« Pfffffffff ! »
Laissa-t-elle échapper de sa bouche en cul de poule avec les sourcils froncés à lui en donner mal à la tête. Elle était fâchée après Cromax qui n’avait même pas daigné imprimer sa petite frimousse angélique alors qu’elle avait pris tous les soins de n’oublier personne, pas même lui. Dépitée, elle se rassit et accueilli les réclamations du Sindel avec plus de mécontentement encore. Il s’était emparé des images et même s’il les avait réclamés gentiment, Keynthara n’avait même pas pensé à lui résister. Cette éponge à alcool risquerait encore de se mettre en colère pour une banale opposition et ça aurait vraiment pu mal se finir pour elle. Ainsi elle se sépara de ses petits papiers luisants pour finalement voir un Cromax assez mécontent de ce qu’il venait d’observer.
(Quoi, ça lui plaît pas ? Oh zut alors, j’ai vraiment tout fait de travers encore une fois… Je suis la plus nul des enfants… Hein ! Moi ? Une enfant ? Mais ça va plus la tête !)
Elle se gifla un gros coup en plein milieu de la scène avant de se rendre compte que l’elfe s’était levé d’un bon pour venir embêter les deux zigotos entrain de se faire des papouilles, des mamell.. des mamouilles, et autres choses qui n’étaient réservés qu’aux êtres sexués dont Keynthara n’avait aucune envie de découvrir les tenant et les aboutissants pourtant si explicitement exposé à la lumière du jour, ou plutôt, de la taverne.
Décidément, la pauvre Atanya était sollicitée de tous les côtés. Un homme à sa droite, un homme à sa gauche, et tous deux la déshabillait du regard, surtout Cromax qui la contemplait avec insistance. Elle était vraiment prise en sandwich car à peine avait elle finit avec ce dernier que l’autre déjà venait réclamer son dû, enfournant elle ne savait quoi dans sa bouche grande ouverte, peut-être sa langue dégoulinante de porc et d’alcool, comme l’avait bien fait soulignée la dernière intéressée.
Bizarrement, Keynthara était de moins en moins dérangée par ce genre de débauche qui l’entourait de toute part et ne se gênait même plus pour planter son regard indécent sur ces fâcheux détails.
(Mais qu’est ce qui m’arrive, pauvre de moi ? Et en plus de ça, ça m’amuse de voir tout ça. Mais reprend toi Keynth’, t’es pas comme eux, te laisse pas aller à toutes ces folies !)
La tablée commençait réellement à se déglinguer et la Petite perdait de plus en plus de sa lucidité, elle ne savait même pas dire pourquoi. Elle savait juste qu’elle n’arrivait plus à être aussi raisonnée qu’avant et cela la mettait mal à l’aise bien qu’elle eût réellement envie de savourer cette nouvelle liberté d’esprit qu’elle avait semblé acquérir en l’espace de quelques minutes à peine.
~~¤°° Début de l'apprentissage de °°¤~~ ~~¤°°Trait de lumière°°¤~~
Les yeux troubles et la voix chevrotante, elle se décida à rassembler -ou du moins, elle essaya- tous ses esprits sur le parchemin qu’elle avait repris dans ses adorables mimines à moitié tremblantes. Incontestablement, cette soirée la révélait sous un tout nouveau jour, et elle n’en revenait pas de constater avec un certain détachement que sa morale habituellement irréprochable était en train de disparaître.
« Que la lumière soit, et la lumière fut ! », parvint-elle à lire en plissant les yeux pour déchiffrer l’écriture, d’une voix qui rappelait tout d’une vieille bonne femme de la rue qui avait vu son chat un peu trop agressif s’emparé de sa gorge pour ne plus jamais la lui rendre intacte. Elle ouvrit alors son esprit du mieux qu’elle le put pour s’approprier la magie qu’elle avait devant elle, forçant sur ses pensées qui avaient tendance à s’éparpiller et à se focaliser sur tout sauf sur le bout de papier aux propriétés magiques convoitées. Pourtant, rien ne semblait y faire, rien ne marchait puisqu’elle ne ressentit rien, elle ne remarqua aucune nouveauté à l’intérieur de son minuscule corps ensorcelé par les fluides absorbés en grande quantité. C’était comme si ses sens demeuraient endormis et la Petite se mit à paniquer un peu. La magie l’avait elle quittée ? Elle avait peut-être abusé de cette dernière qui avait alors décidé de prendre la poudre d’escampette, martyrisée par sa propriétaire ?
