L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 11 messages ] 
Auteur Message
 Sujet du message: Le campement
MessagePosté: Mer 29 Oct 2008 16:56 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 15:46
Messages: 13910
Le campement


Ce campement sert d'auberge en plein air, allez au comptoir chercher à boire puis passez à une table et admirez le spectacle que vous offre ces belles demoiselles souvent orques dansant au clair de lune.

Les bagarres générales sont courantes, mais elles ne durent pas longtemps, les marchands étant entraînés pour calmer la chose.

( Les yus dépensés ici ne seront pas retirés de votre bourse)

_________________
Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
Pour toutes questions: C'est ici !
Pour vos demandes d'interventions GMiques ponctuelles et jets de dés : Ici !
Pour vos demandes de corrections : C'est là !
Joueurs cherchant joueurs pour RP ensemble : Contactez vous ici !


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Campement
MessagePosté: Lun 3 Juin 2013 18:46 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 28 Juin 2012 18:15
Messages: 686
Localisation: ~Quête 35~
~Auparavant~


~7~



Chacun d'un côté du poney, nous avançons dans des ruelles plus sombres et mal entretenues les unes que les autres. Je me tiens sur mes gardes en permanence, me demandant encore et toujours comment une population est censée se développer convenablement dans de pareilles circonstances. Une main retenant ma capuche, j'aperçois bientôt un garzok, assis dans la boue, contre le mur d'une habitation à la porte défoncée. Sa main droite appuie contre sa cuisse, tentant de stopper un flot sanguin. La lame courte et rouge qui traine à ses côtés m'incite à deviner une rixe derrière cela.

Mon regard violacé s'attarde sur le blessé. J'ai envie de l'aider, et c'est ce que je ferais en temps normal. Sauf que là, la créature me lance un regard mauvais, plein de colère. Elle crache dans ma direction et me montre des dents en piètre état.

"Taorak ! Arrête de bailler aux corneilles et avance, bougre d'empoté !"

Malgré moi, mes yeux se plissent. J'agrippe fermement ma capuche, la rabattant sur mon regard. Je dois me ressaisir. Ici, faire preuve de sympathie n'est sans doute pas bien perçu. Pour autant, l'aspect vindicatif des paroles de l'humain m'irrite. J'ai beau être patient et conscient du danger, sa façon de me rappeler à l'ordre est franchement désagréable. Je le rejoins bientôt tandis que nous approchons d'un étrange endroit.

De larges fûts sont séparés d'un terrain plat par une sorte de comptoir crasseux. Autour, des tables accompagnées de tabourets sont occupées par de nombreux humanoïdes de toutes tailles. Des sektegs jouent avec de petits os, des garzoks boivent, et j'aperçois même des humains discuter en jonglant avec des lames. Quelques tentes sont disposées dans un cercle approximatif, leur entrée tournée vers un foyer large et situé au centre de ces formes géométriques.

Quelques regards se tournent dans la direction du chariot, mais s'en désintéressent rapidement. Dans ce grouillement de formes grisâtres et vertes, mes yeux violets sont rapidement accaparés par un vêtement d'un rouge vif. Portant cet habit, une haute silhouette à la longue chevelure brune se déplace de table en table. Son col est ouvert sur son torse, descendant pratiquement au milieu de son abdomen. Une double rangée de perles teinte terre est suspendue à sa gorge. Finalement, les yeux sombres de cette personne se rivent à notre duo, et plus particulièrement à 'Nouk'. Gracieusement, mais avec des foulées rapides, la personne se rapproche. Devant faire deux têtes de plus que moi, cet être coloré se jette au cou de Kuon, laissant ses avants-bras reposer sur les épaules du milicien.

"Nouky ! Tu m'as manqué !"

L'instant d'après, je suis témoin d'un langoureux baiser, auquel mon guide semble répondre tout naturellement. Je ne comprends pas. Je suis gêné, intrigué, intimidé et ne me sens pas du tout à ma place. J'en ai le souffle coupé et détourne le regard aussi vite que possible. Ce n'est pas vraiment le geste en lui-même qui me perturbe, mais lorsque je reporte mon attention sur le côté, je suis formel. Malgré ses traits fins, sa peau pâle et ses bijoux, cet humain est définitivement un homme. J'ai du mal à ne pas m'étonner d'une certaine évidence : cette proximité de deux hommes m'a surpris, mais pas rebuté.

Tandis qu'ils restent dans les bras l'un de l'autre, une voix féminine interpelle l'être en rouge, moqueuse. Visiblement, celle à qui elle appartient prétend avoir réservé la prochaine "danse", sans que je constate la présence de musique. Il lui fait un clin d'oeil et envoie dans l'air sa main, après l'avoir apposée contre ses lèvres. Je dois dire que je ne comprends absolument pas son geste, ce qui n'est pas le cas de la garzoke à laquelle il est destiné.

Suite à un nouveau contact de leurs lèvres, Kuon toussote.

"Toujours aussi demandé, Ruru ?"

"Toujours. Mais tu sais que tu restes mon préféré, Nouky."

"Je parie que tu dis cela à tous tes... Admirateurs."

Le dénommé Ruru glousse d'une façon presque féminine, puis il remarque ma présence. Mes yeux cherchent un point d'ancrage quand je me rends compte qu'il se penche, sans doute pour voir sous ma capuche. D'une main, j'agrippe le tissu, résolu à montrer mon désaccord. Peu importe le lien qu'eux ont, pour moi, cet homme reste un parfait inconnu et un potentiel ennemi. Pendant quelques secondes, il ne se passe rien, me faisant hausser un sourcil. Je suis soudain pris au dépourvu quand les doigts agiles de l'humain agrippent mon poignet, l'ôtent du tissu, et font glisser la toile en arrière.

Nos regards se rencontrent brièvement, puis l'humain sourit.

"Pas la peine d'être timide. Ruru ne mord jamais. Après tout, il est expert dans son art. Une bonne poignée de minutes suffit pour s'en convaincre."

Des yeux, je cherche un appui du côté de Kuon, mais celui-ci demeure silencieux, une esquisse de sourire au visage. D'un coup, je me rends compte que les mains de Ruru appuient fortement contre mes épaules, tandis qu'il accole sa pommette à mon heaume, au niveau de la mienne. Ce contact me met mal à l'aise, mais je suis incapable d'en mentionner la raison exacte.

"Il est adorable ce petit. Regarde-le. À cro-quer."

"Ne va pas lui faire peur. Taorak est du genre à ne pas apprécier les contacts."

"Oh ? Comme ton frère du sud ? Kuon c'est ça ?"

"Exactement."

Confus, j'entends cet échange sans vraiment l'écouter. La seule chose qui me tire de cet état est le moment où Ruru m'enlace d'un bras, et me pousse en direction de l'une des tentes. Kuon ne réagit guère que par un air amusé, et en m'informant qu'il serait dans les environs quand notre entretien privé aurait pris fin. Je n'y comprends plus rien. J'étais persuadé qu'il devait m'amener auprès d'un contact de la République, et je me retrouve invité dans une tente où n'importe qui semble pouvoir entrer.

Pourtant, devant les regards que suscite ma résistance, je décide de prendre sur moi. Kuon doit avoir ses raisons, même si je ne les comprends pas pour le moment. Si quelque chose s'apprête à mal tourner, je pense pouvoir me défendre contre un humain apparemment désarmé.



_________________


Dernière édition par Kiyoheiki le Dim 19 Jan 2014 13:57, édité 3 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Campement
MessagePosté: Sam 8 Juin 2013 18:39 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 28 Juin 2012 18:15
Messages: 686
Localisation: ~Quête 35~
~Auparavant~

~8~



Entrant en premier dans la tente, je la découvre plus vaste que ce que j'aurais cru. Elle possède même un semblant d'ameublement, avec une sorte de matelas que percent quelques brins de paille. S'y trouve également un tabouret, et une petite table où repose une lampe à huile. J'ai à peine le temps d'embrasser l'endroit du regard que je sens une traction sur mon arme. Par réflexe, je pivote, la mettant hors de portée des mains de Ruru. Celui-ci affiche un sourire joueur, et me fait un petit clin d'oeil. Décidément, j'ai beaucoup de mal avec ce genre d'attitude. Qu'est-ce qu'il a bien voulu tenter ?

Tel un serpent, Ruru se glisse dans l'espace, prenant le soin de tirer au maximum les pans de toile. Suite à cela, il s'avance, me fixant droit dans les yeux. Son sourire s'efface, et son visage se pare d'un air plus sérieux.

"On se détend. Je suis de ton côté."

D'un signe, il m'invite à déposer mon arme, ce que je fais tout en m'agenouillant sur le matelas. Je reste méfiant et sceptique, gardant le Fang Bian Chan à portée de main, tout du moins jusqu'à ce qu'il adopte une posture assise typiquement ynorienne. Quelque chose dans son attitude me parait soudainement familier, et atténue un peu l'appréhension qui m'habite.

