L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Les habitations
MessagePosté: Mar 30 Aoû 2011 16:30 
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Les habitations

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De tout temps, les architectes de Bouh-Chêne ont toujours reçu les mêmes mots d'ordre : "surprenant, audacieux et pas comme à côté !". C'est donc tout naturellement que l'on peut trouver de tout dans les rues de Bouh-Chêne, de la jolie petite maisonnette au teint pâle et fleurie en passant par la réplique exacte du palais d'Aratmen en jaune fluo bordée de cactus aux formes rigolotes.

Toutes les maisons portent des noms uniques un peu bizarres pour certains ou composés pour faire une contrepèterie ou un jeu de mots invitant déjà les passants à se détendre. De bois, de briquettes ou d'autres matières exotiques, on trouve vraiment de tout dans les rues de Bouh-Chêne.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Sam 27 Oct 2012 17:22 
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Il m'invita à entrer, ce que je fis expressément. Assis à sa table quelques secondes plus tard, il reprit un air un peu plus sérieux, presque grave. Sa maison était petit, mais bien agencée. Néanmoins, la présence de nombreux bocaux remplis d’œils, de doigts, d'organes ou d'autres choses m'inquiétait. Il avait été le premier témoin des conséquences que mes expériences avaient entraînées. Le voir poursuivre mon travail ne me plaisait pas. Il reprit la parole, m'invitant d'abord à l'écouter en claquant un doigt boudiné devant ma tête en voyant que je n'étais pas attentif.

« Tu n'aurais pas dû venir ici maintenant Meta. C'est bondé de tuloriens ! »


« Des tuloriens ?! Ici ?! Que font-ils là ?! »


« Ya un congrès sur une connerie je crois, enfin une réunion à la con. Du coup pas mal de lutins importants de Tuiles-aux-Rimes sont présent. S'ils te voient c'est cuit ! »

« Bha tu vas devoir m'héberger, au moins le temps qu'ils s'en aillent alors. »

« Pas de problème mon vieux, tu sais que je suis là pour toi. Au fait, puisque t'es là, faut que jte montre un truc super ! »


Il m'invita à la suivre promptement. Je me rendis compte rapidement que sa maisonnée possédait plus de pièces que je ne le pensais. Elle avait même une cave. C'est dans cette dernière qu'il m'emmena. La porte était bloquée par trois gros cadenas en acier, chacun ayant sa propre clé. Une fois les verrous ouverts, nous pénétrions dans la salle sombre. Il alluma une bougie, je restais stupéfait.
La pièce devait parcourir toute la maison dans sa longueur comme dans sa largeur. Plusieurs cages y étaient présentes. Dans chacune d'elle, ou presque, résidait un pauvre lutin. La plupart étaient vivants, mais pas tous...

Virgule me regardait fixement, un large sourire trônant sur son visage. On lisait en lui une grande fierté. Ne voyant pas arrivé l'admiration et l'excitation qu'il attendait de moi, il se dirigea rapidement vers l'une des cages et commença à m'expliquer ce dont il s'agissait avec ferveur et passion, sans s'arrêter. On aurait dit un enfant qui venait d'inventer un nouveau jeu et qui le montrait pour la première fois à ses amis.

« Regarde celle la, regarde la ! Elle, je lui ai greffé un bras de l'autre là-bas, juste ici, sous l'aisselle ! Elle peut pas encore s'en servir, mais ça va venir. Et regarde celui-là, je lui ai mis les yeux sur les mains, comme un redoutard ! Bon il voit pas encore, mais bon. Et puis celle-ci, j'ai relié ses veines à celles de sa fille, elles vivent avec un seul cœur maintenant ! Elles sont trop épuisées pour bouger, mais bon, dans leur cage elle ont pas besoin. Celui-là il a pas tenu à la greffe, je lui ai enlevé le bras, alors je lui ai mis une queue de lézard à la place. Dommage, ça aurait été super !»


Il continuait son exposé, courant de cage en cage, m'expliquant ses expériences. J'avais de l'admiration pour son travail, il avait poussé aussi loin ses connaissances de la médecine que moi, mais ne les employait pas de la bonne façon. J'étais bien plus épouvanté qu'admirant. Il jouait avec la vie comme on joue avec un joué, sans y faire attention, trouvant petit à petit d'autres façons de jouer avec, mais sans jamais y prendre soin.

« Ce n'est pas de la médecine Virgule ! » Scandais-je. « C'est de la torture ce que tu fais là ! »

Pendant que je prononçais ces mots, j'observais ses victimes. La plupart était trop épuisée pour me regarder, les autres étaient morts. Il se figea un instant, me fixant d'un regard étonné. Il se passa quelques secondes durant lesquelles ont s'observa. D'un coup, son visage prit une forme bizarre. Déformé par la rage.

« Tu es jaloux c'est ça ?! T'aimerais l'avoir fais, t'aimerais être le premier à le faire, t'es jaloux ! »


J'essayais de le calmer rapidement, mais il virait à la folie. Il n'avait plus aucune attache au monde réel, il était déconnecté, devenu complètement fou. Il vociférait à tort et à travers, se renfermait petit à petit dans sa vérité et je vis mon plus fidèle ami devenir une abomination. Ou plutôt, il l'était depuis bien avant qu'arrive ce soir. C'est moi qui l'avais créé, il y a déjà longtemps.


Je l'avais pris sous mon aile un soir d'automne, tandis qu'il cherchait un vrai médecin pour devenir son apprenti. Il était impossible à décourager. Un jeune lutin motivé que rien ne pouvait arrêter. Lorsqu'il me contacta, je ne pus m'empêcher de me revoir en lui à son âge. C'est alors que je lui appris les ficelles du métier. Mais il sombra avec moi dans mes expériences folles. Et même si moi, j'ai su garder le cap, même si j'ai réussi à garder un semblant d'humanité, lui semblait ne pas avoir tenu.

J'ai toujours eu du mal avec les gens. Je n'arrivais pas à m'attacher. Mais s'il y a bien une personne qui m'a été cher dans ma vie, c'est Virgule. C'est pourquoi, le fixant avec une intime tendresse, je lui souris un instant.

« Virgule, tu as été mon ami tout ce temps, un ami cher à mes yeux. Tu as compté bien plus que quiconque. Mais je ne peux laisser mon ami comme ça, le voir se transformer en un monstre abominable qui n'a aucun respect pour la vie. Je te dois au moins ça mon ami, une mort digne, de ma main. »

Je ne su si à ce moment là, ce que je sentis sur ma joue était une larme. Je n’eus pas le temps de vérifier.

