfes…

Je me hisse alors en dehors de notre alcôve, rampant sur le matelas jusqu’à passer outre les rideaux, m’assurant que mon amant me suit pour manger un bout…

Lillith a écrit:
Cromax semble heureux pour moi au début, mais il y a une once de tristesse qui se dépeint sur son visage. La raison vient vite dans la discussion et me laisse complètement en plein désarroi.

"Mais... non... je..."

En fait, je n'avais jamais réfléchit à ça. Je ne voyais pas vraiment les choses comme un départ définitif, ni même sans lui. Désarçonné, je ne réponds pas vraiment et me perds dans mes pensées.

Finalement, Cromax me remonte le moral d'une tape sur l'épaule et d'une invitation à un repas matinal pour récupérer. Je souris à mon tour et m'habille pour sortir à la suite de mon bel elfe. Je regarde le décor dont mes souvenirs sont encore vagues, rajoutant les teintes lumineuses de l'aube à la splendeur des lieux.

Nous atteignons après quelques pas une salle à manger dans une tablée magnifique. Des coupoles débordantes de fruits mûres ponctuent une nappe pourpre recouverte de pains de toutes formes. Un ballet de servantes se déroule tranquillement, offrant aux personnes déjeunant diverses boissons.

Je m'assois, main dans la main, avec Cromax et reçois rapidement de la part d'une charmante soubrette un bol rempli d'un lait de brebis tiède. Je commence mon repas, mais n'y tenant plus, repose rapidement ma brioche pour revenir sur les angoisses de mon amant.

"On ne sera pas séparés mon amour. Pas tout de suite en tout cas... Et au pire, ce ne serait qu'un voyage... Je veux pas te perde..."


Mon Lillith me suit vers la fastueuse salle à manger qu’abrite se temple des mille merveilles. Les lueurs matinales émanant de la porte ouverte et filtrant tant bien que mal entre les intersections des lourdes tentures qui masquent les hautes fenêtres donnent une impression de divin, de miracle en ce lieu si peu dédié à la religion, fut-il nommé temple. Le pourpre et le rouge sont cerné d’éclats blancs et lumineux, même s’ils restent discrets, évanescents, comme dans un rêve où l’on s’abandonnerait à des croyances immatérielles et spirituelles, se sentant planer dans d’autres cieux illuminés et radieux. Ainsi, me levant de ma couche, je me sens vraiment emporté comme dans un autre monde, avec cette changeante et délicate odeur de floraisons à peine écloses et encore humides de la fine rosée du matin. Même si le décor ne s’y prête pas vraiment, si on ferme les yeux, on a presque l’impression de se trouver dans un vaste pré, à l’aube, l’herbe et les fleurs sauvages mouillées d’une nuit trop fraiche, alors que les premiers rayons solaires réchauffent l’atmosphère.

Me laissant guider par mes pas, et ne songeant plus à une éventuelle séparation, même temporaire, avec mon glaçon, j’atteints aisément la vaste salle à manger. Là, les parfums sont différents : exotiques, sucrés, accueillants et gourmands. Une réelle invitation à manger inonde cet endroit où je ne me suis pas encore rendu. Une vaste table est munie de dizaines de plats, de vasques, d’assiettes portant chacun un met différent et correspondant avec l’heure du petit déjeuner, même si la matinée est sans doute déjà un peu avancée, sans être pour autant flétrie. Des odeurs de miel me parviennent, avec celles de pains frais et encore chauds, à la croute dorée et croustillante. Des croissants tièdes émanent leur parfum sucré et accueillant, alors qu’une légère fragrance d’amandes s’y mêle. Les arômes délicats se mêlent et s’accordent ensemble, sans même parfois qu’on en découvre la provenance ou la composition.

Dans une large vasque aux bords cernés d’or expose une grande quantité de fruits divers et variés, tous plus appétissants les uns que les autres, tropicaux ou plus communs. Oranges à la pulpe moelleuse et juteuse, pommes fraiches et légèrement acides, fraises sucrées, melons à la chair tendre et colorée, pastèques rafraichissantes, ananas duveteux, et d’autres encore que je ne connais pas, que je n’ai jamais vu, de toutes formes, de toutes tailles, de tous les gouts et de toutes les couleurs et apparences.

Je trouve place à côté d’un lourd plateau argenté où sont disposées plusieurs sortes de viennoiseries encore tièdes, ou napées de crème pâtissière ou de sucre glacé. Bien vite, une servante vêtue de rouge vient servir mon amant d’un bol lacté rappelant les hauts pâturages kendrans, près des montagnes, et le voyant savourer ce lait de chèvre, je me retiens tant bien que mal de repenser à son départ prochain, comme si ça n’était pas le moment, pas encore. Comme s’il était trop tôt pour l’évoquer à nouveau. Je comptais bien profiter de ce petit déjeuner paradisiaque et appétissant sans m’encombrer de crampes douloureuses à l’estomac symbole d’une anxiété que je rejette, d’une peur incontrôlable. Commandant à mon tour la boisson que je désire à une soubrette mignonne qui passe par là, je pose un regard attendri sur mon compagnon alors qu’elle me sert une tasse fumante d’un thé aromatisé aux plantes, et qui se colore de teintes rougeoyantes, symbole d’une infusion à l’églantier d’où perce quelques effluves de framboise…

« Merci ! »

La servante pose la théière à proximité de moi, et j’ajoute un peu de sucre dans ce mélange brulant, remuant légèrement dans la tasse de porcelaine à l’aide d’une petite cuillère en argent ornée de motifs floraux. Je remarque que la rose est bien présente, ici aussi, dans les décorations des plats, des murs, des couverts et assiettes.

Portant la tasse à mes lèvres, accueillant l’arôme sucré par mes narines enchantées, je souffle doucement la fumée qui s’en échappe, afin d’attiédir ce liquide qui réveille mes sens, à l’instant où j’en bois une première gorgée, me demandant déjà ce que je désire grignoter d’appétissant comme premier repas de ma journée. Il y a tellement de choix que je ne sais pas me décider pour l’une ou l’autre chose, et tout prendre relèverait d’une gourmandise peu conseillée après un long voyage où la faim nous a si souvent creusé le ventre. Il faut petit à petit se réhabituer à pareille bombance et abondance de nourriture. Ainsi, je jette mon dévolu sur un petit pain doré et brioché à la mie parsemée de petits raisins secs.

Mais je n’ai le temps que de mordre une fois dedans, savourant le goût de cette merveille boulangère, que Lillith remet sur le tapis le fait de nos départs respectifs, de nos vies différentes qui ne suivent pas forcément le même cheminement… Je le regarde, mi-gêné, mi-souriant, attendri par tant d’affection à mon égard, mais attristé par l’idée de causer du tort à ce cœur pur, à cet homme loyal et gentil, si tendre et attentionné… Je pose une main sur une des siennes, et je m’efforce de garder un air positif tout en répondant évasivement…

« Toujours nous resterons liés, même si nos corps sont éloignés. Et si nous voyagerons, toujours aussi nous nous retrouverons, que ça soit ici ou ailleurs. Tu ne me perdras pas parce que je n’ai aucune envie d’être séparé de toi. Mais nos vies sont différentes, et le chemin que nous suivons peut parfois s’écarter. Il ne faut pas s’en attrister, car on sait qu’à l’intersection suivante, on se retrouvera… »

Je laisse mes doigts monter doucement vers son visage et se poser contre sa joue avec légèreté et délicatesse…

« Allons, profitons de notre petit-déjeuner et ne pensons pas encore aux heures à venir… »

Je laisse ma main glisser jusqu’à son menton dans une caresse légère, puis, tout en le regardant, je mords une nouvelle fois dans mon petit pain brioché à la pate sucrée et au gout doux. Je savoure cette matinée comme elle doit être savourée.

Une fois mon petit pain fini, je m’aventure à presser tant bien que mal une orange dans un verre de cristal, mais bientôt, voyant mes gestes maladroits et peu habitués, un serviteur vient m’aider et finit par me remplacer complètement dans ma tache, pressant le fruit orange avec brio et habileté pour me tendre ensuite mon verre plein de ce jus pulpeux et délicieux. Je savoure une nouvelle fois ce gout agréable, entre le sucré et l’acide, doux et sûr à la fois.

« Je crois que Dame Pulinn veut s’entretenir avec moi en privé, ce matin. Peut-être pourras-tu récupérer tes affaires à l’auberge, pendant ce temps ? Je suis désolé de ne pas t’avoir prévu plus tôt de cette visite impromptue du Temple… En fait ça s’est décidé pendant la soirée. Et j’ignorais que nous passerions la nuit ici… »

Je souris nostalgiquement en repensant à nos ébats nocturnes pleins d’une passion et d’une connivence enfin nôtres. Je le regarde tendrement, ne quittant pas ses yeux du regard, alors que je finis lentement ma tasse de thé qui a désormais eu le temps de refroidir un peu, ne perdant rien de son arôme fruité.

Lillith a écrit:
Mon amour me rassure sur la durabilité de notre relation, évoquant une image des métaphores sur les destinées de Caacrinolas. Je souris à la pensée qu'il y aura toujours quelque chose et toujours des retrouvailles derrière une absence. Je m'imagine déjà, ramenant le livre triomphant, pour trouver les félicitations de Pulinn et les bras de Cromax.

Nous terminons tranquillement le succulent repas, mêlant toutes les nuances sucrées que le monde doit porter. Une fois son jus d'orange terminé, Cromax annonce le programme de la matinée. Je tombe alors des nues et ouvre des yeux ronds.

(Récupérer mes affaires à l'auberge !? Pour aller où ? Ici ! Mais ce n'est pas vraiment fait pour ça... Les lits sont destinés à autre chose, et puis Pulinn ne peut pas nous offrir le gîte et le couvert ainsi plus d'un jour...)

"Prendre mes affaires... Tu veux dire... Pour venir ici ? Ne me dit pas qu'on peut vivre dans le temple !"

Complètement interloqué, j'affiche une expression d'ignorance totale qui doit me rendre bien pitoyable...


