Je pris conscience lorsque mon hôte se mit à parler du renforcement des garnisons d'Oaxaca que Yuimen même était occupé par elle. La situation ressemblait fortement à celle que nous avions connu au départ, les frontières semblaient stagner malgré les heurts meurtriers colportés par les ménestrels et autres itinérants. Lors de ma première mission pour la milice Kendrane, l'affaire que j'avais en charge était également reliée à cette dernière. Mon royaume n'existait plus, mais je pris conscience que c'était ici que je devais agir dorénavant.
En réfléchissant au problème que j'avais posé, je ne vis aucune solution efficace. Sa proposition de voyager de nuit était un détournement fiable, mais elle ralentirait considérablement notre progression. Et l'envie, l'appel vers le Nord me rongeait intérieurement.
« Nous perdrions beaucoup de temps à voyager uniquement de nuit. Mais maintenant que nous avons ces colliers, je suis partagé entre essayer sa puissance et rester discret... »
Les portes de la ville se dressaient devant nous, je ne pensais pas repartir aussi vite de cet endroit. J'aurai voulu me reposer dans une taverne, au moins une nuit, et réfléchir plus profondément à ces colliers. J'avais agi de manière inconsciente, emporté par une rage démente, et accepté cette chose sans me poser d'autres interrogations. Je touchais l'objet du bout des doigts, ce dernier était lié à ma chaire et nul doute que l'enlever ne produirait qu'une douloureuse contre-partie.
( A présent les choses sont faites. Je n'arrive pas à voir ce qu'il se trame.. Ni qui les a conçus et dans quel but. Ce que je peux dire, c'est qu'il agit sur vous et vous force à obéir. Il faudra être prudent sur le trajet et surtout à Darhàm car la ville est occupée. ) ( Nous trouverons des réponses lorsque nous serrons sur cette île. De toute façon, il n'y a plus le choix à présent.)
Les majestueuses cimes de Mertar se dressaient devant nous, sous un ciel grisâtre annonçant la fin de l'été et l'arrivée de la saison des pluies. La vallée encaissée dans laquelle nous nous trouvions débordait de vie par les activités marchandes, formant de longs convois dans plusieurs directions. Les échanges commerciaux comptaient principalement des minerais, comme le fer ou le bronze, mais également de la vente d'équipements en mithril, de la bière, de la nourriture. En cette période, les nains constituaient leurs réserves pour l'hiver pour nourrir leur peuple lors de leur autarcie des neiges, mais également d'arc et de flèches pour continuer à défendre leurs frontières.
Nous avions pris la route du Nord, la moins engorgée de toutes, où nous dépassions quelques chariots contenant des armes et des vivres destinés aux garnisons des frontières. Lancé au triple galot, l'étalon déployait son impressionnante puissance sur l'axe principale des montagnes. Au bout de quelques heures, Dirtz décida de changer d'itinéraire et d'emprunter un chemin plus escarpé devant nous permettre d'être plus discret. Mais nous perdions beaucoup de temps à franchir les obstacles de roches et à maintenir le cheval piétinant à certains endroits. Plusieurs fois, je faillis tomber à la renverse lorsque le Hongre glissa lors des passages les plus abrupts.
Les paysages montagneux défilaient devant nous, tous aussi somptueux les uns que les autres. Nous vîmes seulement quelques marmottes la tête dressées au dessus des rocs pour nous observer et disparaître rapidement, lors des hennissements de notre monture. A d'autres endroits, nous observions des chamois s'enfuyant entre les rochers escarpés d'une prodigieuse agilité. Puis le soleil se couchait lentement derrière les pics en dent de scie, obscurcissant notre route et la rendant encore plus dangereuse.
« Nous devrions nous arrêter pour le moment ou continuer à pied. Je crains que dans cette obscurité vous ne puissiez nous conduire sans danger sur ce chemin escarpé. Nous aurions peut être dû continuer jusqu'à un poste frontière et prendre des renseignements sur les activités de l'ennemi. Diable ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ! »
_________________
Artiel Til'ursöe - Rôdeur d'un autre monde
Aurore éblouissante, Beauté réconfortante.
|