Après les explications de Xel, l'archère qui s'étais un peu emporté présenta ses excuses à Triman. Se la jouant un peu lèche-botte, elle termina ses excuses par une proposition parlant d'un rafraichissement. Elle semblait vouloir à tout prix rentrer dans la ville, contrairement à ce qu'avait dit le clochard qui servait d'aventurier.

L'étrange être, toujours silencieux, sembla écouter attentivement chaque personne qui prit la parole. Parlant d'une voix calme et sage, il répèta qu'il ne pouvait les faire entrer dans la légendaire ville. En fait il ne semblait pas être quelqu'un de vraiment important ... A peine eut-il finit de parler, que les environs changèrent. Le décor qui se trouvait derrière lui laissa apparaître un long escalier entouré de rambarde. Un peu de végétation poussé dessus, l'entourant et montant avec lui.

Ne bougeant pas d'un pouce, il donna ensuite quelques informations sur Nagorin. Le groupe n'avait en fait le droit qu'à une seule partie de la cité. L'autre rive et le pont leurs étais totalement interdit.

Montrant l'escalier, il termina ses dires en invitant le groupe à monter. Toujours aussi impérieux, il leur conseilla de savourer le fait qu'ils allaient pénetrer dans la Cité du Savoir.

L'homme au chapeau se pencha vers la blonde qui étais arrivée la veille et lui chuchota quelques mots, qu'Eva ne put entendre...
Laissant passer quelques Esserothéens, dont Fin' qui étais en compagnie de Xël, Eva se rapprocha doucement d'Arthès.

Parlant tout doucement pour ne pas trop se faire entendre des autres, elle lui déclara : "Il faut se méfier. Le savoir est une arme. Je n'aimerais pas devenir le jouet d'un quelconque dessein. Somme-nous sûrs qu'ils sont de notre côtés ? Si vous le désirez je peux essayer d'obtenir plus d'informations."

Sur cette offre, Eva commenca à monter doucement les marches, une par une. Elle resta un peu collé à Arthès, dans l'attente d'une réponse.

L'être étrange finit par nous laisser entrer dans son humble citée. Du moins le prétend-t-il, car il ne tarde pas à nous poser ses conditions. En fait, nous n'avons droit de passage que pour une infime partie de l'endroit, et certainement le moins intéressant de tous... Mais peu importe, nous finirons bien par gagner leur confiance pour avoir de plus amples informations... Et si pas, nous jouerons de la ruse.

Devant moi se dresse un gigantesque escalier de pierre, se tortillant de tout son long jusqu'au sommet de la montagne.

Sous mes pieds nus, la roche est froide et peu accueillante, tandis que ma main court sur la rambarde de lierre.

Devant moi, le cortège d'Esserothéens, suivit de Xël qui chuchote à Fin', d'Arthès qui chuchote à Simaya, et finalement d'Eva qui chuchote à Arthès.

Toutes ces cachoteries ne me plaisent pas, mais je garde ma mauvaise humeur pour moi-même. De toute façon, étant dernière de l'étrange cortège grimpant, personne ne peut voir ma mine renfrognée. Je me questionne tout de même quant à la confiance que je peux dès lors accorder aux autres Yuiméniens, s'ils se mettent à faire des messes-basses de la sorte.

Je garde cette information dans un coin de ma tête. Il faut que je consacre toute mon énergie à la grimpette des innombrables marches. Remontant mon carquois sur mon épaule, je les gravis, une à une, à un rythme régulier. J'aurais voulu les monter plus rapidement, pour abréger les souffrances, mais ainsi est le triste sort des derniers de rangs: on s'adapte aux précédents.

Des marches, des marches et encore des marches. Moi qui rêvais de grimper au sommet de la tour Thaumaturgique, je crois maintenant en avoir un aperçu, voir trois ou quatre, vu le temps qu’on met pour atteindre la ville. Penser à Kendra-Kar m’envahit de nostalgie. La cité me manque, Méli me manque, les gosses me manquent et le gros Bob sans qui je n’aurais pas survécu jusqu’ici aussi. Ecrasé par ce poids, je peux juste me contenter d’un hochement de tête pour répondre à Fin’ dont la façon de contempler le ciel m’arrache tout de même un sourire.
Après une bonne heure d’ascension. Nous voilà, enfin, à l’entrée de la ville, gardé par une immense statut de pierre que je dépasse, méfiant, sans la quitter du regard.
Nous dépassons une arche dorée et arrivons sur une place faite de marbre, décorée de végétation, entourée de petites habitations qui brillent comme des bijoux.
Mais malgré l’éclat des quelques maisons, mes yeux sont captifs du gigantesque palais trônant sur le pic qui nous est inaccessible.

