Les expressions de Keynthara étaient éphémères et déjà son visage radieux laissait transparaître sa déception. Elle aurait tellement voulu imiter cet homme qui maîtrisait le feu avec une telle aisance. La patience n’était vraiment pas son fort et elle trépigna comme une petite fille qu’elle était encore dans son esprit.

« Très bien, si je ne peux pas, alors tant pis, de toute façon, la magie, ça ne doit sûrement pas être pour moi, voilà tout ! »

Mais la curiosité l’emportait toujours sur cette insatiable demoiselle débordante de question… et au bout de quelques minutes de marche silencieuse, elle reprit la parole :

« Bon, mais alors, comment pourrais-je savoir de quelle magie est-ce que je suis capable de me servir ? Et puis d’abord, qu’est-ce donc qu’un fluide ? Est-ce que tu peux m’apprendre à pratiquer toi ? »

Et Keynthara pressait le pas, sa contrariété avait déjà disparu. Elle avait hâte d’acquérir ses nouveaux habits mais continuait d'être attentive aux paroles de l'homme…

Puis elle entra dans la boutique de Moboutou, suivit de l'homme dont elle avait fait connaissance...

La petite Aniathy entre dans la boutique suivit de l'elfe, après avoir traversé les rues de la cité:

Il est vrai que Keynthara s’était un peu rapidement découragée, mais tout lui avait paru si facile, tellement accessible l’espace d’un instant…

« Ce n’est pas que je ne suis pas intéressée, au contraire, mais sur le coup, j’ai pensé que… enfin, que ce serait quelque chose de normal et de naturel pour moi. »

La question de l’elfe mettait la jeune fille dans l’embarra et son attitude s’en ressenti fortement. Il voulait connaître son nom, mais comme lorsqu’elle se trouvait devant les gardes il y a quelques heures, elle hésitait fortement à décliner sa véritable identité. Elle avait peur, peur d’être dénoncé, peur d’être conduite au marché. Mais en même temps, la personne qui l’escortait semblait vraiment digne de confiance et sans doute n’était-elle même pas au courant de sa fuite…

« Et vous, qu’elle est votre nom ? Moi je m’appelle Keynthara… Pas très commun hein ! »

Elle avait parlé à mi-voix et observait la réaction de l'homme...

Keynthara observait attentivement le visage de l’homme, comme si elle eut craint une quelconque réaction de sa part, une réaction qui aurait pu laisser présager un danger pour elle. Mais heureusement, comme elle l’avait espéré, l’homme n’eut d’autre réaction que d’exprimer son contentement et il se présenta à son tour…

« Et bien, Filgaren, je suis contente de pouvoir enfin mettre un nom sur votre personne si accueillante et sympathique, il faut bien le dire !

Puis, imitant son ami, Keynthara s’approcha doucement du comptoir. Elle se trouvait alors confrontée à un problème de taille…, de taille justement, car elle ne dépassait pas le grand bureau derrière lequel le grand magicien Moboutou attendait. Elle tentait tant bien que mal de se hisser sur la pointe des pieds et parvint à hauteur du ventre de Filgaren, c’était dire à quel point elle était petite…

« Bonjour Messire Moboutou, il a très bien résumé la situation. Je n’avais jamais pensé, jusqu’à présent, que je serais un jour capable d’user de magie et je découvre petit à petit ce qu’elle est…
Alors, comment puis-je savoir ? »

Lorsque Moboutou examina la petite Aniathy, elle fut parcourue d’un étrange frisson malgré la douceur et la tiédeur des mains du magicien. Elle avait sans doute ressenti les effets de la puissante magie qui habitait le corps du mage et cette opération la troubla quelque peu.

« Je vous remercie Messire Moboutou… », dit-elle lentement.