À mon invitation à récupérer ses affaires à l’auberge, Lillith ouvre de grands yeux emplis de surprise. Interloqué, je le regarde avec inquiétude tout en époussetant mon armure des quelques mies que j’ai malencontreusement parsemées durant mon repas matinal. Au terme de sa phrase, mes parures étant redevenue propres, mon faciès s’orne d’une expression enjouée, alors que je le vois presque se décomposer de terreur à l’idée qu’on puisse loger une nuit de plus dans cet endroit… Ma voix se fait rieuse lorsque la réponse sort de mes lèvres sans que j’aie à y réfléchir…

« Y vivre ? ça je ne sais pas… Mais y dormir, je pense que Pulinn n’y verra pas d’inconvénient ! Surtout si c’est pour nous… »

(Surtout si c’est pour toi tu veux dire…)

(Pchut !)

Sans tenir compte de la remarque mentale de Lysis, toujours plus piquante et acérée de jour en jour, je poursuis, guilleret…

« Et pour tes affaires, je crois qu’elles seront tout simplement bien plus en sécurité ici que dans l’auberge, et au moins, tu n’as pas à payer une chambre pour rien, même si désormais nous en avons les moyens… »

Je ne suis pas encore habitué à posséder une telle somme. Le statut de nouveau riche semble si étrange quand on sait que je ne suis qu’un aventurier errant, pas même complètement loyal à la milice de Tulorim, et encore moins à l’association de mon frère d’arme, Daïo. Je suis ainsi, voyageur, instable. J’ai besoin de changement, de variété dans ma vie. Il y a tant de choses à faire et à voir, de personnes à rencontrer, de secrets à découvrir. Pourquoi se cantonner dans une unique voie d’accès qui limite fortement tous ces champs d’action ? Ici, au Temple des Plaisirs, avec le rôle que j’ai accepté de jouer, je sais qu’il en sera différent. Car je ne devrai pas me cantonner à faire une seule chose, mais bien essayer d’en faire le plus possible, dans un gigantesque éventail de choix, de propositions. Et puis même si cet endroit et ce qu’il m’apporte me plait, je n’ai pas vraiment le choix… Je regarde Lillith pour terminer ma réponse.

« Je suis persuadé que Pulinn trouvera un endroit sûr pour que tu puisses ranger tes biens. Je lui demanderai quand j’irai la voir… »

Le petit déjeuner étant fini, je me lève, rassasié, et je m’étire un peu. Même si la Gardienne du Temple m’attend déjà très certainement, je n’ai pas le culot d’abandonner là mon amant. Je n’en ai pas l’envie, surtout… Aussi, je décide de l’accompagner jusqu’aux grandes portes. J’attends qu’il se soit également levé pour lui saisir doucement la main et l’emmener jusque là-bas, silencieux et souriant sur ce trop court trajet… Une fois sur le perron de l’immense porte d’entrée, je me tourne vers lui et saisit sa seconde main…

« Ça fait bizarre de retrouver une vie citadine avec des tas de choses à faire, des obligations, des contraintes… J’en viendrais presque à regretter nos longues marches libres sur les plaines et forêts de Verloa… Enfin… Je ne regrette pas d’être rentré, tout de même. Les Orques et tous les autres monstres que recelaient ces îles maudites n’étaient pas très accueillants… »

Encore un peu, et je passerais presque pour un vieux radoteur se plaignant du temps qui passe et des moments de la vie qu’il faut cueillir à chaque instant de peur de ne plus en avoir assez pour en profiter… Sans plus mot dire, je m’avance vers lui et le serre dans mes bras, un peu nostalgique de tout ce qu’on a vécu là-bas… Dans un murmure au creux de l’oreille, je lui souffle :

« Et puis… C’est là qu’on s’est rencontré, toi et moi… »

Lillith a écrit:
Visiblement, ma pensée surprenante semble être la bonne. Le temple sera notre nouvelle maison. N'ayant jamais eu vraiment de chez moi depuis mon départ de chez mes parents, cela me fait bizarre d'avoir un logement autre qu'une chambre d'auberge pour une nuit ou une tente dans les landes.

Puis il me précise que mes nouvelles richesses seraient en sécurité au temple.

"Tu as raison, ce temple doit être plus sûr qu'un coffre-fort."

(Et Pulinn est bien plus agréable que le vieux grippe-sou du dépôt royal !)
Cromax se relève, le repas terminé, puis s'étire tel un chat. Je l'imite, le sommeil étant encore proche, puis me lève à mon tour. Mon amour me prend la main pour me raccompagner à la porte, meublant le silence d'une discussion sur notre nouvelle situation. Arrivé à l'entrée du temple, il me prend les deux mains et continue sur sa lancée, plus romantique que jamais.

"Ouais, il y avait du bon dans cet endroit maudit des dieux..."

Je l'embrasse lascivement, repensant aux débuts de notre relation. Finalement, c'est peut-être pour ça que Cristal m'avait ramené là-bas. Pour y vivre ce que j'avais encore à faire dans ces contrées reculées, auprès de l'elfe gris le plus beau au monde.

Dans un dernier câlin avant de partir dans les rues, une pensée me vient en mêlant mon rêve à des paroles de Pulinn. Je m'écarte un peu de mon aimé et tire sur ma chemise pour dénuder mon épaule gauche.

"Dis, qu'est-ce que tu penserais d'un tatouage ici, pour recouvrir Sa marque... Après tout, nous l'avons vaincu, et comme l'a dit Pulinn, 'Moi j’y vois une victoire, pour chacune d’elle. Une victoire contre la mort à laquelle tu as échappé.' "

Je lance à son égard un sourire malicieux, pour faire surgir la complicité qui nous a sauvé la vie en enfer.


Mon doux amant acquiesce mes dires sur l’enfer paradisiaque de Verloa, terre maudite où nous avons vécu mille aventures exceptionnelles et inoubliables, si rudes et dures fussent-elles. Son ton est tout aussi doux, susurré entre ses lèvres qui ne sont autre à cet instant qu’un appel au baiser. Baiser qui vient d’ailleurs directement, puisque Lillith, pris d’une visible envie de rapprochement, pose ses lèvres sucrée sur ma bouche rendue légèrement acide par le jus d’orange pressée que je viens d’avaler. Ce baiser a comme un goût de nostalgie, de lointain souvenir de nos premières embrassades, nos premiers rapprochements, sur l’Île Maudite…

Mais alors que notre trop courte étreinte se relâche déjà, mon glaçon s’écarte un peu, tirant sur le col de sa chemise de lin pour découvrir le tatouage, la marque sombre, que je lui ai repéré cette nuit. Le signe de Phaïtos, sa signature sur nos corps… La même qui orne nos peaux à tous, nous, aventuriers de Verloa… Il me demande ce que je penserais de la remplacer par un autre tatouage. Visiblement, je ne suis pas le seul à vouloir me tatouer, mais jamais je n’effacerai cette marque du Dieu Noir sur mon corps. Elle doit rester vive sur ma peau pour que jamais ma mémoire ne me fasse défaut. Mon passage aux Enfers, je ne veux pas le nier, même si l’arborer trop ostensiblement n’est peut-être pas bon…

« Justement, c’est une victoire contre Phaïtos, contre la Mort et les Enfers. Et c’est le témoin de cette victoire. Mais c’est évident que le montrer n’est pas une bonne solution et ‘est sans doute pas le meilleur moyen de bien se faire voir des autres Dieux. Pour moi, ça n’importe que peu… mais pour toi qui as Yuia en ton cœur et en ton âme, ça vaudrait peut-être mieux, oui… »

Je pose un instant ma main sur cette cicatrice noirâtre, caressant sa peau duveteuse autour de la plaie refermée.

« Allez, je n’ai que trop fait attendre la Gardienne des lieux. Si je veux lui soutirer quelques privilèges, je me dois d’être respectueux et poli avec, et un retard ne saurait qu’être mal vu ! Reviens-moi vite mon bel amant… »

Puis, je lui fais un petit baiser sur le bout de son nez et je fais volte face pour retourner dans le temple…

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:43 
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Les secrets du Temple :


Retourné vers la grande salle du temple, je ne vois pas Lillith s’en aller dans les rues de la ville pour quérir ci et là ses affaires, à l’auberge, et peut-être se rendre à d’autres endroits qu’il n’a sans doute pas du depuis longtemps. À vrai dire, une fois le dos tourné, mes pensées ne sont plus focalisées sur lui, et se rassemblent en un même point, beauté de ce lieu, comme si je n’avais pas le choix de ce qui allait se passer quelques instants plus tard. Comme si c’était ma destinée inévitable que d’être là, à attendre pour un sort dont j’ignore tout. Ce rendez-vous avec Pulinn n’a pas d’heure ni de lieu. Nous n’avons pas convenu d’un moment que nous partagerions, ni même de ce que nous y ferions. C’est juste une intuition qui parcoure mon être depuis la veille, au soir, lorsque mon amant parlait avec la splendide elfe blanche gardienne de ces lieux divins. Une intuition, ou plus encore, car c’est avec certitude que je me rends désormais vers elle, dans le lieu qu’elle protège, pour la voir. Et je sais qu’elle m’attend, quelque part, tapie derrière une colonne blanche, un rideau pourpre ou un candélabre d’or… Tout à coup, c’est comme si son regard était intimement posé sur moi, et j’en ressens presque une gêne abrupte qui me monte aux joues sans que je puisse la contrôler.

Curieux de cette impression, je tourne la tête de gauche à droite, sondant les anfractuosités du temple pour y détecter la source de cet étrange pressentiment, le même que je pourrais ressentir si un ennemi m’épiait dans le territoire le plus hostile qui soit, et que je n’avais aucun moyen de le voir, tout juste de le sentir, proche, comme un danger qui rôde et attend pour frapper avec virulence et rapidité.

