L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 14 messages ] 
Auteur Message
 Sujet du message: Route entre Yarthiss et le Désert de l'Est
MessagePosté: Jeu 30 Oct 2008 20:10 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Route entre Yarthiss et le Désert de l'Est


Image


Description du voyage à pied et/ou cheval :

En venant de Yarthiss, vous parcourrez d'abord des pentes caillouteuses. Dans cette zone, les sentiers sont encore dessinés, mais cela fait longtemps que personne n'a libéré les chemins encombrés par les éboulements.

Sur toute la partie nord des montagnes, rien ne vit ou presque. En effet, à part des Gobelins et des voleurs, vous ne rencontrerez pas d'âmes intelligentes (si tant est qu'on puisse considérer les Gobelins comme étant intelligents).

Dès que vous descendrez plus vers le sud, passé le haut-col et le fleuve, vous recommencerez à voir une forêt de pins et autres conifères.

Bien entendu, en allant vers l'Est, vous tomberez sur des zones de plus en plus sèches, descendant jusqu'au désert...

Durée du trajet à pied ou sur monture sur le continent d'Imiftil

Basez vous sur les cartes et présentations décrites dans les 4 continents de Yuimen

(Postez ici vos trajets de voyage entre les deux villes)

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: Sentiers de Yarthiss jusqu'au Désert de l'Est
MessagePosté: Ven 7 Aoû 2009 23:46 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 15 Avr 2009 11:13
Messages: 66
Aller par la forêt, protégé par les arbres et entouré de mille troncs qui forment comme un cadre plus sûr au voyage, est tout différent que marcher à découvert, l’horizon étalant au regard, où qu’il veuille se poser, un inconnu prometteur et menaçant. Dans les bois, il faut distinguer chaque arbre de ses frères, connaître les sentiers et leur destination ; mais un inconnu n’a aucune chance de s’approcher sans faire grand bruit de feuilles foulées ou de branches brisées. Sur les routes de la plaine, en revanche, aucun indice de la sorte ne permet d’évaluer le voyage, et c’est au loin qu’il faut porter le regard pour apercevoir une colline, une oasis, un ruisseau. L’on verrait un être arriver plusieurs heures avant qu’il ne nous atteigne.

Ces sentiers-là, qui éloignent de Yarthiss et du temple de Yuimen, ont déjà un air de désert. Aucun obstacle ne s’oppose aux rayons du soleil, qui pourtant ne brille pas encore de toute sa rigueur. Le chemin est caillouteux, poudroie sous les pas et se soulève lors des trop rares coups de vent, un vent qui vient du désert et en présage les températures ; le jour, il soufflera un courant chaud qui brûle les yeux mais la nuit, il enveloppera le voyageur imprudent et mal équipé dans un tourbillon glacé qui ne cessera qu’au matin.

Cette fuite s’annonçait malaisée pour la jeune humaine qui supportait fort mal tout ce qui provenait de cet astre, qui brûle sans pitié tout ce qui est sous son emprise, les rayons, la chaleur, la lumière jaune. Aussi ne marcherait-elle que de nuit, prenant sur elle de commencer sa journée au crépuscule et de la terminer à l’aurore, parce qu’elle avait besoin d’aller vite et que ces moments offraient des visions magnifiques. Cela durerait trois ou quatre jours.

La première nuit de voyage se passa sans rencontre. Drysis prit dans son sac de toile un des parchemins achetés chez le mage humain et l’examina ; rien de particulier ne se remarquait, hormis une bien meilleure apparence que celle du sort offert par la Créature, et un sceau étrange qui, cette fois, inscrivait un dessin dans la cire blanche. En regardant ce blason attentivement, l’elfe sursauta : le cachet venait de se détacher du papier et de tomber dans sa main. Sous la cire pâle, une autre apparut, de couleur verte. Les yeux de la guérisseuse devinrent soudain beaucoup plus clairs, elle pâlit de colère et d’effroi.


(Ce marchand m’a trompée ! Ce n’est pas un sort du lumière, cela, c’est…cela appartient à la terre ! Comment a-t-il su ? Comment a-t-il pu ?)

Elle se remémora la remarque à propos de la couleur de ses yeux, et trouva ainsi réponse à une question. En vérité, la crainte l’emportait sur la rancune, et cette apparition la stupéfiait. Elle qui avait presque toujours étouffé les éléments de sa personne qu’elle savait hérités du peuple des sylvestres, dissimulé ses mains vertes par des gants et ses yeux par l’ombre ! Il est vrai que la forêt avait été son pays bien plus que tout autre milieu, mais c’était en tant que guérisseuse et non comme enfant des bois. Et à présent, voilà qu’elle tenait entre ses mains un sort qui, si elle l’apprenait, la renverrait à ses origines si rigoureusement reniées. Vérifia frénétiquement les quatre autres parchemins : deux autres, cachetés de blanc, dévoilèrent également des sceaux verts ! Drysis était effondrée.

(Trois sorts sur cinq… Pourquoi a-t-il fait cela ? Oui, je n’aurais acheté que ces deux-là s’il m’avait dit qu’il n’en avait pas d’autre qui concernassent la lumière. Je ne pensais pas cet humain trompeur et voleur, voilà mes premiers pas parmi les humains. Mis à part ceux de là-bas. Et eux, les miens, comment m’accueilleront-ils ? N’importe, à plus tard cette question. Que faire de ces papiers ? Ah, suis-je sotte aussi, de n’avoir pas voulu savoir ce qu’ils contiennent. Maudit marchand… voyons déjà les deux qui sont vraiment ce qu’ils sont censés être.)

Elle prit l’un des deux parchemins blancs et tenta de concentrer son attention dessus. Il fut moins aisé à ouvrir que le premier, ainsi dut-elle rappeler toute sa colère pour qu’il réagisse et s’ouvrît, dans un léger craquement. Cette fois, le texte était parfaitement lisible.


« Disciple de la vie, ennemi du trépas
Sacrifie pour la Mère un grain de ta puissance
Endormi tu seras mais la nuit ne sait pas
Que ton ami alors a une autre naissance. »


Après l’avoir lu plusieurs fois, Drys roula le parchemin et le replaça dans son sac. Elle ne savait comment, cette fois, elle devrait procéder pour l’apprendre, mais cela ne lui plaisait guère.

(Un guérisseur doit donc, si j’en crois ces lignes, toujours s’opposer férocement à la mort…et seulement celle des autre, à ce qu’il semble, puisqu’il faut « sacrifier pour la Mère ». Je suppose qu’il s’agit de Gaïa. On doit donc combattre la Blanche, non pour nous ni pour nos amis, mais en l’honneur de la déesse… Voilà une curieuse recommandation. J’ignorais que Gaia et son amant des enfers se disputaient tant les êtres, qu’elle veuille employer tous les guérisseurs à garder les populations de la mort. En suite… « endormi tu seras ». Est-ce que ce sort permet d’offrir sa vie à celui que l’on veut soigner ? J’espère que non, je n’y suis pas vraiment disposée. Ou faut-il être en état de sommeil pour lancer le sort ? Ce serait surprenant, et fort malaisé dans les combats. Quant à la systématique confusion entre … entre tant de choses ! Lier l’obscurité à la nuit, passe encore, quoique l'astre blanc donne parfois plus de lumière que son cousin du jour. Mais identifier cela à la mort est d’un insensé, d’un mystique qui s’abuse lui-même. En quoi la nuit est-elle mort, est-elle fin ? C’est un mage bourgeois qui a dû écrire cela, de ceux qui se lèvent après le soleil et prennent gardent d’être endormis avant lui tant ils craignent la nuit. Pour moi, messieurs les bourgeois, la nuit est commencement, c’est le jour et le soleil qui sont terme. Ces idées-là montrent un aveuglement terrible, et… sont assez blessantes.)

« Suis-je donc morte, moi que personne ne rencontre le jour ? »

Elle avait dit cela à haute voix, puisqu’à présent elle le pouvait. Elle interrompit ses pensées un instant, encore pâle.

(Bon, d’accord, je vais trop loin. Mais de peu, et ils seraient capables de me répondre qu'en effet je dois être morte. Mais l’essence même de leurs associations est fausse, terriblement fausse. Leur équation ne tient pas debout, la mort donne la souffrance, signifie souffrance. Depuis que l’homme est égoïste, depuis qu’il refuse de réfléchir et préfère son profit à une idée simple et juste, mourir est devenu la pire faute, et pleurer un ami une maladie fort contagieuse. Pleurons, pleurons donc… mais pas avec cette colère insensée. Celui qui est mort a de la chance de l’être tout comme celui qui vit peut être heureux d’être vivant. On me l’a appris toute enfant, tout un peuple entier est d’accord avec cela… mais les autres s’arrachent les cheveux et sont éperdus de malheur.

S’ils savaient, s’ils connaissaient ce que je sais et connais, moi qui n’ai pas souvent vu mourir ! S’ils comprenaient seulement mon idée, si comme moi ils parlaient de la Blanche sans crainte et sans rancune, ils n’auraient nul besoin de ces longs raisonnements dans lesquels ils excellent dans l’art de fausser un détail seulement, un petit lien entre deux faits exact, et qui mènent aux conclusions qu’ils veulent depuis le début…)


« Je suis tout sauf un exemple… » 
murmura-t-elle.

(Chez eux, si quelqu’un dit « Je vais rejoindre celui qui est mort ! », son monde crie et pleure, on le retient, on le supplie, on l’en empêche. On l'enferme ! Quelle est cette comédie que j’ai vue quelquefois ? A celui-ci, chez moi, on répond « Vraiment ? à ta guise. Fais comme tu veux, fais ce qui est bon pour toi. Si tu crois trouver d’autres mondes qui te rendront heureux, va. Embrasse de notre part ceux que nous aimons toujours, si jamais tu les rencontres.

N’est-ce pas cela, être sage ? Et… et en plus, ceux de mon peuple achèvent bien moins souvent leur décision que ceux d’autres continents où l’on crie et pleure.

Un enfant qui tombe et qui n’a rien, pleurera s’il voit ses parents accourir à lui et le soulever avec effusions ; si on lui dit de loin « Encore par terre ? Relève-toi, voyons, viens par ici, tu verras comme le ciel est beau », l’enfant ira sans avoir besoin de jouer le jeu du drame dont ses parents ont besoin.)


Elle regarda autour d’elle et, comme si elle eût été l’enfant que l’on venait d’appeler, admira les cieux dégagés.

« Je m’égare. »

Ressortit le parchemin du désaccord.

« Que ton ami alors a une autre naissance. »


S’assit sur une pierre. Elle avait bien marché, dans deux heures les premières étoiles commenceraient à disparaître. Loki planait toujours au-dessus d’elle comme un aigle cherchant sa proie, heureux et étourdi par l’air et la vitesse.

(Ce sort fait donc renaître celui sur qui on le lance ? Et on se retrouve mort avec un nouveau-né dans les bras?)

Elle éclata de rire. La liberté absolue que cette large plaine offrait, le vent frais qui soulevait ses cheveux et faisait virevolter le sable sous ses pas, avaient quelque chose de grisant.

(Un sort qui vous permet de périr en faisant régresser ses compagnons jusqu'aux premiers âges... ce ne doit pas être cela ; je ne suis pas sûre que la poésie, pour exprimer la magie, soit un procédé adéquat. Ou peut-être que si. C’est une bonne question.)

Après avoir lu les quatre lignes du parchemin plusieurs fois, à voix haute et sur tous les tons, elle le laissa choir à nouveau dans son sac et, l’esprit léger, poursuivi sa route en songeant, peut-être, si la poésie vraiment est appropriée lorsqu’il s’agit de magie.

_________________
Drysis Kantoeller, semi-elfe, guérisseuse.
Image

Tout sera-t-il vraiment toujours vain?


Dernière édition par Pylone le Dim 23 Aoû 2009 12:54, édité 4 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Les sentiers de la pensée.
MessagePosté: Mer 12 Aoû 2009 16:50 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 30 Mar 2009 16:03
Messages: 225
Localisation: Infinitésimalement quelque part.

Les habitants du désert ont été souvent accusés, avec une apparence de raison tout à fait légitime, d'en connaître beaucoup sur moins leur propre histoire que celle des autres peuples ; qu’ils fussent anciens ou modernes.

On peut même ajouter, mais cette fois avec un peu plus de logique, que la partie la plus négligée et par conséquent presque entièrement ignorée de leur histoire, est celle qui se rapporte aux pillages ; peu importe l’endroit en Imiftil, peu importe la ville ou le village, ils étaient là ; c’était dire que la cupidité de ce peuple, ainsi que sa maîtrise, s’étaient déployées partout sur le continent.

