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 Sujet du message: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Dim 26 Oct 2008 22:37 
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Route entre Bouhen et Omyre


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Description du voyage à pied et/ou cheval :

En partant de Bouhen, vous longerez d'abord la route menant à Oranan et traverserez un fleuve, puis vous bifurquerez vers une forêt. Le terrain se fera de plus en plus vallonné et vous parcourrez une partie de votre route en bordure des montagnes qui seront sur votre droite. Il y aura à nouveau un fleuve à traverser, puis Omyre sera alors devant vous. Plus vous vous en approcherez plus la présence des troupes d'Oaxaca se fera sentir...

Durée du trajet à pied ou sur monture sur le continent de Nirtim

Basez vous sur les cartes et présentations décrites dans les 4 continents de Yuimen

(Postez ici vos RP de trajet entre ces deux villes)

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Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
Pour toutes questions: C'est ici !
Pour vos demandes d'interventions GMiques ponctuelles et jets de dés : Ici !
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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Mar 29 Nov 2011 22:13 
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http://www.yuimen.net/univers/les-bois-sombres-t483-15.html#p259882

Furim était désormais sur la route. Il venait de partir d'Omyre.

Il avait dépassé les deux humains qu'il avait suivi.

Il ne fit pas grand chose d'autre que de se cacher et de rester hors de vue des êtres vivants hormis pour se nourrir, ce qu'il fit avec un enfant notamment. Furim appréciait les jeunes humains car ils sont faciles à attraper, on une bonne viande et Furim mangeant tout, aucune trace ne reste hormis l'os crânien et les grands os, fémur, humérus.

Furim ne suivi pas exactement la route prévue, le chemin était plutôt vallonnée, il préféra rester à l'écart. Néanmoins, quand il se sentait perdu, il lui suffisait de renifler quelque peu pour retrouver la route. Les odeurs étaient des livres ouverts pour lui, lui donnant presque une représentation mentale des alentours.

Furim voyagea ainsi 4 jours. Il avait suivi la route à la lisière de la foret et était arrivé à un fleuve. Il vit un seul moyen simple de le traverser, un pont. Furim décida de le prendre en courant à toute vitesse, mais personne n'était là pour le surprendre. En réalité, Furim aimait s'imaginer être vu et traqué, puis traquer à son tour ses détracteurs. Cela faisait parti de ses instincts.

Un élément inquiéta Furim. Le terrain était de moins en moins vallonné et les moyens de se cacher était de moins en moins simples.

Furim se dit que la progression de jours était impossible. Il était à quelques kilomètres du fleuve et à présent le terrain était quasiment plat. Une montagne était à sa gauche, mais de là où il était, la falaise était trop abrupte. Il avait cependant décidé de tenter de la gravir, mais de nuit. Il revint toute fois sur ses pas. L'escalade était trop difficile. Furim décida alors de dormir dans un creux de la montagne et de méditer sur ce qu'il allait faire le lendemain après avoir mangé un quart de jeune cheval avant de s'endormir.

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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Mer 30 Nov 2011 22:45 
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Furim venait de se réveiller. Il ne s'était reposé que très peu mais avait assez récupérer pour se remettre en route. La topographie était désormais plane, mais Furim ne se décourageait pas.

Une route commençait à se tracer de plus en plus nettement, et les humains étaient de plus en plus présent.

Bien que très prudent, Furim savait qu'il risquait gros. Il commença son avancée à travers les terres. Caché derrière un gros rocher, il écoutait deux humains qui étaient proche de lui.

Humain - Ca alors ! Un liykor noir ? Incroyable ! Ses bêtes ne font que rarement leur apparition !

Humain - Oui et il aurait déjà tué un enfant

Humain - Un enfant ! Quel monstre !

Furim se doutait que ce Liykor noir en question ne pouvait être un autre liykor que lui.
Il tenta alors de s'enfuir.

Humain - Il est là !

Furim n'avait pas été assez rapide, les deux humains l'avaient vu, et d'autres arrivaient. Furim se mit à courir aussi rapidement que possible, mais il prit la direction de la ville de Bouhen involontairement.

Traqué, Furim était persuadé de s'être échappé, cela faisait une heure qu'il s'enfuyait, ravi d'être prit en chasse.

A présent, Furim était déjà arrivé à Bouhen.

http://www.yuimen.net/univers/le-relais-equestre-t142.html#260170

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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Jeu 7 Mar 2013 03:47 
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Le soleil perçait quelques nuages. On sentait les rayons réchauffer timidement l'atmosphère. Silmeria marchait depuis des lieux. Elle n'avait pas de monture, ayant espéré croiser un chariot avec un cocher assez aimable pour la conduire. Mais il n'y avait rien au final. Les routes étaient dévastées.

( C'est quand même dingue, ce pays. Obligée de marcher à côté de la route pour ne pas tomber à cause des trous. Et cette boue. Merde, mes bottes. Ho et puis zut, elles sont déjà à moitié fichue...) Presque emmitouflée dans sa cape, elle avançait face au vent qui lui balayait les cheveux. Malgré le soleil qui pointait son nez au dessus d'elle, le fond de l'air restait froid et il n'y avait pas beaucoup de bruits si ce n'était les croassements de certains oiseaux.

Elle avait longtemps observé le ciel en marchant, souvent les caravanes et convois écrasent de petits animaux, attirant les oiseaux de proie qui viennent se repaître des cadavres. Or il y avait des oiseaux mais pas de convois.

En revanche, les cadavres dans le fossé étaient monnaie courante.
(Au moins, il n'est pas frais. Les coupes gorges sont peut être loins.)

C'était ce qu'elle pensait. La route était bordée de buissons et de rocs en lisière des bois assez hauts pour cacher la vue sur l'autre partie de la route, située derrière le virage. On entendit de là un sinistre hurlement. Un hurlement humain. Celui d'un homme. Silmeria espérait un court instant que le convoi qu'elle cherchait n'était pas une colonne militaire se rendant à Omyre, parce qu'elle n'avait pas spécialement envie de se replanquer dans les buissons, la dernière fois ça lui avait coûté une détention chez les orques, une longue séance de torture, des humiliations, une maladie grave et la cicatrice qu'elle portait maintenant aux lèvres.

Le hurlement s'éleva encore puis, cessa brusquement comme si on avait mis fin aux souffrances de la victime. Silmeria s'approcha du virage, timidement et vit deux silhouettes enturbannées de noir autour d'un corps le visage écrasé dans une bouillie d'os et de cerveau sur le sol poussiéreux.

« Charmant... » lança-t-elle. Ce qui immanquablement attira l'attention des deux silhouettes qui se trouvaient autour du corps, prêt à dépouiller et se partager les restes.

Ils avaient tous deux l'air très maigres. Comme s'ils ne mangeaient pas à leur faim, leurs corps étaient parés de bandages noirs et bruns qui donnaient un aspect mortuaire, en clair, ils ressemblaient à des cadavres embaumés.

« Je ne voulais pas vous déranger... »

« Vous comptez nous arrêter, jeune fiiiiiille ?»

De loin, Silmeria eut l'impression qu'ils souriaient, or, les lèvres avaient disparu chez les deux hommes. Ainsi qu'une partie de ce qui était visible, non bandé. Des membres maigres, os saillants et de grosses rougeurs. Ces deux là étaient atteints de la lèpres. Des bandits de grand chemin avec une maladie dégueulasse. Silmeria recula, répugnée en mettant ses doigts devant la bouche.

« Eeek ! Mais m'approchez pas, mange-merde !»

« Krög, je crois bien qu'elle va aller nous dénoncer !» fit l'autre en clopinant maladroitement vers la tueuse, agitant un gourdin en bois. Les deux tenaient à peine sur leurs pattes, ils avançaient difficilement comme des vieux iraient faire leur marché. Silmeria aurait pu marcher simplement à quelques pieds sur le côté pour les contourner.

« Haaa non ! Gardez votre saloperie, m'approchez pas ou... Ou.. OU JE VOUS CAILLASSE !»

Visiblement étonnée de ce qu'elle venait de dire, elle leva les yeux au ciel, ces deux rigolos avançaient toujours vers elle. (C'est pas vrai, je peux pas manquer de chance à ce point là.)

Elle recula de deux pas, les deux lépreux trottinaient toujours en toussant et en poussant des râles indélicats. Silmeria trouvait tout de même le côté comique de la situation, elle n'aurait qu'à marcher un peu vite pour les distancer.

« Jeeeeune fiiiiiiille *Eeeurk*»
« Oui, bin jeune fille un autre jour, j'avais prévenu que si vous approchiez je...»
« Kreum ! Vous l'avez tué ! Salop... Reposez ça !»

Silmeria, après avoir lancé une pierre sur le premier, avait tiré son arme hors du fourreau. Bien que contrairement à ce que le lépreux pensait, son compagnon n'était pas mort, il s'était juste pris un cailloux au travers de la courge. Certes, le choc l'avait fait tomber, mais les probabilités qu'il casse sa pipe étaient toute de même minces, au pire il n'avait plus de dents et vivrait à la soupe.

(« J'vais quand même pas découper ce glandu. Si jamais j'attrape sa maladie... Si seulement Cèles pouvait me dire si c'était contagieux, je ferais mieux de pas le laisser approcher. On dirait qu'il a peur. »)

Le lépreux se pencha sur son compagnon affalé sur le dos. Il bougeait maladroitement et mettrait au moins trois jours à se relever sans l'aide de son compère. L'autre pouilleux avait laissé tomber son arme près de son semblable et essayait tant bien que mal de le tirer hors de la route. Silmeria passa à quelques mètres, arme à la main, visiblement, ces deux là n'étaient plus une menace pour elle. Quant bien même à la base, ils ne l'auraient pas été.

Sa route continua, sans autre rencontre morbide de la sorte. Les allées de terre battue se séparaient devant elle, à la suite d'un petit pont de pierre qui surplombait un cours d'eau chanteur. La verdure était plus dense mais la nuit tombait. Elle n'espérait pas trouver un abri ici, mais contrairement à ce qu'elle pensait, elle n'aurait pas à dormir à la belle étoile. Non loin du pont, une petite maisonnée à proximité d'une grange. Le toit de chaume sur lequel était perché une petite cheminée fumante, les lumières sur la façade et elle sentait presque d'ici une bonne odeur de pain cuit.

Elle eut un sourire et un soupir de soulagement, enfin, elle allait pouvoir se reposer et peut être avoir un repas chaud. Après des nuits de malnutrition, l'estomac vide et l'absence cruelle de lit sec et propre, elle se dirigea vers la maison.

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Ven 15 Mar 2013 18:50 
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Le domicile semblait être habité depuis longtemps à en juger l'entretien permanent, la roche avait été enduite de chaux et la chaume était brillante et gonflée comme si elle venait d'être changée. Le par-terre de bois travaillé à l'entrée de la maison était propre mis à part quelques traces de boue qui indiquaient que quelqu'un y était rentré mais pas ressorti, du moins pas par cette issue.

Elle frappa à la porte. On ouvrit presque immédiatement, une vieille femme âgée pour une humaine était maintenant devant elle. Derrière la femme, Silmeria entrevit un foyer, elle compta quatre autres personnes. Deux derrière un meuble en train de déballer le contenu de plusieurs grosses caisses, deux autres en train de déplacer le mobilier de la baraque. La vieille femme interrompit ses pensées. Elle demanda la raison de la venue, ici, en ces terres peu amicales.

Silmeria répondit simplement qu'elle cherchait un endroit où passer quelques jours afin de se remettre en conditions pour le reste du chemin qu'elle avait à parcourir.

