Petit à petit, les nuages noirs se dispersent, entrainant une apparition timide de l'astre solaire. Le sol est boueux, mais cela ne semble décourager aucun des badauds ici présent et les bavardages vont bon train. Qu'elle allait être le message du Roi? Qu'elles étaient les vraies raisons de la famine? Comment allaient-ils y remédier? Toutes ces questions ne vont pas tarder à trouver leurs réponses. En effet, vous pouvez tous voir un homme vêtu sobrement d'une simple tunique noire. Petit, mais plutôt beau garçon avec ses longs cheveux blonds encadrant un visage gracile, il avance d'une démarche souple et assurée.

Une fois sur l'estrade, il fait taire la foule d'un simple signe de la main, déroule un parchemin et s'éclaircit la voix avant de prendre la parole.

"Peuple Kendran! Le royaume est en crise! La famine a envahi nos foyers, VOS foyers, mais le roi pense à son peuple et ne l'abandonne pas. Notre bon seigneur compte réagir et trouver ce mage, car oui citoyens, un puissant mage est derrière tout ça."

Le héraut du roi s'arrête un instant, la foule est captivée et parfaitement silencieuse.

"Pourquoi ne pas envoyer des soldats me direz vous ? Tout simplement car les vaillants hommes du roi aident et protègent le peuple, mais nous avons un autre moyen. VOUS pouvez sauver le royaume! Si l'on m'a envoyé ici, c'est pour quérir quelques volontaires afin de créer un corps expéditionnaire. Peuple Kendran, ou aventuriers de passage! Simples paysans ou guerriers aguerris! Aidez le royaume! Le roi saura récompenser votre courage."

Il ne dit plus un mot, attendant que quelques personnes se manifestent.

La demoiselle poursuivit son numéro, comme si elle n’avait rien à prouver à quiconque, et qu’elle faisait ça uniquement pour s’autosatisfaire. La frousse visible du barman était évidente, et tangible. Ce pleutre tremblait comme une feuille morte, derrière son bar. Afin de combler sa terreur, elle projeta son illusion magique sur le pauvre homme, qui bondit en arrière en voulant se protéger, détruisant ainsi plusieurs bouteilles de son étal. Gurth eut un sourire mauvais, accompagné d’un froncement de sourcils. Si la panique de cet homme était satisfaisante, il n’en était rien du gâchis d’alcool qui se déversait derrière lui. Pas même une goutte de sang, juste de la peur. La demoiselle au regard changeant avait un fond de trouble-paix. Une faiseuse de soucis. Et elle semblait aussi avoir un culot énorme, qui ne perturba pas Gurth pour autant, qui question d’énormité, était bien souvent au-delà de toute norme.

Puis, elle affirma que l’idée qu’il avait derrière la tête n’était pas bonne. L’Ogre se renfrogna. Qu’en savait-elle ? Et si elle le savait, de quel droit pourrait-elle juger de ce que lui semblait propice à faire. Ses sourcils se froncèrent davantage, et son sourire se perdit en une moue dépréciatrice. Mais elle n’avait pas fini d’épater la galerie : l’instant d’après, voilà qu’elle donna sans préavis le nom de l’obèse, accompagné d’un titre qu’on ne lui confiait jamais : celui de Seigneur. Si le sang de son comte d’oncle coulait dans ses veines, cet état de fait n’avait jamais été mis en avant. Gurth ne se sentait pas noble, riche, célèbre. Il était juste un instrument des Dieux Sombres. Un messager de haine et de mort. Rien d’autre. Et il doutait que la jeune elfe fit référence à ça… Elle avait beau être elfique, et sans doute posséder des pouvoirs ancestraux, elle n’en était pas moins une vivante, friable et consumable.

Il n’eut le temps de répondre que le paysan à ses côtés interrompit leur court entretien pour se montrer courtois. Gurth renacla, grogna, et les regarda tous les deux avec un air mauvais. Il se moquait de l’image qu’il laissait.

