La nuit tombeDe la lumière. J'aperçois de la lumière, faible, mais présente. Je ne parviens pas à me rappeler, à savoir où je suis.
Puis, peu à peu, des images me reviennent, des sensations, des sons. Je sens que je me rapproche, la lumière s'intensifie...
Et soudain, tout est clair, et j'ouvre les yeux. Je met quelques secondes à interpréter ce que je vois, et mon cœur fait un bond. Des yeux, un visage, très près du mien, vient de s'éloigner subitement. Je cligne des yeux alors que mon cœur se calme et regarde autours de moi.
Je ne parviens pas à reconnaitre l'endroit. Les murs de pierres brutes sont haut et la pièce est gigantesque. Je suis sur un lit, et j'ai un mal de tête affreux. Près du lit, une personne immobile semble attendre une quelconque réaction. C'est mon sauveur, dont son visage était si près du mien l'instant d'avant. Je le regarde d'un air suspicieux, me demandant ce qu'il faisait alors...
"Je... Où suis-je ?"Mon sauveur semble embarrassé, et cherche brièvement ses mots. J'ai trop mal au crâne pour réfléchir, c'est horrible. Il répond finalement que je suis au temple de Gaïa, en sécurité.
Je ne connais pas cet endroit, n'y étant jamais entré. Mais il me semblait en effet que question sécurité, il n'y avait rien à redire. Mon sauveur renchérit en me complimentant sur ma vitalité. Je me souviens de la tentative de viol, je me souviens des coups, des blessures, de mon dos déchiré. Tout cela avait disparu. Enfin, pas complètement, mais cela me faisait moins mal.
"Gaïa ? Mais... Ca fait longtemps que je suis évanouie ?"Mes blessures avaient dues être en partie guéries, mais pas complètement. Je tente de me relever et de m'assoir sur le banc, mais une douleur subite me traverse le cerveau, comme une aiguille qui essaie de s'échapper. Je gémit et ferme les yeux sous la douleur.
Mon sauveur s'approche un peu et attrape ma cape. Je me crispe, mais ses mains tremblantes ne font que l'enroulée autours de ma poitrine. Il est vrai que je suis toujours à demi nue, et qu'il n'est qu'un homme. Mais peu aurait eu le tact de le faire, peut être est-il un peu mieux que les autres hommes...
En même temps, il répond à ma question et se présente. Faëlis, quel joli prénom. Son nom de famille imprononçable ne prend même pas la peine d'entrer dans ma tête endolorie. Il semble croire que je le connais, ou tout du moins que je connais sa famille. Ayant volé son père, peut être est-ce le cas, mais son nom ne me dit rien. Et puis je n'arrive pas à me concentrer, mon mal de crâne ne semble pas vouloir se résorber, et mes tempes jouent du tambours... C'est très désagréable.
"Non, désolé je... J'ai mal à la tête."Je glisse une main dans mes cheveux, toujours aussi doux, et l'approche doucement de la blessure qui m'avait rendue inconsciente. Elle n'était plus là. J'avais toujours mal, mais le sang ne coulait plus et la peau s'était reformée.
"Mes blessures se sont résorbées ? J'ai encore mal, mais... moins."Je dis n'importe quoi, je suis dans les vapes, et j'ai du mal à réfléchir...
Je le vois faire, l'espace d'un instant, une tête des plus étrange, la tête de quelqu'un qui ne s'attendait pas à ma réponse. Mais il se reprend rapidement et m'affirme que je ne devais pas être sur pied aussi rapidement.
D'un autre côté, étais-je vraiment remise sur pied ? Je ne me sentait pas vraiment très bien.
"C'est vous qui m'avez soignée ?""Hum... et puis-je connaître votre nom ? Je fréquente toutes les tavernes de la ville et, soit dit sans vous offenser, je ne me souviens pas vous y avoir vu... travailler."En même temps. Il s'est remis à parler en même temps que moi, si bien qu'il me faut quelques secondes pour tout assimiler, pour comprendre ce qu'il voulait dire, et surtout pour voir le sous entendu qui occulta tout le reste.
"Pour qui me prenez vous ?"Me prend-il vraiment pour une catin ? Est-il comme son père alors ? Ma tête me fait mal et je n'arrive pas à tenir de raisonnement compliqué. J'attends donc qu'il réponde, pour voir.
Il s'excuse de suite, apparemment surpris de s'être trompé, puis change tout de suite de sujet et répond à ma première question. Ainsi, il a des amies chez les prêtresses de Gaïa ? Je me demande un instant quel genre d'amies elles pouvaient être, avant d'effacer cette pensée méchante de mon esprit.
"Excusez moi si je suis un peu brusque, je... je me sens un peu perdu..."Je sourit sur cette dernière remarque, et lève mes yeux vers les siens, non sans une nouvelle douleur à la tête. Je dois avouer que ses yeux sont beaux, mais la lumière qui y brille me semble un peu déplacée.