Sans plus attendre, la vieille femme donna son nom, Pathée, et s'écarta de la porte, laissant la tueuse y entrer. La salle était agréablement chaude, les odeurs de marmite et de four embaumaient l'air ambiant. Après avoir observé autour d'elle, Silmeria arrivait à la conclusion qu'ils attendaient un événement. Les caisses éventrées derrière le comptoir que deux solides gaillards déballaient contenaient des chopes et des assiettes de bois, des viandes salées, des poissons recouverts de sel et d'algues dont l'odeur vint lui agresser les narines jusqu'à ce qu'ils soient fichus dans un tonneau et couverts de sel une fois de plus. Dans la pièce s'activaient un homme et une femme aussi épaisse qu'une jument. Tous avaient les mêmes airs, il s'agissait d'une famille, à coup sûr.

Le jeune homme qui déplaçait les chaises et les bancs avec la femme avait cependant une malformation. Il boitait et son bras gauche était démesurément long par rapport au droit, même son visage avait un trait étrange, le menton semblait absent et la partie basse du faciès était directement rivée à la nuque. C'était bien le seul dont elle ne fut pas certaine qu'il soit de cette famille. La vieille femme arriva devant elle, lui offrant une choppe de bière chaude. Silmeria détourna le regard du garçon par politesse. Bien qu'elle n'aimait pas la bière, elle remercia la vieille Pathée, elle avait trop souffert de la faim pour se permettre d'être difficile avec ceux qui se montraient généreux avec elle.

Un homme quitta son travail de déballage et vint aussi à la rencontre de la tueuse. Il sentait fort la transpiration et s'essuya le front d'un revers du bras.

« Mère dit que vous voulez passer quelques jours. Moi j'dis que c'est un signe des Dieux, votre venue. Voyez, on prépare une grande fête, on va marier notre enfant. »

L'homme avait un bouc épais, le crâne chauve l'air menaçant malgré le ton avenant qu'il employait, un homme de la campagne, élevé dans des conditions qui lui avait tout appris sauf à sourire. Silmeria observa brièvement autour d'elle. C'était donc la raison de cet aménagement. Un mariage, elle n'en revenait pas qu'on puisse marier un homme aussi mal-fait que celui qui trimballait une chaise en dandinant, à supposer que l'on parle de lui.

« Moi c'est Jorn. Lui là bas, c'est mon fils. Kay. Et sa mère, mon épouse, Atrina. Et ami - désignant l'autre homme qui déballait le matériel - Koun. Marier un enfant comme le nôtre, c'est pour conjurer le mauvais sort. Le monde devient plus sombre, on doit demander l'aide des dieux. Malheureusement, la femme qui s'occupait de la tambouille n'a pas pu venir. Les Dieux ont guidé votre route. Vous pourrez rester aussi longtemps que vous le souhaitez après la fête, si vous acceptez de nous rendre ce service. »

Silmeria leva un sourcil en l'air, visiblement surprise par cette proposition hors-normes. Elle serrait maintenant ses doigts autour de la choppe, ne sachant si elle devait donner une réponse immédiatement mais elle n'avait pas trop le choix, sachant qu'il lui fallait un endroit sec pour dormir et de préférence le ventre plein. Elle accepta. L'homme fit un sourire et lui serra la main, ou plutôt, manqua de briser ses doigts fins dans un étau d'acier. Il interpela les autres et s'exclama que les Dieux avaient été bons de lui envoyer une nouvelle aide, et que tout se passerait bien pour la grande fête.

Pathée semblait aussi ravie que les autres, elle apporta à Silmeria un morceau de mouton cuit dans du lait avec quelques morceaux de pomme de terre. Finalement, les autres n'avaient pas abandonné leurs tâches. Ils étaient tous restés s'occuper des préparatifs. Pathée lui expliqua que le mariage de Kay, le fils, aurait lieu d'ici deux jours, que demain la mariée arriverait avec une partie des invités et qu'on recevrait davantage de vivres pour le repas de noces.

Les deux femmes se rendirent dehors, malheureusement, il n'y aurait pas de place à l'intérieur de dormir, mais le foin de la grange avait été changé et était propre. Silmeria passerait sa nuit sur une paillasse de foin et de paille, presque à la belle étoile. Il ne faisait pas si froid que ça et elle pu s'endormir rapidement. N'étant réveillée que rarement par une averse subite qui allait détremper la terre des champs et couler en chantant le long des étuves de la grange.

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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Sam 16 Mar 2013 01:23 
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[:attention:] Âmes sensibles, vous n'avez pas envie de lire ce texte : Violence borderline. [:attention:]

L'aube.

Le soleil éparpillait ses rayons sur la terre boueuse où s'activaient déjà de nombreux gaillards venus plus tôt. On dressa des tentes de fortune, une grande table fut installée en collant des tables en bois fichus dehors, à même la terre, chacun apportait sa contribution, qu'il s'agisse de bardes ou bien de victuailles.

Silmeria était dans une petite pièce de la maisonnée. La seule et unique fenêtre donnait sur les allées et venues des invités sur la route. Tous étaient très occupés et la tueuse avait elle aussi, du pain sur la planche. La cuisine n'était pas son cheval de bataille, mais dans la liesse générale et comme il s'agissait aussi selon elle de " péquenauds " elle pensait être en mesure de s'en sortir sans se faire jeter à coup de bottes.

Les poissons arrivaient en panier d'on ne savait où et les mélanges odorant de légumes terreurs, viande macérées dans le sang et les épices, de poissons frais et de poissons moins frais, tout ça dans une pièce assez petite avec une seule fenêtre, Silmeria avait à peine commençait qu'elle en avait déjà plus qu'assez. Derrière la porte de la cuisine, se trouvait un petit escalier qui menait à une cave où elle entreposerait les carcasses et les déchets. Un long travail salissant commençait pour elle. Pathée avait eu la courtoisie de lui offrir une tenue plus appropriée à un travail de la sorte.

(« Bon.. Les poissons ça se vide, les légumes ça s'épluche et ça se coupe. Jusque là tout va bien...»)

Armée d'un petit couteau, elle commença à découper les têtes des poissons, ouvrir le ventre, habituée à se salir les mains, elle n'hésitait plus à chercher les entrailles directement dans le corps des poissons à l'aide de ses doigts avant de jeter ça directement dans une coupelle qui, au fil des poissons, débordait d'entrailles. Les mouches tournaient au dessus de ça tête, participant grandement à son agacement.

Elle recouvrit les filets de sel avant que les mouches ne pondent dessus. Passe le tour des légumes, toutes formes, toutes sortes, toutes odeurs et cette terre qu'elle lavait à grande eau et qui se mêlait au sang des poissons.

Elle s'essuyait le front juste derrière elle, un bruit se fit entendre. Pas un bruit éclatant, pas un meuble déplacé, quelque chose de feutré, un glissement. Un voyeur. Kay.

Silmeria n'eut aucun mal à reconnaître, au travers des espaces entre les planches qui formaient le mur qui séparait la cuisine et la grande salle. Le foyer crépitait, Kay observait Silmeria entre deux planches. La femme préféra l'ignorer, elle n'était pas habituée à fréquenter des êtres déformés et ne voulait pas que son jugement induise une relation tendue avec ceux qui lui offraient un toit. Cela dit, sa curiosité maladie risquait de ne pas tenir longtemps.

Kay s'en alla, remplacé quelques secondes plus tard par Jorn, son père qui s'assurait que tout se passait bien. Il croisait les bras et fit un petit signe de tête, satisfait, de voir qu'elle travaillait mieux que ce qu'elle pensait.

« On va vous donner un coup de main, la mariée arrive plus tôt que prévu et tout le monde semble d'accord pour fêter ça sur deux jours. »
« Deux jours ? »
« Il faudra plus de nourriture, mais on a bien deux trois personnes qui peuvent venir vous aider. »

Silmeria ne dit rien de plus, elle n'était pas enchantée à l'idée de travailler à plusieurs dans un local aussi réduit mais les festivités vont souvent de paire avec un bon repas et une soirée entrainante.

Deux vieilles femmes virent lui donner de l'aide, elles travaillaient visiblement mieux qu'elle, plus habituées à ces tâches que la tueuse qu'elle était. Les grosses pièces de viandes furent passée au dessus du foyer en milieu d'après-midi. Silmeria commençait à en avoir assez de la cuisine, elle proposa d'aller chercher de l'eau plus loin au ruisseau, chose que les petites vieilles appréciaient.

L'air frais. Silmeria poussa un petit soupire de soulagement. Le tablier ensanglanté et les cheveux devenus un peu collants par les éclaboussures de sang et autre, elle profitait du calme olfactif et de l'air de la campagne. Non loin d'elle. Une jeune fille blonde était assise sur un muret, non loin de l'eau. Toute parée de blanc, une tenue plus riche que celle des autres péquenauds des villages voisins. Silmeria n'était pas experte en matière de mariage et des coutumes, mais il semblait bien que ça soit la mariée.

Sans plus y accorder d'attention, elle s'approcha d'elle, non pas pour lui parler ou la féliciter, plus pour accéder au cours d'eau, devant lequel elle était installée. Silmeria puisa l'eau dans un seau.

« Il y a quelqu'un ? »

La voix lui caressa les oreilles. Mais c'est la surprise qui frappa davantage. Silmeria se trouvait juste devant la jeune fille, mais n'avait pas vu son visage. La gamine avait de jolis traits, mais ces yeux ne reflétaient rien qu'un bleu opaque et usé. Une aveugle. Malgré sa beauté et sa fraîcheur, Silmeria estimait que ce fardeau était en réalité une bénédiction pour la fille de ne pas voir à quoi ressemblerait Kay. Elle en eut presque de la pitié.

«.. Oui. Quelqu'un. Je n'avais pas vu que... Excusez-moi. J'aurais dû m'annoncer. » Mal à l'aise alors qu'elle s'excusait de ne pas avoir remarqué son handicap, Silmeria se sentait presque déstabilisée, mais la jeune fille ne pouvait pas le déceler sur son visage.

Elle lui fit un sourire que Silmeria ne pouvait rendre. Agitant ses jambes qui pendaient du muret, elle reprit d'une voix d'enfant

« Aujourd'hui, je vais me marier. J'ai toujours rêvé de ce jour. Pas vous ? »

Silmeria soupira. Son seau était troué et elle ne risquait rien à converser un peu avec la future mariée. Elle alla s'assoir avec elle. Une brune et une blonde sur un muret.

« Je n'ai jamais envisagé ce jour.»
« Vraiment ? Je me suis installée là car j'aime beaucoup le bruit de l'eau. Ca ne vous gêne pas ? »
« Non. Je ne faisais que passer prendre un peau d'eau. Mais je suis d'accord. Cet endroit est très jol.. Agréable. Et reposant. » Elle se mordit la lèvre. Une aveugle ne risquait pas de voir. Parler de la beauté de l'endroit pouvait être insultant. La jeune fille souriait, sans même savoir ce qui l'attendait. Silmeria non plus.

Enchantée par cette rencontre, Silmeria sans le savoir fut frappée d'affection pour cette jeune personne avec tant d'innocence. Malgré ça, elle se posait des questions sur les raisons de ce mariage qui étaient de toutes évidences pas un mariage d'amour.

« Vous avez rencontré mon époux ? Mère dit que notre mariage sera sacré et qu'il éloignera le mal. »
« Je suis arrivée ici hier, je suis une voyageuse qui cherchait un abri. J'assisterais ce soir à la fête donnée en votre honneur. Disons que cette nuit là sera à vous. Permettez, je dois retourner cuisiner..»

La jeune fille posa doucement sa main sur celle que Silmeria avait laissé sur le muret. Elle lui fit un sourire de plus et hocha la tête pour la remercier. La tueuse eut un haut-le-coeur en repensant au mari de la jeune femme. Elle manqua de vomir dans le ruisseau. Elle s'éclipsa rapidement avec l'eau et rejoint les deux petites vieilles qui suaient comme des boeufs dans la pièce exiguë. Les odeurs délicates de viandes aux épices et au miel qu'on versait dessus rendaient l'air plus respirable. De solides gaillards virent récupérer les mets qui furent embarqués dehors.

