L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 26 Oct 2008 20:49 
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Les rues de Kendra Kâr


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Kendra Kâr est une immense cité parsemée de petites rues et allées permettant aux habitants et voyageurs d'atteindre tout endroit sans trop de problèmes. Plus calme que la Grande rue, des patrouilles de soldats les traversent tout de même, y compris de nuit. Mais attention aux voleurs ! Les rues ne sont pas toujours très propres mais, bientôt, l'égout permettra une plus grande salubrité.

Si vous vous laisser aller à flâner dans les rues de la partie est, vous tomberez sans doute sur les quartiers les plus pauvres, insalubres et dangereux. Une communauté de Liykors et de Worans continue à y vivre en groupe fermé malgré les efforts des autorités pour les intégrer à la ville. Ces quartiers sont évités par la plupart des citoyens malgré une criminalité relativement stabilisée par les forces de l'ordre.

_________________
Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
Pour toutes questions: C'est ici !
Pour vos demandes d'interventions GMiques ponctuelles et jets de dés : Ici !
Pour vos demandes de corrections : C'est là !
Joueurs cherchant joueurs pour RP ensemble : Contactez vous ici !


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Lun 24 Nov 2008 23:14 
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< Grande rue >

En essayant de respecter les conseils de maman, je choisis un itinéraire qui me serait facile de suivre. Ce qui me parut alors le plus simple était de passer par les voies où se trouvaient des structures bien déterminées et, histoire de joindre l'utile à l'agréable, je décidai de passer près de la bibliothèque où je savais que j'irai forcément un jour.

Selon le plan, cela paraissait simple : on contournait l'enceinte du château par la gauche et on continuai tout droit jusqu'au premier grand croisement. Là, sur la gauche, un peu plus loin, se trouvait la bibliothèque qu'il nous fallait contourner, puisqu'elle faisait le coin d'une rue. Et ensuite, c'était pour ainsi dire tout droit, maman m'ayant assurée que je verrai la coupole du temple de loin. Parait-il que ce serait le plus grand édifice religieux de la cité ...

Je m'élançai donc et marchai à une allure soutenue mais suffisamment lente pour que j'aie le temps de distinguer quelques repères. Je ressentis immédiatement un soulagement à quitter la Grande rue qui regorgeait de trop de monde à mon goût.

(Il va falloir que je sache m'orienter dans Kendra Kâr rapidement si je ne veux pas mourir étouffée !)

Quand je vis un croisement sur ma gauche, j'exerçai une douce traction sur la main de la Sindel pour qu'elle me suive mais elle résista. M'immobilisant, je la regardai sans comprendre. J'étais pourtant presque certaine de ne pas me tromper : le premier grand croisement, prendre à gauche ...

"Ce n'est pas par là ?
- Non, ce n'est pas le croisement que tu cherches.
- Mais, il est pourtant grand, je trouve !
- Il va falloir que tu t'habitues à l'échelle de Kendra Kâr, Layna. Ici, c'est un croisement relativement petit."

J'observai l'objet de notre discussion avec circonspection puis décidai de faire confiance à ma mère. Je poursuivis donc en observant plus attentivement encore les voiries et bâtiments et, deux minutes plus tard, finis par trouver un autre croisement, effectivement plus grand. Et alors que j'allais m'exclamer glorieusement d'avoir retrouver mon chemin, le carillonnement soudain d'une cloche tout prêt me fit sursauter.

Par réflexe, je tournai la tête et mes yeux discernèrent un bout de toit dépassant les autres bien plus loin.

(Un autre repère à retenir ...)

Revenant à ma première occupation, je m'engageai donc dans la rue à gauche et finis par trouver une grande structure, toute en majesté. Il y aurait une légende, selon ce que m'a raconté maman dans la journée, qui dit que Gaïa elle-même aurait bâti cette bibliothèque ! Je m'arrêtai donc un instant pour étudier la façade puis, sous le rappel de la Sindel, contournait la bibliothèque sans perdre plus de temps.

"Normalement c'est tout droit, maintenant, jusqu'à ce que je repèr..."

A peine pensai-je au temple de Gaïa que je distinguai au devant une structure en coupole qui dépassait. Effectivement, il était facile de repérer le temple de loin ! Cela allait bien me faciliter la tâche ardue de me repérer un jour dans cette cité immense. Gagnée par un regain d'assurance, je pressai un peu plus le pas, sachant qu'à priori, je ne pouvais plus me perdre.

En quelques minutes, nous parvînmes devant le parvis de l'édifice religieux, flanqué de deux statues de la divinité. J'observai une bonne minute ce qui normalement allait devenir mon nouveau pied à terre, jusqu'à ce que la Sindel me tire de mes pensées.

"Bien, il va falloir nous quitter à présent ...
- Mais ... Tu ne m'accompagnes pas un peu à l'intérieur ? Qu'est-ce que je vais leur dire ?
- Ne t'inquiète pas, j'ai préparé une lettre qu'il te faudra remettre à l'un des paladins qui gardent la porte. Il t'indiquera ensuite où tu devras te rendre à l'intérieur."

J'opinai doucement de la tête pour montrer que j'avais bien compris et saisis le parchemin que ma mère me tendait avec un léger sourire. Elle posa alors sa main douce et fraîche sur ma joue et, brusquement, se détourna et me laissa là, seule au pied des escaliers menant à l'une des demeures de la déesse.

Je restai alors un moment immobile à regarder sa silhouette s'éloigner et se perdre dans la foule et soupirai.

(Bon. Je suis vraiment seule maintenant ...)

Je me tournai alors vers les deux statues, les regardant tour à tour puis me décidai à gravir les marches.


< correction > < suite >

_________________
Image Layn - Semi-Elfe - Guérisseuse de niveau 1 Image
L'image du personnage est issue d'une des oeuvres de Marek.
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Dernière édition par Layn le Dim 21 Déc 2008 14:01, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 25 Nov 2008 23:44 
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<--précédent

Sa réponse fut beaucoup plus rapide que la mienne.

« Du tout, pensez-vous! Ce sera un plaisir d’avoir un invité »

Il s’empresse ensuite de se présenter, tentant ainsi de corriger son oubli. Il termine par une élégante révérence, puis avec délicatesse, m’aide à prendre place sur sa bête. Le contact avec la peau de cet animal s’avère assez étrange, rien à voir avec le plumage de Gaël, notre faucon apprivoisé, ou encore avec le pelage de Basil, le chien d’Adèle. Sa peau plutôt rude est froide. Pendant que je caresse avec curiosité les écailles du reptile, son maître m’épie d’un air bizarre.

(Suis-je amochée à ce point?)

