La pièce ne portait aucun signe de passage récent. En fait, tout était extrêmement propre et bien rangé. Tout semblait tellement parfait...

(Mmmh ... Tout compte bien réfléchi, l'escalier n'est pas une bonne idée. S'il nous faut fuir, ce n'est pas le chemin le plus simple. En revanche, les portes, c'est facile à franchir, et au nombre de trois, cela nous permettra de changer de pièce rapidement.) pensa la mage de glace, Simaya sur ses talons.

Eva se retourna et murmura quelques mots à la femme. Il fallait rester discret, il ne fallait pas se faire prendre, sinon s'en était finis des Esserothéens, et d'Eva...

« Restez aux aguets. Soyez comme un goupil. Si l'on se fait repérer, foncez et ne faites pas de quartiers. Car eux n'auront aucune pitié. Nous allons ouvrir doucement une de ses portes. Je passerais devant, épée à la main, prête à frapper. »

Se tournant donc vers les portes, elle choisit celle qui se trouvait tout à gauche. Sabre au clair, de sa main gauche, elle ouvrit aussi doucement qu'elle put la porte. Elle ignorait totalement ce qu'elle trouverait de l'autre côté... Et elle s'en remettait uniquement à la chance.

Eva entra dans une pièce, tout aussi vide que l'endroit qu'elle venait de quitter... Elle n'avait pas vraiment réussi à rassurer Simaya, et voilà que toutes les précautions prises étaient inutiles. Le bâtiment semblait bel et bien désert, sans la moindre trace d'un récent passage. Rien du tout. Néanmoins, au centre de la pièce se trouvait un objet insolite. Décidément, les Ouessiens étaient vraiment bizarres. Une sorte de baignoire dans le sol, percé de petits trous.

Simaya brisa le silence, déclarant que les siens ne se trouvaient visiblement pas dans cette bâtisse. Elle demanda s'il ne fallait pas orienter les recherches ailleurs.

« Cet endroit est trop propre, comme si cette sorte de cuve avait aspiré toutes choses. Si j'avais un peu plus de temps j'étudierais plus attentivement cette étrange baignoire.

Les vôtres ne sont sûrement pas en train de mourir. Les Ouessiens ont clairement dit qu'ils serviraient de monnaie d'échange. À mon humble avis, Clirley Xissirant veut, en échange des vôtres qui sont apparemment liés à une étrange et importante prophétie, marchander la survie de son peuple. Oaxaca n'est pas du genre à épargner des êtres inutiles. Elle tisse ses plans comme une araignée tisserait sa toile. Dès que les Ouessiens lui auront rendu ce service, elle les supprimera avec autant d'efficacité qu'elle a attaqué Esseroth. Si nous recroisons le vieux barbu, avant de le tuer, il faudra essayer de le convaincre.

Visitons rapidement les deux pièces restantes, et après dépêchons-nous de sortir. Nous irons au Temple que Triman a mentionné à notre arrivée. Peut-être y trouverons-nous ce que nous cherchons. L'idéal serait d'attraper un "être à bandeau" et de lui tirer les vers du nez. » déclara Eva, s'arrêtant de temps en temps pour réfléchir.

La situation était critique. Une fois qu'elle aura trouva les Esserothéens, il faudra que Simaya copie le pouvoir de Fin', pour pouvoir tous les téléporter ailleurs. La survie de la femme était donc essentielle...

S'empressant de sortir de la salle contenant la cuve, Eva ouvrit la porte de la deuxième pièce. Il fallait faire vite, et elle n'aura sûrement pas le droit à l'erreur.

La mage de glace entra dans la seconde pièce. La porte n'était pas fermée à clé, mais renfermait une quantité d'objets. C'était une sorte d'atelier. Eva put observer un nombre incalculable de rouages, vis, ensemble d'engrenage complexe et tous les outils qui vont avec. Il y avait ici, de quoi assembler bien des choses.
Pourtant à première vue les Ouessiens n'utilisaient aucun système mécanique. Cela était étrange. La seule chose qu'Eva avait vue, et qui touchait sûrement ce domaine, était l'étrange bras de l'Ouessien qui l'avait interrogé peu de temps après son arrivée. Afedafax. Elle se trouvait sûrement à l'endroit où les Ouessiens développer ces étranges articulations.

« Mmh, en effet... C'est fort probable qu'ils interrogent les vôtres pour avoir des informations. Ils ont tout intérêt à avoir de quoi marchander avec Oaxaca. Elle est à prendre avec des pincettes...