"Tu accompagnes Kuon, et il s'est servi de notre code pour te désigner comme milicien. Bizarre vue ta peau, mais j'en ai vu d'autres, et pas toujours aussi bien entretenues... Ahem ! Ne perdons pas de temps. Explique-moi la teneur de ta miss... "

Ruru s'interrompt subitement, se jette sur moi, me plaquant les épaules au sol et manquant de peu me faire me tordre la cheville. Dans le même élan, il se place au-dessus de moi, et abaisse violemment le haut de son habit, dévoilant l'intégralité de son torse clair. J'en écarquille les yeux au moment où il se penche, repoussant ma capuche. Je suis trop abasourdi pour prendre la mesure de ce qui se passe. L'une de ses mains appuie contre ma tempe, l'autre repousse sa longue chevelure derrière son oreille. Je sens un vif contact au niveau de mes lèvres, me faisant écarquiller les yeux de plus belle.

Soudain, le bruit typique de la toile qu'on écarte se répercute dans la tente. Un instant de silence prend place, vaguement brisé par un son entre excuse et moquerie. Ruru se redresse, ôtant la main qu'il avait placé contre ma bouche, et effleurant les colliers qui brisent la monotonie de sa peau, tout en se tournant un peu vers l'entrée. Je le devine plus que ne l'entends faire une promesse sur un ton roucoulant, et saluer une personne.

"Eh, respire un peu."

Ce n'est qu'à ce commentaire que je me rends compte que j'avais retenu mon souffle. Ce corps vivant accolé au mien, à l'étrange parfum sucré maintenant que j'y fais attention, et le soudain contact m'ont laissé interloqué. Lorsqu'il s'écarte, je passe le revers de ma main contre mes lèvres. Pendant un instant, j'ai bien cru qu'il...

"Navré, c'était nécessaire. Enfin un peu d'intimité. Je n'ai d'habitude rien contre les voyeurs, mais ce n'est pas le moment. Tout va bien ? Tu fais une tête étrange."

Après un bref instant, j'acquiesce, plus par réflexe qu'autre chose. Il finit par me sourire avec une certaine compassion.

"La première fois que j'ai fait ce coup-là à Nouky, il m'a envoyé un direct dans l'estomac. Les ynoriens et cette aversion du contact..."

Ruru affiche un air désolé, comme s'il nous plaignait de cela. Pourtant, j'apprécie de ne pas être en permanence collé à quelqu'un. Tout ce toucher agaçant et ces gens qui se permettent de te prendre par le bras sans raison ont le don de me mettre mal à l'aise. Un court instant, je repense à Genji et à ce moment que nous avons passé dos à dos. C'est étrange. Ce souvenir-ci, contrairement à celui où la jeune fille de Bouhen à mon bras me trainait dans le marché, est rempli de chaleur. D'ailleurs, bien qu'elle m'ait surpris, son accolade n'avait rien de désagréable. L'espace d'une seconde, je ressens un pincement au coeur et un léger vide. Je prie Gaia pour que tout se passe bien pour lui. Et pour son jumeau aussi, évidemment.

Vivement, je secoue la tête et me redresse avec l'aide de l'humain. Je suis en mission, et n'ai pas davantage de temps à perdre.

"Un milicien infiltré, en fin d'investigation, a apparemment été pris. Je dois récupérer son rapport, mais je dois avouer que je ne sais pas ce que je recherche."

Ruru remonte un peu sa tenue, affichant un air sérieux.

"Je vois. Cela ne va pas être facile. Vois-tu, quelqu'un a apparemment laissé filtrer une information partielle. Les miliciens ont fait une descente ici, embarquant tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un ynorien. Et celui que tu cherches était parmi eux."

Devant mon expression perplexe, Ruru m'explique que l'homme a été amené avec les autres dans les geôles de l'arène, et que malheureusement pour moi, même lui ne sait rien de plus précis. Le milicien revenait régulièrement prendre des rendez-vous particuliers avec ce jeune homme, lui laissant toujours un ou deux cadeaux, mais sans jamais évoquer sa mission. Parfois, il était si pressé de lui donner un présent fait à la main qu'il en oubliait de le terminer.

Nos fils de pensées se rejoignent. S'il existe un rapport, le seul qui soit en mesure de le confirmer, et d'en indiquer l'emplacement, se trouve actuellement emprisonné dans un lieu des plus dangereux.

Je n'ai guère le choix. Ma prochaine étape sera donc le sous-sol de l'arène des Mille Lances. Cette perspective ne me plait pas, vraiment pas.



_________________


Dernière édition par Kiyoheiki le Sam 8 Juin 2013 23:21, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Campement
MessagePosté: Sam 8 Juin 2013 23:21 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 28 Juin 2012 18:15
Messages: 686
Localisation: ~Quête 35~
~Auparavant~

~9~



Je demeure perplexe en tendant mon plastron et mon heaume à Ruru. J'essaie de penser que son raisonnement tient debout. Il m'offre son aide pour entrer dans la partie des cellules, m'affirmant que pour ne pas éveiller la méfiance des gardes, je dois me faire le plus vulnérable possible. Il a toutefois raison sur un point. Mon casque risque d'attirer les convoitises, et le plastron est frappé du blason d'Oranan au niveau du pectoral gauche. Pour peu que quelqu'un en comprenne le sens, je serais dans de sales draps. Je n'aime pas me séparer ainsi de mes possessions, mais à dire vrai, j'ai étrangement davantage confiance en ce jeune humain qu'en Kuon.

Après que le contact ait soigneusement rangé mes affaires dans son sac, il m'informe grossièrement de ce à quoi ressemble l'infiltré. De sa taille, ynorien mûr aux yeux d'un marron clair, une moustache descendant au niveau du menton, et des cheveux très courts. Le meilleur moyen de me faire connaitre de lui est de me présenter comme une connaissance privilégiée de Ranmaru. J'imagine qu'il doit là aussi s'agir d'une sorte de code que je ne comprends pas, et l'air confiant de cet homme un peu trop collant tend à me l'assurer. Souriant, et sur un ton espiègle, Ruru va jusqu'à me suggérer de le laisser mettre une marque sur ma gorge. Il parle de donner le change, chose qui m'intrigue. J'en ignore la raison, mais mon regard suspicieux tandis qu'il tend les lèvres semble le faire éclater de rire.

(Je me demande si je parviendrai un jour à comprendre ce genre d'humains. Ce qui est sûr, c'est qu'il m'a assez approché comme cela. )

Un bras dans mon dos, Ruru m'accompagne hors de la tente. Je rabaisse immédiatement ma capuche quand je distingue des faciès amusés et des sifflements. Ma gorge est nouée d'embarras. Je sais que Ruru a tout fait pour laisser entendre que nous avons passé un moment... Intime... Mais même si c'est faux, j'ai franchement du mal à ignorer les commentaires. Le jeune homme en rajoute encore à son acte en rajustant lentement sa tenue.

Non loin de son chariot, Kuon nous fait un léger signe. Sans le moindre embarras, l'humain en rouge retourne se cramponner au cou de ce dernier, gloussant avec un sourire étrange.

"Nouky ! Je ne t'ai pas trop fait attendre ?"

"Je n'ai même pas eu le temps d'être victime d'une rixe. Tu es en forme."

"Huhu ! Ton petit camarade a été très... Réceptif. Mais il ne t'arrive pas à la cheville dans l'autre catégorie."

Bizarrement, je me doute que ne pas tout comprendre de ce discours vaut mieux pour moi. Kuon me fixe, regard que je lui rends depuis le couvert de ma capuche. Il échange brièvement avec son compère lové contre lui, ce dernier laissant entendre qu'il se trouve une personne pas à sa place dans l'arène. Un court instant, je redoute qu'il dévoile le véritable but de ma mission, mais il n'en fait rien. Ses mots sous-entendent par contre qu'il nous faut faire évader une personne bien précise, et apparemment importante.

Je jette brièvement un regard dans mon dos, constatant que l'assemblée bruyante semble nous avoir oublié. Un court instant, je laisse mes yeux sombres m'amener les images d'une populace quelque peu joyeuse. J'ignore si c'est l'endroit, la boisson, ou la soudaine musique qui agit comme tremplin, mais les présents n'ont pas l'air d'être totalement misérables. Ma poitrine se serre un peu. Dans cet étrange tableau, j'ai l'impression de trouver des similarités avec la vie de la République. Sauf que les ynoriens n'ont pas cette tendance à briser des tabourets sur les crânes de leurs voisins.

C'est d'ailleurs en comprenant que l'agitation commence à croître que notre trio décide de se rendre à l'arène. Ruru agrippe le bras libre de Kuon, s'amusant à parler de façon crue des yus gagnés lors de ses derniers exploits nocturnes, et mettant un point d'honneur à évoquer les particularités physiques de ses admirateurs. La seule chose que j'entends avant de décider de rediriger mon attention ailleurs est son compliment sur la souplesse d'un certain garzok unijambiste.