Le soleil tombait, le ciel s'assombrit.

Kay avait été paré de vêtements qui lui donnaient un aspect ridicule. Il traînait sa carcasse entre les tables, se faisant saluer des invités qui lui firent tous bonne figure. Son épouse ne bougeait pas, elle levait les yeux absent vers le ciel et tenait un petit bouquet ficelé avec de la paille. Silmeria s'était changée et rincé. Elle s'était parée du mieux possible pour une femme qui n'avait rien à se mettre, ne lui restait qu'un effet noir trouvé à Omyre. Un rien austère mais c'était propre.

Elle fit offrande d'une rose rouge à la jeune mariée. Celle-ci reconnut Silmeria sans même la voir. La tueuse vit la scène à sa place. Kay qui buvait de la bière qui lui coulait le long des frusques et qui mangeait à pleines mains ce qui lui passait sous le nez. Certains rustres l'accompagnaient et Silmeria se souvint de pourquoi elle n'aimait pas les fêtes populaires.

Ce fut sa mère qui lui prit le bras et le conduit de force jusqu'à la jeune fille blonde, toujours accompagnée de Silmeria. La tueuse eut un sourire en le voyant se faire houspiller par sa génitrice devant toute l'assemblée pour avoir quitté sa promise. Ce sourire ne fut que de courte du durée. Silmeria n'avait pas prévu ce qui allait se dérouler.

La mariée non plus.

Les Dieux exigeaient des sacrifices parfois innommables.

La cérémonie de fortune eut lieux sous un bel arbre. Silmeria observait en serrant les mains la scène. Cette si jolie jeune femme empourprée de naïveté qui sans le savoir était victime d'un tour de passe-passe, un cirque. Elle aurait préféré être comme la mariée, aveugle. Ne pas voir. Rien voir était mieux.

Quelques heures plus tard. Alors que la fête battait son plein et que les esprits étaient déjà plus effrités par l'alcool et la liesse générale. Quelques hommes frappaient sur des instruments improvisés comme le cul d'une casserole ou des bouts de bois. On offrit aux deux mariés des cadeaux car c'était l'usage. Silmeria observait avec grande attention Kay. Juste en face d'elle à table, il s'était emparé d'une pièce d'oie poivrée. Le visage semblait écrasé, il avait de petits yeux ridicules et ses dents jaunes mastiquaient la chair grasse qui faisait luire son visage à la lueur des torches et du foyer central.

Silmeria le trouvait détestable. Il se comportant comme un ogre. Entraîné dans une osmose étrange, habitué à être repoussé, il profitait comme un carnassier, un prédateur de cette soirée ou personne ne pourrait rien lui refuser.

Son père prit la parole. Devant toute l'assemblée qui se tut. On fit amener la jeune fille à côté de son époux.

« Mes amis ! Mes frères. Vous qui venez de si loin pour assister à ce mariage ! Vous qui vous êtes séparés de vos biens pour faire une offrande à nos deux amis. Les Dieux seront satisfaits ! Fécondons cette terre et les Dieux la protégerons du mal qui ronge ce monde comme la gangrène.»

La foule approuva. On claqua des mains et on frappait des poings à même la table. Le public prit une allure différente. Les femmes ivres gueulaient, perdant tout charme possible, les hommes qui ne tenaient pas debout étaient soutenus par ceux qui étaient moins ivres. Silmeria ne comprit toujours pas ce qui se déroulait sous ses yeux.

« Regardez ces deux êtres, rejetés pour leurs différences. Unis par cet amour pour plaire aux Dieu. Ils ne seront pleinement satisfaits que quand le ventre de la femme sera fécond. Cette terre sera le nid de la fertilité et de l'amour. Un rempart contre le mal venu de l'Est ! »

La foule gronda sous les applaudissements. Silmeria ouvrit grand les yeux et n'en revint pas. La tunique de la mariée fut déchirée. Kay sautillait comme un enfant en tapant des mains tandis que son père ainsi que deux hommes maintenaient fermement la jeune femme. Ses traits avaient changés. Son visage jeune et rayonnant avait laissé place à des rictus apeurés et des grimaces qui annonçaient des larmes. Elle tenta de s'opposer sans succès, Silmeria se dressa sur elle même. Elle n'était pas armée, mis à part l'aiguille qui lui tenait les cheveux. C'était peine perdue.

(« Non.. »)

La blonde fut mise à terre. Kay tenta de se déshabiller mais n'y parvint pas assez vite. On ficela la jeune fille et ce fut la mère du garçon qui termina de le déshabiller. La troupe s'approcha du spectacle. Un mur d'hommes et de femmes se mit entre la jeune mariée et Silmeria qui restait figée sur place. On entendit les derniers vêtements se déchirer. Elle ne voyait plus rien. Elle avait raison, mieux valait ne pas voir.

La tueuse recula alors que tout le monde avançait, espérant ne rien rater de ce qui se déroulait. On entendit les encouragements de quelques hommes, la plupart de l'assemblée retenait son souffle.

La mariée cria soudainement. La foule hurla plus fort, de joie, cette fois. Le cri de la jeune fille venait de perforer le coeur de la tueuse. Elle n'en revenait tout simplement pas d'assister à pareille chose.

Elle s'en alla, fulminante, prête à vomir de rage et de colère.

Seule dans la grange, elle fichait des coups de couteau dans les charpentes.

« Des dizaines de personnes tuées ! Des situations compliquées, dangereuses. Des morts par dizaines. La guerre ! La famine ! La torture ! La maladie ! Et maintenant ça ! Qu'est ce que j'ai pu faire pour mériter d'assister à ça !... Et cette enfant. Qu'est ce qu'elle avait pu faire. Je ne comprends pas... Pourquoi. »

La cruauté chez elle était une affaire de perspective. Torturer un homme des jours durant ne lui faisait rien. Tuer un animal, un adversaire en combat non plus. Mais ce hurlement. Cette détresse. Cette innocence. Cette pudeur souillée. Pourquoi, ou plutôt pour qui.

La foule s'apaisait. La nuit noire et mouvementée laissait maintenant place aux premiers rayons de soleil. Silmeria n'était pas fatiguée, elle n'avait pas fermé l'oeil tant elle était rongée par la colère et son isolement temporaire n'avait en rien éteint ce brasier qui la dévorait de l'intérieur. Elle quitta la grange et s'en alla vers le ruisseau.

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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Sam 16 Mar 2013 02:11 
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Le ciel était bas et gris. Le chant du ruisseau clair se mêlait, comme elle l'avait imaginé, aux pleurs d'une enfant recroquevillée, les pieds dans l'eau. Silmeria s'approcha à pas feutrés mais malgré le chagrin, la gamine pu l'entendre venir. Elle leva le visage. Rougi par les larmes et une lèvre fendue par un coup brutal durant l'acte. Elle ne portait plus sur elle que des lambeaux de sa si jolies parure, maintenant déchirée.

«... Je suis tellement désolée. Si j'avais su... »

Ses pleurs redoublaient d'intensité. Elle cachait son visage entre ses mains et sanglotait. Toute la tristesse qui s'en dégageait mettait de nouveau Silmeria bien mal à l'aise. Elle n'était pas accoutumée à consoler ce genre de peine, ces douleurs qui jamais ne pourraient se cautériser.

« Tenez...» fit-elle aussi doucement que possible avant de recouvrir la jeune femme de sa cape noire.
« N'allez pas prendre froid.» Elle serra ce petit corps frêle et souillé dans ses bras. Essayant de lui apporter le plus de réconfort alors qu'elle était intérieurement brisée. Silmeria cachait sa colère derrière cette douceur nouvelle.

Et sa colère s'annonçait fulgurante.

Elle n'allait jamais laisser passer ça, elle vivante, jamais.

Pendant une heure, elle expliqua à la jeune fille ce qu'elle allait faire, comment elle compter laver ce crime et venger la jeune mariée. D'abord réticente, elle se laissa vite convaincre, trop blessée pour avoir la force de parer la volonté de Silmeria.

« Viens. Je sais où tu pourrais te cacher. Prends ma main. » Les doigts de la tueuse caressèrent la main douce de la jeune blonde essoufflée par ses larmes. Elle la conduisit jusqu'à la grange où elle était seule à dormir. Silmeria lui souffla qu'elle serait obligée de rester cachée sous le foin jusqu'à ce qu'elle vienne la chercher, et qu'à partir de ce moment là, tout serait définitivement terminé et que son agresseur l'aurait payé ainsi que sa famille, les invités, toutes ces bêtes sauvages qui avaient avalé ce spectacle pour justifier un adage.

----------


Kay dormait. Une odeur vint lui chatouiller le nez. Un parfum délicat, à la fois épicé et gras. Le jeune homme avait passé sa vie à se faire réprimander pour ce qu'il était, aujourd'hui, fier d'être devenu un homme et à la fois un homme de bonne augure, il avait fait la fierté de son père et de sa mère. De toute sa famille en fait. Il avait sympathisé avec les invités et s'était senti l'espace d'une journée normal.

Il se leva péniblement, sa tête lui faisait mal, il avait la gorge sèche et des fourmis dans la jambe gauche. Nu comme un vers, il enfila une tunique de lin et descendit. La maisonnée n'avait pas abrité de monde, tout le monde dormait dans les caravanes ou dans les tentes, les plus ivres eux dormaient dans les buissons avec les conquêtes du soir. Kay se grattait le dos, un sourire sur le visage et essuya un filet de bave matinal du plat de la main.

Le foyer crépitait encore dans la salle à manger. Les choppes n'étaient pas rangées mais il n'y avait personne, du moins, personne de visible. Au dessus des cendres chaudes était embrochée une oie. Entière. Poivrée. Luisante et grasse à souhaits. Il avait tellement aimé le goût de l'oie la veille qu'il essaya d'en tirer un bout. Il se brûla le bout des doigts mais parvint finalement à arracher un pilon et le porta à sa bouche.

Derrière lui, une voix de femme surgit.

« Quel appétit. »

Il se tourna. Devant Kay, se tenait la femme qui était arrivée il y a deux jours. Celle qu'il avait observé silencieusement. Il n'était pas sûr qu'elle l'eut remarqué quand il la regardait cuisiner, mais elle lui plaisait. Il était devenu un homme maintenant, tout le monde ici l'appréciait, il avait sauvé tout le monde. Certains l'avaient même appelé " héros " ou " champion ". Il était fier.

Cette brune aux cheveux mal attachés lui plaisait, elle l'observait en souriant et il tenta de lui rendre la pareille, dévoilant des chicots entartrés. Chose qui l'attirait plus encore que le visage, les yeux vers sous ses cheveux noirs de jais, cette bouche rouge pourpre taillée d'une cicatrice à peine visible, c'était la poitrine de la femme. La tenue qu'elle portait dévoilait un décolleté audacieux et Kay s'approcha. Son expérience des femmes était catastrophique et il n'avait jamais eu de véritables occasions d'en approcher une sans qu'elle n'eut envie de lui vomir dessus.