Rien, je ne vois rien autour de moi. Rien de plus que les gardes en livrée rouge qui ne semblent pas me remarquer, ou alors c’est qu’ils restent fixés dans une posture crispée, les doigts serrés contre leur longue arme impressionnante. Quelques servants eux aussi vêtus de vermillon circulent librement, avec ou sans plateau d’argent, trottant d’un point à l’autre du Temple pour vérifier que chacune des personnes présente s’y sent bien et n’a besoin de rien. Et puis il y a les quelques clients matinaux, les amants du petit déjeuner, du lever de soleil, de l’air frais pas encore chauffé par l’astre de feu. Je remarque que ça ne doit pas être dans les habitudes de l’endroit d’accorder une nuit en simple logement, et mon glaçon a sans doute raison en disant que ces couches sont uniquement dédiées à un plaisir luxurieux, un acte libidineux ou simplement câlin et tendre, et non pour satisfaire le sommeil de ces gens. Sauf bien sûr si peut-être la paresse et le repos peuvent être considérés comme un plaisir à part entière, dans quel cas ces alcôves garantissent le bien-être de ces paresseux mollassons trainant leurs savates pour le moindre effort.

Mais dans tout le temple, je ne vois nulle trace de l’elfe blanche. Peut-être me suis-je trompé, en croyant si fort qu’elle désirait me voir. Peut-être n’était-ce là que le désir inconscient et caché de la revoir, qui s’est épris de moi comme une évidence d’un rendez-vous. Car oui, j’ai envie de la revoir, de pouvoir admirer à nouveau la finesse de ses traits, la splendeur de sa peau, la délicatesse de ses gestes, la profondeur latente de son regard clair. Sa beauté me manque, même si ça fait peu de temps que je l’ai vue, pas même une journée entière. C’est comme si elle avait placé en moi un charme nouveau m’attirant irrémédiablement vers son être de chair, accordant mon esprit au sien, mes pensées tournées vers elles.

Je continue de marcher, de badauder dans les allées du temple, sans réellement avoir de but, errant de colonne en colonne, de dalle en dalle, cherchant toujours de mes yeux celle que mon regard veut embraser. Et c’est alors que je la vois, magnifique, et mon souffle s’en retrouve coupé, une nouvelle fois. Elle me regarde, négligemment appuyée contre une des tentures pourpres masquant les murs. Et ses yeux taquins me font accepter la certitude qu’elle connait la détresse et l’envie qui m’habitait l’instant d’avant. Elle sait que je la cherchais, et pendant tout ce temps, c’est elle qui m’observait, invisible, dissimulée dans les ombres de sa maison. J’ai à ce moment l’impression d’être un simple jouet, un amusement passager, une proie de cette grande dame qui émeut ma vision.

Cette fois, elle reste immobile, comme si elle s’attendait à ce que je la rejoigne. Et c’est d’ailleurs ce que je fais sans tarder, profitant du fait que pour une fois, c’est moi qui fait les derniers pas nous séparant. C’est la première fois que je ne reste pas tétanisé, complètement paralysé par sa beauté parfaite, qui est pourtant toujours bien présente. Mais de la voir là, appuyée sur ce mur recouvert, un bras levé et le regard fixe et plein d’une détermination que je ne lui connais pas encore, ça me pousse à avancer vers celle qui m’a accueilli ici avec prévenance et cordialité.

Son sourire radieux m’émerveille à mesure que je m’approche, d’une démarche qui se veut nonchalante et assurée, même si j’ignore si tel est l’effet que je produis à la belle, qui semble en connaitre un rayon sur les questions d’apparence et de maintien. Bien plus que moi qui n’ai reçu aucune leçon sur ces manières d’être et de se présenter à autrui. Toujours je me suis borné à être moi-même, sincère et spontané autant par mes sentiments que par mes actes. Aussi, je décide de ne pas trop en faire. Elle le remarquerait directement, si je jouais un rôle avec elle, donc autant être naturel, tant pis pour les conséquences.

Un peu plus détendu que les autres fois, donc, je m’approchai d’elle, prenant cette fois la parole en premier.

« Bonjour rayonnante gardienne de ce lieu ! Quelle belle journée hein ? »

Stupide… Comment se perdre en palabres inutiles, pourquoi parler de la météo qu’il fait ou de la douceur de l’air alors que rien ne saurait être plus beau qu’elle, ni même arriver à sa cheville délicate. Je me renfrogne presque d’avoir prononcé de telles banalités, presque indignes de moi. Mais elle ne semble pas en prendre ombrage et me répond avec un sourire radieux, terminant d’elle-même le trajet qui nous sépare en lâchant son mur. C’est lorsqu’elle se retrouve juste sous mon nez qu’elle daigne apporter réponse à ma question. Une réponse qui me laisse pantois.

« Bonjour à toi, Cromax. Il y a tant de points de vue qui peuvent diverger sur la beauté de cette journée… Autant ne pas trop s’avancer. Mais en ce qui me concerne, je trouve que c’est la journée parfaite pour que nous conversions… C’est bien pour cela que tu désires me voir, n’est-ce pas ? »

Paf ! Piqué au vif, en plein dans le mille, les pieds dans le plat. Oui, bien sûr que c’est pour ça que je veux la voir, que je dois la voir. Mais moi qui étais persuadé que c’était sous son impulsion que je venais, je me sens un peu bête de venir là sans réelle raison, aussi pour toute réponse, ne sachant que dire d’autre, je me contente d’un mot, puisqu’aucun autre ne vient.

« Oui… »

« Alors parlons… »

Ce disant, elle me prend le bras avec légèreté et m’emmène le long des colonnes du temple, comme une promenade. Elle orne sa voix d’un ton léger alors que moi je ne sais même pas de quoi elle veut s’entretenir avec moi.

« Tu as pris un engagement envers le temple et moi, hier. Je voulais savoir si tu étais toujours bien certain de te dévouer à la tâche qui t’es dévolue, et ce sans nous trahir, fut-ce auprès des personnes qui te sont les plus proches… »

Elle doit penser à Lillith sans doute. Je ne lui ai rien dit, cette nuit, et ça continuera sur cette voie. Je n’ai pas l’âme d’un traitre, d’un parjure. L’exemple de Cheylas, de Fizold, m’a suffi, et je sais que ce genre de tromperie n’est pas une bonne chose, vraiment pas une bonne chose. Aussi c’est avec fierté que je peux répondre en toute sincérité à la belle qui m’a posé la question…

« Je tiendrai cet engagement, j’en fais le serment sur ma vie. Vous m’êtes soudainement bien trop chère pour que je puisse chercher à vous berner. Nul ne saura ce que vous m’avez dévoilé sur vous et ce Temple, hormis dans les conditions requises. Vous avez ma promesse solennelle, Pulinn. »

Elle sourit simplement, sans répondre directement, continuant à marcher silencieusement dans l’immense et fastueuse allée principale du Temple des Plaisirs. Elle semble réfléchir, penser à quelles tournures employer dans la suite de la conversation. Mais c’est ma voix qui trouble le silence qui vient de s’installer entre nous, ce qui semble la surprendre un peu, comme si l’initiative de la parole lui revenait de droit…

« J’ai tiré un grand enseignement de votre conversation avec Lillith. Je me sens prêt à effectuer la tache que vous m’avez confiée. »

Elle part dans un petit rire cristallin avant de tourner son regard de glace sur moi, ses yeux opalins et magnifique dans lesquels on plongerait pour sentir son corps entouré de la douceur soyeuse qui émane à tout instant de ces deux globes divins, réels portes magiques vers un monde de tendresse et de protection, de mystère évanescent et de candeur éphémère et irréelle teintée d’une réalité plus belle et pure que n’importe quel rêve. Les mots qui sortent de sa bouche d’or et le timbre sucré de sa voix poursuivent ce décor enchanteur comme un filin de miel viendrait se déposer sur une langue gourmande.

« Ne sois pas si hâtif, Cromax. Chaque chose viendra à point nommé. Il ne suffit pas de se sentir prêt à accomplir une tache pour l’effectuer. Il faut d’abord s’assurer que tu es prêt. »

Sans gêne, et quelque peu outré d’être ainsi remis en question, je l’interromps.

« Mais je suis prêt ! Je le sens au fond de moi. Vous avez éveillé des choses en moi que je ne soupçonnais pas, dont j’ignorais l’existence. »

Pour toute réponse, cette fois, elle se contente de sourire un peu plus, me tirant plus rapidement vers les portes du Temple. Visiblement, elle veut sortir. Pour aller où ? Je ne le sais. Mais une chose est certaine, elle a l’air déterminée d’y aller. Aussi je la suis sans mot prononcer, simplement curieux de voir où elle veut m’emmener. Je sais qu’il est inutile de poser une question, elle n’y répondrait pas, ou détournerait sa réponse pour qu’au final, je n’en sache rien de plus. La porte passée, je jette un regard aux gardes rouges, qui restent stoïque à notre départ, comme s’ils ne nous voyaient pas réellement.

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:44 
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Apprendre à faire ses preuves :


À peine sortis du temple, l’astre solaire couvre nos peaux de sa lumière chaleureuse. Ma peau semble de l’argent, illuminée par les fins rayons, mais elle ne semble rien à côté de l’épiderme délicat et étincelant de la belle Pulinn qui se dévoile sous une beauté plus surprenante et éclatante encore maintenant qu’elle est éclairée par le jour. Son teint immaculé reflète comme un miroir aveuglant sa perfection inégalée, et je me surprends à la regarder fixement, la bouche entr’ouverte, interrompant ainsi notre marche diurne. Je ne peux retenir un soupir de ravissement en la voyant si irréelle dans sa beauté, mais me reprends vite, me rendant compte qu’elle aussi me regarde avec insistance avant de lacher un éclat irrésistible de son rire cristallin. Je me sens si bien à l’instant que moi non plus, je ne peux échapper un rire sincère et heureux.

« Vous devez tellement avoir l’habitude que l’on vous admire de la sorte, demoiselle… »

Elle s’approche de moi, posant une main sur le torse en me souriant magnifiquement.

