« Sans plus attendre, commençons, mesdames et messieurs ! À ma droite, un jeune homme apparemment intéressé par l'argent, a décidé de risquer sa vie et d'affronter le puissant, le terrible... Orque ! » le présentateur continuait de parler mais déjà, on ne l'entendait plus, tant sa voix était faible face à celles des centaines de spectateurs venus voir le massacre. Ils souhaitaient tous un combat sanglant, où l'aboutissement serait la mort du pauvre fou ayant tenté de relever le défi. Et c'est sous ce tonnerre de voix qu'avança le pauvre fou concerné, pénétrant enfin dans l'arène, portant pour seul défense une épée, plutôt longue. je jetai un regard attentif sur le terrain où était sur le point de débuter le combat. Il y avait des restes de ce qui fut autrefois des combattants, et des rondins de bois taillés étaient maintenus aux murs pour éviter que les participants essayent de s'enfuir en grimpant dans les tribunes. Le sol était extrêmement poussiéreux, à un tel point que l'on aurait pu croire qu'il était recouvert d'une fine couche de sable.
je m'approchai alors du centre de l'arène pour que chaque spectateur puisse me regarder. Certains d'entre eux commencèrent à pouffer de rire en voyant le simple équipement que je portais, puis se fut le tour de toutes les personnes présentes. Il riait à s'en rompre la mâchoire : Pour eux, j'étais déjà mort. Puis, un cri. Puissant et terrifiant. Aussitôt, tous se turent, non sans un sursaut de peur. Les bruits de pas de la créature raisonnaient dans le couloir menant sur l'arène, et l'on entendait les cliquetis des chaînes qu'elle portait aux mains. À mesure qu'elle approchait, sa respiration, rauque, se précisait de plus en plus. Puis l'orque entra dans la zone de combat. Je me rendis compte alors à quel point il était impressionnant : l'on me disait grand, mais cet orque devait faire au bas mot près de deux mètres quarante, et il était si musclé qu'un seul de ses bras faisait le double du mien. Comme de juste, sa peau était verte. Il avait deux ou trois cheveux blancs, longs, qui lui descendaient jusqu'au cou. Il était armé d'une épée qu'un homme n'aurait jamais pu porté d'une seule main et, apparemment, il le faisait sans souci. Aux bras, il avait des menottes, mais les chaînes étaient brisées. Il ne portait pas d'autre vêtement qu'un vieux caleçon marron, et heureusement pour moi, d'ailleurs. S'il avait été en armure, ça en plus du reste... L'orque regarda d'abord à droite, puis à gauche, après quoi il me fixa. Il ouvrit la bouche et poussa un cri puissant avant de marcher lentement dans ma direction. Il venait de choisir sa cible. C'était trop tard, je ne pouvais plus reculer: je devais le battre... non pas pour gagner, mais pour survivre.
Je brandis mon épée devant moi, et commençai alors à faire quelques pas en sa direction. Il chargea. Si puissamment que le sol en tremblait. Je me mis en garde, pris au dépourvu. Rapidement, il se retrouva devant moi, et tenta de placer un coup d'épée à la verticale, que je réussi à esquiver de justesse avec un pas sur le côté. L'impact souleva un nuage de poussière, j'en profitai alors pour tenter de planter mon épée dans sa gorge. L'épée commençait juste à entailler la peau, quand un énorme coup de poing dans la poitrine m'envoya à plusieurs mètres. La douleur était très forte, et j'avais la respiration coupée. Il me sembla entendre les acclamations du publique, mais je m'en fichais: il fallait que je me relève avant que l'orque ne revienne. L'air circula à nouveau, ce qui me permis de mieux me concentrer. Du regard, je cherchai mon épée : il me fallait un point d'appui. Enfin, je la repérai, mais je me devais d'oublier cette idée: sous la puissance du coup de l'orque, je l'avais lâchée, et elle était à présent non loin de lui. Ce dernier inspecta son cou, et remarqua du sang. Il me regarda d'un air encore plus féroce qu'auparavant, un mauvais point de plus à ajouter à la liste. L'orque se remit à courir vers moi, avec la ferme intention de se venger, apparemment. Je tentai de me relever, mais l'orque était déjà sur moi, et m'attrapa par les cheveux. D'ici, je pouvais sentir son haleine putride, qui me fis avoir une nausée, mais ce n'était pas vraiment le moment de penser à ça. Je devais me dégager de son emprise.
