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 Sujet du message: Le port
MessagePosté: Ven 31 Oct 2008 17:51 
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Le port


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Voici l'endroit de la ville qui lui permet de recevoir la nourriture, ainsi que toutes les autres marchandises comme les armes, matériaux de construction... Un va-et-vient constant d'embarcations de toutes tailles, de la galère de guerre à la coque de noix du petit pêcheur, anime ce port.

On y trouve à embraquer, à acheter bateaux, poissons ou produits exotiques à peine déchargés, ou encore simplement à flâner car contrairement à de nombreux ports, celui d'Eniod connait très peu de criminalité, même la nuit. Il faut dire qu'une partie de l'or récolté dans les mines transite par ce lieu, aussi l'ordre y est rigoureusement maintenu.

Faites vos RP ici jusqu'à embarquement dans un bateau

Bateaux à la vente :

Pour plus de renseignements, se reporter à la règle spécifique sur les bateaux.

Bateau à vitesse standard (x1, 6km/h) : Gratuit (Yus non débités de la fiche mais l'achat sera à jouer en RP)
Bateau à vitesse avancée (x2, 12km/h) : 400yus
Bateau à vitesse rapide (x3, 18km/h) : 1000yus
(Il est toujours possible de faire améliorer son bateau par la suite en payant la différence !)

Un nouveau sujet sera ouvert dans la partie trajet et voyage, pour que puisse s'y faire les RP à bord du bateau acheté. Pour que le GM puisse le faire, lorsque vous voulez faire l'achat, mettez dans la demande ceci complété (Ce sera ce qui apparaîtra dans le sujet) :
Citation:
Titre : Le nom du bateau et entre parenthèse, à qui ou quelle guilde il appartient
Une image (Facultative)
Dans la présentation : Le type de bateau (Voilier, navire, galion,...) ainsi qu'une description : à quoi il ressemble, son capitaine, ses matelots et leur nombre approximatif.
Sa vitesse (Vitesse standard (x1) / avancée (x2) / rapide (x3) )

Les bateaux sont rachetés à 1/4 de leur prix.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

(((Si vous voulez être servi dans des temps raisonnables, n'oubliez pas de demander aux GM dans le SUJET DES INTERVENTIONS GMIQUES de s'occuper de valider vos achats en jouant le commerçant. Nous ne faisons pas le tour des boutiques... merci de votre compréhension )))

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Mar 1 Fév 2011 13:32 
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Inscription: Mar 25 Jan 2011 18:49
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Localisation: Les alentours d'Hidirain
Le dragonnet d’or

Il était quatre heure trente du matin, le port était déjà bien animé. Parmi tous ces pêcheurs et ces marins, deux petites créatures semblaient complètement perdues. Wyn et Linius avait pris de l’avance et se dirigeaient vers le bateau du marin que Linius avait rencontré. Wyn avait encore les yeux à moitié clos et les muscles complètements engourdi. Linius quant à lui était déjà en pleine forme et sa langue avait déjà dut articuler un millier de mots que Wyn n’avait pas écouté. Le port sentait le poisson à plein nez, Wyn en avait des nausées.

Ils arrivèrent maintenant devant un bateau. Six mètres de long, trois de large et une cabine à l’arrière. Tout en boit avec une voile blanche, ce bateau était des plus banales et semblait déjà avoir vécu quelques belles années. Wyn se demandait comment un bateau à voile allait pouvoir remonter le fleuve jusqu’en bas des montagnes. Un homme d’une cinquantaine d’année, les cheveux grisonnant, était occupé à préparer son bateau. Linius s’arrêta et appela l’homme qui sortit du bateau.

« Bonjour » Lança Linius au marin. « Voici mon ami Moërwyn avec qui nous allons voyager. »

« Tu ne m’avais pas dit que ton ami était un Kender. » Répondit-il en regardant Wyn d’un air méprisant. « Ca serra cinq Yus de plus pour toi petit, j’espère que ça suffira à rembourser ce que tu vas me voler. Allez-y montez je suis bientôt prés à partir. »

Wyn et Linius préférèrent ne rien dire et montèrent dans le voilier. Le voyage risquait d’être long avec une telle odeur de poisson, la cale en était remplit avec le sel servant à le conserver. Dix minutes plus tard le bateau était prés. L’homme, qui s’appelait Selim, retourna sur le quai et se dirigea vers un Elfe qui récupéra les dix Yus que lui tendait Selim. Après deux minutes de discussions, Selim et l’Elfe revenait au bateau. Le marin monta après avoir enlevé la corde amarrée au port.

« C’est bon vous pouvez y aller ! » Cria Selim à destination de l’Elfe.

Celui-ci tendit ses mains vers la voile blanche et cria un genre d’incantation. D’un coup le vent sembla se lever, la voile gonfla et le bateau s’écarta du quai. Wyn et Linius avait les yeux grand ouvert, ils n’avaient encore jamais vu ça. L’elfe était déjà partit à d’autres occupations. Selim voyant les yeux ébaillis de ses deux passagers rigola et leur lança :

« On dirait que vous n’êtes pas beaucoup sortit de chez vous tous les deux. Vous croyiez vraiment qu’on allait pouvoir parcourir le fleuve avec un voilier ? »

Le bateau filait à vive allure en direction de l’embouchure du fleuve. Linius était à l’avant du bateau et profitait du vent pour sentir autre chose que le poisson. Wyn était assis sur un banc, il n’osait pas encore poser toutes les questions qu’il avait à demander à Selim. Il préférait attendre que le jour se lève complètement, peut être que le marin serrait un peu plus aimable…

Trajet entre Eniod et la forêt de la valée

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Moërwyn / Archer


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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Jeu 10 Fév 2011 21:44 
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Inscription: Mer 9 Fév 2011 19:16
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Viteaz arriva après deux heures de marche sur le quai principal du Port d'Eniod. Le soleil se couchait lentement sur l'horizon. Un grand bateau attendait son chargement de bière en partance pour des territoires lointains.
Viteaz regarda autour de lui et sentit que quelqu'un l'épiait. Il demeura calme et fit mine de n'avoir rien détecté. Il fit quelques pas vers le bord : l'eau clapeautait contre les rochers et une écume blanche se déposait alors. Viteaz murmura :


"On m'épit, celà est certain. Mais où est cachée cette personne ?"

Il prit un air détaché et longea le quai jusqu'à la première embarcation : c'était un petit bateau de pêche qui semblait abandonné. Néanmoins, la corde qui le rattachait au quai était neuve. Elle devait être à quelqu'un et celui ci souhaitait garder cette barque à quai. Elle avait de la valeur, celà ne faisait aucun doute.
Viteaz se retourna vers les habitations côtières. Il n'y avait guère de monde. Soudain, il aperçut un homme, grand et mince, qui se trouvait assis près de l'attache du grand navire marchand. Il fixait Viteaz d'un regard puissant et ténébreux.
Le soleil passa sous l'horizon. L'homme monta sur le pont du navire et se fondit dans l'obsurité. Viteaz sentit un froid glacial dans son dos. Il décida de rentrer chez lui avant que les mauvaises personnes ne sortent... Voleurs, bandits et malfrats étaient fréquents dans les alentours du port...

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Viteaz - Nain - Guérisseur


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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Dim 20 Fév 2011 14:28 
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Inscription: Jeu 10 Fév 2011 12:27
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Localisation: France
Venir ici avait été pure folie. Lyn s’en rendait compte à présent que ses pieds étaient à nouveau sur la terre ferme. Le bateau l’avait entrainée, comme la foule l’entrainait là bas, chez son maître. Maintenant elle était face à la lumière qui naissait derrière la ville. Tous ces gens, chargés, affairés, ces voyageurs étrangers, tous savaient où aller et que faire. Elle aurait cru éveiller des curiosités, mais personne ne lui accordait un regard. Elle avait toujours été l’Aniathy de son maître, elle avait toujours été pour d’autres, jamais pour elle, elle avait été un instrument, un objet qu’on prenait et qu’on laissait.
« Lyn vient donc amuser les invités, Lyn chante nous quelque chose, Lyn fait nous danser… »
Ces voix qu’elle avait détestées lui manquaient à présent. Si seulement l’une d’elles avait pu lui dire si elle devait aller à droite où à gauch,e pour commencer au moins.