Et pourtant ! On ne parlait point de cela. Mais pourquoi donc ? Car le peuple des dunes incarnait la discrétion assurée. Nul peuple ne peut se plaindre d'un voisin établi à plus de mille lieues de lui. Nul peuple n’admettrait que des « sauvages nomades » à la peau bronzée soient capables de voler leurs plus grands biens sans se faire voir.

Et quand on parlait de vol, on l’emploierait dans tout les sens possibles : du marchandage subtil au vol simple et méchant.

Et avec cette fourberie assidue, se cachait en eux une terrible loyauté envers des maîtres impitoyables. Cela même dans les situations les plus critiques.

Pour ne parler ici que du désert de l’est, son gracieux et touchant désert de sable bleu, se situant non loin du royaume de Yarthiss et des cavernes des ô combiens secrets El Abhar. Ce désert était béni par de nombreux Dieux, aussi bien que maudit ; à combien de batailles terribles as-tu assisté, désert ?
Combien de luttes acharnées avaient-elles soutenues avec une rage et une abnégation héroïque pour voler ou résister, soit aux révoltes des chefs s’opposant au seigneur, soit aux attaques des plus formidables et encore plus puissants envahisseurs El Abhars afin de maintenir l’honneur du peuple des dunes et de se conserver à la grande famille qu’était les Kel Attamara?

Ces dunes étaient, sans contredit, les plus magnifiques de tout le continent ; sable que même les Ynoriens vont chercher pour confectionner leurs chefs-d’œuvre en verre.

Rien ne saurait exprimer l’impression d’enivrante langueur qui s’empare des sens lorsque, après une longue et monotone traversée du désert, le cri de la satisfaction et des éléments.
Beaucoup de mauvaises langues s’étaient hasardées à dire que le désert n’est que du sable : ceux-là n’avaient strictement rien vu de ce qu’est véritablement le désert.

Llewelyn n’y était pas encore. Mais d’un pas sûr et motivé il parcourait les petits sentiers qu’il y avait encore, il devrait arriver à destination à la fin de la journée suivante. Il avait décidé de prendre le chemin le moins montagneux, jugeant que cela serait bien plus rapide. Bonne initiative ou non, les hautes plaines et les sentiers tortueux n’étaient pas ses alliées, pas encore.

Tandis qu’il marchait à travers ces paysages nocturne, il se mit à penser :


(Ce serait, à mon sens, un pauvre enseignement que celui qui redouterait et fuirait le jugement des Dieux. Je dois donc dire que cela fut sage de retourner ici et d’écouter ces fous au manoir de la perle noire. Bien sûr que non, c’est faux même si je suis curieux de découvrir ce qu’il trame. J’ai hâte de connaître le fin mot de l’histoire et du « pourquoi moi ». Ils doivent me suivre, je pense.)

Il s’arrêta un instant pour prendre son souffle puis reprit sa marche aussi bien que sa pensée.

(Cette Pà est incroyable, elle lisait en moi et je l’acceptais sans rien dire, c’est une très grande magicienne qui … cette fille me plait vraiment selon elle ?

Jusque dans les plus dangereux caprices, la pensée commune reste fidèle à une sorte de réalité. Donc quand on parle d’amour, on parle de relations affectives variées. En cela, je suis amoureux donc ? Vue la situation, ce serait trop simple. Ce n’est pas aimer véritablement, ça. Mais difficile de dire s'il y a une échelle de l’amour et difficile de l’observer chez les gens, cela est souvent si différent !

Et dans beaucoup de cas, l’amour n’est qu’un attachement pour relier leurs pulsions animales, rien de plus. Je ne ressens rien de tel pour cette personne. Juste un profond respect et … autre chose, un désir de connaître ce qu’elle cache. Je ne sais pas. Elle ne semble pas m’aimer, c’est certain et en cela, ce n’est rien. Rien du tout.

Bah, c’est fini, je ne vais plus la revoir cette personne. Ou alors dans très longtemps … trop longtemps à mon goût. )


Il se mit à rire légèrement en continuant sa pensée.


(Voyons Llewelyn, tu deviens humain là ! Tu n’es pas ainsi d’habitude. Ce genre de sentiment … à quoi bon.)

Les douces lueurs lunaires éclairaient la marche du mage, il commençait déjà à quitter les sentiers rocheux pour retomber vers un paysage plat. Il marchait si vite qu’il était presque arrivé à la frontière, cette course allait se résoudre en repos et il était préférable pour lui qu’il se repose dans un refuge ou une auberge. Restait encore à savoir si il y en avait dans le coin.

(Le peuple des dunes de l’est… Tous avaient été, de génération en génération, particulièrement impitoyables. Tous, sans exception, avaient tué dans leurs âmes les sentiments humains, comme ils tuaient les hommes eux-mêmes. Des voleurs et assassins en tous genres. Le caractère le plus marqué chez eux est bien cette cupidité… comment vais-je voler à des voleurs ce qu’eux-mêmes ont lutté pour dérober? Je suis … un ... Kel Oulenia. J’ai une demeure, un héritage. Je ne dois pas y toucher, je ne dois pas me faire connaître du palais. Tous ont un tempérament aussi absolu qu’indomptable, dont les passions ne sont vouées qu’à leur maître. Je dois le revoir. )

Qui était-ce cet homme qu'il désirait revoir? Ceci est encore un mystère, une brume qui s’épaissit de plus en plus. Il continua sa marche, pensif.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Yarthiss et le Désert de l'Est
MessagePosté: Sam 6 Fév 2010 23:47 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 28 Nov 2009 02:46
Messages: 156
Le Camïu du Prodrome



Les Terres Sèches




Agadesh suivait depuis de bonnes heures et d'un bon pas le chemin de terre, néanmoins quelque peu déboussolé par les éléments extérieurs qu'il pouvait croiser.

Les peuples du désert avaient beau lutter sans cesse pour leurs survies, la mort n'en était pas moins une fatalité commune qu'ils avaient acceptés. Et c'était sans doute à ce juste titre que les fils des dunes avaient la réputation de ne pas avoir peur de celle-ci.

Certains récits poétiques clamaient que si un être vivant quel qu'il soit naissait dans le désert, il perdait son statut pour n'être plus que l'égal d'un de ses grains de sable, et de ne jamais pouvoir connaître les véritables sentiments humains.

A ce titre, Agadesh ne se sentait pas plus important d'un grain de sable. Il était totalement dépendant de l'erg et de son peuple. A quoi bon pouvait rimer la vie si celle-ci n'était pas à mettre au service de la survie des siens et les protéger des colères du désert ?

C'était justement là une question qui le taraudait grandement alors que ses pas s'enchainait sur le sol poussiéreux du chemin vers Yarthiss.

Le décor environnant était aussi le siège de nombreux questionnement ; plus il avançait, plus la terre était fertile et brune. Le fond de l'air devenait de plus en plus humide et dans le ciel commençait à apparaitre de plus en plus de nuages.

Ces nuages le troublaient grandement. Si quelques minuscules nuages longs et effilés d'un blanc éclatant passaient quelquefois en solitaire dans le ciel désertique, il en voyait maintenant au loin plus d'une dizaine éparpillés ! Est-ce que les nuages représentaient un danger inconnu du désert lorsqu'ils sont trop nombreux ? Que se passait-il lorsque ceux-ci cachait le soleil ? Comment les peuples de ces terres pouvaient-ils se repérer la nuit, si les nuages cachaient les étoiles ?

Et ainsi, le moindre élément inédit à son oeil devenait une source d'interrogations et d'angoisses. Il ne connaissait rien à l'univers où il s'aventurait et n'en était que trop conscient. Il ne savait que penser de tout ce qu'il se passait autour de lui.

Ses questions s'effacèrent vite alors qu'il se rendait compte qu'il n'avait pas songé à demander à l'aubergiste de la nourriture pour son voyage. Le plantureux repas de celui-ci lui suffirait certes pour aujourd'hui, mais demain était un autre jour et il se rendait compte que depuis le début de son voyage, les figuiers et autres plantes à fruits qu'il connaissait avaient cessé de peupler les bords du chemin pour laisser place à une végétation inconnue qu'il n'aurait pas l'audace de tenter d'ingérer. Mourir empoisonné dès les premiers jours de son périple était une erreur qu'il ne pouvait pas se permettre.

Il s'arrêta donc d'avancer pour chercher tant qu'il en était encore temps des éléments qu'il pouvait reconnaître. Il y avait bien des oiseaux susceptibles de faire un bon repas, mais ceux-ci était bien trop rapides et ce n'était pas avec sa seule épée qu'Agadesh pouvait les chasser.

Il s'arrêta pour mieux regarder autour de lui s'il pouvait trouver une nourriture mangeable et remarqua derrière lui un camïu l'observant au loin.

Les camïus, aussi appelés "renards des dunes" étaient connus dans le désert. Il s'agissait de petits mammifères d'une trentaine de centimètres qui dormaient sous le sable le jour et chassaient vers de sable, scorpions et serpents la nuit. Il était curieux d'en voir un ainsi éveillé en pleine journée et surtout aussi éloigné du désert. Le peuple des dunes ne les chassait pas particulièrement, la majorité de leur nourriture étant d'origine végétale comme le blé, les dattes ou les figues de barbaries. Les seules viandes véritablement consommés étant celle de chameaux trop vieux ou faibles pour servir de monture ou plus rarement d'élevage de chèvres près des oasis.

A ce titre, les peuples du désert n'étaient guère des populations de chasseurs, bien que le principe ne leur soit pas inconnu, en particulier lors des fréquentes périodes de disette. Mais chasse rimait alors beaucoup avec chance, car ils n'avaient jamais établi de véritable stratégie de chasse comme les appâts et autres pièges mais consistait à se ruer les plus nombreux possibles sur le potentiel repas en espérant courir plus vite que lui, ou à être maître dans l'art de la fronde ou du lancer de caillou. Bref, beaucoup d'efforts pour assez peu de résultat au final.

Ainsi, Agadesh ramassa une bonne dizaine pierres dans sa main sous l'oeil lointain et curieux de la bête qui ne se doutait de rien. Puis, il en lança une vers la bête assise qui se contenta de regarder celle-ci tomber et ricocher à un bon mètre à gauche d'elle d'un air totalement indifférent. Agadesh en lança ainsi trois sans pour autant toucher au but ni même avoir réussi à faire bouger d'un poil le renard miniature. Le quatrième lancé fut bon et allait droit sur l'animal, qui ne l'évita même pas et se retrouva surpris, se levant brusquement d'un air interrogateur facilement lisible sur ses oreilles inclinés avant d'aller sentir l'objet qui le bouscula dans sa passivité. Le choc fut trop peu rapide pour vraiment le blesser, et l'on pouvait aisément se demander si le goupil blanc n'avait pas plus été surpris que blessé. Agadesh ne se laissa cependant pas démonter en enchaîna sur un autre lancé. Le camïu, moins dédaigneux cette fois-ci, et voyant une autre pierre lui arrivant dessus prit ses jambes à son coup et alla se réfugier dans les herbes hautes sous le regard médusé d'un Agadesh bredouille.

Agadesh n'abandonnait jamais facilement, et ce pour quoi que ce soit qu'il entreprenne, mais se lancer à la poursuite du camïu dans cet environnement inconnu était une prise de risque trop grande par rapport à la priorité que sa capture représentait. Il continua alors sa route sans plus se préoccuper de la bête, qui avait dû, selon lui, déguerpir déjà bien loin de sa position.

La journée passa, le soleil et la chaleur se faisant de moins en moins présents. Agadesh était néanmoins assez fatigué de sa journée. Mais ce n'était non pas une fatigue physique qui l'accablait - Il était habitué à des journées de marches bien plus rudes - mais une fatigue mentale. Les péripéties troglodytes avaient beau être passé, un reste d'impressions désagréables et confuses le perturbait toujours beaucoup et son entrée dans le monde inconnu des occidentaux ne l'aidait pas à pouvoir se poser et au contraire lui rappeler certains instants passés dans cette grotte d'absurdités irrationnelles.

Le soleil commençait à se coucher lorsqu'il songea à s'arrêter et s'installer pour la nuit, mais il n'avait plus sur lui que sa gourde, son sabre et les légers vêtements varrockiens gentiment donnés par le couple d'aubergiste. Autant dormir à même le sol avec son large boubou ne le dérangeait pas outre-mesure car il lui tenait chaud et empêchait les courants d'air sur sa peau, autant les fibres limités dont il était paré ne lui recouvrait pas assez le corps pour lui permettre de dormir un tant soit peu convenablement.

Mais l'obscurité grandissante dans cet univers inconnu avait fini d'effacer cette minauderie de son esprit ; il n'avait plus qu'à dormir ainsi à la belle étoile.