« Gardez vos titres pompeux, aucun ne saurait me convenir. Gurth Von Lasch est mon nom, et je ne me plie à l’appel d’aucun Roi. Si je suis ici, c’est par la décision de Tulorim d’aider Kendra Kâr, et non une réponse à un appel. »

Il cracha par terre, et se rendit compte que la pluie s’était arrêtée, et que les nuages s’écartaient pour laisser filtrer un rai de lumière sur la place. Au centre du marché, une estrade était dressée, et deux hommes, des gardes royaux, attendaient dessus. Bien vite vint les rejoindre un troisième, de noir encapé, assez jeune. Quelques badauds s’arrêtèrent pour l’écouter, et l’attention de Gurth fut également portée sur lui. Un héraut. Un héraut royal. Son discours était lamentable, et n’attirerait sans doute pas les foules. Il était alarmiste, malhabile dans ses mots, et affirmait haut et fort l’inefficacité de l’armée de la Cité Blanche contre le problème, quémandant lamentablement l’aide de ses habitants pour sauver la ville de cette disette, de cette famine.

Il se leva de son tabouret, sans plus un regard pour les deux autres, et s’avança vers le centre de la place avec de larges enjambées. Son capuchon noir était toujours rabattu sur son crâne chauve, et ses sandales de cuir grinçaient à chaque pas leur sinistre plainte. Il grimpa sur l’estrade pour clamer ce qu’il avait à dire en réponse au héraut, afin que le peuple l’entende. Sa voix tonnante et graveleuse retentit sur la place…

« Il ne sera pas dit que Tulorim ne sera pas venue en aide à sa voisine. »

Puis, plus bas, alors qu’il se tournait vers le héraut avec un regard menaçant, le dominant de toute sa taille imposante.

« Faites en sorte que Kendra Kâr ne l’oublie pas. Je suis Gurth Von Lasch, envoyé du Comte Freush Von Lasch de Tulorim, afin d’apporter mon aide. »

Oui, le message diplomatique était passé. Presque menaçant, dans le ton, cependant. Ce qui demeurait caché, c’était la raison pour laquelle Tulorim l’avait envoyé, lui, serviteur du mal. Cette mission était à double tranchant. Un officiel, diplomatique. Et un autre, ténébreux et cruel… Il se tourna vers la foule pour la toiser de son regard opalin, grimaçant sous sa capuche.

La réponse de cette brute est à son image, infecte, je le regarde craché par terre et renâcler. Je ne peux réprimer une moue dépréciatrice. Finalement l'averse se tait, laissant place a quelques rayons timide. Je me gratte la tête, que puis je répondre à ce molosse sans y risquer un bras, aucune idée ne me vient en tête et comme pour me sortir d'un mauvais pas l'ambassadeur du roi fait enfin son apparition sur l'estrade.

Je regarde du coin de l'oeil Hirst, mais elle est déjà plus là, j'étais obnubilé par ce monstre, que je ne l'ai pas vue s'éclipser. Quelle femme étrange, elle laisse sur moi une aura d'interrogation, auxquels je doute avoir des réponses un jour.

Finalement Gurth sans se soucier plus de moi, répond à l'appel, toujours dans son attitude néfaste et négative. Je regarde incrédule la foule personne d'autre ne semble se présenter. Je vais devoir faire équipe avec ce fanatique et cela me désole.

Je m'apprête à faire mon entrée quand une voie coupe mon élan. Un jeune homme, plutôt élancer portant une jeune fille sur les épaules se présente. Je ne distingue pas son visage, elle le dissimule derrière une capuche faite dans la gueule d'un loup, mais le jeune homme annonce leur lieu d'origine. Un léger frisson, souvenirs des histoires d'enfant me parcoure, quand j'entends le nom de Fenris.

Me reste plus qu'à faire mon introduction, je fais quelques pats, plongeant mes houseaux dans la boue. Ils en ont vu d'autres, les pauvres. J'avance ma masse, silencieux, à travers l'attroupement. Certains me regardent avec étonnement, d'autres sont incrédule et certains ricanent. Je monte sur l'estrade, jaugeant mes futurs coéquipiers et me poste devant l'annonceur.