(Mon maître et ses convives… sauraient-ils mieux que moi dans quelle direction partir ?) se demandait-elle avec amertume.

Elle se rendait compte à présent que si tout était très clair concernant ce qu’elle ne voulait plus, elle n’avait pas pris le temps de se demander ce qu’elle désirait au fond. Elle ne savait même pas quel était le but de ce si long voyage.
Alors qu’elle était toujours immobile, le soleil se levait lentement, et des rumeurs sourdes s’élevaient dans la chaleur naissante. Les commerçants allaient et venait, la marchandise se déplaçait lentement. Au milieu de tout cela, elle n’osait faire un pas, pourtant, maintenant qu’elle avait le choix.
Après tout, quelle importance ? Elle ne savait pas plus ce qui l’attendait d’un côté ou de l’autre, peut-être valait-il mieux aller tout droit.

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Lyn, Aniathy Guérisseuse

Toujours faire son possible pour aider autrui. C'est à lui et non à nous de décider s' il abuse ou non de notre bonne volonté.


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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Lun 21 Fév 2011 17:38 
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Localisation: Eniod (Imiftil)
--> Les Ruelles d'Eniod
(Milicienne en mission)


Ils descendirent tous trois durant une dizaine de minutes encore et alors les deux miliciens se plaquèrent contre une paroi. Jadelle les imita. Depuis qu’ils étaient ressortis de chez l’Armurier, ils n’avaient croisé que peu de gens et maintenant, si près du port qu’ils étaient, on n’entendait personne dont les pas résonnent sur les pavés. Ni piéton, ni cavalier, pas non plus de gosses aux pieds nus ni de mendiant pouilleux. Tout était régit par le chant des mouettes et les caquetages de l’eau qui cognait les quais de pierre. Certes, il y avait bien quelques bateaux qui arrivaient et d’autres qui partaient, mais si peu. L’équipage déchargeait lui-même son chargement : personne ne travaillait plus sur les quais. Ceux-ci était tout bonnement sans surveillance aucune, les marins à la merci de n’importe quel archer elfique.
Jadelle n’entendait plus que sa propre respiration, ne sentait plus que l’air qu’elle rejetait devant elle et qui embaumait le chocolat chaud et ne voyait plus que la vapeur sortant de sa bouche. Seules les pierres froides aiguisaient son toucher et le seul goût qu’elle percevait était celui de ce foutu chocolat qui lui avait brûlé la langue et dégrossi sa bourse. Lentement, le Grand Raide se glissa le long du mur et s’engouffra dans une rue à gauche qui était séparée des quais par une rangée de maisons de pierre sans étage. Il fit signe à la naine de le suivre. Elle se faufila aussi silencieusement que son acolyte et ils grimpèrent tous deux par une gouttière en fer forgé sur le toit de l’une des maisons. Ils s’étaient positionnés de telle sorte que l’homme surveille immédiatement les quais et que Jadelle surveille les toits des rues au dessus d’eux. Le moyen souple était resté en arrière jusqu’à ce que le grand prenne le relais depuis le toit pour la surveillance des quais. La gouttière qui s’était miraculeusement tue au passage des deux premiers miliciens émit un crissement sinistre au passage du troisième. Ce dernier s’immobilisa au milieu de son ascension et Jadelle se demanda comment pouvait-on rester immobile sur une gouttière sans perdre en hauteur, elle se promit de franchement de mettre au sport après cette mission. Aucune présence ne se manifesta et la naine se dit que le bruit de la gouttière ne devait pas être plus élevé que celui des cottes de maille des deux miliciens. Rassurée, elle relâcha quelque peu son observation des rues supérieures.

Alors, profitant certainement de l’inattention de l’apprentie milicienne deux archers lâchèrent des flèches sur les miliciens. Par chance, les premières flèches n’atteignirent pas leur but et les offensés purent rouler sur eux-mêmes et se lever afin de trouver un abri. Le grand raide réussit à se caler derrière une cheminée et Jadelle se dit que c’était une chance qu’il soit maigre et puisse être entièrement caché. Le moyen souple eut autant de chance que son confrère, il courut deux toits sur la droite et trouva lui aussi une cheminée à sa taille. Jadelle qui était, soyons francs, légèrement rondelette, ne tenta aucune cheminée de maison et préféra trouver celle de la cantine centrale du port qui devait, l’espérait-elle, être plus aux mesures d’une naine. Ce faisant elle courait sur les toits, à gauche de la première maison sur laquelle ils avaient atterri. A ce moment, on siffla et se retournant, la naine vit le Grand Raide faire rouler son bouclier rond vers elle. Il l’avait lancé fort et il avait déjà roulé sur deux toits et continuait en ligne droite malgré les tuiles grises qui crénelaient la surface des toits. Elle fit alors un brusque demi-tour auquel les archers elfiques ne devaient pas s’attendre et sauta pour se laisser glisser et attraper le bouclier. Elle courut jusqu’à la cheminée du Grand Raide et présenta le bouclier devant elle, dans la lignée de la cheminée. Alors, elle sortit son arc :
« Ils sont cinq, deux archers qui couvrent et trois elfes à l’épée qui tentent de nous rejoindre.
- Ils doivent vouloir atteindre la maison abandonnée. Peux-tu atteindre les archers d’ici ?
- Si tu peux tenir le bouclier ainsi, je pourrais viser. Visiblement, ils se relaient, celui sur le toit de droite tire d’abord et celui de gauche tire deux secondes après lui. Je peux viser à temps le deuxième par rapport à l’apparition du premier. » Le premier archer se montra et Jadelle banda son arc en faisant dépasser sa flèche entre le bouclier et la cheminée et le laissa tirer. Elle compta deux secondes dès qu’il apparut et savait que de l’autre côté de la rue, l’autre archer comptait aussi. A deux, sans vérifier la présence du deuxième archer, elle tira et fit mouche : la flèche l’atteignit en plein cou. Le Grand Raide manifesta sa satisfaction dans un grognement sourd et dit :
« L’autre maintenant.
- Je ne sais pas comment il va réagir, il risque de changer d’attitude, attendons un peu. » L’autre archer ne tira plus, pourtant ils virent les elfes descendre des toits et courir dans les rues, toutefois, ils ne pouvaient pas les poursuivre, puisqu’ils étaient certainement mis en joue par le dernier archer.
« Il faut que l’un de nous bouge ainsi que……comment s’appelle-t-il ? commença Jadelle.
- Nomme-le Dague pour le moment.
- Bien….. Dague et l’un de nous doivent descendre des toits sans que l’archer ne les voie. Ils pourront filer à la maison abandonnée et y attendre les elfes.
- Reste alors. Nous ne pouvons pas nous occuper de l’archer.
- Attends, donc. J’ai peu de chance de l’avoir sans qu’il sorte la tête de derrière sa planque. Tient moi encore le bouclier. Je vais tirer en l’air peut être la flèche peut-elle retomber près de lui, il devrait se sentir agressé et peut être répliquera-t-il. A ce moment tu lâcheras le bouclier et vous sauterez tous deux du toit et cette fois-ci je pourrais peut être l’avoir.
- Il y a trop de facteurs chance dans ta phrase. Fit remarquer le Grand Raide.
- Il n’y a pas vraiment d’autre solution, je pense. Si j’y arrive, je saute du toit et je vous rejoins. Je pense que le remue-ménage peut être une bonne façon de vous localiser, lorsque les elfes vous tombent dessus, alors faites du bruit.
- Nous n’y manquerons pas ! » affirma en riant le grand raide. Il siffla Dague et il lui fit quelques signes, l’autre hocha la tête et attendit. Jadelle fut surprise qu’il comprenne ce langage des main du grand raide aussi facilement.
La jeune naine devait calculer la trajectoire avec exactitude et dans un temps très court. Elle savait que les Elfes couraient dans les rues en bas, qu’ils surgiraient d’une seconde à l’autre sur les quais pour atteindre la petite maison et que ses alliés n’auraient alors pas le temps de les rejoindre en toute sécurité. Puis, d’un coup, elle tira : ce fut un trait instinctif. Le grand raide et Dague sautèrent du toit et elle entendit les coups sourds de leurs pas sur les pavés.