Les seuls lieux où les gens se réunissent sont les lieux qui concernent la religion. Peut-être trouverons-nous nos réponses au Temple... Malheureusement c'est notre seule piste, le bâtiment dans lequel nous nous trouvons étant vide.

Allons-y. »

Sur ces mots, Eva sortie sans bruit de l'édifice. Une fois sur la place, s'il elle ne croise personne, elle ira directement au Temple en prenant bien garde de ne pas faire de bruit.

Eva, toujours suivie par Simaya, arriva bien vite devant l'imposant bâtiment qu'était le Temple de la Cité. D'une architecture complexe, il imposait le respect et le silence.

Une voix féminine brisa le calme des lieux en apostrophant les deux femmes et en leurs ordonnant de ne pas entrer dans le bâtiment.
Sortant de sa cachette, un petit coin d'ombre non loin du duo, Glanaë fit son apparation. Eva ne la connaissait pas du tout, mais il lui semblait l'avoir vu à Esseroth. Elle faisait partis des rescapés du siège de la ville.

Ne laissant pas le temps à Eva de répondre, elle expliqua que tout les Esserothéens et tout les Ouessiens se trouvaient là. Ils étaient, d'après elle, hypnotisés par une étrange entité. La femme au étrange cheveux déclara qu'ils appellent ce temple, le Temple de l'Unique.
Keya et Fin' étaient eux aussi en transe. Il n'y avait que Glanaë qui y avait résisté.

Simaya résuma la situation. Le plus dur resté à venir.
La nouvelle venue, ouvrant de grand yeux, regarda Eva. Elle ne savait visiblement pas quoi faire.

« Bien. Je crois que nous sommes face à une divinité. Vous en avez déjà entendu parler ? » demanda la mage de glace en marquant une petite pause et en reprenant, regardant cette fois-ci Glanaë : « Quant à vous quels sont vos pouvoirs ? C'est peut-être un oubli mais je n'ai pas le souvenir d'avoir fais votre connaissance. »

La femme aux yeux vairons répondit à Eva après une courte réflexion de quelques secondes. La chose qui se trouvait dans le temple était l'avatar du dieu d'Aliaénon. Le Sans-Visage, l'Unique. Les Ouessiens étaient des fanatiques envers cette divinité. Lui manquer de respect devait être puni de mort.
D'après la femme, toutes les personnes se trouvant dans le bâtiment étaient en transe, attirées par l'Etre.

Fronçant les sourcils, Simaya ne répondit rien, laissant à Glanaë le temps de dire ce qu'elle avait à dire. Cette dernière répondit à la question d'Eva concernant ses pouvoirs.
Elle pouvait créer des illusions. Un pouvoir utile, mais pas vraiment offensif... Eva aurait bien eu besoin d'un lanceur d'éclair, ou d'un pyromancien, si la cité prenait les armes contre eux.

Mais l'heure n'était pas à la réflexion. Il fallait agir, et vite.

« Simaya. Vous pouvez copier ou amplifier les pouvoirs. Nous allons entrer dans le Temple. Et voir ce que veut cet Etre. Si cela tourne mal, copiez la magie de Fin', créez un portail. Il faudra ensuite pousser les Esserothéens si nous n'arrivons pas à les faire sortir de leur transe.

Glanaë, préparez-vous à combattre. Il y a de forte chance que cette divinité ne soit pas vraiment amicale. Ou du moins qu'elle s'oppose à notre volonté d'en finir avec Oaxaca. » déclara Eva, une boule au ventre. Elle avait peur. Peur de l'Etre qu'elle trouverait dans le bâtiment.

Il lui fallait quelque chose pour la rassurer. Ainsi, dans un murmure à peine audible, elle invoqua un nom.

« Dame de Glace, Souveraine du Nord, Divine Beauté, aidez-nous si vous le pouvez. Aidez-moi à accomplir votre volonté. » pria-t-elle en fermant les yeux.

En transe, elle accumula sa main qui tenait son sabre. Il lui fallait de la puissance, si elle voulait s'en sortir. Elle allait sûrement devoir se battre.
La froideur de ses fluides se répandit lentement dans tout son bras. Partant de sa poitrine, au plus profond de son être, pour se répartir dans tout le sabre qu'on lui avait donné à Fan-Ming.
Elle espérait ainsi accroître son tranchant, ou lui donner un quelconque pouvoir qui l'aiderait par la suite.

Peut-être que cela ne marchera pas, peut-être que si. Dans tous les cas, juste après, Eva pénétrera dans l'édifice.

