Quand Ybeild ouvre la porte...rien de bien intéressant se produit. Devant vous s'étend un long couloir aux murs parsemés de torches dont vous ne pouvez voir le bout. Vous pouvez juste apercevoir deux portes non loin, une de chaque côté du couloir, à quelques pas de vous.

Alors que Virina avait choisi une arme, la jeune dame, l’ogre et le paysan avait plutôt préféré opter pour une pièce de protection, des brassards pour la première, des bracelets d’or pour le second et une pièce d’armure pour le troisième. Une fois qu’elle eut attaché sa nouvelle acquisition à sa ceinture, Virina se tourna vers Miha et Ybeild et vit pour la première fois la vieille porte de bois. La jeune femme, prudente, inspectait déjà cette possible sortie alors que le paysan, plus impulsif, l’ouvrit et la franchit sans la moindre hésitation ou précaution.

Notre guerrière fronça légèrement les sourcils tout en réfléchissant. Les runes traduites par Gurth, indiquaient : pièges, trésors, druide fous, créatures et labyrinthes. Jusqu’à présent, ils avaient découverts les deux premiers, il restait à voir ce que réservait cette porte de bois usée.

Après quelques secondes de réflexion, elle décida d’emboîter le pas au paysan, tout en empoignant une fois de plus le bras de la jeune blondinette. Cette dernière semblait hésitante et Virina ne voulant pas que le groupe se sépare, s’assura ainsi de sa présence. Si elle n’avait pas été orque, ou si elle avait eu une once de civilité, Viriina aurait suggéré à la jeune femme de la suivre, plutôt que de la prendre de force. Ne voulant pas davantage avoir de boulet à porter, Virina relâcha Miha aussitôt la porte traversée.

La pièce qui se découvrait à eux, étaient en fait qu’un long couloir, si long qu’il semblait sans fin. Plus près, ils pouvaient distinguer, malgré le faible éclairage de la pièce, deux portes qui se faisaient face. Notre créature verte regarda une porte, puis l’autre sans dire un mot puis alla tout bonnement décrocher une torche. Étant une orque, elle bénéficiait d’une assez bonne vue dans l’obscurité, par contre, elle ne pouvait voir dans le noir total. Ne sachant ce que cachaient les deux portes, elle croyait nécessaire prévoir le coup en se munissant de l’une de ses torches, qui pouvait également servir d’armes.

Bien qu’elle préférait et de loin agir seule, elle avait compris la nécessité de rester grouper. Jusqu’à ce qu’elle retrouve sa taille normale, elle avait besoin de ces compagnons de fortunes et devait s’accommoder de leur présence. C’est ainsi qu’elle se décida de leur expliquer son point de vue.

« Piège et trésors sont maintenant choses du passé. Il reste druide fou, créatures, et labyrinthe. Si notre groupe se divise en deux cette fois, et encore en deux une autre fois, bientôt nous serons tous dispersés et le druide nous tuera un par un. Donc, il faut rester groupés. »

Notre vieille dame poussa un long soupir, elle détestait parler autant, mais cette fois c’était nécessaire. Elle se tourna vers le jeune oranien à la longue chevelure noire qui s’était montré arrogant envers la guerrière d’âge mur. Puis tout en fixant ses yeux rouges, elle lui dit sur un ton de défi :

« Toi qui est plus intelligent qu’un orque, dis-nous quelle porte choisir, et franchis-là en premier ! »

Ce jeune homme malveillant avait tenté de provoquer notre vieille créature, et celle-ci avait décidé de jouer le même jeu en le provoquant à son tour.

Quelques instant après je me fus posté devant la porte pour l’examiner et repérer un quel contre piège, le paysan l’ouvrit tout simplement. Comme ça sans prendre de précaution, heureusement qu’elle n’était pas piégé. Je restais immobile alors qu’Ybeild traversait déjà la porte. Je ne voulais pas traverser sans savoir ce qu’il y avait de l’autre côté, bien qu’il ne semblait rien arriver au paysan. Je regardais dans le couloir de l’autre côté. Il ne semblait pas y avoir de mouvement hostile, juste quelques torches sur les murs. Il n’y avait aucune raison d’avoir peur, et aucune raison de rester dans cette pièce remplie d’équipement. Avant que je ne fasse un seul pas pour traverser cette porte et aller dans le couloir, la garzok s’empara à nouveau de mon bras et m’entraina avec elle de l’autre côté. Sans trop avoir le choix je traversais donc la porte avec Virina, par chance elle ne voulait pas défoncer la porte cette fois-ci et elle me lâcha aussitôt que l’on avait traversé.