Je le suis des yeux et le vois se diriger vers une sacoche accrochée au flanc de Cheshire. Il en retire fièrement une cape et s’offre de me la prêter. Il m’explique qu’elle sera utile pour me cacher. Il veut plutôt dire me réchauffer! Dans ce cas, ça tombe bien, car il commence à faire frisquet

Il me tend cette cape qui me fascine au premier regard. Les quelques rayons du crépuscule qui se réfléchissent sur ce tissu bleu lui confèrent des nuances de rouge, de pourpre puis d’indigo. Ce vêtement m’intrigue énormément. Prudemment je le saisis , l’examine intensément et le porte à l’une de mes joues afin de bien sentir sa texture. Il est aussi soyeux que je l’avais imaginé. Discrètement je le renifle , mais n’en perçois aucune odeur particulière. Finalement je le revêts et constate que mon corps semble se dissimuler derrière. Je comprends enfin le sens des mots du lutin lorsqu’il a affirmé, quelques secondes plus tôt, que je pourrais m’y cacher. Cette tenue possède la même faculté que Cheshire!

Pendant ce temps, Gwerz s’est déjà installé devant moi. Il attend patiemment que je fasse de même, puis ordonne le départ.
Calmement, Cheshire se met en route.

(Il est bien plus agréable d’être sur son dos que dans sa bouche.)

Je pense aux évènements de cette journée passablement chargée. Courbaturée, éreintée, mes idées s’évadent, je ne les contrôle plus. Mes paupières se ferment, et ma tête, lourde, tombe vers l’avant. Ce mouvement brusque me réveille en sursaut. Je me relève et tente de me ressaisir, de lutter contre le sommeil; pourtant, ma tête s’incline de nouveau. Cette fois-ci, au lieu de se balancer dans le vide, elle prend appui sur le dos de monsieur Porsal. D’ordinaire, j’aurais été embarrassée; mais ce soir, ma fatigue trop intense m’interdit tout geste superflu. Je laisse ainsi le sommeil m’envahir sans me préoccuper de ce qui m’entoure.


Habitation-->

_________________
Guasina, protectrice d'âme


Dernière édition par Guasina le Sam 20 Déc 2008 21:35, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 26 Nov 2008 21:29 
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Pour la mini-quête de GM14 : Jour 1


(((Posts de l'anciennes bases + un nouveau : )))

------------------------------------

Décidément, elle en avait fait des allers-retours sur la place du château depuis son retour à Kendra-Kâr, si bien qu’elle en avait presque mal au pied. Dix minutes par-ci, dix minutes par là, ça commençait à faire beaucoup, et le soleil qui était maintenant déjà à mi-hauteur dans le ciel était là pour lui rappeler que le temps n’avait de cesse que de défiler sans jamais s’arrêter.

Elle était toujours d’aussi bonne humeur, et toujours aussi heureuse de faire partie intégrante de ce temple du bonheur, souriant gaiement aux passants sans qu’ils ne comprennent vraiment la raison pour laquelle elle se comportait de la sorte. La vie était belle et gentille avec Keynthara, et elle voulait le faire savoir au monde entier, y compris aux gens présents dans la grosse tente dressée au beau milieu de la place même si elle ne pouvait pas encore les voir. La présence de cet édifice provisoire fit germer dans l’esprit de la jeune demoiselle excentrique quelques réflexions fort pertinentes. La plus élaborée ressemblait à peu de chose près à ça :


(Bizarre bizarre, on dirait qu’elle a poussé là comme un champignon, cette tente ! Ils devaient être drôlement musclors les gens qui l’ont mise sur pattes, ou alors c’est moi qui suis bigleuse…Y’avait encore rien y’a une p’tite demi-heure ! )

Sans plus attendre, la mistinguette fofolle s’introduisit sous les pans pour enfin découvrir les personnes qu’elle devait rencontrer : elle avait hâte de voir ce qui lui était réservé. Pour sûr que ça devait être des gens très bien si Pulinn lui avait demandé de s’entretenir avec eux, mais elle avait tout de même un peu peur de ne pas être prise au sérieux de par sa petite taille. Au moins, à présent, elle pouvait faire appel à son titre si élégant pour montrer qu’elle était vraiment quelqu’un.

(Bah, et puis, j’en ai vu d’autre ! C’est de toute façon toujours la même histoire avec les gens, j’suis jamais comme ils veulent. Oh et puis flûte de zut de pan, j’ai pas à me justifier auprès de personne, ou de quelqu’un, ou de qui con que ce soit ! Bref, je suis là pour prêter mains fortes à mon temple, et voilà tout ! )

Ce monologue intérieur, aussi mal construit qu’il était, n’empêcha pas Keynthara de s’approcher de la bonne femme enrobée de métal luisant en roulant des mécaniques qu’elle n’avait pourtant pas très développées. L’Aniathy minuscule finit alors sa course en posant son menton sur la table, montant les coudes de part et d’autre de son visage en souriant vaillamment. Le premier contact était le plus important, et elle n’avait pas du tout envie de devoir batailler avec cette personne qui devait l’orienter vers un lieu où se mettre à glaner des informations.

« Bonjour ! Moi, c’est Keynthara, euh… »

Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle avait à dire, et regrettait de ne pas y avoir pensé plus tôt. Il aurait été certes plus judicieux de préparer à l’avance un discours réfléchi plutôt que de se regarder le nombril qu’elle n’avait de toute façon pas, mais à bien y regarder, elle n’aurait de toute façon pas était capable de restituer ses pensées avec le peu de cohérence qu’elle avait à sa disposition. Tout ce qu’elle devait donc faire maintenant, c’était d’improviser quelque chose d’intelligible pour autrui…

« Je suis prêtresse de la Rose, pas de Yuimen hein ! De la Rose, et puis je suis envoyée pour faire une mission super-méga importante : trouver un artefact magique et découvrir plein de choses sur lui ! Il paraît que, bah…que il est magique ! Oui bon, d’accord, je l’ai déjà dit ça… »

Elle ne faisait pas tellement attention à la réaction de la personne, car seuls ses propos l’intéressaient pour le moment. Sans perdre son assurance, elle meublait tant bien que mal son discours afin de se laisser le temps de réunir dans sa tête tous les bons ingrédients nécessaires à la réalisation d’un exposé clinquant. Pour sûr qu’avec tous ces efforts, la madame, elle devait être épatée…

« Toujours est-il que, et bien, je vais le trouver, cet objet, donc je saurais gré pour vous de… de… »

Saleté de formulation pédante qu’elle ne savait pas du tout utiliser. Les jolis mots de politesse n’étaient pas du tout sa tasse de thé, et elle contourna donc bien vite le problème à l’aide d’une maladroite entourloupe plutôt ridicule.

«...de pas faire attention à comment que je parle, y'a plus important que ça, comme le fait que vous devez me dire où est-ce que je suis censée aller, et toutes les choses que je dois savoir ! »

Quand même, elle n'avait pas l'air aussi musclé que ça cette donzelle devant sa table, et Keynthara la regardait maintenant avec une pointe de déception dans les yeux. Cette dernière pouvait être prise de bien des façons, mais pour l'Aniathy, elle n'avait rien à voir avec le fait qu'elle avait complètement loupé son entrée en matière. En réalité, elle ne s'en était pas vraiment rendue compte...

