Rencontres forestières animées :
Je me réveille brusquement. Il fait encore noir, mais les premières lueurs de l’aube ne tarderaient pas à arriver. Le temps est brumeux et c’est comme si le sol de la forêt était recouvert d’une couche de vapeur évanescente qui ne bougerait qu’à mes pas en s’ouvrant à contrecoeur pour se refermer d’un air rébarbatif derrière moi. Je sens dans mon dos quelque chose de dur. Une douleur juste dans le creux des reins…
(Je me suis endormis sur une racine on dirait…)Je me lève en baillant, massant mon dos d’une main. À travers le brouillard, les arbres prenaient des formes étranges : droits, courbés, trapus, minces, penchés, lisses ou noueux et pleins de branches. Certains comportaient de la mousse épaisse sur leur base, divers lichens ou champignons qui vivent en autarcie avec le végétal qui leur sert de maison, de nourriture…
J’écoute autour de moi, m’apercevant qu’aucun son ne perçait la brume matinale, ou alors seulement le bruit d’un égouttement d’humidité parmi les feuilles immobiles. Pour le moment, il n’y a aucun mouvement autour de moi, ou alors tellement dissimulé dans les ombres du matin que mes yeux encore endormis n’ont pas le réflexe de les voir.
Soudain, un bruit, un craquement, suivis d’un énorme rugissement. Je sursaute surpris de ce brusque changement qui termine de me réveiller. Toute la forêt semble s’être réveillée avec ce bruit. Les oiseaux poussent des cris, mais ceux-ci ne ressemblent pas aux chants de la veille : Ce sont des cris d’alerte. Ils piaillent à tout va, quittant la branche sur laquelle ils s’étaient assoupis en s’envolant plus haut vers les branches fragiles. Le tumulte, au lieu de s’atténuer, redouble d’intensité. Un autre rugissement, plus proche celui-là, suivi du bruit d’une course lourde et pas discrète, qui se dirige droit vers moi…
(Vers moi ?)Sans attendre plus longtemps, je dégaine mes deux lames juste au moment où une énorme bête arrive dans mon champ de vision. Des crocs acérés, un pelage brun épais, des griffes tranchantes au bout de grosses pattes puissantes, un ours enragé arrive droit sur moi en courant à quatre pattes…Mais lui aussi m’a vu. Oubliant un instant ce qui semble le poursuivre, il se dresse sur ces deux jambes arrière et rugit de plus belle. Un filet de bave s’échappe de sa gueule et son regard noir se pose sur moi.
Il fait au moins deux mètre cinquante de haut quand il est comme ça et je me sens tout petit à côté de lui.
(Mon gros, je déteste qu’on me regarde de haut !)Je me jette sur lui l’épée en avant pour le transpercer, malgré moi…
(Si ce n’est pas lui, c’est moi…)Mais la grosse bête en décide autrement…D’un balancement puissant d’une de ses pattes avant, il me balaie littéralement de sa route en m’envoyant valser sur le sol recouvert de feuilles de la forêt. Je tombe après avoir fait un vol plané et glisse sur un mètre, mais je ne sens pas de plaie à l’endroit où il m’a frappé.
(Là, je remercie Argaïe de faire des armures de qualité !)Vu la brutalité du choc, je me sens aussi heureux de ne pas avoir de côte cassée…Je m’en sortirai finalement avec seulement un gros bleu…Si je m’en sors… Je me relève prestement, prêt à à nouveau subir une nouvelle baffe du géant des bois, mais des cris et hurlement braillards surviennent de l’endroit d’où l’ours venait.
(Des gobelins ! Voilà pourquoi cet ours fuyait !)La grosse bestiole me regarde un instant, puis poursuit sa course.