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Tentative d'utilisation de la Capacité de Combat d'Enchanteur :

Lame élémentaire : Capacité d'insuffler de la puissance magique dans une arme. Force de l'arme +75%. Cet enchantement demande un tour complet de concentration, mais dure pour l'entièreté du combat. Pour que ça marche, il faut avoir un minimum de 1PM d'un élément au choix. La capacité ne consomme pas de PM par ailleurs.

La magie d'Eva opéra. Son sabre qui, jusque là, n'avait rien de spécial, se recouvra d'une glace pure et tranchante. Une glace formée par les fluides magiques de la jeune mage. Elle tenait donc maintenant une arme majestueuse, digne des plus grands guerriers. La taille de sa llame se trouva considérablement augmentée.

C'est donc avec un léger sourire, réconfortée par la puissance de sa magie, qu'Eva écouta Glanaë. Cette dernière déclara que l'Etre n'avait rien d'inamical, au contraire.

Mais Eva avait déjà son avis sur la question. Il devait tolérer, à l'image des Ouessiens, les actes d'Oaxaca, tant qu'Elle leur laisser quelque chose en échange.

Le temple était empreint d'une certaine forme de magie. La pierre dorée, dont il était principalement constitué, semblait émettre une douce et apaisante lumière. Deux rangées de fines colonnes en marbre étaient alignées. Des petits bassins contenant sûrement de l'eau étaient creusés entre chaque colonne, à intervalles réguliers.

Tous les Esserothéens et Ouessiens se trouvaient là. Ils flottaient tous à quelques centimètres du sol de marbre. Ils semblaient tous dans une sorte de transe.

Au fond de l'immense salle du bâtiment, un socle cubique d'à peu près deux mètres de côté était positionné là. L'Etre se trouvait là, flottant à quelques centimètres du socle.
Haut de près de deux mètres de haut, il dépassait largement Eva. Il était habillé d'une étrange robe bleue et mauve, s'accordant bien avec l'étrange paire d'ailes qui dépassait de son dos. Sa tête n'était que lumière. Il était impossible de discerner un visage, ou même une bouche ou un regard. Il était tout, et rien. Figé dans une immobilité parfaite, il ressemblait à une statue très réaliste.

Toute la foule, qui dégageait une lumière dorée, semblait reliée par des traits lumineux à la divinité.

Une seule personne n'était pas endormie ou en transe. Elle s'avança vers les trois femmes qui venaient de pénétrer dans le temple. Elle devait être jolie, sans son étrange masque. Des cheveux roux, coupés court, encadraient son fin visage. Elle était entièrement vêtue d'une armure aux fins traits d'or ouvragés.

Arrivant près de Simaya, Glanaë et Eva, elle s'arrêta à quelques mètres d'elles.
Leurs souhaitant la bienvenue, elle leur demanda de s'agenouiller et de s'unir à la prière. Elle s'inclina ensuite légèrement et poliment. Les deux femmes qui accompagnaient Eva s'échangèrent un regard chargé d'incompréhension.

De son côté, la mage ressentait un bien-être intense. L'Etre lui disait quelque chose.

(Mais ... Mais c'est Lui qui m'a fourni le sifflet d'argent ! Mais cela veut dire qu'Il est, d'une certaine façon, avec nous !)

Prenant la parole, elle brisa le silence qui s'éternisait après l'intervention de la rousse masquée :

« L'Unique nous tolère. Il m'est moi-même apparu. Laissez repartir les Esserothéens. Oaxaca est notre ennemie à tous. Et je ne tolérerais pas que l'on se mette en travers de ma route. Laissez ce peuple, mais ne laissez pas la Déesse vous corrompre et vous asservir. Vous pensez garder votre liberté en choisissant de lui livrer ces rescapés ? Vous pensez qu'elle vous garderas en vie une fois ce monde noircie et asservie ? Vous vous trompez. »

Le temple de Nagorin, je le reconnais bien qu'il fasse nuit. Le temps a encore fait un bond, comme à Fan-ming. J'ignore si les jours s'écoulent plus vite ou si c'est lié à la magie qu'on utilise mais j'imagine que le découvrir n'est pas le plus urgent.

Un fin rai de lumière s'écoule de la porte entrouverte du temple, ne voyant personne à l'extérieur, je décide d'y entrer. Je pousse doucement la porte d'une main et pénètre dans le temple.

D'un air ahuri, me grattant l'arrière du crâne d'une main, l'autre toujours enfouie dans ma poche. Je cligne des yeux deux, trois fois avant de vraiment réaliser ce qu'il se passe.

Je passe sur l'architecture qui était vraiment incroyable et qui m'a coupé le souffle avant de voir Eva, armée d'un sabre majestueux qui me fait siffler d'admiration, attirant peut être l'attention. Pourquoi était-elle armée d'ailleurs ?