( Mais non, tout ça est ridicule), pensa-t-elle dans un moment d'ultime lucidité. Elle attrapa alors un nouveau pot de magie lumineuse pour se redonner du courage, se préparant ainsi à bafouer une fois encore la divinité pour laquelle elle n’avait que trop rarement de pensées, n'essayant même jamais d'entrer en comunion avec cette dernière par le biais des fluides qui les unissaient pourtant. Ce n'était pas parce qu'elle répugnait Gaïa, mais simplement parce qu'elle n'avait aucune connaissance sur cette déesse, si bien qu'elle ne s'y nteressait donc pas le moins du monde.
Tout haut, et saoule comme les autres, elle lança alors à l’assemblée quelques propos décousus qui devaient sembler terriblement saugrenus pour qui voulait bien prêter oreille à cette folle qui bataillait sec avec le pouvoir de Gaïa. Peu de gens prêtaient attention à son cirque d'enfant capricieuse, mais elle se croyait, comme toujours, le nombril du monde, clamant haut et fort sa ridicule détermination d'assujetir le pouvoir divin...
« C’est pas moi qui vais me laisser décourager ! Non mais oh ! Je suis la magie, elle ne peut me résister ! Vous allez voir ! »
Elle essayait de se rassurer comme elle le pouvait mais avec ses pensées débridées et sa tête qui tournait, les choses semblaient fichtrement plus compliquées à présent. Elle but alors à toute vitesse en fermant les yeux, tournoyant de droite à gauche puis de gauche à droite en remuant de plus en plus vite et de plus en plus fort, se tordant presque sous l’effet de la puissance qui l’avait gagnée soudain. En elle, tout brûlait, et elle eut même envie de régurgiter sur la table tellement c’était fort et puissant. Elle comprenait à présent les douleurs qu’avaient pu ressentir les autres avec leur fameux tord-boyaux, mais là n’était pas la question du moment car elle avait bien d’autre chat à fouetter, ou plutôt, à cracher…
Keynthara essayait de vomir le fluide de toutes ses forces en se tordant en deux après avoir lâché la bouteille de fluide vide qui se brisa sur la table sous le coup de la chute. Tout se bousculait dans sa tête, des lumières, des flashs, des envies de nausées qu’elle n’était même pas sensée connaître du fait de la singularité de sa race, et soudain, le sort se mit à faire effet…
Un jet de lumière, puis deux s’extirpèrent de sa bouche qui n’avait de cesse de cracher encore et encore sous le coup du mal qui l’avait rongée, faisant couler de grosses gouttes de sueurs artificielles sur son doux visages contractés. Elle ne contrôlait plus rien, elle ne se contrôlait plus elle-même, et voyant ce qui sortait de son orifice tout d’abord, et peu de temps après, de ses mains, Keynthara se mit à pleurer comme une enfant en se laissant tomber sur ses genoux dans une énorme projection de lumière blanche qui traversa l’air comme une flèche perdue, et alla heurter le plafond de plein fouet en engendrant un impressionnant vacarme métallique de chaînes agitées à l’excès. Et ce qui devait arriver arriva…
La tablée se trouvait au beau milieu de la taverne, et en plein centre d’une taverne, on trouvait immanquablement le lustre au-dessus des têtes, celui-là même qui servait à éclairer l’ensemble des buveurs et des mangeurs. Cette roue armée de mortelle chandelle émie quelques cliquetis en se balançant durant quelques instants de silence intense où tout le monde retenait son souffle, même la guérisseuse qui était sur le point de provoquer un véritable déluge de cire et de cri…
BAOUMMMMMMMMMMMMMMMM.
La roue du plafond s’abattit dans un tonnerre de tous les Dieux et la moitié des bougies qui ornaient cette œuvre agricole furent soufflées sur le coup, encerclant la jeunette qui osa à peine relever les yeux, recroquevillée sur elle-même, regardant tout le monde ô combien craintivement à travers la lueur des cierges, en tremblotant de peur…
« C’est moi qui aie fait ça ? ». Son corps semblait être redevenu stable mais son esprit, lui, était toujours aussi embourbé qu’avant, et c’est lui qui la poussa une fois encore à se laisser aller à son petit rire de poupée idiote qui la caractérisait tant…
« Hihihi ! Je suis désolée, j’ai pas trop trop fait exprès mais c’était ma tête qui est toute déglinguée ! C’est fou hein ce que la magie peut faire de nos jours… Ralala, vilaine chose, ça devrait être interdit ! La bonne nouvelle au moins, c’est que la table n’a pas encore flambée avec tout votre alcool renversé… »
~~¤°° Fin de l'apprentissage °°¤~~
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