Si mon visage n'était pas déjà sombre et sous capuche, il en deviendrait noir d'embarras. Non, décidément, je ne parviendrai jamais à me faire à ce genre de comportements. Le pire dans l'histoire est que je commence à imaginer certaines de ces anecdotes. Vivement que je me change les idées, cette mission a décidément bien trop d'éléments perturbants à mon goût.



_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Campement
MessagePosté: Mer 12 Juin 2013 15:56 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 15 Avr 2012 10:12
Messages: 23771
Localisation: Le monde d'Aliaénon
Le lieu évoquait un peu le grand marché ou Azra avait éliminé le milicien corrompu. C'était un chaos de tentes où se pressaient des centaines, voire des milliers de personnes. Il n'y avait pas de bric-à-brac à vendre ici, ou beaucoup moins. Les pavés étaient recouverts de boue et partout, il n'y avait qu'ivresse et débauche. Le nécromancien rabaissa bien vite la visière de son casque pour avoir l'air plus menaçant et bien faire comprendre qu'il n'était pas du genre à tolérer qu'un ivrogne se jette sur lui.
Comme la filature devenait difficile au milieu de ce bazar, il finit par se rapprocher. De toute façon, il serait difficile de le voir par ici...
Il rejoignit Rendrak qui s'était caché au coin d'une grande tente. Hélas, il lui était dur de passer inaperçu au milieu d'une telle foule. Les gens étaient nombreux à se retourner pour le regarder, il le signala au jeune homme :

« Le shaakt est rentré dans cette grande tente à catin avec... le genre de type qu'on s'attend à rencontrer par ici. L'autre est resté à l’extérieur, là-bas. Je ne peux pas m'approcher plus sans me faire voir... »

Azra hocha la tête. Les espions ne venaient sûrement pas d'Oranan rien que pour bénéficier des services de prostitution de la ville...
Il demanda qui était précisément l'homme. Un humain à l'air quelconque, aucunement menaçant, mais il valait mieux être prudent. Le fait que rien ne le distingue des autres ne signifiait pas qu'il s'agissait vraiment d'un être ordinaire et inoffensif.

« Très bien, je vais m'occuper de ça... »

Il fit le geste pour révoquer Rendrak.

« Ah non ! Tu ne vas pas encore me renvoyer juste avant d'aller te fourrer dans... »

Il n'eut pas le temps d'en dire plus et disparut dans un nuage d'ombre. Azra rabattit son masque osseux et mit le cap sur l'homme. Il le rejoignit bien vite et le prit à la gorge de son poing d'acier.

« Bonjour, siffla-t-il de la voix sinistre que lui donnait son casque. Pas courant les voyageurs en provenance d'Oranan, hein ? Moi ça m'est égale, mais il y a des gens qui se demandent ce que vous venez faire par ici... »

Il attendit la réponse, s'attendant à une excuse vaseuse sur la provenance de l'homme.
Contre tout attente, il ne sembla pas impressionné. D'une main, il écarta le gant sans peine, sous le regard stupéfait du garçon.

« Ôte ta patte de là, petit. »

Il le repoussa tandis que des gens autour demandaient ce qui se passait. Ce n'était pas du tout, mais alors pas du tout ce qui était prévu.

« Par "gens", je suppose que tu parles de cet idiot de gradé sekteg ? Pas fichu de recruter quelqu'un de convenable celui-là. »

Azra ouvrit des yeux rond. Alors il savait... bien sûr qu'il savait. Qui d'autre avait pu transmettre un message aussi rapide pour informer de la composition de l'équipe ? C'était lui, l'informateur.
Azra croisa les bras sur sa poitrine et grogna à voix basse :

« Si un certain informateur avait été plus précis, ça aurait simplifié les choses. Alors maintenant allez-vous m'expliquer clairement ce qu'il se passe ? Je suis las d'attendre que les autres veuillent bien me dispenser les informations au compte-goutte. »

L'homme fit signe de disperser tout le monde, et les gens se désintéressèrent des deux hommes. Puis, il se tourna vers la tente en expliquant que le shaakt n'avait pas voulu lui révéler les détails de la mission.

« Seul le contacte de leur petit groupe sait de quoi il retourne exactement. »

Il revint sur Azra pour préciser comme s'il avait voulu lire dans sa tête :

« Et inutile d'y penser. Apparemment je suis sur la tangente et si Ruru est pris pour cible, ils sauront de qui cela vient. »

Le nécromancien haussa les épaules.

« Je m'en doute bien, mais il va pourtant bien falloir trouver un moyen. Au pire, je peux préparer une diversion, mais mettre la panique dans ce bazar... »


Il secoua la tête. Non, mieux valait ne pas y penser, c'était le meilleur moyen de s'attirer des ennuis.

« Je n'ai sans doute rien d'autre à faire que retourner me cacher et vous suivre à distance. Essayez d'en apprendre plus, je reviendrais vous trouver plus tard. »

(Vas-tu laisser cet impudent en vie ? Tu dois l’anéantir ! Comme tout ceux qui se dresse sur le chemin de l'illuminé !)


Chandakar pérorait depuis tout à l'heure, et sa voix avait subitement enflé. Avec un soupir intérieur, Azra répondit :

(Ça, un illuminé, tu en fais un bon...)

Puis, il regarda l'agent double droit dans les yeux et demanda :

« Alors, on fait comme ça ? »

L'homme hocha la tête comme si Azra l'agaçait plus qu'autre chose. Puis, il ajouta d'un ton sec :

« Et que cela s'implante dans ton crâne. À trop s'enhardir, on finit avec une lame en travers du gosier, gamin. »

Puis, se désintéressant à nouveau, il déclara qu'il n'y en aurait pas pour longtemps, l'individu bariolé, qui répondait au nom étrange de Ruru, était du genre rapide.
Sans un mot de plus, Azra se détourna rageusement. Quand les gens cesseraient-ils de le prendre de haut ? Il avait envie de rabattre son caquet à cette brute, mais il avait une mission à accomplir.

« Nous nous reverrons bientôt. »

Il se retint d'ajouter qu'il y aurait beaucoup de monde à vouloir lui mettre une lame dans le gosier s'il n'en avait pas déjà éliminé la plupart, mais il était inutile de prévenir cet imbécile de la lame qui pourrait un jour trouver le chemin du sien.
Azra s'éloigna derrière une tente et fit réapparaître Rendrak.

_________________
Image

Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
Le thème d'Azra
David le nerd


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Campement
MessagePosté: Ven 16 Aoû 2013 19:50 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 29 Nov 2008 22:29
Messages: 1498
Localisation: Aliaénon
La marche ne fut pas très longue pour arriver dans ce lieu qui était comme tout dans cette ville : étrange. Ce qui devait être une grande place jadis, avait été envahi par d’innombrables tentes ou s'agglutinait la vermine en quête de beuverie. Ezak resta silencieux et se contenta d’observer les alentours de son regard perçant. Bien sûr, la colonne d’humain qui passait par là ne passa pas inaperçu. Le sergent aperçu même quelques individus détaler rien qu’a leur approche. Probablement de ceux qui redoutait le courroux de leur maitresse. Après tout il n’était tien d’autre qu’un représentant de officiel d’Oaxaca. Cependant, il ressentait tout de même une certaine animosité de la part de certains Garzoks qui se permettaient même de cracher sur le sol à son passage. Il n’était pas familiarisé avec les coutumes d’ici, il ne savait pas ce que ça pouvait bien vouloir dire, mais ça ne devait pas être un geste très amical.

«Je ne fais pas l’unanimité on dirait.»

Gart devant lui ne prit même pas la peine de le regarder pour lui répondre. Il avait l’air plutôt pressé d’arriver à destination.

«Vous êtes déjà connu ici. Les sombres nouvelles se propagent vite à Omyre. Sachez que même si un Garzok vous respecte, il vous jaugera toujours. Ne soyez pas surpris, nombreux sont ceux qui vous testeront et vous demanderont des duels à mort. Vous sortez de nulle part et vous avez déjà plus d’importance qu’eux. Pour ne rien arranger, vous transpirez l’ennemi à travers vos origines. Disons que c’est une situation habituelle.»


L’Orano-Kendran resta silencieux et n’écoutait déjà plus le mercenaire qui commençait maintenant à lui donner un cours sur le savoir-vivre orc. A vrai dire, la fatigue commençait à avoir raison de lui. Ses bâillements étaient de plus en plus nombreux et ses yeux se faisaient de plus en plus piquants.

La nuit, elle, avait finit par poindre le bout de son nez.et les créatures d’Oaxaca commençaient à festoyer à grand coup d’alcool dans le gosier.
C’est à ce moment que Gart se dirigea vers un petit comptoir cerné de quelques tentes. Derrière lui, un Garzok bien plus grand qu’eux s'affairait à déplacer quelques tonneaux, surement remplit de précieuses boissons. Quand il vit la petite troupe d’humain s’approcher de lui, son visage se renfrogna et il sortit les crocs. Expression, qui redoubla d’intensité quand son regard tomba sur la bague de l’officier.

