| Alors que Xissirant, le très énigmatique Ouessien posa par trois fois sa main couverte de veinules sur son étrange grimoire, par trois fois, des déclics et des cliquetis se firent entendre et des chaînes descendirent du plafond, chacune enveloppant soigneusement un des trois artéfacts qui leur étaient accordés. Le premier d'entre eux était un arc qu'il détacha prestement de sa chaîne pour passer ses doigts le long de sa courbure. Un tel objet avait été forgé sans conteste pour être résistant mais surtout pour le doter d'une finesse incomparable, cela lui rappelait un peu l'artisanat Shaakt mais avec un esthétique qui dépassait largement tous les forgerons elfes réunis. Si l'aspect de bronze du corps de l'arc laissait présager qu'il était lourd, Endar fut étonné de découvrir le contraire, il était beaucoup moins lourd que son arc originel et plus maniable aussi comme il le constatait en bandant la corde. 
 Le vieil Ouessien lui raconta l'histoire de cet artéfact qui portait le nom de "Protecteur d'Ouesseort". Si certaines armes portaient des noms parfois des plus comiques ou empreints de la stupidité humaine, tel n'était pas le cas pour cette arme façonnée dans un but précis et ultime: celui de protéger les habitants de la cité d'Ouesseort contre la tyrannie des Géants de Rocsombre. Son ancien possesseur était mort en sauvant la plupart des siens en brisant de ses projectiles les vagues destructrices. A cette expression, le Shaakt se demandait s'il parlait de vagues de magie ou si l'expression était plus terre à terre, cela voulant dire que la cité perdue d'Ouesseort se trouvait sous une tonne d'eau de mer salée. Il espérait que la dernière hypothèse n'était pas la bonne, il savait nager, mais ce n'était pas non plus un poisson.
 
 - Puisse Loss'Thern Reveliant reposer en paix et puisse mes flèches percer le cœur de mes ennemis et de ceux d'Ouesseort, déclama-t-il avec emphase. La mort n'est pas une option pour moi.
 
 Plaçant son arc en bandoulière et s'assurant que son carquois fixé à sa ceinture était bien rempli, il entreprit de se tourner vers ses deux autres compagnons d'infortune qui recevaient tour à tour leur artéfact. L'Humoran reçut un étrange anneau de métal aussi noir que l'argent noir et où était encastré une pierre d'un blanc limpide. Lorsque le vieillard révéla qu'elle venait des tréfonds d'Arthim'Olth, il n'en fut qu'à moitié étonné. Lorsqu'il évoqua qu'un grand pouvoir l'habitait, il sentit néanmoins un étrange malaise. Était-il prudent de donner un tel objet de grande valeur à une personne massacrant sans complexe des innocents au nom de Zewen ? L'elfe noir était sans doute mal placé pour rétorquer quelque chose à ce propos et préféra ne pas expliquer ce qui le tourmentait, mais au moins maintenant qu'il possédait la seule mine riche en argent liquide de la région, il avait de plus grande chose d'accaparer plus de pouvoirs qu'il n'en avait jamais rêvé depuis l'enfance. Le dernier artéfact évoquait aussi les Landes noires en dépit de sa couleur anthracite. La robe revêtait des runes et semblait avoir appartenu à un archimage d'Orsan. L'information comme quoi il avait combattu les mages noirs d'Elscar'Olth qui effectuaient de sombres rituels sur la chair ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd.
 Au moins savait-il à présent ce qu'il allait détruire prochainement...
 
 Xissirant leur souhaita bonne chance et il avait raison, il allait en falloir pour affronter Vallel. Vallel allait-il l'intention de réveiller les géants de Rocsombre ? La réponse se trouvait inévitablement à Ouesseort. Alors qu'il se dirigeait déjà vers la sortie, une jeune ouessienne était rentrée dans la pièce. La prêtresse rousse expliqua à Xël que son corps avait été détruit mais elle en possédait un nouveau et avait perdu la mémoire. Lorsqu'elle indiqua leur immortalité, une lueur de convoitise fit briller ses yeux, mais une telle immortalité ne l'intéressait pas s'il devait attendre quelques semaines pour recouvrer la mémoire et il se doutait que ce n'était pas la seule condition pour obtenir un tel pouvoir. Décidément la magie des Ouessiens faisait passer la nécromancie pour une magie enfantine. Simaya Sombreroc s'adressa ensuite à toute l'assemblée en mettant un point d'honneur à refuser un cadeau potentiel et les encouragea à partir sur le champ.
 
 - Simaya, ces artéfacts sont comme des urquains, sans cela un potier ne peut aboutir son œuvre. Pour la guerre, c'est la même chose, sans bonnes armures et armes, une armée se trouve à la merci de l'envahisseur. Il est évident qu'il est préférable de ne pas gâcher les charges pour rien, allez avec l'Humoran, j'emporte le magicien avec moi.
 
 Il s'inclina une dernière fois envers l'intriguant Ouessien, puis sortit son appeau de son sac avant de quitter le palais.
 _________________
 
 
 
 |