[
Avant]
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L'interlocuteur de la belle est méfiant depuis l'erreur qu'elle a fait, mais il semble être un habile manipulateur aussi. Tout dans son attitude trahit ses soupçons envers elle, mais la tulorienne ne lui en tient aucunement rigueur. C'est elle qui a fait un faux-pas, elle en assume les conséquences, tout en restant décidée à limiter les dégâts. Frédéric semble dubitatif sur la raison motivant la question de la jeune femme, pointant du doigt qu'il s'agit là du sujet qu'elle devrait maitriser le mieux, puisqu'elle connaît des choses confidentielles. Il demeure pensif, laissant à Tina de précieux instants pour retrouver son calme et son aplomb.
Ensuite, l'homme se lance dans le portrait de Valaï, et le moins que la jeune femme puisse dire est qu'elle en apprend de belles. La Maison au pouvoir n'est pas appréciée, ou du moins ne l'était guère, jusqu'à ce que Dimitri Valaï, nom de leur commanditaire, prenne le pouvoir. Le blessé se destinait à une carrière militaire, mais le trépas suspect et soudain de son aîné l'a propulsé sur le trône. Ses adversaires le soupçonnent d'avoir empoisonné son frère, chose que Tina repousse en fronçant un peu le nez. À moins d'être franchement détestable ou un danger, qui irait faire du mal à un porteur de son propre sang ? Jamais la brune n'irait blesser Tino, mais il est vrai qu'elle n'est pas dans des querelles de pouvoirs.
En tous cas, l'opinion de l'homme est assez tranchée. Valaï n'est pas très apprécié, sa légitimité est remise en question, et s'il fait de son mieux, il semble ne pas avoir la poigne suffisante pour tenir Izurith. C'est sans doute ce qui a poussé à l'organisation de l'attentat... Dont son interlocuteur cherche à s'enquérir une nouvelle fois, en retrouvant un sourire indélicat et prédateur.
Mais Tina ne se laisse pas dominer par cette nouvelle pression. La jeune femme sourit doucement, rendant son regard faussement coopératif au spécialiste en politique. Elle lève l'index et incline légèrement la tête.
"
Une question plutôt directe. Avant de vous répondre, laissez-moi revenir sur la première, voulez-vous ?", fait-elle en fermant doucement les yeux, comme pour se remémorer une phrase exacte. Elle prend aussi quelques instants calmement puis s'exprime. "
Une discipline touchant l'humain est telle une pierre précieuse. À moins de prendre le temps de tailler soi-même ses facettes, certaines demeureront toujours dissimulées, même aux yeux du plus attentif...", commence Tina en prenant un air énigmatique. "
Et c'est par ce qu'en voient les autres, correctement ou non, que son entièreté peut être approchée.", termine la tulorienne sérieusement, avant de retrouver un sourire plus détendu.
Faire des comparaisons aussi difficiles d'accès pour l'individu lambda l'a toujours amusée, mais elle ne doute pas vraiment que son interlocuteur saisisse ses propos. Et puis, il attend d'elle de vraies réponses, qu'elle ne compte pas donner aussi facilement.
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Bien. Donnant-donnant, telle est ma devise.", commence-t'elle en rouvrant les yeux et avec un clin d’œil. "
Par un concours de circonstances qu'il serait trop long d'expliquer, je suis entrée en contact avec une jeune personne, fraichement intégrée dans un... Prestigieux corps de métier.", débute-t'elle avant qu'un sourire compatissant s'affiche sur ses doux traits. "
Adorable créature, timide à souhait, mais désireuse par-dessus tout de se faire remarquer par l'objet de son affection. Vous savez sans doute comment sont les jeunes gens, de nos jours. Toujours à faire dans la surenchère et le sensationnel.", dit-elle, avec une gestuelle et un air blasé, comme si cette façon d'agir ne la concernait pas. "
Le temps passant, nous nous sommes retrouvés en... Intimes.", susurre la jeune femme, comme ressassant un souvenir agréable, mais vite balayé par quelque chose d'inattendu. Elle relève un regard assuré vers son interlocuteur. "
J'ai mes entrées, mon cher, et de troublants détails. Cela ne ressemble point à des divagations de fanfaron."
La brune se rassoit confortablement, croisant les jambes dans l'autre sens. Il est temps qu'elle reprenne la discussion à son avantage. Qu'elle envisage d'autres pistes pour se servir de son interlocuteur, sans lui dévoiler sa véritable mission.
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Pour jouer cartes sur table, Frédéric, j'ai bel et bien un autre but en me renseignant sur les Maisons.", dit-elle avec une certaine gravité. "
Je veux découvrir par moi-même qui en est responsable, pourquoi un événement aussi important est passé sous silence, et surtout... Ce que cela implique dans l'équilibre des pouvoirs en Izurith."
Droite, fière, en pleine possession de ses moyens, Tina semble s'ouvrir et afficher son envie de faire confiance à son interlocuteur, comme si elle n'avait plus rien à cacher. Ce n'est pas exact, évidemment, puisque mélange de vérité et de non-dits. Elle se méfie aussi de son interlocuteur, ayant pertinemment conscience que s'il est du côté des responsables, elle s'est mise en danger seule. Mais il y a trop de témoins, aussi bien dans les bureaux qu'à l'accueil, pour qu'il tente quelque chose contre elle. Et puis, l'Izurithois semble avoir eu son lot de scandales aussi.
Franche, la belle rive son regard à celui de l'homme.
"
Que diriez-vous de nous entraider ?"
Directe, la question est posée. Reste à savoir si ce spécialiste est un chercheur de vérité ou juste un scribouillard frustré.
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