Noire est la tour de Qastreziam, la mangeuse de souvenirs. Elle se dresse haute, jusqu'au-delà de l'eau. Le sol autour d'elle est de cailloux, de roches et de poissons colorés, renforçant encore l'aspect sombre de la tour.

Cette tour est particulière, elle ne s'ouvre qu'en touchant des cristaux de couleurs, bleus ou rouges et, à l'intérieur, c'est tout pareil;

(HRP : si votre personnage entre en ces lieux, sachez qu'un cristal bleu supprimera de son esprit un souvenir bon, qu'un cristal rouge supprimera un souvenir mauvais. Certains sont restés piégés en ces lieux pour avoir perdu leur nom, le souvenir de leurs parents, ou plus simplement le souvenir d'avoir vécu ailleurs...)



Légende :
en blanc les murs, l'annexe rectangulaire à gauche, la tour à droite;
la croix jaune ce sont les loutres géantes;
en noir la grille d'enceinte (elle fait le tour complet, la seule porte, est celle près des loutres)

Vous passez la haute grille de métal noir par une porte ouverte, ce n'est pas encore maintenant que votre mémoire sera mis à mal et foulez l'eau au-dessus d'un sol d'un gris noir.

Devant vous se dresse l'annexe de la tour noire, à ras de sol et à sa gauche, la dite-tour, droite -ou peu s'en faut-. Aucune porte, ni cristaux brillant n'est visible de là où vous êtes.

Sidë et moi avançons vers le ténébreux et impressionnant édifice sans la moindre hésitation. Notre objectif se trouve à l’intérieur de ces sombres murs, et nous devons y accéder sans hésitation, sans crainte. La peur ne ferait que nous retarder, nous perdre dans les néants de nos souvenirs perdus. C’est en allant de l’avant que nous vaincrons cette tour funeste, non en hésitant. Rapidement, nous pénétrons dans l’enceinte d’une sombre grille, via une entrée ouverte.

Nous sommes désormais au pied de l’imposant bâtiment, sans la moindre idée de comment y entrer : nulle porte ni passage, nul cristal non plus, qu’il soit bleu ou rouge. Perplexe, je me tourne vers Sidë.

« Fais le tour de cette annexe pour voir s’il n’y a pas une entrée dissimulée, moi je vais prendre un peu de hauteur… »

Sans un mot, elle consent à obéir à mon conseil, et s’en va quérir une porte, cachée ou non, autour de l’annexe. De mon côté, je donne une impulsion des talons pour m’envoler dans les eaux stagnant au dessus de moi, et en quelques mouvements de brasse, je prends un peu de hauteur, l’élevant le long de la tour du Qastreziam. Dans mon ascension, j’essaie de repérer tout passage qui saurait nous voir entrer, porte ou fenêtre à briser, accordant toute mon attention aussi au moindre reflet rouge ou bleu…

Très vite Sidë te rejoint pour te prévenir qu'elle a trouvé derrière l'annexe un cristal rouge avec une vieille, mais solide, porte. Pour ta part, il ne t'a pas fallu longtemps pour trouver une grande porte, à double battant, aussi solide que le roc sur lequel est posé la tour, orné en son plein centre d'un cristal bleu...

Tu peux aussi voir que la tour est fait d'une pièce, dans un roc noir, où nul fenêtre ne perce.

Assez rapidement, Sidë revient vers moi avec des nouvelles mitigées. D’un côté, elle a trouvé une porte qui nous permettra d’accéder à l’intérieur du bâtiment, mais d’un autre, cette porte est gardée par un cristal rouge. Ce qui signifie que cette entrée est gardée par un glyphe dévoreur de souvenirs négatifs. Ceux dont on tire l’expérience d’une vie. Refusant dans un premier temps de me soumettre à la facilité, je poursuis me recherches d’une porte ailleurs sur cette citadelle sombre. Déjà, je ne peux que constater une chose : elle ne comporte aucune fenêtre, ou aucune ouverture digne de ce nom.

