L'être sans visage ne sembla pas entendre les propos d'Alistair, ou alors il les ignora complètement, faisant passer le voleur pour un idiot. Il ne s'en ombragea cependant pas et se tourna de nouveau vers son interlocuteur, qui semblait, finalement, être intéressé par ce qu'il avait à dire. Bien sûr, les propos de l'assassin sur la noirceur de la reine noire ne semblaient toujours pas porter leurs fruits, mais les promesses de savoir, elles, s'avéraient plus efficaces, et si le contrat n'était toujours pas conclu, une ouverture semblait voir le jour.

« Une chose que je n'ai pas ? » s'indigna faussement Alistair. « Certes, ces biens ne sont pas directement les miens, mais Fan-Ming est une colonie Ynorienne, et Oranan est l'un des plus grands alliés de Kendra Kâr, ils peuvent sans conteste se permettre de vous accorder le droit de lire et recopier les livres rares de leur bibliothèque. Après tout si l'Ynorie est la seule concernée dans cette guerre, il n'en reste pas moins certain qu'Oaxaca lorgne à long terme sur Kendra Kâr. Ou en tout cas, c'est indéniablement ce que pensent son dirigeant, donc il sera prêt à passer cet accord. Je comprends que vous ne me fassiez pas confiance, aussi je vous propose de m'accompagner directement à Fan-Ming pour discuter affaire avec des gens plus à même de passer des accords écrits et signés, si vous voulez aller jusque là. En attendant, vous disposez de nombreux otages, vous êtes donc hors de danger, même à Fan-Ming. »

Alistair s'était un peu avancé en affirmant tout cela, mais l'important pour lui était la finalité, peu importe s'il trompait un peu son adversaire, si à la fin les accords étaient passés cela n'importerait pas.

Mon compagnon d'aventure, le beau Mathis, semble redoubler de ruse pour essayer de passer. S'il est vrai que les légendes veulent que les dragons soient attirés par l'or et l'appât du gain, le nôtre est encore plus rusé. Le beau parleur veut payer sa liberté, mais l'immense reptile réplique avec une grande intelligence que si Mathis garde son or sur lui, il a juste à le tuer pour récupérer le pécule. Les paroles du Dragon m'apprennent néanmoins que s'il nous tue, il aura les grâces de la Reine Noire. Nous avons donc un prix. Intéressant. J'imagine qu'il gagnerait encore plus s'il arrive à nous corrompre, ou à nous rallier à sa cause. J'espère que mon petit jeu me permettra de m'en sortir, moi et au moins quelques Esserothéens. Il faut qu'ils survivent. Et moi aussi.

Le gros reptile me répond et entre deux sifflements, me demande d'entrer dans le temple et de dire aux Ouessiens de livrer les Esserothéens. Le tout est une épreuve pour prouver mes paroles. C'est donc ainsi que je me retrouve face à ma propre idée, celle d'essayer de se faire passer pour une aventurière capable de trahir sa cause.

Inspirant un coup, je jette un regard à Mathis. J'y mets le moins d'émotion possible pour ne pas que le Dragon découvre mon petit jeu. J'espère que Mathis sait que je joue un rôle.

« Bien. J'y vais de ce pas, Dragon. Je Je serai votre messager, si vous m'en faites l'immense honneur. Je doute que les Esserothéens sonnent les cloches pour me rendre grâce, mais c'est pour vous." »

Sur ces quelques mots, que je prononce uniquement pour la forme et pour prévenir que je vais entrer dans le Temple, je m'avance. Passant à droite du gros reptile, même s'il ne tourne pas forcément la tête, je sais qu'il me sent. Et que de toute façon, je ne pourrais rien lui faire.

C'est sur des pensées troublées par la peur de l'échec que j'essaye d'entrer dans le bâtiment. Je ne sais pas si je vais réussir, dans le pire des cas, j'emporterais dans la mort des Ouessiens. Ça, je le ferais sans aucun remords.