Mais comment, sans mon épée ? L'orque aussi l'avait bien compris et il planta son arme au sol. Je crû voir se dessiner un sourire sur sa tête répugnante, puis il recula un peu sa tête, avant de la projeter à toute vitesse en direction de la mienne. Je hurlai de douleur, tant le choc fut puissant, et un filet de sang coula le long de mon front. Mais l'orque, bien décidé à me faire souffrir, recommença à nouveau son attaque, puis une troisième fois. Mon crâne ne pourrait supporte cela indéfiniment, il allait se briser. La peur m'envahit. Je ne devais pas mourir... pas encore. Je devais agir. L'orque arma son ultime coup de tête. Sa tête se rapprochait de la mienne, tout semblait fini, mais il avait commis une erreur: il ne m'avait pas immobilisé le reste du corps. Dans ma tête, je priai n'importe quel Dieu que l'anatomie de l'humain et de l'orque soit similaire, puis j'envoyai un magistrale coup de pied dans ce qui serait pour les humains les parties génitales. J'atteignis ma cible, et l'orque s'immobilisa, signe que, apparemment, ça avait fonctionné. Je ne laissai pas le temps à mon adversaire de se remettre de ses émotions, et je lui mis un coup de poing dans l'œil droit, de toutes mes forces. L'orque hurla de douleur, se tenant l'œil, qui saignait abondamment, et du coup, son étreinte se relâcha. Je ne pris pas le temps de me reposer, et tenta de m'emparer de son épée pour lui asséner le coup de grâce mais, tout ce que je fis, c'est faire rire le public: je n'arrivais pas à enlever l'épée de la terre, beaucoup trop lourde pour moi. Changement de programme: je courus vers mon épée, et la ramassai, avant de faire volte-face et d'achever l'orque.
Et là, je remerciai mes réflexes: le coup d'épée de l'orque, visant ma tête, n'avait eu pour effet que d'entailler le dessous de mon œil. L'orque ne laissa pas abattre et me retenta sa chance en plaçant cette fois-ci un coup horizontal en direction du torse. Je me mis en garde, sachant pertinemment à quel point le choc serait violent, me demandant même si je n'aurai pas mieux fait de me le prendre pour que tout ça s'arrête: la douleur, le combat, mon amnésie. Mais c'était trop tard pour ça, et le coup frappa en plein dans la lame de mon épée. Je reculai d'un mètre ou deux, soulevant un nuage de poussière au passage. Le choc n'avait pas été aussi violent que je le croyais... enfin, c'est ce que je croyais, avant de regarder la fissure parcourant la lame de mon épée. Il fallait changer de stratégie, mon épée ne supporterait pas un second choc comme celui-ci. Mais décidément, l'ogre n'avait aucunement l'envie de me laisser peaufiner mon plan, car il accourait déjà en ma direction, prêt à se venger de la blessure que je lui avais causé à l'œil, fermé, et ce pour toujours. *Mais oui! Le voilà mon plan ! C'était pourtant évident ! Il faut juste qu'il ne s'en aperçoive pas, sinon, il n'attaquera plus aussi ouvertement...* L'orque mit fin à mes pensées en tentant de m'asséner un coup fatal que j'esquivai non sans mal, en roulant, sachant pertinemment que, quand je me relèverai, il m'assénera un coup de poing au niveau du visage, mon crâne étant toujours en piteux état, du sang coulant encore de ma blessure au front. Je mis donc mes bras en croix, espérant qu'il tiendrait le choc face à ce fulgurant coup de poing. Comme je l'avais deviné, l'orque m'asséna le dit coup de poing, et je ressenti une vive douleur dans mon bras gauche, tandis que je me retrouvai projeté loin en arrière. *Il fallait qu'il me blesse au bras, ce tocard !* Bien que je le devinais fêlé, il fallait que je le fasse bouger. Ignorant la douleur du mieux que je pu, Je ramassai discrètement de la poussière dans ma main gauche et commençai doucement à me relever en prenant appui sur mon épée, sans trop forcer pour ne pas la briser. L'infâme créature ne soupçonna rien et fonça dans ma direction.