De l’autre côté de la rue, sur les toits, il n’y eut aucune réaction. Ni exclamation, ni flèche renvoyée, ni mouvement, rien. Durant quelques secondes, seuls les bruits sourds d’un combat à quelques rues lui parvinrent. Elle fut tentée un instant de rejoindre ses camarades et de leur prêter main forte, mais elle devait pour cela être sure que l’archer d’en face était soit hors d’état de nuire soit mort. Elle n’avait pu l’atteindre, au hasard, c’était impossible. Il n’y avait qu’une manière de vérifier si l’archer était encore là : bouger. Jadelle prit son arc en main avec une flèche encochée et, sortant de son abri de fortune, elle galopa sur les toits. Personne ne la visa. Elle osa regarder les toits ennemis : personne ne se montra : elle eut un espoir fou. Alors, elle vit une échelle posée sur le toit contre un mur d’une unique maison à étage. Sans réfléchir plus d’un quart de seconde, elle attrapa l’échelle, la posa au dessus de la rue sur les toits et traversa à quatre pattes. Une fois de l’autre côté, elle tira son épée et se précipita vers la retraite de son adversaire. A sa grande surprise, elle trouva un elfe dont sa flèche avait emprisonné la manche droite de son manteau à un panneau de bois. Pointant son épée sur le cou de l’elfe, elle sortit de sa main gauche sa corde et ficela l’elfe : pieds et poings liés. Elle déchira le capuchon le la cape de l’elfe avec son épée et le bâillonna. Elle prit sur lui son arc et son carquois plein de belles flèches elfiques et aussi une petite dague qu’il avait à la ceinture. Ainsi, il ne pourrait plus leur porter préjudice. Elle prit le temps de trouver l’autre elfe, celui qu’elle avait tué et garda ses affaires aussi.

Après avoir sauté du toit, Jadelle se hâta de trouver la cabane abandonnée, non sans ressentir une certaine douleur quand elle atterrit sur les fesses. Un grand bruit se faisait à l’intérieur. Le corps d’un elfe gisait en travers, il devait donc se jouer à l’intérieur un terrible deux contre deux. Jadelle lâcha une partie des armes devant la porte et dégaina son épée. Hélas ce n’est pas deux mais un seul compagnon qu’elle put aider. Le Grand Raide gisait au sol touché à la tête. Dague se démenait contre deux elfes de dix centimètres de plus que lui. Jadelle prit le plus grand des deux. Elle parvint à coincer le Grand elfe dans un angle mais celui-ci profita de sa taille pour sauter par-dessus elle et attaquer de nouveau Dague tout en harcelant la naine avec sa lame. Finalement, l’elfe de Dague glissa et celui-ci le transperça. Alors, le Grand elfe pris entre deux ennemis, secoué d’une volonté et d’une hargne violente s’agita : il avait ramassé une autre épée et il parvenait à manier ses deux bras l’un à l’encontre de l’autre, ce qui était prodigieux. Mais tout grand combattant qu’il fut, il n’échappa pas à la rancœur de la naine et du milicien, ébranlés par la mort de leur compagnon, et Jadelle sur pourquoi on appelait le milicien Dague : Jadelle mit l’elfe à terre et lui le tua de sa dague. Il ne combattait qu’avec cette arme là. Essoufflés, Dague et Jadelle ne prirent aucun répit, ils sortirent les corps de la cabane et mirent celui du Grand Maigre à part. Ils lui laissèrent ses armes avec lesquelles il serait certainement enterré et firent l’inventaire des autres : 2 arcs, 2 dagues, 2 carquois pleins de flèches elfiques, 3 épées, 3 boucliers, 5 cottes de mailles, 3 heaumes. A ceci, il fallait ajouter un elfe capturé et en bonne santé ce qui était très satisfaisant puisque remit aux autorités de la milice, ce pourrait être une source de renseignements.

Après, Jadelle alla chercher son prisonnier et l’emmena à la cabane abandonnée. Là, ils entreposèrent les armes récupérées, laissèrent l’elfe dans un coin de la cabane, et des matelots attirés par le bruit du combat les rejoignirent et proposèrent aux deux miliciens, quoique regardant la naine de travers, de prévenir la milice pour leur venir en renfort, s’ils n’étaient pas trop occupés avec l’effervescence générale de la ville. Jadelle et Dague avaient trouvé une caisse de plumes de mouettes sur le port qui n’appartenait à personne. Les marins tuaient parfois ces volatiles intempestifs et les mangeaient, ils laissaient alors les plumes dans de grands bacs. Entre deux vieilles voiles, les deux miliciens disposèrent les plumes pour un faire un matelas de fortune sur lequel ils déposèrent le Grand Raide, dans la cabane puis ils attendirent les renforts. Jadelle ne sut jamais le nom du Grand Raide mais elle savait qu’elle garderait son visage en tête durant de longues années et peut être son souvenir ne s’effacerait-il pas. Elle regarda son épée : la lame était immaculée, étrangement elle ne s’en était pas plus servi que cela. Par contre, elle aperçut sur le fourreau de cuir une grande rayure : sûrement quand elle avait roulé sur le toit ; et une éraflure : lorsqu’elle avait sauté du toit à n’en pas douter.

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Jadelle, naine archère
Jadelle, milicienne d'Eniod


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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Lun 21 Fév 2011 18:17 
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Attendre ne signifiait pas être inactif, bien au contraire. Il avait fallu s’organiser en attendant les renforts. Dague était resté dans la cabane, il surveillait l’elfe prisonnier mais devait garder aussi la porte. Jadelle pour sa part était postée sur le toit de la cabane, guettant d’éventuels compagnons de leur prisonnier. La cabane était sur les quais, au bout d’un ponton de pierre, à l’extrémité du port qui se trouvait la moins gardée, et donc était un lieu accessible pour les elfes. La jeune naine était aux aguets mais prenait aussi le temps de réfléchir. Cette cabane serait le lieu idéal pour un être une implantation de milice. Avec quelques homme de plus, elle se voyait bien relevant un peu la maison abandonnée de ses débris et en faire un quartier de milice où une dizaine (une vingtaine, ce serait trop) se répartiraient les rondes sur les quais, ils se relaieraient par deux au poste de garde (une mini tour de guet qui pourrait être construit sur le toit plat de la maison, oh, oui, ce serait fameux !) et on pourrait rajouter deux pièces attenantes à la construction qui seraient le dortoir masculin et le dortoir féminin de la milice. Les hommes ici seraient utiles et affectés à la seule protection du port. (Vraiment, ce le vrai poste que j’aimerais avoir).
Mais de ses beaux projets, Jadelle ne se faisait pas de faux espoirs. Ce rêve fou vola d’ailleurs en éclat lorsqu’elle aperçut du haut de son perchoir quatre membres de la milice qui descendaient par les ruelles sinueuses. Elle reprit droitement sa surveillance mais tira une flèche sur un panneau de bois situé en face de la porte de la maisonnette. C’était le signal convenu avec Dague pour prévenir de l’arrivée des renforts. Alors, en attendant qu’ils arrivent, Jadelle se demanda si sa mission serait considérée comme un succès (grâce à moi, on a capturé un ennemi), ou du moins accomplie (après tout, la mort du Grand Raide peut m’être reprochée, j’aurais du arriver plus vite). Que recevrait-elle en récompense de ce service dont la mort du Grand Raide pesait sur sa conscience ? Sa prochaine mission se déroulera-t-elle dans le port d’Eniod ? Serait-elle envoyée à l’extérieur de la cité ? Il était plus probable qu’on lui confie maintenant un poste simple, en tant que guetteur ou sentinelle sur les murailles, mais après tout, tout était possible.

Le renfort était là et un gradé le commandait, le gradé qui lui avait donné sa mission. Il lui adressa un regard et demanda à un de ses hommes de la relayer. Jadelle regarda les environs d’un œil scrutateur jusqu’à ce que sa relève fasse de même puis quitta le toit. La cabane était surveillée à l’avant par un milicien, à l’arrière par un autre et Jadelle se retrouva avec Dague devant le milicien gradé. Jadelle fit son rapport, Dague précisa deux trois détails qu’elle avait omis mais ne la contredit en aucun cas. Le Gradé prit un temps de réflexion durant lequel son regard allait du Grand Raide à l’elfe prisonnier. Puis, il prit la parole.