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Dernière édition par Metafix le Sam 27 Oct 2012 17:33, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Sam 27 Oct 2012 17:23 
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Virgule, fou de rage et emplie de folie me sauta dessus, un long couteau à la main qu'il venait d'attraper de sa table de chirurgie. Son poids le rendait lent, mais il ne me rata que de quelques centimètres. J'étais surpris par son attaque.
D'un geste vif je m'emparais de mon scalpel, bien accroché à ma ceinture. Mon acolyte ne me laissa pas un temps de répit et retourna à la charge immédiatement, une nouvelle fois je l'esquivais, ce coup ci avec un peu plus de facilité. Néanmoins, bien que la pièce soit grande, elle était trop pleine de cages et de tables de toutes sortes pour nous permettre une grande mobilité. Nous étions donc constamment en mouvement, écartant quelques servantes à roulettes, ratant de peu les coins de bureau, se cognant contre les grilles des prisons de fer. Il ne me laissait aucune halte, enchaînant assaut sur assaut, me balançant de temps en temps quelques ustensiles récupéré ci et là. Chaque fois, je ne pouvais que dévier ou esquiver son attaque, sans pouvoir riposter. C'en devenait presque ennuyeux. Cependant, au bout d'un moment, mon scalpel effleura son bras, lui infligeant une très légère entaille. Il s'arrêta net et je reculais de plusieurs pas.

« Hi hi hi ! Je vais te faire l'honneur de te montrer un truc mon ami. Mon très cher ami... »


Il leva son petit bras, sa main devint noire. Je le vis se crisper une seconde, puis sa main retourna à sa couleur d'origine. Je compris immédiatement de quoi il s'agissait. Il venait d'utiliser de la magie, noire qui plus est. Comme la mienne. Son sort semblait l'avoir blessé.

« C'est le sort force obscure. Il suffit de s'infliger soit même une douleur. Tu souffres un peu, mais ta force en est décuplé ! Hi hi hi ! »


Son rire était fort et aiguë. Il me fonça dessus, me ratant une nouvelle fois. Son coup heurta une petite table en acier légère qui décolla et s'écrasa un peu plus loin contre l'une des cages.

« Crotte de lutin mais ça marche ton truc ! T'es dingue t'aurais pus me tuer ! »

« C'était le but ! »  rétorqua-t-il.

« Attends attends, c'est pas du jeu ton truc putain ! Comment tu fais ça ?! »

Il prit deux minutes pour m'expliquer comment procéder. Il n'était ni stupide, ni fou au point d'arrêter de combattre sans aucune raison. Je ne comprit pas immédiatement son geste, mais me dit qu'il devait toujours me considérer comme un ami, même si nous en étions venu à nous entretuer.

J'essayais une première fois son sort qui semblait plutôt simple. Il me corrigea, prétextant que si je continuais ainsi, je serais capable de me tuer moi-même.

« C'est moi qui te tuerais mon ami. Mais après. D'abord, je veux t'apprendre un truc. Pour la première fois depuis que je te connais, je serais le maître et toi l'élève. Hi hi hi ! »

Je me concentrais une seconde fois, écoutant ses conseils, inspirer lentement, concentrer sa magie en un unique point dans la paume de sa main, expirer en relâchant ses fluides dans tout son corps de manière brutale. Je la senti. La douleur me prit. Cependant, je ne remarquais aucun changement de force.

« Mais t'es têtu quand tu t'y mets hein ?! Tu expire d'abord, ensuite tu relâche. Et visualise bien ta force, tes muscles, ta magie. Imagine la s’agripper à chacun de tes nerfs pour les gonfler. »


Au troisième essaies, son regard me fit comprendre que c'était un succès. Partiel, mais un succès quand même. Mes veines se gonflaient, mes nerfs se crispaient, mes muscles s'agitaient. En un instant, mon corps me semblait différent, plus jeune, plus vif, plus agile. C'était à la fois perturbant et jouissif.

« M'étonnerait que tu ai réellement augmenté ta force de manière significative, m'enfin, tu tiens le bon bout. Bon on peut reprendre maintenant ?! Au fait, juste une question, quand tu seras mort tu préfères que je te transforme en cadavre ambulant avec le cœur d'un autre ou plutôt que chacun de tes organes servent à transformer et agrandir ma collection d'amis ?! »


« On va finir se combat et tu verras que je n'aurais pas besoin de répondre à cette question. Mais heu... Juste au cas où, laisses mes yeux sur ma tête s'il te plaît. »


Il fit une moue dubitative puis acquiesça d'un geste de la tête.
Nous reprenions l'affrontement là où nous l'avions laissé. Nos sorts respectifs préalablement lancés ne servaient pas vraiment à écourter notre joute. S'il n'y avait aucun coup de porté, qu'il soit plus fort ou non n'y changerait rien. Soudain, j’eus une idée. Je traversais la pièce en courant, rejoignant l'entrée et soufflais sur la bougie, nous plongeant ainsi dans le noir total. Je remontais en vitesse les quelques marches et me retrouvais rapidement dans la maison baigné de lumière par les nombreuses chandelles. Je me postais à l'angle du mur, étant caché de mon ennemi lorsqu'il remonterait mais bien placé pour lui porté un coup fatal. Je lui avais promis une mort digne, mais il était temps que ce combat cesse. Il ne se précipita pas et remonta lentement. J'entendis chaque pas, attendant le bon. Dès qu'il fut à ma hauteur, je sorti de ma cachette, lame en avant, bien décidé à en découdre. Mais tout se passa très vite. Une seconde plus tard, sa lame était dans mon bas ventre, la mienne l'avait touché au cœur.

Peut-être était-ce une hallucination, ou bien j'entendis seulement ce que je désirais, mais j'étais certain de l'avoir entendu prononcer tout bas un « merci mon ami... » juste avant que ses yeux ne se ferment définitivement et qu'un liquide rouge et épais s'écoule de sa bouche à demi ouverte.
Quant à moi, je me laissais tomber au sol jusqu'à ce que mes globes soient trop lourds pour rester ouvert.

((Apprentissage du sort évolutif force obscure))

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Dernière édition par Metafix le Sam 27 Oct 2012 17:35, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Sam 27 Oct 2012 17:24 
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Je me réveillai un peu plus tard, la douleur me reprenant immédiatement. Je ne pouvais rester ici, il fallait que je m'en aille, d'une manière ou d'une autre. Je rampais alors lentement jusque dans la cave. Ceci me prit quelques minutes. Une fois en bas, je m'approchais d'une des cages, au hasard. Ces gens étaient presque morts de toutes façons. Et puis, il faudrait que je les tue ensuite. Je ne peux pas les laisser vivre ainsi, ni mourir de faim.
Je tendis le bras et concentrais toutes mes forces dans un unique sort. L'ombre vampirique me permettrait d'aller un peu mieux. Une masse noire s'échappa de ma main et s’engouffra à travers les grilles de métal rouillées. Je senti mes forces revenir peu à peu à mesure que ma cible, un jeune lutin adolescent en perdait. Ma blessure avait commencée à cicatriser grâce au sort, mais cela ne suffisait pas du tout. De plus, je ne pouvais plus lancer la moindre part de magie. Mais j'arrivais maintenant à me hisser sur mes jambes. Le pas claudicant, des gouttes de sueur parcourant tout mon visage, je me dirigeais vers la mallette en acier brossé de mon ami. Je trouvais rapidement tout ce dont j'avais besoin. Aiguille, fil à coudre, anti-douleur, anesthésiant, etc... C'aurait été un comble de ne pouvoir se soigner chez un médecin remarque. Il me fallut près d'une trentaine de minutes pour que tout soit fini. Ma plaît était nettoyée, désinfectée, recousue et un bandage la protégeait.