" Le château de Kendra-Kar, c’est un moulin à côté… "

Soufflais-je après un sifflement admiratif.
Notre guide s’adresse à nous, distribuant les dernières consignes et nous indique notre refuge avant de partir. Le bâtiment en question est une construction haute et étroite avec peu de fenêtres. Devant, est assise, à en juger par sa poitrine, une femme. Comme Triman, celle ci a les yeux bandés mais semble nous voir et même nous fixer.

Un autre Ouessien, en combinaison rouge, lui aussi les yeux bandés et doté d’un troisième bras très classe s’avance vers nous et sans sourire nous sort une blague.
Je le prends comme ça en tout cas et je ne suis pas le seul apparemment car Arthès pouffe en même temps que moi, bien que plus discrètement.
Pendant que certains rejoignent le temple, je vais à sa rencontre en riant, main tendu.

" Volontiers ! Je suis Xël, on se sert la main ? Ce serait cool de visiter la partie accessible une fois que tout le monde sera installé. Tu pourrais nous guider ? "

Une grosse heure. C'est à peu près le temps qu'estima avoir mis Eva en arrivant au bout des escaliers. Elle étais déjà fatigué... En effet, la demie-elfe n'étais pas très endurante, n'étant pas spécialement taillé pour tout ce qui était activité physique. Son armure la ralentissait et rendait tout ces pas de plus en plus pénible. La cité étais magnifique. C'était le mot. Toute faite d'un étrange métal brillant. Eva put comprendre que ce n'était pas de l'or, mais plus une sorte de pierre ayant un peu la même teinte légèrement moins brillante.. Quoi qu'il en soit, elle étais émerveillée par la beauté des lieux.

Arthès répondit à la mage de glace, expliquant qu'il ne savait pas du tout si les Ouessiens était vraiment de leur camp. Il accepta qu'Eva récolte un maximum d'informations. Elle avait en effet beaucoup de question, notamment sur la magie de ce monde. Curieuse, elle l'étais. Peut-être trop d'ailleurs. L'homme l'a mis tout de même en garde, il ne fallait pas qu'elle commette un quelconque outrage envers le peuple qui les accueille.

Passant l'arche, le groupe pût apercevoir un étrange golem de pierre, immobile, mais sans doute prêt à défendre la cité au moindre mouvement suspect.

(Intéressant !) s'émerveilla la mage en le regardant en détail, avant de rattraper le groupe d'un pas rapide.

Ils débouchèrent sur une place assez petite, mais magnifique, comme tout le reste de la cité enfait. Quelques habitations, un peu de végétations et une sorte de grand bâtiment qui attira tout de suite la curiosité d'Eva. Un Temple. Ce sont les mots qu'employèrent le dénommé Triman pour désigner le grand édifice se trouvant là.

Seul deux habitants de la magnifique Nagorin étaient présents aux alentours. Assise sur les marches du temple, une silouhette se détacher. Immobile, les yeux bandés, un être semblait regarder vers les Esserothéens.

Le second avait une apparence encore plus bizarre que Triman et l'autre. Doté d'une sorte de troisième bras, sûrement magique. S'approchant, il salua le groupe et remarqua qu'ils semblaient avoir besoin d'un coup de main. Ce qui n'étais pas très drôle, mais qui fit rire ou sourire quelques personnes, dont Arthès et Xël.

Ce dernier s'avança vers l'homme à trois bras et le salua, toujours aussi amical.

Eva, de son côté, s'approcha de la femme, du moins c'est ce qu'elle en déduit en remarquant les faibles forment de la créature.

"Bonjour Dame. Je suis Eva, mage de Glace, fidèle adoratrice de Yuiya. Vous êtes ?" demanda t'elle en souriant amicalement, comme pour faire bonne impression.

Grimper, grimper, grimper et grimper encore. Les marches s'enchainent, inlassablement, l'une après l'autre, sans que je ne puisse voir le bout de ce supplice, étant dernière de la file indienne que nous formons dans ce tourbillon de pierre qui semble s'élever droit vers le ciel.

Puis, devant moi, je vois la foule se disperser et prendre plus d'ampleur, telle la rivière qui se jette dans l'océan. Nous sommes au sommet. Enfin.