« Et bien, tu étais moins timide hier. Tu te souviens, après que tu te sois amusé avec ta femme, tu es venu me voir ? Non ? Rien. Faut dire que tu avais bien bu aussi. »

L'étrangère posa un doigt sur les lèvres de Kay en lui faisant un sourire encore plus appuyé, les yeux du jeune marié tombaient vers la poitrine de celle qu'on appelait Silmeria, la nouvelle cuisinière de sa maison. Elle vivait chez lui maintenant, c'est presque si elle lui appartenait. Il n'y avait qu'eux deux. La brune recula un peu, passant un doigt sur ses lèvres en lui mimant de ne pas faire de bruit

« Tu étais beaucoup moins timide hier, tu veux que je te souvienne de nos... Conversations ? » Elle détacha un noeud de sa tunique, écartant doucement le linge qui laissait voir davantage sa poitrine. Kay eut une bouffée de chaleur. Quelle chance il avait. Deux femmes en si peu de temps, et de toutes façons son épouse n'était pas là, c'était un héros, il pouvait bien se permettre un petit écart. Et la brune travaillait chez lui. Elle était donc à lui. L'homme posa ses mains sur les hanches de la femme et tenta de l'embrasser. Elle évita ses lèvres qui allèrent se perdre dans ses cheveux, quelques mèches collaient à la grasse d'oie encore présente sur son visage. Il fit quelques bruits à l'oreille de la tueuse.

La brune se laissa faire et couina, amusée par l'initiative de son amant. Elle répliqua :
« Tu étais en fait, un tout petit peu plus timide hier. Pas ici, voyons. On pourrait nous surprendre. Si tu veux faire les choses, fais les bien. Viens, suis moi. » Elle pointa un doigt sous le menton de l'homme et le guida doucement en lui envoyant des regards qui alimentaient l'envie du marié.

« Il est très tôt tu sais... J'espère que tu as encore des forces. » Dit-elle en tournant autour de lui, Kay ne tenait plus la cadence et son désir lui fit perdre ses moyens. Il recommença à baver alors que Silmeria lui murmura quelque chose à l'oreille. Il ferma les yeux et se laissa guider sous les caresses des mains de la femme sur son torse jusqu'aux épaules. Silmeria avait délicatement glissé derrière lui, la bouche presque collée à son oreille sale. Elle passa un doigt dans son décolleté et en tira une fine cordelette tressée. Une corde à arc. Une corde à arc qu'elle avait dérobé à un des invités. Une fine corde souple et solide qu'elle avait découpée de façon à ce qu'elle ne soit pas trop longue.

« Laisse toi faire... Abomination va...»

Kay ouvrit grand les yeux. Abomination. Le doute frappa son esprit. Il ne se souvenait de rien avec cette femme qui lui assurait le contraire. Et pourquoi tout avait été facile ? Abomination. Non. C'était comme ça qu'on l'appelait. Monstre. Abomination. Les enfants en cercle autour de lui qui le pointaient du doigt en chantant à tut-tête des insultes insupportables.

Avant qu'il ne puisse comprendre, ni même se retourner, Kay était tombé dans le piège. Une corde était tombée et serrait maintenant sa gorge. La douleur frappa vite et fort, il ne pouvait plus respirer et la brune derrière lui exerçait une pression terrible. Il ne parvint pas à crier, sa gorge s'écrasait. La bouche de la tueuse était toujours collée à lui.

« Les Dieux ne peuvent même pas te protéger d'une servante... Monstre.»

Un cartilage s'écrasait. Ses cordes vocales étaient blessée par la corde et la peau commençait sérieusement à être écorchée, pas assez pour saigner cependant, ses yeux semblaient être prêts à jaillir tant le sang faisait pression dans son crâne. Il agitait les jambes, essayait de déséquilibrer son assassin.

« Monstre... »

Elle lui envoya un coup de genou dans le bas du dos, lui paralysant une partie de la jambe déjà handicapée. Il ploya sous son propre poids, lui faisant perdre toute chance d'en échapper.

« Monstre... Monstre... »

Les petits vaisseaux de ses yeux claquaient les uns après les autres. Il virait au violet et un sifflement se fit entendre au fond de sa gorge. La pression sur ses tempes devenait insupportable, il essaya d'attraper des objets sur la table pour se défendre mais ses mains ne rencontraient que des entrailles de volaille. Dans un dernier souffle il tenta de repoussa Silmeria, la barbouillant au passage de sang de poulet mais il était maintenant trop faible et elle trop déterminée. Ses yeux roulèrent et il s'en alla, recouvert de tripes de poules.

Silmeria reprit son souffle. Elle observa Kay à terre. Une marque rouge sombre autour de sa gorge. La bouche ouverte et luisante, les yeux révulsés et rouges, les larmes et leurs trainées salées sur son visage effaré... Elle cracha dessus avant de le traîner là où était entreposée la viande, dans la cave. Là où les carcasses étaient suspendues à des crochets au mur...

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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Sam 16 Mar 2013 20:59 
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Un ballet aérien de mouches bleues faisait une musique constante dans la cave. Les détritus y étaient jetés et on pendait à quelques crocs des carcasses de mouton et de volailles en attendant de les cuisiner.

Kay termina sur l'un de ces crocs. Silmeria n'avait pas beaucoup de temps, le jour était à peine levé et elle profitait que les invités soient pour la plupart tous sérieusement amochés par les effets de l'alcool pour terminer son crime. Cette abomination pendue tristement comme une poupée de chiffon allait être un véritable défi. Sans attendre, elle commença maladroitement son exécution, elle avait cette fois apporté ses deux armes. En premier lieu, elle cherchait à fendre de larges bandes de peau pour éplucher sa victime. Cela dit ses malformations rendaient la tâches difficiles, aussi, pour ne pas être prise par le temps, elle s'essaya à éplucher directement en faisant glisser sa lame sous les muscles et la peau.

Le temps semblait suspendu, elle était couverte de sang et les mouches commençaient sérieusement à devenir un problème. Le bourdonnement incessant aurait pu cacher un bruit de pas ou un craquement de plancher. C'était à la lueur de quelques bougies que Silmeria travaillait. Le déchirement des tissus et le bruit mou des bandes de peau qui tombaient, négligemment jetées sur le sol dont la terre se mêlait au sang.

Elle avait préparé avant son meurtre quatre tonneaux, un pour contenir les os et une partie des tissus, l'autre pour saler la viande de Kay.

Les entrailles seraient jetées aux chiens des invités, découpés en petit morceaux et mélangés avec des tripes de volailles pour ne pas rendre le repas trop suspect.

Silmeria découpait les tendons, ces fibres blanches qui retenaient les muscles. Elle n'avait pas une connaissance parfaite de l'anatomie mais l'adrénaline et sa colère pour cet être abjecte la rendait plus vive et apte à saisir les rouages complexes de la nature humaine. Et il était toujours plus facile de faire que de défaire.

Elle pensait commencer par les bras. Mais le temps jouait contre elle et face à cet adversaire, elle n'y pouvait absolument rien. Elle glissa sa lame la plus fine sous les muscles, détachant des membranes opaques et résistantes, tira, entendit les cartilages craquer, quelques jets de sang, une odeur étrangère et désagréable. Un bruit inconnu en enfin, elle parvint à détacher un muscle entier. Un second et elle prit soin de couper net le cartilage pour jeter l'assemblage d'os qui formait ce qui fut un bras normalement constitué. Restait l'autre bras anormal. Elle aurait bien aimé l'étudier davantage mais elle n'avait pas le temps et dans cette pièce sombre, aucun indice pour vérifier si tout le monde dormait ou si dehors, renaissait déjà l'agitation de la veille.

Le ventre contenait des muscles entrelacés et trop petits, elle n'arriverait pas à voir assez bien pour défaire tout ça, aussi, elle préféra passer directement aux muscles des jambes qui étaient bien plus charnus et visibles.

Sur la table se trouvaient une dizaine de gros muscles luisants et couverts de mouches. Silmeria s'était attaquée à la découpe de la carcasse. Au sol gisait en un tas répugnant les tripes de Kay ainsi que ses organes. Les mouches s'en faisaient un plein ventre.

Le corps en lambeaux fut caché dans un tonneau. Recouvert de restes de légumes, de parures de cuir et de bris de vaisselle. Elle espérait que personne n'irait fouiller dedans trop scrupuleusement. Les autres suffisaient largement à contenir les morceaux de Kay qui furent mélangés avec des pièces de boeuf rancies.

Pour nettoyage, il n'y avait qu'un simple seau d'eau. Elle essuya son visage, ses mains et jeta immédiatement les tabliers qui servaient à protéger ses vêtements dans le même tonneau que le squelette de Kay.

Silmeria remonta les escaliers, la fatigue piquait encore ses yeux et la lueur du jour agressait ses sens. Quelques mouches tournaient également dans la cuisine mais le silence ambiant et l'absence de témoins rendait tout cet endroit bien plus vivable. Le soleil était encore bas mais on parvenait facilement à entendre au dehors quelques discutions.

Reprenant ses esprits, Silmeria chassait de sa tête les images de ce qu'elle avait fait plus bas, dans la cave. Dans la marmite, elle fit bouillir quelques légumes, tout ce qui pouvait lui passer sous la main, elle se moquait des qualités gustatives, il fallait qu'elle se focalise sur quelque chose d'autre que le meurtre sanglant qui gisait sous la forme de petits morceaux de viandes bouffés par les mouches.

Elle installa la broche sur la table, prête à être fixée au dessus des braises. Après avoir alimenté le feu, elle descendit, reprenant son souffle. La pièce était chaude, moite et suffocante. Elle tira du premier tonneau un muscle couvert de sel sur lequel le sang avait coagulé en petits paquets noirs.

En cuisine, avec la lumière pâlotte, Silmeria aurait été incapable de dire précisément d'où venait ce morceau. Son travail n'avait pas été particulièrement précis en raison de la pénombre. On aurait cru à un morceau de boeuf, encore rouge et pas assez macéré. Elle fit couler de l'eau dessus pour dégager le sel. Sans trop avoir idée de comment procéder. Elle plongea la viande dans l'eau des légumes qui bouillait à grosses bulles. La tueuse restait figée, hypnotisée par les remous et l'écume blanche qui montait à la surface de l'eau agitée.

« Vous êtes très matinale. »

Derrière elle, Jorn, le père. Jorn, le géniteur du débris humain qui cuisait devant eux. Entre lui et le morceau de son fils, Silmeria. La tueuse. Celle qui devait faire bonne figure pour ne pas planter Jorn aussi, pour que son plan se réalise et que tous paient.

« Oui. Vos invités ont de l'appétit, je ne voudrais pas qu'ils se retrouvent en reste. »

Elle ignorait totalement la raison de sa venue, aussi, pour anticiper une question qu'elle redoutait, elle enchaîna.

« Jusqu'à présent, je n'ai croisé personne, nos invités sont réveillés ? »

Jorn avait l'air différent, malgré l'aspect brutal et paysan de l'homme, quelque chose de différent se lisait au travers de ses yeux. Silmeria essayait de comprendre. L'homme ne dit rien de plus, il fit un signe de la tête, arborant la même expression satisfaite que la veille, puis s'en alla rejoindre quelques camarades dehors.

La tueuse souffla. D'ordinaire, elle faisait son crime puis dissimulait tout derrière un incendie, là, le corps était toujours là, devant eux. Enfin presque, il aurait fallu y regarder de plus près pour reconnaître qu'il ne s'agissait pas d'un animal connu. Mais le cadavre à moitié décharné qui gisait dans le tonneau avec les tripes de poulets et les têtes de poissons, ça c'était un vrai danger. Silmeria ne pouvait pas le déplacer, encore moins le conduire dehors, si quelqu'un venait pour l'aider et qu'il découvrait quelque chose, ou si un autre venait à se poser des questions. Non. Il fallait changer le moins de choses possible.

La viande avait changé de couleur. Elle n'était pas si différente de celle d'un veau ou d'un bœuf pas assez cuit. C'était comme un test, histoire de s'assurer que ce qu'elle faisait avait une chance de fonctionner. Une fois embrochée, le morceau était en train de dorer et de dégager une odeur non désagréable au dessus des braises qui créaient de petites flammes à mesure que les graisses tombaient dedans.

Sur la table, quelques longues minutes plus tard, se trouvait un morceau de viande fumante, qui avait un aspect horrible de déjà vu. Presque méconnaissable, luisant de gras, couvert d'épices, avec quelques légumes ou dans une tourte, on y verrait que du feu.