"Merci, merci beaucoup, j'ai une grosse dette envers vous. Je m'appelle Célimène, et je suis enchantée."Faëlis m'a sauvé, même s'il est un peu direct, je lui doit beaucoup. Il me sourit à son tour et me fait une révérence. Intriguant, ce sauveur. Il doit avoir l'habitude des femmes j'ai l'impression, même si il ne semble pas être habitué aux femmes comme moi. Il faut dire que peu de femmes peuvent rivaliser.
"Célimène, il faut que vous sachiez : mon père est très puissant. Je vais devoir quitter la ville, et, si votre sagesse est parente de votre beauté, vous feriez bien d'en faire autant. Ainsi que votre famille, si vous en avez une..."Mon sourire disparait et je baisse les yeux. Ainsi ce n'est pas fini, il ne va pas s'arrêter ? J'ai mal à la tête, mais une idée me traverse l'esprit : le masque. Il faudra que j'y pense, plus tard. Mais là, j'ai plus important à faire.
De la famille ? Je n'en ai presque pas, personne, exceptée Angela. J'essaie de me lever mais suis surprise par une vive douleur dans le dos. Je gémit de douleur. Apparemment, je ne suis pas remise sur pied...
Faëlis s'avance immédiatement pour me soutenir, alors que je répond à sa question.
"J'ai... une tante, elle est comme ma mère..."Je m'accroche à son bras. Mon dos me fais mal, ma tête aussi, et si je bouge un peu vite je suis prise de vertiges...
"Mon père la connait-il ?"Je soupire. Quelle question ? Comme si le monde dans lequel nous vivons avait ne serait-ce qu'une chance de rencontrer ce monde pervertit et prétentieux dans lequel vit son père et sa famille.
"Elle n'est pas très riche, mais heureuse... Je ne pense pas qu'elle connaisse ne serait-ce qu'une dalle du monde de votre père.""Il ne fait pas très bon être humain à Cuilnen... Mais, je suppose qu'ainsi, elle n'est pas en danger... Mais vous... Avez vous quelque part où vous cacher ? Quand je serais parti, je le crains, je ne pourrais plus vous protéger..."En effet, elle est en sécurité ainsi. Mais moi, ils m'ont déjà retrouvée, ils n'auront aucun mal à me recommencer. Et je n'ai ni famille, ni ami. je ne vais pas poser de problèmes à la famille de Blanche, et... Je suis mal partie...
(Zewen, je t'en prit, je ne sais pas ce que tu as prévu, tu m'as déjà évité d'être violée deux fois... Pourquoi ? Quoi qu'il en soit, fais qu'Angela et Blanche ne soient pas touchées, s'il te plait...)"Je ne sais rien du monde en dehors de Cuilnen, excepté ce qu'en disent les livres..."Car oui, je suis cultivée. je ne suis pas que belle, sinon comment pourrais-je arriver à faire ce que je fais ? Cependant, ma phrase fais éclater de rire mon sauveur qui s'explique en disant qu'il ne valait pas mieux, mais qu'il savait survivre en forêt.
Puis, il arrêta de rire et me regarda en souriant, un sourire charmeur comme j'en voyais souvent.
"Mais peut-être, belle Célimène, accepteriez-vous de venir avec moi ? Je comptai me rendre à Kendra kâr. Le voyage sera long et un peu de compagnie serait des plus agréable..."Comme quoi mon charme est immuable, même lorsque je suis aussi mal en point qu'aujourd'hui. Je soupire devant la douleur et me rassoit doucement, essayant de minimiser la douleur de mon dos. A défaut de ne pas souffrir, autant qu'il n'y ai qu'une source de douleur.
Je lève mes yeux vers Faëlis.
"En forêt ? Mais comment ? De plus... Comment puis-je vous faire confiance ?"Puis je lui sourit doucement. Il ne faut pas qu'il se fasse des idées sur moi, je préfère éviter qu'il soit déçu.
"Vous êtes bien charmant mais faites attention à ce que vous dites, je pourrais mal le prendre..."Ma réponse le fait sourire, un sourire qui montre sa dentition parfaite. A mon avis, ce sourire doit faire craquer pas mal de minettes.
"Allons, vous n'avez pas à être impressionné par ma perfection... Vous êtes sublime, vous aussi ! Quand à me faire confiance... ai-je fais quoi que ce soit qui vous fasse craindre de mauvaises intentions ?"Je soupire devant cette prétention sans borne. Il est vrai que je suis belle, mais est-ce une raison pour qu'il se pavane de cette manière ? Je n'ai même pas le temps de répondre qu'il s'agenouille devant moi. J'hausse les sourcils alors qu'il me dit ne vouloir que ma sécurité et rien d'autre.