(Il a eu de la chance de me trouver sur son chemin finalement…)Je me planque un instant derrière un arbre, attendant l’arrivée tonitruante des bruyantes peaux vertes en chasse… Ils ne tardent en effet pas à arriver dans un fracas de tous les diables, broyant les branches en courant dans tous les sens, braillant à tout va des cris inhumains et ignobles, frappant leur armes l’une contre l’autre, au bien sur le tronc d’un arbre. Un sabre vient d’ailleurs s’abattre violemment sur le tronc derrière lequel je suis caché, mais son propriétaire, trop engagé dans sa course poursuite, ne me remarque même pas en passant. Si je les laisse faire, ils rattraperont l’ours et le massacreront sans pitié, ne prenant même pas la peine de récolter la viande ou les os de l’animal.
(Je ne peux pas laisser faire ça…)Une fois que le dernier de ces meurtriers barbares et sans pitié est passé à côté de mon arbre, sans qu’aucune de ces créature sans cervelle ne me remarque, je me lance à leur poursuite, veillant à faire moins de bruit qu’eux, ce qui ne demande pas une grande concentration. Sur mes jambes haut perché, je rattrapes vite fait l’arrière garde de cette petite troupe de courts sur pattes aux membres trapus et tordus…
Mes armes toujours dégainées de ma rencontré brève avec l’ours, dont je risque maintenant ma vie pour sauver la sienne. Arrivé à hauteur des deux derniers gobelins, je les frappe doucement du plat des lames sur l’épaule. Idiots qu’ils sont, ils se retournent dans leur course, chacun l’un vers l’autre, et ne tardent ainsi pas à chuter violemment sur le sol. Le premier qui tombe glisse un mètre sur les feuilles humides de la forêt matinale, avant de se relever vers moi en agitant son poignard rouillé.
(Je risque des infections là…)L’autre a moins de chance et va s’écraser littéralement sur un arbre au tronc épais. Une sorte de gélatine verte sort de sa bouche, sans doute est-ce de la bave, mais il se relève quand même, un peu moins vite que l’autre cependant, et moins longtemps aussi, car à peine sur ses deux petites guiboles affreuses, il lâche son arme et tombe assommé par terre.
(Il fallait le temps que l’information lui monte au cerveau…Si il en a un.)Leurs compagnons semblent ne pas se soucier énormément du sort réservé à leurs condisciples et poursuivent leur course à l’ours. Ecoeuré par tant d’obstination et aussi peu d’altruisme pour les membres de leur race, j’achève les deux grognards tombés au sol. Le plus teigneux des deux, celui qui a réussi à rester debout, essaie de se lancer sur moi avec son arme infectieuse, mais je le réceptionne sur mon épée, qui le transperce de part en part, faisant gicler son sang noirâtre par son dos. Il pousse un étrange gargouillis avec sa bouche, mais je sors mon épée de sa bedaine pour le décapiter tout net, faisant virevolter sa tête sur son compatriote assommé…Ce qui ne l’arrange d’ailleurs pas.
Pour l’autre, l’étourdi, c’est plus facile encore : il est déjà au sol assez abîmé et il me suffit de planter ma rapière dans sa gorge pour m’assurer de son trépas.
Ces deux là liquidés, je me lance à la poursuite des autres, qui continuent de courir bruyamment sans même s’être aperçu qu’il manquait deux de leurs amis.
(Quelle noblesse d’âme et de compassion…)La haine qui naît en moi pour ces vermines infâme s’accroît au fur et à mesure que je les rattrape dans leur course effrénée vers la bête sauvage qu’ils poursuivent. J’en viens même à me demander qui de l’ours ou des peaux vertes sont les plus sauvages…Les derniers sans doute…Mais je laisse de côté ces doutes et problèmes existentialistes pour plus tard, me concentrant sur ma propre course après les poursuivants poursuivis… Le seul sentiment qui m’anime maintenant est la haine de ses créatures sans cœur et sans intelligence ainsi que l’envie de faire régner la justice dans cette forêt…Ma justice.