C'était là ce qu'elle espérait.

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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Lun 18 Mar 2013 00:30 
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Les deux petites vieilles portaient les mets à table. Silmeria avait sué lorsque Jorn était revenu avec ces deux femmes pour dire qu'elles allaient aider à la cuisine, comme la veille puisque les convives étaient contents. La tueuse y voyait la mort totale de son plan, et la disparition des deux vieilles aurait été presque impossible à dissimuler. Or les deux femmes avaient travaillé avec de petites pièces de viande, mélangées aux morceaux de bœuf et de porc. Elles n'y avaient vu que du feu, même si Silmeria avait fait en sorte qu'elles ne s'occupent presque que des poissons et des fruits et légumes.

C'était presque terminé. Les torchons recouvraient certains plats pour que les mouches du dehors ne s'en fassent pas un festin, puis timidement, les invités commencèrent à manger des pains et des charcuteries ramenées par un paysan venu de Bouhen. Les mets des trois cuisinières restaient pour l'instant couverts.

Jorn cherchait son fils, mais les invités, hilares eux lui répondaient qu'il devait être avec sa femme quelque part à profiter du calme de la journée. Après lui avoir collé une claque dans le dos, ils allèrent boire une grande choppe de bière chaude.

Silmeria s'était changée, elle sentait le stress monter ses sens en alerte lui jetaient de signaux de danger au moindre regard du père. La mère elle était trop occupée avec ses invités et à assurer le service. Bien que l'absence des deux mariés soit pour l'instant que peu remarquée, la tueuse savait parfaitement que ça ne durerait pas longtemps, que plus le temps passait, plus le père allait demander où se trouvait le nouveau couple. Et plus il le ferait, plus les invités relèveront l'absence.

De leur côté, les invités commençaient à se servir. Jorn également. Il jeta quelques regards brefs pour essayer de trouver Kay, et mis enfin, sous le regard de Silmeria, un morceau de viande dans sa bouche. Les invités s'en donnaient à cœur joie, tout le monde profitait du festin, encouragé par la liesse générale et les relents d'alcool tiède qui réchauffait de ce petit vent frais qui venait de se lever.

Silmeria avait maintenant un mélange d'excitation et de crainte. Mais observer ces porcs, ceux qui hier jouissaient d'un spectacle purement abject n'étaient plus que les pantins de cette pièce, de ce spectacle où ce fut à leur tour, d'être victime d'une abomination. Inspiré d'une torture infligée à des brigands à Keresztur, Silmeria réalisait à quel point la gamine aveugle lui évoquait Tisis, une amie dont elle n'avait plus de nouvelles depuis le complot qu'elles avaient en commun.

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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Jeu 21 Mar 2013 04:04 
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Il ne restait presque plus rien sur la table, si ce n'était que des parts de tourtes, des fruits gâtés et des morceaux de viande recouverts de mouches et de guêpes. L'alcool avait participé à apaiser les invités, mais Kay et la mariée restaient strictement introuvables. Jorn semblait agité, il avait fait mauvaise mine et n'avait pas beaucoup mangé. Sa femme était partie dans la maison, accompagnée de trois petites vieilles. Silmeria quant à elle avait fait bonne figure et avait mangé une pomme en public, histoire d'afficher sa présence, se mêler à la foule et s'assurer de ne pas être prise par surprise au cas où quelqu'un cherche Kay et tenterait de lancer une recherche.

Elle était bien placée pour tout savoir, ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était le hurlement strident qui s'éleva de la maison. Tous les invités se tournèrent vers la petite fenêtre par laquelle sortaient les cris et les pleurs. Celle de la cuisine. Silmeria senti alors un frisson parcourir son dos. Jorn lui jeta immédiatement un regard. Elle le croisa, les yeux de l'homme avaient cette fois quelque chose de terrible, comme la conclusion de suspicions terrible qui avaient traversé son esprit.

Silmeria marcha, simplement et sans se presser ni se retourner vers les bosquets alors que tous se ruaient vers la maison, Jorn le premier, qui n'hésitait pas à pousser violemment ceux qui faisaient obstruction à son chemin.

« Ils n'ont pas perdu de temps... J'ai bien fait de ne pas partir les mains vides. » fit-elle à sa propre personne. Elle avançait jusqu'à être dissimulée par les bosquets et les petits arbres touffus qui finalement s'élevaient parmi les grands chênes.

Silmeria savait qu'il ne fallait pas perdre de temps, car eux n'en perdraient pas. Lorsque la foule aura compris que la gentille cuisinière était en réalité une tueuse qui leur avait fait manger de la viande humaine, ils ne tarderaient pas à la pendre au premier arbre venu. Et là où elle se trouvait, les arbres étaient monnaie courante.

Elle avait retrouvé le lit du ruisseau. Elle cherchait avant tout de la boue. Silmeria avait appris à ses dépends les règles de la survie et les pièges qu'il fallait à tout prix éviter.

« Lorsqu'on est assassin, se faire traquer est monnaie courante. Il faut à tout prix connaître son adversaire, le combat est plus mental que physique, celui qui connait ses propres faiblesses et celles de son adversaire jamais ne sera défait en combat. Mais lorsque votre adversaire est une foule en colère composée d'ivrognes et de paysans, il vous faut disparaître. Le choix du terrain est donc très important. Si vous trouvez une grotte, vous pouvez vous y terrer mais les grottes abritent souvent des créatures dangereuses et il n'est pas nécessaire d'avoir un danger supplémentaire pour en éviter un. La boue a un aspect répugnant et malodorant mais elle colle et reste longtemps sur vous. Si vous ajoutez à ça quelques feuilles et que vous vous terrez dans un buisson touffu ou sur un bord de route, sous un bois mort, votre adversaire aura toutes les peines du monde à vous mettre la main dessus, sauf s'il a des chiens. »
Pensées diverses et essais ratés - Silmeria.


Elle étala sa cape à même le sol et de ses mains, fit glisser de l'eau et de la boue dessus, de façon à la recouvrir le plus possible de terre boueuse. Sur ses cheveux également, elle appliqua de grosses poignées qui coulaient en trainées troubles sur sa peau et ses vêtements. Une poignée de feuilles mortes entre les mèches, puis elle enfila de nouveau la cape devenue marron et coulante de boue. Non loin du ruisseau se trouvait une ouverture dans la végétation où elle pouvait apercevoir le pont situé en face de la maison de Jorn.

Les hurlements de colère s'élevaient à la lisière du bois. Silmeria leva les yeux au ciel. Le soleil n'était pas prêt de se coucher et elle devait vite se dissimuler quelque part. Le problème était les molosses. Elle avait refilé aux chiens les entrailles de Kay pour cacher le plus de preuves possibles, avec un peu de chance, ils n'avaient pas été dressés à la chasse mais elle n'y croyait que peu...

La forêt et les bois sont des endroits où la dissimulation est à la fois simple et compliquée. Il est très facile de trouver un bon endroit tout comme il est facile d'en trouver un qui s'avère en réalité être un mauvais endroit. Silmeria se savait pressée par le temps, ce n'était qu'une question de secondes. Il fallait qu'elle avance et qu'elle se terre. Son choix se porta sur un tronc échoué situé à côté de quelques buissons de houx. Les branches basses et piquantes éloigneraient les chiens. Mais elle trouva mieux et moins raffiné.

Un sanglier avait fait ses besoins non loin du ruisseau où il venait boire à en juger les traces profondes dans la boue. Silmeria faisait exprès de marcher dans l'eau pour cacher au mieux ses traces, l'animal en chiant là lui sauvait la vie. Sans faire de manière, pas même une grimace de dégoût, elle ficha ses mains dans la merde encore tiède et s'en barbouilla la cape et les cheveux, retenant un hoquet et au passage, un haut-le-cœur.

L'odeur brouillerait les traces, c'est ce qu'elle espérait. Il ne lui restait plus qu'à se faufiler sous le houx, jusqu'au tronc central, ce qui lui vaudrait à coup sûr quelques écorchures mais c'était bien un moindre mal.

A peine avait-elle cessé de bouger qu'une vingtaine de mètres plus loin sur sa gauche, déboulaient déjà des énervés qui agitaient en l'air des couteaux de cuisine, casserole, cordes, rouleau à pâtisserie ou plus dangereux, fourches et épées pour certains.
Silmeria ne vit pas Jorn parmi ceux qui s'avançaient, mais elle avait misé juste concernant les chiens. Ils avaient été lâchés dans les bois. La tueuse retenait sa respiration, tant pour se terrer totalement que pour s'épargner les émanations de merde qu'elle avait juste sous le nez. Le temps allait être long.

« Allez, continuez, elle ne peut pas être loin ! »
« Vous voyez quelque chose ? Surveillez bien dans les arbres ! »
« On a rien ici ! De votre côté, ça donne quoi ? »
« Les chiens ne reniflent rien. Il faut avancer, on va bien avoir une piste ! »

Les premiers étaient déjà loin devant, cependant elle voyait encore des hommes armés surveiller les alentours, plus lents, ils s'assuraient qu'elle ne sortirait pas en toute hâte d'une cachette qui aurait échappé aux premiers traqueurs. Silmeria eut pour toute compagnie un scolopendre qui glissa devant elle sans lui prêter attention. Les heures passaient dans un inconfort grandissant et le froid la gagnait, renforcé par l'humidité de l'inactivité. La femme avait des fourmis dans les jambes et pas que littéralement, mais la survie en valait bien la peine. La nuit ne tarderait pas à tomber.

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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Jeu 21 Mar 2013 22:59 
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Le froid la gagnait, elle était trempée, couverte de boue froide et immobile depuis des heures. Son cerveau lui lançait des signes de fatigue comme des bâillements incessants et les yeux piquaient à nouveau. La nuit n'était plus très loin. Une grande animation naissait derrière elle, et à son avis, ce n'était certainement pas la fête qui continuait.

A en juger les deux lumières qui bougeaient non loin devant elle, il y avait encore dans la forêt deux paysans qui montaient la garde, prêt à crier dès que l'un d'eux arriverait à mettre la main sur la tueuse. Silmeria fit encore une fois appel à la magie. Son ombre doucement glissa comme une coulée d'eau sale et prit forme à deux pas d'elle. Le fantôme noire déferla vers la maisonnée. Autour d'un grand autel qui n'était pas là quelques heures plus tôt, était massée la foule. Les paysans brandissant des torches. Tous avaient une mine blafarde et mauvaise, les humains sous un autre jour. L'ombre noire parvint sans peine à se faufiler entre les agités groupés autour de Jorn. Et à côté de Jorn, montée sur une table recouverte d'une draperie rouge était accrochée à deux poteaux fraichement plantés au sol la jeune aveugle.

Tous criaient " A mort ! " Les Dieux avaient été trahis par cet odieux mensonge et ce crime horrible. Il fallait que Jorn se rattrape. A défaut d'avoir pu mettre la main sur Silmeria, il allait exorciser sa colère sur la jeune mariée pour avoir été complice. Nul tribunal, aucune cour, pas de jurés. On allait offrir sa vie aux Dieux en espérant qu'ils soient reconnaissants et qu'ils oublient le blasphème.

Sous la table avaient été rassemblés de la paille et des ballots de bois. La fête allait continuer... Silmeria savait qu'il lui était impossible de faire quelque chose de là où elle se trouvait. Et quant bien même, elle n'était pas de taille à lutter contre une trentaine de paysans armés et violents qui lui en voulaient probablement à mort pour ce repas.

« J'aurais peut être mieux fait d'ajouter quelques champignons vénéneux dans le repas... » Pensa-t-elle. Il n'y avait plus de surprise. La nuit est toujours silencieuse et l'agitation et les hurlements viendraient forcément à ses oreilles, qu'elle décide de regarder la scène ou non.