Le couloir était sombre malgré les torches qui étaient accrochées aux murs et qui l’éclairaient, mais la noirceur ne nous empêchait pas de voir les deux portes au bout du corridor. Virina qui s’était emparé d’une torche expliqua ce qu’elle comprenait et souhaitait de la situation. Je pensais exactement la même chose qu’elle, les pierres nous avaient indiquées le piège et nous étions tombés sur le trésor, ce couloir devait être le labyrinthe qui nous mènerait au druide fou. Tout ce tenait, il ne restait plus qu’à se sortir de là. La dame verte désirait que nous ne nous séparions pas, je le souhaitais aussi. Tous ensembles nous étions plus forts et plus capable de vaincre le magicien.
Je fis quelques pas dans le couloir avant que la dame verte ne s’adresse à l’homme aux longs cheveux noirs et aux yeux rouges, elle lui ordonnait de choisir la porte que l’on allait choisir. Je m’approchais d’elle et posais une main sur bras vert.

« Peut-être pourrions-nous cette fois-ci tous choisir et être d’accord sur la direction à prendre? »

Ce n’était pas en donnant des ordres que la paix allait régner dans notre petit groupe réunit par le hasard et le bruit d’une récompense. J’essayais de me montrer capable de changer un peu les choses. J’attendais de voir comment l’oranien allait réagir face aux provocations de la garzok et à ma tentative d’amener tout le monde à s’entendre.

Sans un mot, pendant que ses coéquipiers forcés revêtaient leur trouvaille avec allure, le paysan ouvrit la porte unique de la pièce, révélant l’existence d’un long couloir souterrain, éclairé par des torches fixées aux murs. Seules deux portes proches étaient visibles. S’il y en avait plus loin, Gurth était incapable de le dire. S’il avait été habitué à percer l’obscurité de ses yeux pâles, il n’en voyait pas pour autant dans le noir automatiquement. Et surtout, il préservait une vue humaine, bien loin de l’acuité visuelle de certaines créatures comme les elfes.

L’orque expliqua sa logique d’union tout en entraînant par-delà la porte la blondinette du groupe. Elle était imparable, bien qu’allant de soi. Et elle ponctua sa démonstration mathématique par une pique acérée envers l’Oranien, qui devait s’en taper royalement. Comme elle l’avait dit, si les pièges étaient à laisser derrière, ils ne devraient plus craindre que les monstres et le labyrinthe, avant de retrouver leur cher druide pour lui ôter toute vie et toute envie de nuire encore à Kendra Kâr.

Farouche, mais toujours aussi inefficace, la voleuse indiqua qu’il fallait nous concerter pour choisir la direction à prendre. Faire un conciliabule, atteindre un compromis. Tant de choses qui firent soupirer lourdement Gurth. Il souffla sombrement :

« Perte de temps. On va à droite ! »

Aucune négociation possible. Qu’ils soient contents ou non, ils seraient bien forcés de le suivre de toute façon, s’ils tenaient à la logique de Virina prônant un non-éparpillement. Shaar s’avança donc vers la porte de droite – et Gurth fut surpris d’une telle démonstration de latéralité chez un mort-vivant - et actionna la poignée de celle-ci pour l’ouvrir. L’Ogre, lui, était resté un peu en arrière. Il avait beau être persuadé de l’inexistence de pièges, il restait néanmoins des monstres à combattre. Bien sûr, il se lancerait sûrement au cœur du combat une fois ceux-ci révélés, mais il n’aimait guère l’idée de se faire prendre par surprise.

Devant moi s’écoule un couloir tapis dans l’obscurité latente, bercé par les flammes de torche fatigué. Deux portes au fond, nous offrent deux échappatoires ou nous plongerons un peu plus dans cet abysse. Virina pense comme moi alors qu’à son habitude elle empoigne une nouvelle fois son jouet préféré, Miha et la tire avec elle. Je regarde statique un peu étonné cette scène étrange. Les deux émettent alors la même idée, nous devons rester unis. Elles n’ont pas tort, ce dédale est surement là pour nous diviser, physiquement du moins car le lien psychologique n’existe pas dans ce groupe. Alors que Miha s’époumone à demander un choix collégiale de direction, Gurth la renvoie Paitre et choisis le chemin de droite.