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Réponse de la sergente (par GM14) :

La sergente rit alors...
"Une Aniathy... Si on m'avait dit un jour que je rencontrerais un autre de ces êtres en liberté, je ne l'aurais pas cru. Mais soit, pourquoi pas après tout, à toi de trouver l'arbre de la folie qui se trouve dans la forêt de Cuilnen... "

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La Petite chose ne se contenta pas de froncer ses sourcils, haussant même ses épaules à hauteur de ses oreilles. Elle ne semblait pas plus adroite qu’elle, cette jeune femme, et même armée jusqu’aux dents, elle perdait soudainement toute forme de crédibilité. Pour qui est-ce qu’elle se prenait cette dame, à parler comme ça des Aniathy. Bon, le point positif dans l’histoire, c’était au moins qu’elle avait été capable de reconnaître la race de la miss Keynthara toujours aussi hautaine.

C’était un défaut qui allait de pair avec sa nouvelle nomination au rang de prêtresse, et même si déjà avant, elle avait toujours eu tendance à l’excès en matière de prétention, maintenant, elle dépassait tous les records. Ses chevilles étaient de plus en plus épaisses, et endossant donc son rôle de demoiselle importante au sein de Kendra Kâr, elle eut envie de répliquer de la façon la plus acerbe qu’il soit, vexée de ne pas avoir eu droit à plus de considération de la part de cette personne.


« Quoi ? Comment ça pourquoi pas ? J’aurai préféré que vous disiez ‘formidable’ ! Ou alors…’fantastique’, et tout ce genre de truc qui convient à merveille à une Aniathy en liberté comme vous le dites si bien. D’ailleurs, je compte bien la garder toujours, je l’ai bien trop durement gagnée. »

Bon, la vie de la poupée n’intéressait probablement personne, mais pour elle, c’était très important que de s’exprimer à ce propos. Elle s’amusa donc à déballer son histoire personnelle comme pour essayer de gagner un peu plus de considération encore, puisqu’elle avait estimé l’instant ne pas en avoir reçu assez. Jamais contente, cette petite Keynthara adorable, pourtant, elle était très douée pour amuser la galerie. Une chose était certaine, elle ne laissait personne indifférent, et c’était le principal.

« …et vous savez quoi, je crois maintenant que cette dame, là, Pulinn, elle veut que j’aille chercher l’objet magique juste parce que je suis toute fofolle et que je peux pas l’être plus, puisque je suis sensée trouver… »

Elle ouvrit soudainement de grands yeux, comme des citrouilles, en fixant l’arrière de la tente, l’air absent, même si ça pouvait sembler déconcertant. Keynthara commençait seulement maintenant à réaliser la tâche qui l’incombait, et elle lui paraissait soudainement bien ardue…

« …mais ! Je vais quand même pas ramener un arbre avec moi ! C’est de la folie ! »

Elle comprenait bien maintenant pourquoi est ce que c’était son nom, et esquissant un sourire qui témoignait de sa stupeur, elle avait finalement était capable de se remettre à sa place de petite fillette inquiète. Elle était comme partagée entre deux façons d’être, mais il était impossible pour l’Aniathy que de se fixer sur l’un ou l’autre de ces comportements : elle était les deux à la fois, pleine d’ambivalence.

« J’attends dehors…Surtout, prenez votre temps ! »

Une grosse voix s’était soudain levée à l’entrée, en même temps que la puissante lumière du soleil qui avait pénétré la tente. Le grand personnage avait parlé d’un ton trop monocorde, et Keynthara ne savait pas vraiment trop comment interpréter ce message qui leur avait presque était jeté à la figure. Était-ce simplement pour signaler sa présence, ou alors cet impatient mal poli voulait leur signifier qu’il était mécontent de l’attente à subir ? Toujours était-il que la poupée finit encore une fois par se retrouver outrée rien qu’en élaborant sa seconde hypothèse qui lui semblait d’ailleurs la plus réaliste. En matière de réalité, Keynthara n’était pas très douée, et c’était la raison pour laquelle elle se sentait d’ailleurs emportée par un agacement sans nom.

« Non mais ça va pas ! On s’amuse pas à interrompre les gens comme ça pendant qu’ils sont en train de parlementer ! Et d’abord, vous venez pour quoi vous, hein ? C’est moi qui ai reçu le droit de partir à la recherche de l’artefact magique, pas vous, alors… Prout ! Vous pouvez repartir chez vous maintenant ! »

Elle dépassait vraiment toutes les limites du politiquement correcte, haut la main, et ne devait sa survie qu’à la présence de la sergente et des deux gardes qui ne bougeaient pourtant pas, encerclant le battant de tissu qui donnait l’accès à l’endroit. L’homme venait de débouler dans la pièce provisoirement installée sur la place du château, et avant même de s’être retrouvé à côté d’elle, la chipie se rendit compte du fait qu’il n’était pas tout à fait comme elle se l’était imaginé lorsqu’il avait fait son entrée, du fait du contraste entre la luminosité faible intérieure, et celle du dehors. Il était tout noir, comme recouvert de suie, et ses cheveux étaient presque aussi clairs que les siens, avec le rose en moins. C’était absolument rebutant.

Effrayée par cet olibrius menaçant, la Puce fit trois pas en arrière avant de remuer ses mimines devant elle comme pour faire ‘non’, de peur de se ramasser un coup d’épée sur la figure, ou bien même de poings. Pour sûr que là, elle comprenait son erreur, mais il était peut-être déjà trop tard…

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Réponse de la sergente par GM14 :

Erwen ne put s'empêcher de rire encore, mais elle se calma en voyant le Shaakt qui était entré.

"Ce n'est point le moment de se battre, aventuriers. Il vous faudra apprendre à vous connaître, parce que vous partirez ensemble. Je ne pense pas que Dame Pulinn apprécie que je mette en danger la vie de sa prêtresse. Si ce Shaak veut bien partir avec vous, vous partirez ensemble. Quant à votre supposition, non, vous ne devrez pas me rapporter un arbre, mais une pierre magique qui devrait se trouver proche de ce lieu."