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Jadelle, naine archère
Jadelle, milicienne d'Eniod


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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Dim 20 Mar 2011 22:42 
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Le Port était vide comme depuis quelques semaines du fait de la guerre qui se déroulait à proximité des remparts. Seuls s’y trouvaient les marins qui chargeaient et déchargeaient les marchandises. Mais, à la grande et agréable surprise de Jadelle, près de la maison abandonnée où Jadelle avait effectué sa première mission, il y avait plusieurs miliciens. L’un surveillait les toits du haut de la maison, un gardait la porte et quatre autres effectuaient des rondes sur les quais. Jadelle aperçut alors, sortant de la maison, une silhouette familière. Celle-ci s’approcha du mage qui conduisait le convoi et s’entretint avec lui. Au bout de quelques minutes, alors que les chariots s’étaient immobilisés, ils reprirent la route sous le regard scrutateur de Dague. Jadelle n’osa pas lui addresser un regard, de peur que cela soit considéré comme un manque de rigueur. (Concentration)

Les Marchands descendirent en grand bruit de leurs chariots et les chevaux qui tiraient le chargement furent désattelés et conduits à un point d’eau où on leur donna du foin. Un grand bateau aux voiles blanches aux reflets bleutés étaient amarré aux quais. Des marins solides et de petite taille en descendirent et commencèrent à charger le bâteau avec le contenu des charettes. Eibyl était monté le premier et avait gagné la soute, certainement pour faire l’inventaire des armes. Les marchands négociaient avec un homme qui semblait être le capitaine. Les marins regardèrent Jadelle avec curiosité et s’ils ne portaient pas des chaussures relevées, elle aurait compris plus tôt qu’elle se trouvait face à d’autres nains. Elle se permit de leur addresser un sourire amical, heureuse de retrouver les traits caractéristiques de sa race. (Enfin des cheveux épais comme des cordes d’arc et des bras gros comme des cuisses!) Le mage et deux des miliciens étaient à bord, le troisième faisait la sentinelle près de la passerelle qui permettait d’accéder au bateau et la naine scrutait l’accès au port avec la pointe de sa flèche.

Au bout d’une heure environ, une patrouille arriva sur le port pour relayer les miliciens de la maison abandonnée. Mais au lieu de rentrer se reposer à la milice, les sortants arrivèrent vers le bateau. Ils allaient accompagner le chargement durant la traverser. Jadelle fut donc invitée à monter à bord du bateau pour surveiller la mer plutôt que le port qui était maintenant entièrement sécurisé.

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Jadelle, naine archère
Jadelle, milicienne d'Eniod


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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Lun 21 Mar 2011 16:31 
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--> Le Port d'Eniod

Jadelle se plaça du côté où le bateau était exposé à la mer. Alors qu’elle visait l’horizon, Dague la rejoignit et feignit de monter la garde près d’un canon pour discuter discrètement avec elle après l’avoir saluée.
« Sais-tu où doit aller ce chargement ?
- Je n’en sais que ce que le prêtre veut bien en dire. Il paraît qu’il doit rejoindre les alliés d’Eniod pour les équiper suite à un vol de leur matériel.
- J’en ai entendu parler, c’est vrai qu’ils se sont fait attaquer dans la nuit. Les ravitailler est logique, je ne me méfie pas des prêtres de Moura, ils sont très liés à la milice d’Eniod, ce doit être vrai. »
Jadelle fut rassurée par ces paroles. Si Dague faisait confiance à ce prêtre, elle pouvait se le permettre. Elle sentait que Dague était fidèle à la ville, il l’avait prouvé face aux Shaakts. Il reprit la parole :
« En plus, Eibyl est avec lui. » La naine sursauta. (Eibyl ?! Mais il est partout ce diable là ! Qui est-il donc à la fin ?)
« Tu veux parler de l’apprenti scribe ?
- Il est aussi apprenti que toi chef de guerre et scribe comme tu es elfe ! c’est un voleur au service de la milice. Il est un peu espion je pense. Je le retrouve toujours sur le lieu d’affaires délicates ou d’importance capitale.
- C’est un espion bien peu renseigné pour voler la milice !
- De quoi parles-tu ?
- Une affaire de peu d’importance… »
La confiance que Dague mettait en cet individu n’était cette fois pas partagée par la milicienne. Cet hurluberlu blonds aux yeux charmants ne pouvait être qu’un être malsain. (Voler, puis espionner, non décidément tout cela n’est que tromperie et malhonnêteté !) La droiture était chose essentielle pour Jadelle. (Si jeune, et si corrompu !) L’être humain, la plus éphémère des choses est pourtant la moins innocente, elle ne se ferait jamais à cette idée ! Le milicien lui apprit aussi qu’un Shaakt était retenu dans la maison abandonnée et qu’il fournirait certainement de plus amples informations sur les déplacements de l’ennemi. C’était un jeune elfe relativement apeuré par les miliciens. A ce moment là, Dague la quitta pour reprendre un poste plus utile.

Oérem était accoudé au bastingage regardant d’un œil distrait la mer sous la lune claire qui faisait presque oublier qu’on était en guerre. Il fredonnait un air rude d’une voix gutturale en caressant doucement les plumes blanches des ses flèches ce qui produisait un son de frottement léger qui rythmait la mélodie. Jadelle apprécia ce chant guerrier pourtant doux et ronflant. Un archer vint la relayer. Elle eut droit à quelques minutes de répit et s’assit contre le mât en écoutant l’homme chanter. Au bout de quelques secondes, il s’interrompit brusquement, se retourna et la regarda droit dans les yeux. Puis, il se concentra sur l’arc de la milicienne et les flèches. Il s’approcha d’un pas léger mais ferme et attrapa son arc, encocha une flèche et se prépara à tirer.
« Je t’ai vu tout à l’heure avec ton arc. Tu es très maladroite. Tu ne le tenais pas haut, aussi tu aurais certainement tiré au sol plutôt que sur moi si l’affaire avait mal tourné. Lève-toi ». Jadelle n’appréciait pas la façon dont l’homme lui parlait et le fait qu’il ait trouvé ses faiblesses mais elle s’exécuta car il paraissait être bon archer et qu’on doit toujours apprendre de meilleur que soi quand on en a l’occasion.
« N’as-tu jamais eu envie de cacher ton tir dans un nuage pour que ton ennemi ne devine pas d’où vient le trait mortel qui lui est destiné ? » (Quelle étrange question)
« C’était une image, nous autres hommes les aimons beaucoup. Je voulais juste dire que lorsqu’on tire en hauteur, on peut plus facilement déconcerter son ennemi. Certes le coup est lent mais au moins, la cible reste indéterminée quasiment jusqu’à ce qu’elle soit touchée. J’ai pu constater que tu te places toujours le plus possible en hauteur, autant dire à ciel découvert. Cette technique peut t’être très utile.
- J’aimerais la maîtriser en effet.
- Je peux t’apprendre, ce ne sera pas long. »
Jadelle fut ravie jusqu’au moment où un sourire malin s’afficha sur le visage de l’homme qui ajouta :
« Bien entendu, tout service a un prix. Le mien s’élève à une petite bourse de yus bien remplie. » Jadelle vira au rouge pivoine et furax, elle dédaigna Oérem d’un geste de la main pour le congédier. Il s’éloigna d’un rire sonore tout aussi plaisant que son chant mais que la naine trouva plus amer.

Elle s’installa seule au bout du pont et décida de s’entraîner toute seule à l’apprentissage de cette faculté indispensable à tout archer. Elle encocha une flèche, prit les mots de l’homme au pied de la lettre et visa un nuage. Sa flèche s’élança mais retomba côté plume dans l’eau noire. (Barbe coupée ! quelle malchance). La deuxième fois, Jadelle essaya de se remémorer mieux les paroles d’Oérem et tenta d’orienter son arc de telle sorte qu’il ne soit pas tout à fait perpendiculaire au sol. Si la flèche retomba côté pointe, elle n’en finit pas moins dans l’eau. (Mais que dois-je toucher au juste dans l’eau ?) La naine se fixa comme objectif une barque à quelques dizaines de mètres de là et essaya de peser sa force. Une fois la flèche s’abattit trop loin, une fois trop près d’elle et la dernière coupa accidentellement la corde qui retenait la barque, celle-ci s’éloignant dans les flots jusqu’à atteindre la haute mer. La naine jeta son arc par terre dont la corde se cassa. Elle rouspéta durant cinq bonnes minutes durant lesquelles les plus coquettes injures naines s’élevèrent dans l’air frais du soir.