Il s'installa tant bien que mal au pied d'un vieil olivier car ses alentours semblaient être l'endroit le moins chargé en petite végétation. Mais le couchage de fortune n'était pas pour autant du luxe. La terre était loin d'être aussi confortable que le sable. Les petites herbes lui piquaient la peau, des petits cailloux gênaient ses jambes et les insectes, non heureux de voir leur territoire ainsi envahi, se baladait sans peur sur le corps chaud d'Agadesh. D'autres non moins présents avaient entonnés une curieuse mélodie qui était loin de paraître aussi agréable qu'importune à ces oreilles.

L'idée de dormir sans la moindre protection auprès d'une flore et d'une faune qui pourrait se révéler mortelle durant son sommeil ne le réjouissait d'ailleurs pas vraiment. Vraiment mal à l'aise, embarrassé par cet environnement qui semblait s'être mis d'accord pour ne pas l'accepter, Agadesh se résolue à continuer sa route malgré l'obscurité. La nuit en cette endroit ne lui semblait de toute façon être à coup sûr plus fatigante que reposante. Il n'avait pas particulièrement besoin de dormir, ce qui se comprenait après l'important somme qu'il avait fait à l'auberge.

Il se releva donc, se débarrassa en vitesse de tout les débris végétaux et humides qui s'étaient collés à lui, constata avec colère les tâches de terre dont il ne pouvait se défaire et repris sa marche, plutôt énervé de cette courte expérience.

Il accélérait le pas, repensant au discours des aubergistes. Après tout, il y a avait peut-être une autre de ces auberges sur la route où il pourrait passer la nuit. Sa marche rapide fut cependant futile ; le soleil avait inébranlablement fini par se coucher et de nombreux nuages dans le ciel coupaient tout espoir de bénéficier de la lumière lunaire. Il était maintenant dans un obscurité casi-complète et ne pouvait voir le moindre élément à plus de deux mètres et il faisait de plus en plus froid, moins cependant que la froideur qu'il pouvait connaître dans le désert. Au moins un point de cet environnement lui était favorable.

Mais il s'obstina à continuer de marcher, refusant toujours dans cette même vexation de dormir sur un sol aussi dur, humide, grouillant de bestioles inconnues et d'autres plantes possiblement empoisonnés dont il préférait éviter le contact.

C'était décidé, cette nuit, il ne dormirait pas.



La Colonne de Granit

_________________

Playlist d'Agadesh

Quand on voyage vers un objectif, il est très important de prêter attention au chemin.
C'est toujours le chemin qui nous enseigne la meilleure façon d'y parvenir, et il nous enrichit à mesure que nous le parcourons.

--------------------
Paulo Coelho, Le Pèlerin de Compostelle


Dernière édition par Agadesh le Dim 28 Mar 2010 23:56, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Yarthiss et le Désert de l'Est
MessagePosté: Dim 28 Mar 2010 23:55 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 28 Nov 2009 02:46
Messages: 156
Les Terres Sèches



La Colonne de Granit




La colère d'Agadesh contre sa situation resta tenace en ses pensées. Son esprit s'était laissé envahir par des plaintes et autres jérémiades qui le portait à des sentiments infantiles pleurnichards.

Il suivait tant bien que mal, dans les ténèbres, la route et ne cessait de rager intérieurement contre son sort, ce pays où il n'arrive pas à se sentir tranquille depuis qu'il l'avait foulé, sa solitude, son ignorance, le froid, les habits qu'il portait qui ne lui convenait pas, l'excentricité des ancêtres, l'épreuve passée dans la grotte, le sort de Balamon et de ces amis dont il ne savait toujours rien, son manque de nourriture pour demain, les nuages dans le ciel, les insectes aux chants énervants...

Bref, il exprimait en lui-même une saturation d'émotions intenses qu'il avait du mal à gérer... Sa fierté immense l'empêchait de se laisser aller à pleurer, mais ses yeux humides ne laissait aucun doute à ses sentiments.

Il était seul, il était perdu, il doutait de lui-même. Dans cet état d'esprit, il n'aurait en aucun cas pu dormir ; pas même si sa couche était l'équivalent du douillet lit royal. Il était dans un état de tension terrible et la seule manière pour lui de garder le cap à ce moment était de se concentrer sur cette route pourtant devenue si sombre. Et il marchait maintenant à un rythme déraisonnable et épuisant. Presque masochiste, comme si le fait d'user ainsi son corps lui soulageait l'esprit.

Soudain, il vit une lueur au loin. Cette vision le ramena quelque peu sur terre, malgré qu'il craigne une nouvelle mauvaise surprise. Il avança donc, totalement dépourvu de ce que sa prudence lui aurait dicté en d'autre temps pour une impatience qui demandait à être le plus rapidement au courant de ce qu'il en était.

La lueur provenait d'un feu de camp de fortune. Une tente en peau était érigée juste à côté et il pouvait y voir une silhouette floue et solitaire. Vraisemblablement, il était dos au personnage qui se réchauffait auprès de la flambée.

Agadesh, peu discret, fut vite repéré par le campeur solitaire. Se préparant au pire, le fils des dunes dégaina son sabre d'azur. Mais dans le noir total, c'était plus lui qui inspirait la peur que l'inverse.

"Qui va là ?", lui sortit en se retournant le personnage d'une voix rocailleuse.

"Vous n'avez rien à craindre, je suis seul et je ne fais que passer."

"Comment ça, vous ne faites que passer ? Quel genre de personne êtes-vous pour vous déplacez seul et sans lumière dans une nuit comme celle-ci ? Vous n'êtes pas un grand voyageur vous n'est-ce pas ? Venez donc ici que je vous donne une torche !"

Ces paroles démontrait à Agadesh que le contact de cet homme pouvait peut-être lui apprendre certaine chose sur les voyageurs occidentaux. Mais Agadesh restait méfiant, le sabre brandit. Lorsque celui-ci se découpa à la lumière, l'homme mystérieux reprit :
"Hum je vois vous êtes du peuple des dunes n'est-ce pas ? Vous êtes du désert de l'est ou du royaume de Yarthiss ? S'il vous plait, rengainez-moi donc cette épée et venez vous assoir me raconter votre périple !"

Agadesh n'obéit pas tant qu'il ne vit pas la personne à qui il s'adressait. Une fois plus avancé, il voyait clairement que quelque chose clochait. Cet être n'avait vraisemblablement rien d'humain. Grand, couvert de fourrure, les oreilles pointus, un museau allongé... Il était torse nue et avait pour tout vêtement un pantalon de tissu vert foncé qui laissait échapper une queue touffue. Son pelage variait en zone rousse, noire, grise et blanche. Curieusement, la première chose qui lui vint à l'esprit était que cette créature devait être comme le monstre de la grotte : Un ennemi redoutable. Mais encore fallait-il s'en assurer.

"Qui... Qu'êtes-vous ?"

La créature, comme lasse de causer cette réaction, lui répondit le plus simplement du monde :
"Et bien, mon bien impoli monsieur, je m'appelle Enki et je suis un bratien."

"Un bratien ?"

"Oui, un bratien."

"Vous êtes comme une sorte de race de camïu intelligente, c'est ça ?"

"Qu'est-ce qu'un camïu ?"

"C'est un animal du désert. Comme vous il a un museau, des oreilles pointus et de la fourrure. Mais ils ne parlent pas, eux."

"Vous voulez certainement parler d'un loup ? Enfin je ne sais pas, il y en a, dans le désert, des loups ?"

"Je ne sais pas ce qu'est un loup."

"D'accord. Donc j'imagine que ça veut dire non, il n'y a pas de loup dans le désert."

"Je ne sais pas."

"Mais vous, vous venez du désert donc ?"

"Oui. Mais quel rapport avec vos fameux loups ?"

"Non, aucun, c'est juste que la plupart des humains nous compare avec des loups."

"Mais par Yuimen, qu'est-ce donc qu'un loup ?"

"Bien un loup c'est une créature qui me ressemble, sauf que c'est un animal sauvage qui vit en meute dans la fôret. Comme apparemment vos camïus du désert, ils ont un museau long, une queue, de la fourrure et des oreilles pointus. Ah et ils sont gris et mesurent environ un mètre."

"Ah donc ce n'est pas un camïu. Eux sont blanc, vivent en solitaire et ne font pas plus de cinquante centimètre."

"Intéressant ça, vous pouvez me parler un peu plus de cet animal ?"

"Pourquoi faire ?"

"Et bien, parce que ça m'intéresse !"

"Et pourquoi donc ?"

"Et bien si vous voulez tout savoir, je suis un encyclopédiste et c'est pour ça que je m'intéresse à un peu tout."

"Un encyclopédiste ?"

Le lykior soupira de l'ignorance de son interlocuteur toujours debout et droit comme un i avant de reprendre :
"Oui un encyclopédiste... Un encyclopédiste est une personne qui répertorie dans un livre appelé encyclopédie de nombreuses informations. Moi ma spécialité c'est l'étude de la cartographie et des animaux terrestres. C'est pour ça que votre camïu m'intéresse."

"La cartoquoi ?"

Le bratien, désespéré, mis sa tête entre ses mains et reprit :
"Ecoutez, monsieur, par pitié asseyez-vous, j'en ai assez de faire la conversation avec une personne debout qui me menace de son arme. Enfin regardez-moi, je n'ai pas d'arme sur moi ça se voit non ? Qu'est-ce que vous voulez que je vous fasse ?"

"Vous avez des griffes. Et des crocs. C'est déjà bien plus d'armes qu'il n'en faut. Qu'est-ce qui me dit que vous n'êtes pas un mangeur d'homme ?"

"Et bien moi je vous le dis, les bratiens ne mangent pas d'être humain ni d'ailleurs d'être pensant quel qu'il soit. D'ailleurs en parlant de manger, j'ai quelques brochettes qui attendent d'être cuite. Vous en voulez ?"

"Des brochettes de quoi ?"

"Waoh... Si je dois tout vous expliquer ça risque d'être long ! Bon alors voyons... Vous voyez ce qu'est du porc ?"

"Non."

"Heu... Du cochon peut-être ?"

"Oui, ça je connais ! J'en ai goûté hier dans un auberge. Ils appelaient ça un cochon boueux."

"A la bonne heure ! Et ça vous a plus ?"

"Oui."

"Hé bien c'est parfait tout ça, donc comme vous n'avez pas de sac, voilà ce que je vous propose. Déjà vous rengainez votre arme, vous vous asseyez à côté de moi... Et puis, en échange de quelques brochettes et d'un endroit où dormir ce soir, je veux que vous me parliez de votre désert et des animaux qui s'y trouvent. Je ne sais pas vous, mais moi je trouve qu'une offre comme celle-là, c'est une affaire ! Et croyez-moi, j'ai entendu parler du sens des affaires de votre peuple ! Alors, marché conclu ?"

"Pas tout à fait. Je voudrais moi aussi vous posez quelques questions sur l'ouest."

"L'ouest ? C'est-à-dire ?"

"C'est-à-dire tout ce qui ne fait pas parti du désert de l'est !"

"Ah ! Rien que ça ! Et bien, la nuit risque d'être longue !"

"Alors, c'est oui ou c'est non ?"

"C'est d'accord. Mais si vous permettez, avant toute chose, je voudrais que nous refassions les présentations comme des gens civilisés."

Il fait une pause et se lève :
"Bonjour, Enki de Jarvron, enchanté de vous connaître monsieur ...?", dit-il en lui tendant la main.

Agadesh hésita quelques secondes, puis finit par rengainer son épée et empoigna solidement le main qui lui fut tendu en répondant :
"Kel Attamara. Agadesh Kel Attamara, que la paix soit avec vous, Enki de Jarvron."

"Et bien voilà qui est déjà plus respectable. Maintenant, si vous voulez bien vous assoir, nous allons nous partager quelques brochettes en causant de tout cela.", dit-il en s'asseyant au sol en tailleur.