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La sergente s’amusait manifestement de ce comportement gamin qui en avait déjà agacé plus d’un. En fait, elle se moquait peut-être d’elle et de sa remarque fort bien déplacée, mais maintenant, Keynthara n’en avait que faire, sachant qu’elle devait dors et déjà trouver un moyen de se sortir de cette situation pour le moins burlesque vue de l’extérieur. Face à un gros morceau de chair avariée virant au gris foncé, et peut-être bientôt au vert pourri, se trouvait cette minuscule mouchette sans défense, et elle n’en menait vraiment pas large, jusqu’à ce que Zewen intervienne par la bouche de la femme en prenant la parole…

Reprenant du poil de la bête en se sentant soudainement protégée par l’évangile de paix prononcée par la milicienne, Keynthara ne manqua pas de l’ouvrir une fois de plus. Elle ne s’était pas demandée si parler en même temps que quelqu’un d’autres était dans les normes sociales, pas plus qu’elle ne s’était d’ailleurs posée la question de savoir si elle avait le droit de commander aux autres comme elle se plaisait tant à le faire. Preuve en était le
« Oui voilà ! Ecoutez un peu ce qu’elle vous dit ! », qui avait retenti juste avant le choc final…

« Quoi ? Lui ? Vous êtes sûres ? Mais… »

Et voilà qu’elle tombait maintenant sur les fesses, au sens figuré du terme bien évidemment, même si on pouvait habilement s’imaginer la situation où cela se passait pour de vrai. En fait, dans la réalité, elle se contenta de pointer du doigt le visage de l’elfe noir tout aussi décontenancé, alors que le temps semblait s’être figé dans un flottement de tous les Dieux. Lui aussi, il avait tendu son index vers elle. Lui également, il s’était vu estomaqué par cette dangereuse nouvelle qu’il prenait peut-être avec plus de légèreté que la gamine odieuse, et pourtant, il ne savait pas grand-chose sur la mission qui allait l’attendre en compagnie de cette peste enragée de fraicheur et d’énergie.

Faisant crisser tout son attirail de grand guerrier, il semblait flatté de se voir attribuer la protection d’une chose aussi insignifiante de par sa taille, mais aussi monstrueusement imposante de par sa vigueur de langue et peut-être même d’esprit. Alors, il baissa sa main toujours ridiculement pointée et reprit une allure un peu plus digne d’un aventurier, puisque c'était ainsi qu'on lui demandait de se comporter.

Il souriait à moitié, mais son visage ressemblait plus à une grimace géante qu’à un signe de satisfaction, et d’ailleurs, ses propos n’étaient pas là pour rassurer la jeune impétueuse toujours aussi agacée de devoir se farcir un affreux pas beau comme ça. Pour essayer de se convaincre de ne pas s’en aller sur le champ en abandonnant le rustre noirâtre derrière lui, elle essaya de penser très fort à Pulinn qui ne voulait pas la perdre, et au fait qu’elle avait bel et bien envie de satisfaire aux attentes de sa chère et tendre maman de cœur adorée.

Le mâle parlait d’une voix toujours aussi grave qui faisait trembler les oreilles de Keynthara qui n’avait qu’une seule envie, c’était de se les boucher. Pourquoi est-ce qu’elle ne le fit pas ? Sans doute parce que ce mystère resterait à jamais complet…


« La crotte sera protégée, à la condition qu’elle ne s’amuse plus à me parler comme elle vient de le faire ! Bon, je retire ce nom immonde, on fait la paix ? »

Il avait parlé tour à tour à la sergente puis à la poupée vivante et plutôt que de la désigner du doigt comme une pestiférée à l’image de ce qu’il avait fait juste avant, il déposa un genou à terre et l’air grave, lui réclama une poigne de main pour faire alliance, ou du moins, un semblant de paix. On ne savait pas trop ce qu’il pouvait avoir derrière la tête, mais ça sentait vraiment mauvais, c’était certain…

« Mouai, tu fais bien, appelle-moi Keynthara, ça sera la meilleure façon pour toi d’être respectueux. Madame, vous êtes sûres alors ? Je ne peux pas trouver un autre… partenaire pour cette mission qui m’incombe de plein droit et que j’ai bien l’intention de mener à bien sans avoir besoin qu’on me mâche le travail ? Peut-être quelqu’un de plus standard ? Non ? Bon… Non.. D’accord, je ferai avec ! On va pas rester sur ce petit incident toute la vie non plus ! Non mais oh !»

Keynthara s’était apprêtée à croiser ses bras, mais elle s'était souvenue enfin qu’une main lui était tendue. Une main tendue, ça ne se rejetait jamais, foi de poupée ! Méfiante et hésitante tout de même, elle se prit donc à approcher sa minuscule paluche de celle immense du Shaakt, et lorsqu’elle rencontra enfin la main de ce dernier, une lueur de crainte sembla défiler dans ses yeux aussi sombres que sa peau. On se demandait vraiment de quoi il pouvait bien avoir peur celui-là…

« C’est bon quoi ! Je vais pas te manger, t’as vu, je suis une gentille fille, je t’ai donné la main ! Et j’ai beaucoup de courage je crois, parce qu’elle a l’air toute toute sale dégueuh burk ! »

Qu’est ce qu’il ne fallait pas dire aux adultes toujours pour les rassurer ! Bien sûr il y avait des maladresse et des travers, mais les choses étaient dites quand même et ça partait d’une bonne intention remarquable. Alors, satisfaite d’elle-même et de ses constatations qui la plaçait maintenant directement au rang de cheftaine, elle reprit possession de sa mimine et la secoua un peu histoire de s’assurer qu’elle n’était pas contaminée par on ne savait trop quelle maladie honteuse. Lequel était le plus méfiant des deux ? Il était vraiment dur de trancher dans de telles conditions totalement instables, où tout basculait tout le temps sans jamais prévenir…

« Merci pour la remarque, j’en prendrai donc note, que tu es une gentille fille, mais faudra quand même que tu fasses tes preuves ! Qu’elle est mignonne… On dirait pas comme ça au premier abord, mais je n’en doute déjà plus ! »

La mistinguette fit un petit « Pfu ! » faussement dédaigneux avant de finalement l’ignorer. Elle lui tournait quasiment le dos, mais sur son visage s’étaient dessinés les traits d’une expression enjouée. Alors, finalement, ce premier contact était peut-être quand même de bon présage…

« On est parti alors, Madame ? Loin loin loin vers Cuilnen ? En avant vers l’arbre de la Folie furieuse ! Bien sot est celui qui s’imagine pouvoir être plus détraqué que moi ! Il est à moi ce caillou ! Il est à moi ! »

Et déjà elle sortait de la pièce telle un ménestrel chantant ses louanges et ses encouragements à sa seule attention. Il allait être dur pour elle de s’accoutumer à la présence du Shaakt qui traînait un peu derrière elle parce qu’en personne plus ou moins sensée, il s’était enquis des dernières informations nécessaires à la mission auprès de la sergente.


_________________
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Keynthara, prêtresse Aniathy, niveau 17


Dernière édition par Keynthara le Mar 3 Mar 2009 14:26, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 13 Déc 2008 15:07 
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(((à la sortie de l'habitation de ses parents...)))

Selsynn était sortit un peu rapidement. Le vent lui souffla d'un grand coup sec. Elle sentit les peaux onduler avec grâce dans ses mains. Au détour de la rue, le soleil parvint à lui caresser la peau et elle ferma les yeux de joie et de paix. Elle savait que cela ne durerait pas longtemps et bientôt les humains reprendraient leurs droits, ici, à Kendra Kâr. Elle connaissait suffisamment la ville et ses déboires pour le savoir.

Alors elle continua, au détour des ruelles afin de se déplacer jusqu'au marché. Quand elle arriva à une rue du marché, elle entendit les cris des vendeurs qui profitait des premiers badauds. La jeune femme n'avait pas de plan d'action particulier, et commença sa journée à déambuler entre chaque vendeur...