Résignée, Jadelle alla trouver Oérem, rouge de honte et blessée dans son orgueil et lui demanda de lui apprendre cette sorte de vol plané. Elle sortit sa bourse de yus, il lui désigna le nombre de pièce qu’il voulait, trop au goût de la naine qui les lui céda de mauvaise grâce.
« Vois-tu, une fois cette guerre terminée, je compte bien m’installer en campagne et fonder une petite école archère histoire de gagner suffisamment pour avoir une femme et des enfants. Tu n’as qu’à considérer que tu es une sorte de bienfaitrice qui garantit mon bonheur futur.
- Je me demande si je ne préfèrerais pas te voir dépenser cet argent pour payer ta rançon aux Shaakts. » Oérem partit de son rire élégant et reprit son sérieux.
« Bon, commençons ! D’abord, choisissons une cible fixe, il faut un début à tout. Vois-tu ce navire, il a les flancs faits de bon bois, le bruit des flèches dessus sera délicieux. Je paierai les égratignures avec ton argent si cela peut te consoler de balafrer un si beau bâtiment. Tiens-toi droite mais pas raide. Place bien tes mains sur ton arc, c’est un tir qui demande de la précision et de la souplesse. Tu dois toujours orienter ton arc à quarante degrés du sol. Essaie tout d’abord de bander ton arc le plus possible. Au début, il faut tenter d’évaluer la puissance requise au tir et ce coup d’essai sera ta référence. » Jadelle tira et la flèche parcourut deux fois la distance voulue.
« Maintenant, tu sais jusqu’où tu peux tirer en bandant ton arc au maximum. Le bateau que tu veux atteindre se trouve à mi-distance de ce que ton arc peut au maximum t’offrir comme tir. Bande-le donc à moitié. »Jadelle tira de nouveau et cette fois, la flèche frôla le bateau. Elle rajusta son arc et la troisième fois atteignit le bord du bateau. La quatrième, elle toucha enfin les flancs.
« C’est bien, mais voilà qui n’est pas fini. Il faut que tu vises un point précis du flanc. Le canon qui dépasse par exemple. Décales-toi en fonction de tes différents tirs, recule ou avance, ajuste l’angle s’il ne convient pas exactement… » Durant plus de quatre heures, Jadelle s’exerça. Après avoir réussi à toucher le canon du bateau, Oérem la fit travailler sur une cible mouvante, elle devait viser un bout de bois qui flottait et s’éloignait du fait du courant relativement fort de l’eau du port. Là encore, les échecs furent nombreux. Elle perdit bon nombre de flèches. Lorsque enfin elle parvint à toucher le bout de bois là où elle voulait l’atteindre, Oérem l’interrompit :
« Restons sur cette réussite. Certes tu ne maîtrises pas encore le tir suffisamment bien pour t’en servir en combat mais avec un peu de pratique tu l’acquérras d’ici quelques jours. Tu es trop fatiguée à présent pour te concentrer assez. Je te suggèrerai de dormir. » Il avait dit cette dernière phrase en souriant, d’une voix guillerette et aiguë. Il la salua poliment sans lui laisser le loisir de répondre et descendit dans la soute du bateau.

Jadelle se retrouva seule pour quelques minutes seulement car Dague vint à elle.
« Ils ont fini de charger, le capitaine demande à lever l’ancre. »Avant de descendre du navire, les trois miliciens qui composaient l’escorte et le mage accompagnèrent le nain et s’assurèrent qu’Eibyl avait comptabilisé toutes les caisses d’armes et de nourriture. Leur mission achevée, il descendirent la passerelle et se retrouvèrent sur le quai. Dague adressa un signe de la main à Jadelle et les voiles se gonflèrent sous les bourrasques qui commençaient à tourbillonner sur la ville d’Eniod.

C’est alors que le milicien gradé qui l’avait ramenée à la milice arriva, accompagné d’une quinzaine d’hommes. Ils venaient certainement chercher le prisonnier de la maison abandonnée. C’était pour Jadelle le moment de faire son rapport. Le mage, les trois miliciens de l’escorte et elle-même abordèrent le milicien en leur donnant chacun leur version des faits. Aucun ne se contredit sur le déroulement de ceux-ci.

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Mar 29 Mar 2011 17:26 
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Jadelle, perchée sur un toit, aux abords du port d’Eniod, scrutait l’horizon. A côté d’elle, Dague était aussi étendu à plat ventre, les yeux dans le vide, pourtant observant quelques chose…

La naine avait été affectée à la surveillance du port. Certes, la maison abandonnée n’était pas la tour de guet qu’elle aurait espéré, mais sa position permettait de surveiller toute la baie et une partie des ruelles sinistres qui ceinturaient le port. Depuis plus d’une semaine, elle montait la garde, tantôt sur les toits derrière la maison abandonnée, tantôt sur ceux qui délimitaient l’entrée du port. Peu à peu, elle avait appris ce qu’il convenait de faire pour qu’on finisse par oublier votre présence : ne pas parler, marcher sans bruit, porter des vêtements sombres, être soit dans la foule, soit complètement hors d’elle, ne pas acheter son pain là où les commères discutent, s’éloigner de la maison de milice etc… Elle qui était naine, et par conséquent bonne vivante de nature, aimant les gens, les mots, la nourriture, les blagues au coin du feu etc… elle avait dû, du jour au lendemain, muer en tombe, en cœur sourd à toute émotion. Ce n’était pas facile, bien au contraire, les premières fois, elle n’avait pu s’empêcher de plaisanter avec Dague, lui parler à voix haute ou adresser la parole aux inconnus. Mais le milicien expérimenté l’avait sermonnée, reprise ou ôtée de situations peu prudentes. La naine avait dû aussi se débarrasser d’une sale manie : sa tresse. Combien de fois l’avait-elle ôtée de sa capuche ? Désormais, elle cessait de compter…

D’un coup maladroit, un apprenti guerrier de la milice qui l’avait prise pour un potentiel ennemi la lui avait coupée. La naine avait laissé couler trois larmes silencieuses lorsqu’elle avait sentit sa chevelure s’alléger. Le jeune homme s’était confondu en excuses multiples mais Jadelle avait pris la tresse coupée en son centre, l’avait rangée dans son sac et lorsque le soir était tombé, elle s’était assise sur le quai, avait laissé ses pieds bottés se mouiller dans l’eau froide et finalement, sans un sanglot, avait jeté ses anciens cheveux. Depuis, ne voulant pas sentir le moignon de tresse qui ne s’étirait plus qu’à la moitié de son dos, elle avait voulu couper ses cheveux. Maladroite, elle avait failli se couper une oreille. C’était finalement Dague, qui n’en pouvant plus des soupirs rageurs de la naine envers ses cheveux, avait prit des ciseaux et coupé les cheveux de Jadelle au carré. Il avait coupé trop court au goût de la naine. Elle avait rouspété, Dague lui avait simplement expliqué : « ne jamais avoir les cheveux dans les yeux, règle N°1 de la milice. » Depuis, la naine fulminait en silence : serait-il prêt à lui couper la langue ?