Je regarde la blondinette, dépité devant cette réaction, mais que pouvions-nous attendre de cet ogre. Je m’approche d’elle, hume son parfum délicat qui l’enveloppe et pose ma main sur son épaule. J’esquisse un sourire pour la rassurer.

Une brute qui avance vas plus loin que deux intellectuels assis. Si je choisis moi aussi la droite et que vous aussi prenez cette décision on peut dire que c’est un choix commun.

J’espère l’apaiser avant d’emboiter le pas à notre béotien préféré, arme à la main, la prudence dans le regard et ma vigilance en alerte, comme la dit "la verte" : reste la créature.

En entendant les propos de Virina, Amako éclate de rire. Il se tourne vers la garzok et la regarde dans les yeux, tout en souriant.

"Décidément, aucune once d'intelligence dans se regard. Justement, je ne suis pas suffisamment stupide pour passer en premier. Essayez, même si ça doit être dur, de réfléchir un peu avant d'ouvrir votre gueule verdâtre."

Les autre quand à eux, reste silencieux, mais Isaac néanmoins, s'approche de Miha et lui pose une main sur l'épaule comme pour la rassurer.

Quand Shaar ouvre la porte, un petit déclic se fait entendre, un déclic qui n'a rien à voir avec le bruit normal que fait une porte quand elle s'ouvre. Et soudain, un grand bruit se fait entendre. Une explosion a lieu, la porte s'embrase...tout comme Shaar (- 8PV). Une fois que les flammes s'éteignent, la porte s'ouvre tranquillement. Vous laissant pénétrer dans ce qui semble être une grande chambre.

Deux petits lits de bois sont disposé le long du mur en face de vous. Sur chacun des murs latéraux, se trouve une armoire, chacune aussi grande que Gurth. Et pour finir, sur le mur où se trouve la porte, à votre droite, se trouve une petite étagère, sur laquelle est posé un unique livre intitulé " Quand Yuimen mourra!"

Bien que Virina avait empoigné la jeune blonde pour la tirer avec elle à deux reprises et sans lui avoir demandé préalablement son avis, elle ne voyait pas les faits du même angle lorsque la situation s’inversait. En effet, sans le savoir, Miha avait pris un gros risque en touchant le bras vert de la guerrière. Se retournant brusquement au contact de la petite blonde, il s’en était fallu de peu pour que Virina lui flanque son gros poing musclé dans le visage. Heureusement pour la jeune femme, la vieille orque arrêta son mouvement à temps. Peu habituée aux contacts physiques autres que ceux impliquant les combats, et encore moins aux discussions amicales et aux compromis, mais voulant à tout prix qu’ils demeurent tous groupés, Virina se révéla complètement décontenancée et ne put trouver mieux comme réponse que :

« Heu.. »

C’est à ce moment que le prétentieux jeune homme à la longue chevelure noire fixa notre vieille créature et jeta sur elle tout son venin, lui répétant une fois de plus sa soi-disant supériorité intellectuelle. Une jeune femme issue d’une autre race que notre guerrière, blessée dans son amour propre, aurait répliqué vivement à ces insultes gratuites. Or Virina, ne se préoccupait pas de ce que les autres pouvaient penser d’elle ou de ses capacités intellectuelles. Cependant la possibilité d’une bataille la stimulait grandement. C’est ainsi qu’elle se contenta de le fixer également tout en exposant ses incisives, sans oublier d’émettre un petit grognement, amplifiant volontairement son côté animal. Lorsque l’action viendrait à trop lui manquer, Virina savait qu’elle pourrait compter sur ce jeune soldat pour assouvir ses instincts guerriers.