(((suite aux marché...)))

_________________
Selsynn, rôdeuse niveau 1, à Kendra Kar


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Dernière édition par Selsynn le Dim 4 Jan 2009 13:33, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 14 Déc 2008 13:41 
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Localisation: Kendra Kâr
Ombre frêle dans la lumière du jour, j'avançai d'un pas rapide. La ruelle longeait la bibliothèque. Le soleil avait gagné face au mauvais temps, déchirant les nuages en lambeaux gris, vestiges de mon arrivée orageuse. Une odeur fraîche d'humidité emplissait les lieux.

Je tournai à gauche. La rue, qui se perdait au loin, était légèrement plus fréquentée. Je voyais le clocher, à quelques pâtés de maisons, brandissant vers le ciel sa lourde prestance.
Une seule personne releva la tête, alors que, du même pas assuré, je marchai ; un vieil homme, dont ma vue fit arrêter ses tirades de fumée. Il baissa sa main, enlevant de sa bouche le bec de sa pipe.

(Ignares ignorés, ce qui vous dépasse et vous surprend, conquière votre maigre savoir. Clamez-le seulement! Affichez votre fierté, car c'est mon seul lègue : vous m'avez vu, vous pourrez me raconter...)

J'arrivai à une nouveau croisement. A l'angle sud, le pied sali du clocher. On sonna les coups de neuf heure.

_________________
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Ecrire, c'est tuer, prier, délirer. Pour combler l'écart. Abolir l'Entre. Et n'y parvenir jamais. [Michèle Mailhot]


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Ven 26 Déc 2008 06:27 
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Quand je mets le pied hors de l'auberge, un froid saisissant, probablement venu de la mer vient me transpercer les os, sans aucune pitié. S'en est trop, par réflexe je m'enveloppe dans ma cape bien trop fine pour l'hiver qui s'annonce à grand pas.

(Le climat de l’archipel de Naora me manque déjà…)

Enfin, à y réfléchir entre subir les attaques des moustiques et l’hiver je préfère largement être ici. Ma peau ne se rappel que trop bien de ces fichus bestioles assoiffées de sang.
Alors que cette pensée me traverse l’esprit, je jette un coup d’œil à mon bras parsemé de boutons et frissonne sur place, mais cette fois, ce n’est pas à cause du froid.

Serrant bien ma cape autour de mon corps sur le point de finir gelée, j’avance à grand pas vers le bâtiment que je cherche : La maison des dépôts. Je me rappel l’avoir aperçu un jour alors que je me rendais je ne sais ou, mais pour tout avouer je n’ai aucune idée précise d’où elle se trouve.

(Par la peut être, je me rappel encore de cette bâtisse. Oui c’est bien ça.)

Suivant mon instinct, je tourne au coin de la rue et au bout de dix bonnes minutes j’arrive enfin devant la bâtisse ou un écriteau marqué « Maison des dépôts », écarte toute erreur possible.

Agacé de subir tous ce froid, je n’attends pas et traverse la porte pour tenter d’échapper à ses griffes acérées.

(Il serait quand même temps que je m’achète des vêtements pour la circonstance…)

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"L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien."

- George Smith Patton


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Ven 26 Déc 2008 20:43 
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Les maisons défilaient devant mes pas rapides, hautes et sombres gerçures de la terre, voiles de pierre face à l'éclat du soleil au déclin indubitable. De temps à autre, un passant levait la tête pour regarder au loin ma silhouette effilée se mouvoir, ombre frêle à la toge sombre perdue parmi les ténèbres des murs.

Mon pas décidé me fit couper au plus court par une petite ruelle mal entretenue. Une odeur impropre s'évadait des lieux, tristes étalages d'une saleté peu commune à une ville qui soignait pourtant si bien son apparence. Celle-ci débouchait sur la grande rue empruntée le matin même, qui sous les traits inclinés du soleil commençait à se parer de couleurs pourpres.

Fidèle à mon rythme, je traversai celle-ci sans plus attendre, puis entrai dans les jardins d'Ynorie, nature souillée par la main de l'homme; mais malgré tout havre de paix dans une ville agitée. Paix que je ne pouvais ne serais-ce que convoiter...

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 28 Déc 2008 17:55 
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Nous sortîmes du Parc, côte à côte. A droite étaient les murs du château, masse blanche aux allures robustes. Sur ses hauteurs je pus distinguer deux gardes pris dans une monotone ronde du soir, reflets gris d'armures sur la pâleur de la roche, manifestations tristes de la vigilance de la royauté; roi dont j'avais lu tant de bien, mais en qui je voyais bien plus un idéaliste aveuglé d'optimisme...

La Jeune femme tirait sur mon bras, et je finis par prendre sa main, l'arrêtant dans son élan, la poussant volontairement vers moi :

"- Pourquoi ainsi te dépêcher? Kendra Kâr est-elle à ce point dangereuse?"

Elle sourit, appréciant cet arrêt rapide mais néanmoins doux et non dénué de charme. Elle plongea dans mes yeux ardents la blancheur des siens, nuages calmes et bleus. Un sourire se dessina sur ses fines lèvres, laissant apparaître de petits plis à l'endroit de ses joues. Ses pommettes se colorèrent d'un rose de vitalité, puis elle parla, murmura en un souffle chaud que je reçu au visage:

"- Certes non! Mais j'aime ainsi avancer. Voyez-y mon rythme naturel : toujours pressée, jamais calmée."

En temps normal, ses démonstrations sensuelles m'auraient touché, et je me serais, pour un temps du moins, laissé charmer. Mais la seule chose qui réagit sous mon faciès fut mon masque, alors qu'un rire s'élevait dans mon esprit noirci par sa foi.

"- Soit!" fut ma seule réponse, alors qu'à mon tour je la tirai vers le nord de la ville. Elle en rit, remonta à ma hauteur et lâcha ma main à la peau blême, hésitante d'ainsi la garder plus longtemps.
Nous passâmes à gauche du quartier marchant auquel je n'accordai pas même un coup d'œil. Une ruelle plus étroite nous accueilli tandis que nous tournions vers l'ouest; ruelle pour le moins encombrée de diverses étalages vidés pour la nuit, de charrettes et de brouettes entravées de chaînes. Les maisons étrangement basses semblaient se serrer, attachées les unes aux autres en souci d'économie de place.

Après une marche – lente cette fois - nous arrivâmes devant une activité plus grande. Émeline m'arrêta de la main.

Se dressait devant nous une taverne passablement occupée, à la porte constamment rouverte par des consommateurs à l'allure joviale. Il était clair à la vue des poussées rythmées des battants que la taverne se remplissait pour une soirée arrosée. Soupirant, je lu son nom : "Taverne du Paladin".