Et ils se mirent à parler ainsi toute la nuit auprès du feu. Enki se révéla très curieux sur les animaux du désert et posait des séries de questions très précises. Il réalisait des dessins au crayon gris sur un livre de croquis qui avait apparemment beaucoup vécu voulant les représenter, et Agadesh le guidait sur leur ressemblance et sur les généralités à savoir. Il se plaisait particulièrement à lui raconter toutes les facettes et les anecdotes qu'il connaissait en rapport avec les chameaux ; c'était un animal qu'il avait toujours admiré. Quant il lui posa des questions sur la cartographie, Agadesh se fit plus hésitant. Il ne savait même pas où dans une carte du désert pouvait se situer le palais des Kel Attamara, les montagnes de l'ouest ou l'océan. Ne s'étant jamais repéré que grâce aux étoiles et les cartes n'étant pas dans les moeurs de son peuple, il pouvait tout juste bafouiller quelques repères qu'il comptait en jour de marche et décrire ces endroits. Le lykior s'en contenta poliment, puis répondit à son tour patiemment à ses questions.
Il le rassura pour ce qui est des nuages, lui expliqua brièvement ce qu'était la pluie... Il se servit de ses dessins pour lui montrer quels aliments de la nature de Yarthiss était consommable ou pas, lui donna des noms de nourritures relativement courante comme les pommes, les patates, le boeuf, etc. Au final, il eût même la gentillesse de lui donner un exemplaire d'une de ces encyclopédies sur Yarthiss.

"Je vous remercie infiniment, Enki de Jarvron mais... gardez-le. Je ne saurais quoi en faire, je ne sais pas lire. Et puis je ne peux accepter ainsi le fruit de vos recherches."

"Ce n'est pas grave de ne pas savoir lire, vous êtes loin d'être le seul. Et puis regardez, je ponctue tout mes articles d'un croquis et de symbole. Vous voyez, à côté de ce champignon, j'ai mis un crâne. Cela veut dire qu'il est empoisonné, qu'il ne faut surtout pas le manger. A côté de cet animal, une main barrée veut dire qu'il ne faut pas essayer de le toucher, que sa peau est toxique. Et à côté de celui-ci, un feu, pour dire qu'il n'est mangeable qu'une fois cuit. C'est simple n'est-ce pas ? Et puis ne vous tracassez pas pour le fruit de mes recherches, il s'agit d'un exemplaire déjà publié."

"Publié ?"

"Pardon, je voulais dire que ce livre a été recopié plusieurs fois. Je ne perd rien à te donner celui-ci."

"Je vois. Très astucieux. Votre code aussi me sera d'une grande aide."

"Ravi que ça vous plaise. Mais maintenant, si ça ne vous dérange pas trop, il me faut dormir. J'ai un long chemin à parcourir demain et à ce que j'ai compris, vous aussi. Je pensais dormir sous la tente, mais elle est trop petite pour être partagé à deux. Mais bon, elle reste une bête peau de bête tirée par quatre branches. Ce que je peux donc proposer c'est d'enlever les branches et de nous coucher enroulés dedans. On sera à la belle étoile, ce ne sera pas du luxe, mais c'est toujours mieux que de dormir à même le sol n'est-ce pas ?"

"En effet."

Agadesh aida le lykior et ils s'enroulèrent dans la peau de bête. La proximité de cet étrange compagnon, même après avoir si longuement discuté, le gênait un petit peu. Mais il avait trop sommeil, et son état d'esprit s'était bien calmé depuis son premier essai. Enki ne lui avait montré aucune agressivité depuis leur rencontre, il avait maintenant une couche plus confortable... Même le chant de ceux qu'il savait maintenant s'appeler "grillons" s'étaient tus. Tout était réuni pour qu'il puisse enfin dormir et il ne s'en priva pas. Après tout, il se disait falloir en profiter, il ne savait pas de quoi demain serait fait.



Les Cailloux Empilés

_________________

Playlist d'Agadesh

Quand on voyage vers un objectif, il est très important de prêter attention au chemin.
C'est toujours le chemin qui nous enseigne la meilleure façon d'y parvenir, et il nous enrichit à mesure que nous le parcourons.

--------------------
Paulo Coelho, Le Pèlerin de Compostelle


Dernière édition par Agadesh le Mar 30 Mar 2010 20:52, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Yarthiss et le Désert de l'Est
MessagePosté: Mar 30 Mar 2010 00:40 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 28 Nov 2009 02:46
Messages: 156
La Colonne de Granit



Les Cailloux Empilés




Agadesh, le soleil illuminant son visage, se réveilla paisiblement. Il avait déjà certes passé des nuits sur des couchages plus agréables, mais il avait au moins dormi sans se réveiller jusqu'à l'aube, ce qui était déjà bien assez.

Il s'assit sur son couchage et s'étendit dans un craquement d'os conséquent. Le bratien à ses côtés était toujours endormi. C'était toujours ça qui n'avait pas profité de la nuit pour l'égorger ; le lykior était donc digne de confiance.

Cependant, une chose le gênait à ses pieds. Quelque chose de doux et de chaud se faisait sentir par-delà la peau de bête. Il ne l'avait pas vu jusque là car un jeu de pli l'en empêchait. C'était un camïu ! Pas n'importe lequel, c'était celui de la veille, celui-là même qu'il avait tenté de chasser en vain. Cette stupide bestiole ayant un grand besoin de chaleur, comme toute bête du désert et elle avait dû venir se réchauffer cette nuit auprès d'eux et de leur feu !
Agadesh prit la bête brusquement par la peau arrière du cou. Le camïu soudainement réveillé lâche un faible couinement en se débattant farouchement sans succès. Extraordinaire, voilà que le déjeuner se chassait tout seul !
Mais avant toute chose, le lykior s'était montré si curieux par rapport aux animaux du désert qu'Agadesh se décida aussitôt de lui montrer.

Il réveilla le bratien en secouant son bras :
"Enki, réveillez-vous Enki, je viens d'attraper quelque chose qui vous intéressera surement !"

Le bratien se bougea mollement, avant de regarder la bête couinante qu'Agadesh lui mit sous les yeux :
"Regardez donc, j'ai entre mes mains un de ces fameux camïus dont je vous ai parlé hier !"

Le lykior, à cette nouvelle, se montra directement très excité et oublia aussitôt toutes ses somnolences. Il sortit son carnet de croquis et son crayon avant de se mettre à dessiner fébrilement la bête.
"Formidable ! Mais... Où l'avez-vous trouvé ?"

"Hé bien, aussi étonnant que cela puisse paraître... A mes pieds ! Il dormait juste là, il devait chercher un peu de chaleur... Mais ce n'est pas la première fois que je le vois, il me suit depuis que j'ai quitté le désert, je ne sais pas pourquoi... Vous avez fini de le dessiner ? Je vais vous montrer, grillé le camïu c'est un met délicieux !"

"Non attendez, attendez. Non pas que je doute de vos talents culinaires, mais vous voulez vraiment le faire griller, maintenant ?"

"Oui, pourquoi pas ? Cela nous fera de la viande séchée pour le voyage !"

"Hé bien premièrement parce que je trouve personnellement que faire un feu dès l'aube n'est pas forcément pertinent ; d'ailleurs je n'ai pas particulièrement faim et puis pour le symbole..."

"Pour le symbole ? Que voulez-vous dire ?"

"Et bien, en y réfléchissant un petit peu, cet animal c'est un peu vous. Vous dites qu'il vous suit depuis le début. Je ne sais pas ce qui l'anime à se comporter d'une telle manière, mais c'est certainement qu'il y a une raison puisque vous me dites que ça ne vit que dans le désert, n'est-ce pas ?"

"Effectivement. Ils dorment sous le sable le jour et chassent les insectes et les petits rongeurs enfouis sous le sable la nuit. Leurs vies entières tournent autour du sable, alors je vois mal comment un camïu pourrait vivre dans vos forêts."

"Tout cela ne fait que renforcer le symbole. Comme vous, cette bête est perdue, ici, loin de son foyer et de ses repères. Pourquoi avez-vous quitté le désert, vous qui ne connaissez rien à ce qu'il se passe en dehors ? Je ne sais pas et honnêtement je m'en moque, mais cela m'étonnerait que ce soit de votre plein gré. Quelque chose vous a obligé à quitter le désert je présume. Pourquoi cet animal a-t'il quitté le désert pour vous suivre ? La réponse doit être la même. Tout ce que je vois, là, maintenant, ce sont deux êtres originaires du même endroit, dans la même galère, prêts à s'entretuer. Oubliez un moment que ce n'est qu'une bête. Pensez au fond et non pas à la forme. Vous ne voyez donc pas que cet animal n'est que votre reflet dans le miroir ? Avez-vous vraiment l'envie et le besoin de le tuer ?"

Agadesh resta penseur. Ce genre d'idée philosophique ne lui était absolument pas venu à l'esprit. Cette humanisation de l'animal ne lui serait jamais arrivé en tête tout seul. Il n'avait jamais même essayé d'imaginer les pensées et les réflexions que pouvait avoir un animal, tellement il était ancré en lui que les animaux aient un mode de pensée différent et impénétrable à l'homme. Mais Enki était dans le vrai : Tuer cet animal, c'était un peu comme s'il se tuait lui-même. Lorsque cette phrase lui vint en tête, il lâcha faiblement :
"Vous n'avez pas tout à fait tord..."
Il baissa aalors son bras au niveau du sol et en relâcha l'emprise de sa main sur le camïu, qui en profita aussitôt pour courir apeuré dans les herbes hautes.

Il resta silencieux quelques secondes avant de reprendre, comme désenvouté :
"Vous savez, relâcher un animal pour un sentiment est considéré comme un signe de faiblesse dans mon peuple. Cela veut dire que je considère mes émotions plus importantes que ma raison et mon instinct de survie. Ce genre de luxe n'est réservé qu'aux femmes et aux jeunes enfants, pas à un homme comme moi.
Ce n'est vraisemblablement pas de cette manière que l'on pense de part chez vous, je ne peux donc m'en prendre qu'à moi-même de vous avoir écouté. Cependant, je sais que je devrais me sentir humilié d'avoir fait une chose pareille mais ce n'est pas le cas... Pourquoi ?"


"Et bien peut-être est-ce simplement parce que vos sentiments vous ont démontrer que cela n'est pas nécessaire... Vous savez, Agadesh, il faut parfois plus de courage et de fierté pour écouter ce que dicte votre coeur que ce que dicte votre raison. Ce n'est pas un acte imbécile que vous avez fait là, c'est un acte humain."

"Soit. Mais je ne peux plus considérer ce camïu comme un simple animal après cela. Comment faire ?"

"Il suffirait de le baptiser."

"C'est une bonne idée. Alors que cela soit dit, cet animal n'est plus un bête camïu. Il est... Enkidu."

"Enkidu ? Pourquoi ce nom ?"

"Du, en dialecte du désert, veut dire protégé. Enkidu, ça se traduit par le protégé d'Enki."

"J'en suis honoré, Agadesh et je suis certain que le destin le remettra sur votre route bien assez tôt."

"Si cela est la volonté des dieux..."

Un silence s'imposa. Agadesh regarda longuement la direction de la fuite du renard du désert.

Le bratien respecta sa réflexion; il se voyait sur Agadesh un sentiment confus propre à toutes les véritables remises en question qu'il ne voulait pas interrompre.

Puis il se leva fièrement, le sourire aux lèvres. Le bratien se leva directement en le voyant faire.
"Enki de Jarvron, j'honore les ancêtres de vous avoir mis sur ma route. Durant le laps de temps que nous avons partagé, vous m'avez beaucoup appris et je tâcherais d'user de ce savoir à bon escient. Votre encyclopédie est un don que je protégerai farouchement, soyez-en certain. Je vous remercie encore de votre confiance et de l'hospitalité dont vous avez fait preuve envers moi, mais il est temps pour moi de quitter votre compagnie et de reprendre mon chemin."

"Les remerciements oraux sont inutiles, Agadesh. Le seul fait qui comptera vraiment pour moi, c'est que vous surviviez à ce monde que vous ne connaissez pas et, qui sait, peut-être nous recroiserons-nous un jour."

"Vous êtes un homme bon, Enki. Que la paix soit avec vous."

"Qu'elle soit avec vous aussi, Agadesh."

Agadesh avait déjà ramassé ses affaires et commencé à partir lorsqu'il se retourna brusquement :
"Oh et Enki, si durant votre périple dans le désert vous rencontrez mon peuple, le clan des Kel Attamara... Dites-leur bien qu'Agadesh est en vie et que son retour sera triomphal ou ne sera pas !"

Le bratien souria, comprenant que sa quête ne devait pas être commune :
"Je ferais passer le message, Agadesh, je vous le promet."

Dans un dernier sourire de reconnaissance, le sabre accroché à sa ceinture, la gourde en bandoulière, sa bourse de yus en poche et l'encyclopédie à la main, le fils du désert se remit en route, le coeur léger, vers Yarthiss.

La route fut aussi longue que la veille, mais il n'en démordait plus. Le problème de la nourriture et de trouver où dormir avant la nuit ne se posaient plus car Enki lui avait assuré qu'il serait arriver à Yarthiss avant celle-ci. Celui-ci avait su se révéler digne de confiance et lui avait même précisé le nom du lieu qui l'accueillerait contre quelques yus : L'auberge de l'au-delà.