Plus que la douleur physique, c'est la lenteur de notre escalade qui m'accable. Mes heures de course en forêt m'ont attribué une bonne condition physique. Par contre, la patience, ce n'est pas mon fort...

Nous débouchons sur une ville qui semble faite d'or et de lumière. Tout brille, tout scintille. Jusqu'à m'éblouir et me faire froncer le regard. Mes yeux ne s'habituent à la lumière qu'une fois arrivés sur une large place, alors qu'il me semble que nous ayons dépassé de larges tas de pierre, au bout de laquelle se dresse un temple.

Rapidement, des gens de la ville nous accueillent. Xël et Eva se chargent de faire les présentations... Pour ma part, je préfère me diriger vers le temple. Ce sont bien souvent des endroits fabuleux, et, au vu de la splendeur de la place, je suis bien curieuse de voir les trésors qu'il cache. Et puis, quels dieux peuvent-ils bien prier, ici?

D'un signe de tête, je salue les deux autochtones, puis me dirige d'un pas rapide vers le temple, impatiente de découvrir ses secrets.

La réaction de la femme fût très inquiétante. Eva, qui n'avait rien dit d'extraordinaire en se présentant, fût elle même très surprise en regardant l'être qui lui faisait face.
Cria et se balançant telle une furie, la femme allait sans doute ameuter bien du monde et causer bien des problèmes ...

Arthès se précipita vers la mage de glace quand il vit la réaction de l'habitante de la Cité.

« Mais… que lui avez-vous donc dit ? »

"Je me suis juste présentée à elle ! Je ne pense pas avoir violer une quelconque tradition ..." expliqua t'elle d'un air désolé.

(Nous n'aurions pas du venir ici ... Le savoir est une arme. Ils ont l'air de savoir bien des choses.) pensa t'elle. peut après avoir parler à l'homme au chapeau.

"Je suis désolée de vous avoir importuné. Veuillez accepter mes plus humbles excuses..." essaya de se rattraper la jeune semie-elfe.

Stoïque, la réaction de l’Ouessien en combinaison rouge me démontre que son jeu de mot n’avait rien de volontaire et je peine à dissimuler ma déception. Bien que l’on est soit disant prouvé que l’on pouvait accéder au sommet du pic, il reste méfiant, posant les mêmes questions que Triman des centaines de mètres plus bas.

Je ramène ma main tendue vers mon menton pour gratter ma barbe en souriant.

"Décidément, on peut dire que vous êtes prudents. Je m’appelle Xël. Nous cherchons un refuge. Enfin, eux plutôt, les Esserothiens, une armée a dévasté leur cité."

Dis-je en désignant ceux qui pénètrent dans le temple.

"Moi je viens d’une autre planète avec un groupe de personne, nous sommes là pour aider à repousser l’envahisseur."

Je conclue avec tristesse en observant les réfugiés du coin de l’œil.

"On peut pas dire qu’on est très utile pour l’instant…"

C’est à ce moment que j’aperçois l’Ouessienne devant le temple se balancer d’avant en arrière en criant alors qu’Eva s’était approchée d’elle.
Du peu que je connais Eva, on ne peut pas dire que ce soit quelqu’un d’effrayant ou d’impoli. Ni même de repoussante physiquement. J’en reviens à l’Ouessien à trois bras.

"Vous avez rarement de la visite, je me trompe ?" Dis-je amusé.

A peine ai-je franchi le seuil du temps, que je me sens étrange. Un changement s'opère en moi, je me sens comme envahie d'un sentiment nouveau, que je ne parviens pas à définir. Glanaë prétend que cela émane de l'être en suspension face à nous, qu'Eligor traite de machin. Pour ma part, il ne me semble pas que ce ressenti soit négatif. C'est de l'inconnu. Et l'inconnu me plait, sinon je ne serais pas ici.

Aux propos peu agréables de mes compagnons, je réponds:

- "Ne soyez pas si urticants... Ils pourraient vous entendre et moi je ne me déplais pas ici"

Mes paroles n'ont pas été accompagnées d'un regard en leur direction. Non. Je suis bien trop émerveillée par ce qui m'entoure, par cette lumière, qui me prend aux tripes, et par cet être si énigmatique qui flotte devant moi. Je m'approche de quelques pas, scrutant ce visage absent, épiant le moindre geste de sa part qui me prouverait qu'il est bel bel et bien vivant.