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 31 Déc 2008 01:08 
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Sac à l’épaule, je déambule dans les rues de Kendra Kâr…dans mes rues. Ces ruelles, ces pierres, ces maisons jumelles, les thermes, tout ça m’appartient ou du moins j’en ai l’impression. Ou bien est-ce moi qui appartient à cette ville? Je ne sais pas...je ne sais plus. Et puis, peu importe, maintenant que je la quitte.
Cette séparation, sera la plus douloureuse: Kendra Kâr étant ma meilleure maîtresse. Telle une concubine, elle a partagé mes moments les plus doux mais aussi les plus amers.
Alors pourquoi partir?
Parce que j’en ai besoin. Cette réponse, vous la trouverez évasive mais c’est pourtant la seule que je peux donner. Je me sens prisonnier, las, j’ai besoin d’espace, de liberté. Je souhaite découvrir d’autres lieux, voler d’autres gens.

Perdu dans mes réflexions, mes pieds m’ont conduit près de mon quartier préféré: le marché. C’est là que j’ai rencontré Angélie, ma meilleure amie. Ensemble nous avons connu l’ivresse du premier baiser et du premier pillage. Cette période de ma vie, appartient au passé maintenant, Angélie, mariée au fils du forgeron, un jeune homme tout en muscles, attend son premier bébé.

Des cris de femme outragée me ramènent à la réalité:

« À l’aide, aidez-moi, ….sales scélérats! »

Sales scélérats! Ce n’est sûrement pas à ma personne qu’elle s’adresse. Ce matin, avec le plus grand soin, je me suis parfumé après un bain aromatisé.

« Oh, mon beau, bon, jeune gentilhomme, venez à mon secours »

Cette fois-ci, je me reconnais. Demi-tour je fais, pour observer une jolie pâtissière, à en croire ce qu’elle tient dans les mains, qui semble en désarroi. Mes yeux d’experts examinent ce petit bout de femme un peu maigrichonne: une mignonne aux yeux noisette et à la bouche légèrement trop petite.
À sa gauche, deux hommes en massacrent un troisième. Je ne me préoccupe de ces rustres, portant plutôt mon attention à la dame en détresse.

« Que puis-je faire pour vous aider délicieuse demoiselle? »

Tout en pleurs, elle me répond:

« Je vous en supplie, aidez mon mari, et je vous récompenserai »

Belle promesse que ces récompenses, pourtant pauvrement vêtus, elle et son homme, ne pourront rémunérer mon aide à sa juste valeur. L’idée de me salir les mains ne me plaît guère, par contre je n’apprécie pas les combats déloyaux : le plus costaud, chauve, empoigne le pauvre homme alors que le bedonnant, aux beaux habits, lui assène de violents coups de poings dans le ventre. Faisant appel à mon altruisme, je m’adresse à la pauvre déplorée en lui désignant son rouleau à pâte.

« Prêtez-moi votre outil, je vous prie »

J’utilise le bas du tablier de la jeune épouse pour essuyer l’objet enfariné avant de m’en saisir. J’attends quelques secondes, le temps que l’assaillant ventru me tourne le dos, et vlan, je le frappe à la nuque. Coup bien porté, le riche brigand est tombé. Profitant de l'étonnement du complice au crâne dégarni, l’époux se défait de l’emprise de celui-ci. Et voilà, je ne peux faire plus, un contre un, la bataille est équilibrée. Le gredin, à la calvitie bien établie, croyant que nous serons deux à le frapper, se dépêche de détaler.

Penché sur l’homme assommé, je fais semblant de me préoccuper de sa santé. Alors que ma main droite fait mine de chercher les signes vitaux, la gauche, furtive, part à la recherche de sa bourse garnie. De celle-ci, quelques pièces seulement sont retirées. À son réveil, ce vaurien ne se doutera pas du larcin puisque son sac semblera intact. Mon vol achevé, la femme arrive près de moi précipitamment me couvrant de baisers.

« Merci, merci, noble seigneur »

Non loin de nous, le mari nous observe avec une moue agacée. Ses cheveux bouclés et crépus, cette peau basanée, ce nez aquilin lui confèrent une beauté sauvage, loin d’égaler la mienne plus raffinée.
Voyant la désapprobation de celui-ci quant à la reconnaissance exagérée de sa femme, je l'interpelle en prenant un air affecté et intéressé :

« Et vous monsieur, allez-vous me gratifier de vos baisers ?»

En grommelant, il empoigne sa tendre moitié et la tire vers leur demeure. Elle a tout de même le temps de récupérer son instrument à pâtisserie et de me dire :

« Chose promise, chose due. Nous ne somme pas riches, mais je vous rapporte de quoi vous remercier »

Croyant qu’elle me donnera des gâteries pour mon estomac, patiemment j’attends en me pourléchant, mais elle revient enfin en courant et, dans les bras, me flanque un petit chat. Elle repart dans sa boutique en me criant :

« La prochaine fois, que vous viendrez, je vous vendrai une pâtisserie à moitié prix »

« Et que me donnerez-vous pour un demi chat ? »

Trop tard, la porte refermée, elle ne m’a pas entendu.

« Ne t’inquiète pas, petit félin, je ne te ferai aucun mal… Je déteste le sang. »

Un peu déçu, le chaton à l’abri dans ma besace, je poursuis mon chemin. À mon passage, les gens se retournent avec un sourire, la chanson que je fredonne de mon harmonieuse voix de ténor semble leur plaire. Malheureusement, mon chant est vite interrompu par d’affreux cris discordants d’un enfant :

«Wouaaaaah……j’ai perdu ma sucette, j’en veux une autre….Wouuaaaaaahhhh »

Désirant protéger mes délicates oreilles, je sors le chat du sac et je le tends vers la petite fillette rondelette. Ses pleurs cessent aussitôt. Je suis fier de moi, en un geste, j’ai réglé deux problèmes: mon ouïe est intacte et ne n’ai plus de petit animal de compagnie.

D’un air enjoué, je reprends ma route vers les grandes portes.

==>Les grandes portes de la ville

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 1 Jan 2009 22:26 
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< Grandes portes >

Nathùlcien avançait paisiblement dans les petites ruelles de Kendra Kâr en errant, évitant un maximum les lieux bondés et en se dirigeant d'un pas sûr vers l'une taverne de cette ville. Elle avait bien besoin d'un peu de repos, il lui fallait donc trouver un endroit chaud et chaleureux. Elle devait commencer par manger et reprendre des forces.

( Une taverne ! Il faut que j’en trouve une…)

Ses cheveux noirs flottaient dans le vent, et sous ses petites bottines, les cailloux crissaient doucement. Elle ne pensait à rien, se contentant de fixer le sol devant elle et levant la tête de temps en temps pour ne pas se perdre.
Elle arriva enfin devant une taverne et s'est en fredonnant qu'elle franchit la porte.