«Qu’est ce que vous voulez, humain ?»

«Votre meilleure bouteille de vin.» répondit naturellement Ezak.

A l’entente de la phrase, la créature éclata de rire en libérant une pluie de postillons mal odorants. Dans une expression mêlant surprise et dégout, Ezak leva les sourcils. Il ne comprenait pas ce qui pouvait être si drôle. L’humour orc ne pouvait surement être compris que par un esprit aussi simplet que le leur. Gart, un peu gêné se pencha vers lui pour lui expliquer.

«Laissez tomber, vous ne trouverez pas de ces boissons ici.»

Puis en se retournant vers le Garzok.

«Donne moi deux pintes de ton meilleur tord-boyaux.»

La créature calma son fou rire s’activa à servir les boissons, avec un air plein de défi sur ses traits immondes. Et quand enfin les pintes se posèrent devant eux, il s’adressa à Ezak, non sans animosité.

«Ici, on boit de la vrai boisson de mâle, sergent. Quitte à faire la femmelette retournez d’où vous venez, vous ne manquerez à personne. »

Rares étaient les piques qui pouvaient atteindre l’esprit tourmenté de l’Ynorien, mais la fatigue et le contexte aidant, patience ne faisait plus partie de son vocabulaire. Posant sa main sur la garde de Mongoor, il ne put qu’entrer dans son jeu, le visage tendu par la colère.

«Ose seulement répéter, sous-race !»

Mais avant même que l’orc eut le temps de réagir, Gart tirait déjà son compagnon vers une table non loin en lâchant quelques pièces sur le comptoir. Sans quitter le marchand du regard, Ezak se laissa entrainer mais quand ils furent attablés il laissa éclater sa colère.

«Mêlez vous de ce qui nous ne vous regarde pas encore une fois et je jure que vous le regretterez ! »

«Du calme ! Cet endroit est plein craquer. Cela n’aurait rien à avoir avec une quelconque bagarre de rue. Vous avez une tripotée d’hommes avec vous et toutes les personnes ici ne seront pas contre un peu de sang. C’est une émeute que vous vous apprêtiez à déclencher.»

«C’est le cadet de mes soucis.»

«Je n’ai aucunement envie de me retrouver dans vos problèmes ! Votre jeunesse aura raison de vous. Soyez moins impulsif et sachez courber l’échine. Ici, on est à Omyre, que vous soyez de l’armée de la reine noir ne change rien ! Et en plus je me retrouve à payer le verre que vous me deviez. Si c’est pas malheureux ça...»

«Étouffez vous avec, crétin ! Par vôtre faute, je suis passé pour un idiot devant mes hommes. Je devrais vous pendre par ces bourses que vous semblez perdre dès que la situation s’envenime légèremen. !»

Pour la première fois Gart sembla perdre son sang froid et frappa du poing sur la table, provoquant un fracas qui ne troubla pourtant personne aux alentours. Il était furieux, et son visage rouge ne laissait aucun doute quand à la manière dont il avait prit l’insulte.

« Je vous ai quand même sauver la vie deux fois maintenant alors montrer un peu plus de respect garçon !»

«Respect ? Vous devriez en faire preuve quand vous vous adressez à moi ou vous apprendrez bien vite pourquoi j’ai été nommé sergent de l’armée Oaxienne.»

A la grande surprise du jeune homme, Gart ne dit plus un mot et se figea sur sa chaise. Visiblement vexé, il se tassa même sur son tabouret et avala d’une traite son fameux tord boyaux. Ezak, lui, ne toucha pas son verre et se contenta de regarder ailleurs, fortement contrarié. Ses nerfs étaient à vifs, il avait eu une très mauvaise journée et l’homme avait mal choisit son moment pour l’invectiver. Les secondes passèrent, longues et pesantes, et c’est finalement le mercenaire qui mit fin à ce silence de mort.

«Vous avez du tempérament pour un gamin...»

Ezak qui s’était calmé mais qui n’en démordait toujours pas pour autant, glissa son regard dans celui du barbu.

«Et vous la langue bien trop pendue.»

L’homme émit un rire franc avant de continuer, la dispute semblait déjà loin derrière lui.


«J’ai une proposition à faire à quelqu’un de votre trempe. Il y a un petit quartier plus au sud de la ville ou des gens comme nous... Des humains, se sont rassemblés pour s’entraider. Ce sont essentiellement des mercenaires mais qui ont simplement le désir de vivre entre eux et non d’être soumis au mode de vie d’Omyre. On a de la nourriture saine, des rues plus propres que ce que vous avez vu jusqu'à maintenant et avant toutes choses on se protège mutuellement.»


Le mercenaire émit une pose pour laisser ses paroles raisonner avant de reprendre sur un ton prudent.

«Cependant, depuis quelques temps, les Garzoks commencent à voir ce rassemblement d’un mauvais œil et nombreux sont les clans qui veulent nous déloger de chez nous. Je me disais que si un gradé tel que vous investissait les lieux avec ses hommes, peut-être que nous aurions beaucoup moins de problèmes.»
[/b]

Les yeux d’Ezak se refermèrent alors qu’il passa une main sur son visage comme pour essayer de réaliser ce que l’homme venait de dire. Il commençait seulement maintenant à comprendre pourquoi il était si avenant envers lui. En vérité, il se sentait quelque peu trahi et il ne savait pas ce qui le retenait de lui casser le nez. Les yeux toujours clos, il reprit avec un peu de colère contenue dans la voix:

« Vous être en train de me dire que depuis le début vous voulez m’utiliser comme un jouet ? »

« Non, non attendez ! Réfléchissez-y. C’est tout bénèf pour nous tous ! Ce serait un moyen d’accroitre votre influence sur une partie de la ville et donc d’être bien vu de la reine noire.»

«Foutaises !»

S’emporta l’Ynorien.

« Et j’ai beau faire partie de son armée, Oaxaca je l’emmerde ! Alors votre...»

«Chuuuut ! Mais ça va pas de dire ces choses la ici !» dit Gart en baissant soudainement le volume de sa voix.

«Vous croyez que j’ai peur de représailles ? Je travail pour moi ! Crean Lorener m’a nommé en connaissance de cause. Et d’ailleurs, lui aussi je l’emmerde avec son armée de d’idiots à peine capable de tenir une arme.»
S’emporta une nouvelle fois le D’Arkasse en lançant un regard aigri à ses hommes non loin. [/b][/color]

Gart sembla retenir sa respiration, alors que quelques regard se tournaient vers eux. Il était devenu livide et il ne put s'empêcher de passer une main sur son front qui était devenu soudainement humide. Etait-ce les effets de l’alcool ou la peur ? Peut-être bien les deux.

« Vous n’avez vraiment peur de rien vous... Je comprends maintenant pourquoi ils apprécient quelqu’un comme vous dans leurs rangs.

Sans se laisser démonter complètement, il reprit :

Pour vos hommes j’ai peut-être une solution. Disons que je pourrais leur assurer une formation militaire. C’est rien de bien méchant, ça rentre vite dans la caboche. J’ai été instructeur pour le comté de Whiel il y a de cela quelques années, ça payait pas assez et je croulais sous les dettes, alors maintenant je suis là.»
avoua t’il sans aucune honte.

Ezak hésita un instant. Il vrai que cela lui économiserait beaucoup de temps et lui même n’était pas sûr d’avoir la pédagogie et la patience nécessaire pour former une cinquantaine d’hommes. Il était un stratège né, un leader, certes, mais loin d’être un bon formateur. Mais les révélations du Whiellois l’avaient quelque peu refroidit. Lui confier ses hommes n’était pas une idée qui lui plaisait réellement. Mais n’avaient-ils pas été dressés pour lui obéir ? Peut-être suffisait-il de leur donner quelques consignes.

«Et tout ça juste en échange de ma présence parmi vous ?»

«Je parlerais pas de présence mais plutôt de faire savoir à tout Omyre que ce quartier est sous votre protection. Aucun clan Garzok n’osera attaquer un lieu investit par un officier, qui plus est sous autorité directe de l’un des Treize.»

«Vous devez vraiment avoir de gros ennuis.» constata Ezak avec un sourire en coin.

«Pas encore. Mais si vous rappliquez pas, ça pourrait bientôt être le cas.»

«Qui commande dans votre groupe?»

«Il n’y a pas de chef distinct, certains ont plus d’influences que d’autres et arrivent à se faire entendre. Il se comptent sur les doigts d’une main, et j’en fais partie.»
Se vanta t’il de sa grosse voix pleine de fierté.

«Les autres sont en mission pour le moment. Nous sommes tous des mercenaires et nous faisons quelques raids pour le compte de la reine noir. Bien sûr, elle nous paye bien. »[/b][/color]

«Combien êtes-vous ?

«Et si vous veniez constater par vous même.»
conclut Gart avec un sourire confiant.

