précédentNous arrivâmes sur les terres du village... ou plutôt de ce qu'il en restait. Tout n'était que débris, cendre, cadavre. Une odeur pestilentielle s'échappait des cadavres. Plus aucune habitation ne tenait debout, même les chevaux avaient été tués, voire même dévorés par ces créatures maléfiques.
"Essayons de voir s'il y a des survivants !" criai-je.
"On s'en occupe Seraphin et moi !" annonça Yluica.
"Ardic, Tthéo, brulez les cadavres, moi et les autres on vérifie s'il n'y a pas des Orques qui rodent..." fit Theril.
Je hochai la tête et fit signe à mon compagnon de me suivre. On entreprit d'entasser les corps dans un coin éloigné de ce qu'il restait du village. Nous chassions les nécrophages, comme les vautours, qui se faisaient un festin de tous ces cadavres, puis, par tas de dix, nous les brûlons. Nous faisons de même pour les carcasses d'animaux comme les chiens. Un tel spectacle me fendait le cœur, car à peu de chose près, il était arrivé la même chose à mon village. Et j'y avais perdu ma sœur.
Une fois notre macabre besogne terminée, nous avançons vers ce qui semblait avoir été la place du village. Yluica s'y trouvent avec un jeune adolescent, qui semblait à peine conscient. La guérisseuse s'affairait à lui redonner vie.
"Aucun autre survivant ?" demanda-t-elle.
Je secouai la tête.
"Je ne sais pas si on pourra reconstruire quelque chose...""On va essayer," marmonna Ardic.
"Pour un seul survivant, on peut très bien le ramener à Oranan.""S'il survit" fit Seraphin.
"Tu doutes de mes capacités ? demanda Yluica.
Ce n'est pas de le sauver qui sera le plus difficile. Les Orques m'effraient. Je pense qu'ils rôdent encore."Cette perspective me fit frissonner. Tout le monde sembla s'en apercevoir, maiis personne n'en fit rien.
"C'est pas toi le guerrier Tthéo. T'inquiète, on s'en occupe des Orques. D'ailleurs je vais rejoindre les autres, je ne sais pas ce que Theril est allé faire là-bas... Il se bat bien, mais quand même. Occupez-vous des blessés et faites un peu le ménage par ici, c'est poussiéreux."Ardic partit immédiatement après avoir terminé son discours, personne ne chercha à s'opposer à sa décision, sans doute n'avait-il pas tort ? J'espérais ne pas avoir à me battre à nouveau contre de telles créatures. Je me levai pour "faire le ménage" comme l'avait dit si bien mon ami. J'entassai les débris. Soudain, j'entendis Yluica crier de joie. Je m'approchai, doucement, le jeune homme qu'on avait retrouvé, avait repris connaissance.
"Qu'est-il arrivé exactement ?" demandai-je.
Le garçon me fixa doucement, l'air effrayé.
"Doucement, cria Yluica.
"Il est encore faible, et je ne sais même pas s'il se souviens de tout.""Je me souviens. Les Orques ont tout dévastés il y a quelques semaines. Je suis resté là, immobile au milieu des débris, j'ai voulu mourir."La voix du garçon était faible. S'il disait vrai les Orques devaient être loin. Tant mieux, je préférais les éviter.
"Tu n'vas pas mourir. Les Orques doivent être loin. Nettoyons tout et partons.""Nous devons rester, pour aider, regarder si, aux alentours, il n'y a personne à sauver. Je pense que les Orques se sont installés en bivouac quelque part, nos guerriers devront les retrouver et les tuer. Peut être qu'ils les ont déjà tués."Je l'espérais, ce n'était pas de la lâcheté, car je me battrai, mais de la peur. Je ne rajoutai plus rien. En silence, j'allais rassemble le bois qui me semblait encore utilisable. J'aurais espéré trouver plus de survivants.
Dans la soirée, les guerriers revinrent, accompagnés de deux hommes et une femme, visiblement des villageois. Theril fit un feu et nous nous installâmes autour. Les guerriers et le coureur de plaine nous expliquèrent la découverte de quatre Orques escortant ces trosi humains en direction d'Omyre, ils étaient partis de leur bivouac plus au Nord. Ils les avaient libérés. Je fus soulagé lorsqu'on décida de ne pas aller attaquer le campement, le but était d'aider, non pas de partir à la guerre. Yluica soigna les blessures des deux hommes et de la femme, les premiers expliquèrent ce qu'il s'était passé et que, sans doute, les survivants devaient avoir fuit vers le sud. Peut être reviendront-ils ? Peu de gens le savaient. Ils voulaient qu'on les aide à reconstruire au moins quelques maisons avec le bois qu'il restait. Nous acceptâmes sans problème. Nous étions là pour ça. Reconstruire, quelque mètres plus bas, mais quand même.