Pour finir, je devais effectuer la tâche la plus ingrate de ma soirée. Tuer près d'une quinzaine de personnes n'ayant plus aucun moyen de se défendre. J'étais aller chercher le corps de Virgule au préalable et l'avais installé dans une des cages avec un autre des détenus décédés.
J'avais déjà un lourd passé pour ce qui est de trifouiller des corps. Lui avait été préservé de tout ça. Je ne voulais pas qu'on l'associe à mes atrocités. Même s'il était coupable, c'était moi qui l'avais transformé ainsi. J'en assumerais les conséquences et sa mémoire ne serait pas ternie par tout ce carnage. Il avait eu une belle carrière de vrai médecin et était apprécié des gens – au moins ceux qu'ils ne séquestrait pas. Autant qu'ils se souviennent de lui ainsi.

Il me fallu plusieurs minutes pour me décider à supprimer la vie de ces personnes. Il m'était évident aussi que je devrais étudier leur cas avant de leur trancher la gorge. J’examinais alors chacun des lutins prisonniers, admirant le travail de mon assistant. A chaque fois que j'avais fini de m'extasier, je finissais par un coup de scalpel bien placé. La nuit passa très vite et je ne fini qu'au petit matin. Celui-ci était magnifique, perché dans ce gigantesque arbre. Le soleil crachait des milliers de rayons chauds et apaisants qui traversaient sans peine l'épais feuillage du chêne.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mar 30 Déc 2014 13:11 
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Bougon, je tente de faire fi de ce qui m'agace. Devant moi, Dae'ron et ce parasite de Mathurin avancent côte à côte. Souriants, ils échangent brièvement sur ses découvertes au marché. Mon congénère élude toutefois les questions quant à notre destination, préférant pousser son interlocuteur à parler de Bouh-Chêne. Et ce dernier ne s'en prive pas. Nous arrivons après de pénibles minutes sur une branche solide et large.

"Voilà ma demeure ! Le logis Beau-Laid d'Ombre-Chêne !", annonce fièrement le grand gaillard.

Ces lutins... Mais il faut bien reconnaitre que le nom correspond à la construction. À l'abri d'une autre branche dotée de passerelles, son habitation ressemble effectivement à un très gros champignon fait de bois. Ou plutôt à deux accolés, car une annexe semble avoir poussé le long du pied principal. L'image de vieux bolet ne rend pas justice au travail d'entretien qui y est apparemment fait. Pas de fils d'araignée, et les feuilles qui auraient pu tomber dessus forment un tas ordonné à côté du logis.

Toute la décoration intérieure est alignée sur cette thématique champêtre. Au centre de la pièce arrondie, une table sans coins se dresse, telle une souche fraichement découpée. Dae'ron est aussi intrigué, et passe rapidement sa main dessus. Elle y glisse, sans doute sur un vernis qui la rend brillante. Les sièges trop grands ressemblent à des champignons plats, les armoires et placard ont un ton d'écorce, et l'odeur de l'endroit est d'un boisé printanier.

"Prenez place, prenez place !", invite notre hôte. Je rassemble mes ingrédients et... Ah ! Saperlipopette sans chaussettes ! Je n'ai plus de farine !

L'énergumène tend ses mains à la verticale dans notre direction, comme pour nous repousser, et avise la porte.

"Ne bougez pas, je reviens tout de suite !"

Et sur ce, plaquant la main sur son bonnet et levant haut pieds et genoux, il sort en trombe de la maison. Mon congénère émet un son amusé et d'un gracieux battement d'ailes, prend place sur l'un des sièges. Je fais le contraire et viens appuyer les miennes contre une paroi. D'ailleurs, celle-ci se détache visuellement du reste puisqu'elle sert de support à un escalier qui s'enroule de façon ouverte et sans rampe le long du mur, vers le niveau supérieur. Vue la hauteur de la bâtisse, je ne serais pas surpris qu'il y ait plus d'un étage à ce curieux champignon.

C'est dans le silence que je garde les yeux rivés sur la porte, troisième source de lumière après les deux fenêtres dotées aussi de panneaux coulissants. Je fais mine de ne pas réagir lorsque l'autre aldryde se tourne dans ma direction.

"Au sujet de ce que tu m'as dit au parc...", commence-t-il doucement. "La confiance se mérite, je le sais...", poursuit-il sur le même ton. "Mais je sais aussi qu'il y a des gens biens par nature. Sur qui on peut s'appuyer. Et je préfère laisser leur chance à ceux que je rencontre."

Un bruyant soupir m'échappe. Jamais nous ne serons d'accord sur ce point. Lui veut laisser une opportunité aux êtres rencontrés, moi je ne les vois que comme une menace potentielle. Ou au mieux une source d'ennuis. Et jusqu'à présent, difficile de dire que je me suis trompé.

"Ness..."

"Le revoilà.", le coupe-je froidement.

Mathurin revient, mais pas seul. Deux lutillons à la tenue semblable si ce n'est leur bonnet vert et une femelle l'accompagnent. Joviales, leurs voix s'élèvent en salutations et en curiosité. Et cela demande si nous sommes bien des aldrydes, si notre voyage jusqu'à Bouh-Chêne a été sans soucis, si nous sommes apparentés au disparu de notre race, et le tout avec un tel débit qu'il est impossible d'en placer une.

"Voici ma voisine et ses cadets."

Le trio infernal se présente, sans que je veuille retenir leur nom. Cela sonne insectoïde et répugnant. Le propriétaire des lieux a laissé entendre qu'il allait préparer des crêpes et en bons parasites, ces goinfres ont voulu se joindre à la tablée. Et avant même d'avoir pu digérer ce fait, deux lutins de la même taille que Mathurin font irruption, présentant des paniers de fruits forestiers. Savoir ce qui se prépare les incite à rester et à taquiner les lutillons.

Nouvelle contrariété.

Dae'ron est aussi pris à parti, mais quand je m'apprête à intervenir, j'aperçois une expression ravie sur ses traits. Surprenant. On dirait bien qu'il apprécie cette compagnie souriante et pleine d'entrain. Ce n'est pas mon cas, surtout après ce qui s'est passé au marché. Appuyé contre ce montant d'escalier, j'assiste à cette scène avec un certain malaise. Le brun semble appartenir à ce tableau, et moi pas. Et pourtant, je n'ai nul souhait de franchir cette distance qui me sépare d'eux. Au contraire, j'ai envie de partir. En ce moment, Lyïl me manque.