Sans faire une cérémonie, on fit mettre le feu au bûcher de fortune. L'homme restait en face de la mariée, elle tendit une main noire et invisible qui alla caresser les doigts de la femme doucement dissimulée derrière un rideau de fumée opaque. Soudain, la draperie brûla d'un coup d'un seul et les premières flammes séparaient les deux femmes. Celle de chairs et celle d'ombre. Quelque chose heurta Silmeria, c'était les yeux de la fille. La blonde avait le regard braqué sur l'Ombre de la tueuse. Celle-ci inclina doucement la tête à droite à gauche, le regard de la mariée suivait invariablement. Ils suivaient les yeux invisibles de Silmeria jusqu'à ce que les expressions de douleur se firent trop fortes et que les hurlements de la jeune blonde dépassèrent ceux de la foule hilare.


Si l'Ombre avait eu une âme, elle en aurait été troublée. Mais Silmeria sous cette forme magique n'était jamais que du vent. Une ombre, un regard noir porteur de mauvaises nouvelle. Une mauvaise augure.

De retour dans son propre corps. Elle pu enfin découvrir ce qu'il lui avait été impossible de ressentir. La colère, une boule au ventre. Un soupçon de culpabilité, celle de ne pas avoir bien anticipé les choses, celle d'avoir sans le vouloir, tendu un piège terrible à la jeune femme. La pureté et l'innocence ne lui furent d'aucun secours.

Elle rampa. Cruelle et animale, elle se glissa hors de son trou, l'arme orque à la main. Silmeria adorait tuer par derrière, c'était silencieux, loin d'une image de champs de bataille. Elle s'était souvent demandée ce que ça faisait de mourir avant de décéder. C'était impossible à décrire. On voit et on vit les choses et soudain, tout s'arrête et il ne reste plus qu'un épais manteau noir dont on n'a même pas conscience.

Couverte de saletés et malodorante, elle se cachait derrière les arbres. Les villageois rentraient dans la maison, la mine basse. La pluie tomba et les cieux vêtus de nuages bas versèrent des larmes froides sur les restes du brasier.

Les paysans qui montaient la garde dans la forêt avaient apporté une gourde de gnôle pour se tenir chaud, ils s'ennuyaient plus qu'ils ne montaient la garde et aucun des deux ne vit venir le coup de lame sous la gorge. C'est ainsi que la vie se termina pour eux. Une mort silencieuse et froide. Loin de celle qui attendait les autres réfugiés dans la maison.

La pluie tombait de plus en plus fort et il lui fallait faire au plus vite pour mener à bien son plan. Les invités en venant avaient apporté de nombreuses affaires, des cadeaux, des produits alimentaires et également un minimum de confort car beaucoup dormaient à même les caravanes. Les poneys de route qui servaient à conduire les convois étaient silencieux et dociles, habitués au travail à la ferme. Silmeria armée d'une carotte essaya d'en diriger un vers la porte de la cuisine. A sa connaissance il n'existait que deux issues dans cette vieille baraque, celle de la cuisine et celle de l'entrée principale. Par la fenêtre de la cuisine, trop étroite pour qu'on puisse y passer, Silmeria entendit de la musique. Des chants. L'alcool continuait à abreuver les gosiers et on fêtait la mort de Kay de la façon la plus joyeuse possible, avant de le mettre en terre. Du moins, d'enterrer ses lambeaux.

Le poney portait une charrette couverte d'un voilage blanc qui contenait des caisses fermées mais d'un poids considérable. D'une seule manœuvre, elle avait pu conduire l'animal juste devant la porte et le fit avancer jusqu'à ce que la roue se coince sur les premières marches de pierre devant la porte. Le bois de la charrette faisait obstruction à une dizaine de centimètres de l'ouverture. Il n'y avait pas beaucoup d'espace pour que plusieurs hommes vaillants puissent pousser ensemble et le barrage fonctionnerait.

Maintenant, pour elle, le défi était de bloquer l'accès à la porte d'entrée. Or les fenêtres qui donnaient sur le pont aurait vite fait de trahir la venue d'un convoi qui viendrait bloquer la porte, et la maisonnée était sur une petite montée ce qui rendrait la tâche très difficile, voire impossible sans être remarquée. Silmeria cherchait, elle savait ne pas avoir beaucoup de temps jusqu'à ce qu'elle entende derrière elle un bruit. La pluie tombait toujours en fines gouttes et le craquement du bûcher interpella la jeune tueuse.

Silmeria observait le corps calciné de la mariée. La croûte brune et craquelée de noir qui n'avait plus qu'un semblant de forme humaine était crispée, il n'y avait pas d'expression sur le vestige de visage. Seule une main était ouverte, paume vers le ciel.

Les restes fumants de bois et de la mariée luisaient doucement sous la pluie, quant à ce qui se passa ensuite, Silmeria n'en cru d'abord pas ses yeux, puis finalement elle eut envie d'y croire, elle voulait que ça soit un signe, une justification. Une flamme vint naître sur la paume de la mariée. Une belle flamme rouge et jaune. Une lumière venu de nul part. Silmeria y voyait là la conclusion de son plan, la bénédiction de la mariée.

« Ils vont payer ce soir... Je te le promets.» Silmeria alluma une torche de fortune, faite à l'aide de bois à peine dévoré par le feu qui réussit à prendre et à flamber au bout de quelques secondes. La flamme sur la paume s'effaça doucement jusqu'à disparaître comme elle était venue au monde.

Ensuite, l'idée vint d'elle même. Elle n'avait pas besoin de bloquer une porter qui s'ouvrait de l'intérieur. Tout ce qui lui fallait, c'était d'empêcher de l'ouvrir. Pour ça, elle utilisa les rennes destinés aux montures. Les solides harnais de cuir tressés résistaient bien aux muscles d'un cheval, alors plusieurs liés les uns aux autres arriveraient bien à rivaliser avec les forces de quelques villageois.

Les portes en bois sont souvent faites à partir de planches collées les unes aux autres, avec des cordelettes de lin entre les planches pour empêcher l'intrusion d'eau. Elles sont aussi retenues par de lourdes plaques de fer décoré avec des anneaux pour frapper aux portes. C'est ça qui aida la tueuse. Les anneaux qu'on trouvait sur les portes étaient presque les mêmes sur les volets alentours. Le cuir était humide et glissant mais néanmoins solide. Difficile à travailler et à nouer comme il le fallait, elle trouva malgré sa peine le moyen de river solidement la porte aux volets. Le cuir tendu avait été court mais ça offrait à la tueuse un avantage conséquent, il ne donnerait pas de mou et personne ne pourrait glisser ne serais-ce qu'un bras au dehors pour tenter de couper le cuir. Le piège se refermait et la fête battait son plein à l'intérieur.


Silmeria armée de sa torche de fortune s'en alla vers la grange. Là le foin était resté sec et elle fit brûler la paille. Timidement, les flammes grimpaient, sans bruit, puis elles arrivèrent au plafond et aux poutres qui flambèrent instantanément. Si vite que ça lui fit froid dans le dos.

Aux fenêtres, elle n'entendit aucune panique, aucun cri d'épouvante et personne ne se ruait vers la porte. Silmeria glissa la torche sous un manteau de chaume, sous le mur entre la cuisine et la salle puis s'éloigna.

Assise sur le muret du pont, elle observait les animaux s'agiter au dehors, les chevaux hennissaient de frayeur et dans leur panique renversaient quelques effets situés à l'arrière des caravanes et convois. Mais ce ne fut pas la panique des chevaux qui attisait le sourire de la femme. C'était la panique qui depuis dix secondes gagnait la maison. Le toit brûlait presque totalement et la grange collée à la maison dégageait une lumière si vive qu'elle en eut presque mal aux yeux. Les cris d'hommes et de femmes, les aboiement à l'intérieur résonnaient dans la nuit. Le pic d'adrénaline atteint le coeur de Silmeria lorsqu'elle entendit le craquement de la charpente tomber sur le premier étage et les cris qui redoublaient d'intensité.

Les coups de poings donnés sur la porte ne furent d'aucune utilité et les fenêtres étaient trop petites pour qu'on puisse s'y glisser. Le souffle des flammes lui tenait chaud de là où elle se trouvait, l'enfer qui crépitait devant elle avait étouffé les derniers cris.

Silmeria restait assise, elle savait qu'il n'était pas prudent de rester là, car un incendie de nuit se voit à des lieux à la ronde et pourrait attirer bandits et brigands qui espéreraient piller ou détrousser quelques rescapés qui se seraient échappés des flammes avec un peu de butin.

Son regard était porté sur le bûcher. C'était comme si de loin, la mariée lui souriait. Or son visage, elle l'avait vu de près n'avait plus la moindre expression. Silmeria ne put s'en empêcher. Comme hypnotisée, elle se rendit auprès du corps de la mariée. Toujours immobile, la tueuse aurait été incapable de reconnaître une expression sur ce visage fade et noir. Elle ne souriait pas, elle était juste morte. La femme se trouva presque ridicule de s'être imaginé une chose pareille. Et puis...

Le bois craqua. Le corps de la femme brûlée tomba sur Silmeria, bien qu'il fut plus léger qu'à l'origine, ce fut la façon dont il venait de choir dans ses bras qui lui chamboula l'esprit. C'était comme si, emprunt d'une vie nouvelle, la mariée avait pris la tueuse dans ses bras. Comme si par delà la mort la jeune aveugle avait remercié l'assassin lors d'une embrassade sans âme.
Silmeria ferma les yeux et s'accroupit, accompagnant doucement ce corps sans vie toujours dans ses bras.

La pluie tombait toujours, mais pas assez pour épargner la maison des flammes. Il n'y avait déjà plus un cri.

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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Ven 2 Jan 2015 21:33 
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Hrist avait déjà parcouru les routes qui menait à Bouhen. Elle n'avait pas encore idée de ce qu'elle ferait sur place mais elle savait que les elfes avaient un réseau d'engins volants dispersés partout sur ce continent et qu'elle pourrait l'utiliser si elle arrivait à faire oublier sa sinistre notoriété sur ces lieux.

La route était correcte, sa monture arrivait à avancer sans être trop dangereuse et Hrist s'offrit le plaisir tant attendu de pouvoir fermer les yeux quelques instants...

La route s'illuminait doucement sous les rayons naissants du soleil. La petite rosée qui recouvrait les plantes et les abords du chemin fondait comme neige au soleil. Hrist longeait un petit cour d'eau qui grandissait à mesure qu'elle avançait. La femme préférait ne pas emprunter les routes, les orques étaient dispersés et souvent peu disciplinés, préférant attaquer à vue tout ce qui ne ressemble pas à l'un des siens et les Dieux n'avaient pas jugé bon de la couvrir de peau verte, aussi, même en terre amie, elle resta prudente.

« Allez... Allez avance. Non. Non. NON ! »

Elle soupira. La bête déviait de sa trajectoire pour s'attaquer à une touffe d'herbe grasse. « Je déteste les chevaux. »

Après de nombreux efforts, elle parvint enfin à en tirer un soupçon d'obéissance et elle continua son trajet. Le jour s'était levé et le soleil déjà haut.

Lorsque le terrain était devenu trop impraticable, elle se rendit ensuite sur un petit chemin qui menait à un pont. De là, un homme sorti de nul part et lui barra la route, un autre abandonna des fourrés et essaya de prendre les rennes de son cheval mais dans la panique, la bête se cabra et fit une embardée qui renversa le cheval, l'agresseur et Hrist, dans l'ordre. Le canasson souleva un nuage de poussière et Hrist emportée dans la chute roula jusqu'au cours d'eau dans lequel elle sombra. La profondeur n'était pas terrible, mais il y avait de quoi être totalement recouvert des flots. Un des gaillards qui lui bloquait le chemin se jeta sur elle et tenta de lui maintenir la tête sous l'eau. Le visage de son attaquant, troublé par l'onde agitée et les bulles qu'elle expirait se tenait au dessus d'elle. Il tenait fermement son cou de ses deux mains et rigola.