Le regard lointain du maitre d’armes lui laissa penser qu’il l’avait presque convaincu, mais il en était rien. Plus loin, le Garzok qui lui avait manquer de respect avait quitter son comptoir pour entrer dans une tente adjacente. La réaction du guerrier fut immédiate, il se leva de son tabouret, l’air sévère. Il comptait bien payer cette peau verte comme il se doit.


«Bougez pas, je serais bref.»

Le pas pressé, Ezak se mit en marche en direction de la tente, tout en observant aux alentours les personnes susceptibles d'interférer. La boisson semblait faire son effet et personne ne semblait remarquer l’humain dans sa marche vers le crime. Le tout fut rapide et d’une facilité presque déconcertante. Juste un coup d’oeil à l’entrée de la tente et il avait déjà aperçu sa cible qui faisait demi-tour en direction de la sortie. Ce que le Garzok ne savait pas, c’est que cette sortie, il ne l’atteindrait jamais. Car à l’instant même ou l’orc allait poser le pied dehors, l’Oranan Kendran pénétra l’endroit avec fracas et enfonça son sabre dans son abdomen à deux mains. L’humain ressentit une sorte de satisfaction malsaine au moment ou la déchira la chaire épaisse de son ennemi. Le visage figé dans une expression de douleur, les yeux de la victime rencontrèrent ceux de son bourreau. Le regard haineux d’Ezak serait la dernière chose qu’il verrait, il considérait avoir lavé son honneur. Il s’était fait respecter, non pas en tant qu’officier d’Oaxaca, mais en tant qu’homme. Revanchard, il ne pu le laisser sans mourir sans lui délivrer quelques mots de «bénédictions».

«Tu me reconnais ? Alors, tu sais pourquoi tu meurs.»

Le corps de la vermine s’écroula sur le sol sans vie et l’humain ne perdit pas plus de temps à observer son oeuvre. Il s’en alla rapidement, pressé de partir loin de son crime. Il revint le pas calme, et l’esprit en paix. Il ne regrettait pas son geste. Au contraire, il se sentait presque heureux. Une peau verte de moins ne ferait surement pas de mal à ce monde. Avec un signe de tête, il invita Gart et ses hommes qui s’étaient amassés a quelques mètres de là à s’en aller. Omyre n’avait pas finit de payer ses exactions.

_________________

"L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien."

- George Smith Patton


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Campement
MessagePosté: Ven 27 Déc 2013 20:36 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 28 Juin 2012 18:15
Messages: 686
Localisation: ~Quête 35~
~Auparavant~

~20~






Le trajet se passe sans que j'en ai vraiment conscience. Le seul moment où je me reprends est l'instant où l'humain me tend un gobelet contenant une larme d'alcool fort. Je demeure silencieux, avalant le breuvage qui me fait tousser un peu. La brûlure de la boisson ne masque cependant pas les sentiments qui vrillent ma poitrine. Jamais je ne me pardonnerai mon geste, quand bien même ma mission serait menée à bien. Ma main sombre m'évente un peu tandis que Ruru me guide à sa tente. Là, je lui fais part de ce que m'a révélé le milicien.

Sceptique, le jeune homme en rouge me fait signe d'attendre, puis il extirpe une petite malle discrète du meuble à tiroirs. Il en vide le contenu sur la couche, se mettant à jouer avec ses colliers.

"C'est tout ce que j'ai, et qui correspond à ta description."

J'acquiesce, observant les objets. Ce sont des cadeaux offerts au jeune homme par mon frère de la République lors de ses passages. Il y a là des rouleaux de papier tâchés, un ou deux miroirs à main, de la poterie de style oranien, des colliers ainsi qu'un long tissu ressemblant à une écharpe. Par instinct, je porte la main aux rouleaux. Sales, par endroits déchirés, ils sont recouverts d'une multitude de traits à l'encre noire. Distraitement, j'entends Ruru me confier avec retenue que ce sont là des brouillons, datant de l'époque où l'infiltré lui apprenait des symboles plus complexes de l'écriture traditionnelle ynorienne.

Je lui jette un bref regard. Cela ne peut donc pas être ce que je recherche, d'autant que certains symboles se superposent. Mes yeux violets glissent dans les poteries, mais hormis un onguent à l'odeur forte, je n'y vois rien de particulier. L'examen des miroirs ne révèle rien de plus qu'une plaque mal retenue, qui manque de peu se briser au sol. L'angoisse commence à me gagner quand je m'empare du dernier objet. Le vêtement semble fait avec attention, presque trop au regard des habitudes de cette cité sombre. Lorsqu'elle m'échappe des mains, je remarque à quel point cette écharpe est grande. Même pour Ruru, son port ne serait pas facile.

Tandis que je l'enroule sur elle-même, je suis intrigué de voir que les motifs qui parsèment la trame ne cherchent pas à être réguliers. Ils ne respectent pas le rythme traditionnel ynorien, et leurs formes ont un aspect irrégulier. J'y attarde un peu plus le regard et, mû par un étrange pressentiment, je cherche l'autre extrémité. Autant l'un est bien démarqué, autant l'autre laisse un goût d'inachevé. Des fibres pendent, comme attendant que quelqu'un termine le travail.

( Remettre l'ouvrage... Sur le métier ? )

Mes yeux s'arrêtent sur l'un des symboles, interpellés par un bout de fil hors de la trame. Avec précaution, je l'attrape, et constate qu'il glisse quand je tire dessus, comme s'il avait été ajouté après la confection. D'autres fils de même type recouvrent le motif, que je retire avec autant de prudence. Quand j'ai terminé, un élan d'espoir se niche dans ma poitrine. Cette décoration est en réalité une calligraphie tissée ou brodée dans le tissu. Je crois que j'ai trouvé ce que je recherche. Les fils tracent, en écriture ynorienne, le symbole d'Oranan.

"Je comprends..."

Après avoir adressé un regard à Ruru, je place l'écharpe repliée dans ma tunique, contre mon cœur. Tandis que je rajuste ma cape à capuche, l'humain me tend les rouleaux sales. Curieux, je tente de sonder son expression, mais n'y décèle qu'un brin de sérieux. Au moment où je m'empare des objets, Kuon fait irruption dans la tente, balayant les lieux du regard. L'incompréhension s'affiche sur ses traits.

"Que ? Il n'y a que vous ?"

Je mets quelques instants à me rappeler que Kuon n'est pas au courant de la teneur exacte de ma mission. J'ai pourtant l'impression qu'il songe à quelque chose lorsqu'il me scrute, tandis que je range les rouleaux tachés dans ma sacoche.

"Quelles nouvelles de ton côté ?"

Kuon reporte son attention sur le jeune humain et se gratte l'arrière du crâne.

"L'arène a rarement été aussi agitée. J'admire les réflexes conditionnés des habitants du coin à la simple vue du blason de la République."

Je fronce les sourcils. Je n'aime pas ce que j'entends, mais je ne réponds rien. Un certain malaise me gagne, que je m'efforce de dissimuler, tout comme les rouleaux de papier. Ce faisant, j'effleure les médailles des ynoriens morts dans les Bois Sombres, et y ajoute celui de l'homme que j'ai abandonné. La culpabilité me ronge, me faisant baisser le regard.

Je finis par le relever après une longue prière, le plongeant dans celui de Kuon.

"Ma tâche est terminée. Je dois regagner nos terres au plus vite."

"Et le prisonnier ? Tu ne devais pas le récupérer ?"

Je me mordille un bref instant la lèvre, puis retrouve ma lucidité en repensant à la vaillance du guerrier.

"Je respecte sa volonté. S'il détenait des secrets, la voie qu'il a choisi les met hors de portée de nos ennemis..."

Lentement, je plisse les yeux et me mure dans ce silence si particulier qui accompagne la représentation de mon peuple. Un bref claquement de langue m'interrompt, venant de mon guide. Je ne sais pas à quoi il pense, mais le calme auquel il m'a habitué semble s'être volatilisé.

"Soit ! Rassemble tes affaires, nous partons !"

Mon interlocuteur sort en coup de vent de la tente, me laissant partager un instant ce silence avec Ruru. Ce dernier pousse un soupir puis il se tourne dans ma direction, apposant ses mains sur mes épaules, et venant accoler sa joue à la mienne. Alors que Nouk appelle sur un ton agacé mon nom d'emprunt, le jeune mage de vent me souffle quelques mots à l'oreille.

"Dès que tu le pourras, fausse-lui compagnie."

L'expression de mon interlocuteur m'incite à penser qu'il ne plaisante pas. Je ne sais plus vraiment quoi croire ou qui, mais je suis rapidement ramené à la réalité par le hennissement aigu du poney. Je n'ai plus de temps à perdre en hésitations ou en remords. Ajustant ma capuche, je sors à mon tour sous les sifflements amusés de certains attablés du Campement. Je tente d'en faire fi, suivant la carriole de l'humain du sud. Mon esprit se focalise sur une unique ligne de conduite que je m'efforce de ne pas oublier.