Je n’ai aucun mal à retrouver la piste de ces dégénérés. Au bruit qu’il font, même un aveugle muet et cul-de-jatte arriverait à retrouver leur piste tant ils sont indiscrets… je les rejoins donc, mais cette fois, mon petit stratagème de les faire tomber en les frappant sur l’épaule ne fonctionne pas. C’est à croire que leurs oreilles se sont habituées au chahut et dès que j’arrive à portée de lance des derniers poursuivants, cinq d’entre eux se retournent vers moi, poussant des cris infâmes et des grognements rauques, que je considère comme autant de jurons dans leur langue rocailleuse et sans vie. Aussitôt, pour ne pas laisser l’affront non vengé, je leur réponds dans leurs médisances avec toute la fougue qui me caractérise.
« Bande de vermines dégénérées du cerveau ! Je vais vous éclater la poire, bande de lâches sans cervelle dégarnis du chef ! Je vais vous transformer en chair à pâté, espèces de lâches criards et débiles ! Et à mon avis, personne n’oserait manger de ce pâté fait de la chair immonde et pestiférée qu’est la vôtre !!! »Un moment, ils semblent hésiter, s’arrêtant dans leur course pour m’éventrer, se jetant des petits regards d’incompréhension entre eux. Sans doute que le flux de mes paroles à été trop rapide pour qu’ils puissent tout saisir, mais après tout, c’est l’honneur sauf que je m’en vais leur taillader la face, car moi, je ne m’arrête pas ! Je fonce toujours vers eux les armes levées au ciel. Hélas ils se reprennent plus vite que prévu, abandonnant sans doute l’essai de compréhension de mes injures, et se remettent à courir vers moi. Un premier, apparemment plus rapide que les autres, se jette sur moi violemment en faisant tournoyer une chaîne pourvue d’un crochet. Par un mouvement rapide des deux lames, j’arrive à éviter le crochet, mais celui-ci s’accroche à mon épée et par manque de chance, je trébuche sur le gobelin. Je fais un vol plané, tout en arrachant violemment le bras du pauvre crétin violent, qui s’effondre en arrière dans un cri affreux. Moi aussi je tombe, et vite ! Je n’arrive pas à modérer ma chute, même si celle-ci est ralentie par l’arrachage…Je fonce droit sur un autre de ces ignobles personnages, l’écrasant presque en retombant sur le sol. Il lâche le bâton qu’il avait en main en guise d’arme, et je lui file rapidement un coup de tête, avant même que nous ayons touché le sol.
L’impact avec cette chère terre forestière ne se fait pourtant pas attendre. Il est d’une violence inouïe, surtout pour le gobelin qui me sert d’airbag et qui éclate dans un bruit infect d’implosion, envoyant gicler ses tripes sur ses voisins, qui nous regardent d’un air ahuri. L’un d’entre eux, plus perspicace que les autres profite que je suis à terre pour me frapper de son petit gourdin à pointe, tout lâche qu’il est, et qui plus est, il me frappe dans le dos, vu que je suis à plat ventre sur la carcasse bouillonnante de son ami.
(Beurk)Hélas pour lui, sa petite arme ridicule rencontre la résistance de mon bouclier, et il recule, interloqué. Les autres le voyant hésiter, finissent par eux aussi douter. Cela me laisse le temps de me relever, péniblement certes, mais rapidement…
Une vague de dégoût s’empare de moi quand j’ai le temps de constater, en un regard vif et discret, la couleur de mon armure sous laquelle le gob a éclaté. U haut le cœur me vient, mais je le retiens en repensant à mes ennemis, qui ont laissé les doutes de côté pour reprendre le combat. C’est le mutilé qui m’attaque le plus férocement, encore une fois plus rapide que ses congénères. Il n’est plus armé de sa chaîne, vu qu’elle est partie avec son bras, qu’il n’a pas pris la peine de ramasser, mais c’est plein de rancune vive et compréhensible, que le déchet vert se jette sur moi. Je n’ai pas le temps de trier () mes idées de dépeçage de cet abruti, qu’il me frappe violemment avec la main qui lui reste. Son poing atterrit sur ma joue, et c’est étonnant, vu à la hauteur à laquelle je me trouve par rapport à lui. Il retombe sur ses pieds et essaie de m’en frapper les chevilles, mais j’évite le coup en sautant à mon tour dans les airs, ressentant la douleur de son premier coup dans la mâchoire.