Ainsi, petit à petit, j’abandonne tout espoir de rentrer dans cette tour maudite par des moyens détournés. Poursuivant néanmoins mon exploration du contour de la bâtisse, je tombe finalement sur une grande porte à double battant, visiblement faite pour résister aux chocs les plus rudes. L’entrée principale, vraisemblablement… Certainement celle aussi qui est la mieux gardée. Découragé, je me tourne vers l’elfe bleue.

« Entrons par l’annexe. »

Nageant vers la porte munie d’un cristal rouge, j’essaie de me préparer à trouver un souvenir négatif à effacer.

Le premier qui me vient est la mort de mon mentor, dans la forêt de Tulorim, mais je le chasse vite de mon esprit. Ce souvenir est formateur de tout ce que je suis devenu aujourd’hui, et je ne peux me convaincre de le perdre. Arrivé devant l’annexe, je n’ai toujours aucune idée de quoi penser. Néanmoins, je prends la parole.

« Je vais… ouvrir. »

Avec une grimace, je m’apporche du cristal. C’est alors que Lysis concentre mes pensées sur un événement particulier, sur Verloa. La mort du grand barbare kendran, Andelys, enseveli dans les sables-mouvants pour me sauver la vie. Je me suis par la suite rattrapé en marchandant avec Phaïtos, aux Enfers, ce souvenir n’est donc plus vraiment nécessaire, puisque le barbare est vivant. Autant le garder en vie dans mon esprit, et effacer sa triste et pénible mort. Ainsi, lorsque mes doigts se posent sur le cristal rouge de l’annexe, mes pensées sont dirigées entièrement vers cet événement.

Ainsi la mort d'Andélys, le barbare, disparaît de ta mémoire dans un lumière rouge qui vient entourer la porte. Sans un grincement, la porte disparaît dans le sol, vous laissant l'accès à une grande salle. Elle fait 40 à 50 mètres de long sur une quinzaine de large. Elle est éclairée par des cristaux de toutes les couleurs -sauf des bleus et des rouges- tels que ceux que vous avez rencontré dans la vieille tombe. Mais ici, nul changement, nul combinaison ne semblent être nécessaire car deux portes sont présentes, sans trace de bleu ou de rouge à l'horizon. Elle sont toutes les deux orientés vers le sud (sur le mur en face de vous donc), la première est directement en face, la second est à l'autre bout de la salle, à l'Ouest.

La porte s’ouvre, ou plutôt disparait complètement dans le sol, alors que ma main quitte le cristal rouge n’ayant arraché un souvenir pénible. Évidemment, comme il m’a arraché, je ne parviens plus à remettre la main dessus, mais bon, qu’à cela ne tienne : la voie est désormais accessible.

Et c’est une grande pièce qui s’offre à notre regard, bien plus longue que large. Des cristaux scintillants éclairent la salle de mille couleurs, et je note l’absence totale des deux couleurs annonciatrices de perte mnésique.

Deux portes uniquement dans la pièce, qui nous font face. L’une directement face à l’entrée, et l’autre à l’extrémité Ouest de la pièce, mais également orientée vers le Sud. Ce bâtiment n’a certainement pas été bâti pour faciliter l’accès à d’éventuels visiteurs, et donc je décide d’emprunter le chemin le moins évident. Je marche dans la salle vers le sud jusqu’à me retrouver devant la seconde porte, que j’ouvre à la volée, espérant ne rien trouver de trop déprimant derrière…

Tu entres dans une pièce qui s'étend en longueur devant toi. Elle fait environ la moitié de taille de l'autre (soit 20 à 25 mètres) sur une dizaine de large.

Au fond, tu peux voir un couloir qui en débouche et part vers l'Est (et donc vers votre gauche).

Mais la chose la plus surprenante, c'est que, bien que la porte soit ouverte et que la salle où vous vous trouvez encore soit remplie de l'eau de l'extérieur, la salle devant vous est sèche, ou du moins vide. Seul un brouillard épais couvre le sol, sur toute la salle. Il est tellement épais que vous ne voyez pas le sol en réalité, vous voyez juste un nuage blanc...

