(((avant)))Goël et Gw'yn traversaient d'un pas assuré les rues et ruelles crasseuses de la ville.
C'est seulement quand venait la nuit que Tulorim se montrait dans toute sa splendeur et sa déchéance.
A chaque coin de rue, une elfe blanche aux relents d'alcools faisait le trottoir, tandis que derrière elle se tapissait dans l'ombre un nain trafiquant ses champignons hallucinogènes.
Les rues dégoulinaient de la sueur de la ville, qui battait au rythme de la musique que des lutins jouaient en haut des toits.
La lumière des bistrots léchait les pavés graisseux des ruelles, qui s'évanouissaient dans l'ombre à chaque vacillement de flamme.
Gw'yn s'arrêta soudain devant un vieil homme recroquevillé sur le sol dur et froid.
"Pyvhot ! Réveille toi !" lui ordonna-t-il en le secouant. L'homme tourna son visage cadavérique vers les deux passants.
"Une dose de champigrozey. Tiens, voilà tes yus."Gw'yn lui tendit des billets moisis et lui arracha des mains la petite boite de bois contenant assez pour passer trois jours dans un autre monde.
(Quelle plaie. J'espère qu'il ne vas pas me forcer à renifler ces choses).Puis l'elfe et son nouveau compère reprirent leur route. Ils tournèrent à l'angle de la rue des moulins et de la ruelle du purin, chemin le plus court, bien qu'également le moins sûr, pour rejoindre l'arène.
Alors qu'ils remontaient la ruelle, un Liykor mal intentionné se faufila derrière eux.
Le bruissement de ses vêtements mit en alerte les sens de Goël, mais, le temps qu'il sorte sa dague, Gw'yn, plus réactif et mieux rôdé aux dangers de la ville, se retourna d'un geste rapide et précis, décocha un coup de poing bien placé dans le ventre du Liykor et récupéra ce qui lui avait été dérobé un instant plus tôt : Sa boîte d'hallucinogènes.
L'assaillant, frêle et fatigué, n'opposa pas de résistance. Il s'écroula sur le sol, à moitié inconscient, en marmonnant quelques mots. Goël ne pu saisir dans les paroles confuses du voleur que
"Maudit ... Dose ... Mort ... Gaïa ....".
Tandis que ce dernier se recroquevillait en tenant son ventre, comme pour exorciser la douleur, Gw'yn et Goël reprirent leur route.
"Encore un de ces drogués qui ne trouvent plus rien d'autre à faire que voler pour trouver leurs doses." déplora Gw'yn.
(Cette ville est folle. Les drogués volent les drogués. Cette ville pue la clope et l'alcool, le sang et le sexe, la merde et la drogue. On n'aperçoit même pas les étoiles à travers le manteaux de brume qui recouvre la ville ... Je ne tiendrais jamais trois jours ici ...)Goël repassa dans sa tête la lettre de sa mère défunte :
"Cher Goël,
ton nom veux dire vengeance. Je l'ai choisit pour que jamais tu n'oublies d'où tu viens, et pour que toujours en toi ce sentiment domine. Traque sans relâche le démon qui a fait de notre vie un enfer.
Tout ce que je sais de lui je te le dis :
Il s'appelle Koya l'impétueux et est chez d'une troupe de mercenaires, tous des elfes noirs. Ils traquent les reliques convoitées et les revendent au prix fort.
40 ans avant ma mort, lorsqu'il m'a abandonnée, il était en route vers Tulorim pour retrouver son vieil ami marchand Jak Lraah. C'était par ce Lraah qu'il trouvait des riches bourgeois susceptibles d'acheter ses trouvailles.
Je t'aime. Aliraë, ta mère"Durant l'après midi, lorsqu'il était arrivé, il s'était renseigné sur ce Jak Lraah. Ce dernier reviendrais d'un voyage d'affaire trois jours plus tard. D'ici là, Goël devait attendre.
Enfin, ils arrivèrent devant l'arène.
(((après)))