La perle rougeLe capitaine sembla hésiter un instant, d'abord réticent, avant de finalement répondre :
– Je ne suis pas contre. Mais prends garde de ne pas abîmer la corde. Et fais-ça discrètement, je ne veux pas que tu excites les autres matelots. Compris ? Si tu n’y arrives pas du premier coup, on y fera monter ton ami. Devais-je interpréter ces paroles comme un défi ? Si oui, j'acceptais sans aucune hésitation.
Mieux valait ne pas rater, je ne voulais pas infliger ce châtiment à mon ami, qui n'avait pas l'air plus emballé que moi à l'idée de monter sur un mât par ce vent. Concernant ma précision, j'étais plutôt tranquille. Certes, en combat il m'arrivait de stresser et de peiner à me concentrer, mais quand j'avais mon temps, ce n'était pas un souci. Je m'étais entrainée des heures durant, d'abord pour maitriser plusieurs techniques à l'arc, et ensuite pour apprendre les bases de magie couplées au tir à distance. Autant dire que j'étais maintenant assez douée et plutôt à l'aise, en tout cas assez pour tirer où je le désirais.
Le problème n'était pas là. Tirer où je le voulais, c'était bon, mais décrocher une flèche de manière à faire se détacher la corde, sans pour autant la fendre, c'était une autre histoire ! Amusée par cette tache que je prenais comme un jeu, je pris le temps de réfléchir à une méthode sûre. Un seul coup était possible. Pas question non plus de rater le mat, et que ma flèche risque de blesser quelqu'un à bord !
Minutieuse, j'observais le nœud sous tout ses angles, tournant en rond autour du mat tête rivée vers le ciel. Tout comme je m'y attendais, le nœud n'était pas un croisage simple, mais un marin. Il suffirait de trouver quel bout de la corde il fallait normalement tirer pour le défaire, et m'arranger pour que ce soit ma flèche qui l'enlève, le trainant dans sa trajectoire, avec assez de force.
Quelques minutes d'inspection supplémentaires confirmèrent mon hypothèse. J'allais devoir tirer avec force, sur tel morceau de la corde. En principe, ce bout allait s'ôter de là où il était logé, et le nœud entier de déferait, libérant la voile écru. Enfin, en principe... C'était sans compter le grand pan de textile à proximité du nœud. Si je me plaçais correctement, pour l'appréhender sous le bon angle de vue, le morceau de textile me barrerait la vue, et je doutais que le chef gabier soit ravi que je déchire la voile principale !
A vrai dire, il aurait fallu que ma flèche puisse contourner ce grand drap de tissus. Impossible ? Peut-être pas... J'avais déjà été surprise par ce dont j'étais capable, et j'avais déjà vu quelqu'un faire cela. Après des années d'entrainement peut-être, certes, mais au moins c'était faisable. J'observais encore ma cible quelques instants, pour bien visualiser la conformation de ce sur quoi je devais tirer.
J'inspirais un grand coup, reculais de quelques pas, et sortis une flèche de mon carquois. J'embrassais le plumeau de cette dernière, comme si cela servirait à me porter chance, et la posant à sa place sur mon arme, je ralentis ma respiration comme j'en avais l'habitude. Mes doigts frêles et agiles agrippèrent la corde, tandis que deux de mes doigts maintenaient le projectile en place. Concentration intense, je visualisais la flèche qui s'envolerait dans les airs, et je l'imaginais en train de dévier de sa trajectoire, et contourner la voile avant de s'enfoncer dans le nœud.
Lorsque je me sentis prête, je lâchais promptement, et la corde vibra dans ce bruit que j'aimais tant, comme une harpe. Le flèche fusa jusqu'à la voile, je serrai les dents. La pointe trembla légèrement, avant de contourner la voile, et de s'écraser... dans le bois du mât. Et m...!
Le chef avait déjà ouvert la bouche, sur le point de dire quelque chose, mais je l'interrompis prestement :
- Non non, attendez, c'était juste un échauffement ! Déçue d'avoir raté ma cible... mais infiniment contente d'être parvenue à contrôler ainsi la trajectoire de mon projectile ! Tout de même, ce n'était pas rien ! Mais maintenant, il fallait aussi atteindre mon objectif, et j'y croyais dur comme fer !
Je réitérais la manœuvre, et m'octroyais encore un peu de temps pour me re-concentrer, et chasser l'euphorie qui m'habitait. Tchoong. La flèche s'élança vers le ciel, trembla comme précédemment, et... Dans un grand bruit de vent, comme un torchon gigantesque qui claque, la grand voile se déploya, se gonflant de vent et ondulant comme un serpent. Elle s'équilibra finalement, et ayant adopté sa position normale, poussa le bateau à une vitesse presque doublée.
Je ne pus réprimer un
« Ouais ! » de fierté, avant de lancer un regard enjoué et un peu vaniteux en direction du chef gabier, et bien sûr de mon ami hobbit.
((( Apprentissage naturel de Tête chercheuse : La munition tirée contourne les obstacle pour atteindre sa cible quasiment à coup sûr, aidée par l'énergie intérieur de l'attaquant ([lvl/4] contournements d'obstacle possibles, arrondis à l'inférieur. Distance du guidage : [lvl*2]m. Maîtrise AJ+1/lvl) )))Perle rouge