Ybeild, Kendran.

Entrée plus que discrète, mais je n'ai rien de plus à dire. Je me poste au côté de la grosse brute, il est important qu'il sache que je n'ai pas peur de lui et puis je ne connais pas encore les autres. Peut-être qu'ils sont comme Hirst, lame funeste dans un écrin de couleur et de douceur. Soyons prudent, aux moins avec Gurth je sais à quoi m'en tenir.

La pluie cessa enfin, je n’étais pas dehors depuis bien longtemps, mais assez pour sentir l’eau choir sur ma tête trempant mes cheveux et la boue salir mes chaussures. La foule devant l’estrade continuait de jacasser jusqu’à ce qu’un homme en tunique noir face son apparition. Il s’avança assurément et récita les mots du roi écrit sur le parchemin qu’il avait en main. C’était le message du roi concernant la famine. Il demandait des volontaires pour aider le peuple de Kendra-Kâr au lieu d’envoyer ses soldats qui protégeaient le peuple. La seul phrase qui retenue vraiment mon attention fut la dernière du message, celle qui parlait de récompenser les braves. C’était après tout la première raison qui m’avait poussé à accompagner Allen jusqu’ici.

Suite au message, un géant s’avança sur l’estrade et apporta sa candidature d’une voix forte. Je frémis à l’entente de son nom. Gurth Von Lasch de Tulorim dit l’Ogre de Tulorim. Native de Tulorim, j’avais souvent entendu des histoires horribles sur ce sombre personnage et m’étais toujours débrouillé pour ne pas le croiser par hasard. Mais voilà qu’il se présentait pour aider le peuple kendran. Je n’étais plus aussi sûr de vouloir aider le peuple avec celui-là dans les rangs.

Un homme arriva avec sur ses épaules une petite fille. Elle contrastait avec celui qui la portait, elle était si blanche qu’on aurait dit un fantôme. L’homme souriant présenta lui aussi sa candidature, ainsi que deux autres. Celles d’un dojo et des Phalanges de Fenris. La petite devait faire partie du dernier groupe avec son apparence typique de ce peuple. Cependant je voyais mal comment elle pourrait venir en aide à un peuple entier.

Venait ensuite un autre homme, un paysan à voir son apparence, qui se présenta des plus simplement comparer aux deux autres. Sans titre particulier, il devait faire partie du peuple kendran lui-même et venait porter secours à son peuple dans le besoin. Il alla se poster à côté de l’Ogre.

Ce fut notre tour, Allen nous présenta avant que je n’ai pu décider si je restais ou si je partais. Je n’avais plus le choix, il m’entraina vers les autres courageux qui allaient sauver la cité blanche. J’essayais de sourire et de cacher mon malaise de me retrouver devant cette foule et en compagnie du géant qui alimentait les histoires pour faire peur aux enfants. J’espérais que ce ne soit que des histoires et non la réalité. Je me consolais en pensant qu’Allen était avec moi et que les autres volontaires semblaient plus sympathiques que le seigneur Von Lasch.

En voyant Gurth monter sur l'estrade et faire son petit discours, le héraut déglutit bruyamment et avec difficulté, mais il se reprend vite quand Ringo et tout les autres volontaires arrivent les uns après les autres. Il note les noms de tous sur un parchemin et regarde dans la foule. Une voix que Ringo connait retentit alors dans l'assemblée.

"Je suis en retard ? Amako, je vous aiderai au nom du Dojo des Danseurs de Sabres d'Oranan."

Le bel Oranien monte sur l'estrade et va se poser près de Ringo. Quelques secondes plus tard, c'est une jeune et séduisante Kendranne peu vêtue et accompagnée d'un Bratien la tête dans les nuages qui prend la parole.

"Vous avez le soutien de la Société de Midi-Minuit. Je suis Elina."
"Je suis un ménestrel itinérant et j'aiderai le royaume Kendran. Imaro tel est mon nom et avec joie j'accomplirai ma mission."