Mais déjà le grand elfe avait pris la parole. Keynthara était bien sûr très sensible à la gentillesse et la prévoyance de son ami Filgaren, mais elle se sentait un peu inutile. Elle avait l’impression que l’elfe la considérait comme une jeune enfant. Bien sûr, elle pouvait reconnaître qu’elle était loin d’être une adulte, mais elle aurait voulu faire sa demande personnellement au marchand qui se rendait maintenant dans son arrière-boutique. Keynthara profita de l’absence du magicien pour lui faire part de son impression…

« Filgaren, je sais que je parais toute jeune et que j’ai peut-être une attitude d'enfant immature, parfois, mais je pense pouvoir passer commande moi-même. Je suis très touchée par la bienveillance que vous manifestez à mon égard bien sûr, et je commence à vous apprécier beaucoup, mais tout de même, ne faites pas tant de zèle ! »

Assise sur le bureau du vieux Moboutou, elle n’avait aucune crainte de s’adresser ainsi à son ami et elle rit de bon cœur en observant le visage surpris de Filgaren. Elle espérait ne pas l’avoir vexé et s’arma d’un sourire tendre et chaleureux.

« Évidemment que je ne vous…

Keynthara secoua la tête afin de reprendre ses paroles.

... que je ne t’en veux pas ! Comment pourrais-je donc t’en vouloir d’ailleurs ? Tu es si gentil ! »

Il apparaissait très clairement que la jeune fille n’était pas habituée à parler avec tant de familiarité…
Finalement, elle sauta à terre et se dirigea vers le mage qui revenait déjà. Il fit le tour du comptoir et attira l’attention des deux amis sur l’imposant chariot sur roulette qu’il apportait.

« Voilà ma Petite, il y a sur ce chariot tout ce qui serait en mesure de vous intéresser. Quelle est donc votre couleur préférée ? Je pense que nous allons pouvoir trouver votre bonheur ici… »

Keynthara resta indécise pendant plusieurs secondes. Elle ne savait vraiment pas quelle teinte choisir. Bien sûr, elle aimait tout particulièrement le vert, le vert pâle, mais les autres couleurs étaient elles aussi magnifiques…

« Les teintes de vos vêtements sont vraiment sublimes Monsieur… »

Elle se saisit délicatement d’une robe verte dont la couleur, ni trop terne, ni trop vive, lui avait tout particulièrement plu. Elle la présenta au magicien…

« C’est une très belle couleur que vous avez choisi ma demoiselle. Voici d’autres modèles qui pourraient vous plaire dans la même nuance de teinte…»

Elle se tourna alors vers son ami et son dynamisme traduisait encore une fois son excitation et son enthousiasme…

« Et toi Filgaren, qu’en penses-tu ? Est-ce que tu crois que cette couleur m’irait ? »

La petite Keynthara fronça légèrement un sourcil et s’immobilisa soudainement. Elle ne comprit pas tout de suite l’hésitation de son ami et parut un instant vexé…

« Comment ça ? Juste pas mal ? »

Déjà son petit air coquin avait repris le dessus et elle arborait une expression faussement menaçante tandis qu’elle s’avançait vers Filgaren. Il tenta alors de rétablir la situation du mieux qu’il put et sa réponse parut enfin convenir à la jeune fille.
Le vieux mage regardait la scène, amusé, tandis qu’il repliait soigneusement les vêtements dérangés par la petite Aniathy. Et puis, elle s’adressa brusquement à ce dernier :

« Mais, Messire Moboutou, je ne suis vraiment pas riche, voyez mes vêtements de souillonne… Combien me coûterait donc cette belle robe ? »

Une petite moue se dessina sur le visage de la jeune Keynthara et elle murmura…

« Bien sûr, bien sûr, j’en conviens, c’est normal... »

Elle ne se souvenait plus exactement de la somme dont elle disposait et entreprit à nouveau de faire le bilan en fouillant dans son petit sac en bandoulière… Elle était vraiment déterminée à l’acheter, cette belle petite robe verte.