Mais je n'ai pas le temps de poursuivre mon investigation, qu'une voix féminine, claire et dure à la fois, me rappelant celle de ma mère, résonne dans mon dos.

Elle nous ordonne de nous agenouiller. Et sans que je ne réfléchisse, mes genoux se plient. Comme si mon corps dictait à mon être tout le respect que je lui devais.

Lentement, je tourne la tête, pour observer mon interlocutrice. Sa beauté me coupe le souffle. Son visage pâle aux traits si fins, sa parure d'or, ses cheveux flamboyants... L'ensemble me laissait bouche bée, sans que je ne puisse déterminer pourquoi.

Un seul mot me vient en tête: le respect. C'est ce que ce lieu, cet être étrange et cette femme m'évoquent. Je ne suis pas chez moi, je suis dans un lieu de culte dont j'ignore tout, et pourtant, tout vibre en moi, tout résonne, tout se chamboule. D'une voix faible, sans trop oser lever les yeux sur elle, je réponds:

- "Pardonnez notre ignorance, Madame..."

Je ne me reconnais pas. Jamais je ne me serais soumise à ce point à une inconnue. Mais je ne contrôle plus grand chose. Le lieu a trop d'influence sur moi. Le lieu ou, cet être, étant donné les paroles de Glanaë...

Le type aux trois bras est plus intéressé par mes réponses que ce à quoi je m'attendais. Il me dit que je ferais un passionnant sujet d'étude et me demande si les réfugiés Esserothiens sont ceux de la prophétie. D'abord, je souris, amusé à l'idée d'être étudié bien que je rétorque sur un ton de plaisanterie :

" Tant qu'on m'élève pas en batterie comme un esturgeon ou qu'on me met des trucs dans le cul, j'accepte de répondre aux questions. "

Puis, je réalise enfin, fronce un sourcil et jette un regard ahuri à mon interlocuteur.

" Quelle prophétie ? "

Mais celui-ci s'éloigne vers l'Ouessienne qui sanglote sur les marches du temple. Je l'observe, fasciné par son bras mécanique et un peu hébété parce qu'il vient de me dire avant de disparaitre dans une habitation.

Seul, je me rapproche d'Eva et d'Arthès qui s'adresse à nous. Je l'écoute avec attention, la tête légèrement penché en me grattant la barbe. Il faut que je pense à la tailler d'ailleurs.

Quand il croise mon regard, je réponds sans attendre.

" Je refuse de les espionner. "

Je croise les bras, contrarié sans pour autant être agressif.

" Ils acceptent de vous accueillir ici, c'est pas vraiment le moment de jouer aux cons. Se renseigner, oui. Foutre son nez partout, je ne pense pas que ce soit la chose à faire. "

Je marque une courte pause avant de continuer.

" Le type aux trois bras vient de me demander si vous étiez les Esserothiens de la prophétie. Chez moi les prophéties on laisse ça aux ivrognes qui délirent après la chope de trop. Mais ici tout parait vachement sérieux. "

Dis-je en écartant les bras, désignant les bâtiments qui nous entourent.

" Un temple, des baraques et même pas une taverne ou une auberge... "

Je continue, en disant plus sur mes propres projets.

" Je vous laisse les convaincre, après tout ce sont des érudits et moi je sais même pas lire alors... J'ai demandé à Fin' de m'emmener à Fan-Ming quand il aura repris des forces. Je vais les prévenir de la situation et leur dire qu'ils vont devoir se bouger un peu plus s'ils veulent empêcher ta planète de tomber. Peut-être que Sim' pourrait m'y conduire tout de suite mais j'avoue qu'elle m'intimide... "

Sans que je ne comprenne réellement ce qu'il se passe, les choses s'enveniment autour de moi, entre la fille sans visage et Simaya. Cette dernière affirme que celui qui semble être le dieu de ces terres, est ailleurs bien plus sombre qu'il n'y parait. Sur une contrée nommée les Landes Noires.

Le visage de la rousse se mute en un rictus effroyable, qui fait retomber toute la bienveillance qui planait en moi. Elle déploie de petites dents pointues et aiguisées, la transformant quelques instants en monstre. Un frisson me parcourt le dos. Je me redresse, tentant d'intervenir en manifestant le plus de respect à l'étrangère possible.

- "Mesdames... Je ne pense pas que le lieu dans lequel nous sommes est propice à ce genre de joutes verbales. Bien entendu, vous êtes libres d'agir comme bon vous semble, mais peut-être est-il préférable de sortir?"