( Mais il y a des chances que l'un d'entre eux m'interpelle si je tente une sortie. Un peu de patience. )

Même si je trouvais une once d'envie de me rapprocher, tous les sièges sont occupés et ces grands intrus laissent peu d'espace autour du meuble. La curiosité de mon congénère s'éveille, et il parvient de temps en temps à poser des questions sur les activités lutines. Je n'écoute pas ni ne réagis, surtout lorsque je suis sollicité. Je fais si bien à me montrer asocial que je finis par être oublié des convives. Tant mieux, devoir les ignorer tout le temps commençait à me fatiguer.

Par moments, d'autres lutins curieux mettent leur nez pointus dans le cadre de la porte, mais simplement pour saluer leurs congénères et prendre des nouvelles d'eux. Toute cette chaleur lutine que Dae'ron semble apprécier m'exaspère. Il m'apparait toutefois une évidence alors que je regarde les premières crêpes être disputées, joute qui fait sourire le brun.

( Voilà le genre d'entourage qu'il lui faut. )

Loin d'être sa troupe de mercenaires, mais unis par un lien fort tout de même, ces géants de petit gabarit semblent l'avoir accepté comme l'un des leurs. S'il demeure avec eux, même ces pimbêches de femelles ne viendront pas lui chercher des ennuis. Convenable. C'est ce que je voulais trouver pour lui.

Au milieu de cette bataille dérangée, l'hôte des lieux parvient à me glisser l'une de ses créations cuites, couverte d'une marmelade sucrée. J'observe la tablée, mais persiste à demeurer à distance. Au fond, quelque chose me dit que m'immiscer dans cette harmonie la romprait. Par moments, Dae'ron se tourne vers moi, tentant de petits gestes pour que je les rejoigne. Je m'y refuse.

À l'extérieur, la luminosité finit par décroitre, chose qui pousse Mathurin à tapoter sur un large bocal accroché le long d'un mur. De petits insectes brillants prennent leur envol, venant se poser un peu partout sur les meubles et éclairant les lieux. Le contraste entre figures illuminées et zones d'ombre se renforce. Je devine les yeux aldrydes. La main qu'il commence à tendre dans ma direction, comme pour m'inviter plus concrètement à m'approcher, est rapidement attrapée par l'un de ses voisins lutillons. J'ai bien fait de rester immobile, et mieux, de m'enfoncer davantage dans l'ombre. J'aurais pu toucher ce gamin par mégarde. L'idée même m’écœure.

Je ne bouge plus ensuite, sauf lorsque Mathurin arrive jusqu'à moi, une luciole perchée sur l'épaule.

"Il se fait tard. ", me glisse-t-il avec calme. Viens. Je vais te montrer où vous allez pouvoir dormir. C'est fatiguant de rester debout.

Sans une parole, j'emprunte les escaliers à sa suite. Lui non plus n'a pas l'air méchant, mais raison de plus pour m'en méfier. Célestin aussi ressemblait à n'importe quel lutin... Au début.




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"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Jeu 15 Jan 2015 00:36, édité 7 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mer 31 Déc 2014 15:46 
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Il ne faut guère que quelques instants pour que j'atteigne le deuxième étage de ce champignon de bois. La porte que mon guide m'ouvre, juste à la fin des marches, donne accès à une chambre sous le toit bombé, dotée de deux lits à sa mesure, et parallèles sur ma gauche. Une commode banale dans un renfoncement près de l'entrée du même côté porte en plus une vasque et des linges de toilette. Un tapis de sol et un miroir suspendu entre les deux lits occupent partiellement l'espace. Le tout fait vide, mais propre. Sans attendre, je me dirige vers le grand panneau de bois courbe en face de moi que je fais glisser, et qui m'apporte un brin d'air doux.

Mon profil marqué tourné vers le lutin, je détecte sur le visage de ce dernier une expression presque mélancolique. Il tapote la tête de l'insecte luisant perché sur son épaule, comme s'il s'agissait d'un animal de compagnie.

"C'était la chambre que je partageais avec mon frère aîné.", confie-t-il. "Ce n'est pas aussi somptueux que l'hôtel, mais on y dort bien quand même."

Sur ce, il me fait un petit signe de tête et s'en retourne vers l'escalier en laissant la porte ouverte. En bas, les voix sont toujours perceptibles, mais je n'y prête aucune attention. Mes affaires posées, plastron compris, j'utilise la vasque et les tissus. Cela me fait un bien fou. La pluie a beau savoir rincer son aldron, cela ne vaut pas l'efficacité d'un linge de toilette. Et puis, aucune bruine n'a ce délicat parfum de lavande.

Suite à ce moment de détente, tignasse encore vaguement humide, je donne un coup d'ailes et vais m'asseoir sur l'assez large rebord de la fenêtre, m'adossant au montant gauche. Mes membres de plumes de part et d'autre du cadre, une jambe pendant à l'extérieur tandis que l'autre repliée sert d'appui à ma main sombre, j'observe la nuit sur Bouh-Chêne. Les lutins semblent avoir cette coutume de lâcher des créatures brillantes pour éclairer les rues et les bâtisses, car de nombreux points lumineux s'élèvent un peu partout. Certains passants ont même des chapeaux ridicules, qui ont l'air d'attirer les insectes. Rires et discussions persistent, mais avec moins de violence.

Mes yeux sombres sont attirés par une lueur qui arrive dans ma direction, et le bruissement d'ailes me fait tendre le bras gauche vers elle. Les six pattes de l'insecte viennent s'y poser, et je découvre une sorte de coléoptère faisant la taille de mon avant-bras, éclairant l'endroit en jaune.

"Mauvaise adresse, luciole."



Ce paysage se teintant de lueurs silencieuses me rappelle un bref instant un ciel étoilé. Le premier que j'ai vu, juste après mon évasion. Devant ce spectacle, je me laisse aller. Nul risque d'être dérangé maintenant. Les passants ne m'entendent pas, les affamés m'ignorent, et mon congénère est encore coincé en bas, ses spirales emplies de leurs voix. Supplantant celui de cette écœurante langue commune, le souvenir de mon dialecte natal fait se mouvoir mes cordes vocales. Des sons agréables se forment, entre sifflements et roucoulements modelant des mots simples. Et cette luciole est la seule à en profiter.

Ma voix se charge d'une émotion intime et personnelle au fur et à mesure de la fuite des sons. Ma chanson préférée. Mon hymne à la liberté. Détendu, je m'adosse un peu plus au cadre puis ferme les yeux. Quand je les rouvre après une poignée de secondes et de paroles, l'attention de la bête luisante semblant se porter vers l'intérieur de la pièce m'incite à faire de même. Au-delà de la lueur, je distingue une silhouette à la sortie de l'escalier.