La pièce choisie s’étend devant moi après que j’en ai ouvert la porte sans la moindre difficulté. Elle est imposante, une fois de plus, mais nettement moins grande que la précédente. Prudent, j’analyse le moindre détail qui pourrait m’être utile avant de pénétrer plus avant. Entre des murs ennemis, chausse-trappes, pièges vicieux et autres surprises indésirées sont monnaie courante, et je refuse de me laisser avoir trop facilement en tombant bêtement dans un piège préparé à l’avance, par manque d’attention et de prudence.

Ainsi, je remarque en premier lieu la brume surprenante qui couvre le sol, et qui atteste de l’air respirable au sein de la nouvelle salle, alors que la précédente était gorgée d’eau du sol au plafond. Un endroit sec, sur Gramenou, n’est peut-être pas une bonne nouvelle en soi… Je fronce les sourcils, méfiant quant à cet effet peu naturel. L’eau, en effet, ne s’écoule pas du tout d’une pièce à l’autre. Une puissante magie est à l’œuvre ici, et je ne m’y connais que trop peu dans les arts arcaniques.

Suspicieux, je dégaine la lame noire du gardien de ce monde, et je décide de tâtonner le sol avec, afin de percevoir clairement s’il y a bien un sol là où je compte marcher. Sait-on jamais que cette pièce soit un vide menant droit aux oubliettes… Oubliettes qui porteraient un nom paradoxal, dans cette tour de mise à mal mnésique. Prudent, marchant pas à pas en suivant les indications de ma lame, je décide de me diriger vers ce couloir tournant vers l’Est, au bout de la salle.

Ta lame émet un crissement, typique du métal griffant de la pierre. Il y a donc bien un sol à l'entrée la salle.

Mais une autre chose attire ton attention c'est que l'expression "un brouillard à couper au couteau" semble prendre tout son sens dans ce lieu. Car ta lame laisse une marque nette dans la brume, comme si celle-ci était plus proche de la mousse aux oeufs que du brouillard finalement.

Sidë quant à elle se rend compte que le bruit de ta lame sur le sol n'a produit aucun écho...

La pièce est pourvue d’un sol. Je soupire d’aise, cette tour n’étant pas aussi cauchemardesque que je ne l’ai imaginé avant mon entrée. Mais je reste néanmoins prudent, et non hâtif. Je ne sais que trop bien que la précipitation est une erreur aisément commise. Qui va doucement va sûrement. Et en même temps, le temps presse, et je n’ose imaginer ce qui se passerait si les sbires d’Oaxaca la Noire, mieux armés et plus nombreux, parvenaient avant nous deux au sommet de cette tour, par des moyens détournés et sournois, voire destructeurs…

Mais alors que je m’apprête à avancer, Sidë m’attrape le bras.

« Attends, ce n’est pas normal… Il n’y a pas eu d’écho, comme si… comme si la salle était vide de tout air. »

Je hausse un sourcil, perplexe. Un vide total, dans cette pièce ? Nous sommes pourvus de respirateurs sous-marins, mais ceux-ci fonctionnent-ils au sein d’un vide total, hors de l’eau ? Je baisse alors les yeux vers le sol, là où l’instant d’avant, je faisais glisser mon arme. Et c’est la stupéfaction, une fois de plus, qui s’empara de moi : ma lame avait laissé dans la brume une trace nette et droite, comme si ce brouillard était plus solide qu’il ne paraissait.

Ça sentait le piège à dix lieues. Et pourtant, nous n’avions pas le choix, il fallait passer par là. Une intuition qui me titillait. On ne protège pas si bien un passage inutile. Ce piège, nous allions devoir le surmonter, quoi qu’il advienne. Dans mon esprit, je souffle des pensées à ma faera étrangement silencieuse depuis mon entrée ici…

(Si ça te dit de m’aider, n’hésite pas surtout… Genre me dire ce qui se cache dans ce couloir, là-bas ?)