« C’est chaque fois un compliment que de se voir ainsi regardée, Cromax. Et par toi, le compliment ne saurait qu’être plus beau… »

Voilà qu’une montée de chaleur me traverse la nuque, me parant durant l’espace d’un instant de quelques picotements agréablement gênants qui me crispent l’échine et la parcourent en une fraction de seconde. Je me contente de lui sourire, ne sachant pas que répondre à ce retour abrupt et habile de compliment. Elle reprend alors la marche, mais celle-ci ne dure pas très longtemps… En effet, elle se dirige tout droit, avec moi accroché à son bras délicat, sur la place du palais toute proche. Sur notre passage, nombre de citoyens de la ville se retournent pour admirer les courbes généreuses et fort peu voilées de l’elfe qui m’accompagne.

C’est en la regardant de biais que je me rends compte qu’elle porte à la main un sac qui semble bien fourni, ce qui semble plutôt étrange, mais je ne m’en formalise pas et nous finissons par arriver au lieu dit, en face du château royal où j’étais la veille. Mais celle-ci était bien changée… Une tente ornait maintenant l’espace, gardée par des miliciens Kendrans en armes et armures d’apparat… Où donc Pulinn m’emmène donc ?

Arrivé sur cette place, elle m’arrête et se dresse devant moi, fière de son effet, et avec une certaine avidité dans le regard.

« Maintenant, tu vas pouvoir faire tes preuves, Cromax. Cette tente abrite une milicienne haut-gradée qui recrute des mercenaires afin de quérir de mystérieux artefacts magiques. Je veux en apprendre plus dessus. Va les chercher, et rassemble le plus d’informations dessus… »

Je la regarde, dubitatif…

« Mais… Je viens de revenir d’une fatigante mission sur Verloa. Et Lillith, je ne pourrai sans doute pas le mettre au courant ! »

« Ne t’en fais pas pour Lillith, je lui ferai connaitre ton départ. Quand à l’aventure, n’est-ce pas ce que tu recherches ? »

« Si, peut-être… J’accepte alors, pour le Temple et pour vous, Pulinn. J’espère vous prouver là ma fidélité à vos…nos préceptes… »

« Je n’en doutais à aucun instant, beau Sindel. Mais avant de partir, prends ces choses… Elles te serviront sans doute… »

Elle ouvre alors son sac et me tend une cape faite de velours pourpre et ornée richement d’un symbole de la rose noire des amants, le même que j’ai pensé me faire tatouer… Sitôt je la regarde, sitôt j’aperçois qu’on peut la retourner pour qu’elle rende discret et caché par les ombres, avec des reflets moirés comme mon ancienne cape en piteux état, que j’ai tôt fait d’abandonner sur le sol pour me vêtir de la nouvelle, exposant pour le moment la couleur pourpre à la lumière du jour. Le second objet qu’elle me donne est en fait un trio de pastilles rosées, à propos desquelles je l’interroge du regard. Elle a tôt fait de me répondre, d’une voix charmante…

« Ces pastilles te permettront, en combat, d’exhaler un parfum de rose qui encouragera tes alliés et dégoutera tes ennemis… Ne les utilise qu’en cas de danger grave… Tu es fin prêt à partir maintenant. Je compte sur toi, Cromax, je… j’allais oublier quelque chose… »

S’approchant subitement de moi, elle pose sans prévenir ses douces – et je m’en aperçois seulement maintenant avec toute la vérité charnelle qui puisse exister – lèvres sur les miennes, m’embrassant avec langueur et passion sans que je puisse rien faire pour l’en empêcher. Je dois dire que moi-même, je partage ce baiser avec délectation, goûtant au plaisir suprême auquel je ne suis refusé la veille avec un brin de frustration. Mais cette vague de bonheur intense s’arrête soudain sur une douleur infernale qui semble me déchirer les chairs. Je me recule vivement, poussant un cri mêlant surprise et souffrance. Insidieusement, Pulinn vient de me planter quelque chose dans le thorax, profitant de ma méfiance endormie pour se glisser sous mon armure, blessant mes chairs pectorales.

Je la regarde, surpris et furieux, mais elle continue à sourire innocemment, plaquant une main délicate et rassurante sur ma poitrine meurtrie.

« M’en voudras-tu donc de t’avoir pourvu d’une broche te rendant encore plus irrésistible que tu n’es déjà ? Tu es découvriras rapidement les secrets, Cromax. Reviens-moi vite… »

Et à nouveau, elle m’embrasse avant de tourner les talons et de s’enfuir dans un petit trot adorable vers les rues menant au Temple, me laissant là, ahuri et baba, ne sachant que faire ni comment réagir, la douleur sur la poitrine lançant ses éclairs dans mes nerfs…

(Allons, réveille-toi ! Va voir cette tente !!)

Me ressaisissant, je décide d’obéir à Lysis sans lui répondre, pour une fois, et je me dirige vers la tente milicienne…

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:47 
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Volontaire pour une mission inconnue :


Les deux gardes de la tente me laissent entrer sans difficulté dans celle-ci, où j’aperçois la fameuse haut-gradée dont Pulinn me parlait juste avant. Elle semble attendre des personnes pour chercher ces fameux artefacts, assise à une table. Entrant, confiant et assuré que je mènerais cette mission à bien, je me dirige aussitôt vers cette table d’un pas assuré, non sans ostensiblement faire étalage, sans trop être théâtral non plus, du protège bras aux symboles kendrans rouge et bleu que m’a offert le Roi en récompense de notre expédition sur Verloa.

Je sais que si j’ai résisté à ces îles maudites, aux Enfers et à Phaïtos en personne, je ne dois avoir peur de rien, car il est toujours une issue vers la vie… Je sais aussi que je ne dois pas être trop sûr de moi, parce que ça mènerait tout simplement à ma perte. Aussi, je lance un salut presque militaire à l’intention de la sergente, puisque j’ai reconnu son grade sur son blason, muni de trois symboles en forme de soleils.

« Bonjour, sergente. J’ai ouï dire que vous recrutiez des volontaires pour une aventure particulière. Correspondrais-je par un heureux hasard à ce que vous recherchez ? »

GM14 a écrit:
La sergente te regarde et souris en regardant le bracelet de protection.

"En effet, vous correspondez à l'aventure sans aucun doute. Par contre, l'endroit que vous devez trouver va nécessiter une certaine discretion je pense."

Une elfe bleue arrivée un peu après toi te regarde dégoûtée d'avance.

"Voilà votre destination."

Elle te tends alors un petit bout de parchemin (transmis par mp avec la suite) où il y a marqué ta destination...

"Nous estimons aussi préférable que vous partiez par groupe d'au moins deux. Cette elfe bleue partira donc avec vous."


La milicienne n’émet aucun doute sur mes aptitudes à l’aventure, comme l’atteste mon équipement hétéroclite et de qualité. Mais directement elle me met en garde, notamment pour la couleur criarde de ma cape récemment obtenue. Désirant au plus vite rassurer la milicienne de mes capacités à me camoufler au mieux, je décroche de mes épaules la fameuse cape pour la retourner et la fixer à nouveau sur mes épaules, du côté aux reflets moirés assurant une grande discrétion et assez pratique pour se dissimuler aisément des regards indiscrets. Dans ma manœuvre, je me retourne légèrement et aperçois un peu à mon insu une elfe bleue me toiser d’un air peu aimable et quelque peu hautain. Je n’y prête guère attention, n’ayant visiblement pas que ça à faire. Je dois avouer très peu connaître cette espèce d’elfes, n’en n’ayant que trop peu croisés lors de mes nombreux voyages. Ma destinée ne semble pas liée à ce peuple maritime, dirait-on…

Me retournant vers la sergente avec fierté, elle peut maintenant voir que la dissimulation ne me posera pas trop de soucis, et si par un malheureux hasard je me fais découvrir, mes fidèles lames seront toujours là pour me soutenir contre un éventuel ennemi malfaisant. Mais elle ne semble pas réellement tenir compte de ma démonstration, et je me renfrogne un peu, mais n’ai pas le temps de râler que déjà elle me tend un parchemin avec, selon ses termes, ma destination. Je me saisis du document, curieux et avide de savoir où le hasard va bien pouvoir me mener. Mais à l’instant où mes yeux rencontrent les premiers mots écrits là, mes sens semblent altérés. Ma peau devient plus pâle qu’à l’accoutumée, blême, comme si la vie que je chéris tant venait de me quitter sans préavis. Mes yeux ne sont plus que deux globes fixés avec stupeur et effarement sur ces quelques mots, cette phrase unique qui je le sens, bouleversera le cours de mon existence. Avec effort, je retiens le tremblement qui veut naitre dans mes doigts. Je maintiens ma respiration la plus calme possible, ne laissant pas le stress me submerger, ni se faire voir. Aurais-je peur ? Peut-être… Moi qui sors de l’enfer, je ne devrais plus m’effrayer de rien. Et pourtant, je sais que ma destination n’est en rien comparable avec les abysses infernaux. Car si chez Phaïtos les tortures arracheraient des cris atroces à la mort elle-même, là où je vais c’est la vie qui est enlevée, et dans des douleurs non moins enviables, avec une brutalité et une barbarie inégalées. À côté des ennemis que je risque de rencontrer, le Maître des Morts passerait presque pour quelqu’un de très élégant dans ses crimes.

Ma seule consolation est que visiblement, je ne devrai pas pénétrer dans cette cité chaotique dont le nom ferait hérisser les cheveux de toute personne dotée de connaissances suffisantes pour comprendre de quoi il en retourne. Interloqué et perturbé, je lâche nerveusement, sur le ton de l’humour :

« C’est une blague, vous n’allez pas m’envoyer là-bas ? »

Mais le flegme et le visage sérieux de la recruteuse m’enjoint à ne pas poursuivre dans cette voie. Elle n’est pas là pour rire, et sa demande de mission est on ne peut plus sérieuse. À un tel point que ça en deviendrait presque embarrassant, ce poids qui est soudainement mis sur mes épaules, cette quête qui m’est dévolue et que je suis sensé mener à bien.

