Alors que je discutais avec le Shaakt de leurs aventures - dans lesquelles il me raconte beaucoup de banalités, car, je le vois qu'il est gêné par ma présence - Seyra vient me voir dépitée :
"Papa, elle est bizarre Keynth’, elle dit qu’on ne se connaît plus…
"Comment ça ?"
Kraemer, bien content de changer de discussion lance :
"Elle n’est pas méchante, mais elle dit beaucoup de bizarreries. Elle me fait aussi beaucoup rire parfois ! Apparemment, là, ça n’était pas drôle, mais ne t’en fait pas, dans quelques minutes, elle aura oublié… "
"Mouais... C'est étrange, quelques chose cloche, j'ai été méchante avec elle ? Quelque chose la dérange ? Fuxi aides moi à comprendre"
Le Shaakt semble tiquer à l'annonce de Fuxi, mais répond :
"Je vais vite voir ce qu’il lui prend ! Vous devriez aller vous coucher à présent…votre sommeil sera bien mérité !"
"Ils sont bizarres tous les deux..."
"Ce n'est qu'un Shaakt et une drôle de petite fille... Finalement nous sommes tous bizarres les uns des autres, ce n’est pas pour autant qu'on doit avoir peur des autres. Fuxi a-t-elle une réponse à ta question ?"
"Oui... Il me dit qu'elle est une aniathy, et que de ce fait elle n'est pas biologique... c'est quoi biologique ?"
"Euh..."
(Biologique : qui est relatif à la vie, ainsi donc Fuxi veut dire qu'une Aniathy n'est pas constitué de votre corps classique, mais issue de vie magique... Ce qui ne veut pas dire qu'elle ne vit pas, c'est autrement, comme nous les faeras sommes différentes de votre vie. Mais cela veut dire aussi que son corps ne grandi pas, d'où son malaise car jamais elle ne sera grande, elle aura toujours son corps de petite fille tant que la vie magique l'anime... Les aniathys sont les êtres les plus étranges de ce monde... Enfin exceptés les faeras bien sûr.)
(Ah euh d'accord, je comprends...)
"Aakia me dit que son corps n'est pas vivant... Même si elle est vivante elle par magie, c'est une aniathy... Donc elle doit être jalouse de toi qui a grandi tout le temps, il faut lui pardonner, ça doit être terrible de ne jamais pouvoir grandir..."
"Oh je comprends... La pauvre..."
"Aller je pense qu'on en a assez fait, dormons un peu..."
La petite se couche à même le sol, pas loin du feu, au milieu des gens rassemblés là en attendant le jour. Avant même que je puisse m'assoir, un homme vient me demander de l'aider à retrouver les chevaux dispersés aux alentours.
Je vais l'aider, Haured nous rejoins et nous aide pas mal à attraper les chevaux, certains parfois récalcitrant, finalement après une bonne heure de travail nous sommes exténués, mais nous avons pu recueillir tous les chevaux manquant et les ramener au camp. La difficulté de les trouver dans la pénombre est grande, mais au moins ils n'ont pas pu aller bien loin, et ils sont presque tous assoupis. Leurs propriétaires sont ravis une fois de plus et louent notre dévouement. Je vais alors me coucher, après une si longue journée. Je vois notre Torkin dans sa charrette entrain de dormir bruyamment, la respiration fortement ponctuées de ronflements peu gracieux. Je me couche aux côtés de Seyra qui dort profondément, je m'en veux alors de ne pas pouvoir lui donner la tranquillité et le confort qu'elle mérite. Je m'endors telle une masse.
Si le terme voler pour moi avait un sens, il n'est pas celui que je ressens. Je suis diffusé dans l'air, dans l'eau, dans la terre. Je suis tout cela et rien à la fois. Mon corps est en bas, au côté d'une pure lumière, à l'aura si grande qu'elle recouvre le camp de sa bienfaisance. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, mais la sensation est vraiment très intense, chaude, enveloppante, rassurante... Ça y est ? Je meurs ? Pourquoi ? Quel rêve étrange. Je pars brusquement vers le haut traversant les nuages, découvrant une immense boule d'un noir d'encre, puis je décris une courbe autour de la boule, la découvrant sous la lumière d'une intense boule de feu. La boule que je survole, se perd en couleur bleu, traversées de blanc éparpillé et de bruns verdâtre parfois. Je m'éloigne brusquement, les points blancs se fondent entre eux, tous devient éclatant puis tout noir.