« Mais, justement, il se trouve que j’ai exactement le montant que vous demandez pour cette ravissante tenue… Tenez, je vous l’achète de suite… »

Et la jeune fille présenta au marchand la monnaie qu’elle parvenait à peine à contenir dans ses deux petites paumes. Elle était radieuse et ses grands yeux bleus pétillaient de joie et de malice…

« Je me demandais également, Messire Moboutou, si ces vieux vêtements troués et rapiécés pourraient vous intéresser. Enfin, je me doute que vous n’allez pas pouvoir en faire grand usage, mais, je m’étais dit que peut-être… enfin, que peut être vous auriez souhaité me les racheter une fois que j’aurai revêtis ma nouvelle robe… »

Keynthara était satisfaite de la proposition du commerçant et se saisit du petit billet qu’il lui tendit par-dessus le comptoir. De toute façon, elle ne se sentait pas le courage de marchander…

« Cela me convient parfaitement Messire, c’est vous qui fixez les prix de toute façon. Je savais bien que je n'allais pas pouvoir tirer grand-chose de ces vieux habits et je suis déjà bien heureuse que vous les acceptiez ! »

La petite demoiselle semblait de plus en plus impatiente. Elle attendait maintenant que le vieux mage lui proposa un petit lieu dans la boutique pour se changer à l'abri des regards indiscrets. Elle était particulièrement fière de faire affaire toute seule et elle gratifiait parfois de beaux sourires son ami Filgaren car il la laissait à présent s’exprimer par ses propres moyens.

La jeune fille resta figée un instant lorsque le vieux magicien la souleva. Elle ne s’était vraiment pas attendue à ce qu’il prenne cette initiative et l’expression de son visage dévoilait clairement sa surprise. Elle n’aimait décidément pas être considérée comme un vulgaire paquet, mais malgré tout, elle garda le silence. Keynthara ne souhaitait pas paraître désagréable et elle soupira de dépit, plutôt que de laisser libre cours à l’expression de sa contrariété.
Ainsi, elle se saisit fièrement du beau vêtement dont elle venait d’entrer en possession et pria le magicien de se détourner rapidement.

« Messire Moboutou, je crois que j’ai tout ce qu'il me faut, pourrais-je me changer à présent ? », lança-elle sur un ton évocateur.

Le vieux mage était compréhensif et bien qu’il semblât hésiter un instant, il s’éloigna finalement de son comptoir pour rejoindre le grand elfe.

Keynthara était presque satisfaite et commença à se déshabiller tout en surveillant les deux hommes. Elle déposa ensuite ses vieux vêtements sales sur le rebord du comptoir et sentit la fraîcheur de la pièce l’envahir, si bien qu’elle accéléra ses mouvements.
La jeune demoiselle fut bientôt prête et tendit son ancienne tenue au vieux marchand occupé avec son ami.

Même si la robe était un peu trop ample pour sa fine silhouette, Keynthara se sentait bien à l’aise : elle se trouvait vraiment élégante dans sa tenue et savait que l’elfe ne pouvait que lui adresser des compliments…

« Alors Filgaren, comment me trouves-tu ?, demanda-t-elle gaiement en faisant un tour sur elle-même. « Peux-tu me nouer ces petites ficelles dans le dos ? Je n’y arriverais pas toute seule…»

La jeune fille lui répondit spontanément, son visage arborant une petite expression friponne :

« Évidemment que je suis superbe ! Je dois malheureusement te le dire… c’est bien la première fois de ma vie que je me sens vraiment… belle. Enfin, tu dois comprendre ma fierté, n’est-ce pas ? »

Puis elle se retourna soudainement. Elle parut agréablement surprise et amusée de l’effet qu’elle avait provoqué chez Filgaren, mais avant même qu’il ait eu le temps de se redresser, la petite jeune femme attrapait déjà le visage fin de son compagnon. Elle le tenait fermement par ses deux joues rougissantes et le regardait fixement de ses yeux rieurs. Keynthara était bien loin d’être gênée par sa réaction, même si c’était la première fois qu’elle voyait un homme rougir de la sorte en sa présence…

« Et bien alors Filgaren ? Qu’est-ce qui t’arrive donc ? Pourquoi est-ce que tu es rouge comme ça ? C’est à cause de moi ? »

Et puis, l’attention de la jeune Aniathy se porta rapidement sur l’étrange fiole qu’il venait d’acquérir et qui dépassait un peu de son sac…

« Oh, mais qu’est ce que tu tiens donc là ? » Demanda la jeune fille sans détacher ses yeux de l’objet. « C’est beau… et ça brille en plus ! Je peux voir ça ? »

Et elle tendit les mains vers le sac de Filgaren pour lui signifier ce qu’elle attendait de lui…

Keynthara se saisit délicatement de la fiole contenant le précieux liquide. Elle observait tour à tour le fluide, puis Filgaren, inquiète et consciente de la maladresse dont elle pouvait parfois faire preuve…
L’elfe, quant à lui, paraissait lui faire entièrement confiance. Il n’avait bien sûr jamais vu sa gaucherie en action… et ce n’était sûrement pas le moment pour eux d’en faire la démonstration.