« Vigoureux crétin ! »D’un geste souple, je tranche l’autre bras de l’horreur verte, qui tombe sur le dos, toujours vivante, mais pas vraiment apte à combattre. Ses trois potes, dans un élan vif de soutien, s’élancent violemment vers moi. Deux sont armés de petites épées, dont une est émoussée, et le dernier d’une espèce de petit trident en métal blanc et aux piques pointues. Je pare le premier coup d’épée, mais la lame émoussée me frappe en plein tibia, m’obligeant pendant un instant de mettre un genou à terre à cause de la douleur que ça m’occasionne.
(Arf, ça ne fait pas du bien!)Le trident en profite pour me donner un coup de ses trois piques dans le fessier, ce qui me fait me relever d’un bond, m’arrachant cette fois un cri aigu auquel je ne suis pas habitué et qui me surprend plus que mes ennemis. Une fois debout, et mon orgueil étant une nouvelle fois atteint, je me sens obliger de laver l’affront en faisant un coup ravageur en tournoyant avec mes lames à hauteur des hanches, tranchant la poitrine de mes adversaires.
Quand je dis « laver l’affront », c’est une expression car mon geste est plutôt salissant. En effet, le sang impur abreuve les sillons de la forêt dans un gargouillement dégoûtant, m’arrachant une nouvelle fois un haut-le-cœur, que je parviens une nouvelle fois à maîtriser sans devoir répandre le contenu de mon estomac sur les visages déjà ingrats des gobelins me faisant face.
Chacun prend donc une pause de deux secondes, eux en reculant à cause de leur blessure, et moi en retenant un liquide acide et épais qui me remontait dans la gorge. Le mutilé, qui est parvenu à se relever malgré son manque de membres, hurle alors à ses copains de me trancher la gorge, de me mutiler jusqu’à la mort ainsi que d’exposer mes restes à des corbeaux, du moins c’est ce que je crois comprendre dans le charabia d’insanités grotesque que ce petit être affreux me lance à la figure. Les autres, apparemment surpris par cet excès d’autorité de leur collègue chasseur d’ours, se ruent à nouveau avec toute leur haine sur moi, tous les trois en même temps.
(Les imbéciles…)Soudain pris par une lueur vive qui jaillit dans mon esprit comme le ferait un diable dans une boite, je plie légèrement les genoux et saute lestement par-dessus mes ennemis, qui se rentrent dedans sans comprendre où je suis passé. Dans mon geste, je coupe une des jambes sur lequel le mutilé tient debout et nous tombons tous les cinq, moi et les quatre gobelins encore vivants, dans un même bruit sur le sol.
