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Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.)))
Nos échanges durent ainsi un long moment, que je met à profit pour reprendre les forces dont il m'a privé lors de nos rixes précédentes. Peut-être ne vais-je pas mourir, finalement ? C'est après quelques assauts infructueux d'un côté comme de l'autre que je décide de jouer la carte de la diplomatie.
« Est-ce que ça vaut vraiment le coup de continuer comme cela pour quelques jours de cachot en moins ? » lui fais-je sans me défaire de ma posture défensive. « Appelle les gardes, dis leur que tu veux plus le faire. »
Le garzok hésite. Quelques secondes, seulement, mais elles me paraissent interminables. Je ne vois pas trop en quoi il y a besoin d'hésiter, nous faisons jeu égal, il pourrait très bien y laisser la vie au lieu de me la prendre. J'ai souvent entendu parler des garzoks comme de créatures sans peur, ou craignant le déshonneur de l'abandon plus que la mort elle-même, mais cette légende me semble stupide. Je veux bien croire que le courage soit une valeur importante chez les orcs, mais l'on ne me fera pas croire qu'un peuple entier défi cette peur rationnelle alimentée par nos instincts les plus profonds. Seuls les idiots et ceux qui n'ont plus rien à perdre ne craignent pas la mort. Certes, nombreuses sont les causes qui méritent que l'on affronte cette peur, mais trois jours de cachot en moins contre l'assassinat de quelqu'un que l'on ne connaît pas ne sonne pas comme une cause importante pour qui que ce soit.
« Non, » me dit-il pourtant.
J'étais pour un temps persuadé de l'avoir convaincu, mais il semble que la stupidité de cette créature soit égale à sa force.
« Maintenant, c'est personnel, » fait-il en portant une main à son œil dégoulinant de sang.
Sa stupidité, ou bien sa fierté. J'aurais dû m'en douter, il est vrai que j'ai planté une fourchette dans l’œil de cet orc, je pouvais difficilement m'attendre à ce qu'il oublie d'un simple revers de main. Pourtant je n'ai fait que me défendre, il devrait le comprendre. C'est presque aussi ridicule que de se venger d'une vengeance.
« Soit, » réponds-je sobrement en esquissant un pas en avant.
Il ne veut pas entendre raison, grand bien lui en fasse, maintenant c'est à moi de lui faire regretter son choix. J'attrape mon gourdin improvisé des deux mains et lui assène un coup circulaire en direction du visage. Il recule juste à temps, mais derrière lui se trouve la porte de la cellule, l'empêchant de s'éloigner plus. Le bout de ma barre de fer accroche violemment son menton, propulsant sa tête sur le côté. Sous la puissance du choc, le corps entier de l'orc se retrouve entraîné vers le mur. Profitant de l'avantage provoqué par mon attaque surprise, je m'avance de nouveau pour lui asséner un coup vertical dans le dos. Le garzok tombe à genou sous l'impact, et je continue mon assaut sous les encouragements de Lionel, frappant à répétition le corps maintenant roulé en boule de mon adversaire.
Mais alors que la victoire semble m'appartenir, je sens le sol se dérober sous mes pieds. J'étais positionné sur mes couvertures, et l'orc n'a eu qu'à tirer dessus pour que je me retrouve au sol, inversant drastiquement le rapport de force. Avant que je n'ai le temps de me rendre compte de la situation, le voilà au dessus de moi, prêt à reprendre le dessus. Je donne quelques coups de mon arme au-dessus de moi pour le tenir à distance, mais bien vite le garzok attrape mon arme et la jette dans un coin de la pièce. Retour à la case départ.
Le colosse doit avoir une constitution phénoménale, car le voilà déjà presque en pleine forme, accroupi au dessus de moi. Il commence par m'asséner un coup de poing au milieu du visage, réveillant les douleurs qu'il avait lui-même causé quelques minutes auparavant, puis un second et enfin un troisième, me laissant complètement sonné, avachi au sol.
« Debout ! Adelphe, réveille-toi ! » entends-je Lionel meugler en signe d'encouragement.
Mais cette fois je n'ai rien sous la main. Aucune arme surprise qui pourra me sauver des griffes du géant vert, aucune fourchette pour handicaper son second œil, pas de solution miracle pour m'extirper de ses puissantes mains.
« Œil pour œil... » me fait le garzok d'un air qui semble mélanger triomphe et colère.
Et, posant son pouce sur mon œil gauche, il appuie fort jusqu'à ce que je sente son doigt pénétrer dans mon orbite, m'arrachant un hurlement de douleur. Au bout d'un moment, le globe oculaire semble tout simplement éclater, me privant définitivement d'une partie de ma vision. La douleur, elle, ne s'arrête pas, cependant. Elle continue encore et encore, pendant des secondes qui semblent des minutes. Autour de moi tout semble sourd, alors que je n'entends qu'à moitié Lionel hurler des jurons à l'encontre de mon tourmenteur. Le garzok a ma vie entre ses mains, et pourtant il semble prendre un malin plaisir à la faire durer plus que de raison, dans le simple but sadique de me voir souffrir quelques instants supplémentaires avant de s'occuper définitivement de moi.
C'est lorsque, après des minutes qui semblent des heures, la douleur s'amenuise légèrement, me permettant de reprendre mes esprits, qu'il enlace finalement ses doigts autour de ma gorge et serre. Et serre. Fort. Mais soudain j'entends un bruit. Le même bruit que lorsque je dépèce mes prises, lorsque le couteau pénètre une première fois dans la chair. Et ce bruit est aussitôt suivi par un cri de douleur de la part du garzok, qui se relève en passant ses bras derrière son dos, comme pour y attraper quelque chose. Saisissant ma chance et au prix d'un effort surhumain, je me redresse à mon tour et attrape la barre de fer qui a roulé proche de ma couche.
Puis, me tournant vers l'orc qui semble trop occupé à retirer un couteau de sa nuque pour faire attention à moi, je frappe de toute mes forces dans son visage, le faisant tomber à la renverse. Je le chevauche alors, prenant la place qu'il avait seulement quelques secondes plus tôt, et, de nouveau, assène mon arme improvisée dans son visage. Une première fois, puis une seconde fois, une troisième fois, et ainsi de suite jusqu'à ce que je ne puisse plus garder le compte de mes assauts. Lorsque je termine enfin mes attaques vengeresses, l'orc est complètement défiguré, et des morceaux de cervelles pataugent dans la marre de sang qui provient du visage de ce qui fut mon adversaire.
Je suis borgne et à bout de force. Mais je vis. Et c'est seulement maintenant que je comprends à quel point je ne voulais pas mourir.