« Je comprend mieux ! Toi, tu es doué pour la magie du feu, à ce que j’ai vu, donc tu as pris cette belle fiole flamboyante et en…, en…, en l'utilisant de je ne sais quelle manière…» , s’empressa-elle de dire, « … tu te fatigueras donc moins vite, c’est bien ça ? »

Son ami acquiesça d’un simple signe de tête et s’éloigna un peu alors que la petite gardait les yeux plongés dans le liquide bouillonnant en perpétuel mouvement. Elle était fascinée.

Puis soudain, Filgaren réapparut devant elle. Il reprit alors son fluide magique et lui donna une toute autre fiole, contenant une toute autre substance…

« Oh, Filgaren, mais c’est… mais c’est… », murmura-t-elle, sans savoir vraiment quel adjectif employer pour qualifier ce qu’il venait de lui placer entre les mains.
Keynthara caressait les contours de la fiole brillante, légèrement plus large que la précédente, et elle se sentait euphorique au contact de cette dernière.

« …c’est un cadeau pour moi ? » Finit-elle par demander en détournant le sens initiale de sa phrase, d’une voix intensément aigue et pleine d’affection. Elle connaissait déjà la réponse…
Ses yeux se firent plus grand encore à la découverte de ces milliers de petites paillettes qui virevoltaient à l’intérieur de la fiole et illuminaient doucement son visage devenu écarlate, ses mains tremblaient légèrement sous le poids de l’émotion forte qu’elle ressentait…

« Mais...! Tu as du payer ça une fortune ! »

C’était à son tour de rougir, et Keynthara ne connaissait pas encore la demi-mesure...

« Soit, allons-y ! Nous avons déjà bien assez importuné ce brave Sir Moboutou, n’est-ce pas ? », demanda-t-elle au vieux mage.

« Mais non, mais non, pensez-vous ! C’est toujours une grande joie pour moi que de rendre service à mes clients. Au plaisir de vous revoir tantôt, jeunes gens ! »

Et il s’installa confortablement derrière son comptoir afin de poursuivre la lecture d’un énorme pavé poussiéreux qu’il tenait ouvert devant lui.

(C’est peut-être la première… et la dernière fois que je verrais ce vieux mage et sa charmante petite boutique…) Songea-t-elle l’air chagriné.

« A bientôt Messire... À bientôt...»

Keynthara posa un dernier regard bienveillant sur le mage, plongé dans son ouvrage, puis rejoint rapidement son grand compagnon de route déjà prêt à sortir, en serrant contre elle le précieux cadeau de Filgaren.

Remontant la ruelle lumineuse qu’ils avaient déjà empruntée une heure auparavant pour se rendre à la boutique magique, Keynthara et Filgaren se mirent à la recherche d’une auberge ou d’une taverne afin que ce dernier puisse se restaurer. Bien sûr, la petite Aniathy ne déjeunerait pas, mais il était évident qu’elle ne le laisserait pas manger tout seul.

« Maintenant que nous avons tout les deux un fluide, peut-être pourrais-tu me montrer, après, comment est-ce qu’on s’en sert ? Je suis curieuse de voir l’effet que ça aura sur moi, mais, je t’avoue que tout cela me fait un petit peu peur… et ce liquide, il semble si vivant. », lui expliqua-t-elle sans trop approfondir.