Mon devoir passe avant tout.



_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Campement
MessagePosté: Mar 30 Sep 2014 23:15 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 20 Avr 2010 21:13
Messages: 12983
Localisation: Derrière Cromax
Hrist avait reçu pour consigne d'attendre le grand orque qui se chargeait de la sécurité au marché. Elle ne connaissait d'ailleurs ni son rang ni son nom. La tueuse venait même à se demander si elle arriverait à le reconnaitre, à son grand daim, tous ici se ressemblaient terriblement.

Le petit banc sur lequel elle avait décidé de s'assoir était drapé de cuir et protégé des intempéries par une toile tirée. Quelques odeurs de viande cuite flottaient dans l'air et la boisson coulait à flot. On entendait des chants dans des langues anciennes et la lune timide observa le spectacle par intermittence au grès des nuages. Le Garzok qu'elle attendait vint assez vite la rejoindre. Sans dire un mot, il s'installa juste à côté d'elle.

Un temps passa avant que l'un des deux ne dise quelque chose, tous deux restèrent silencieux.

« Garry me fait savoir que les deux assassins se trouveront ce soir à l'auberge, après quoi ils rentreront dans leur planque. Des soldats à la solde de Garok devraient arriver bientôt. Cela dit, Garry a ordonné qu'ils soient tués sur le champ. Devriez peut-être essayer de mettre la main sur eux avant. J'suis pas sensé vous aider. T'façons m'avez jamais vu. » Il adressa une tape sur la cuisse de Hrist et se leva pour partir aussi vite qu'il était venu.

Elle souri. Finalement, elle n'avait pas eu une mission si compliquée et même s'il lui fallait agir assez vite, elle avait une longueur d'avance et trouver les assassins serait un jeu d'enfant pour elle.

« Tu devrais te méfier de ces deux. Tu as vu le comportement de Garry ? C'te garce va essayer de t'entourlouper jusqu'à l'os. »
« Justement. Le plus vite ça se termine, mieux c'est. »

Hrist retira son arme, parfaitement propre jusqu'à la garde, le fil acéré brillait au reflet des torches.

« Allons nous dérouiller un peu... Je m'ennuie. »

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Campement
MessagePosté: Jeu 4 Déc 2014 22:37 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2014 18:06
Messages: 23
Localisation: Omyre
-> Pluie de souvenirs

La nuit est belle, les nuages de pluie se calment. La légère bruine tombe moins rapidement que les gouttes depuis les toits. Je suis encore heureux de mon après-midi, mais très vite le sérieux de ce monde me retombe sur les épaules. C'est comme un gros manteau sombre, lourd, odorant et qui gratte. Une vieille laine oppressante, cachant au plus possible le sourire figé sur mes lèvres. J'entends de la musique, des rires.

« Omyre serait-elle capable de joies ? »


Je ne me suis jamais rendu au Campement avant. Baarghul en parlait lors de ses rentrées nocturnes, fort alcoolisé. Je me le représentais toujours comme un endroit insalubre, plein de prostituées et autres orcs baveux. Je vois les premières lueurs de cet endroit. Les torches sont chaleureuses, d'un orange chatoyant qui tranche avec le bleu de la nuit. Un feu brûle au milieu des tables à l'extérieur. Autour, des voiles de tissu ondulent, portés par le vent. Ces étoffes sont accrochées aux vêtements de femmes de toutes races. Difficile de distinguer, mais je vois quelques Shaaktes et autres habituées de la ville. Tout autour, des tables plus au moins pleines. Les orcs sont entre-eux, les Shaakts aussi. Quelques populations d'humains friands de nouvelles expériences sont là. Un bar plutôt long, ressemblant fort à un étal du marché, surveille ce petit monde. Le bois utilisé n'est pas très beau, usé même, mais semble assez solide pour tenir les quelques piliers de bar accrochés à leurs verres. Le comptoir est fermé sur les côtés et impénétrables depuis autre part que le comptoir, soutenu par deux colonnes de bois et le fond est une grande étagère avec toutes sortes de bouteilles. L'endroit est tenu par trois grands hommes avec un air de famille, qui tiennent des chiffons et nettoient quelques verres, pour faire bonne impression. Chacun d'eux est armé d'une grosse masse, d'une épée ou d'une hache de bûcheron. Les encoches sur les lames prouvent qu'elles ont servies à stopper des bagarres.

Les tables entourent le feu et les danseuses. L'une d'elles vient vers moi et me tourne autour, me fouettant légèrement avec des bouts de foulard. L'odeur de la femme est particulièrement douce et plaît à mon nez. J'inspire une grande bouffée de ce parfum, ferme les yeux et laisse mon esprit tourner dans ses bras et ses formes floues flottantes autour d'elle.. Ses mains tentent d'attraper les miennes, sans un bruit. La sensation de ses mains sur mon corps m'arrachent de ma torpeur, je m'écarte d'elle, surpris. Elle rit et retourne en direction du feu. (Qu'est-ce qu'il m'est arrivé ? -Je ne sais pas, mais c'était bizarre...)
Je ne dois pas oublier la raison de ma venue. Je cherche des nains, ou au moins un. Après quelques rapides coups d’œils, je le trouve enfin, assis avec d'autres anciens esclaves, principalement des nains. Ils sont rougeauds, rient beaucoup et se frappent les épaules. (L'alcool, le plus grand fléau de ce monde. -Il provoque aussi bien qu'il résout les problèmes.) Je souris tellement cette idée est vraie. Je m'approche de la table, sans payer attention aux danseuses, encore moins aux regards curieux des habitués. J'attrape une chaise et m'assois à la même tablée que tous ces nains. Il y a une femme humaine, emmitouflée dans une grande soutane de lin beige qui ne boit ni ne parle. Le marchand nain reconnaît l'éclat de mes prunelles.

« Aaaah ! Le voilà !! Regardez les gars ! C'est de lui dont je vous parlais ! »


Les quatre nains autour me dévisagent, sans un mot, alors que mon marchant rit à pleine gorge.

« Au fait ! Je m'appelle Thurl TêteDePioche ! Mais appelle-moi Thurl ! »

« Naar'Ollyh », lui dis-je sur un ton proche du chuchotement.

« L'enlève pas sa capuche l'timide ? », questionne un des nains.

« Mon ami est... spécial... et ne veut pas se faire reconnaître, pas vrai Nalory ? »

« Humm Humm... » Je m'éclaircis la voix. « Naar'Ollyh ». Cette fois c'est compréhensible.

« Ouais si tu veux. Bon, qui est chaud pour l'intégrer au business ? »

Les nains se regroupent en cercle, marmonnent et m'épient par dessus les épaules de leur camarades. Je suis absorbé par la mystérieuse femme, qui ne bouge pas depuis mon arrivée. Je ne sais pas quel est le« business » du nain, et à la rigueur je m'en moque. Je compte seulement partir d'ici. J'adresse quelques mots à la femme, elle me regarde. J'aperçois deux lueur d'un vert feuille sortir de sous la capuche. Ses yeux m'éblouissent un peu, je reste ébahi. Elle tend sa main vers mon torse et la pose au milieu de mes bandages cachés. Un forte impulsion me recule contre le dossier de ma chaise. Elle retire sa main et me souris. Je regarde rapidement mon torse, une étrange lueur verte s'éparpille dans l'air, en poussière. (Que m'a-t-elle fait ?) Les nains n'ont rien vu, mais déjà ils se retournent, Thurl va me donner sa décision.

« Bon écoute, les gars te font pas trop confiance, moi non plus, mais je veux bien t'aider... »

« … Mais tu dois nous aider d'abord ! »


Le nain roux l'a coupé en tapant du poing sur la table. Son fort accent témoigne de sa région et du nombre de bières ingérées. Il porte une barbe taillée courte, et ses cheveux tressés tombent en cascade sur ses épaules. Ses yeux sont d'un marron doré vif, ardent. Il brûle intérieurement d'un feu étrange. (Celui du combat mon ami.)

« Merci Prohl... Faut qu'tu nous aide gamin. J'ai vu qui t'étais, et j'ai entendu de nombreuses légendes sur ton peuple. »

« Les légendes ne sont pas tout le temps vrai, Nain. »
, lui expose-je, un sourire dans la voix.

« Il paraît que tes griffes sont assez aiguisées pour trancher un poil de barbe les effleurant, et que tu es aussi discret que la nuit, Woran. »


L'un des nains ouvre ses yeux en grand, effarouché de ce qu'il vient d'entendre. Ses mains tremblent, sûrement de la panique.

« Est-ce vrai... Que vous vous nourrissez... de bébés nains ?... » me demande-t-il.

Je souris, dévoilant mes crocs à la lueur des torches. Lui donner une réponse aurait été trop simple, j'aime attisé la peur dans ce petit être. Je crois que cela marche, à la vue de mes dents il s'est saisi de la garde de son arme.