Dague lui assena un coup de coude léger. Elle regarda là où il regardait… En cet instant, elle songea de nouveau au Grand Raide, elle se souvint du langage muet qu’il utilisait avec Dague. Leurs yeux se croisaient et ils parlaient, leurs coudes se frôlaient et ils étaient en train de localiser un ennemi potentiel. Sifflements, bruits sourds et regards sont les seuls mots de la milice. Les voix sont des souffles, les signes d’imperceptibles mouvements. Jadelle caressa la pointe de ses cheveux courts avec nostalgie. Au loin, une petite ombre bleue oscillait sur l’eau. A n’en pas douter, le bateau était de retour ! Jadelle espérait qu’Oérem était toujours à son bord. Elle pourrait lui montrer que ses cours avaient porté leurs fruits : depuis neuf jours elle tirait chaque fois que ses permissions le lui permettaient : une heure à peu près tous les jours en fin d’après-midi. Si au début il lui fallait trois ou quatre tirs pour atteindre sa cible, elle pouvait désormais toucher n’importe quoi dans un rayon de 400 mètres en tir vol plané ! D’ailleurs, le jeune guerrier qui lui avait coupé sa tresse en avait fait les frais. Alors qu’il s’était arrêté dans un escalier en bois, sa cape s’étalait sur les marches précédentes et Jadelle tira, cachée quelques toits plus hauts. Le guerrier ne comprit pas lorsqu’il se retrouva allongé dans l’escalier, prisonnier de sa cape poignardée d’une flèche à l’escalier. Il n’avait pas entendu le rire sonore de la naine, le premier son émit dans sa gorge depuis quelques jours.

Jadelle s’était fixé un objectif secret. Elle attendrait le retour du bateau et suivrait Eibyl partout où il irait. Elle trouvait ce jeune Kendran très étrange. Elle avait un pressentiment qui la rendait mal à l’aise concernant ce jeune homme. Voir en ce jour les voiles bleues se rapprocher la mit de bonne humeur. Elle irait d’abord voir Oérem et lui montrerait quelle bonne élève elle était. (Il faut toujours se mettre un bonne archer dans la poche ! Surtout lorsqu’il semble proche du peuple semi-rebelle).
« Il n’arrivera au port que demain, ou dans la nuit. Mais je pencherai plus pour demain. »
Dague ne parlait pas souvent. Il ouvrait seulement la bouche pour apporter un élément capital ou lorsqu’il devait mettre quelqu’un en garde. Cette fois-ci, la naine en était sure, cette information n’était pas capitale. Le milicien avait-il deviné son projet ? Tentait-il de la dissuader ?

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Lun 4 Avr 2011 16:53 
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Jadelle arriva au port et se rendit à la maison abandonnée. Elle continuait de lui donner ce nom même si elle n’était plus vraiment abandonnée depuis que les miliciens affectés à la surveillance du port s’y étaient installés. Elle vit Dague qui donnait des ordres en répartissant les hommes sur les quais. La fin de journée était toujours délicate puisqu’il fallait définir les rondes de nuits et l’ordre de passage. La milicienne conserva un sourire discret que le soldat chevronné ne pouvait que remarquer. Il savait que Jadelle avait changé depuis son entrée dans la milice et si elle laissait ce sourire visible c’était qu’elle avait une véritable raison de se réjouir. Il se dépêcha de distribuer ces conseils et les ordres de mission et se hâta de la rejoindre dans la Maison abandonnée.

Elle nettoya son arc et aiguisa ses flèches, assise sur une chaise, les pieds sur la table en sifflant légèrement. Il entra et ne fit aucune remarque sur ce manque de tenue. Il prit une chaise, s’assit de l’autre côté de la table et attendit. Elle n’était pas disposée à parler, ce qui était contraire à sa nature. A ce moment entra Eibyl et lorsqu’il vit Jadelle ainsi détendue et Dague accoudé à la table en face de la naine, il se montra sur le qui-vive. Il se tenait droit, feignit de ne pas s’intéresser à eux et comptabilisa les armes entreposées dans la maison. Une fois son inventaire terminé, il se tourna vers Dague et l’informa ainsi :
« Je suis affecté à l’administration du port. Cette maison devenant l’un des quartiers de la milice, il faut un scribe pour comptabiliser le matériel et rédiger les rapports. Je viens de m’occuper du matériel. Parlons maintenant des Hommes.
- Il y a dix hommes sur les quais. Ils sont relayés toutes les heures la journée et toutes les demi-heures la nuit. Il existe cinq équipes de nuit et deux de jour. Rien à signaler aujourd’hui mis à part un milicien tombé dans l’eau qui s’est cassé une jambe et l’arrivée de Jadelle pour le remplacer. Je viens de faire les équipes de nuit : Pomkar et Dangmar sont sur le quai militaire… » Il récita les affectations sans quitter la naine des yeux, elle, passant un coup de manche sur son plastron pour le nettoyer. Eibyl semblait de plus en plus décontenancé, il suait et sa voix prenait des accents aigus. Lorsqu’il fut entièrement renseigné, il s’installa à la table et prépara des parchemins pour les prochains inventaires et rapports. La rousse s’éclaircit la gorge sans parler et ôta ses pieds de la table. Le scribe ôta la poussière que les bottes de la milicienne avaient laissé sur la table en marmonnant. Elle quitta la maison et alla s’asseoir sur le bord du quai. Elle s’étira et profita des derniers rayons du soleil.

Dague la rejoignit la milicienne et s’assit à côté d’elle. Contrairement à son habitude, il parla de pluie et de beau temps :
« Je me demande quel temps il fera demain. » Jadelle lui jeta un œil étonné.
« C’est mieux de savoir quand on doit établir les rondes. Imagine que je mette Rignal en jour de pluie. Il a les bottes qui glissent, il risque d’être défavorisé. Je ne voudrais pas qu’il soit pénalisé par ma faute. » Elle rit mais ne relava pas. Puis, n’y tenant plus, il le donna un coup de coude.
« Allez ! Je sais que tu as trouvé quelque chose ! Il a un réseau de contrebande ? C’est un double espion ? » La naine le planta là avec ses questions et partit d’un rire sonore.
Le milicien se trouva bête. Il était tout à fait possible qu’elle feignit d’avoir percer le mystère juste pour attiser sa curiosité !
« Je le saurais bien en temps voulu, va ! »

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Dim 4 Sep 2011 08:30 
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Je revenais de chez les Anciens, après avoir parlé pendant des heures des risques de l'océan. J'étais assise sur un rocher, j'étais seule. Je ne pouvais m'empêcher de penser :

(Mais papa ... tout ces risques ... mais pourquoi ne revient-il pas ?)

J'attendais longuement, écoutant le clapotement de l'eau sur les parois rocheuses. Autour de moi, beaucoup de marins et de marchands de poissons, mais pas mon père. Un des Anciens m'a raconté que lorsque l'océan était déchaîné et que Moura voulait s'emparer d'un marin mal attentionné, elle pouvait faire de cette vaste étendue d'eau, un endroit dans lequel il est impossible de survivre. Depuis qu'il m'avait raconté cela, je ne voulais pas croire que ce phénomène avait pu arriver à mon père ! Mon père était quelqu'un de bien et jamais Moura ne pourrai lui faire ça.

J'essayais de trouver une solution plus rapide pour le retrouver, quand tout à coup celle-ci me sembla évidente. Je décidais alors de partir à la rencontre des marchands de poissons pour leur demander s'ils ne l'avaient pas vu quelque part.

" Bonjour monsieur, vous n'auriez pas vu mon papa ? Je le cherche partout, il ne m'a pas envoyé de lettre et je veux le voir moi !"

Un marchand me regarda tristement:

" Oh ma petite, tu sais, l'océan est dévastateur s'il en a envi. Tu as l'air jeune, que fais-tu ici toute seule? Il va bientôt se faire tard, tu devrais rentrer chez toi ! "

Cette réponse ne me convenait pas du tout. Maintenant, j'avais peur, peur que Moura se soit déchaînée et que mon papa ne revienne jamais. Alors, je décidais de me rasseoir sur le petit rocher. Je regardais l'eau tristement, pensais à mon père et je me mis à crier:

" Papa !!!! Revient s'il te plait !!! "

Je mis ma tête au creux de mes bras, replié sur moi-même, je me mis à pleurer à chaudes larmes, attendant encore et encore le retour de mon père, qui ne reviendrai peut-être jamais.