Prudent, mais décidé, j’avançai dans la brume solide, arme en avant, raclant le sol, et écartant au maximum cette mousse dérangeante…

Ecarter la brume n'est pas chose si aisée qu'il paraît. Elle paraît en effet plus vivante que prévue, repoussant doucement ton arme quand celle-ci cherche faire apparaître le sol. A l'inverse, elle semble vouloir devenir plus solide sous le pied que tu viens de poser. A tel point que ce n'est plus de la mousse, mais une sensation extrêmement proche d'un matelas, faisant la taille de ton pied, à deux ou trois centimètres près qui débordent de tous les cotés.

Lysis quant à elle après une brève exploration t'apprends que le couloir est assez long et lui aussi couvert de cette mousse étrange. Et que, ce qui n'est pas pour te rassurer, le sol de la pièce s'arrête à peu près deux mètres devant toi, hors de la portée de ta lame.

La brume semble encore plus solide qu’une simple mousseline légère. À mesure que je creuse mon sillon dedans, afin de ne pas m’en mettre partout, elle parait se solidifier davantage. Elle a même l’air mue d’une volonté propre, puisqu’elle repousse gentiment mon épée alors que celle-ci balaye le sol en vue de me le faire apparaître. Je ne sais si elle est réellement belliqueuse à mon égard. Sa réaction face à mon arme est douce, et elle se fait moelleuse sous mes pas, comme si elle m’assurait un sol confortable pour la marche. Peu praticable, et assez moyennement stable, mais en rien désagréable. Je n’en tombe néanmoins pas dans une confiance absolue. Je me dois de rester méfiant, dans cette tour effrayant tout un peuple. Et ma méfiance est confirmée par Lysis, qui après avoir fait un petit tour d’horizon sous sa forme féérique, vient à nouveau se loger dans la pierre cristalline de mon diadème immaculé.

(Stop ! Il n’y a plus de sol à peine deux mètres devant toi.)

(Cette mousse soutient mes pas. Je dos essayer… Qu’en est-il du couloir ?)

(Aussi recouvert de cette mousse. Je ne ferais pas si facilement confiance en cette matière…)

(Je ne lui fais pas confiance, j’affirme mon choix d’avancer. Je ne vais pas m’y jeter les yeux fermés…)

Ainsi, respectant ma périlleuse décision, j’avance pas à pas vers le vide qui m’est caché par la mousse. Mon arme à la main ne frotte même plus le sol. Par contre, je tâte du pied avec précaution chaque endroit où je pose celui-ci, n’avançant que si la prise est stable sous moi. Je me prépare mentalement à bondir en arrière au moindre mouvement suspect sous moi…

A mesure que tu avances doucement, pas à pas, la mousse forme sous tes pieds une structure certes peu stable, mais solide te permettant d'avancer lentement certes, mais d'avancer. En effet, à chaque pas, la structure semblent devenir plus opaques juste sous ton pied, prenant un peu de textures aux abords directes qui, par moment, laisse apparaître par jeu de transparence du noir, celui de l'absence de sol sous tes pas.

Un peu nerveux, mais décidé, je continue d’avancer. La brume mousseuse s’agglutine docilement sous mes pas prudents, prenant de sa substance dans la mousse alentour, et dévoilant à mes yeux le vide obscur au dessus duquel je marche comme un funambule. Je ne peux m’empêcher de déglutir bruyamment, pris d’un peu de vertige. Qui ne le serait pas, à cette hauteur, et sans filet ! Je reste prudent, malgré tout, et continue d’avancer, ne restant pas trop longtemps non plus au même endroit, de peur que la mousse ne redevienne fluide.

Derrière moi, j’entends Sidë hésiter à grimper sur la brume.

« Cromax… Doit-on vraiment passer par là ? »

« Suis-moi, tant qu’il ne m’arrive rien, tu es en sûreté… »

Je dis ça pour la rassurer. Je n’en sais rien, si mes paroles sont fondées… à vrai dire, je ne sais rien sur cette salle. Rien du tout… Et je continue à avancer vers le couloir, espérant l’atteindre sans anicroche.