Je comptais sur la cupidité du dragon pour me frayer un chemin jusqu’au temple. J’avais une fois de plus sous-estimé son intelligence, cependant, cupide, il l’était bien. Mon or l’intéressait, par contre il m’affirma qu’il lui suffisait de me tuer pour le récupérer, inutile pour lui de me promettre quoi que ce soit. Moqueur à souhait, il se dit tout de même prêt à recevoir mon or si je lui offrais. Je préférai ne pas répondre à ça, je devais trouver un moyen de percer sa défense. Aucune ruse ne semblait le berner, et côté affrontement physique, il était plus qu’évident que c’était perdu d’avance en combat singulier. Mes chances ne seraient pas plus élevées si Eva et Arthès combattaient à mes côtés, et ça, c’était à la condition qu’ils acceptent de me soutenir, ce qui s’avérait moins que certain.

Alors que je croyais le plan de Eva voué à l’échec, le dragon vit les choses autrement. Il lui libéra le passage en lui demandant de ramener les Esserothiens à l’extérieur prouvant ainsi qu’elle portait vraiment allégeance à Oaxaca. Eva avait menti, je n’en avais aucun doute, et le dragon l’avait aussi sûrement deviné. Il n’hésiterait sûrement pas à l’exécuter si elle ne revenait pas avec les prisonniers. Mais au moins, elle pouvait entrer dans le temple, ce qui n’était pas mon cas.

Cela faisait déjà un bon moment que j’essayais de ruser, de négocier avec cet immense dragon mauve, sans résultat. Rien à faire, il ne me laisserait passer sous aucun prétexte. Mais pendant tout le temps de cette discussion, j’avais eu le temps de l’examiner. Certes, il était immense, costaud, muni de pics, d’une armure écailleuse, d’une mâchoire puissante et acérée. Mais il ne pouvait être parfait, certains de ces attributs lui nuiraient dans certaines situations.

(À part la beauté, et l’élégance, qu’est-ce que moi j’ai et qu’il n’a pas,… c’est de ce côté que je dois chercher. )

S’il était aussi invincible qu’il voulait bien le laisser croire, qu’est-ce qui l’avait retenu de nous tuer sur le champ au lieu de discuter avec nous.


Ma décision était prise, mais j'attendis que Eva passa les portes du temple avant de passer à l’attaque. S’il était gros et fort, il était aussi pesant et difficile à déplacer. Alors je possédais un excellent équilibre, tout en étant habile et souple, sans oulbier que je comptais aussi sur mes jambières pour augmenter ma vitesse.

« Je n’ai pas le temps d’attendre que vous hiberniez pour avoir accès au temple.»

Cela dit, sans prévenir et comptant un peu sur l’effet de surprise, je me précipitai vers l’arrogant ennemi mauve et tout en dégainant mon poignard argenté, je m'écriai à l'intention de Arthès

"Aidez-moi !"

Au dernier moment, je me penchai brusquement et de toutes mes forces, je tentai de ficher ma dague dans les énormes doigts de pieds du dragon. Je savais bien que je ne le tuerais pas ainsi, mais je comptais le déstabiliser suffisamment pour pouvoir me rendre au temple et y entrer.


(((Utilisation de la CCSA : Point sensible )))

La réponse apparu au Zélote comme logique et pleine de sagesse. Il aurait aimé en demander plus mais le mage Yuménien, venait de le réveiller. Une bille frustrante remonta sur son épine dorsale, l’irritant et l’agaçant. A la manière d'un rêve agréable d’où l'on sort trop tôt. Il voulu tordre le cou de l'importun mais il réprima ce doux désir de sentir ses os craquer sous sa main et ne laissa qu'un grognement transparaitre de sa mauvaise humeur.

Je parlais avec une divinité

Lui murmura-t-il. Il observa la scène et entendu les dernières paroles d'un jeune homme qui avait du apparaitre pendant sa transe. Un Yuménien, encore, trahi par son physique, ses traits fins et sa suffisance prononcé dans la voix. Le jeune homme semblait passé un marché avec Trimam lui promettant connaissances et merveilles si les Ouéssiens passaient du côté de Fan-Ming.