Réalisant être entendu, j'interromps brutalement mon chant, chose qui fait vivement se relever la tête de Dae'ron. Le brun se tient là, grandement masqué par la paroi, comme s'il avait voulu se cacher. Son intrusion me laisse un sentiment de perplexité, de trahison et d'embarras. Est-ce qu'il m'écoutait ou, visiblement, se riait de moi en cachette ? L'aldryde agrippe son bras dans une posture presque coupable, silencieux. Ma paix me fuit, mais c'est d'abord à moi que j'en veux.

J'aurais du fermer cette fichue porte.

"Pour la farce, c'est raté.", lâche-je avec irritation.

Dae'ron a l'air d'hésiter puis tente un sourire en se rapprochant timidement, ne lâchant son bras que pour clore la pièce et venir caresser la luciole à son tour.

"Je voulais... Juste éviter de lui faire peur."

"Présence éphémère de toute façon."

Je tends mon bras porteur d'insecte vers l'extérieur alors que mon congénère vient s'appuyer des deux siens sur le bord de la fenêtre. La petite créature étend ses ailes et prend son envol, allant rejoindre une sorte de niche creuse un peu plus loin. Elle s'était donc bien trompée d'endroit.

"Une rare réussite lutine", ironise-je.

Dae'ron se meut légèrement.

"Ce peuple est pourtant sympathique. Tu les hais tant que cela ?"

"Pas tous, mais je m'en méfie. Par expérience."

Quelques instants s'écoulent, marquant l'hésitation de mon congénère. Puis, il vient à son tour s'asseoir sur ce rebord, face à moi. Même posture que moi, mais vers l'intérieur. Je me décale un peu, mais la place manque. Changeant de position pour trouver un peu de confort, il finit par toucher ma jambe de la sienne. Le contact attire brièvement mon attention, mais son côté éphémère le fait sortir de mes pensées rapidement. Un accident, rien de plus. Je ne sais même pas s'il est excusé tant j'y accorde peu d'importance.

Je perds mon regard à l'extérieur, suivant distraitement un vol coloré. Il me faut un moment pour remarquer de nouveau la proximité de l'autre mâle. Sa jambe demeure assez près de ma botte pour que j'en perçoive la chaleur. Je ne bouge d'abord pas, guère perturbé par son manège. Puis, d'humeur joueuse, je fais crisser le cuir quand il est trop proche, feignant la coïncidence. Je m'amuse un brin de le deviner s'éloigner légèrement à chaque fois. Pourtant, avant d'en avoir conscience, nous sommes de nouveau assez près pour causer un peu de chaleur. Au moins, il respecte un minimum de distance. Il vaut mieux pour lui. Je n'apprécie pas qu'on me touche sans prévenir. Cela me rappelle trop les coups que j'ai pris. Mauvais souvenirs, bien trop frais, aussi bien dans ma tête que sur mon corps.

Un fourmillement finit par m'obliger à me mouvoir visiblement et laisser glisser ma jambe un peu plus loin. L'avant de mon pied s'appuie sur le montant opposé de la fenêtre. Je masse ma botte, davantage cuissarde en fait, jusqu'au genou, réactivant ma circulation sanguine puis je ramène mon bras contre moi. Dae'ron demeure silencieux et immobile à mon mouvement. Aucun geste de sa part, m'incitant à penser que, cette fois-ci, il compte garder ses distances. Étrange comme cela engendre une anticipation inappropriée. C'est presque comme si je voulais qu'il tente de se rapprocher, alors que je ne supporte pas les contacts. Ma propre attitude commence à me faire peur.

Aussi détendu que possible malgré la conscience que j'ai de mon congénère, je ressens finalement le mouvement du mâle. Il s'étend un peu et, dans la pénombre, je devine son genou découvert proche du mien. Je veux savoir si mon esprit me joue des tours ou pas. Accidentellement, sans défaire mon attention de l'extérieur, le cuir de ma haute botte frôle sa peau. Dae'ron ne bouge pas. Moi non plus. Et puis, alors que quelques lucioles s'élèvent de coiffes en contrebas, attirant mon attention, le brun se meut. Son genou s'accole légèrement au mien, et je fais un effort sur-aldryde pour ne pas y porter le regard. Si je cède, je sais que je devrai le repousser ou être confronté à son regard. Dae'ron envahit mon espace, mais je n'ai bizarrement pas de réel ressenti négatif à ce sujet. Sauf peut-être un léger inconfort dans la gorge. Je peux tolérer ce qu'il fait, tant qu'il ne me pousse pas à bout. Et s'il m'énerve, je le lui ferai savoir.

Après un effort pour m'en convaincre, j'arrive plus ou moins à me persuader que mon corps perçoit juste la chaleur de son genou proche, pas un réel appui contre la protection en cuir. Le passage d'une luciole éclaire momentanément l'endroit, me permettant de deviner du coin de l’œil un Dae'ron aux bras croisés, admirant le paysage de Bouh-Chêne. Impossible de distinguer clairement son expression pour autant.

( Ces lucioles... Créatures lutines aussi incapables qu'eux... )



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Dernière édition par Nessandro le Jeu 15 Jan 2015 15:36, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mer 14 Jan 2015 04:19 
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Le silence, allié à cette inconfortable situation, m'incite à prendre la parole. C'est le meilleur moyen d'oublier ce ressenti inhabituel et surtout de masquer l'embarras croissant et totalement inconcevable qu'il suscite en moi.

"J'peux t'expliquer un peu.", souffle-je, l’air de rien. "Pour les lutins. Si ça t'intéresse."

"Je... Oui, je ne peux pas le nier."

Distant, je reporte mon attention vers l'extérieur, m'efforçant de retrouver mon sang-froid et mon indifférence face à tout cela. Peut-être m'a-t-il envoûté. Peut-être est-ce ce calme inhabituel et cette absence de menace immédiate qui m'y incitent, mais je me sens l'envie de satisfaire sa curiosité. Je réfléchis un peu puis me lance, décidé à ne pas évoquer plus que le nécessaire.

"Depuis mon... Départ, j'ai rencontré au moins quatre de ces porteurs de bonnets. Le premier, frappé par la folie kendrane, était persuadé que je lui avais volé sa coiffe. Mes côtes s'en souviennent."

L'aldryde semble m'écouter avec attention. C'est du moins mon interprétation de son attitude silencieuse où seul un hochement de tête, vaguement lié à un contact plus prononcé, me répond.

"Le deuxième. Un crétin des champs. Il aggravait la situation d'un nid où un harney et sa femelle étaient attaqués par une sorte de coq croisé reptile."

"Un coq croisé... Cocatrix peut-être ?"

"Possible."

"Mes excuses, je t'ai interrompu."

Je hausse légèrement les épaules et poursuis.

"Un idiot doublé d'un lâche. Il m'a poussé dans les pattes de cette chose immonde pour prendre la fuite. Cette marque en est le résultat. Mais la bestiole, elle, elle est morte."

