Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27 Messages: 39606
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Nagorin – Palais.Aucune question posée, aucun temps à perdre, ils pénétrèrent sans tarder dans l’immense édifice luxueux, par cette grande porte. L’intérieur, contrastant avec la douce lumière dégagée par la pierre dorée de l’extérieur, était plus sombre. Pas ténébreux, mais plongé dans une sorte de pénombre reposante, sans aucune lumière vive. Ils étaient dans une salle impressionnante, au sol tout de marbre gris clair et foncé, nervuré d’or, et cerclé dans le même or pur. Triman les fit traverser la salle, passant outre les colonnes de marbre, elles aussi, et ils arrivèrent tout au fond, dans une alcôve où ils durent passer par-delà des rideaux sombres qui masquaient la vue du visiteur impromptu à ce qui se cachait derrière. Jusqu’ici, la chose la plus notable, sans doute, était que le bâtiment était désert, sans âme qui vive. Ce qu’ils virent derrière les rideaux infirmèrent cette sentence.
Entouré de draperies noires, pendant du plafond, et de chandelles posées à même le sol, ou pendues à des lustres sinistres, un bureau étroit orné d’une corne vidée et d’un grimoire scellé accueillait un être à la fois misérable et majestueux. Un vieillard au crâne chauve et à la longue barbe blanche, vêtu de noir, et aux yeux subtilement masqués par des bandes de cuir retenue à sa tête par un ingénieux système. Lorsque les étrangères pénétrèrent dans ce curieux domaine, il leva une main noueuse et frêle vers elles, dans un bruit de chaines. Le vieil homme était enchaîné au bureau, ne lui laissant qu’une faible marge de manœuvre pour œuvrer au quotidien.
Triman prit la parole.
« Grand Maître, voici les étrangers dont je vous ai parlé. »
Puis, se tournant vers Eva et Simaya, précisa à leur égard :
« Voici Clirley Xissirant, notre souverain éclairé de la parole du Divin. »
Le vieillard prisonnier était ainsi… Leur chef. D’une voix faible et éraillée, il prit la parole. Ses mots étaient, malgré sa voix, clairs et rafraichissants.
« Vous voilà venus de loin, nord et sud, pour quérir l’aide d’inconnus dont vous ignoriez tout jusqu’à peu. Quelle espèce d’inconscience vous a poussé à ce choix extrême ? Quelle douce prescience vous a fait choisir la voie de Nagorin, patrie des Ouessiens ? Qu’attendriez-vous d’un peuple que vous n’avez jamais côtoyé, et dont vous souhaiteriez le sacrifice pour sauver ce qui ne peut l’être ? »
La Sombreroc avait la mine fermée, les poings serrés. Elle rétorqua, froidement :
« Il n’est pas question de sacrifice, mais de la subsistance de ce monde. Que savez-vous de la menace qui pèse sur nous, enfermé dans cet endroit, à ressasser vos propres pensées ? »
Triman intervint, posant une main sur le bras de la dame, dont elle se dégagea d’un mouvement sec.
« Nous savons. Plus que vous, oserais-je avancer. Veuillez modérer votre ton. »
Le vieux, lui, n’avait pas bougé.
[Eva : XP : 0,5. (post). Mot : 0. - digital.]
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