Foutaise ! déclara-t-il alors. il jeta un regard à l'être suspendu et d'un hochement de tête discret le remercia, avant de revenir vers le jeune charmeur.

Mais je suis près à vérifier vos dires. C'est la guerre qui ronge ce monde et Fan-ming n'a rien fait pour sauver qui que ce soit. Pas une armée pour défendre Esseroth juste une poignée d'aventurier disparate et éparpiller, alors je me demande que nous cache l'Ynorie et pourquoi lapider un monde dans une guerre qui n'est pas la sienne.

Il prit son sifflet et le porta à sa bouche.

Nous allions justement chercher les derniers Esserothéens à Fan-Ming avec Trimam. Suivez nous et prouvez que vous n'êtes pas que parole et vantardise.

L'Humoran grogne quand il revient à lui, comme réveillé d'un rêve plaisant qui n'était pas prêt de finir. Visiblement de mauvaise humeur il me précise qu'il parlait avec une divinité.

"Oh..." lâchais-je, hésitant entre la surprise ou la banalité de discuter avec une divinité. Ici, ça commençait à sembler commun.

Il vociféra ensuite contre celui qui parlait depuis avant et que je pris, seulement maintenant, la peine de regarder.

Le zélote n'avait pas tord au sujet de Fan-Ming, mais pas complètement raison non plus. J'avais les deux sons de cloches après que le trou du cul de conseiller m'ait expliqué son point de vue. Mais à quoi ça servait de revenir là dessus, la cité est détruite, les Esserothiens massacrés. Cracher sur les dirigeants de Fan-Ming n'avait aucune utilité.

Il voulait repartir pour Fan-Ming rechercher les Esserothiens. Je le suivrai, mais je ne le laisserai emmener personne contre sa volonté. Je me battrai de toutes mes forces pour ça.

Il faut partir maintenant avant que les choses ne dégénèrent. La tension est palpable.

"Il serait judicieux de partir rapidement, avant qu'on en viennent aux mains. Je le répète, je ne tiens pas à ce que quelqu'un soit blessé. Esserothiens, Yuiméniens et même Ouessien." Je regarde à tour à tour un Esserothien, l'humoran et l'Ouessien aux trois bras avec franchise.

"Allons-y."

Sur ces mots je me tiens prêt à monter avec le Zélote. Après tout, il a mon sifflet.

Quelques mètres à franchir, une courte distance pour un être agile et souple comme moi. Quelques misérables mètres à parcourir, trajet d’ordinaire simple pour moi qui avait l’habitude de prendre la fuite d’assurer ma survie. Mais sans en connaître vraiment la raison, sinon suspecter une certaine nervosité, mes jambes s’emmêlèrent. Comme dans un mauvais rêve, je ne pus courir aussi vite que je l’avais souhaité.
Tout comme je l’avais espéré, l’immense dragon mauve fut d’abord surpris par le revirement de mes intentions, par mon attaque subite. Mais, contrairement à moi, il se ressaisit vite. Je ne pus transpercer sa patte que cet être fier et mauvais dans l’âme la leva tout en la dirigeant droit vers moi griffes sorties. En panique, je tentai de m’arrêter, de reculer même, mais c’était impossible. Je voyais la gigantesque griffe cornée se diriger vers moi et je sus que mon destin était scellé, j’allais mourir empalé.

(Adieu Angélie et Maman)

Puis alors que je croyais que tout était terminé pour moi, la longue griffe se figea alors qu’elle n’était plus qu’à un demi-centimètre de ma chemise encore blanche. Levant les yeux, je vis que le temps semblait suspendu, le dragon était aussi immobile qu’une statue de pierre mauve.

J’entendis alors l’esserothien qui tout en courant vers le temple me cria d’en faire autant. Contournant rapidement la griffe, je courus à toutes jambes sans demander mon reste et surtout sans poser de questions, le temps n’était pas aux explications, mais à la fuite.