Le héraut du roi semble reprendre confiance avec l'arrivée de ces trois nouveaux volontaires et reprends la parole.

"N'y a-t-il personne d'autre? Soit, alors qui prendra le commandement de cet..."

Il n'a même pas le temps de finir sa phrase qu'une voix de stentor l'interrompt. La foule semble réagir à l'apparition d'un homme, de grande stature et vous pouvez entendre des "Victoire!" ou des "Nous sommes sauvés!" un peu partout.

"Moi, Isaac Engrimh, je mets encore une fois ma hache au service du royaume Kendran et jure sur mon honneur de le sauver! Je prendrai le commandement de cette troupe de volontaires!"
"Et Louanah l'accompagne!"

Comme si tout était déjà réglé, la foule exulte et pousse des hurlements de joie. Cet Isaac semble avoir une sacrée réputation par ici.

"Bien, bien, bien, si le grand Isaac est là, nous ne risquons plus rien. Encourageons tous ces valeureux aventuriers qui se battent pour nous citoyens."

Vous êtes tous acclamés par la foule et les deux gardes qui étaient présent sur l'estrade vous guident vers les portes de la ville. Au milieu de badauds implorants et avides d'effleurer leurs héros. Une fois aux portes de la cité, les gardes vous souhaitent bonne chance et vous conseillent de commencer à enquêter au plus vite.

Je regarde un à un les héros se présenter. Mes compagnons les jauge tout comme je sens leurs regards se poser sur ma personne. Je me garde d'avoir un avis. Le danseur de sabre, un long guerrier aux traits fins se présente, il a fier allure dans ses affaires et arrive sur l'estrade avec grâce. Puis ses deux jeunes femmes, l'une kendrane, peu vêtu et aux formes chaloupés et l'autre petite blonde tirée par son compagnon, elle semble timide et réservé. Un non humain se présente, un bratien, le pelage gris et bercé par l'intriguant aura dû à sa race. C'est quand je vois le dernier guerrier se présenter que mon coeur s'emballe, Isaac Enhgrim, j'en crois pas mes yeux. Je vais faire un bout de chemin avec lui. Si mon père me voyait je sais qu'il serait fier de moi, lui qui parlait de sieur Enhgrim comme un héros, un brave parmi les braves. Et moi, son fils, simple paysan vais avoir l'honneur de chevaucher à ses côtés. Je ne peux dissimuler mon sourire qui s'affiche sur mes lèvres, tel un gamin devant un présent, le coeur encore bordé de l'espérance de la surprise.

Je regarde mon compère et son visage terne et taciturne calme mon bonheur rapidement. Je soupire et me reprend, je ne veux pas passer pour un imbécile heureux.

Je remarque à peine la petite Louanah qui suit le grand guerrier, tant mon excitation est grande.

La foule crie, hurle son nom et je me sens à l'unissons avec eux, bien que je garde ma réserve.

Nous prenons le départ et l'envie d'approcher Isaac me submerge, je tente de me faufiler dans la file, mais je me heurte au jeune éphèbe portant la petite fille louve sur ses épaules.

Je reste incrédule et les fixes l'espace d'un instant avant que ma langue se délie.

Excusez-moi, je me nome Ybeild, je ne voulais pas...

Cesse de t'excusez t'as l'air d'un servant. Reprenant un ton plus assuré, je tends ma main au jeune homme.

Et vous ?

Je regarde la petite fille lui lâchant un clin d'oeil. Je me demande bien comment une petite fille si jeune puisse nous venir en aide, mais avec Isaac je sais que l'affaire est presque résolue.