« Que veux-tu Thurl ? Tu connais ma demande en échange. »


Il s'approche de moi, faisant le tour de ses compagnons et s'approche de mon visage. Il me chuchote quelques instructions.

« Un enfoiré de Shaakt m'a volé il y a quelques jours de cela une pierre assez précieuse à mes yeux. Sa maison est située un peu plus loin dans la ville et est gardée jour et nuit par des gobelins asservis. En plus, il est très ami avec la garde, il est intouchable ! Si tu pouvais faire quelque chose pour ma pierre... Et pour lui au passage... »

« Je te ramènerai ta pierre, en échange, tu me feras sortir d'ici. »


Il se gratte la barbe, sous le menton, puis se recule, me souris et me tends la main.

« Marché conclu mon ami ! »

Je lui empoigne la main. Une fois l'accord passé, je lui demande s'il n'a pas un endroit où passer la nuit, avec de la nourriture. (Je commence à mourir de faim...) Il me répond que sa maison n'est qu'à quelques ruelles plus loin, que je pourrais y passer la nuit, si besoin. Des vivres y sont, de vrais vivres ,me dit-il en tapant dans mon épaule, un sourire aux lèvres, pas ceux du marché ! Il demande à Prohl de m'accompagner jusqu'à l'habitation. Il me fait confiance, mais pas assez pour me confier ses clés de porte. Je me relève avec précaution, mais mes côtes ne semblent plus tellement me faire mal, ce qui me surprends d'ailleurs. (Tant mieux, j'aurai besoin de toutes mes forces si je veux m'infiltrer chez le Shaakt.) Je sors du Campement, suivi de Prohl. Nos deux silhouettes inégales se perdent dans l'obscurité de la rue, à mesure que nous nous éloignons du feu.


-> L'étrange femme

_________________
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Campement
MessagePosté: Mer 25 Mai 2016 15:33 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 11 Sep 2009 00:29
Messages: 179
    Attente enivrée.

Tumeur maligne et grossissante dans le sein de la cité des ombres, où même les jours étaient sombres et charbonneux comme les nuits les plus profondes d’un hiver tardif, l’obèse marchait de son ample foulée, écrasant les pavés crasseux souillés par le passage des orques et autres habitants résiduels de cette ville où rien ne dure. Le pas lourd de l’être qui, hâve et sévère, la mine patibulaire fermée comme la tombe d’un macchabée qu’on vient de mettre en terre, s’était éveillé le matin même empli de sueur rance, celle des cauchemars qui l’avaient hanté toute la nuit, sans qu’il puisse y mettre une image, sans qu’il puisse se les remémorer. À chaque fois qu’il s’était éveillé, transi par l’effroi, moite et poignant les draps de ses mains énormes, il avait entendu, cristallin et enfantin, venu du plus sombre et sanglant des passés, un rire aigu, évanescent, qui dès qu’il tentait de l’attraper, mu par la haine et épris d’un profond désir de violence, s’échappait comme il était venu, le laissant vide, allongé dans son lit à baigner dans sa propre suée.

Et voilà qu’après cette nuit d’horreur, désireux de l’oublier, d’y mettre un voile comme un jette un linceul sur un cadavre indésirable, il marchait. Il marchait vers un objectif que le Capitaine Von Klaash lui avait donné, pour lequel il partageait un intérêt mitigé, mais qui avait l’avantage de lui donner un but, de l’occupation. Une mission qui ne l’intéressait guère dans le fond, mais qui lui offrait la possibilité de passer outre ces cauchemars ignobles.

Le quartier où le garde-chien résidait lui avait été indiqué, au réveil, par les moineaux du Capitaine, ces marins à terre qui se languissaient des mers en œuvrant à quelques missions d’intérêt général. C’est eux qui, la veille, accompagnèrent l’Ogre dans son massacre sanglant, après avoir longuement enquêté sur ses projets de déroute d’une association concurrente. Pour cette tâche, somme toute assez simple, que de trouver un dresseur pour la terreur canine de Von Klaash, ils avaient juste eu à dénicher le légendaire maître-chien, ancien prisonnier kendran reconverti dans le dressage de loups pour l’armée d’Omyre, avant d’être libéré pour organiser des combats de chiens dans les bas-fonds de la cité.

Le Campement. Voilà l’endroit qu’on lui avait indiqué comme étant celui où il trouverait ce mestre-éleveur, à racoler les ivrognes pour des paris truqués. Nul ne savait où son arène se trouvait, que les habitués la parcourant. Et ils n’étaient pas nombreux à rester en vie longtemps, au vu du peu d’informations que les moussaillons de tous bords avaient pu récolter. Un mystère auréolait cet homme sans visage et sans nom, dont le seul signe distinctif donné à Gurth était cette peau de loup en guise de cape, et cette tendance à se prendre pour un noble, héritée sans doute de la superbe de son ethnie originaire. Ainsi arrivé dans cet endroit de beuverie dont les limites n’étaient que peu précises, s’étendant dans les ruelles autour d’une petite place bondée de tables remplies de choppes, d’armes des clients qui, assis sur les chaises, tabourets, caisses et autres meubles d’appoint devisaient en de grumeleux borborygmes ineptes, il dut laisser place à l’évacuation d’un cadavre frais aux yeux pochés et aux lèvres tuméfiées et fendues. Victime d’une bagarre que le tavernier garzok avait vite fait cesser en lui enfonçant fissa un épieu de bois en travers de la cage thoracique, qui dépassait toujours, alors qu’on l’emmenait, ridiculement de son corps flasque et moribond. Le calme était donc présent, quoique relatif dans un tel endroit, et chacun était retourné à sa chopine et à ses petites affaires, voire ramassait ses dents et les lambeaux de sa dignité perdues dans un affrontement terminé de la plus violente des manières.

Gurth toussa grassement et éructa en crachant au sol un glaviot remonté de sa gorge, sans considération pour son arrivée sans doute trop proche des petons d’un sombre hère humain au visage couturé de cicatrices. Lorsque ce dernier leva son unique œil de borgne vers l’énorme carrure du nécromancien, il ravala sa haine, sa rancœur, et se détourna dans la bière qui, depuis longtemps, avait fait fondre ses muscles d’ancien combattant en une purée graisseuse dont il ne pouvait plus tirer grand-chose. Ainsi survivait-on, à Omyre, en se montrant plus fort, et en baissant les yeux devant plus puissant. De sa carrure et de sa taille, Gurth ne baissait pas souvent ceux-ci. Non par fierté, mais parce qu’il n’aimait rien d’autre que de provoquer la colère, la haine et le mépris de ceux qui pensaient pouvoir venir à bout de lui.

De son pas lourd, il s’approcha du bar et, commandant une bière, lorgna tout autour de lui. Aucune trace d’un type avec une peau de loup. Il n’était pas là, et il lui faudrait l’attendre, faute de piste. Se renseigner trop ouvertement sur sa cible n’aurait eu comme conséquence de ne pas le voir approcher du tout du Campement tant qu’il y serait. Il n’était jamais recommandé, à Omyre, de se rendre à un endroit où l’on était attendu. Et l’homme que Gurth cherchait avait un réseau suffisamment développé pour savoir que lui le cherchait, s’il commettait l’erreur de quémander sa présence.

Aussi attendit-il plusieurs heures, à boire une bière rance en regardant les clients aller et venir, décliner sous leurs verres ou attirés par quelque prostituée à la peau verte et aux hanches larges, des orquesses qui mèneraient aux minauds les abordant la vie dure, tant qu’ils ne les paieraient pas pour qu’elles cessent leurs violentes et douloureuses caresses dans l’étreinte sauvage d’un amour illusoire.

La lune était haute dans les cieux noirs et nuageux au-dessus de lui quand, à la lueur des torches, il vit l’homme qu’il cherchait. Celui-ci, escorté de plusieurs sbires encapés, comme une garde particulière armée jusqu’aux dents, sous leurs sombres livrées. Il passait de table en table, racolant les plus ivres pour son macabre spectacle du soir, leur faisant allonger la monnaie avant même qu’ils aient pu voir une babine de ses combattants enragés et lointains. L’ogre s’approcha d’eux alors que le sire molestait d’une claque à l’arrière de la tête un mauvais payeur. Il écarta de son chemin le sbire qui se pressa sur sa route pour l’empêcher de passer d’un revers de main, et prenant dans sa main gauche la tête de la victime, l’enserrant de ses doigts énormes sans qu’il puisse s’en soustraire, tendit une bourse rebondie à l’homme à la peau de loup, l’écrasant contre son poitrail dans un tintement métallique de pièces qui s’entrechoquaient.