Sur les talons d’Arthès, j’entrai précipitamment derrière lui, refermant rapidement les portes derrière moi. Ce dernier ameuta l’assemblée leur criant qu’il fallait prendre la fuite que le dragon allait tous nous tuer.

Une fois à l’intérieur je repris mon souffle tout en regardant la pièce dans laquelle je venais de pénétrer. Tout au fond, au-dessus d’un autel, flottait un être étrange sans visage. Puis plus près, il y avait Eva et Alistair à quelques mètres, un humoran imposant et à la fière allure tout près d’un cheval ailé. Puis à côté de ce dernier se tenait un homme pourvu de cornes élégamment vêtu de rouge à la chevelure blonde aux yeux recouverts d'un délicat bandeau orné d’or. Puis il y avait aussi d’autres êtres cornus et puis derrière, une poignée de gens dépourvus de bandeaux et d’appendices crâniens.

Je sortis mon sifflet et le portai à ma bouche et sifflai immédiatement dedans. Au cheval, je donnai ma destination : Cours du palais: Fan Ming. Me tournant vers Arthès je lui dis précipitamment :

«Merci, sans vous on célébrerait ma cérémonie mortuaire. Montez sur le cheval ailé et apportez un esserothien avec vous à Fan Ming. Sitôt votre cheval parti, j’en appellerai un autre et je ferai monter deux autres esserothiens. »

Puis me tournant vers Eva qui était plus près de moi:

« Faites de même, utilisez votre sifflet pour évacuer le plus d’esserothiens possibles, je ne garderai qu’un voyage pour nous ramener à la toute fin tous les deux. »

Pendant ce temps l’humoran et son compagnon cornus montèrent sur leur cheval ailé.

Au moins on me rend mon sifflet.
L'humoran me le jette m'ordonnant de prendre le yuiménien beau parleur avec moi.
J'hausse brievement les épaules tandis qu'Eva déboule dans le temple en criant au loup, enfin au dragon. Et en effet j'ai le temps de l'apercevoir avant que la porte ne se referme. Un vrai dragon, en écailles et en os.
Arthés apparait l'instant d'après suivi d'un Yuimenien que je crois avoir déjà croisé à Fan-Ming.
Les ordres fusent de tout coté et alors que je pensais qu'on pourrait proteger le temple tous ensemble, j'entend plusieurs coups de sifflets qui m'annonce la fuite.
Le blond de Yuimen ordonne de prendre les Esserothien avec nous mais les Ouessiens vont ils laisser faire ? Sont-ils eux même en securité ?

"Et les Ouessiens ? Ils sont avec le dragon ?"

Je le demande assez fort pour qu'on m'entendre parmis les sifflets et les ordres mais je doute que quelqu'un me reponde.
Je ne dois pas hesiter, je n'ai pas confiance au zelote. Je dois le suivre à Fan-Ming et l'empecher de faire du mal aux Esserothien qui dont là bas et savoir pourquoi il s'interesse à Simaya precisemment.
J'utilise mon sifflet pour appeller le destrier et me tourne vers la foule sans viser personne en particulier.

"Si vous vous sentez en danger, n'hésitez pas à grimper, une seule personne !"

Et attendant à peine quelques secondes de voir si quelqu'un monte, Ouessien, Esserothien ou Yuimenien, j'annonce la même destination que l'Humoran. Fan-Ming.

Mon plan a réussi. Je suis entré dans le Temple. Je n'y crois pas. J'ai réussi à duper un dragon. Même si je ne me fais pas d'illusions, si je ne reviens pas vite il me tuera sans que j'aie le temps de me défendre.