J'atterris brusquement dans un lieu étrange, sans pour autant n'avoir d'influence sur mon environnement. C'est une pièce assez petite, composée de matériaux lisses impossible à décrire, dans une atmosphère tamisée, presque obscure. Au fond de la chambre presque vide il y a un lit collé contre la paroi, une lumière blanche s'en diffuse, je m'en approche pour voir la contempler et remarque la personne qui dort d'un sommeil paisible. Une jeune femme aux magnifiques cheveux d'or. Je reste là à contempler une émotion, un sentiment fugace d'un instant d'éternité. Je ne sais pas qui elle est, et pourtant un sentiment extrême de nostalgie me prend, un émoi sans pareil prêt à me faire défaillir, ce que je vois là je n'aurai jamais dû le voir, j'en suis persuadé. Que fais-je là dans ce lieu ?
Subitement la créature se réveille, et regarde dans ma direction sans apparemment me voir, elle s'étire et frotte ses beaux yeux d'un vert émeraude. Elle sort de ses draps, de matière inconnue, et pose les pieds par terre, jetant à nouveau un regard étrange dans ma direction, comme si elle sentait ma présence. Elle se lève alors, dans sa tenue légère, laissant deviner une silhouette parfaite. Je ne peux prédire son âge, elle semble jeune, mais tout son aura trahi le contraire. D'un geste nonchalant elle touche le mur, de là des images s'éclairent et défilent rapidement tout en ayant un son inconnu. Je ne comprends pas la langue. Elle se contente de regarder distraitement le mur animé puis se dirige vers une porte qui s'ouvre sans bruit en un instant. Elle va vers un autre mur qui s'ouvre, elle se déshabille entièrement et entre dans une pièce d'eau... Je détourne le regard fort gêné, mais ma curiosité me pousse à explorer l'endroit. Je passe de pièce en pièce à travers les murs, comme si je n'avais pas de corps. Dans une des salles trône au centre dans un écrin de verre, une splendide épée à la lame transparente et à la garde d'or et finement gravée et incrustées de diverses pierres précieuses, un ensemble des plus gracieux et étonnant. Elle dégage une énergie considérable, difficilement compréhensible. Je parcours la pièce, rempli de toutes sortes d'objet dont je n'ai aucune idée que je suis. Je passe plusieurs minutes à essayer de savoir ce que je fais là, et ce qui m'entoure, quand la jeune femme entre dans la pièce, elle s'est habillée étrangement, d'un ensemble qui lui sied à merveille. Elle effleure un endroit du mur et ils disparaissent, découvrant alors une très grande pièce, avec au centre une sorte de piédestal de verre et de métal, de forme cylindrique, pouvant faire entrer plusieurs humains. Elle va alors s'assoir sur une table ou des caractères s'illuminent et bougent, elle en effleure certains et alors le socle se met à bouger et à s'illuminer, en un instant un fluide se forme en son centre, dans le cylindre de verre. Quelques instants plus tard trois faeras débarquent... C'est le choc, car parmi elle il y a Aakia.
"Hééééé !"
"Bonjour Aakia, mais qu'il y a-t-il ?"
"On a un invité surprise, il n'aurait jamais dû être là !"
"J'ai bien senti quelques chose d'étrange, mais tu crois vraiment que c'est possible ?"
"Oui Caffreen, inconsciemment son âme a dû venir sur Cléïs en te sentant... Lelma, je te vois, tu n'as pas à venir ici, ce monde n'est pas le tien, ce qu'on fait ici ne te regarde pas."
"Il est encore trop tôt pour vous, vous devez repartir, je compte sur vous."
D'un coup je suis rappelé à mon corps, le trou noir. Je me réveille alors complètement perdu et perplexe, qu'est-ce que ce rêve étrange ?
(Aakia ?)