Mais mon quota de mauvaises nouvelles ne semble pas rempli, encore, puisque la milicienne m’annonce comme une prévention que je ne serai pas seul pour cette charge. Elle désigne comme compagnonne forcée l’elfe bleue qui se tient derrière moi, celle-là même qui me regardait l’instant d’avant avec un mépris non masqué…

(Oh non… Pas elle !)

(Elle peut-être très sympathique, j’en suis persuadée. De toute manière tu ne sembles pas réellement avoir le choix.)

Comme en réaction à cette annonce funeste, je me retourne avec un air désespéré vers la Earion, qui me voyant lève les sourcils en haussant les épaules, attitude pour le moins fataliste. Aussi je suis bien obligé d’accepter le sort qui m’échoit, et une dernière fois, je regarde la sergente avec flegme.

« Je mènerai à bien cette mission, et je tâcherai même de ramener vivante votre protégée… Mais j’espère que la récompense sera de taille, ou je serai d’humeur à garder pour moi votre bibelot jusqu’à ce qu’une meilleure offre me soit proposée. Je suis persuadé qu’avec un tel empressement pour recruter des volontaires, ce que nous allons chercher n’est pas une broutille et pourrait en intéresser plus d’un. »

Terminant là mon discours provocateur envers la gradée de cette milice guindée que je méprise parce qu’elle le vaut bien et qu’elle se prend de haut, je me tourne vers la sortie, dardant mon regard une dernière fois sur l’elfe bleue, qui, face à mon sourire sarcastique concernant son nouveau statut de ‘précieuse protégée’, se contente de lever les yeux au ciel, visiblement déjà exaspérée de ma présence. Une chose est certaine, ça commence bien ! Et sans un mot, nous quittons la tente de recrutement, moi d’abord et elle à ma suite, comme une nouvelle ombre qui n’est pas prête de me lâcher.

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:48 
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Brèves présentations rapidement écourtées :


Sortis de la tente de recrutement, et de retour sur la place faisant face au palais royal, je peux m’apercevoir que le monde est toujours présent, et que l’annonce attire la curiosité des badauds, qu’ils soient intéressés ou non par les missions proposées. Ainsi on peut voir des enfants, jeunes gamins des rues rêvant de terrasser des dragons, des vieillards, débris de la race humaine qui ne sont plus bons qu’à crouler sous le poids des années en se faisant entretenir par les plus jeunes, des femmes revenant du marché, panier chargé de denrées en promotion, et des hommes entre deux âges à l’œil éteint par la lassitude de leur vie banale. Toute cette troupe stagne là, fluant sur les pavés blancs de la place en observant les miliciens guindés et la tente récemment placée là. Malgré ces années de présence parmi la civilisation, je ne peux toujours pas me faire à une foule trop oppressante et mouvante. Je me sens presque étouffé parmi tous ces gens grouillants et fourmillants comme des insectes travailleurs et organisés qui répètent des centaines de fois les mêmes gestes en espérant le soir retrouver leur lit pour un sommeil machinal et mécanique.

Je me bénis de n’avoir pas choisi une vie si ennuyante, et d’avoir pris le parti de l’aventure, de la vie libre et sans entraves autres que celles que je me fixe moi-même. Aussi, quelque peu malaisé par ce peuple curieux, je m’écarte un peu du pavillon milicien avec l’elfe bleue, qui en parlant d’entrave semble bien décidée à jouer son rôle. Arrivé sous les colombages d’une maison de pierres blanches, loin du tumulte de la populace, je me tourne vers elle pour l’observer un peu. Elle n’est pas si mal, en fait. Elle est plutôt mignonne, même, mais je ne doute à aucun instant que nos caractères communs vont être mis à rude épreuve si nous devons voyager ensemble, et je ne garantis pas d’avance une éventuelle entente entre nous, comme si c’était plutôt la rivalité qui allait nous pousser à faire ce que nous devons faire.

Elle est vêtue d’une tunique de cuir simple, mais qui a l’air solide, ainsi que d’un pantalon plutôt moulant dans des tons brunâtres, lui permettant sans doute une grande capacité de mouvements avec ses jambes. Elle est armée, comme un cliché évident, d’un trident que l’on croirait recouvert d’or, symbole de son peuple marin, et un harpon est accroché à elle, prêt à l’emploi. Elle porte par-dessus ses habits une cape sombre lui assurant une discrétion semblable à la mienne, lorsque je ne la mets pas de revers.

Elle cache ses cheveux roux coupés à la garçonne, assez courts, derrière un diadème imposant et bien plus voyant que le mien. Son visage est harmonieux et mignon, bien qu’assez sévère, avec ses grands yeux noirs pleins de détermination. Il faut quand même bien que je connaisse le nom de cette belle plante aquatique avant de commencer notre expédition, si je ne veux pas l’appeler ‘mon algue’ à tout bout de champs, ce qui l’irriterait certainement…

« Bon… Je pense que nous allons faire un bon bout de chemin ensemble donc ça serait pas mal de savoir nos noms respectif. Moi, c’est Cromax, et vous ? »

Elle me regarde de haut en bas d’un air perplexe avant de répondre d’une voix on ne peut plus neutre :

« Sidë. »

Oh, la chance, une bavarde. Au moins je suis sûr de ne pas m’ennuyer sur le long chemin que nous avons à parcourir… Comme dans l’expectative d’un autre commentaire que cette réponse froide et dénuée de sympathie, un blanc s’installe entre nous, mais son regard me dissuade d’attendre plus longtemps. Aussi, je pousse un soupir puis reprends sonorement ma respiration avant de souffler :

« Bon… Je ne sais pas si vous avez tout ce qu’il vous faut, mais avant de partir je dois passer à la forge. On se retrouve dans une heure à la sortie de la ville ou… »

« Je vous suis… »

Bon… Visiblement, même si ça ne l’enchante guère de m’avoir avec elle, la demoiselle ne semble pas vouloir me lâcher, sans doute de peur que je lui fausse compagnie et que je parte sans elle, idée qui, je dois l’avouer, m’a effleuré l’esprit l’espace d’un instant. Je reste un moment hagard, sans rien dire, mais l’expression qu’elle arbore alors me dissuade de toute parole supplémentaire, comme s’il était inutile de dire un mot de plus. Aussi, je tourne les talons et commence à marcher, rapidement imité pas la jeune elfe bleue. Mes pas se dirigent vers la forge d’Argaïe.

À force de parcourir Kendra Kâr, ses rues me sont devenues petit à petit familières, et c’est sans grande peine que j’arrive à retrouver la route qui m’emmène chez le forgeron, et nous ne tardons pas à y arriver, sans un mot de plus de la part de cette chère Sidë…

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:51 
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Retrouvailles surprenantes et équipement :

La Grande Forge d’Argaïe. Nous y voilà donc, face à cette porte légendaire dans la cité surmontée de la non moins renommée enseigne en forme d’enclume portant le nom du magasin. La notoriété de ses armes et armures est presque internationale, tant il vend, crée et recrée encore. Et son succès s’explique facilement. Même si le prix des objets qu’il vent est élevé, ils sont tous d’une grande qualité, irréprochable, et c’est pour cette raison que moi aussi je viens ici, pour la troisième fois de ma vie kendranne, pour être son client. Sidë me suit, toujours imperturbable et silencieuse, si bien que je ne perçois même pas si elle connait l’endroit. Son équipement provient certainement de quelque bourgade Earion lointaine et spécialisée dans ce genre d’ustensile guerrier assez particulier. Je me retourne vers elle pour lui signifier que nous sommes arrivé à bon port, mais sn regard noir me dissuade directement de prononcer le moindre mot, ou d’afficher la moindre sympathie. Elle est mignonne, certes, mais quelle râleuse. Ou non, elle ne râle pas réellement, en fait. Elle est juste silencieuse, et visiblement vexée de quelque chose, comme si j’avais commis un impair à son égard. Si c’est pour me la trimbaler comme ça jusque l’artefact, je crois qu’il vaut mieux que je trouve bien vite ce que je lui ai fait pour corriger le tir, parce que je ne sais pas si je supporterai longtemps ce silence farouche, elle qui a sans doute une si jolie voix, quand elle parle…

Mais ça n’est pas le moment. Ouvrant la porte de la forge, je laisse un grand passage alors que je l’invite d’un geste cordial de pénétrer avant moi dans l’échoppe, un sourire diplomatique aux lèvres, dans un essai de galanterie, au cas où ce serait ça qui me fait défaut. Mais avant de me passer devant sans me remercier, elle lève une nouvelle fois les yeux au ciel. Soupirant, j’entre à sa suite en refermant la lourde huche derrière moi.

Et lorsque je me retourne vers le comptoir, quelle n’est pas ma surprise lorsque je vois cette chère Phanie, plus blanche qu’un cadavre, assise sur une chaise à moitié comateuse, le visage cerné et pâle et la mine déconfite. Elle fait pitié à voir, la grande perdante du concours de bouffe, la gerbeuse en herbe. L’alcool et ses frasques n’ont pas l’air de lui convenir, à moins bien sûr que ce cher Filgaren lui ait fait passer une nuit infernale, ronflant comme un porc sans avoir au préalable assouvi les désirs de la belle, bavant et reniflant bruyamment, prenant toute la place sur la petite paillasse de la pauvre vendeuse. Surpris, donc, par cette apparition, je pousse un grand cri joyeux, m’exclamant de la retrouver là sans m’y être attendu, même si quelques vagues souvenirs de la veille me remontrent le bouffon gris préciser qu’elle était vendeuse dans un magasin célèbre de la ville.

« Phanie ! Oh ben ça alors ! Qu’est-ce que tu fais donc là ? T’as pas l’air en forme dis-donc, ça a été pour rentrer avec Filgaren hier soir ? »

Quand j’arrive près d’elle pour la saluer, avec ma voix enjouée et joyeuse, elle pose une main sur son front en plissant les yeux, un rictus douloureux s’affichant sur le visage.