Entrant dans le temple, ma motivation chute drastiquement. Les Ouessiens et les Esserothéens sont toujours présents. Xël est là, lui aussi. Alistair, qui était entré un peu plus tôt est encore là aussi. Mais un des personnages présents m'inquiète davantage que les Ouessiens. Un humoran casqué se tient aussi là. Je ne l'ai jamais vu, et je ne sais même pas s'il est avec nous ou pas. Visiblement il n'est pas trop hostile car sinon Xël ou Alistair s'en serait déjà chargé. Un cheval ailé, semblable à celui que j'ai déjà pu chevaucher se tient près de lui. Mes craintes s'apaisent légèrement. Visiblement il a lui aussi reçu le cadeau de la divinité.

Je n'ai même pas le temps de parler que j'entends Arthès crier. Visiblement il y a de l'action derrière moi. Je ne me retourne même pas. Arthès se retrouve bien vite à mes côtés, hurlant de fuir, indiquant la présence du dragon.
Personne ne bouge, personne ne parle. Quelques secondes passent, et c'est pour moi insoutenable. Je ne sais ni quoi faire, ni quoi penser. Comment évacuer autant d'Esserothéens ? Les Ouessiens nous laisserait-il faire ? Qu'a fait Alistair pendant tout ce temps ? Et l'Humoran ? Qui est-ce ? Que compte-t-il faire ?
J'obtiens bien vite les réponses à mes dernières interrogations. Calme, sûr de lui, il déclare à Triman qu'il va chercher les derniers Esserothéens. Il veut les aider. Lorsqu'il mentionne le dragon comme étant son ami à lui aussi, mes craintes refont surface. C'est un ennemi. Un traître peut-être. Mais je fais confiance à Xël. Peut-être ont-ils réussi à marchander quelque chose. Enfourchant sa monture, il lui murmura une destination. S'il fallait l'arrêter, c'est trop tard...

Mathis arriva en trombe, peu de temps après l'arrivée d'Arthès. Il ne perd pas une seconde, dégainant le sifflet argenté magique. Il souffle un coup dedans et se tournant vers Arthès, lui ordonne de partir vers Fan-Ming avec un des siens.

Le beau jeune homme, assez plaisant à regarder, se tourne vers moi et me demande de faire la même chose que lui. Il faut appeler un maximum de cheval pour évacuer un maximum d'Esserothéens.

Xël semble un peu perdu, comme moi. Il demande si les Ouessiens sont avec le dragon. Je pense que oui. C'est quand même à cause d'eux que nous sommes dans un tel merdier. Et c'est surtout à cause d'eux que j'ai failli y passer dans une cellule.
Utilisant lui aussi son sifflet, le mage de vent se tourne vers la foule et déclare que si quelqu'un se sent en danger, qu'il monte.
Je le regarde, atterrée. C'est à mon tour d'agir. Je sors en vitesse mon sifflet et juste après l'avoir utilisé, je prends la parole :

« Esserothéens, ne perdez pas de temps. Deux par deux ! Allez ! »

Hors de question que l'on ramène un Ouessien à Fan-Ming. Ils ont pactisé. Ce sont des ennemis, rien que des ennemis.
S'il y en a un à ramener, c'est leur chef. Il pourrait nous être utile, et puis j'ai une vengeance à assouvir. On ne m'attaque pas impunément. Je laisse cette idée de côté pour l'instant. Je me tiens prête à intervenir en cas de danger. Une fois ma monture apparue, je lui murmure le nom de la destination : Fan-Ming.

En attendant que deux Esserothéens montent et partent, je prie Yuia pour tout se passe bien. Il faut se grouiller. Dans le pire des scénarios, je reste ici et me cache dans la cité...

Après avoir fini son discours, Alistair reçut quelques réflexions insultantes de la part non seulement de l'Ouessien mais également de l'humoran, qui semblait venir de se réveiller. Il avait pris le woran bâtardé comme un potentiel allié, mais celui se montrait très irritant et mal intentionné, ce qui n'était pas pour plaire à l'assassin.

" Il ne semble pas que vous ayez accepté ma proposition avant, non, mais peu importe, si nous sommes tous d'acc... "

Soudain interrompu par l'arrivée de l'Esserothéen dans le temple, Alistair se figea. Un énorme dragon se tenait à l'entrée du temple, et cela semblait être de bien mauvaise augure.