Quelques secondes plus tard, Hrist avait pris le dessus en brisant le petit doigt de la main gauche de l'homme, sous la douleur, il avait lâché prise et elle lui avait collé sa lame sous la gorge. Les deux grimpaient maintenant la petite pente qui remontait jusqu'au pont, là où Hrist avait glissé quelques secondes plus tôt.

« Payez votre péage si vous voulez traverser le pont ! »

S'exclama l'homme qui s'était interposé en premier. Il n'avait rien sur lui, presque nu, il n'y avait qu'une vieille tunique de cuir, des bottes dépareillées en cuir également et un large chapeau usé jusqu'à la corde. Son corps avait été littéralement cuit par la vie en plein air, attaqué par le soleil, la neige et le vent, il n'y avait pas de grande différence entre le cuir de sa tenue et celui de sa peau.

Hrist trempée comme une soupe avait une expression orageuse, évoquant plus une effusion de sang qu'un assentiment. Elle observait au loin son crétin de poney s'enfuir sans elle.

« C'est comme ça que vous percevez l'argent, espèce de malade ? Vous êtes sur les terres d'Omyre, vous n'avez pas autorité sur moi, je vous ordonne de...»

« Je vis ici ! Ce pont est à moi et je décide qui passe ou non. C'est moi le maître ici, Omyre ou non. »
« Vous croyez ? »


D'un geste fluide elle fit courir la lame sur la gorge barbue de son captif. Le gardien du pont recula d'un pas, apeuré. Il avait entendu sans mal le chuintement du métal sur la peau. La victime de Hrist s'avança d'un pas lorsqu'elle le repoussa avec un air de dédain. La coupure avait été propre et fine, elle ne saignait pas encore mais l'homme se savait condamné. Il gémit et lorsque les muscles de sa gorge jouèrent, la plaie s'ouvrit. Bien que peu profonde, elle laissait couler de sang, assez pour qu'il en perde connaissance et s'effondre sur le pont.

Hrist enjamba son corps et marcha vers le seul obstacle qui se dressait entre elle et l'autre côté du pont.

« A cause de toi, j'ai perdu mon cheval, crétin. »

Il essaya de tirer une petite dague de sa tenue mais avant qu'il ne puisse, Hrist lui pointa son arme droit sur le cœur.

« Attendez !! » Cria-t-il d'un ton déchirant. Il cherchait ses mots, sachant que son sursis était de courte durée.
« Je.. Je peux vous aider ! Oui ! Ah, vous venez d'Omyre ? C'est parfait, vous auriez du le dire plus tôt, on ne taxe pas les gens d'Omyre hein... Pas vrai... » Dit-il en jetant un regard au cadavre qui se vidait de son sang devant lui. « Il n'a jamais été bavard de toutes façons. Je vais vous aider ! »

Hrist ne pu cacher un sourire amusé.
« J'apprécie ton aide. J'en avais grand besoin même... Voici ta chance, trouve moi un cheval et un moyen de passer la frontière. Attends... J'oubliais, tu n'es qu'un sinistre voleur. » Elle enfonça sa lame.

« Naaaaooon ! » Il cria encore plus fort. « Je peux pas trouver un cheval, mais je sais ! J'ai voulu faire payer des contrebandiers ! Ils sont pas loin ! Enfin, ils reviennent souvent. Ils s'arrêtent chez la vieille fermière, pas loin d'ici ! Si vous voulez, ils vous feront passer où vous voulez. Enfin, moyennant finance. Je crois. Mais... Vous avez toutes les cartes en main pour demander un petit prix. Un tout petit. Cette information vaut bien que je garde la vie sauve non ?!»

Hrist hésita un instant, les yeux plongés dans ceux de l'homme devant elle, quelques gouttes de sueur coulaient de ses cheveux bouclés et son air si misérable eut raison de son envie de meurtre.

« Au moins, tu as pris un bain... »

Hrist relâcha la morsure du métal sur l'homme.« Une ferme... Dis-tu ? »

Il réalisa. Puis sourit de toutes ses dents et lui indiqua avec beaucoup de précisions et de remerciements comment trouver la maison de la vieille. Hrist laissa tomber quelques pièces avant de reprendre sa route. L'homme de cuir alla quant à lui retrouver sa respiration au fond de ses chausses.


--- --- ---


Le chemin était presque intégralement recouvert de mauvaises herbes et sans les conseils de l'homme, Hrist aurait été incapable de trouver l'habitation de la vieille fermière. « Au moins, il y aura de quoi dormir au sec. Selon ses dires, les contrebandiers se servent de cette vieille ferme comme relai. S'ils ne sont pas déjà là, j'en saurais plus demain. »

Hrist passa quelques buissons et resta prudente, l'apparition d'une étrangère là où la contrebande a lieu est souvent mal vu, elle prit le temps de bien observer son environnement avant de continuer d'avancer.

Devant elle, sur un terrain plus dégagé se tenait un vieux bâtiment au ras du sol.
«... C'est ça une ferme ? Celles que j'ai vu étaient mieux fichues. S'il s'est moqué de moi, je l'ouvre en deux. » Dit-elle en avançant d'un pas décidé. Quelques bruits attiraient alors son attention. Des poules miteuses et maigres avançaient ça et là dans les vestiges d'une cour.

La vieille fermière n'avait pas manqué l'arrivée de l'étrangère et bondit hors de chez elle armée d'une fourche. Elle était d'un misérable et d'une maigreur à faire peur, ses yeux étaient coincés entre des joues creusées et des cavités sombres et sales. Même si elle semblait avoir assez d'énergie pour défendre ses quelques poulets, elle n'attaqua pas l'inconnue mais lui adressa un regard sans équivoque.

« Du calme, grand-mère. Je viens voir les contr... Les marchands. Il y a bien des marchands qui viennent ici s'arrêter ? »

Elle cracha par terre et reconnu que oui, qu'autrefois il s'agissait d'une auberge devenue ferme et devenue taudis. Hrist n'avait pas beaucoup de solution pour amadouer la vieille folle que de lui jeter quelques pièces dans lesquelles elle mordit scrupuleusement de tous ses chicots restants.

« Alors... Grand-mère ? Je peux passer la journée ici à attendre les marchands ? »
Elle n'osait pas dire " contrebandiers ", d'ailleurs, il était probable que la vieille ignore le sens de ce mot et que les dits contrebandiers profitaient de sa sénilité pour établir leur point de halte.

La vieille contre-indiqua que Hrist ne pourrait pas toucher à ses poulets. « Humpf... Vu leur état, il faudrait les cuire pendant des heures avant d'espérer pouvoir en manger un, pas de risque, où est-ce que..»
La vieille fermière interrompit sur le champ la femme, vantant la grande qualité de ses poulets et combien les gens la suppliaient d'en acheter, chose qu'elle refusait toujours. Hrist grimaça, craignant de devoir passer longtemps avec elle et de perdre définitivement le peu de patience qu'elle avait à offrir à une vieille fermière.

La demeure principale était interdite, Hrist n'avait pu que passer la tête dans l'embrasure de la porte, tout était sombre et fermé, l'odeur de pisse et d'animaux lui flanqua un haut-le-cœur et de toutes façons, il n'y avait rien de bien intéressant dedans. C'est dans une sorte de grande que Hrist allait passer le temps. Elle estimait nécessaire de se reposer en attendant les contrebandiers.

Les paillasses n'avaient pas été changées depuis des mois, elles avaient entretemps servie de litière pour animaux et étaient infestées par la vermine et la crasse, hors de question de s'allonger dessus. Hrist préféra le sol de la grange qui était encore " propre " si elle ne s'attardait pas trop sur les détails, et bien qu'il soit dur, il offrait quelque chose de sec et elle avait un toit au dessus de la tête et aucun courant d'air ne venait lui refroidir le corps. Elle s'endormit comme une masse.

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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Sam 3 Jan 2015 19:04 
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Le sommeil n'avait pas été confortable mais il lui avait permis de reprendre ses esprits. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle entendit des bruits non loin de la grange délabrée où elle se trouvait. Elle glissa la tête dans l'embrasure et vit un peu d'agitation. Il y avait quelques chariots qu'elle n'avait pas entendu arriver et des hommes qui faisaient griller de la viande.

« Ta vigilance est légendaire, ma vieille. » Piailla Cèles tandis que Hrist rassemblait ses cheveux et épousseta sa tenue avant de s'aventurer dehors. Personne ne fit vraiment attention à son arrivée, les gars présents avaient étripé un porc entier et le faisaient rôtir au dessus de braises. L'un d'eux tournait lentement la manivelle et ses compères tentaient tant bien que mal de retenir deux chiens affamés qui essayaient de dérober un morceau. Mais l'odeur si forte de la viande les rendait fous et les coups de bottes et insultes n'entamaient en rien leur détermination.

Non loin, quelques autres jouaient aux dès, un petit vent soufflait dans les capuches et les capes des hommes, mines basses. Les autres assis un peu partout fumaient une pipe ou transportaient de lourds caissons sur les chariots. Certains buvaient simplement au pichet ce qui semblait être de la bière.

Sa présence ne semblait gêner personne. Quelques hommes lui adressaient un signe de tête en guise de salut et retournaient vaquer à leurs occupations. L'un d'eux lui jeta même dans les mains une moitié de tourte. Hrist interloquée lui jeta un regard surpris. Il lui annonça l'offrir de bon cœur. C'est vrai que la tenue de Hrist avait souffert et qu'on pouvait facilement la prendre pour une rôdeuse ou une vagabonde. Elle vérifia que ses armes étaient bien cachées en passant la main sur sa ceinture. Un autre homme dit :

« Pas besoin de payer ma p'tite. C'est de la charité. »

Elle ne sut pas exactement comment accepter la nouvelle qu'on lui fit obole mais ravalant sa fierté et son égo, Hrist ne dit rien et accepta de mordre dans la tourte. La pâte était très sèche, voire même dure mais le mouton et les oignons étaient savoureux et bien salés. Lorsqu'elle eut terminé, les hommes s'attaquaient déjà au cochon en découpant de grosses tranches dans les filets fumants. Ils dévoraient la bête avec les doigts et ceux dont les dents étaient trop vieilles ou abîmées se contentaient de sucer les os et le gras luisant qui coulait le long des doigts et des mentons.

Hrist ne vit pas la vieille mais quelques bruits à l'intérieur de la maison trahirent sa présence.
« Craignez rien ma p'tite. Elle a plus sa tête depuis longtemps. Face-de-cuir m'a prévenu que je serai attendu ici. Alors, c'est bien vous qui avez tué son compère ? » Il cracha par terre, Hrist hésita à répondre immédiatement. Il poursuivit.
« Qu'importe, vous avez bien fait. Mais tuez pas face de cuir. Il m'est utile de temps en temps, des gars comme lui on en trouve pas tous les jours. »
« Il n'avait pas l'air d'avoir toute sa tête... »
L'homme ria de bon coeur et lui adressa une tape sur l'épaule.
« Ah, ça, pour sûr. Il est fou. Il parlait encore à son ami quand on est passés sur le pont, et croyez moi, les mouches infestaient déjà sa bouche. Enfin, parlons peu, parlons bien, parlons affaires. Qu'est ce qu'elle fait passer et où ? »

Hrist observa brièvement autour d'elle. Les affaires se faisaient donc sous le manteau, en vitesse et il allait probablement décider si oui ou non il accepterait de la faire passer.
« Juste moi. Je dois aller à Lebher. » Elle hésita un instant à parler de sa mise à prix, mais si l'homme décidait de l'envoyer devant la milice, elle n'avait pas les fonds pour rivaliser contre la prime qui pendait au dessus de sa tête. Il y avait de quoi mettre à mal toutes les loyautés du continent.