Il se disait d'ailleurs, sans une certaine dose d'ironie :
*Du désert, je suis passé par << L'entre deux monde >> et me voilà en train de marcher vers << L'au-delà >>... Le destin est bien curieux de me mener vers des lieux aux noms si parlant...*

Il pensait aussi à devoir se prendre un sac où ranger ses affaires, car devoir tout porter éparpillé sur soi et à la main était assez inconfortable et assez gênant s'il avait à devoir se battre sans avoir le temps de s'en défaire et puis pour le chemin qu'il aurait ensuite à faire jusqu'à Tulorim il aurait besoin de trouver un bon couchage et de la nourriture. Il songeait aussi à ses habits varrockiens qui décidément ne lui convenait toujours pas et qu'il troquerait bien contre quelque chose de plus chaud. Il ne faisait pas particulièrement froid dans ces légères montagnes au climat méditerranéen, mais le fond de l'air, humide et frais n'était pas vraiment dans ses habitudes d'indigène du désert.

Outre ses pensées pour le futur proche, de plus en plus de signes de vie se multipliaient sur la route. Des clôtures en bois protégeaient à droit et à gauche des arbres fruitiers bien en rang qui devait appartenir à quelqu'un, chose qui lui fut certaine lorsqu'il vit un groupe d'une dizaine d'homme remuer la terre.

Le concept de champs n'était pas étranger à Agadesh. Sur les terres fertiles des oasis et aux abords du désert se faisait des cultures principalement de blé, de figuiers et de dattiers. La travailler ici semblait ne pas être très différent de là-bas, à la différence près que l'utilisation de bêtes de sommes semblaient bien plus utilisé ici.

De plus en plus d'habitations et de gens étaient présents. Il préférait pour l'instant faire profil bas. Les gens d'ici ne vivaient vraiment pas comme dans le désert. En même temps, la vie dans le désert se résumait à une perpétuelle quête de survie globale, à devoir lutter contre les éléments et les rebelles. En cette endroit, il ne manquait ni eau, ni nourriture et n'avait pas à beaucoup craindre des caprices de l'environnement. La majorité des hommes ne possédaient pas directement d'arme sur eux, ce qui laissait à deviner qu'ils n'étaient pas souvent la proie d'attaques.

Hors, la question qu'Agadesh se posait maintenant était :
*La plupart de ses hommes ne sont pas des guerriers, c'est évident... Mais je me demande, si la question de survie n'est pas leur principale préoccupation ici, qu'est-ce qui rythme leur vie ?*

La route se faisait plus respectable lorsqu'il arriva enfin en vue des murailles de Yarthiss. Ces murailles, bien plus grandes que celles qui protégeaient les quartiers royaux des Kel Attamara, le laissa pantois. La fin de la journée arrivait avec autour de lui un nombre conséquent de gens de tout âge, tout sexe et toute couche de la société qui allaient ou venaient de la ville. Des hommes en armures légères sur des chevaux faisaient leur ronde, des mulets conduits par la main de solides fermiers rentraient dans leurs enclos, de jeunes gens riaient aux éclats, une femme hurlait de colère sur son mari alcoolisé, deux compères de soixante ans étaient assis sur des chaises branlantes aux abord de la route en se faisant des messes basses, un malheureux adolescent toussait à n'en plus pouvoir, des paysans couverts de terre se dispersaient en se disant à demain et surtout, des gens qui marchaient seul ou en groupe, en tout sens. Cette ville avait l'air très peuplé, en tout cas bien plus que tout le clan Kel Attamara réuni.

Il continua le chemin en terre et finit par rejoindre les portes de la ville lorsqu'il entendit un couinement familier dans une ruelle latérale. C'était Enkidu. Le protégé d'Enki ne l'était plus à cette heure et était aux mains de deux gamins, certainement deux frères, qui ne devaient pas avoir douze ans. L'un d'eux, le plus jeune, était debout et coupait la retraite du petit animal qui tentait de se défaire sans succès de la traction de la queue effectué par l'autre. Un ciseau dans l'autre main, le sort qu'ils réservaient à l'animal était clair. La réaction d'Agadesh fut nette. Il posa son livre sur le devant d'une fenêtre, avança vers le garçon aux ciseaux, lui frappa dans la main pour qu'il se défasse de l'outil, le prit par le col et lui administra quelques claques assez violentes sans lui donner une once d'explication. L'autre s'enfuit sans demander son reste en criant à l'aide maternelle. Le bédouin ne se posa pas d'avantage de question ; il aurait fait de même pour n'importe quel fils des dunes en train de montrer un tel comportement. Et il est acquis pour tout le peuple des dunes que c'est ainsi qu'il convient de réprimander les enfants récalcitrants.

Il se baissa vers la bête qui était resté immobile durant ce sauvetage inattendue. Il l'assena d'une petite caresse se voulant rassurant et il n'en fallut pas plus pour qu'Enkidu saute volontiers dans les bras ouverts d'un Agadesh sûr du bienfondé de son sens de la justice et qui était soudainement devenu sa plus grande chance de survie dans cet univers hostile et inconnu.

La mère, alertée par les cris du benjamin, arriva aussitôt en courant. L'aîné maintenant en pleur se réfugia aussitôt dans la jupe de sa génitrice, qui regarda l'auteur de cet affront avec un air colérique :
"Vous ! Qui êtes-vous ? Que faites-vous là ? De quel droit frappez-vous mon gosse ? Je vais appeler les gardes vous savez !"

Agadesh prit son air le plus furieux et lui cria :
"Silence, femme ! Votre enfant montrait une cruauté inutile et abrutie envers cet animal. Soyez reconnaissante de mon action, car c'est de cette manière que l'on empêche les enfants de devenir débiles et meurtriers, pas en les laissant faire ! Maintenant, à moins que votre chef de famille n'ai à me parler directement, je n'ai plus rien à vous dire. Vous avez déjà bien de la chance que l'on m'est expliqué vos coutumes car sachez madame qu'en d'autres lieux, je vous aurai sans nul doute déjà traité comme votre fils !"

La femme resta muette, abasourdi, ne semblant pas véritablement comprendre ce qu'Agadesh lui disait. Elle le prit pour un fou. Quelques quidams interpellés par la dispute dans la grand-rue regardaient la scène sans intervenir. Nul doute que le sabre à sa ceinture y était pour beaucoup.

Agadesh, sans perdre plus de temps, récupéra son livre et quitta les lieux sans attendre la moindre réaction de la femme à son discours.

*C'est tout de même incroyable que les occidentaux ne sachent pas tenir leurs femmes et leurs enfants !*

Heureusement pour Agadesh, les menaces de la femme était superflues. Elle n'appela pas les gardes et se contenta de rentrer avec ses fils dans la cabane qui lui servait de maison en les réconfortant comme seule une mère sait le faire.

Agadesh pût ainsi rentrer dans la ville sans encombre. Les gardes aux portes de la ville le regardèrent longuement passer mais ne lui firent au final aucune histoire.

Ça y était, il était dans Yarthiss.



Les Pierres de Taille

_________________

Playlist d'Agadesh

Quand on voyage vers un objectif, il est très important de prêter attention au chemin.
C'est toujours le chemin qui nous enseigne la meilleure façon d'y parvenir, et il nous enrichit à mesure que nous le parcourons.

--------------------
Paulo Coelho, Le Pèlerin de Compostelle


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Yarthiss et le Désert de l'Est
MessagePosté: Dim 25 Avr 2010 22:33 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 14 Avr 2010 19:28
Messages: 270
Localisation: ath
Chapitre1 : Oublier le passé
Précédent :surprise!
Partie 4 : Nouvelles révélations

L’idée de se venger sur ceux qui avaient détruit sa vie emplissait Spectre d’une telle haine, d’une telle colère, qu’il ne parvenait à se calmer qu’au moment ou il arrivait à la cache dont Achmed lui avait parlé. Elle était cachée dans un petit bosquet, dans un creux du paysage au nord de Yarthiss. Il fallait vraiment savoir qu’elle était là pour la trouver. Mais lorsque Spectre essayai de déloger la pierre, un nouveau problème eut lieu :

(Cette maudite pierre refuse de bouger. Peut-être faut-il actionner un mécanisme caché pour ouvrir la cache. Tiens, sur la bague d’Achmed, il y avait un point au centre du cercle, alors qu’ici cela n’est pas le cas. Et si j’essayais d’appuyer là ou le point devrait être.)

Un léger clic vint confirmer les soupçons de Spectre. La pierre bascula et révélât quelques marches qui s’enfoncèrent dans les ténèbres. Jetant un coup d’œil autour de lui, Spectre vit que les aurores n’étaient plus très loin.

( Je n’ai plus le temps de retourner à la cachette que j’avais prévu pour cette nuit. Bon, je n’ai qu’à utiliser cette cache pour la journée. Ça m’étonnerait qu’on la trouve. Voyons voir cet équipement)

Il entra dans la caverne et distingua une lanterne sur sa droite, ainsi qu’un briquet d’amadou. Il alluma la lanterne et put pour la première fois bien observer la caverne. Au fond il pût observer une rivière souterraine. Apparemment, la cache était le résultat d’un éboulement provoquée par une crue de la rivière. Sur la droite étaient alignés plusieurs sacs contenant des objets que Spectre ne pût pas distinguer. Sur une table au centre était disposé l’équipement dont lui avait parlé Achmed. Finalement, sur la gauche était disposée une paillasse. La première chose que fit Spectre fût d’inspecter la table.
Achmed avait pensé à tout : une tente pour se protéger du soleil le jour, des outres d’eau, des vivres, une tenu en fourrure pour résister au froid nocturne, une boussole, un sac pour transporter le tout… Jetant un coup d’œil sur la carte, il vit que le trajet jusqu’au désert allait lui prendre 3 nuits, et une de plus pour atteindre le palais. Ayant terminé son inspection, il décida d’aller se coucher. Sur la paillasse, un petit paquet était disposé. A l’intérieure, Spectre trouva une paire de long gants noirs, ainsi qu’une note :

« La prochaine fois, sois plus sur tes gardes, les vêtements ne poussent pas sûr les arbres. Achmed »

Spectre se coucha rapidement, mais il restait encore longtemps éveillé, à méditer sur l’étendu des pouvoirs magiques d’Achmed.

-Journée-

Lentement, Spectre émergea des brumes du sommeil. Il n’avait pas bien dormi, mais cela n’avait rien d’exceptionnel. Il était souvent tourmenté par des cauchemars. Parfois il revoyait sa sœur Laila, tuée par son mari la nuit de leurs noces. Parfois, c’était son père qui le frappait encore et encore, sans comprendre pourquoi il avait engendré une telle abomination. Cette nuit, il avait rêvée du soleil et des longues heures qu’il avait du endurer sa morsure acérée. Il se leva difficilement, et commença à rassembler l’équipement qu’Achmed lui avait préparé. Tout à coup, il vit un bout de papier qui dépassait de l’un des sacs. Il s’agissait d’une lettre, de la part d’Achmed, mais qui n’était pas adressé à Spectre. Il l’ouvrit et commença à lire. Achmed lui avait appris cette discipline quand il l’avait recueillit, en même temps qu’il lui avait enseigné l’art du crochetage et du déguisement.

(Tiens, tiens…. Soldats prêts à intervenir… Espions infiltrés… Poison parti…. Apparemment, Achmed est à la tête d’une organisation qui cherche à envahir le désert de l’est. Je me demande bien pourq…)
Spectre sentit son cœur se geler. Son œil était tombé sur les dernières lignes de la lettre :

(Faites en sorte que les gardes royaux attraperont notre voleur, si possible après qu’il a fini son boulot. Des documents cachés dans son sac feront penser qu’il s’agit d’un agent de la milice de Yarthiss.)

Spectre se retourna lentement, et prit son sac. Il l’ausculta, et sentit plusieurs objets cachés dans le tissu. Sortant sa dague, il l’éventra. A l’intérieure, il trouva un faux ordre de mission, quasi identique à ce que lui avait dit Achmed, marquée avec un symbole qu’il avait déjà vu en ville: un bouclier bicolore vert et rouge, frappée d’une paire de ciseaux et d’un ancre. Spectre déchira touts les documents, y compris la lettre, sous un coup de colère. Il prit l’un des sacs alignés contre le mur, et le vida sur le sol. Il ne contenait rien d’autre que des herbes séchées. Il mit tout l’équipement dans le sac et se dirigea vers la sortie. Au moment où il sortait, il fût frappé par le dernier rayon du soleil. Un incendie de douleur se déclencha dans son cerveau. Il recula dans la caverne. Rendu moitié fou par la douleur et la colère. Il aspergea tout dans la caverne d’huile venant de la lanterne et y mit le feu. Satisfait de son travail il quitta la caverne et se dirigea vers l’est.