« Ooooh ma tête… Doucement Cromax, je t’en prie. Cet ahuri de Filgaren m’a raccompagnée jusqu’ici en me laissant un paquet cadeau sur le pas de la porte après que je sois rentrée. Devine qui a dû tout nettoyer ce matin ? »

Vu son air affligé et dégouté, j’imagine très bien la scène d’un Filgaren mort bourré ne tenant plus droit et rendant ignoblement aux pieds de sa dame avant de la laisser entrer seule chez elle, repartant en titubant dans les ruelles de la ville. Même si cette image burlesque m’arrache un sourire, j’espère qu’il ne lui est rien arrivé et qu’il va bien.

« Oups, pardon. L’alcool ne semble pas être ton fort en tout cas. J’espère que tu te remettras vite ! »

« Ha ne parle pas d’alcool ! Plus jamais je ne me laisserai tenter ! C’est odieux !! Qu’es-tu venu faire ici, sinon ? »

Sidën n’a pas bougé depuis le début de la scène, visiblement tout aussi surprise que je semble si bien connaître la vendeuse, comme si j’étais une personnalité imposante de la ville. Ou du moins c’est ce que je crois deviner de son attitude distante et immobile, puisqu’aucun indice ne semble perler de son regard d’onyx. Aussi, je reporte mon attention sur Phanie, souriant et parlant plus doucement pour ménager la migraine atroce qui semble lui étreindre le cerveau avec force.

« Je viens faire quelques emplettes ! Je serais intéressé par une arme de jet. Une arbalète pour être plus précis. Et puis j’aimerais changer mon armure qui est souvent trop encombrante. Je crois qu’une cotte en Mithril est ce qu’il y a de plus souple, léger et résistant… Et je revendrais donc ma cuirasse en contrepartie… »

Elle m’indique alors le comptoir, où je puis voir avec surprise que sa collègue dont j’ignore le prénom tient déjà dans une main une arbalète impressionnante et fort belle, et dans l’autre une cotte étincelante qui semble légère et maniable, mais qui inspire une résistance hors du commun. Du Mithril, à n’en pas douter. Satisfait et impressionné de la rapidité du service, je m’avance vers elle avec un grand sourire, tout en défaisant les attaches de ma cuirasse, non sans un regard lourd en sous-entendu à Sidën, qui se contente de regarder ailleurs, visiblement impatiente de partir.

Je me hâte donc de retirer mon armure, n’étant plus qu’en habits de lin, et de la tendre à la vendeuse, pour satisfaire ma nouvelle compagnonne de route.

« Combien vous-dois-je, donc, pour cette arbalète et cette armure, en sachant que je vous revends ma cuirasse… »

GM14 a écrit:
Phanie malgré sa gueule de bois griffone sur un bout de papier quelque chose que finit par arracher l'autre assistante au bout de plusieurs secondes. Elle grifonne à son tour et te regarde avec un sourire:

"2526 yus, monsieur."

Phanie te tends ton paquet. Tandis que l'autre encaisse la monnaie.


Phanie ne semble visiblement pas en forme du tout, car lorsqu’elle se saisit d’un petit carnet pour laborieusement et difficilement faire les comptes de mes achats, sa collègue lui arrache tout bonnement des mains pour terminer le calcul en un clin d’œil, m’annonçant tout de go le prix mirobolant que je lui dois. Je ne suis pas habitué à devoir payer de telles sommes, et je déglutis bruyamment en sortant ma bourse bien remplie de sa cachette secrète et inaccessible sauf par des miens alliées, et très intimes… Mais il est vrai que de ce côté-là, je n’ai pas vraiment de soucis financiers, et je peux me permettre de dépenser pas mal de choses sans trop y songer, ou du moins avec les quelques menues monnaies que j’ai gardées sur moi. Car le compte que j’ai ouvert à la maison des dépôts doit pour le moment rester intact jusqu’au jour où j’aurai vraiment besoin de cet argent.

Sidë, jusque là inactive, me regarde incrédule sortir cette somme mirobolante de ma bourse pour la déverser sur le comptoir. Il est vrai qu’une aventurière de base comme elle ne doit pas côtoyer souvent des personnes richissimes, et j’avoue que même moi j’ai du mal à me faire à posséder autant d’argent. Quoi qu’il en soit, la transaction est faite, et Phanie me tend les deux objets que j’ai achetés. Rapidement, j’enfile par-dessus mes fins habits de lin cette merveilleuse cotte de Mithril, et je suis surpris de son poids.

Elle est si légère que j’ai l’impression d’être sans armure ni protection, tout juste vêtu normalement d’habits simples. La maille blanchâtre est tressée de manière à parer les coups les plus rudes, et je ne peux que me féliciter de cette belle acquisition. Je remets ma ceinture chargée de mes deux lames, passant un baudrier par-dessus mon épaule pour fixer l’arbalète que je viens d’acheter, et finit par passe ma cape par-dessus, dans son mode discret, ça va de soi, pour ne pas agacer une nouvelle fois l’elfe qui m’accompagne. Dernier détail, je saisis mon sac par sa lanière de cuir pour me le mettre sur l’épaule, le passant lui aussi sous ma cape.

Me voilà paré pour l’aventure, et si ce n’est la nourriture, nous pouvons partir dès maintenant vers le destin qui nous attend. Signifiant par un geste de la tête que j’en ai terminé, Sidë ouvre la porte et sort dans la rue tandis que je me tourne une dernière fois vers Phanie…

« Et oui, je repars déjà à l’aventure ! Nul repos pour les braves. Bon rétablissement quand même et à la prochaine. »

Lui faisant un signe de la main, je rejoins l’elfe bleue sur le pas de la porte…

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:52 
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Approvisionnement avant le grand départ :


Après avoir remis ma bourse à l’endroit qui est le plus sûr pour elle, sous l’œil toujours plus sarcastique de Sidë, nous nous éloignons de la Forge d’Argaïe pour rejoindre au plus vite la grande rue, où nous nous rendons sans nous être préalablement consultés. C’est la logique même qui nous attire là-bas, où nous trouverons très certainement des provisions en quantité pour notre voyage. Viandes salées, jambons fumés, fruits secs, pains de route, tout est offert dans cette rue à la main du voyageur sur le départ en échange de quelques yus, une réelle broutille comparé à ce que je possède désormais. Il n’en a pas toujours été comme ça. Et je sais que le temps où je fuyais les villes sur un coup de tête, par envie de voyager ou pour un autre but quelconque et personnel, est révolu. L’aventure sur Verloa m’a appris que nous n’étions jamais assez préparés à ce qui nous attend, et que par conséquent il faut s’armer de toute la volonté et le bon sens d’en faire le maximum pour ne pas être pris au dépourvu.

Bien vite, la rumeur de la foule peuplant la rue principale de la ville parvient à nos oreilles, et il ne faut pas plus de temps pour que nous atteignions les voyageurs, marchands, guerriers et soldats de la cité, rassemblé en une masse agglutinée dans cette importante artère de Kendra Kâr. Ils s’agitent dans tous les sens, criant, parlant, marchant ou trottant. Quelques bousculades sont à déplorer, mais rien de bien grave, car la forte présence d’hommes en armes dissuade toute émeute d’éclater, et tous les différents qui n’auraient pas eu de peine à survenir sont écartés en de courtoises et hypocrites excuses.

Prenant mon souffle, je pénètre dans cet agglomérat vivant suivi de Sidë et nous parvenons rapidement, zigzaguant entre les charrettes des marchants, les cheveux des voyageurs et les bœufs des paysans, esquivant tant bien que mal les piétons pressés et puants aux figures figées par une lassitude profonde et mélancolique. Ils feraient presque pitié, ces habitants sans âme autre que celle de la ville pour laquelle ils vivent, qui n’apparaissent dans les vies des aventuriers que comme des inconvénients passagers, des fantômes à ignorer, le bas-peuple inutile pour les grands cœurs vaillants. Et pourtant ces héros, ces guerriers et ces mages, que seraient-ils si les braves peuplades n’étaient là pour subvenir à leurs besoin, récolter l’orge de la bière et le raisin du vin, chasser les perdreaux et les sangliers, élever veaux et cochons, tisser capes et habits, forger lames et boucliers. Nous ne serions rien sans ces gens que l’on ignore et méconnait. Les massacres, les guerres, les découvertes et explorations, c’est pour eux que nous les faisons, au-delà de notre intérêt personnel.

Ces habitants, même encombrant une rue, même hurlant des injures et des cris, je les aime tous car ils incarnent la vie, qui aurait un goût si terne et fade sans la couleur qu’ils apportent au monde, et ce même lorsqu’une de leur charrette roule dans une flaque de boue et éclabousse mon pantalon et mes bottes…

(Hein ? Oh !! Et meeerde…)

Je suis donc perdu au milieu de cette masse d’abrutis dégénérés qui ont tous des têtes d’idiots du village, le bas de pantalon crade et la rancœur finalement tenace contre une foule trop compacte qui perd tout le respect qu’elle doit aux aventuriers qui les défendent et les protègent contre les forces obscures de ce monde. Non mais franchement, je vous jure. Quelle ingratitude d’asperger ainsi de boue un des bienfaiteurs du Roi de la ville, qui a risqué sa vie pour garantir à ce peuple une paix durable et un avenir fructueux !

Enfin bon, là n’est pas réellement le sujet. Reprenant mes esprits vagabondant dans mes pensées changeantes, je m’aperçois que Sidë m’a devancé dans mon entreprise et vient de conclure l’achat de lamelles de viandes sèches et de petits pains de route. Quand j’arrive près d’elle, me faufilant entre divers passants piétons, elle me lance un regard noir et satisfait, , avec pour la première fois une esquisse de sourire lorsqu’elle voit l’état de mes habits.