« Ça, tu prends pour m’emmener faire voir de quoi tes clébards sont capables. Et sur place, t’en auras d’autres pour que j’fasse se battre ma propr’ bête. »

L’homme, sans se faire prier, tourna son visage vers Gurth en empochant d’une main leste la bourse proposée, avant même d’avoir accepté le marché. Ce fut la première fois que le tulorain vit les traits de celui qu’il cherchait. Visage buriné aux traits durs et sévères, l’ancien prisonnier avait la mâchoire carrée et le nez tordu d’avoir été trop brisé. De petits yeux chafouins se perdaient sous des sourcils broussailleux, et une barbe poivre et sel aux moustaches pendantes entourait une bouche aux lèvres gercées et aux dents cariées. Il portait effectivement une peau de loup sur le dos, mais également la tête du canidé en guise de capuchon, qui retombait sur son front en ne laissant s’en échapper que quelques mèches filasses de cheveux gras et longs.

L’étranger jaugea un instant Gurth sous le regard attentif de ses sbires qui, aussitôt, avaient porté leurs mains aux armes à leurs ceintures, sans pour autant les dégainer. Méditatif, il plissa les lèvres dans un bruit écœurant de succion, et après un soupir proche d’un renâclement nasal, répondit.

« Ouais. Alors, tu vas nous suivre et pas faire de vague. »

Il se détourna de l’ogre et ouvrit la route vers la sortie. Sans le lâcher du regard, Gurth libéra le mauvais payeur en lui écrasant le visage contre la table, et sans demander son reste, suivit le cortège sombre qui s’éloignait du comptoir, vers des ruelles secondaires qu’ils connaissaient sans doute bien mieux que le fanatique des dieux de l’ombre. Il n’avait cependant pas le choix que de les suivre, désormais.

    Une nuit de cauchemar, l’Ogre avait passé,
    Ultime avertissement d’un destin acculé.


_________________
Gurth Von Lasch - l'Ogre de Tulorim

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
(Baudelaire - Le mort joyeux)


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le campement
MessagePosté: Ven 21 Juil 2017 17:07 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 20 Juil 2017 20:55
Messages: 24
Localisation: Sur la route de Darhàm
Des formes alléchantes, des cuisses fermes ondulant au gré de rythmes tribaux entraînants qui animaient le Campement jour et nuit à mesure que les visiteurs se relayaient. Comme si l'endroit se voulait d'être un point de passage obligatoire dans la ville.
Des débits de boissons à n'en jamais tarir, et le tintement incessant des choppes trinquées et des saluts guerriers aux puissants relents d'alcool garzok.

Encore, des danseuses qui se donnaient à de primitifs mais esthétiques mouvements pour le plus grand plaisir de spectateurs à la peau verte et au regard lubrique, de sektegs sournois bravant milles dangers pour s'approcher toujours plus du cercle des admirateurs délimitant la piste.

Encore, des boissons, des choppes, des danseuses, des rôts, des grognements excités, des...


- "Quand tu veux !"

Tiré de sa rêverie, Vilglas eut un soudain mouvement en arrière de la tête, retrouvant ses pleins sens avec une certaine confusion. Face à lui, un gobelin richement paré (pour un gobelin.) venait de déchirer le silence de sa voix braillarde, ses dents jaunes illuminant son visage comme un croissant de lune avec l'air victorieux qui l'avait auparavant inquiété.

Sans perdre de sa contenance, le fanatique posa de nouveau les yeux sur la table bien fournie. Deux bourses s'affrontaient de chaque côté des deux joueurs, séparés par une large plaque de bois peinte en damier, sur laquelle diverses figurines avaient déjà été déplacées. Il s'agissait d'un jeu ancien originaire transmis par les peuples elfes durant leurs déboires antiques avec les garzoks.

Une choppe trônait du côté du jeune homme, jonchée sur une pile de trois grimoires aux pages jaunes et aux couvertures douteuses, comme taillées dans du charbon.
La concentration était un exercice particulièrement difficile en de telles conditions, et le fanatique luttait constamment pour ne pas détourner son regard vers les danses érotiques et les embrassades viriles qui avaient pour mérite de l'amuser.

Il perdait. De peu, mais ses pions n'étaient désormais réduits qu'au strict nécessaire et son adversaire était bel et bien rôdé aux différentes tactiques qu'il avait déployé. Sa cavalerie avait balayé les péons avant de sombrer face aux archers qui se déplaçaient en en diagonales. Les tours de siège étaient encore bloquées des deux côtés par quelques péons traînards, et il se retrouvait dépourvu de mobilité. Peu à peu, le sekteg refermait ses griffes sur lui.

D'une main paisible, il saisit sa boisson pour en engloutir une gorgée, écrasant une goutte de sueur sur son front d'un revers de sa manche.
Il avait revêtu la longue robe à capuche que les acolytes de nécromants et les jeunes prêtres de Phaïtos avaient l'habitude de porter. Malgré les manches larges qui pendaient gracieusement en gênant ses mouvements, il avait au moins la tranquillité du bas peuple qui entretenait une certaine crainte voir un respect pour les porteurs de ces uniformes.
Mais cette vérité n'était pas universelle, et il n'était pas rare qu'un sorcier disparaisse au détour d'une ruelle pour voir ses ouvrages vendus au rabais le lendemain par quelques peaux-verte plus malins qu'eux.

Il surveillait d'ailleurs par fair play les arrières de son camarade de jeu, qui lui-même s'assurait que rien n'approche derrière lui, une entente plutôt courante dans ces espaces de réunion.

Doucement, il déplaça un de ses péons. Un archer s'avança pour se préparer à le cueillir.
Le sekteg souriait toujours, infatigable, malgré une mise assez maigrelette mais suffisante pour quelques boissons supplémentaires.


- "Pas pressé, hm ?" souffla-t-il entre deux ricanements, lorgnant les mouvements de l'acolyte qui se contentait de déplacer ses péons en prévision des pertes.
L'archer mangerait le péon, un péon mangerait l'archer. Rien d'original, très prévisible.


- "Au contraire, je suis déjà en retard." rétorqua Vilglas en soupirant, recalant une mèche de cheveux rebelles derrière son oreille, disparaissant dans sa capuche.

Sa main bondit doucement entre différentes pièces, hésitante, avant de se saisir de son roi pour le glisser en position de danger, n'ayant guère de victimes en vue quand à lui.
Il se désintéressait peu à peu de la partie, mais perdre son maigre pécule restait une nuisance certaine.


- "Tu cherches à perdre ? Sois un peu plus amusant que ça, au moins. Tu peux mieux faire." ricana le sekteg.

Le gobelin, l'amusement passé, pressa quand à lui sa reine à la rencontre du roi, dévorant au passage un pauvre péon sur son chemin.

- "N'oublie pas qu'un pion suffit."

- "Sage parole, niêh. Je la ressortirai à ma prochaine victoire."

Les deux compétiteurs échangèrent un fin sourire, comme un amusant bras de faire,
avant que celui du sekteg ne s'abatte en même temps que sa reine, défaite par un simple péon traînant par là.


- "Vous passez votre journée à jouer ?" s'étrangla le pauvre sekteg, jetant sa bourse aux genoux du sombre individu.

- "Comme je t'ai dit. Un pion suffit. Et celui là était dans ma manche." acheva alors le fanatique sous les premiers jurons du peau-verte. A peine sa dague fut-elle sortie du fourreau qu'un regard inquisiteur des gérants la fit rengainer au plus vite.

Bon seigneur, Vilglas se saisit de quelques piécettes avant de renvoyer ses possessions au dindon de la farce, qui se dirigea alors vers le comptoir pour commencer à se consoler dans l'alcool.

A mesure qu'il marchait, portant en ses bras ses grimoires, la liste des tâches à accomplir
semblait prendre forme face à lui, perdu dans ses pensées.


Trouver un esclave pour les expériences du maître, à faire, à faire. Et bien sûr, l'apprenti nécromant qui devait me montrer quelques tours.
La dague de sacrifice, qui s'est enfin sacrifiée en trois morceaux : à faire reforger. Quoique, ça doit se trouver au marché, ça ne reste qu'une babiole.
A manger, ce ne serait pas mal, je n'ai jamais été très bon ascète.


Ses pas semblaient s'enchaîner machinalement, et les tâches s'empilaient face à lui, glissant entre les tablées pour rester dans son champ de vision. Il aperçevait derrière elles la sortie du campement.

Quitte à prendre un esclave, je pourrais en prendre deux. Ils meurent si vite.

A quelques pas de là, un sekteg clama l'heure. Ouvrant grand les yeux, Vilglas se rendit compte du temps perdu à la détente et plaqua ses ouvrages contre son coeur, entamant une petite foulée en maudissant une fois de plus sa large robe aux couleurs d'encre doublées de sang à l'intérieur.

Il avait rendez-vous dans une cave pour une démonstration de nécromancie. Le travail des ombres l'attendait ensuite dans la tour d'Opale.
Evidemment, il lui fallait en plus de cela récupérer le nécromant, l'acolyte et les éventuels esclaves nécessaires.
Alors qu'il glissait entre les sektegs intrigués et les garzoks amusés, le campemement s'effaçait peu à peu derrière lui.

_________________
Vilglas Putrescent, Fanatique.


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 11 messages ] 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016