La plupart du temps, Alankert de Mordansac est habillé d'une tunique de tissu rouge sang par dessus laquelle il porte un veston de cuir sans manche. Au-dessus de tout cela, une peau d'ours dont la tête fait office de couvre-chef. Sa face arbore une barbe grise dans laquelle sont nouées quelques petites nattes et un sourcil unique marque le dessus de ses yeux marrons clairs.
Alankert est un être complexe et plein de contradictions. Il a une gigantesque culture, une intelligence manifeste et un verbe habile mais en est très humble et secret en public. Par contre, en petit comité, il est capable de se montrer très théâtral même avec des gens qu'il ne connait absolument pas.
C'est à la fois un grand diplomate et un grand manipulateur mais il se sert davantage de ses talents et ses connaissances pour préserver sa tranquillité que par ambition.
Il est cependant habité par une grande tristesse et un ardant désir de vengeance, ce qui lui crée des moments d'absence, de lassitude ou d'énervements soudains.
Alankert est issu de la lignée légitime de son comté, la large famille des Mordansac. Son père, Morozko de Mordansac, était un alchimiste réputé et un véritable rat de bibliothèque qui se souciait plus de sa recherche de la connaissance que des affaires politiques ou de sa famille.
En tant que fils de comte, il a eu droit, avec son frère Arzh, à la meilleure des éducations aux écoles de Kendra Kâr. Après avoir fait ses classes dans l'armée, il se dirigea rapidement vers l'apprentissage de la magie dans la
Haute Tour de Thaumaturgie puis à la
Faculté de Magie. Se destinant d'abord à devenir prêtre ou théurgiste, il fut hautement intrigué en apprenant l'existence de personnes pouvant maîtriser les fluides contraires d'obscurité et de lumière sans problèmes et devint repenti.
Durant toute sa scolarité, il côtoya de nombreux personnages influents de la royauté avec qui il garda précieusement contacts.
Ce fut à partir de son retour au comté que sa vie fut marquée par le drame.
Trois ans après son retour, le village fut touché par une épidémie de tuberculose. Craignant l'aggravation de la situation, il somma à son père de demander rapidement l'aide de la royauté, qui organisa une quarantaine et envoya un contingent de guérisseurs pour éviter la propagation. Mais malgré leur action rapide, la maladie emporta sa mère, ses deux sœurs ainsi que le tiers des habitants.
Cet événement fût un véritable traumatisme et son comportement se fit plus ferme.
Il remarqua alors la totale incompétence avec laquelle son père avait géré la situation et le convainquit d'abdiquer en sa faveur, devenant ainsi comte à l'âge de vingt-six ans.
A partir de là, tout était à refaire si le comté voulait retrouver sa prospérité passée.
Il usa de ses relations pour faire devenir le village attractif à de potentiels nouveaux habitants, attirant des vétérans avec leur famille et poussant Kendra Kâr à leur envoyer de nouvelles familles de paysans pour repeupler les lieux.
D'un charisme et d'une adaptabilité légendaire, il a toujours réussi à faire en sorte que ces gens le respectent tout en les traitant comme des esclaves. Sa grande force étant de ne pas être trop demandant en taxe mais exigeant un contrôle de toutes les productions du village.
Puis, petit à petit, la prospérité revint. Le duc Arthur le Juste le laissait relativement tranquille et c'est durant cette période que son père est mort de vieillesse. A partir de ce moment, il se mit de plus en plus à lui ressembler. Il se maria à une fille de marchande avec laquelle il eût une fille et un fils. Il se désintéressa petit à petit des affaires de Kendra Kâr et des soucis du peuple pour se plonger dans ses recherches, se trouvant une passion dans les sciences de la nature et s'initiant à la magie de terre.
Puis le duc Arthur décéda sans descendance. Malgré les résultats évidents de sa bonne politique économique et sociale sur le comté de Mordansac, Kendra Kâr décida rapidement de léguer la place de duc au comte Tristan de Magide.
Un personnage des plus répugnants pour Alankert, une jeune brute qui jouait les tyrans. Il avait réduit à néant le conseil ducal qu'avait instauré Arthur et avait fait éliminé ou chassé tous ceux qui avaient été liés de près ou de loin à celui-ci. Il voulait imposer un enrôlement de tous les hommes en état de servir l'armée du royaume et une augmentation absurde des taxes ducales. Il refusa de se lui jurer fidélité malgré les incitations de la royauté et, en représailles, Tristan enleva sa femme, son fils et sa fille. Alankert reçut six jours plus tard une boîte contenant leurs têtes et une lettre lui sommant de rester bien tranquille et d'obéir aux prochaines consignes du duc s'il ne voulait pas être le prochain.
Alankert n'êut alors plus qu'une obsession : Réduire à néant la lignée des "de Magide" et devenir duc pour ne plus avoir à en répondre qu'à Kendra Kâr.
Alors qu'il faisait mine d'être devenu le parfait petit soumis, il organisait dans l'ombre tout ce qui était en son pouvoir pour limiter les actions de Tristan. Puis, avec d'autres nobles du duché, il programma l'assassinat de Tristan et ce fut finalement son cousin, Gerold de Mordansac, qui se chargea de le poignarder.
Le frère de Tristan, Adalbéron, hérita alors du duché et craignant de finir comme son frère, multiplia sa garnison et sa protection. Mais Alankert n'en a pas fini là, il met depuis tout en place pour être sûr d'hériter du duché après la mort d'Adalbéron.
En quelques années, il est devenu un expert des magouilles politiques et des plans machiavéliques. Il est difficile de déterminer jusqu'où il pourrait aller si les choses ne tournaient pas en sa faveur, mais une chose est certaine maintenant que sa famille est morte et que la politique des "de Magide" a ruiné tous les efforts qu'il avait fourni pour redresser son comté : Cette histoire finirait par sa revanche ou par sa mort.