( Je me disais qu'il mettait leur temps à se ramener ces cons... )

Changeant de plan, Alistair re sortit ses dagues. Il fallait agir vite, plus question de négocier des heures durant.

" Bon, il semblerait qu'on en revienne au point de départ. Plus le temps de négocier, il faut que l'on parte avec les Esserothéens maintenant, sinon il n'y aura plus de possibilité d'accord. Je vais m'avancer beaucoup, et je suppose que vous n'allez pas me croire ni me faire confiance, mais je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que vous ayez accès aux bibliothèques dont je vous ai parlé si vous nous laissez partir sans rien dire. Sinon, les circonstances m'obligent à utiliser la force. "

L'assassin était un peu déçu, tant de négociations parties en fumée d'un seul coup, il fallait reconnaître que le sort s'acharnait.

Attrapant habilement son sifflet de deux doigts de manière à garder ses deux armes en main, Alistair porta l'artéfact à sa bouche et souffla, appelant pour la seconde fois le cheval ailé.

La jolie Eva répondit promptement à mon appel et invoqua à l’aide de son sifflet deux chevaux, invitant à son tour deux esserothiens d’y monter. Ces derniers n’hésitèrent pas un instant et s’envolèrent pour Yuimen.

Dans mon empressement de faire le bien, j’avais envoyé Arthès sur le cheval ailé. Erreur monumentale puisque ce dernier parti, le temps se remettait en route et le dragon risquait de surgir à tout moment. J’avais quelques secondes plus tôt frôlé la mort, je ne tenais pas à y faire face une seconde fois. Arthès partie, je me savais incapable de la déjouer.

Il n’y avait donc plus de temps à perdre, par contre, il restait beaucoup d'esserothiens à évacuer.

« Nous ne pouvons attendre plus longtemps, le dragon risque de surgir d’une seconde à l’autre et il nous écrasera de sa lourde patte comme de vulgaires raisins. »

Cela dit, je portai le sifflet à ma bouche et je soufflai. Dès que le cheval ailé apparu, j’hélai de nouveau les esserothiens de monter sur les chevaux.

« Allez, allez n’hésitez pas à monter peuple d’Esserothiens, deux par cheval ! »

Tout en indiquant la destination au cheval :
« Cour du palais : Fan- ming ! »

Un cheval à la fois, voire deux avec celui d’Eva, ce n’était pas suffisant, ça n’allait pas assez vite, et les autres porteurs de sifflets qui étaient partis sans laisser leur reste, sans penser à ceux qui restaient. De simples idiots ou de sales égoïstes, je n’avais pas le temps de trancher.

Le temps s’écoulait à une vitesse qui me paraissait folle et la nervosité me gagnait. Je pris donc la décision de tenter l’impossible. Je soufflai à trois reprises supplémentaires afin d’y faire venir trois chevaux de plus. Si ceux-ci pouvaient apparaître, j’étais prêt à faire un don au temple de Yuimen en remerciement.

Plein d’espoirs, je m’adressai aux esserothiens, les plus près

« Vous ! Préparez-vous à partir ! Eva ! Nous embarquerons ensemble sur le quatrième cheval »

Cela dit, je scrutais la salle espérant voir apparaître ces espoirs ailés afin de leur dicter immédiatement leur destination, toujours la même : Cour du palais, Fan-Ming !

Une fois les cheveux apparus, il se passe quelque chose d'étrange dans l'air m'environnant. Je sentis des picotement sur tout mon corps, pas douloureux mais très étrange. Je n'ai jamais ressenti une telle chose. Cela viendrait-il du fait que nous sommes en train d'utiliser nos sifflets magiques ? Je pense que c'est ça. Le temps doit-être dérangé. J'espère qu'il n'y aura pas de problème, et que ce n'est pas quelque chose de pire. Je me verrais mal avoir à gérer un autre problème.