Je marque une petite pause, avant d'oser poursuivre mes paroles. Je m'adresse tant à la rouquine qu'à Simaya, car celle-ci semble en savoir long sur le sujet.

- "Que pouvez-vous me dire sur cet être, qui semble posséder plusieurs visages?"

Je me dis que c'est peut-être pour ça qu'il n'en a pas, justement. Car son apparence et son attitude varient en fonction du lieu dans lequel il se trouve...

Eva pensais que ses excuses calmeraient un peu la Ouessienne. Malheureusement, cela sembla l'énervée encore plus...
Saisissant la mage de glace par le col, elle hurla encore des choses.

Lâchant la jeune demi-elfe, elle se retourna et se laissa tomber, face contre terre. Elle semblait sacrément déranger.

(On vient sauver leurs mondes, et voila comment ils nous remercient ...) se révolta intérieurement Eva, ne prenant la parole pour ne pas s'attirer d'ennuis.

L'Ouessien à trois bras entreprit de s'occuper de "la folle". L'emportant dans une habitation à l'aide de son membre mécanique, il ne resta donc que Xël et Arthès sur la place, accompagnés d'Eva bien sûr.

Profitant sûrement qu'il n'y ai pas d'Ouessiens en vu, l'homme au chapeau parla rapidement aux deux mages.

Il leurs demanda si ils avaient déjà appris quelque chose concernant ce peuple. Il envisagea aussi de les questionner ou de les espionner. Il fallait voir si quelque chose ici pouvez aider à sauver Aliaénon.

Le regardant droit dans les yeux, comme elle faisait d'habitude lorsqu'on parlait de choses sérieuses, Eva déclara avec sa douceur habituelle :

"Je veux bien poser quelques questions, mais les espionner, non. De un, ce n'est pas mon fort, et de deux, je refuse de me mettre à dos des êtres aussi puissants. Car oui, ils le sont, cela se voit, et cela se sent."

De son côté Xël expliqua que l'Ouessien à trois-bras lui avait poser une étrange question concernant une prophétie. Le mage de vent donna ensuite son avis sur la question, déclarant que chez lui, on laissait les prophéties aux ivrognes.

"Je serais toi, je prendrais un peu au sérieux cette cité et ses habitants. A mon avis, ils ont bien des choses à nous offrir." lui répondit la mage de glace en le regardant bien dans les yeux.

Il dévoila ensuite ce qui semblait être un de ses projets.

Il voulait retourner à Fan-Ming. Pour les prévenirs que si ils voulaient sauver leur monde, ils avaient intérêt à se bouger.

(Mais dites moi qui se paye notre tête lui ?) explosa intérieurement la cryomancienne.

"Non." refusa t'elle d'une voix glaciale, comme ses fluides magiques.

"Je ne vois pas ce qu'ils pourraient faire de plus. Et puis nous avons besoin de t'es pouvoirs. Tu as été très utile lors du siège d'Esseroth, alors tu le seras sûrement ici. Et puis, tu ne sais peut-être pas lire, mais je suis sûr que tu n'auras pas de mal à te lier d'amitié avec un des habitants de cette cité.

Keya est dans le temple ? Il ne faudrait pas qu'elle fasse de bêtise hein ?"

Eva me fixe avec un air extrêmement sérieux m'intimant de l'être aussi. C'est la première fois que je prend sérieusement le temps de la détailler. Un teint légèrement gris, de longs cheveux bruns, un visage agréable, mais surtout des yeux d'un gris profond. Il y a du Kendran là dessous, j'en suis persuadé.

Pourtant, elle dégage quelque chose de glaciale et d'ailleurs elle s'adresse à moi avec un ton qui me fait frissonner.

Mais c'est un sourire chaleureux que j'oppose à son refus de me laisser partir.

"Pas besoin de moi ici, tu l'as dis toi même. Ces types ont l'air foutrement balèzes, puis c'est la galère de monter jusqu'ici. Je me lierai d'amitié avec eux à mon retour, avec le portail ça ira vite. Fan-Ming c'est le lien avec notre chez nous alors même si le conseiller est un trouduc', c'est lui qui peut faire remonter les nouvelles jusqu'à Oranan et demander du renfort. De vrais soldats avec de vrais stratèges. Moi tout ce que je sais des batailles c'est des trucs racontés par des mercenaires ivres et un pote nul aux cartes."