< Taverne du paladin >


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 27 Jan 2009 22:37 
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Les habitations

Ce matin là, le vent qui s'engouffrait dans les ruelles, me fit l'effet d'une grande claque ! La fraicher matinale de la ville me changeait de mon climat natal. Des claquements de sabots sur les pavets se firent entendre, je me tappissais dans l'ombre du toit, bien à l'abrit des regards indiscrets. D'ici, je pouvais contempler à ma guise la rue, sans crainte de me faire repérer. Les cavaliers passaient s'arrêterent devant la maison. Le plus âgé de tous, un homme d'une trentaine quarantaine d'année à la barbe grisonnante et au ventre rebondi sauta à bas de son cheval. Un épée de fer était accrochée sur son côté droit. Lors d'un combat à l'épée, les gauchers avaient un avantage non-négligeable. Il s'avança d'un pas assuré. Son regard se posa sur le toit, je me reculai vivement en arrière pour éviter qu'il me repère. Mon coeur accéléra dans ma poitrine, mes tympans se bouchèrent. M'avait il vu ? Décidemment, je jouai de malchance ! Il fallait que je déguerpisse d'ici au plus vite. Je sautai sur le toit d'en face, du côté opposé des soldats.
De toits en toits, discrètement, je me déplaçai à la recherche d'une ruelle sombre pour revenir sur le monde terrien. Après quelques instants de recherche je trouvai enfin mon bonheur. Je m'approcha de la corniche du toit, m'aggripa à la goutière et glissa silencieusement. Une fois au sol, je sorti de ma tunique une cigarette de tabac du désert, seul objet d'attache à ma terre natale. Ce tabac, venue des terres ensoleillées avait un arôme unique, et chaque cigarette m'envoutai et me permettai de voyager. Je vagabondai dans la rue, sans but particulier. Mes pas me menèrent aux docks.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 8 Fév 2009 19:09 
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<-- Les habitations

La balade se poursuit sans heurt ni babillage, si bien que je me perds dans mes pensées qui se résument en fait à ce casque nasique; celui-ci est bien caché dans mon sac et je le porterai, si je me résous à le faire, qu’une fois rendue au jardin. Les odeurs des ruelles, émanant des égouts malodorants et des amoncellements des ordures putrides, me lèvent déjà le cœur; il est hors de question de les amplifier.

J’essaie de me convaincre que ce heaume m’aidera à retrouver mon frère, mais en vain, je n’y peux rien, ma répugnance est viscérale; insérer deux petites billes d’acier froides dans mes orifices nasaux chauds et humides, c’est un peu comme si on obstruait mes narines avec de petits grêlons. Je connais que trop bien la sensation que ça procure pour l’avoir déjà éprouvée malgré moi. Cette mésaventure, ou plutôt ce sale tour que m’a joué mon cousin Démos, restera à jamais gravée dans ma mémoire. Heureusement pour moi, ces petits morceaux de glace ont fini par fondre, ce qui ne risquerait pas d’arriver avec les boules si elles se coinçaient dans mes trous de nez. Ce souvenir est si désagréable que je n’ai aucune envie de le ramener davantage à la surface. Je le refoule du mieux que je peux en me concentrant sur toutes les stimulations sensorielles que peut m’offrir cette ville, ce qui s’avère facile puisqu’elle est maintenant en plein éveil.

On entend d’ici l’activité fébrile qui règne dans les rues avoisinantes. Les marchands vantent leurs produits et interpellent les passants, les roues des chariots grincent, les chevaux hennissent et le bruit de leurs sabots résonne sur le pavé de pierre. Ici cependant, dans cette ruelle, le calme domine; seuls des rires d’enfants attirent mon attention. Il s’agit peut-être de ceux que j’ai aperçus plus tôt de la toiture qui déplaçaient de petites roches sur le sol de terre tapé. J’aimerais bien les observer de plus près, je pourrais peut-être alors comprendre le fonctionnement de leur jeu qui m’a semblé si singulier du toit. Mais inutile d’y penser, à quelques millimètres de mon nez se dresse un pardessus de laine violet qui occupe à peu près tout mon champ de vision. Ce n’est pas que je déteste cette couleur, au contraire, elle sied à merveille à ce lutin de haute stature au visage basané. Cependant, après quelques minutes, j’ai fait le recensement de toutes les taches ainsi que de leur emplacement; ma vue s’est lassée de cette veste élimée. Du bout de mes doigts j’effleure ce tissu, qui bien qu’usé, a conservé sa douceur. Je peux aussi, bien sûr, me tourner la tête tantôt à gauche, tantôt à droite, et me contenter d’une vue partielle des ruelles; mais c’est insuffisant, mes sens en demandent plus.

(C’est à l’avant que je veux voir!….Je veux voir où l’on s’en va!…Je veux voir ces jeunes!)

C’est à ce point de mon exaspération que je constate qu’on se rapproche d’eux. Ce que j’avais d’abord pris pour des rires ressemble maintenant plus à des cris et des pleurs.
Mon obstination à tout voir prend le dessus; mes mains bien agrippées à la taille du lutin, je me penche de côté afin d’épier ces enfants. Mes doutes se confirment rapidement, pour ces jeunes humains, il n’est vraiment plus question de jouer; ils se disputent férocement. Le plus petit, un brun aux cheveux légèrement ondulés, est à peu près de l’âge d’Adèle, mais beaucoup plus maigre, du moins c’est ce que laisse paraître ses pauvres haillons de coton trop grands. Il s’apprête à lancer une roche au blond grassouillet, de quelques années son aîné, qui s’enfuit en pleurant.
Offusquée par ce geste de violence, je donne une petite tape sur l’épaule de Gwerz pour attirer son attention sur mes prochains agissements; je n’ai pas le temps de lui expliquer mes intentions, il verra bien par lui-même lorsque j’aurai pied à terre. Sans attendre sa réaction, j’adopte donc la position d’amazone et me laisse glisser le long du flanc de notre monture. Mon atterrissage est loupé, le reptile étant toujours en mouvement, je n’ai pu garder l’équilibre et me suis retrouvée sur le fessier. Vite remise sur mes pieds, je cours jusqu’à l’assaillant qui se trouve maintenant à proximité, mais avant qu’il puisse être à ma portée, le premier projectile lancé a heureusement raté sa cible. Le jeune garçon ramasse une deuxième pierre au moment précis où j’agrippe sa jambe gauche. Même chaussée, je gravis facilement ce corps de petit humain; ses habits amples offrent de belles prises tant à mes pieds qu’à mes mains collantes. Grimpeuse expérimentée, du mollet, j’escalade rapidement la cuisse, appuyant ensuite un pied sur ses fesses pour me propulser aisément sur son dos et poursuivre la montée jusqu’à son épaule, endroit exact où il me remarque.

« Hé! Que fais-tu là vilain farfadet? »

Ignorant la question, je progresse agilement, un pied devant l’autre et les bras en croix, le long de son bras pour ensuite m’accroupir sur son poing. Maintenant immobile, j’abaisse mon capuchon et repousse les pans de la cape, me rendant ainsi visible. Je m’accorde quelques secondes pour l’observer: de magnifiques yeux noisette encadrés de longs cils noirs, un petit nez en trompette, des joues rondes que ma grand-mère aurait à la blague menacé de croquer et des oreilles légèrement décollées ne demandant qu’à se faire tirer. Toute cette beauté enfantine, que ma mère aurait avec empressement débarbouillée de son pouce mouillé, gâchée par cette mine renfrognée.