Il se gratta la barbe et comprit presque tout de suite.
« Ca ma p'tite, c'est presque une insulte à mon talent mais... Si un garde venait à vous trouver, j'dois savoir quelque chose à votre sujet ? »

« Et bien... Tout ce que vous devez savoir, c'est qu'il vaut mieux que personne ne me trouve. » Et glissa entre les doigts de l'homme quelques pièces sonnantes. Il ferma la main.

« Si vous êtes hautement recherchée, j'dois vous dire que le voyage sera pas confortable, on passe des armes et des pierres précieuses par Air-Gris, vous connaissez sûrement. Cela dit, j'ai pas beaucoup de solution pour vous... Si ce n'est les salaisons. »

Hrist leva un sourcil interrogatif.
« Vous vous sentez de passer quelques heures dans un baril de sel et de viande ? »

Elle haussa les épaules, peu ravie de cette option, elle évaluait les autres solutions qui lui restait et décida qu'au moins, même dans un tas de viande, elle irait plus vite et courrait moins de risque que de prendre la mer en se rendant directement à Kendra Kâr. Et les engins volants d'Air-Gris, à sa connaissance, se trouvaient toujours en dehors des villes.

Elle tendit la main en guise d'acceptation et il la lui serra.

« On part au milieu de la nuit, le vol aura lieu à l'aube, nous sommes à moins d'un jour de route et si on le rate, il faudra attendre la mi-journée. J'vous conseille de dormir un peu, le voyage sera pas reposant. » Il prit congé et se rendit vers ses amis, aidant l'un d'eux à ramasser un des hommes tombé à terre, ivre. On le remercia d'une tape sur le dos et ils rotèrent, heureux visiblement.

« Et bien... Allons dormir un peu.»

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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Dim 4 Jan 2015 19:12 
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Mieux reposée, Hrist avait cette fois-ci entendu les mouvements et les bruits de pas à côté d'elle. Comateuse, elle se dressa et resta assise quelques instants à fixer le noir, encore embuée de sommeil. Il fallait y aller. Les hommes dehors hissaient de lourdes cargaisons sur des chariots et rameutaient les chiens dans ces derniers.

Elle quitta la grange, presque étonnée de voir un tel mouvement au creux de la nuit en ayant vu certains de ces hommes abuser de la boisson quelques heures plutôt. Elle chercha l'homme a qui elle avait parlé la veille mais c'est lui qui vint à sa rencontre, il lui attrapa doucement le coude et de l'autre main, l'invita à le suivre.

Derrière la petite chaumière délabrée, quelques gaillards dissimulaient des pierres en les avalant à l'aide de mie de pain, quand elles étaient trop grosses, ils trouvaient toujours moyen de les cacher dans un double fond de tonneau ou cousaient leurs vêtements.

« Sous les capuches. C'est plus discret et ça ne déforme pas les vêtements. J'ai même pu faire passer un joli calice. » Dit-il tout fier. Il lui désigna un tonneau.
« J'préfère pas prendre de risques. On aura peut-être pas l'occasion de vous cacher plus tard, autant le faire maintenant. Vous voulez me donner quelque chose ? Votre matériel ? Des étoffes ? J'ai pas l'impression que vous ayez quoique ce soit de grande valeur sur vous, mais on sait jamais. »
« On ne sait jamais comment les situations tournent. Je garde tout. »

Il se gratta la tête et hésita un instant.
« J'crois avoir remarqué que vous avez une arme à la ceinture. Le sel attaque un peu le fer, mais j'ai une solution pour ça aussi. L'vieux Ulrik a toujours une solution. » Il alla se rendre derrière un petit chariot de traine, caressant la tête d'un cabot au passage. On entendit fouiller dans quelque chose, soulever un récipient et un raffut métallique. Hrist croisa les bras et attendit son retour, ne prêtant pas attention aux hommes autour d'elle qui, la mine basse, effaçaient les dernières traces de leur passage sur les lieux.

Ulrik revint avec une fiole de vin qu'il agita en l'air avec un sourire malgracieux.
« Une bonne huile. Ca n'abîme pas la viande et ça vous protégera des rougeurs du sel. Même si vous voyagerez pas longtemps, ça pourrait être utile. Enduisez-vous d'ça. »

Hrist dé-bouchonna la flasque et posa son nez sur le goulot. Il était gras mais avait une odeur agréable de pins et de fruits macérés. Elle en laissa couleur un filet le long de sa main et s'arrêta.

« M'enduire d'huile, me ficher dans le sel... Vous me prenez pour une épaule de veau ? »
Ulrik croisa les bras et dit :
« Je peux aussi vous rendre votre argent et vous laisser tenter votre chance par la mer. Vous en aurez pour une petite semaine de voyage. Avec moi, vous serez à Lebher ce soir. »

Ils restèrent se regarder un court instant dans le blanc des yeux et Hrist céda et versa l'huile directement sur sa tête.

« Oubliez pas vos vêtements, vos bottes, les lames et insistez bien sur votre peau découverte. Un pauv' gars un jour a eu une sale infection à cause de ça. »

Elle leva un sourcil étonné, et avant qu'elle ne demande pourquoi il avait oublié cette information, il enchaîna :

« Tout va bien s'passer ma p'tite. Entrez dans le tonneau, on va saler. »

Hrist entra dans le tonneau massif de chêne que deux gars penchaient vers elle pour faciliter la montée. Une fois assise, du plus confortablement qu'il lui était possible, les hommes jetèrent quelques chiffons, des peaux de bêtes pour la recouvrir un minimum. Ulrik passa sa tête au dessus du tonneau et tendit un roseau coupé et poli.
« Tenez. Vous aurez besoin de ça pour respirer. Si vous avez du sel dans la bouche, crachez le. »
Ils salèrent. Les morceaux de viandes furent ajouté à la fin et elle entendit finalement le couvercle se fermer.

Le tonneau fut transporté sur un chariot, elle pouvait le sentir, entendant les souffles des hommes qui le transportaient et du fait qu'il remuait de façon irrégulière. On posa le tonneau qu'on poussa dans un raclement de bois, puis il fut recouvert d'un linge, comme tous les autres. Le chariot se mit en route.

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Route entre Bouhen et Omyre
MessagePosté: Mer 25 Avr 2018 16:29 
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Si le début du voyage, d'Omyre aux bois sombres, sembla fort routinier et inintéressant à Kurgoth tant il avait déjà voyagé ces derniers temps entre la cité noire et les duchés des montagnes, sa traversée du continent pris une tout autre tournure à son arrivée dans la forêt marquant la frontière entre l'empire oaxien et la république d'Ynorie. Bien que ces bois de conifères pouvaient à première vue être une réplique de ceux de haute montagne, impression accentuée par la neige de cette fin d'hiver qui recouvrait encore une partie de la forêt, l'ambiance était ici bien différente. Bien qu'il ne fût d'aucune manière lié à Ter Zignok, le barbare ne tarda pas à la ressentir et, au moins au début, à s'en délecter. Les troncs noirs et tordus ainsi que les branches griffues ayant perdu la plupart de leurs aiguilles et cachant de plus en plus le ciel de leurs ombres malsaines à mesure que l'on s'enfonçait dans les bois, se fondant dans une brume menaçante rappelèrent en effet au prêtre de Thimoros l'atmosphère du temple de son dieu. Le voyageur apprécia donc son premier jour à marcher dans les sous-bois. Il se sentait chez lui ici, dans cet environnement sombre, propice à tout prédateur voulant surveiller discrètement sa proie avant le lui sauter à la gorge. Seul une légère anxiété à l'égard de ces bois le dérangeait, mais comme il ne parvint à en trouver précisément l'origine, il préféra l'attribuer à ce qui l'attendait par la suite plutôt qu'en ce lieu qui lui était à la fois totalement inconnu et très familier.

Kurgoth avançait dans la brume nocturne. Il n'était pas inquiet le moins du monde par ce qui pouvait l'entourer, après tout, il se savait chez lui. Bien que cela ne le dérangeât plus depuis longtemps en raison de son adolescence dans un groupe de pillards, il n'était plus perdu au fond des bois, mais dans un lieu dont il aurait pu tracer les plans les yeux fermés, si toutefois il avait été doué en dessin. Il sentait les pavés défoncés défiler sous ses pas et les odeurs de sang croupi affluer à son museau et se savait dans le temple de Thimoros à Omyre. S'il ne s'expliquait pas la présence de brouillard dans l'édifice, il attribua ça à une manipulation magique et continua d'avancer dans les ombres à la recherche du grand prêtre. Une silhouette finit par se dessiner dans le brouillard, mais bien qu'il avance dans sa direction, Kurgoth ne parvint pas à s'en approcher, comme si elle restait à distance. Soudain la forme humanoïde à la carrure aussi impressionnante que le maître des lieux sembla se retourner ver le barbare dévoila deux yeux dont la lueur incandescente traversait le brouillard comme s'il s'agissait de deux braises rougeoyantes dans la nuit. Surpris, Kurgoth s'immobilisa et la brume se fit rapidement de plus en plus dense autour de lui. Pour ne pas perdre de vue ce qui se tenait devant lui, le garzok s'élança en avant, mais trop tard. Il était à présent seul dans la brume sans aucun repère. Il faisait trop sombre pour qu'il puisse y voir quelque chose, même avec ses yeux sensibles et les pavés sous ses pieds semblaient à leur tour se déformer et perdre leur consistance. Kurgoth n'aimait pas ça, il sentit que tout cela était magique et cela l'enrageait. Il détestait la magie depuis toujours car il ne pouvait l'utiliser et n'avait aucun moyen de s'en protéger. Il se sentait alors faible et vulnérable face à ses forces le dépassant, lui qui était habituellement si fort et dépassait de son imposante carrure ceux qu'il croisait. Il sortit alors sa kitranche, bien décidé à l'utiliser sur tout ce qui se présenterait devant lui et qu'il jugerait immédiatement comme responsable de ce maléfice, mais s'immobilisa brusquement, tétanisé. Devant lui les deux yeux rougeoyants étaient réapparus. Mais ils furent presque instantanément rejoins par d'autres, entourant le garzok. Prêt à frapper au moindre mouvement, le barbare sentit une brise souffler sur sa peau et vit la brume se dissiper légèrement. Il était de retour dans cette forêt aux arbres noirs et tordus dont les branches griffues menaçaient de prendre de vie pour le déchiqueter à chaque instant. Il entendit bouger dans les fourrés, au niveau des yeux étincelants mais lorsqu'il voulut frapper le premier, ce fut déjà trop tard, tout un groupe de créatures à la fourrure sombre bondissait déjà sur lui comme un seul être.

Kurgoth émergea alors de son cauchemar en hurlant et, par réflexe, roula vers sa kitranche avant de scruter frénétiquement les alentours, arme en main, tandis que des gouttes de sueur froide perlaient sur son visage défiguré. Il ne remarqua tout d'abord pas que malgré son hurlement, aucun bruissement de feuilles, battement d'ailes ou cri d'oiseau apeuré ne lui répondit cela vint après quelques instants et ne fit qu'accentuer son sentiment d'insécurité. Le garzok savait à présent exactement d'où venait son anxiété ; s'il appréciait l'hostilité dégagée du temple d'Omyre, c'est qu'il y était le prédateur alors que dans cette forêt lugubre, il n'était qu'une proie perdue et isolée parmi tant d'autres, à la merci du maître des lieux. Son anxiété se fit alors angoisse et, sans perdre un instant de plus, la barbare ramassa ses affaires et se remit en route pour quitter au plus vite les bois sombres.

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