Ayant une agilité bien supérieure à cette bande d’empaffés sans cervelle, je me relève et en embroche violemment un par le fondement à l’aide de ma rapière. Ma longue lame le traverse de part en par, sortant dans une gerbe de sang, de cervelle, de boyaux et autres déchets organiques par le crâne de la créature ignoble. J’ôte le plus rapidement possible ma lame de cet enchevêtrement de chairs pourries, de sang chaud et écoeurant et de tripes dégoûtantes, dont la moitié me glisse dans la manche. Cette fois, je ne peux éviter le vomi d’affluer en quantité impressionnante dans ma gorge et j’éjecte tout sur le crâne d’un gobelin encore vivant, celui ) l’épée émoussée, qui ramasse tout dans les yeux et dans la bouche, qu’il garde ouverte à cause de deux dents jaunâtres trop proéminentes. Il recrache tout d’un coup, et lâche son arme en agitant les bras dans tous les sens et en tournant sur lui-même comme un abruti qui aurait reçu une crêpe chaude sur la tête. Il hurle d’une voix stridente, pincée et agaçante dans un langage dont je comprends enfin quelques mots…
« BeEeeeEErk çaaaAaa BrUUuuUUuuLE ! C’eSt De lA GeRbE ElFiQuE, çA BrUlEuEuh !! »(Je ne me savais pas la bile si corrosive…)Les deux autres, le mutilé et le gob armé du trident, regardent leur ami presque fondre sous mes déjections buccales et le dernier abrège ses souffrances avec l’aide de son trident en fer blanc. Cette pitié me touche presque de la part d’une de ses créatures aux longues oreilles pustuleuses, mais aussitôt je me reprends de ce vague à l’âme non justifié et décapite le gobelin d’un geste sec et précis, faisant jaillir un jet de sang digne des histoires de Tarantino, un troubadour humain dont on ne fait plus la présentation à Tulorim tant il est renommé…
Sa tête roule un instant et va rejoindre le seul gobelin encore vivant à cet endroit de la forêt, celui dont il ne reste qu’une jambe, la tête, le buste, et de moins en moins de sang. Je m’approche de lui et une lueur de sadisme naît dans mes yeux.
« Tiens, sale teigne !! »Je lui coupe sa dernière jambe d’un violent coup d’épée et le laisse crever dans son sang sans l’achever, le laissant hurler à la mort.
(Je n’ai aucune pitié avec les êtres maléfiques…)Je poursuis ma course pour rattraper les derniers, qui sont toujours à la poursuite de mon ami l’ours, que j’espère encore vivant.
(Il a intérêt à avoir de l’endurance et à ne pas s’être laissé aller à ces bêtes créatures aux longues oreilles…)Je dois cette fois tendre un peu plus l’oreille pour entendre leurs hurlements un peu plus loin dans la forêt. Je me lance à toute vitesse dans cette direction, filant comme le vent à travers la forêt, évitant souplement les arbres qui se dressent sur son chemin. J’arrive alors à une petite clairière, où l’ours s’est arrêté de courir, mais n’est pas encore blessé par ses ennemis véreux qui ne font que le tenir à distance avec leurs armes. Je marque un instant pur comprendre pourquoi ils ne le tuent pas. Un archer est en train de bander son arc Pour envoyer une flèche dans la tête de l’ours.
(J’arrive à temps !)En hurlant, je cours vers l’archer, ce qui détourne son attention. Mais je ne pensais pas être si impressionnant que ça…Il prend un air effrayé et lâche la corde de son arc après m’avoir visé. La flèche file à toute vitesse vers moi et je n’ai pas le temps de l’éviter, heureusement, le gobelin n’a pas eu tout le temps d’ajuster son tir et la flèche vient se planter dans mon épaule gauche, m’arrachant un cri. Heureusement pour moi, ce n’est pas une trop grosse flèche et elle n’a pas trop endommagé mes muscles. Je sais encore parfaitement tenir mon épée, même si ma force de frappe risque d’être diminuée par la blessure. L’ours, comme si il avait compris la diversion, balaie de ses griffes un gobelin armé d’une lance et ce dernier vient s’empaler sur une branche d’arbre en poussant un dernier cri qui s’évanouit dans le tumulte qui suit.