(D’abord, je vais régler mes affaires de famille, et ensuite, je reviens pour Achmed. Et quand j’en aurai fini avec lui-même Phaïtos ne le reconnaitra plus.)

Il commença à courir, de plus en plus vite, tel était sa colère. Les montagnes défilèrent sur sa droite, tels des fantômes gardiennes dans un monde de brume. De plus en plus vite, jusqu'à ce qu’il ne fût plus qu’un trait mortel, tiré depuis l’arc d’un dieu vengeur. Si Spectre avait pu réfléchir à autre chose que cette haine qui le consumait entièrement, il se serait rendu compte qu’il allait à une vitesse impossible pour un être humain. Mais maintenant, tout son être était focalisé sur une seule idée : la vengeance. Et ce n’était qu’aux derniers contreforts de la montagne qu’il ne ralentissait. Il se sentait épuisé, comme ci son âme s’était partiellement détachée de son corps. Avec ses dernières forces, il se traina dans une crevasse, et y tomba dans un sommeil profond, seulement dérangée par la dernière vision qu’il eut : une immense étendu de sable, indissociablement lié à de la souffrance dans l’esprit de Spectre.

Spectre eut l’impression de flotter. Il se retourna, et vit son corps, étendu en-dessous de lui. Pendant quelques instants, il contempla son corps. Bizarrement, il ne sentait ni frayeur, ni angoisse. (((Le ki, que Spectre à utilisé en courant à une vitesse incroyable, représente l’énergie tiré de son âme. En épuisant ses points ki, un guerrier risque de voir son âme séparé de son corps à tout jamais))) Puis, il sentait qu’une force lointaine l’entrainait. Il se laissait flotter et vit le continent défiler en-dessous de lui. Il put toucher les cristaux de neige sur les sommets des montagnes, il vit une ville magnifique, caché sous la montagne et une ville noire, d’où lui montaient les cris de souffrance d’innombrables esclaves. Puis il vit un désert, pas celui dans lequel il avait vu le jour, mais un autre, différent et identique en même temps. Il ralentissait, et vit un immense bâtiment, d’où lui venait un sentiment de mort et de renouveau. Il se sentit aspiré à l’intérieure de ce lieu, et ce stabilisa devant un être, tellement vielle que toute ressemblance avec un être humain ne semblait être qu’un produit de l’imagination. Mais dans cet état, Spectre distingua bien plus qu’un humain normal. Pour lui, l’Ancien était entourée d’une aura immense, de toutes les couleurs. Il émanait de lui une lente pulsation de pouvoir, comme les battements du cœur d’un monde. Puis l’Ancien prît la parole, et chacun de ses mots fut aussi puissant que le verdict du jugement dernier :

« Nous t’avons suivi longtemps, homme mort. Nous avons assisté à chaque étape de ta vie. Notre dieu nous avait prédit la venue d’une arme mortelle, capable de déceler l’injustice et de distribuer la mort. En toi, nous avons reconnu ce vecteur de puissance. Poursuis ta quête de vengeance, car sans vengeance, la justice ne peut exister, tout comme le bien dépend du mal pour exister. Mais après, ton chemin te mènera jusqu’à nous, car ton destin est ici. Poursuit le, et le monde tremblera. Mais écarte-toi du chemin qui t’est prédestiné, et tout ce que tu chéris sera détruit par le fer et par le feu. »

Sur ce l’Ancien fit un mouvement minuscule, et un éclair de lumière blanche aveugla Spectre…


Spectre s’éveilla dans la caverne ou il c’était endormi. En observant la faible lueur qui entra dans la caverne, il déduit qu’il devait être autour de 10 heures du matin. Ne voulant pas s’exposer au soleil, Spectre décida de se reposer jusqu’au soir. Mais il médita encore longtemps sur le rêve troublant qu’il venait d’avoir.



(((Suite: un changement dans l'ordre des choses )))

_________________
Image
Spectre, Homme des dunes, voleur

On m'a torturé, brulé, meprisé et pourchassé.
Maintenant je reviens.


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Yarthiss et le Désert de l'Est
MessagePosté: Sam 7 Mai 2011 11:42 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 15 Nov 2010 10:09
Messages: 104
Localisation: Auberge de Tulorim
Azdren s'affala dans l'herbe rase, complètement épuisé, tandis que Parnalia faisait de même à son côté. Malgré leur état, ils avaient pris la peine de s'éloigner un tant soit peu du sentier reliant le territoire de la cité de Yarthiss à l'entrée du désert d'Imiftil, se sachant âprement recherché par tout ce qui portait une robe noire à des lieues.
Les deux comparses avaient pourtant eu la main heureuse jusqu'ici pour échapper à toute recherche, bien qu'ils ne fissent guère d'efforts pour cela : leur sortie du temple de Thimoros, la relique tant convoitée en poche, s'était faite sans anicroche et Parnalia avait récupéré les sacs contenant leurs possessions qu'ils avaient dissimulés à l'entrée de l'anfractuosité qui menait au maléfique édifice.
On pouvait peut-être passer sous silence que la Sekteg qui s'était fait la malle avec la Lyikor avait profité de la faveur de la nuit pour s'éclipser en emportant une partie du contenu de leurs sacs. Azdren l'avait senti venir comme un coup de marteau de guerre de face, mais n'avait pas cru bon de prévenir sa partenaire trop occupée à célébrer des adieux poignants avec la petite voleuse verte. Vu sous un certain angle, on pouvait estimer que ce n'était qu'une juste compensation pour les tortures immondes qu'elle avait dû subir dans le temple... et elle avait au moins rendu la relique à la jeune femme-louve avant de disparaître.
Après cet épisode navrant, ils avaient vaille que vaille tenté de rallier l'entrée du désert malgré l'absence quasi-totale de lumière lunaire capable de les guider... ce qui en définitive força l'humain et la lyikor à avancer presque à l'aveuglette, fouettés par des rafales de vent glaciales.
Heureusement, ils y parvinrent au lever du soleil, sans qu'une malédiction antique soit lancée contre eux par les prêtres et sans entendre les exclamations d'une armée de fanatiques en goguette les talonnant. De fait, à peine les deux comparses eurent-ils posé le pied et la patte hors du sable qui commençait à s'échauffer, que celui-ci agité par d'imperceptibles souffles d'air, signe que n'importe quel nomade peut associer à l'imminence d'une tempête de sable.
Azdren ne savait pas si cela stopperait net la ferveur de ses confrères religieux, mais il n'était pas douteux que cela les ralentirait suffisamment pour laisser le temps à sa compagne de voyage et lui de prendre une avance confortable, voire de joindre la ville de Yarthiss et de se fondre dans la masse.

En attendant, Azdren et sa compagne de voyage se retrouvaient allongés dans l'herbe après une dure journée de marche... et nous parlons de marche parce que le fanatique était strictement incapable de courir et qu'il avait même dut se servir de la crosse de prêtre télescopique pour soulager légèrement ses membres ankylosés par ses anciennes blessures et l'effort magique déployé la veille pour éviter de succomber au vampirisme de la fausse relique qui avait coûté la vie à tous les dignitaires du temple.
Détail appréciable, il n'avait pas senti la présence du spectre de sa sœur pendant toute la journée, ce qui devait signifier qu'elle était en train de patrouiller autour d'eux pour vérifier l'approche d'éventuels poursuivants. De fait, tant qu'elle ne se manifesterait pas à lui, c'est qu'ils seraient en relative sécurité.

Ayant retrouvé un second souffle, Azdren se redressa un peu et ôta de ses épaules son sac pour le poser à côté de lui. Il était tellement las... et l'euphorie d'être parvenu à sortir vivant de ce trou à rat en compagnie de la lyikor, en un seul morceau qui plus est, ne suffisait pas à lui mettre du baume au cœur. Tant de choses pouvaient encore advenir avant qu'ils ne parviennent à rejoindre l'académie de magie de Tulorim : quatre jours, il leur faudrait au moins quatre jours pour rallier la grande cité à condition de ne pas s'arrêter à Yarthiss.
Quel était le meilleur pari ? Se reposer même l'espace d'une demi-journée dans la ville lacustre leur permettrait d'accélérer le pas par la suite, mais c'était prendre le risque que les prêtres fassent appel à leur contacts pour les traquer et les assassiner.
Non, mieux valait...
Son regard à la dérive finit par se poser sur la silhouette fine et musclée de la lyikor étendue près de lui. Elle aussi semblait apprécier ce moment d'accalmie après avoir côtoyé l'horreur la plus infâme et elle se donnait à présent aux caresses du soleil couchant. Il y avait quelque chose de profondément émouvant à voir cette femelle jeune et si pleine de vie se teindre d'or sur l'herbe jaunie.
Bien sûr, le fait que seules quelques lanières de cuir retiennent ses charmes naturels, et en particulier une arrogante poitrine, n'y était pour rien. Se rendait-elle compte de l'effet qu'elle produisait sur le fanatique ? Difficile à dire.
Azdren se morigéna pour ces pensées qu'il trouvait d'autant plus impures qu'il considérait avec dégoût son propre corps brûlé et couturé de cicatrices... à quoi bon se mettre martel en tête pour de simples fantasmes ?
Dans l'espoir de calmer son trouble, il détourna le regard, enleva son masque de bois blanc et fit basculer son capuchon en arrière, offrant à son tour la peau glabre et desséchée de sa tête à la caresse du vent et des derniers rayons du soleil.

Oublier pendant quelques instants ses plans, ses troubles, ses complexes... simplement profiter du moment présent, était-ce trop demander ?
Demain viendra toujours beaucoup trop tôt.
Le regard du fanatique glissa à nouveau sans qu'il s'en rende compte sur les pattes puissantes et arquées de la lyikor, magnifiques tentation de ce qui lui avait toujours été refusé. Demain viendra toujours trop tôt.

_________________
Azdren, fanatique ynorien
Deux âmes pour une vie

Image Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Yarthiss et le Désert de l'Est
MessagePosté: Lun 9 Mai 2011 01:45 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 26 Jan 2011 16:17
Messages: 84
Parnalia n'était pas mécontente de cette halte bien méritée : Azdren et elle avaient avancé autant qu'ils avaient pu pendant la journée, mettant le plus de distance possible avec les prêtres de Thimoros qui ne tarderaient sûrement pas à les poursuivre comme autant de chiens enragés.
Ils avaient commencé par traverser le désert glacé d'Imiftil pendant la nuit en profitant de la faible clarté lunaire, dont l'atmosphère avait ragaillardi la jeune femme-louve et lui avait permis de soutenir de temps à autre le fanatique qui s'appuyait beaucoup sur la crosse télescopique noire qu'elle lui avait trouvé dans l'antre de Thimoros. L'homme avait eu l'air de beaucoup peiner, comme si les évènements qui s'étaient déroulés dans le temple l'avaient vidé de presque toute son énergie.
Il avait néanmoins continué à avancer sans prendre de pause et sans émettre davantage que de simples grognements lorsqu'il devait par exemple monter à l'assaut d'une dune ou marcher longtemps sur un sol caillouteux.
Cette fuite au ralenti, qui se déroulait dans un décor si désolé, avait quelque chose de surréaliste... surtout du fait du mutisme du fanatique qui préférait préserver ses forces au maximum. Un comportement dicté par la survie que la lyikor ne pouvait qu'approuver, même si elle estimait qu'elle aurait dû davantage aider son partenaire, étant la plus reposée d'entre eux.

L'aube s'était levée avec leur sortie du désert, provoquant comme par enchantement derrière eux l'apparition d'infimes souffles d'air qui commencèrent à caresser les dunes de sable et de rocaille. Parnalia ne pouvait pas deviner qu'il s'agissait là du signe précurseur de l'apparition d'une tempête qui obligerait hommes et bêtes à se cacher pendant des heures, voire des jours. Elle ne dit donc rien à Azdren et le laissa poursuivre la marche à son rythme, dressant attentivement ses oreilles triangulaires, à l'affut du moindre bruit de poursuite dans leur dos.
C'est à peine si il y eut une pause lorsque le soleil fut à son zénith, où elle se contenta de sortir une tranche de viande séchée de son paquetage et de mordre avidement dedans tout en continuant à marcher. Après tout, les rations de voyage servaient à cela, n'est-ce-pas ?