J'effleure la cicatrice de mon abdomen, encore en relief malgré le temps passé. Dae'ron acquiesce doucement et je le devine monter sa main à ses lèvres.

"Un harney...", fait-il, songeur. "C'est à cette occasion que tu as rencontré Lyïl ?"

Je hoche la tête lentement, étrangement content de sa perspicacité, puis visualisant la scène où mon animal me projetait des bourrasques poussiéreuses en lançait des sons d'avertissement. J'ai l'impression que c'était hier tant le souvenir est vivace dans ma mémoire. J'évoque la femelle morte, les œufs brisés et le courage de Lyïl. J'enchaine ensuite sur le troisième larron, sans préciser l'avoir connu dans ce livre maudit, et espérant qu'il y ait crevé.

Mes prunelles bleu sombre cherchent celles de mon congénère dans cette pénombre à laquelle mes yeux commencent à s'habituer. J'en viens à mentionner Célestin, le lutin ayant soigné mon aile. Rien des circonstances de notre rencontre ne s'échappe de mes lèvres, en revanche. J'effleure ma cicatrice faciale de ma main bleue.

"Sujet à des crises violentes. J'ai temporairement cru qu'il était fréquentable, après tous les autres.", dis-je avec dépit avant de poursuivre, sur un ton meurtrier. "Ceci est de son fait. Et je compte bien lui faire payer."

Dae'ron se raidit un peu.

"Mais pourquoi ? Que gagnerais-tu à..."

"Ça me regarde !", le coupe-je avec amertume.

Mon expression se ferme subitement à cette question au sous-entendu moralisateur. J'écarte ma jambe de la sienne, amenant une distance glaciale entre nous. Un peu d'incompréhension teintée de frustration peut se deviner sur les traits de plus en plus visibles de mon congénère. Pourtant, il finit par inspirer calmement, pousser un soupir, et parler avec sérénité. Ses mots, brefs, m'apprennent sa gratitude quant à ce que je lui ai dis.

Dae'ron se laisse aller à un sourire amical, comme sincèrement heureux que je lui ai fait partager ces bribes de mon passé. Pour moi, cela représente peu, mais pas pour lui. Cependant, jamais je ne lui conterai ce qui s'est produit avant mon évasion. Cela ne le regarde pas, et je serai loin avant d'avoir envie de l'évoquer. À cette pensée, je perçois comme un élan de mal-être, de refus. Il me faut un moment pour reprendre ma posture et retrouver mon calme. Je me sens confus, et plus encore lorsque la chaleur du contact finit par se reformer. Impossible de déterminer si c'est moi qui suis allé vers lui ou le contraire. Apaisant. Étonnant. De plus en plus effrayant.

Nous demeurons assis sur ce rebord de fenêtre sans rien ajouter, profitant simplement de la vue. Ce que ma botte touche est bien réel. L'incompréhension et le doute me submergent. J'abandonne l'idée de trouver une explication convaincante à la situation. Et surtout au comportement de ce mâle, auparavant entouré d'un harem stupide. En fait, il doit simplement se sentir seul, et je suis le dernier aldryde à proximité, c'est tout. Ce que je ne comprends vraiment pas, c'est pourquoi, moi, je tolère ce contact amical.

Finalement, les environs se faisant de plus en plus calmes, nous décidons d'aller prendre du repos. Le sommeil me gagne vite, mais je m'éveille néanmoins à intervalles réguliers. À la sixième fois, je suis certain d'avoir fait un rêve, mais demeure incapable de m'en souvenir. L'aube devrait poindre d'ici une bonne heure.

( Il est temps. )

Sans bruit, je m'extirpe des couvertures, enfile mon plastron, et refais vaguement le lit. J'y dépose la javeline Plume d'Argent avec respect. Dae'ron va en avoir besoin. À côté, je place la petite gourde magique, ainsi que l'équivalent d'un millier de yus, glissés dans un sachet de balles de miel vide. Partir sans rien laisser aurait été faisable si cela n'avait pas été ce mâle. Un compagnon de voyage et d'infortune, envers lequel j'ai commencé à m'ouvrir de manière dérangeante. Ce début de dépendance à son égard et l'importance croissante de son avis dans mes décisions me font de plus en plus peur.

Un mouvement dans mon dos me fait regarder vers le brun. Celui-ci ouvre un œil ensommeillé et le pose sur moi.

"Tu as... Du mal... À dormir ?"

Une réponse reste bloquée derrière mes lèvres quand je comprends que ce qu'il me dit aura fui sa mémoire au matin. Il est davantage endormi qu'éveillé, même lorsqu'il tapote la place juste à côté de lui. Un mince sourire peiné s'affiche sur mes traits et, mu par une envie soudaine, je m'étends sur mon flanc noirci, là où il le souhaite. Je patiente un peu, regardant son visage clair dans le manque de lumière passer d'un sourire satisfait à une expression détendue. Sans un son, j'attends de percevoir cette respiration propre au sommeil.

En apercevant son épaule hors de la couverture, le souvenir de ce contact sur le rebord de bois me revient. J'hésite. Me décide. Renonce. Me rappelle que je ne verrai jamais plus ce mâle d'ici peu et me lance. Mon cœur pulse comme si je faisais la chose la plus audacieuse et dangereuse de mon existence. Ma main se dirige vers son épaule. Sauf que lorsque je perçois sa température à proximité de mes doigts, je suis tétanisé. Des images de mon passé, plus horribles les unes que les autres, me reviennent. J'ai réussi à pousser avec complicité le visage d'Arkalan, mais là, envers Dae'ron, mon corps refuse de m'obéir.

Risible.

Frapper, menacer et me moquer sont des actes qui ne me posent pas de souci, mais ce geste-la, si simple et basique, m'est impossible. Le toucher de mon plein gré sans que ce geste soit utile est au-dessus de mes forces. J'ai donc réussi. J'ai suffisamment gardé mes distances avec lui pour que mon instinct me défende contre une potentielle faiblesse. Mon cœur est fort, fait pour tenir seul. Malgré tout, apercevoir mon bleuté de peau si proche de sa pâleur fait vaciller ma résolution. Peut-être puis-je encore attendre ? Peut-être remettre à demain ? Ou jusqu'à avoir trouvé le pendant au Cœur ?

Je ramène ma main et clos les yeux, mais le sommeil me fuit. À la place, ce sont les souvenirs de danger affrontés à ses côtés, sa souffrance par ma faute, et les bons moments partagés lors de notre périple qui me reviennent. Et tout ceci est mis en balance avec les visages immondes et haïs de mes ennemis, de mes tortionnaires. Avec ma haine. Ma propre souffrance. Ma volonté de revanche. La conclusion est évidente.

Mes ténèbres sont les plus fortes.