L'orque leva son épée, mais je ne devais pas encore agir, je devais attendre qu'il se rapproche. Il commença à l'abaisser, et c'est à ce moment là que je lui envoyai la poussière récoltait dans ma main à la figure, visant l'œil encore ouvert. L'effort fit souffrir mon bras gauche, mais cela fut payant, puisque mon adversaire ne vit pas le coup venir et ne ferma même pas les yeux, mais il eut quand même la présence d'esprit d'abaisser sa lame, au cas où elle pourrait me toucher. Mais c'est sans mal que j'esquivai ce coup, m'y étant préparé, et que je bondis, épée levée, en direction de sa tête, et la lui planta dans l'œil gauche, bien profondément. Le sang se mit à ruisseler sur mon visage et sur le sol, signe que mon coup avait bien fait mouche, suivis par les hurlements de rage et de douleur de l'orque. Retirant mon épée, je me réceptionnai à terre, attendant que le présentateur mette fin à ce combat, mon adversaire n'étant manifestement plus en état de se battre.
Mais il n'eut pas le temps de le faire: L'orque venait de m'entailler profondément la hanche. Le sang ruisselait abondamment et ma vue se brouillait. Je tombai à genoux, ne comprenant plus ce qui se passait, le visage crispé de douleur. Je tournai la tête en direction de l'ogre et vis qu'il faisait des mouvements circulaires avec son épée, espérant me dénicher. Il avait peu de chance de me trouver, mais il persévérait, m'ayant déjà eu une fois. C'était étrange: avec ses blessures aux yeux, l'orque aurait dû avoir son compte. Pourtant, il continuait à se battre en aveugle. Aucun de nous deux n'était vraiment en état de continuer. Mais il fallait un vainqueur, et un vaincu. Douloureusement, je me relevai, le sang coulant encore de ma blessure, plus profonde qu'elle n'en avait l'air. Je titubai, trébuchant sur quelques ossements, jusqu'à ce que je trouve celui qui m'intéressait: un crâne. Je repérai l'orque, encore en train de frapper dans le vide, à croire qu'il ne se fatiguait jamais. Je marchai doucement vers lui, pour ne pas l'amener ici tout de suite, tenant le crâne de la main gauche, devant la solliciter une dernière fois pendant le match. M'approchant de plus en plus de mon ennemi, je commençai à tendre mon bras. Il fallait que je fasse un maximum de bruit.
J'étais désormais face à l'orque. Serrant les dents à cause de la douleur, je lançai le crâne de toutes mes forces derrière lui, priant pour qu'il croît que ce soit moi, les orques n'étant pas réputés pour leur intellect. Ma tactique avait payé puisque l'orque mit un coup magistrale à l'endroit où il avait entendu le bruit. Profitant de cette unique instant, je bondis et lui mis un ultime coup qui lui transperça la gorge, laissant échapper un flot de sang qui se répandit sur le sol. La créature tomba enfin à la renverse, inerte. Je sortis alors mon épée de là où elle était logée et, titubant, me tenant la hanche, je levai mon épée en direction du public qui, après quelques hésitations applaudies vigoureusement. Le présentateur me désigna vainqueur, après quoi je m'écroulai et m'endormit, ayant perdu pas mal de sang. (->>> futur suite :
Auberge de Grigwig le beau