L'humoran, Triman, Xël et un Esserothéens viennent de partir. De mon côté j'en expédie deux et Mathis en fait de même. Arthès est du voyage. Tant mieux, je ne voudrais pas qu'il lui arrive quelque chose, il a su prouver son utilité. Il reste encore beaucoup d'Esserothéens, et je ne pense pas pouvoir tous les sauver. Mais je vais faire de mon mieux, l'important est de garder espoir.
Alistair quant à lui, attendit avant de donner une destination à sa monture. Une femme s'approcha du cheval et attendit ses consignes. Je n'ai pas le temps de m'attarder sur ça, j'espère juste qu'il ne compte pas partir tout de suite. Xël a bien fait de partir, l'Humoran et Triman doivent être surveillés.

Les "yeux-bandés" ne bougent pas d'un poil. C'est tant mieux, même s'ils ne sont pas très forts physiquement. Au moins cela m'évite d'avoir à les gérer. Ils se contentent donc juste de nous regarder faire, et de jeter des regards au gros reptile qui se tient toujours derrière la porte. Il ne sait pas encore retourner mais cela ne tarderait pas. Une fois chose faite, il entrera sûrement dans le Temple et nous tueras tous. Ou pas. Je compte bien puiser dans mes dernières ressources pour lui concocter un sortilège, quitte à y passer avec le coup de fatigue..

Le jeune homme avec qui j'étais quelques instants plus tôt rappela un autre cheval. Il pressa les Esserothéens et annonça la destination. Toujours la même, Fan-Ming.
Il fit alors quelque chose dont je me souviendrai sûrement pendant longtemps, tant cela me fait peur. Il utilisa trois fois de suite son cadeau. Qu'allait-il se passer ? Pouvons-nous nous en servir comme cela ?
L'heure n'est pas aux questions, mais à l'action. Il m'annonce que lui et moi chevaucherons le quatrième cheval, le dernier.

J'acquiesce et le temps que les destriers apparaissent, je siffle une fois dans le mieux. Et je me prépare à annoncer la destination dès l'apparition du serviteur magique. Fan-Ming, pour changer.
Je ne sais pas si le compte est bon, après tout, je m'en fiche. Je ne compte pas risquer ma vie et celle d'autres personnes pour sauver deux ou trois Esserothéens de plus. C'est triste, mais mieux vaut en perdre quelques-uns que tous.

La monture ailée arriva presque instantanément après qu'Alistair ait soufflé dans le sifflet.
L'Ouessien avec qui il discutait monta sur un cheval semblable, apparemment invoqué par
l'humoran casqué, ce qui ne surprit qu'à moitié l'assassin. Avant qu'ils ne partent, cependant, il lui
adressa un léger signe, comme pour lui dire qu'il comprenait les circonstances et qu'ils remettraient
cela à plus tard.

Profitant donc de la cohue générale provoquée par l'arrivée du dragon, Alistair grimpa sur le cheval
ailé. Il devait aider un Esserothéen à s'enfuir s'il voulait bien se faire voir, mais il était bien content
d'avoir les négociations avec l'Ouessien comme excuse pour devoir partir en même temps. Sans être
peureux, un dragon n'était pas ce qui lui inspirait le plus confiance.

Et comme pour répondre à ses prières de vouloir s'en aller le plus rapidement possible, une
Esserothéenne s'avança vers lui, le regard implorant. Elle avait de longs cheveux noirs, et, pour
rendre le tout encore plus plaisant, elle était particulièrement agréable à regarder. Ses yeux
semblaient poser une question muette. Ou plutôt une requête.

( Avec un peu de chance et de diplomatie je vais peut être même pouvoir m'offrir
une pause très agréable, ) songea le voleur en retenant un rictus carnassier.

A la place, il afficha un sourire engageant et tendit une main à la jeune femme pour la faire grimper
devant lui, puis, talonnant sa monture, il ordonna au cheval de s'envoler.

« A Fan-Ming ! Le plus près possible de l'Ouessien et l'humoran qui viennent de
partir. »