Pas de réponse... Mais un brouahaha dans le camp. Une huitaine d'humains bousculent les gens, volent des chevaux, des marchandises... C'est pas le moment, je ne suis pas d'humeur ! Seyra dors toujours, le Torkin fais de même, imperturbable, Haured lui se réveille avec crainte. Bon, j'ai compris, c'est à moi d'intervenir...
"Hé vous, qu'est-ce que vous foutez là ?"
"Ta gueule connard où on te vide comme une truite !"
Les gars s'approchent de moi menaçant, armées de gourdin, de chaines, de gantelets... Évidement comme un idiot je n'ai pas mes équipements sur moi. Je suis torse nu, juste vêtu de mon pantalon, sans même avoir mes bottes...
"Tu fais moins le malin hein ? Files-nous ce que tu as et on t’amochera pas... trop... hahaha"
Hilarité parmi les huit hommes, leur stupidité n'égale pas leur laideur ni leur puanteur... Bon et bien je n'ai pas le choix, je vais devoir les calmer... Tout seul si personne ne me vient en aide.
"Vient donc prendre mon pantalon imbécile." Dis-je en désignant l'un d'eux, armée d'un gourdin.
"Quoi ?" Il bave tellement il est hargneux et me fonce dessus pour me fracasser le crâne. Je l'esquive sans difficulté, tout en lui faisant un croche-pied qui l'envoie dans le décor.
"Ne paniquez pas, brave gens, je me charge de la situation ! Milice de Kendra Kâr, vous êtes tous en état d'arrestation !"
Le reste du camp va se réfugier de l'autre côté du feu, autour de Seyra qui s'éveille à peine.
"Inutile de m'aider ma chérie, j'ai envie de me dégourdir les bras un petit peu..."
"Ah oui ok, je vois, bonne nuit papa..." Elle se retourne et se recouche pour se rendormir, comme si elle se moquait éperdument des brigands.
"Bordel mon nez, il m'a péter le nez cet enfoiré !" Lance ma première victime.
Un autre me lance "On va en faire une femme de ta gamine !"
En un instant je suis sur lui et d'un coup de genou bien placé je lui détruis ses parties intimes. "Ce qui est sûr c'est que toi tu es devenue une femme". Je le pousse légèrement à terre, courbé en deux de douleur, sans un cri, mais le visage d'un rouge vif, souffrant le martyr.
"Un autre volontaire ?" J'ai le visage impassible, comme si tout cela ne me demandait aucun effort. Tous se jettent alors sur moi dans une tactique désordonné. J'esquive leur coup sans difficulté, récupérant une chaine qui m'était destiné, ramenant à moi son propriétaire et lui décochant au passage une droite bien sentie qui l'envoie au tapis hors combat. Je me baisse pour éviter un gourdin sur l'arrière et me relève avec mon coude en opposition, lui brisant quelques cottes au passage. Il s'effondre sans souffle. Un autre tente de me planter avec son poignard, mais j'attrape son poignet et lui tord en un craquement sinistre, avant de l'attraper au cou et de l'envoyer par-dessus moi sur les deux autres encore en état.
"Déjà fini ? Vraiment de nos jours les bandits ce n'est plus ce que c'était."
Un des deux restant, un peu sonné, sort alors un couteau de lancer et me l'envoie dessus, je réussi pourtant par chance à l'éviter.
"Trop lent." dis-je en lui décochant un coup de genou sous sa tête qui l'assomme. Le dernier se traine à terre, implorant ma pitié.
"Nous en voilà débarrassé, il me faudra des cordes pour bien les ficeler, la milice s'occupera de leur cas... "
Je leur confisque alors tout leur matériel volé, ainsi que leur équipement, argent et bricoles utiles. Chacun peut alors récupérer son bien, une fois de plus chacun loue mon sang froid et ma maitrise du combat, j'avoue ne plus savoir quand j'ai appris le combat rapproché, mais en tout cas c'est très efficace, ou alors mes adversaires sont d'une nullité sans nom.
Kaemer est là et aide à ficeler d'autres bandits.
"Tiens il y en avait d'autres dans ce coin là, pas de soucis Keynthara ?"