Son ancienne maîtresse avait toujours refusé de lui parler de magie, ce sujet devait être pour elle un véritable tabou et elle n’avait encore jamais osé soulever ce voile interdit. Pourtant, elle savait qu’elle était maintenant capable de se servir d’un pouvoir dont elle ignore encore tout, celui de la magie blanche, une magie douce et bienfaitrice.
Cette réflexion amena Keynthara à se poser une question essentielle…

(Mais alors, pour quelle raison cette horrible femme m’avait-elle donné cette faculté, elle qui ne portait pas un soupçon de gentillesse en son cœur obscur ?)

Remuer le passé et les souvenirs était toujours douloureux, et c’était maintenant qu’elle en prenait conscience. Alors la petite créature - qu’elle continuait d’être malgré tout - se rapprocha un peu de son ami et garda le silence. Keynthara était profondément troublée et elle cherchait une réponse pour se rassurer sans vraiment parvenir à la trouver…

« Tient regarde, là-bas ! Ce n’est pas l’enseigne d’une auberge ? Dépêchons-nous… »,s’exclama-t-elle en sortant de son silence, sur un ton bien moins enjoué qu’à son habitude...

Les grondements provenant du ventre de Filgaren l’avaient amusée un moment et elle ne se serait pas gênée, en temps normal, pour lui adresser l’une ou l’autre petite taquinerie, mais la jeune fille se sentait vraiment mal à l’aise.
Elle fut un peu soulagée de voir à quelques mètres devant eux le petit écriteau suspendu au-dessus de la porte d’entrée. Ils traversèrent hâtivement le petit carrefour qui les mena juste devant l’auberge et Keynthara hésitait vraiment à répondre à son compagnon de route pourtant si gentil…

(Dois-je me confier à lui ? C’est un sujet bien personnel, je le sais bien, et il ne pourra sans doute pas m’aider beaucoup… Que pourrait-il faire de plus que me rassurer ?
Rah !Bon, de toute façon, nous aurons tout le temps, s’il insiste, de discuter dans un petit coin tranquille. Entrons donc…)

Mais elle se trompait, car une fois les portes de l’auberge de la tortue guerrière franchises, elle resta stupéfaite devant le bruit et l’agitation qui régnaient dans cette grande bâtisse… Évidemment, c’était l'heure de déjeuner pour tout le monde et la tranquillité ne pouvait être au rendez-vous à cet instant-ci…

Keynthara venait de s’avancer timidement vers le milieu de la pièce -espace recouvert d’un grand tapis abîmés et piétinés à longueur de journée- lorsqu’elle fut bousculée par une grande et belle serveuse pressée. La jeune Aniathy ne l’avait en effet pas vue arriver tant son attention était attirée par les multiples détails de la pièce…
Sans pour autant interrompre sa course vers la salle adjacente emplie d’une bruyante foule attablée, la plantureuse femme fit un petit tour sur elle-même et prit la parole à l’attention des deux arrivants, comme si de rien n’était :

« Je suis à vous dans un instant… Prenez place, c'est par ici ! », mais déjà elle s’était arrêtée pour prendre la commande à la première table, juste au pied de la grande arcade qui faisait la liaison entre les deux pièces…

« C’est drôlement chouette ici ! J’aime bien. Dommage qu’il y ait autant de monde, ça me met un peu mal à l’aise, mais ce n’est pas grave... », déclara la petite jeune fille qui devait forcer sur sa voix afin de couvrir la musique, les rires et le bruit métallique de couverts qui s’entrechoquent.
En balayant du regard la pièce, elle découvrit un homme vêtu d’un long tablier vraiment sale qui se tenait de l’autre côté du comptoir, mais celui-ci paraissait également débordé par les commandes de ses clients.

« Tina, six bières pour la table 14 ! », cria-t-il alors que la charmante serveuse revenait de la grande salle aussi rapidement qu’elle s’y était rendue. D’un geste adroit et expérimenté, elle plaça les six imposantes chopes sur son plateau et invita les deux jeunes gens à la suivre…

« Je suis désolée, je ne sais plus où donner de la tête avec toutes ces commandes… Oh ! Mais vous avez de la chance, il me reste une petite table au fond de la salle… »

« Encore heureux, on n’est pas venu pour rien… »murmura Keynthara à l’attention de l’elfe qu’elle accompagnait…