Nombreux furent ceux qui, tout comme l’Ogre auparavant, rejoignirent la plateforme du centre du marché. Dès les premiers instants, Gurth eut une piètre opinion de tous ceux-là. À commencer par ce jeune freluquet qui affirmait sa présence et celle de ses comparses en parodiant les paroles du tulorain. Le monastère de Khan ? Ainsi était-il moine ? Qu’est-ce qu’un tel personnage venait faire dans une enquête sur la disette kendrane ? Surtout avec une petite fille au teint hâve et au visage dissimulé sous une pelure de loup, dont la gueule munie de crocs formait une penne à l’avant de sa petite tête aux longs cheveux blancs, dont quelques mèches s’échappaient pour descendre le long de sa robe. Une enfant bien étrange. Une Phalange de Fenris, un peuple méconnu de Gurth. Tout juste savait-il qu’ils vivaient loin, dans les monts enneigés d’un continent isolé. Ils avaient une réputation de terreurs sanguinaires, mais à voir cette petite, il douta de la véracité de ces rumeurs. Ils n’étaient qu’un peuple banal, à l’apparence tout juste assez spéciale pour effrayer les naïfs. Un peuple avec des enfants, donc. D’insupportables mômes qui ne méritaient rien de mieux que d’avoir la gorge tranchée sans pitié, pour étouffer leurs rires pleins de candeur, et leurs cris joyeux et innocents.

Fronçant davantage les sourcils, ce qui formait de lourdes rides d’expression sur son front lisse et dégarni, il détourna le regard de ce spectacle affligeant d’une alliance peu probable entre un moine et une enfant. Et ses yeux se dirigèrent naturellement vers la personne suivante qui prit la parole, s’approchant des tréteaux en bois du centre de la place. Le paysan du bar. Ainsi ce brave kendran des campagnes allait risquer sa vie misérable pour sauvegarder ses possessions. Et il semblait le faire d’une manière sobre et taiseuse. Comme s’il n’avait guère suffisamment de vocabulaire pour former une phrase complète, il se présenta simplement en citant son nom, et son origine. Un brave fermier. Il était insipide, aux yeux de Gurth. Comme un objet dans lequel il ne voyait que peu d’utilité. Non pas qu’il le méprisait, loin de là, mais il n’avait juste aucune valeur aux yeux de l’Ogre, si ce n’est peut-être d’être une cible potentielle de conversion religieuse. Car la haine des dieux sombres requérait du potentiel, et cet homme là, battit comme il l’était, saurait satisfaire un moment les divins noirs.

Mais deux autres personnes arrivaient, un homme et une femme, qui se tenaient par la main. Un couple qui se mettait au service d’une ville ? C’était du jamais vu. Le point positif était que pendant ce temps, ils n’enfanteraient pas, répandant la vie sur cette terre comme une vermine s’étendrait sur un tissu vivant. Puis, vinrent encore d’autres inconnus. Et sur chacun, Gurth posa un regard insistant et inquiétant. Un Ynorien sabreur, allié du jeune moine, une jeune femme peu vêtue affirmant représenter une société au nom obscur, un homme-loup miteux et maniéré, qui se présenta comme un poète, en des vers inutiles.

Et ce fut alors que la question du commandement de la troupe se fit poser. Le héraut, hésitant et maladroit dans sa manière de parler, posa dans le vent la question, comme s’il était incapable de choisir lui-même et de remplir la tâche qui lui était dévolue. De tous les prétendants, Gurth était le plus expérimenté, à n’en pas douter. Le plus âgé, aussi. Et même s’il n’avait aucune envie de ce poste de chef, il se fit à l’esprit qu’il lui reviendrait légitimement de droit.

Mais ses attentes furent coupées par l’intervention médiatisée par une foule soudainement en liesse de ce cher Isaac Grosse Hache, qui avança au centre de la place comme un héros traverserait une foule asservie à sa gloire. Visiblement, la réputation de cette brute n’était plus à refaire, ici bas. Et le héraut, trop content de n’avoir à lui-même choisir le dirigeant, s’appuya sur la populace pour nommer le barbare maître des rennes de l’expédition. Sous son capuchon, Gurth eut un sourire mauvais, malsain. Un regard que bien peu purent voir, puisque tous les regards étaient tournés vers le grand héros. Car si celui-ci était le chef d’expédition, il avait par contrat de son oncle tout pouvoir sur lui. Ainsi, comme son père, il se ferait le souverain de l’ombre, l’éminence grise de cette cible sur pieds. Oui, Isaac assumerait seul les responsabilités incombant à un chef d’expédition… Actant les conseils soufflés par l’obscurité incarnée… Seule cette peste ailée qui ne semblait pas le quitter mettait en doute cette sentence opportune. Mais l’instant n’était pas à l’esclandre : ils démarreraient vite l’aventure.