C'est suffisant pour me reprendre et définitivement oublier ce caprice. Je ne veux pas le voir périr et refuse en bloc de m'attacher davantage à lui. S'il reste avec moi, mes ennemis ne tomberont pas. Je veux répandre leur sang, leur rendre au centuple la douleur causée, cracher sur leurs dépouilles. Et je sais pertinemment que Dae'ron ferait ce qu'il peut pour m'en empêcher. Il ne comprend pas. Il ne me comprend pas.

Et je ne veux pas qu'il y parvienne.

À regret, mais sans hésitation, je m'assois et observe brièvement ce visage serein. Pendant ces quelques jours, il a apporté un peu de lumière dans mon existence. Sa valeur demeurera particulière, mais sa lueur est surtout un poison : dérangeante, dangereuse, et apte à causer une douloureuse addiction. Ce que j'ai vécu ces derniers jours m'empêchera de basculer dans la folie de la Voix, mais ne me changera pas. Cela a été appréciable tant que cela a duré. Et c'est à présent terminé.

Je suis victime d'une soif absolue de liberté, et le garder auprès de moi ne ferait que la contrarier. En fait non, pas victime, car j'ai choisi d'être libre et de m'y tenir. C'est dans ma nature, ma façon d'être.

C'est ma voie.

Mes bagages embarqués, je l'écoute respirer doucement. Partir est le choix le plus logique, censé, car j'ai réalisé amèrement que prendre sa vie m'était définitivement impossible. À son réveil, il se sentira peut-être abandonné et trahi. Ce serait l'idéal. Ainsi, je suis certain qu'il n'aura pas l'idée stupide de partir à ma recherche. C'est ce qu'il y a de mieux, et il pourra obtenir du soutien de la populace lutine au besoin.

Je me persuade que la peine qui me parcourt le torse alors que j'avise la fenêtre est semblable à toute douleur ressentie jusqu'à maintenant. Juste quelque chose de temporaire, qui s'effacera rapidement si je ne m'attarde pas. Et qui me laissera sa marque, comme chacune de mes blessures.

( Puisses-tu trouver ce que tu cherches vraiment, Dae'ron. )

Tout en faisant le moins de bruit possible, mes ailes m'aident à bondir sur le rebord de la fenêtre demeurée ouverte. Une partie de moi veut que je me retourne pour embrasser une dernière fois la vision de ce mâle apprécié, mais une autre m'affirme que le faire est une très mauvaise idée. Je dois l'oublier. Lui, son visage, sa voix. Je suis d'accord avec la seconde. Entièrement. J'ai déjà trop tardé.

Détermination. Résolution. Rupture de lien avant qu'il ne devienne entrave. Mes principes. Ma vie.

Mon corps se penche en avant, prend un vif appui, et j'étends mes ailes une fois lancé. Tel une ombre, je me glisse dans les airs discrètement, laissant la nuit chasser cette chaleur aussi apaisante que douloureuse jusqu'aux tréfonds de mon être. Il me faut retrouver Lyïl, partir d'ici rapidement, puis me mettre en quête du remède à la corruption qui m'attaque. Comme prévu. Sans regrets. Fidèle à moi-même. Et comme je l'ai toujours été.

Seul.



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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Jeu 29 Jan 2015 16:52 
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Pour aller plus vite, je me déplace dans Bouh-Chêne en survolant les passants, rasant parfois leurs bonnets sans parvenir toutefois à en faire chuter un seul. À croire que leurs coiffes sont soudées à leur tignasse ! Je n'y songe qu'un instant puis je parviens bientôt en vue de ce singulier bâtiment. Le logis Beau-Laid d'Ombre-Chêne, toujours calé sous sa large passerelle. La porte d'entrée coulissante de cet immense champignon de bois est ouverte, et je décèle des mouvements dans la pièce principale. Bien, au moins une bonne chose. Le lutin semble être chez lui, mais pas seul. Qu'à cela ne tienne, l'idée de le déranger de ne me gêne pas du tout !

Abruptement, je me pose dans le cadre de la haute et large porte. Mes yeux sombres captent alors une image singulière. Mathurin, sa tignasse teinte écorce et toujours ébouriffée sous un bonnet orange cette fois, est penché en avant. Dans le dos d'une personne assise, il enlace cette dernière. Il est en larmes, encore. La personne installée à la table-souche attire mon attention. Un aldryde plutôt costaud et carré, courte chevelure noire, une marque en forme de spirale sur la pommette. Ses ailes déployées encadrent le lutin, et il tapote amicalement l'une des mains poisseuse. Je plisse le regard en le voyant vêtu à la lutine, sauf au niveau de son torse vaguement bardé de pansements maladroits.

"Oh.", fait ce dernier en me remarquant. "Reprends-toi Mathu', tu as de la visite."

"Hum ?", renifle le pleurnichard en m'avisant. "Oui ? C'est pour ?"

Un souffle agacé m'échappe. Aucune mémoire ! Je retire vivement mon casque et poignarde l'individu du regard.

"Oh ! Mais oui ! Tu es... euh... L'ami de Dae'ron !"

Mes sourcils se froncent à ses paroles. Non, je ne suis pas son ami, surtout après l'avoir abandonné ici il y a quelques jours. Cependant, je ne peux pas nier avoir une relation avec lui, même si je ne trouve pas le terme adéquat pour la qualifier.

"Tu as mauvaise mine. Entre donc.", invite-t-il en me désignant un siège. "Je vais te servir quelqu..."

"Inutile.", coupe-je sans ménagement en faisant un pas dans la pièce. "Je ne reste pas."

"Eh, cela m'aurait étonné.", sourit le lutin. "Mais je ne pensais pas te revoir si tôt. Tu sais que..."

"Je ne...", l'interrompe-je encore une fois en levant ma main libre. "Suis pas là pour bavasser."

"Eh !", s'agace l'aldryde blessé. "Surveille tes manières, petit !"

"Laisse, Bahadïuul. Au moins il parle aujourd'hui.", sourit le crétin à bonnet.

Mes yeux sombres se dirigent vers l'escalier, ignorant la désapprobation présente dans le regard de mon congénère inconnu. À n'en pas douter, c'est l'aldryde que Mathurin voulait revoir, disparu depuis plusieurs mois. Sauf que je n'en ai rien à faire. En me voyant scruter la voie vers le niveau supérieur, le lutin pousse un souffle.

"Si tu es venu pour Dae'ron, c'est trop tard. Il est parti depuis plusieurs jours déjà."

Les entités m'avaient prévenu qu'il s'était mis à ma recherche, mais j'avais encore un mince espoir. Il aurait pu faire demi-tour à un moment où à un autre. Mon visage s'assombrit un peu.

"Il allait où ?"

"Et pourquoi tu voudrais le savoir ?", renifle et s'offusque le porteur de coiffe. "C'est bien toi qui es parti sans prévenir, non ? As-tu pensé à ce qu'il a ressenti quand..."