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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Jeu 12 Avr 2012 23:41 
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Les habitudes ont la vie dure et ce fut vers le port que, naturellement, se reporta Théodore le Jeune une fois les portes et l'admiration passées. Il se promenait, flânant entre les nombreux étals qui proposaient, entre autres, poissons, teintures, potions, olives, voyance, mandarines, marqueteries, parfums, coupes de cheveux comme de barbe, longévité extraordinaire, salades marines, paris, robes bariolées et chemises presque neuves. Alors qu'il s'enthousiasmait sur la qualité de restauration des nombreux bâtiments alliant charme et sobriété, élégance et originalité, entre minarets aux coupoles vertes flamboyantes et palaces à colonnades, rues de pavés droits et alignés et petites maisons personnelles aux murs immaculés et aux tuiles rouges rebondies, il tomba sur une vieille demeure en bois à l'abandon. Immense, elle devait pouvoir servir pour une demi-douzaine de couples ayant déjà enfanté. Entièrement composée de lattes horizontales mal peintes et dont le verni se désagrégeait, elle jurait avec le reste du quartier. De grandes planches recouvraient la porte et empêchaient l'accès à quiconque. Des volets intérieurs frappaient contre les vitres de temps à autre, seule manifestation de mouvement de cette verrue architecturale. « Il faudra que je me renseigne, ça peut faire une nouvelle histoire et peut-être bouger les autorités pour la détruire », songea Théodore le Jeune.

Ses déambulations pensives et monumentales l'amenèrent devant un vendeur ambulant de petits en-cas particuliers à Eniod. « Un pain aux olives en baguette se recouvrait tout d'abord d'huile, s'en imbibait mais pas un trop grand volume, sinon ça dégorge » présentait le gamin qui le lui vendit. « Après l'avoir découpé dans la longueur, tu le recouvres de salade mâche les deux côtés. Tu rajoutes allègrement du piment d'Espelette que l'on trouve à foison dans le coin et de tomate séchée. Tu es ensuite généreux en plongeant une grande quantité de thon haché et de fines tranches de fromage de vache. Tu refermes le tout en pressant bien et le repasses très rapidement dans ton four à pain qui refroidit, histoire d'avoir une composition compacte. » Théodore le Jeune en acheta un et le dégusta sur une bite d'amarrage au bord du port. Le ballet des navires était identique à Tulorim et à Eniod. Les larges voiles remplaçant les énormes rames pour ne saboter aucun voisin annonçaient des couleurs de tous les seigneurs du continent et de toutes les grandes capitales outre-océan. Les dockers se fatiguaient en plaisantant à gorge déployée sur les conquêtes de la veille au soir. Les chaluts embaumaient d'une fraîcheur marine. Un parfum de souvenir.

Il avait demandé au gamin à qu'il avait acheté son déjeuner si une taverne laissait quelques artistes s'exprimer. Ce dernier lui indiqua la « Taverne du Dragonnet d'or » qui, selon lui, fournissait des chambres de qualité et des boissons décentes tout en ayant l'un des meilleurs joueurs de luth de la ville. Théodore le Jeune vit une pointe de défi chez le vendeur ambulant qui fixait, en disant cela, les manches de son instrument qui se dessinait dans son dos. Un trop plein de fierté enorgueillissait l'enfant, le regard de celui qui pense invincible son champion, de celui qui défend mordicus son idole. Un lieu où dormir, des bières de qualité et un chalenge pour assurer son arrivée dans cette nouvelle cité, voilà qui promettait une bonne soirée. Le soleil derrière lui commençait à décliner, laissant une empreinte rosâtre à l'horizon océanique mais pas la chaleur. Que le sud était clément en cette saison. La sueur ne dégoulinait pas à grosses gouttes comme à Tulorim lorsqu'il en partit où la sécheresse grondait mais, en même temps, le temps restait clément et n'apportait ni pluie ni fraîcheur exacerbée. Oui, définitivement, ça promettait une bonne soirée. Une fois finie sa collation, il leva l'ancre de la bite, quitta sous les cris d'encouragement des goélands et s'affaira à trouver l'auberge.

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Dim 19 Mai 2013 17:09 
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I-1. Retour à Eniod


Image


C’est par une douce matinée que le voyage de la Perle Brune, un trois mâts, fit son apparition au sud du continent Imiftil. Bien que nuageux, le Soleil pointant le bout de son nez annonçait une chaude journée. Le vent souffla, gonflant les voiles du bateau marchand et faisant virevolter les cheveux de ceux qui ne s’étaient pas bandé la tête, comme il est coutume de le faire. Le capitaine ayant donné ses ordres, tout le monde s’activait sur le pont. Tandis que ses hommes ayant sorti le petit perroquet et d’autres le perroquet de fougue descendait respectivement le mât de misaine et le mât d’artimon, d’autres dans une danse très organisée sortir les bonnettes pour augmenter la surface de voile et ainsi profiter un maximum du vent. La Perle Brune tenait son nom de la figure de proue : une magnifique femme tenant au-dessus de sa tête entre ses deux mains, une sculpture en bois qui évoquaient aux autres marins une perle. Le capitaine Lorik était content de son navire et de son équipage. Tous connaissais leur travail et le faisait efficacement depuis des années, tous sauf Jorus. Celui-ci n’avait pas vraiment le pied marin. Il était certes une main d’œuvre intéressante, s’adaptant à différentes situations, mais son cœur n’appartenait pas à la mer et depuis qu’il apprit que le bateau faisait route pour Eniod de nouveau, le petit ne cessait de prendre chaque instant de répits, debout sur le beaupré et se tenant fermement aux cordes des focs, pour observer le paysage loin devant la proue du bateau.

Le capitaine était un homme imposant physiquement. Il avait voyagé toute sa vie dans la marine, mais n’avais gouté aux plaisirs de la mer que lorsqu’il eu son propre bateau. Il ne parlait que dans de rare occasion, en dehors de ses marchandages et maniait aussi bien les mots avec les commerçants que les armes avec les pirates qu’il détestait au plus haut point. Il dut cependant reconnaître à mainte reprise qu’ils avaient bon goût en matière vestimentaire. Lorik se faisait un malin plaisirs à détrousser les vêtements des capitaines pirates se faisant une garde robe à faire pâlir les dames de la cour.

Bien qu’il ne le lui ait jamais dit, Lorik aimait bien Jorus. Durant le trajet qui le séparait de lui, de la poupe à la proue, il se remémorait ses débuts difficiles en tant que matelot sur la Perle Brune. Jorus avait gagné le respect de l’équipage dans les batailles de tavernes, mais il a fallu attendre la première tempête pour gagner celui du Capitaine. Cette nuit là, la tempête avait probablement fait chavirer un navire, car un morceau de planche s’était abattu sur le grand mât et le grand hunier commençait à se déployer. Malgré les vents, Jorus tenait fermement le cabestan où il enroula le cordage servant à déplier le grand hunier. S’il avait relâché, la Perle Brune aurait perdu son grand mât entrainant avec lui le mât de misaine. Avec seulement le plus petit des trois mâts, ils auraient mis des semaines avant d’arriver au port le plus proche. Après la tempête, le Capitaine le prit à part sans sa cabine. Il n’aimait pas remercier les gens verbalement, mais ce petit avait montré un sacré cran cette nuit là. Il perdit vite le sourire de ce souvenir quand Yordl l’interpella assit justement sur le cabestan nommé depuis, Jorus.

"Vous rêvassez capt’aine ?"

Lorik le dévisagea. Yordl était le matelot ayant servi le plus longtemps sous ses ordres. Tous deux s’appréciaient et se connaissaient. Le capitaine attendit que son matelot lui dise vraiment ce qu’il avait en tête.

"Vous savez, avec les gars on se demandaient pourquoi être allé si loin au sud pour regagner Eniod. Je sais que vous préférez éviter la côte et ses pirates, mais là on perd deux jours au lieu d’un seul habituellement. Le p’tit est d’Eniod et il partira probablement pour ne plus revenir. Vous n’avez pas fait ce si grand détour pour le garder un peu plus pas vrai ?"

L’espace d’un instant Lorik voulu le balancer par-dessus bord. Ses hommes savaient qu’il serait triste de voir partir Jorus et il détestait par-dessus tout montrer ses sentiments. Mais il avait autre chose en tête pour lui fermer le bec pendant un petit moment.

"Yordl, tu as mal serré les cordes. Tu ferais mieux de recommencer mais évite de demander de l’aide, tu sais faire ça seul hein ? De plus les gars te prendraient pour un jeune mousse. Et on dit capitaine !"