Tous les gobelins restant commencent à hurler de rage en agitant leurs armes dans tous les sens. Quatre d’entre eux s’approchent de moi alors que les autres restent à proximité de l’ours, qui fait étalage de sa puissance en envoyant valser des morceaux de peaux vertes. Je le laisse à ses assaillants pendant que je viens décharner une partie du buste de l’archer qui m’a tiré dedans, lui ôtant toute envie et surtout tout moyen de retenter son exploit. Il tombe mort sur le sol, mon épée plantée dans l’œil droit, alors que ma rapière accueille déjà le premier de mes ennemis détestable, faisant virevolter sa petite dague torsadée dans les airs, avant qu’elle vienne, par hasard, se planter dans le pied d’un gobelin aux côté de l’ours, qui envoie balader le blessé d’un coup de griffe dans la tête…
Mon gobelin à moi se retrouve désarmé et bien embêté de ne savoir avec quoi me parer, quand il voit ma rapière revenir lui trancher l’avant bras, qui tombe à ses pieds dans un son de magma brûlant, mais rien que le son, le membre tranché n’étant plus que de la viande qui ne tarderait pas à refroidir…et à pourrir…
Il regarde perplexe son moignon saigner abondamment et me regarde avec des petits yeux noirs pleins de douleur et de pitié…
« Oooh c’est tout moignon…Excuse-moi, sale bestiole, mais je n’ai pas l’habitude d’abréger les souffrances d’êtres dans ton genre ! »Je lui tranche la jambe avec mon épée, après bien sûr l’avoir sortie de l’orbite de l’archer, arrachant l’œil par la même occasion. Le gobelin tombe au sol sans se défaire de sa figure triste, et roule sur lui-même jusque sous les pattes de l’ours, qui ne se gêne pas, lui, pour écraser violemment sa tête sous son sa plante de patte. La cervelle glisse entre ses coussinets et le chatouille alors qu’il arrache la main d’un horrible gobelin trapu avec sa mâchoire puissante.
Deux autres créatures vertes se présentent à moi, une aux yeux rouges armée d’un sabre usé, l’autre au regard noir armée d’une petite hache. Ils essaient tous les deux de me frapper au même moment, mais ne rencontrent que mes deux lames, qui parent plutôt facilement leurs coups mal donnés. J’allonge le bras qui tient la rapière, et celle-ci achève sa course en plein au milieu des deux yeux du sabreur, qui tombe en arrière en louchant sur la fontaine de sang qui est née entre ses arcades sourcilières proéminentes. Pendant ce temps, l’autre vaurien ma donne un coup de hache dans la cuisse. Son arme pénètre mes chairs et je hurle mon mécontentement et ma douleur.
« Rhaaaa ! Saleté va ! »D’un retour de lame, j’envoie le plat de mon épée sur le bras du bûcheron qui a osé me confondre avec un arbre et celui-ci lâche son arme, qui vient au passage lui trancher trois orteils de ses pieds nus…
« Ta maman aurait du te dire que ce n’est pas bien de te promener pieds nus dans la forêt… »En fait, j’ignore totalement si les gobelins ont une éducation par leur parent, voire même une éducation tout court, quand on voit comment ils se comportent… J’abrège le combat en envoyant ma rapière entre ses côtes, déchirant ses poumons et son cœur. Il meurt dans un horrible sifflement. L’ours a tué tous ses vis-à-vis et il m’en reste un seul, armé d’un vulgaire bâton de bois. Son regard passe de moi à l’ours, de l’ours à moi, et ainsi de suite jusque quand la peut envahit totalement son visage. Il lâche son résidu d’arme et s’enfuit en courant et en gesticulant des bras.
L’ours se retrouve face à moi, toujours aussi menaçant sur ses deux pattes arrière, les dents pleines du sang sombre des gobelins. Prudent, je garde mes armes en dehors de leurs fourreaux, mais j’en abaisse la garde…
Mais l’ours ne me veut aucun mal. Il repose ses membres antérieurs sur le sol et passe à côté de moi dans un petit grognement que je prends comme un remerciement.
(Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué…Ces gobelins l’ont appris à leur dépend…Mais qui était réellement la bête sauvage dans cet affrontement…)Fourbu et las du combat qui vient de se terminer, je m’écroule contre un tronc pour récupérer quelques minutes…