"Mathu'.", intervient l'aldryde. "Du calme, tu mélanges tout. Il est revenu, non ? Cela devrait compter."

Un sourire complice s'installe sur le visage marqué et carré de l'intervenant. La chose fait pousser un soupir à son interlocuteur. Mais moi, je reste de marbre. Je ne veux pas leur faire connaître mes sentiments. Cela ne les concerne pas. J'ai juste besoin d'une piste, de quelque chose pour savoir où me rendre. Vers où chercher. Mes raisons ne regardent que moi.

"D'accord, d'accord.", finit par lâcher le propriétaire du logis en venant s'appuyer sur la table. "Écoute, il est resté assez vague. Il a juste mentionné un lutin dont vous auriez parlé le soir. À qui tu en veux beaucoup."

Une brutale sueur froide dévale mon dos. Non, il ne fait quand même pas référence à qui je pense ! Et pourtant, le seul représentant de cette race dont je veuille arracher la vie et que le mercenaire pourrait visualiser... Je me mords durement l'ongle du pouce. Mes pensées m'échappent alors qu'une colère froide se lie à une sensation d'angoisse.

"Par mes ailes ! Il n'est pas allé voir ce fou de Célestin !"

"Célestin ? Un... Un fou, dis-tu ?", s'enquiert brusquement le géant miniature aux oreilles pointues.

"Oui, un fou. Dangereux.", siffle-je en plaquant mes ongles contre la cicatrice de mon visage. "Et manieur d'ombre en plus. Dans quoi es-tu allé te fourrer, Dae'ron !"

Si le protecteur est effectivement allé voir Célestin, alors il est en danger. J'ai beau l'avoir averti au sujet de ses crises, je n'ai rien dit sur ce qui pouvait les déclencher. Mon congénère a la chance de ne pas disposer de fluides obscurs, mais qui sait ce que l'esprit malade de cet ermite fou pourrait le pousser à lui faire ? Peut-être vais-je pouvoir lui régler son compte plus tôt que prévu. Mais je dois m'y préparer. J'agrippe ma gourde, la collant à mes lèvres pour ingurgiter l'un de mes derniers fluides sombres.

Pour la quatrième fois, je perçois la parcelle de magie faire se crisper mon être. Sauf qu'après tout ce que j'ai enduré, je suis désormais loin d'en avoir peur. Le fragment noir qui se loge en moi descend, se répand et se disperse comme s'il cherchait à investir et contrôler mon être. Mais ma volonté est la plus forte. Je pousse ma propre énergie à venir à sa rencontre, à s'allier à cette vigueur mortelle et nouvelle. Mon flux dominé sature chaque parcelle de ma forme, venant capturer les fragments de ce nuage libre.

J'inspire lentement, calmement, et parviens à ramener le tout en moi. La pression est plus forte, faisant battre mon cœur lourdement. Quelque chose est différent. Dangereux. Mon instinct me prévient de ne pas réitérer cette opération trop vite. Mon corps a ses limites, et je m'en approche dangereusement. Lentement, j'élève ma main assombrie par la corruption immobile, faisant danser mes ombres entre mes doigts. Elles sont encore instables, comme à chaque prise de fluide. Qu'à cela ne tienne, j'ai au moins deux jours pour en reprendre le contrôle.

Quand je relève le nez, Mathurin s'est défait de l'aldryde qui me fixe avec un dégoût et une méfiance flagrants. Mais je n'ai que faire de son avis. Mes ténèbres me rendent fort, et contre un adversaire comme Célestin, je vais avoir besoin de toute ma puissance. En parlant de lutin, l'autre a plongé dans un petit local accolé à la pièce. Des objets plus bizarres les uns que les autres en émergent, jetés par ce dernier, visiblement à la recherche de quelque chose. L'aldryde blessé le regarde bientôt avec un sourire peiné et secoue lentement la tête. Finalement, je me vois braquer un objet dans la figure.

"Regarde. S'il te plait. Et dis-moi si, par hasard...", bafouille-t-il en me montrant ce que j'identifie comme une sorte de tableau de famille.

Je hausse un sourcil puis consens à y jeter un regard. Outre un couple de grands benêts avec un sourire jusqu'aux oreilles, j'y vois clairement un Mathurin plus petit, une femelle et...

"Ah ?", m'étonne-je en scrutant le visage de ce qui semble être l'ainé. Sauf qu'il n'a pas cette lueur folle dans les yeux. Il a même l'air gentil. Mais pas de doute possible, chose qui me fait river un regard noir à l'habitant.

Je me contente d'un bref signe de tête affirmatif, certifiant avoir reconnu mon geôlier. Et voilà que Mathurin fond encore une fois en larmes, à se demander s'il n'a pas un puits sous son bonnet ! Je coiffe mon casque, décidé à ne pas perdre de temps. Visiblement, les yeux teinte boue de ce lutin pleurnichard m'avaient frappé pour une raison. Ce sont les mêmes que ceux de Célestin. Par mes ailes, Yuimen est petit. J'ai séjourné chez les deux frères, dont l'un destiné à périr par ma main !

Mais alors que je me retourne, Mathurin m'interpelle.

"Attends ! Tu pars le voir, hein ?", me dit-il précipitamment avant de faire un rapide aller-retour dans les étages supérieurs. Il en revient essoufflé, mais poursuit quand même sa tirade. "Tiens ! Remets-lui ceci. De ma part.", fait-il en me tendant quelque chose. "Cela appartenait à notre mère."

Un pendentif coloris bronze, que les doigts gluants du lutin ouvrent, dévoilant dedans les portraits des deux frangins. Aussi moches l'un que l'autre. Et pourquoi j'irai m'encombrer de ça ? Si je vais le voir, c'est pour lui planter des fléchettes dans la figure, pas pour jouer les coursiers ! Cela doit se voir puisque Bahadïuul attire mon attention.

"Quand on veut vaincre, pourquoi cracher sur un moyen de prendre l'avantage ?"

Je le darde d'un regard sévère et froid. Il me croit si naïf pour gober ce genre de commentaire ? Même si, au fond, il n'a pas tort, il veut juste que je remette cette breloque au dangereux imbécile. Soit ! Je le ferai ! Mais quand il sera au sol, à l'agonie, juste pour voir la tête qu'il fera !

Sans un mot, je m'empare du bijou que j'enfourne sans ménagement dans mon bagage. Dédaignant les deux présences, je fais volte-face, sors du bâtiment et me dirige hors de la zone habitée. Je suis à la fois en colère, perturbé et inquiet. Même s'il ne se souvient plus de l'endroit exact, le temps que je fasse la route, Dae'ron aura largement pu retrouver le terrier. Pourvu qu'il ne lui arrive rien. Si Célestin lui a fait du mal, je lui ferai regretter son geste avec assez de force pour que ses restes puissent tenir dans ce foutu pendentif !





Tentative d'absorption d'un fluide 1/4 d'obscurité.

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