Le repos n'advint qu'a la tombée du jour, lorsque le ciel chargé de nuages paresseux commença à se teinter d'or et de pourpre : Azdren s'éloigna insensiblement du sentier qu'ils n'avaient cessé de suivre, puis s'assit lourdement sur l'herbe rase une fois qu'ils ne furent certains de ne plus être visible depuis la piste.
Si la lyikor était courbaturée de partout après cette journée d'efforts, l'humain semblait quant à lui exténué, comme en témoignait la respiration saccadée perceptible à travers son masque et sa silhouette plus voûtée qu'a l'ordinaire.
Elle décida de se reposer également un peu, estimant qu'une pause ne coûterait rien avant de sortir les provisions pour le dîner, et s'allongea à son tour sur l'herbe jaunie.
Sur le dos, elle laissa son corps presque nu et recouvert de fourrure se régaler des derniers rayons solaires en gardant la truffe levée et les yeux mi-clos. Une attitude démontrant sa sérénité mais qui était rendue légèrement comique par sa longue langue pendante qui trahissait sa soif.
Après un moment passé dans cette reposante méditation, la jeune femme-louve entendit un léger bruit et se tourna du côté de son compagnon. Celui-ci venait d'ôter son masque et de retrousser sa capuche, mettant au jour son visage brun et glabre dont le regard semblait glisse doucement, douloureusement sur le corps de la Parnalia.
La lyikor n'avait jamais vu de regard à la fois aussi mêlé de désir que de tristesse, voire de détresse... à quoi pouvait penser l'humain en cet instant ?
Lorsqu'ils avaient fait le chemin à l'aller, il lui avait avoué ne pas avoir de famille, d'ami ou de compagne, mais qu'il ne le regrettait pas. Était-ce seulement possible ? Pouvait-on réellement vivre dans une telle solitude, une telle détresse ?
Peut-être...
Peut-être était-ce pour cela qu'il lui lançait ce genre de regard ?
Un désir d'affection ? Cela était plausible, rien qu'a cause du fait qu'il transportait avec lui un fragment du corps d'un membre de sa famille. Cela en disait long sur le sujet...
Un sentiment de pitié mâtiné de curiosité quant à la perspective de constater les ravages que le feu avait opéré sur cet homme naquit dans le coeur de la lyikor, qui sans un mot vint se blottir contre le fanatique noueux et posa une main griffue sur le torse décharné. Elle ne ferait pas un geste de plus, au fanatique de lui faire comprendre si elle avait l'autorisation de pénétrer dans son intimité charnelle, et donc sentimentale ou non.

_________________
Parnalia, mage Fujonienne

Un monde si grand et si vaste... comment s'y sentir seule ?


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Yarthiss et le Désert de l'Est
MessagePosté: Mar 10 Mai 2011 10:27 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 15 Nov 2010 10:09
Messages: 104
Localisation: Auberge de Tulorim
Azdren avait détourné le regard du corps fuselé de sa compagne de voyage étendue. Ce n'était pas le moment de penser à cela : il devait reprendre des forces, imaginer la meilleure stratégie pour contourner Yarthiss et rallier Tulorim sans que cela paraisse louche, il devait... il devait...
Il perçut un mouvement sur son côté droit, puis sentit une chose revêtue d'une fourrure douce se blottir contre son flanc ascétique et une nuque qui l'était tout autant se poser sur son bras étendu.
Les sens en émoi, le fanatique refusa pourtant de céder à cette impulsion primaire qui le commençait à le fouailler : celle de prendre la lyikor dans ses bras et de la laisser partager avec lui ce dont il avait toujours manqué depuis la mort de sa famille il y a tant d'années. Il ne le pouvait pas, il ne pouvait montrer son corps scarifié et brûlé à sa compagne. Il était à présent à peine un homme, simple souvenir moribond du jeune forestier plein de fougue qu'il avait été.
Il était passé par l'épreuve des flammes, de la perversion humaine, du sadisme divin... et que restait-il de lui sinon une pauvre silhouette en robe noire se cachant derrière un masque blanc, poursuivant désespérément un rêve dont il transportait les cendres en permanence ?
Qui pouvait désirer un individu tel que lui ?

Pathétique.

Le voix chaude et familière qui avait caressé son esprit était empreinte d'un sarcasme à couper au couteau.

Irelia...

Tu n'es qu'un sombre idiot, mon frère.

Mais, enfin, je...

Tu n'as rien à dire. Parnalia est encore choquée par ce qu'elle a vu dans le temple et elle a besoin de réconfort. La seule façon qu'elle connaisse d'exprimer explicitement ce besoin est celle-ci. Accepte-là.

Je ne veux pas que l'on veuille de moi par pitié.


Idiot. Il ne s'agit pas de pitié mais de compassion. Cette lyikor n'est pas du genre à ouvrir ses bras à n'importe qui. Je l'ai vue dans le temple : téméraire, sensible, forte... elle ne se moque pas de toi. Accepte-là.

Comme en réponse à l'injonction mentale de la défunte sœur d'Azdren, Parnalia lui posa silencieusement une main griffu sur le ventre. Un geste loin d'être explicite en lui-même, mais qui avait le mérite de souligner le sous-entendu de leur position.

Juste par curiosité... tu ne m'incites pas juste pour te rincer l'œil ?


Voyons Azdren, comment peux-tu penser cela ? Oublies-tu que je suis morte vierge et innocente quant aux jeux du Tendre ?

L'argument n'était pas très probant, mais le fanatique n'avait pas envie de se battre avec sa sœur sur le sujet. Vaincu, il se mit sur le flanc, une expression neutre sur le visage. Il savait d'expérience que ses sourires pouvaient se révéler perturbant pour son interlocuteur... et de toute façon il ne pouvait encore se départir d'une certaine réserve. Fixant la lyikor qui reposait toujours sur le dos, les yeux mi-clos, il tendit sa main décharnée et lui caressa maladroitement la joue avant de déposer un baiser respectueux sur son épaule gauche.
Une manière délicate d'exposer ses intentions, mais qui lui permettrait de se retirer prestement si sa compagne changeait d'avis au dernier moment.
Une petite rire se fit entendre dans un coin de son esprit, il l'ignora.

_________________
Azdren, fanatique ynorien
Deux âmes pour une vie

Image Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Yarthiss et le Désert de l'Est
MessagePosté: Mar 10 Mai 2011 15:29 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 26 Jan 2011 16:17
Messages: 84
[:attention:] Ce post est à connotation sensuelle et sexuelle... what else ? [:attention:]

Parnalia put presque sentir le conflit intérieur qui ravageait l'esprit d'Azdren... quoi de plus normal ? Le fanatique avait souffert plus souvent qu'à son tour, d'abord de la mort de sa famille et de ses cicatrices, puis de l'éducation qu'il avait reçu dans un temple de Thimoros. Et les images que celui du désert d'Imiftil avait gravé dans sa mémoire ne pouvaient que la pousser à éprouver de la compassion pour son compagnon : scarification rituelles, cadre macabre, célébration de la mort sous tous ses aspects... pas étonnant que les adeptes de ce dieu ne connaissent plus la valeur d'une vie !
Mais Azdren était différent : un esprit fort, sur lequel la raison avait davantage posé son empreinte que les pensées morbides. Et même s'il elle le surprenait parfois à jeter des coups d'œil rapides dans le vague et à marmonner tout seul, elle ne pouvait pas s'empêcher de le trouver rassurant, comme un arbre au milieu d'une plaine offrant un abri contre la pluie battante.
Dans le temple, l'homme avait su se montrer rassurant, malgré le danger de leur situation, aussi bien par des mots que par des gestes. Ils s'étaient mutuellement fait confiance, et ils avaient eu raison : la lyikor était revenue avec une moisson d'objets magiques et l'objectif de leur intrusion, et Azdren avait contribué à purifier une partie de cette antre maléfique. De cela elle lui était reconnaissante.

Elle sentit le fanatique se retourner et le laissa lui caresser la joue et l'embrasser délicatement sur l'épaule. La tendresse et la maladresse dont faisaient preuve cet homme mûr ne le rendaient que plus touchant... peut-être n'avait-il jamais célébré l'ode à la Mère auparavant ? Cela serait pour le moins étonnant, surtout d'après ce qu'elle avait compris des mœurs humaines au cours de ses pérégrinations.
Enfin, elle s'en rendrait compte par elle-même.
La jeune femme-louve se mit elle aussi sur le flanc et fixa son compagnon droit dans ses yeux jaunes où elle lut un atroce mélange de désir, d'hésitation et de peur.
Elle lui sourit et, l'enlaçant doucement, l'embrassa aussi tendrement que possible en tentant de faire coïncider son fin museau d'albâtre avec les lèvres craquelées de son partenaire, lequel ne sembla pas protester contre le traitement.
Elle poursuivit sa campagnes de doux baisers sur tout le visage du fanatique, goûtant avec délectation sa peau tannée et salée, puis saisit dans ses mains l'une de celles de son partenaire. Elle la cartographia de sa langue vivace, détaillant chaque crevasse, chaque articulation de la peau tendue, un contact râpeux destiné à réveiller les nerfs qui sommeillaient quelque part en-dessous et les convaincre de s'ouvrir à la douceur.
Parnalia ne prétendait pas venir à bout de la résistance du fanatique aussi aisément, surtout si celui-ci faisait preuve de timidité, mais elle se doutait que les mâles devaient réagir de la même façon, quelle que soit leur race. Elle décida donc de jouer un peu avec lui pour faire monter son désir.

La jeune femme-louve posa à nouveau ses mains griffues sur les épaules d'Azdren, comme pour l'enlacer à nouveau... et le poussa pour le faire tomber sur le dos. Dans le même mouvement, elle se jeta sur lui et s'assit à califourchon sur ses hanches, offrant une vue splendide de sa poitrine tout juste retenue par quelques lanières de cuir et appuyant ses mains dans l'herbe de part et d'autre du torse du fanatique.
Lequel était à présent proprement cloué au sol.
Un grand sourire aux lèvres, la lyikor commença à faire onduler ses hanches contre le bas-ventre de l'humain qu'elle fixait d'une façon quasi-hypnotique, attendant de provoquer suffisamment de remue-ménage là dessous pour passer à la suite des hostilités. La faim due à cette journée de marche ajoutée à sa soif de sensations fortes lui fit légèrement retrousser les babines dans une attitude prédatrice.

- Tu m'as montré comment les fanatiques priaient ton dieu... je vais te montré comment les membres de mon peuple vénèrent la Mère et le Père.

Ce qui n'était pas tout à fait vrai, mais ce qui n'empêcha pas Parnalia de faire ondoyer son corps contre celui du fanatique avec une ardeur accrue, sa queue soyeuse battant l'air derrière elle comme un étendard de victoire.

_________________
Parnalia, mage Fujonienne

Un monde si grand et si vaste... comment s'y sentir seule ?


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Yarthiss et le Désert de l'Est
MessagePosté: Mer 11 Mai 2011 01:55 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 15 Nov 2010 10:09
Messages: 104
Localisation: Auberge de Tulorim
[:attention:] Ce post est à connotation sexuelle et sensuelle, esprits bien-pensants, passez votre chemin ! [:attention:]

Azdren attendit la réaction de la lyikor, les yeux brillants et le cœur battant puissamment dans sa poitrine. Avait-il mal interprété les signes qu'elle lui avait donné ? S'était-il laissé flouer par la volonté de sa sœur défunte ? Le doute commençait à faire le chemin dans son cœur desséché... mais se tut lorsqu'elle roula à son tour sur le flanc, le fixa d'un air doux pendant un temps infini et l'enlaça. Les babines prolongeant le fin museau de la femme-louve rencontrèrent ses lèvres desséchées, rafraîchissantes et sincères. Une fine langue râpeuse et curieuse s'infiltra un peu dans sa bouche et joua avec la sienne pendant quelques instants d'éternité avant de se retirer.
Le fanatique, qui n'avait jamais connu de contact aussi intime et profond, s'était laissé faire, et continua quand sa partenaire l'embrassa joyeusement sur les joues, le front, les paupières... aucune parcelle de son visage n'échappa au museau inquisiteur de la femme-louve, le chatouillant délicatement de sa truffe humide.
En proie à une véritable angoisse existentielle, Azdren ne savait pas comment régir, et tentait vainement de trouver quoi faire de ses dix doigts... jusqu'à poser ses mains sur les épaules douces et poilues, qu'il caressa machinalement.
Mais cela ne dura pas, car elle ne tarda pas à s'en saisir pour les lécher sensuellement, avec une grande application comme si elle cherchait à faire renaître des sensations dans ses membres tannés. Le contact de cette langue râpeuse et de la salive fraîche de Parnalia sur les ampoules qu'il s'était infligé en s'appuyant lourdement sur sa crosse de prêtre durant la marche lui faisaient l'effet d'un baume bienfaisant. Mais il ne savait toujours pas comment réagir à ces marques d'affection.