Grommelant intérieurement, c’est à mon tour de commander ma nourriture pour le trajet. Aussi, je me saisis d’un jambon fumé ainsi que de pains de voyage, déjà séparés en portions journalières qui tiendront donc plus longtemps. Je paie mon dû au pauvre hère qui vent ces denrées bien pratiques en le saluant bien bas avant que nous ne reprenions notre chemin. Cette fois, plus de doute, c’est bel et bien vers les portes que nous allons…

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:54 
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Passage éclair à la Maison des Dépots :


Vers les portes, mais pas tout à fait, finalement. Pris d’un soudain esprit de zèle quand à la mission à effectuer, je tiens à mettre toutes les chances de mon côté, et alors que nous allions atteindre l’entrée de la cité j’arrête Sidë de manière un peu autoritaire.

« Stop ! J’ai encore une chose à faire avant de partir. Direction la maison des dépôts ! »

Je décide de ne pas prêter attention à son soupir exaspéré et prend la route de chez Aoniën sans plus attendre. Elle va finir par croire que je le fais exprès pour l’embêter, ce qui ne manque pas de m’arracher un petit sourire quand elle prend ma suite, muette mais sombre et au regard acéré.

Bien vite, nous arrivons à la maison des dépôts, et j’en pousse la porte alors que l’elfe bleue me fait comprendre qu’elle m’attendra à l’extérieur cette fois, ayant sans doute peur que je sois lié d’une grande amitié avec le vieux ronchon qui tient ce commerce, comme si elle était jalouse des relations que j’entretiens, un peu par hasard en ce qui concerne Phanie, avec les commerçants de la ville.

Lorsque je pénètre dans la pièce, je peux vite m’apercevoir que strictement rien n’a changé depuis ma dernière visite, et que le vieil homme qui tient son affaire d’une main de maître est toujours au même endroit, comme s’il passait jour et nuit à récolter les poussières dans son énorme paire de moustaches.

Souriant de l’apparence de ce vieillard rabougri et râleur, assis devant son immense livre de compte comme un gardien des sceaux, je m’approche de lui en ouvrant déjà mon sac, prêt à sortir ce qui ne me sera pas utile lors de cette mission.

« Bonjour, maître Aoniën, j’ai quelque chose à déposer ici dans le coffre à mon nom. »

Je sors alors de mon sac mon appareil Poly-Harmonisateur d’Ondes Transmises par des Organismes, la machine à tchouk quoi, pour la poser sur le comptoir.

« Voilà. Ne me demandez pas ce que c’est, je ne saurais vous l’expliquer. Et puis tant que vous y êtes, j’aimerais récupérer ma gourde d’eau bénite aussi. Comme ça vous faites d’une pierre deux coups en ouvrant mon coffre ! »

Attendant sa réponse, je le regarde fixement, une main sur la chose que je viens de poser devant ses yeux.

GM2 a écrit:
Le vieux peine à se lever, mais finalement il y parvint en laissant tout de même échapper un fameux furons témoignant des douleurs que ce mouvement lui a coûté. En réalité, il est abasourdis par ce que tu lui poses sous le nez et s'apprête à te demander de quoi il s'agit lorsque tu t'empresses de le lui dire.

Non moins rassuré, il commence même à se demander si accepter de mettre cet engin bizaroïde sous coffre est une bonne idée. Hésitant quelques instants en regardant tour à tour l'appareil et toi, il finit par se saisir de ton 'truc' du bout de ses doigts décharnés. Il ne restait plus qu'à esperer qu'il ne le fasse pas tomber...

S'en allant sans un mot vers les coffres, il se débarasse bien rapidement de cet objet et revient vers toi en fronçant les sourcils, laissant tomber sans grande précotion ta fiole d'eau bénite entre tes mains avant de te tendre le répertoire afin de te demander une signature.

"J'aurai été bien plus en sureté avec cette eau dans les coffres maintenant que l'on m'apporte cette... chose qui ne respire pas du tout l'harmonie... Bon vent, et au regret de devoir dire ça alors que j'aime ma paix... Revient vite ! Je n'aime guère savoir ton appareil ici..."

Il tente de te sourire mais son visage fait plutôt la grimace. Quel drôle d'homme vraiment...



Le vieillard se lève avec difficulté de son siège déformé par ses muscles ankylosés en jurant impoliment sous le poids de l’effort que lui a demandé ce geste trop peu de fois répété. Une fois debout, donc, le tenancier de cette maison des dépôts reluque mon objet avec méfiance et curiosité, visiblement peu rassuré d’avoir à préserver chez lui quelque chose dont il ne connait rien de l’essence, voire même de la manière de s’en servir, ni de son utilité. Grimaçant et déformant hideusement son visage déjà très laid, il finit par se décider de prendre entre ses doigts crochus et tordus par les ans ma précieuse machine à Tchouk, à laquelle il ne semble pas porter beaucoup d’attirance, la chose est sûre.

Immobile et imperturbable, j’attends qu’il ait terminé son petit manège de vieux croupis désenchanté de la vie en l’observant consciencieusement mettre mon objet dans le coffre à mon nom, récupérant comme demandé la gourde contenant de l’eau bénite, de laquelle je ne me souviens même pas de la façon dont elle est entrée en ma possession. Lorsqu’il revient vers moi, sévère et râleur, il jette presque la gourde dans mes mains vivement placées là pour rattraper l’objet dont il semble éperdument se moquer du contenu précieux.

Je la glisse aussitôt dans mon sac avant de voir qu’il désire une signature sur sa décharge. J’obtempère toujours sans rien dire, paraphant son parchemin avant d’écouter ses derniers sermons contestataires d’un air blasé. Cet ancêtre est vraiment désespérant, quand il s’y met. Mais je sais qu’ici, mes biens sont à l’abri. Car derrière sa tronche ratatinée par les années se cache une grande puissance protectrice qui ne demande qu’à déferler sur un éventuel gêneur suicidaire sans la moindre sommation et sans qu’il ait à faire plus de geste d’un simple signe du petit doigt.

« Vous n’avez aucune crainte à avoir sur ce petit appareil, il est inoffensif. Préservez-vous pour notre intérêt commun ! »

Et sitôt ma phrase finie, je tourne les talons alors qu’il fait des grands signes pour que je déguerpisse et qu’il puisse retrouver sa paix quotidienne. Lorsque je passe la porte, Sidë est toujours appuyée contre le mur, les bras croisés et le faciès neutre. Quand elle me voit arriver, elle se relève avec un air qui marque tout de son impatience, et nous reprenons notre marche vers la sortie de la ville.

Cette fois, c’est la bonne !

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:56 
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Nous sommes plus de mille aux portes de la ville :


Les portes sont là, devant nous, croulante du monde qui pénètre ou qui sort de la cité en deux colimaçons de sens inversé. La troupe mixte avance à un pas d’escargot, et la plupart des convois marchands se fait fouiller par les gardes postés là. Leur nombre ne réduit en rien la lenteur de cette tâche, puisque plusieurs sont parfois occupés sur la même personne, certainement un peu trop zélés en cette journée ensoleillée. Je lâche un soupir avant de me placer dans la file sortante, nettement moins nombreuse à cette heure que ceux qui entrent. Sidë se place à côté de moi et semble irritée aussi de devoir encore une fois attendre avant de pouvoir sortir...

Le soleil est cuisant et nous tape sur les épaules, sur nos capes sombres. Armés de tout notre fatras, nous subissons directement ces rayons chauffants et ma foi fort désagréables dans l’inaction que nous endurons tout autant. Mais après à peine dix minutes d’attente, l’elfe bleue qui m’accompagne pose sa main sur mon épaule en me disant d’un ton déterminé :

« Suis-moi, je n’en peux plus d’attendre comme ça… »

Surpris par sa réaction, et aussi par le fait que ce soit la phrase la plus longue qu’elle m’ai dite jusqu’à maintenant, me laissant enfin connaitre le ton mélodieux de sa voix elfique, je la suis docilement dans son entreprise de dépasser toute la file des marchands et badauds, voyageurs et guerriers, aventuriers ou paysans qui avancent à pas d’escargot.

L’une ou l’autre protestations se font entendre, mais rien de plus, pas de réel éclat de la part de la file sans doute trop blasée pour prêter attention à deux furtifs dépasseurs. Et puis ces patients individus ne voudraient pour rien sortir de la file et perdre leur place pour s’occuper de deux lurons tels que nous. De toute façon, il ne fait aucun doute que nous nous ferons rabrouer par les gardes dès que nous tenterons de passer les portes. Mais curieux de voir comment Sidë compte s’en sortir, je la laisse faire, sans grand espoir de voir notre sortie accélérée par cette tentative quelque peu foireuse.

Comme de fait, lorsque nous arrivons à hauteur des gardes, l’un d’eux, assez jeune et au regard franc et courageux balafré du sourcil droit jusqu’au menton, s’interpose en nous barrant le passage. Il lève une main à hauteur de la gorge de l’elfe bleue avant de dire d’une voix catégorique et sévère :

« Halte, on ne passe pas ! Où croyez-vous donc aller tous les deux. À la file comme tout le monde, et pas d’histoire ! »

Jolie autorité pour un petit blanc bec qui vient sûrement de commencer son boulot de garde. Il sera certainement amené à monter rapidement les grades pour finir par gueuler sur ses subalternes pas assez productifs. Ou peut-être se fera-t-il tuer avant… Qui peut le savoir après tout ? M’apprêtant déjà à rebrousser chemin, je dois me retenir car Sidë en a visiblement décidé autrement, et d’une voix sûre d’elle répond au soldat posté devant elle.

« Nous sommes en mission importante pour le Roi de Kendra Kâr et, sous ce prétexte je vous demande de nous laisser passer sans faire d’histoire. »

Le jeunot, incrédule et pensé, tente de contre-argumenter.

« Le Roi enverrait des elfes en mission à la place de ses miliciens et soldats dévoués ? Vous rêvez je pense. Où allez-vous donc ? Quelle est cette mission ? »

Décidant à mon tour d’intervenir, je me lance :

« Et bien le Roi nous a chargé de nous rendre à… »

Aussitôt, Sidë m’interrompt sèchement pour poursuivre à ma place.

« …à Oranan pour une mission diplomatique. Nous avons pour but de resserrer les liens entre les deux pays pour faire face ensemble dans le cas d’une guerre éventuelle contre les orques. »

(Hein ? Mais qu’est-ce qu’elle raconte ? C’est n’importe quoi !)