Les deux gardes ouvrirent la marche vers les portes de la ville, et l'obèse se tourna vers Isaac, pour lui dire d’une voix sèche et rauque :

« Allons-y. »

Un ordre qu’il serait obligé de suivre, malgré lui. Le ton n’avait pas été autoritaire, mais l’Ogre s’amusait de la situation dans lequel il mettait ce grand guerrier. Sans attendre de réponse, il se mit à marcher droit, avec de grandes enjambées. Sciemment, il se dirigea vers le couple et bouscula la jeune femme sur son passage… sans ménagement.

Le messager du roi prit en note nos noms sur son parchemin quand une voix retentit, c’était celle de celui qui représentait le Dojo des Danseurs de Sabres d’Oranan, qui alla se posé près de l’homme avec la petite fille sur les épaules. Une femme et un homme loup s’ajoutèrent au groupe, ainsi qu’un homme qui avait l’air bien populaire auprès du peuple kendran et une toute petite aldryde. Le porte-parole repris son discoure et la foule nous acclama. J’avais l’habitude de passer inaperçus parmi les badauds, mais là toute l’attention était portée sur moi. Non pas exactement sur moi, mais j’avais cette impression que tous envahissaient un espace qui m’étais réservé. Je me sentais étouffé et épié, pas juste par la foule qui se tenait en bas de l’estrade, une présence m’observait depuis que j’étais là, j’en étais sûr.

Les deux garde qui jusqu’à maintenant n’avaient rien dit nous guidèrent aux grandes portes de la cité. Pendant la courte marche, je fis bien attention de ne pas m’approcher de trop près de l’Ogre et je restais le plus proche possible de mon voleur. Peut-être que ce qui se racontait à son sujet était faux et qu’il ne dévorait pas les enfants, mais je préférais ne pas le savoir. Je pensais méthodiquement à la fillette recouverte d’une fourrure blanche, espérant qu’elle non plus ne s’approche pas trop. Je me contentais d’avancer en souriant au peuple guidé par les soldats.

Je trouvais qu’ils nous mettaient dehors assez rapidement, je n’avais pas passé un jour entier dans la cité. Mon attention se portait sur mes nouveaux compagnons. Nous semblions tous différents et nous avions tous le même but, sauver les habitants de Kendre-Kâr de la famine. Une cause honorable, mais je ne voyais pas ce qu’un certain géant faisait parmi nous. Ruminant ces pensées l’esprit captivé par elles, on me bouscula sans ménagement ni excuses.

« Hey! Faite atten… »

Mes mots s’en retournèrent au fond de ma bouche et je blêmissais à vue d’œil. Mes efforts pour me tenir loin de l’Ogre de Tulorim n’avait pas été assez grands. Je sentais mes genoux flageoler, mais je restais debout mal à l’aise. Pas question de tomber devant cette montagne aux allures lugubres.

Votre petit groupe est arrivé aux portes de la ville, pour certain les présentation sont faites et vous voila maintenant prêt à faire ce pour quoi vous vous êtes engagés: Sauver le peuple Kendran. Mais les choses ne se déroulent pas exactement comme vous auriez pu le prévoir. Avant que vous puissiez esquisser le moindre geste, une silhouette apparait devant vous et une fraction de seconde plus tard, un flash de lumière aveuglant.

(((Ce chapitre d'introduction très court est maintenant terminé, vous pourrez poster dans le chapitre 1 un fois celui-ci ouvert! L'aventure commence!)))