Ce fut au moment où elle lui posa à nouveau les mains sur les épaules en faisant mine de l'enlacer à nouveau en lui jetant un drôle de regard que le fanatique comprit que les choses sérieuse allaient commencer.
Ce fut donc avec surprise qu'il se sentit poussé brusquement en arrière et qu'il retomba sur le dos telle une tortue affolée. Il n'eut cependant pas le temps de se demander le pourquoi du comment, car la lyikor se jeta aussitôt sur lui pour le chevaucher, une expression gourmande sur le visage. Elle était à présent assise à califourchon sur son bas-ventre sans pour autant l'écraser, sa queue touffue battant de droite à gauche dans l'air lourd de cette fin d'après-midi. C'est alors qu'elle commença à se trémousser de façon lascive, se frottant de temps à autre contre la partie sensible d'Azdren, laquelle commença à réagir comme celle de n'importe quel mâle dans une situation analogue. Lui qui était persuadé qu'elle était devenue insensible avec le temps... mais le frottement du bas-ventre de Parnalia contre le sien, même à travers le tissu sombre de son ombre, avait suffit à le sortir de son hibernation.
Ses mains griffues commençant déjà à labourer le sol par anticipation, la lyikor passablement excité attendait une réaction du fanatique, qui était plus paniqué qu'autre chose par ce changement de position subit. Être ainsi dominé n'était pas franchement pour lui plaire... alors son instinct prit le dessus : les pommettes empourprées, il se démena pour faire remonter son aube noire par-dessus sa tête et demeurer uniquement vêtu de son pagne déjà malmené par l'agitation qui régnait à l'intérieur. Davantage par réflexe que par autre chose, il porta ses mains à la poitrine de sa partenaire et la débarrassa de son harnachement de ficelles de cuir. L'une de ses serres brunes se posa ensuite sur l'hémisphère ronde et douce qui était la plus proche, tandis que la seconde se posa sur une hanche couverte de fourrure pour l'inciter à descendre sur la virilité à présent dressée du fanatique.
Lorsque cela se produisit, l'homme ne put que laisser échapper un grognement de plaisir et de soulagement à peine humain, qui se répétât au fur et à mesure que se multipliaient les va-et-viens de la lyikor contre lui. Ce qu'il ressentait à l'instant dépassait tout ce qu'il avait déjà pu éprouver dans ses rêves les plus fous ou même durant les transes extatiques qu'il avait parfois traversé dans le temple où il avait été éduqué. Parcourut par des ondes de chaleur et de frissons passionnés, il se laissa doucement emporter par un océan de douceur qui lui parut s'étendre pendant un temps infini avant d'exploser dans sa tête comme un sort de pyromancien.

Lorsqu'Azdren s'éveilla, il faisait nuit mais toute le paysage environnant était baigné par la clarté lunaire de provenant d'un ciel sans nuage. Parnalia était toujours allongée sur lui, agrippant avec force dans son sommeil. Inconsciemment, Azdren lui sourit et posa une main sur la nuque de son amante d'un soir. Il s'agissait d'une expérience qu'il n'oublierait jamais, d'une dette qu'il rembourserait à cette femme-louve au tempérament de feu : elle lui avait donné goût à la vie, et sa volonté de redonner corps à sa défunte sœur ne s'en trouvait qu'accrue.
Oui, il lui rendrait la pareille, d'une manière ou d'une autre.

_________________
Azdren, fanatique ynorien
Deux âmes pour une vie

Image Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Yarthiss et le Désert de l'Est
MessagePosté: Mer 11 Mai 2011 14:27 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 26 Jan 2011 16:17
Messages: 84
[:attention:] Post à connotation sexuelle et sensuelle... tout ça, tout ça... [:attention:]

Au comble de l'excitation, Parnalia regarda le fanatique se démener pour tenter de se débarrasser de son aube noire en la faisant passer par-dessus sa tête. Sans abandonner un instant sa positions dominante, elle le laissa faire et releva son postérieur pour lui laisser une plus grande liberté de mouvement. Le retrait progressif du tissu poussiéreux révéla tout d'abord des jambes squelettiques, puis un pagne en proie à des soubresauts, et enfin un abdomen et une poitrine dont la peau était aussi fine et écorchée que celle du visage. Profitant du fait qu'Azdren ne pouvait rien voir de ce qui se passait alors qu'il passait sa robe de clerc par dessus sa tête, elle n'avait cessé de passer sensuellement sa langue râpeuse sur l'abdomen puis le torse écorché pour s'imprégner entièrement du goût de l'humain, savourant chacun des frissons que ce contact faisait naître chez son amant.
Une célébration du culte de la Mère ne peut en être une que si le plaisir est entièrement partagé, n'est--ce pas ?

Le temps d'un fragment d'éternité, la lyikor et l'humain quasi-nus se regardèrent les yeux dans les yeux, haletants et indécis. Puis le mâle eut le premier geste d'initiative depuis le début des festivités : tendant timidement ses squelettiques mains vers la poitrine de la femme-louve, il défit promptement le nœud de ficelles de cuir qui la retenait et laissa l'une d'entre elles sur la douce protubérance tandis que l'autre se posait sur la hanche de la femelle.
Cette dernière afficha un grand sourire, défit lanières de son pagne puis celle de l'humain... et s'enfonça doucement sur sa virilité tendue dans un petit glapissement extatique. Ce n'était pas vraiment différents des quelques expériences qu'elle avait déjà eu avec des membres de son clan, mais le fait de partager des étreintes avec un humain, si brisé soit-il d'apparence... était totalement unique pour elle.
Elle accéléra peu à peu la fréquence de ses va-et-viens, savourant le contact des mains de cet homme qui massaient maladroitement sa poitrine, son ventre et ses hanches tandis qu'elle lui arrachait des soupirs et des petits cris de jouissance.
Oui... Azdren était vraiment un novice des jeux de l'amour, un pur malgré son teint mat et son caractère sombre.
Ils atteignirent le zénith des sens en même temps, si bien que Parnalia n'essaya pas de se désengager en accepta en son sein l'offrande du fanatique qu'elle venait d'initier à l'un des plus grands plaisirs de la vie. De toute façon que risquait-elle ? Ce n'était pas comme si un humain était capable de l'imprégner.

Elle ne s'éveilla qu'à l'aube, pour s'apercevoir qu'elle était toujours étendue sur Azdren, la tête posée sur son torse brûlé. Mais l'apparence sereine du fanatique endormi, tout comme la main protectrice qu'il avait posé sur la nuque de la jeune femelle ne trompaient pas : l'homme se souviendrait de cette nuit pendant longtemps.
Affamée, elle se dégagea doucement de l'étreinte de son amant et prépara un solide petit-déjeuner avec les provisions. Fini le plaisir et le réconfort, place à l'effort !

_________________
Parnalia, mage Fujonienne

Un monde si grand et si vaste... comment s'y sentir seule ?


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Yarthiss et le Désert de l'Est
MessagePosté: Mar 7 Oct 2014 17:43 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 29 Sep 2014 16:47
Messages: 443
Localisation: Quelque part à Yarthiss-city.
Suivant les conseils qu'on lui avait donné avant de quitter Yarthiss, Alcofribas avait fait un petit détour, correspondant plus ou moins à un arc de cercle, pour éviter les montagnes. Difficilement praticables et dis-on, remplies de gobelins agressifs, (D'abord, à quoi ça ressemblait, un gobelin?) on se sentait mieux sur le plaine. Le rôdeur ne les trouvait pas moins magnifiques. Elles s'étendaient à perte de vue sur sa droite, depuis plusieurs lieues déjà.

Plus il poussait à l'est, moins il voyait de ces fermes qui prospérait dans la périphérie de Yarthiss. C'était tout à fait compréhensible : plus on se rapprochait du désert, et plus la terre était aride, et de moins en moins fertile. La chaleur augmentait sensiblement, ou alors était-ce un tour que lui jouait son esprit ?
Alcofribas se félicitait de ne pas être encore un de ces vieux croulants qui prétendent que leurs articulations leurs font mal quand l'atmosphère change. Ce qu'il faut pas entendre comme conneries.

Il grogna et jura dans sa barbe. Il regrettait d'avoir pris autant d'eau. Ça commençait sérieusement à être lourd à transporter. Mais bon, quand on ne s'est jamais rendu dans un désert, on préfère être prudent. Pour la nourriture, il n'était pas non plus en reste : quelques légumes sauvages et des fruits secs, ainsi qu'un couple de lapin attrapés le matin même.
Triste constat : Alcofribas se rendit compte qu'il commençait à faire du repérage parmi la faune locale - voir ce qu'il pourrait chasser, dépecer et revendre. C'était déjà partir du principe qu'il allait échouer dans le désert et revenir sur ses pas bredouilles...

La nuit tombait depuis un moment, il allait falloir s’arrêter.
S’apprêtant à allumer un feu, Alcofribas alluma d'abord sa pipe. Il fit quelques ronds de fumée qui englobaient la lune - on s'amuse comme on peut, au milieu de rien. Puis il regarda les montagnes.
Deux colonnes de fumée s'en élevait. Une de sa pipe et une...
Bon sang, qu'est-ce qu'il y avait dans son herbe à tabac ? Voyait-il double ?!
- Merde, j'ai déjà le ciboulot qui part en vrille ou quoi ?

Bouger sa pipe n'y changea rien. Il y avait bien une autre colonne de fumée, à quelques centaines de mètres d'ici à vue de nez. Il fallait vraiment qu'il soit fatigué pour ne pas l'avoir remarqué plus tôt. La curiosité et surtout l'idiotie le poussèrent à se rapprocher du feu, lentement mais silencieusement. À la faveur de la nuit, et en profitant des quelques reliefs et buissons épars, Alcofribas réussit à s'approcher assez pour identifier trois hommes et un âne autour d'un feu de camp.
Ils jouaient aux cartes. Les hommes hein, pas l'âne.

Si sa vision était restée bonne, son ouïe avait commencé à baisser ces dernières années. Il essayait tant bien que mal de suivre la conversation. Il se rapprocha encore un peu, jouant avec la chance. Apparemment, Il était question du fait que l'un des trois trichait : classique. Le rôdeur essaya vainement de voir le jeu d'un des trois d'ici, mais hélas il n'avait pas les yeux d'un aigle. Dommage, il ne pourrait pas parier mentalement sur qui allait se faire plumer.

Il n'avait aucune idée de la raison de leur présence ici, ni s'ils feraient preuve d'une attitude hostile envers lui, ou non. Près de l'âne étaient posés des arcs et des lances : toute la question était de savoir contre qui ils étaient prêts à s'en servir. Il n'avait qu'à pas se faire repérer, et il ne le saurait jamais.

Il fuma tranquillement sa pipe et les écouta quelques dizaines de minutes, relâchant quelque peu son attention. Il comprenait un mot sur trois mais il captait l'essentiel de la discussion. L'un d'eux parlait de sa bonne femme qui lui tapait sur les nerfs, un autre avait mal aux pieds à force de marcher, et le dernier ne disait pas grand chose, il s'assoupissait, apparemment.
Quand il entendit le mot « ver », Alcofribas se raidit. Il tendit l'oreille et éteignit sa pipe. Comme si l'infime bruit de combustion de trois pauvres feuilles de tabac le gênerait pour écouter.
Oui, c'était bien ce qu'il pensait. La petite bande se rendait dans le désert pour chasser des vers des sables.

Mais bien sûr ! Pourquoi des types traîneraient dans le coin, avec des arcs et des lances ? Ils prenaient la même direction que lui, et avaient le même objectif. Sauf qu'ils étaient plus jeunes et mieux équipés.
- Vérole !

D'abord inquiet, le vieux chasseur eut vite une idée.
Il avait beau dire, il n'était pas assez renseigné sur sa mission: notamment sur les endroits précis, dans le désert, où il pouvait trouver les immondes créatures. Suivre des gars qui manifestement avaient l'habitude lui serait bien utile. Il n'aurait qu'à garder une certaine distance.
Seul, il n'aurait aucun mal à filer trois hommes qui avaient tout l'air d'être assez distraits, et qui n'avaient aucune foutue raison de se penser suivis. Une fois au bon endroit, ou assez renseigné pour leur fausser compagnie, il n'aurait qu'à s'éloigner d'eux ou attendre qu'il partent.

Pister des créatures du désert... C'est une chose qui lui semblait encore assez abstraite. Mais pister trois Hommes et un animal de bât, ça, il savait faire.
Les chasseurs commençaient à se coucher. Alcofribas parti faire de même.

- Je vous en prie les gars. Passez devant.


... En route pour le désert d'Imiftil.

_________________
Alcrofribas, chasseur de monstres.


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 14 messages ] 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016