Il reprit son chemin le sourire dissimulé dans sa barbe et regardant du coin de l’œil Yordl retenir un rire. Ils se connaissaient si bien tous les deux. Arrivé à la prou du bateau, il regardait Jorus. Il avait gagné en muscle depuis son arrivée, mais ne comprenais toujours pas pourquoi il s’amusait avec ses jeux d’adresse. C’est certes utile d’être agile sur un bateau, mais il avait tendance à voir dans sa démarche les pirates qu’il combattait et ça, ça l’agaçait !

"Au bout de trois ans tu crois encore que le bateau va avancer tout seul matelot ?"

Jorus se retourna le sourire aux lèvres.

"Cap’taine, le port est en vue. D’ici quelques heures nous serons arrivés. J’ai hâte de revoir mes amis d'enfance."

"De ce que j’en vois il va nous falloir encore deux heures avant d’arriver. C’est juste ce qu’il faut pour préparer l’accostage alors remue toi si tu ne veux pas arriver ce soir à la nage !"

Jorus sauta et arriva pied joint devant Lorik. Prenant une posture de militaire il lui répondit :

"Bien r’çu capt’aine !"

Il partit vers les mâts pour préparer les voiles à l’accostage. Lorik le regarda partir dans sa course habituelle de pirate, comme il disait. Ouais, il allait lui manquer ce petit. Criant à l’attention de Jorus et de tout son équipage :

"Et on dit capitaine !"



Il fallut exactement deux heures et sept minutes avant que la Perle Brune n’arrive au port. Deux heures durant lesquelles jamais Jorus ne travailla aussi durement ni avec autant d’entrain. Arrivé au port Lorik descendit du bateau après avoir donné ses instructions à ses hommes. De retour sur le pont il lança à ses hommes :

"Le convoi que nous allons prendre pour repartir et éviter les pirates prendra la mer demain matin tout comme les marchandises. Le bateau semble bien amarré…"

Tous attendaient avec impatience les ordres du capitaine. Ceux-là en particulier.

"…permissions jusqu’à demain matin et doublée pour le prochain port ! Evitez de trop boire d’ici là vous avez beaucoup de travail demain !"

Aucun tsunami, aucune vague ne peut arrêter une horde de matelot en permission, pas même le capitaine qui manqua de passer par-dessus bords. Il sourit en regardant ses hommes partir et interpella Jorus.

"Hey matelot ! Attrape !"

Jorus n’eut que le temps de se retourner pour intercepter une bourse pleine de yus.

"Je doute que tu sois là demain matin alors voici ta sole. Et jusqu’à notre prochaine rencontre, prends soin de toi Jorus."

Sur ces mots, Lorik partit dans ses quartiers. Jorus lui, eu le cœur aux bords des lèvres. Jamais le capitaine ne l’avait appelé par son nom.

"Bien r’çu capt’aine !" lui cria-t-il

Il se retourna pour faire face à Eniod qui lui ouvrait ses portes. Non pas à un voleur, mais à un homme nouveau, différent d’il y a trois ans. Il partit droit vers la ville avec les dernières paroles de Lorik qui hurlait en guide d’accompagnement.

"On dit Ca-pi-taine !"


-I.2- Les rues de mon enfance

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Mar 16 Juil 2013 16:59 
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Le port est désert. Il doit y avoir quelques sentinelles près de l'entrée, peut-être quelques gardes surveillant l'océan. Mais d'ici, au fond du port, je ne peux apercevoir personne.

L'eau, clapotant doucement contre les coques des bateaux amarrés, m'attire. L'obscurité m'empêche de distinguer le voilier que j'ai utilisé pour arriver là, mais je crois me souvenir de son emplacement. Et, en effet, en longeant quelques temps de petits navires de pêches, je finis par reconnaître celui que j'ai volé à mon peuple. Après avoir rejoint son bord, je me déshabille et me glisse dans l'eau. Le contact de l'océan m'a toujours calmé. Après tout, nous, Sang Pourpre, ne sommes nous pas les fils de l'océan ?

Ne souhaitant pas attirer l'attention de potentiel garde, je brasse l'eau délicatement, sans bruit, et avance ainsi jusqu'à dépasser la digue marquant l'entrée du port. Au-delà, l'océan se perd dans la nuit, immense. C'est le domaine de mon peuple, libre et invincible sur les mers... La tentation de nager vers le large est grande, mais ma condition physique ne me permet pas de tenter d'exploit pour l'instant ; j'ai besoin d'un peu de repos.
Je reste tout de même un certain temps, ici, à la frontière entre la ville et le domaine de Moura. L'eau est fraîche, d'un froid légèrement mordant. Après la chaleur de la ville, c'est agréable. Et, cette sensation de légèreté... Je me retourne, glisse dans l'eau, me propulse de mes mains et pieds palmés. C'est tellement simple, naturel... Enivrant. Je joue comme un enfant, me laisse couler, remonte, tente de rester au sommet d'une vague, plonge, puis, finalement, me contente de m'immobiliser, sur le dos, et profite du ciel.

Regarder les étoiles, depuis la mer...Si seulement je pouvais rester ici... Bercé par les vagues, les yeux remplis d'épingle dorée... Complètement détendu, je ferme les yeux, et laisse mes pensées flotter.


L'eau salé, dans mes narines, me réveille sans ménagement. Je me replie sur moi-même, sort la tête de l'eau. Je me retiens de tousser, me contente expirer fortement. M'endormir en mer... Quel idiot je fais. Il me faut vraiment du repos, et ce, sans tarder.

En revenant vers mon esquif, je me rends compte que j'ai pris ma décision. C'est comme si mon me l'avais soufflé à l'oreille : je dois m'assurer que ma fille survivra. J'ai tourné le dos à l'océan ; j'ai perdu mon peuple ; cela au moins, je le garderai.

J'inspire, puis glisse sous la surface. Je garde les yeux ouverts, habitué au sel de l'océan. Il n'y a plus rien de visible ici ; la lumière de la lune ne révèle plus rien. Je me force à rester sous l'eau pour quelques brasses. Ces quelques instants où je peux sentir la puissance de l'océan qui m'entoure, m'écrase... L'impression de se battre avec ses propres poumons, de lutter avec soit-même, c'est grisant. Mais il faut remonter à la surface... Las, je rejoint le bateau, me hisse à bord. Je m'ébroue rapidement, essore mes cheveux, puis, sans plus m'inquiéter de l'eau qui dégouline encore de mon corps, m'enroule dans une couverture que j'ai laissé à bord, et me rendors.


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Dernière édition par Asgeir le Mer 24 Juil 2013 11:12, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Lun 22 Juil 2013 14:43 
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Lumière, vive, désagréable. Je me retourne, gardant les yeux fermés. Je sens toujours la chaleur du soleil à travers mes paupières. Je place mon bras par-dessus mon visage ; l'obscurité revient. Mais la position est inconfortable. J'essaye de ne pas y penser, d'ignorer les fourmillement dans mon bras, mais rien n'y fait : j'émerge du sommeil, inexorablement.
Je prends peu à peu conscience de mon environnement : l'eau qui clapote, les bateaux qui grincent, tirant sur leurs cordages ; et le bruit diffus de la ville, les pas des passants, l'écho de leurs conversation. Le léger vent sur ma peau, la morsure du soleil.

J'ouvre finalement les yeux. Le ciel est d'un bleu impeccable, clair, presque blanc. Le soleil n'est pas bien haut, mais déjà la chaleur se fait sentir. Je me redresse, aperçois quelques personnes, sur le quai, m'observant étrangement. Je mets un certain temps à remarquer que je suis nu, seulement partiellement caché par la couverture que j'ai repoussé pendant mon sommeil... Je lance un regard noir aux badauds, et m'habille rapidement. Maudite ville...

La présence du sel sur ma peau et dans mes cheveux se fait sentir, mais si ce n'est pas une sensation particulièrement agréable, c'est au moins quelque chose de familier. Je m'étire rapidement, attache grossièrement mes cheveux, puis, finalement totalement réveillé, je rejoints l'embarcadère, et me dirige vers ma nouvelle maison.


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