Curieux de voir où elle veut en venir, je ne réagis pas à son mensonge, attendant la réaction du garde qui est, à s’en surprendre, inattendue.

« Ah ? Oh… Bon bon je vais en parler au sergent… Je… je reviens… »

Hé bien… Où sont passés toute sa confiance en lui, son charisme naturel et son autorité. Voilà que ce jeune blanc-bec se fait mater par une Earion plus petite que lui et se sent obligé d’en référer à son supérieur hiérarchique. J’avoue que la petite ruse de Sidë est astucieuse et fonctionne plutôt bien jusqu’ici, bien que nous ne soyons pas encore sortis. En revanche, je suis surpris de voir à quel point elle a poussé le mensonge dissimulant notre mission alors que nous aurions certainement pu dire la vérité à ses gardes qui, après tout, auraient très bien pu comprendre que ce que nous allions faire était tout aussi important qu’une mission diplomatique…

L’attente est de courte durée, et le jeune soldat revient tout pâle du bureau de son sergent, se postant devant nous pour dire d’une voix hésitante et désolée :

« C’est bon vous… vous pouvez passer. Veuillez m’excuser de mon manque de tact, diplomates. »

Le pauvre… il a certainement dû se prendre un blâme pour avoir changé d’opinion de la sorte. Quoi qu’il en soit, le passage nous est ouvert, et avec les honneurs. Il ne nous a même pas fouillés ! Nous devons une fière chandelle au sergent, et moi j’en dois aussi une à Sidë. Mais restant dans notre rôle, nous passons silencieusement les portes pour nous diriger vers la route d’Oranan. J’attends d’être un peu plus éloigné de la cité pour remercier l’elfe bleue et lui demander quelques explications sur tout ceci…

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Cromax
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 10:58 
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Premier jour de voyage : la campagne :


Nous voilà à l’extérieur de la ville, au-delà des hauts remparts blancs cernant Kendra Kâr comme une barrière de morceaux de sucre protègerait un amas structuré de chantilly épaisse et moelleuse. Le jeune garde qui nous a finalement laissé passer nous regarde nous éloigner de son poste, où il vient d’être blâmé en privé par son supérieur pour n’avoir pas cru à un mensonge éhonté. La situation est assez cocasse, et je ne peux m’empêcher de plaindre ce petit qui, après tout, faisait très bien son boulot. Une fois que nous sommes assez éloignés de la porte, je ne peux m’empêcher de lancer un sourire à celle qui nous a tiré de ce pétrin et qui avance maintenant d’un pas cadencé et souple, fluide comme l’eau que vénère son peuple.

« Pourquoi ne pas lui avoir dit la vérité ? Nous sommes réellement en mission pour le Roi, après tout… »

Elle se retourne vers moi et voit sur mes lèvres le sourire que je lui tends. Se retournant vers le chemin, elle consent à me répondre, une fois de plus, poussant chaque fois plus loin les limites de son indifférence me concernant.

« Si j’avais dit le but réel de notre mission, ça lui aurait paru si étrange qu’il aurait fait mander des émissaires directs du Roi, qui eux-mêmes ne seraient pas au courant de l’affaire. À votre avis, pourquoi croyez-vous qu’on ait si peu de renseignement sur ce que nous cherchons ? C’est une affaire secrète où nous ne sommes que des pions… »

À ses mots, j’acquiesce de la tête. Elle a raison, il ne faut pas se vanter d’aller dans ce genre d’endroit, ça pourrait paraître plutôt louche. Et même très suspect ! Nous pourrions être pris pour des espions peu perspicaces de l’ennemi, ce qui serait une insulte suprême, nous qui voulons servir le Roi pour l’honneur et pour le bien de Kendra Kâr… Heu… oui bon, pas vraiment en fait, puisque l’unique raison pour laquelle je me suis mêlé à tout ceci est parce que Pulinn m’a demandé de le faire et de tirer le plus de renseignements possibles sur la tâche qui m’a été confiée. Et j’avoue aussi bien volontiers mon sens très développer pour l’appât du gain. Non pas que je sois vénal ou matérialiste, mais quand une occasion semblable s’offre à vous, autant la saisir et en profiter ! Et puis, évidemment, au-delà de toute considération financière, c’est pour le goût du danger et de l’aventure que je me lance ainsi dans de telles expéditions. Car niveau pognon, je suis déjà très bien fourni !

« Des pions déterminants, cependant. Mais vous avez raison, notre chair n’a que peu d’importance pour eux. Si nous nous faisons hacher menu, d’autres viendront à notre place, c’est l’évidence même… »

Je la sens frémir un peu à cette évocation d’un bain de sang dans lequel nous finirions, mais je ne sais si c’est la peur ou l’excitation qui lui confère ce petit frisson passager. Elle ne répond rien, ce qui ne m’étonne pas outre mesure. Je dois m’habituer à des conversations écourtées par son caractère légèrement taiseux… Et c’est un doux euphémisme, pourtant. J’espère juste qu’aucune inimité ne naitra entre nous, et qu’elle se libèrera un peu plus au cours du voyage, sans quoi ça deviendrait tout bonnement insupportable…

Nous voilà donc partis sur la route d’Oranan, notre étape, sous un soleil doux et chaleureux, agréable pour la marche qui nous attend aujourd’hui. Un léger vent remue les champs de blé et d’orge cernant la grande Cité, et se perds dans les prés où paissent tranquillement quelques bovins ruminants. Le temps est propice au voyage, et c’est sous cet augure heureux que nous voyageons ce jours sur la route commune qui mène à Bouhen et Oranan, cette route que j’ai empruntées quelques fois, maintenant, dont la dernière et non la moindre était mon premier voyage en compagnie de Lysis.

(Et c’était à cheval, donc beaucoup plus rapide !)

(Mais Sidë n’a pas de monture elle ! Elle n’aurait pas pu courir derrière !)

(Tu l’aurais distancée et voilà tout. Tu y serais arrivé seul…)

(Si elle a été confiée à cette mission, nous devons l’effectuer ensemble et puis c’est tout.)

La route pavée est bien plus aisée à emprunter que les chemins tortueux de Verloa, où mille pièges étaient tendus dessous nos pas, parfois évident, parfois insidieux. Cette marche est donc presque un repos agréable, et je profite silencieusement de la liberté que me confère encore et toujours ce genre de voyage dans la campagne du Royaume Kendran.

En chemin, durant l’après-midi, puisque l’heure de notre départ se trouvait environ être dans la mi-journée, nous croisons l’une ou l’autre caravane marchande en passe d’arriver dans la cité blanche, et je les salue cordialement alors qu’ils nous souhaitent un bon voyage sans poser plus de questions sur notre destination. C’est ainsi le lien fort entre les voyageurs et les itinérants, les marchands et les aventuriers, cette espèce de convivialité des routes et des chemins qui se transmet aisément et qui prend un aspect d’entraide et de sympathie due au plaisir de voir une tête inconnue. Sidë, bien que moins cordiale et expansive, salue elle aussi les voyageurs avec le sourire, me prouvant donc qu’elle sait aussi ce qu’est la gaieté, et non plus ce masque froid et éloigné qu’elle arbore depuis notre départ.

Aucun autre fait marquant à dévoiler lors de cette première demi-journée de marche. En début de soirée, alors que le soleil disparait à l’horizon rougeoyant, nous arrivons à la fameuse intersection qui sépare les deux routes, celle qui va à Bouhen et celle que nous prendrons pour nous rendre à Oranan. J’ai une pensée pour le jeune archer dont j’ai fait la connaissance la veille à la taverne, Léonid, originaire de cette cité où je ne me suis jamais rendu auparavant. Il serait sûrement heureux d’apprendre que je vais y séjourner, ne fut-ce que pour un jour.

Arrivés à cette intersection, donc, Sidë et moi décidons d’un commun accord de passer là notre première nuit. Nous quittons donc la route pour nous installer dans un pré non clôturé bordant la voie pavée. Nous allons jusqu’à un groupe de petits buissons qui nous servirons de couvert pour la nuit, afin que nous n’ayons pas à allumer de feu et de rester discrets. Nous nous installons donc sur le sol herbeux et sec pour prendre un repas léger, chacun se servant dans ses provisions personnelles. C’est à ce moment que je décide de nouer un peu le contact avec cette elfe bleue dont je ne sais presque rien, au final.

« Alors, qu’est-ce qui vous a poussé à partir comme ça en mission ? La vie Kendranne était trop ennuyeuse ? »

Le ton de sa réponse est quelque peu acerbe…

« Vous êtes de la milice ? Pourquoi ces questions ? »

J’écarquille les yeux face à la virulence de ces propos réactifs aux miens, que je croyais innocents et non pas déplacés.

« Non pas du tout, je voulais juste apprendre à vous connaitre un peu mieux, puisque nous devrons passer quelques temps ensemble, dorénavant. »

« Ah… Hé bien… C’est l’aventure qui m’attire. Voilà pourquoi je suis ici. »

Et elle continue à manger en silence. Devant ce manque de sociabilité, je ne peux que me résoudre à l’imiter, ne sachant que dire de plus. Lorsque le repas est terminé, elle reprend cependant la parole, pour des raisons pratiques uniquement.

« Allons-nous organiser un tour de garde, cette nuit ? »

« Je ne pense pas que ça soit nécessaire. Nous sommes à l’abri des regards et les fauves sont rares auprès d’une route si fréquentée, même la nuit. Ne vous inquiétez pas, j’ai le sommeil léger. Au moindre bruit suspect je me réveille. »

Elle opine du chef avant de s’allonger dos à moi, se servant de sa cape comme d’une couverture. Je la regarde un instant, assis et immobile dans les ombres de la nuit, avan de l’imiter à mon tour.

« Bonne nuit ! »

Ne m’attendant à aucune réponse, et avec raison, je m’endors rapidement, reposant au mieux mes jambes qui seront mises à rude épreuve les jours qui viennent.

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