J'éclate de rire brièvement avant de gémir de douleur, mon crâne faisant des siennes à chaque mouvement brusque. On ne me l'avait jamais faite, celle là, et ça m'énerve plus qu'autre chose, surtout que mon mal de tête lancinant ne fais rien pour me mettre de bonne humeur.
"Vous manquez un temps soit peu de romantisme et de modestie. Et me courtiser ainsi ne me donne aucune confiance en vous. Votre père parlais très bien lui aussi."Je n'aime pas qu'on me courtise. Enfin, si, j'imagine que j'aime bien, mais pas de cette manière, pas dans cette situation, et pas quand j'ai mal à la tête.
Je lève les yeux vers lui, et approfondie ma réflexion pour qu'il ne le prenne pas mal.
"Peu de personnes ont ma confiance, et je peux vous dire que, de part ma profession, n'importe quel serment ne vaut que peu de chose à mes yeux. Mais votre attention me touche, et, de plus, vous m'avez sauvée..."Seulement je crois que ça ne marche pas. Son sourire disparait et il semble énervé. Il reste quelques secondes silencieux avant de répondre d'une voix dure, sous entendant que j'aurais mieux fait de me taire, et qu'il sait que ma profession n'est pas des plus légales.
Il renchérit, après s'être relevé, par une explication de son acte et en précisant que lui y avait perdu plus, beaucoup plus, que moi. Mais ce n'est pas ma faute non plus. Puis il s'adoucit, après un silence de quelques secondes, et reprend.
"Si vous ne souhaitez rien me dire de vous, soit. Chacun ses secrets... Mais je vais partir... et je vous propose de m'accompagner. Je vous ai prévenu qu'il était dangereux de rester, après, libre a vous de venir avec moi ou non. Et puis, si c'est la forêt qui vous fait peur, je vous rappelle que ma destination est Kendra kâr... nous n'y resteront donc pas éternellement !"Je baisse les yeux en comprenant que je l'ai blessé. Ce n'était nullement mon but et il faut que je répare ça... Mais j'ai mal au crâne, le corps douloureux et je n'arrive pas à réfléchir.
"Je ne voulais pas vous blesser, j'en suis désolée. Je ne sais pas quelles étaient vos relations avec votre père, mais j'ai vu votre réaction fasse à son acte.
Je ne voulais pas dire que vous n'aviez fait ça que dans votre intérêt. Vous avez l'air intelligent, et aucun homme intelligent ne prendrait de risque pour une inconnue, même aussi ravissante que moi."Je souris. C'est vrai qu'il ne semble pas insensible à mes charmes, mais qui le serait ? Je me lève doucement, luttant contre la douleur mon dos, et reprend.
"Je vous demande une journée. Accompagnez-moi, je vais aller chercher quelques affaires, et dire au revoir à ma tante."Ma réponse le fait légèrement sourire. Il doit être content. De toute façon, je n'ai pas vraiment le choix. Si je ne pars pas, son père me retrouvera. Et je ne peux pas partir seule...
Je resserre ma cape contre moi, ne voulant pas dévoiler mes jolies formes, et baisse la tête.
"Promettez-moi juste de ne pas faire l'erreur de me prendre pour une fille facile. Je ne suis pas une catin, je ne suis que voleuse. Je n'ai pas couché avec votre père, je ne l'ai même pas touché..."J'espère ne pas faire d'erreur en lui disant cela...
"Et vous, ne commettez plus l'erreur de douter de ma parole... Et ne parlez plus jamais de celui qui fut mon père."Sa réponse est directe et sans équivoque, mais semble conclure sa colère. Il se radoucit et se remet à sourire, expliquant qu'il s'excusait de ce qu'il avait pensé et qu'il était désolé pour ma situation.
Puis il accepte d'attendre une journée avant de me tendre sa main, s'inquiétant de mon état actuel. Je ne suis pas vraiment en état de faire quoi que ce soit, mais j'aurais le temps de me reposer.
Je relève la tête vers lui, plutôt contente de sa réaction.
"Désolé, mais que je puisse faire ce que je fais aussi aisément est la preuve que peu de personnes sont dignes de confiance. Et vos manières quelques peu directes, quoi que charmantes, ne me sont plus vraiment réconfortantes."Ce n'était nullement une critique, mais il fallait bien qu'il comprenne que je n'étais pas comme les autres femmes. En même temps j'accepte sa main tendue et y dépose la mienne.
"Merci. Je vais passer chez moi, puis je vous emmènerais au marchand..."Je m'approche doucement de lui et dépose mes lèvres sur sa joue. Il est mon sauveur, il l'a bien mérité. Peu de personnes ont connu cet honneur.
"Merci beaucoup pour ce que vous avez fait."Puis je me retourne et me dirige vers la sortie, doucement, essayant de ne pas accentuer mes douleurs. Faëlis me suit sans rien dire. Apparemment, mon baiser n'a pas été sans effet sur lui.
La maison