Dans la salle se tenait les Esserothiens et les Ouessiens, réunis dans une sorte de transe, lévitant au-dessus du sol, reliés par des filaments de lumières. Au fond de la salle sur un autel se tenait un être qui me rappelle celui qui m'est apparu dans le bordel. Peut-être un cousin.

Avec Eva se trouve Sim', la mage qui m'a permis de m'échapper de la cour à Esseroth et une Ouessienne rousse très mignonne vêtu d'une armure dorée.

Toujours au pas de la porte, je demande d'une voix basse mais suffisamment forte pour me faire entendre par Eva

" Pst ! Qu'est-ce que tu fous avec ce sabre ? Tu veux une crucifixion sur la place publique ?"

La prêtresse rousse pencha la tête sur le côté, perplexe, et répondit à la mage de glace d'une voix un peu désengagée. Elle affirma qu'il n'y avait qu'un dieu, celui présent en ce temple. D'après elle, Il protégera les Esserothéens de toute profanatrice, Eva ou Oaxaca. Elle rappela au passage la supériorité de son peuple, sûre d'elle.

Inclinant la tête, elle s'écarta de quelques pas, comme pour laisser le trio poursuivre sa route. La mage aux cheveux fuchsias qui accompagnait Eva déclara d'une voix tremblante de peur qu'elles ne devaient pas avancer car Il les prendrait alors sous son emprise.

Mais Eva n'en avait pas finis avec l'insupportable rousse.

« Non, il n'y a pas qu'un dieu. Peut-être pour vous, mais c'est loin d'être l'avis de tout le monde. Il les protégera ? Il aurait pu protéger leur cité aussi ? C'est ça ? Vous me traitez de profanatrice ? Oaxaca n'est pas ma déesse, non. Je n'ai rien contre les Ouessiens ou même contre Nagorin.
En revanche, sachez que ma lame, celle-là même que je tiens dans ma main, cette lame pure et étincelante, cette glace, et bien c'est celle-là même qui vengera les vies de ceux tombés face à la Reine Sombre et ceux qui ont pactisé avec Elle.
Et c'est exactement ce que vous avez osé faire. Pactiser. Marchander. »

Elle laissa quelques secondes de battement, comme pour laisser le temps à son interlocutrice de digérer ses paroles.

Xël choisit ce moment-là pour intervenir. Il était entré dans la grande bâtisse sans se faire remarquer, sans un bruit. À voix basse, surpris de voir Eva armée, il lui demanda pourquoi elle tenait ce sabre. Elle devait en effet passer pour une sacrée folle, ainsi équipée dans un temple qui baignait le bien-être et le calme. Néanmoins sa remarque souleva un point important, en plus du fait qu'il soit ici, à ce moment. Il ignorait tout du plan du dirigeant des Ouessiens, et de la Prophétie.

Eva se retourna donc, ses longs cheveux bruns balayant l'air. Elle afficha un air surpris et s'approcha rapidement du mage de vent. Une fois près de lui, elle parla à voix basse, ne se leurrant pas sur le fait que la prêtresse ne l'entendait pas. Elle avait sûrement des sens propres à sa race supérieure.

« Il faut bien avoir une arme, en cas de besoin. Ce n'est pas avec des grognements que l'on fait fuir l'ennemi, ou en l’occurrence, qu'on se fait respecter.

J'ai rencontré leur dirigeant, Clirley Xissirant. Il m'a fourni beaucoup d'informations, à ses dépens. Il a révélé la Prophétie à Oaxaca. La voici, du moins ce dont je me rappelle : « À l’heure où l’heure où le Sans-Magie sera plus puissant que tous, à l’heure où l’ombre ploiera sous le nombre, à l’heure où les peuples se seront perdus, la mort déferlera sur le monde. Une mort impitoyable, sanglante, une mort qui ravagera les landes du Sud au Nord. Une poignée de Mages Libres sauront défier l’ombre, à l’aide d’Etrangers. L’astuce les mènera à la victoire sur la Mort, mais ils n’auront pas le droit à l’erreur… »

En d'autres termes, nous venons de lui livrer les "Mages Libres". J'ai voulu le neutraliser mais ils nous ont emprisonné, Simaya et moi. Nous nous sommes évadés puis nous somme venues directement ici.
Il faut se tirer, et vite. Et toi ? Où étais-tu passé ? Depuis tout ce temps ? »


Une fois qu'elle eut dit ce qu'elle avait à dire, l'enchanteresse écouta attentivement la réponse de Xël, mais n'en lâcha pas pour autant son majestueux sabre.