Les sourcils froncés et les narines dilatées, expression empruntée à ma mère en furie, je lève doucement mon avant-bras, pointant son visage de mon index droit, j’ouvre la bouche et m’apprête à lui adresser la parole. Sa mimique se modifie alors, sa colère laissant la place à la peur. Qui aurait pu croire qu’une lutine de vingt centimètres pouvait effrayer un enfant? Son ignorance me sert, il n’a sûrement jamais vu de lutin; me prenant pour un farfadet, il doit croire que je prévois lui jeter un sort. Il secoue alors frénétiquement sa main avec l’intention évidente de me faire tomber. M’agrippant du mieux que je peux, je me retrouve suspendue dans les airs me tenant seulement à ce caillou. Je me décide enfin à lui répondre:

« Je ne suis pas vilaine, ni farfadet! Juste une lutine inoffensive!...Lâche cette roche, tu vas blesser ton copain! »

La charge du galet, additionnée à celle de ma personne, s’avère peut-être trop lourde pour ce jeune garnement puisqu’il baisse son bras. Je n’aurais jamais dû avouer ma vulnérabilité; remarquant que le blondinet est déjà hors d’atteinte, il me toise cette fois d’un regard mauvais puis me répond :

« D’accord…si c’est ça que tu veux! »

Sur ces mots, il ouvre sa main et prend ses jambes à son cou, me laissant tomber avec mon fardeau dans les bras.

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Dernière édition par Guasina le Sam 28 Mar 2009 01:27, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 8 Fév 2009 19:59 
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Alors que tu chois disgracieusement en direction du dur pavé, et ce d’autant plus vite que tu es alourdie par le poids du galet, quelque chose qui semble avoir été envoyé avec une précision digne d’un tireur d’élite se colle soudain fermement à ton arrière-train, quelque chose dont tu as déjà expérimenté la sensation gluante en une situation de danger urbain quelque peu semblable. Aussitôt après s’ensuit une brusque traction qui ne dure même pas une seconde avant qu’elle se relâche brutalement, te transformant à nouveau en projectile libre le temps que tu finisses ton voyage aérien dans une masse confortablement poilue et qu’un bras se referme autour de toi.
Le temps que tu reprennes tes esprits, la masse poilue s’avère bien vite la considérable barbe de Gwerz, et le bras le sien. Celui-ci observe les alentours d’un air attentif pendant quelques secondes tandis que sa monture ne relâche pas l’allure, puis finit par pousser un soupir de soulagement avant de darder ses yeux dans les tiens, sa tête si proche qu’elle en emplit presque totalement ton champ de vision.

« Par Yuimen ! » S’exclame-t-il. « Vous auriez pu finir écrabouillée ! Qu’est-ce qui vous a pris ? »


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Lun 9 Fév 2009 00:49 
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Je tombe. Fermant les yeux, je me rassemble en boule puis j’attends résignée le choc brutal de mes os sur le sol. Au lieu de cela, une chose gluante se colle à mon pantalon ce qui a pour effet de stopper ma chute. Je devine, ou plutôt j’espère, qu’il s’agit de la langue de Cheshire puisque c’est de cette façon qu’il m’a sortie du pétrin la dernière fois. À l’exception qu’il m’avait saisie par le dos au lieu de l’arrière train. Bien que je le mentionne, ce détail est bien le cadet de mes soucis.

Pas sitôt arrêtée dans ma descente que je me sens tirée brusquement vers l’animal, ce qui dure qu’un bref moment, juste assez cependant pour que je ressente ce que vivent les insectes et que je me réjouisse de ne pas être la proie de ce reptile.

Étant beaucoup plus pesante qu’un moustique, Cheshire ne s’embarrasse pas longtemps de moi; il me catapulte prestement dans les airs, si bien que je plane quelques instants, tel un ballon, avant d’atterrir dans les bras de Gwerz Porsal, plus précisément le nez dans sa barbe. L’arrière-senteur de tabac froid et le léger picotement que procurent les poils de sa toison blanche sur la peau sensible de mon visage de rouquine m’incitent à me retourner rapidement.

Assise les deux jambes du même côté sur le dos du reptile, le bras droit du grand lutin me maintenant en selle, je rencontre le regard de mon sauveur.

Éviter cet affrontement visuel m’est impossible, la proximité de son visage m’empêche cette alternative. De cette figure brunie, j’avais surtout remarqué les nombreuses rides témoignant son âge ainsi que sa longue barbe bien peignée. Derrière ses lunettes, je découvre de grands yeux bruns d’une intensité troublante, accentués par des sourcils en broussailles de couleur assortie à sa barbe. Ces yeux me fixent ardemment; je n’ose baisser les miens, s’il a des reproches à me faire, je dois les encaisser sans broncher; je lui dois un certain respect après tout ce qu’il a fait pour moi.

« Par Yuimen ! » S’exclame-t-il. « Vous auriez pu finir écrabouillée ! Qu’est-ce qui vous a pris ? »

Son ton autoritaire me fige sur place. Ces reproches m’atteignent au plus profond de mon être. Ma tête me commande d’être forte mais mon cœur en décide autrement; mes yeux s’emplissent aussitôt de larmes que j’essaie de contenir au mieux. Intimidée, j’essaie de me justifier :

« Le jeune humain voulait du mal à son ami,…il fallait que je fasse quelque chose! »

C’est d’une voix faible et tremblante que ces paroles furent prononcées. J’ai chaud; mes joues, mon front et mes oreilles sont en feu. J’ai de la difficulté à avaler, refouler mes sanglots est maintenant difficile; la gorge serrée, j’essaie d’enchaîner :

« Je ne comprends pas comment des humains si jeunes peuvent être si méchants!»

N’en pouvant plus, je baisse la tête et mon regard se dirige vers mes mains pleines. Dans ma chute, je n’ai pas lâché prise; je détiens encore ce galet que je lui présente comme si je tenais une arme redoutable:

« Cette malheureuse pierre gribouillée a bien failli tuer! »

Sur ces mots murmurés, je réprime un frisson; l’imagination fertile, je me représente la scène telle qu’elle aurait pu être si la pierre avait atteint sa cible. Je vois un jeune corps étendu au sol, inerte, une plaie ouverte sur le crâne, les cheveux tachés de sang dont je sens l’odeur fade. Et par dessus tout, j’entends les cris de désespoir d’une mère en pleurs. À l’évocation de cette scène qui aurait pu être réelle, mes yeux se vident d’un liquide salé qui s’écoule sur mes joues.

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Guasina, protectrice d'âme


Dernière édition par Guasina le Sam 28 Mar 2009 01:26, édité 9 fois.

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