Pendant ce petit affrontement visuel plus ou moins bestial, Gurth, pour qui les discussions n’étaient que perte de temps, choisit sans consulter quiconque la porte à franchir. Tout de même doué d’une intelligence certaine, il laissa son esclave mort-vivant s’exposer au danger à sa place. Ce qui fut une sage décision puisque cette porte s’avéra piégée. En effet, aussitôt que le serviteur du moine eut abaissé la clenche, un petit clic se fit entendre. Méfiante, Virina eut à peine le temps de reculer d’un pas que la porte s’embrasa, sans épargner l’être déjà décédé.

Peu de temps après le petit brasier s’éteignit et la porte s’ouvrit donnant à accès à une petite chambre modestement meublée. Deux petits lits, deux grandes armoires et une étagère, voilà tout ce que contenait cette pièce. Toujours avide de posséder davantage d’armes, Virina ne s’intéressa point au livre qui gisait sur la tablette et se dirigea tout droit vers l’armoire de gauche qu’elle ouvrit tout en prenant soin de ne pas s’exposer inutilement, craignant un autre piège.

J’attendais une réaction de la part de mes « coéquipiers », la garzok avait manqué de me frapper lorsque je lui avais touché le bras, je retirais ma main immédiatement après, au cas où elle le ferait pour vrai cette fois, ayant remarqué que ce n’était que moi. L’ogre soupira comme toujours à ma demande de nous unir pour choisir une direction, et comme à son habitude la choisit sans demander l’avis des autres, détruisant par la même occasion ce que je tentais d’organiser. Je soupirais à mon tour avant de tourner la tête vers celui qui posait une main sur mon épaule, dans le même geste rassurant que j’avais tentée avec la dame verte. Ybeild tentait de rendre la situation moins critique à mes yeux, cela fonctionnait qu’à moitié, puisqu’il avait sans doute forcé son choix pour aller dans cette direction.

« Vous avez sans doute raison… » Marmonnais-je en même temps qu’il partait suivre Gurth et son compagnon décharné.

Le regardant s’éloigner je sentis une autre main se poser sur mon épaule, cette fois il s’agissait du héros de Kendra-Kâr, il ne dit rien, mais je ressentais l’apaisement qu’il tentait de m’offrir, tout comme j’avais ressentis celle du paysan.

D’un côté il y avait ceux qui allait vers les portes, et de l’autre la guerrière à la peau verte et le jeune ynorien aux longs cheveux noirs. Celui-ci répondait à Virina avec son arrogance habituelle, je préférais m’éloigner si cette fois-ci elle se fâchait pour de bon. Encore une chance qu’elle soit de nature peu bavarde. En me retournant vers le groupe qui allait vers les portes, je vis des flammes jaillir de celle de droite, précisément celle que nos compagnons voulaient ouvrir. Je restais figée un instant, avant de me rendre compte que ce n’était que cette chose morte et vivante à la fois qui s’était pris le piège de plein fouet. Cette créature étant morte-vivante, je ne savais si elle ressentait la douleur, mais ce qui était certain, c’est qu’elle avait perdu encore un peu de la chair en décomposition qui la garnissait.

J’allais vers eux, personne d’autres n’avait été blessé par l’explosion, voilà qui était un point positif parmi tous les autres négatifs. La porte était maintenant ouverte, le piège ayant été enclenché, j’y entrais à la suite des autres, observant sans rien toucher les lieux. Il s’agissait visiblement d’une chambre, mais elle contenait deux lits et deux armoires. Or nous étions à la recherche d’un seul druide, à moins que celui-ci ait un complice qui partageait la même chambre. Ce que je trouvais bizarre pour un druide soif de pouvoirs voulant asservir le monde. Mais alors devions-nous craindre deux ennemis, ou nous trouvions nous simplement pas au bon endroit?

Le livre posé sur l’étagère m’indiquait cependant par son titre que nous étions au bon endroit. « Quand Yuimen mourra! », pouvais-je lire à voix haute sur le bouquin en l’effleurant des doigts. Rien de très encourageant pour l’avenir de notre monde… Je pris le livre et l’ouvrit, en espérant qu’il ne serait pas piégé comme la porte. J’avais des compétences pour les serrures, pas pour les livres, à moins que ceux-ci n’aient une serrure.

La décision de Gurth, prompte et efficace, fut à nouveau suivie par toute la troupe d’aventuriers réflexifs sans aucun esprit d’initiative que le géant se trainait depuis le début de cette pénible mission. Il était grand temps que le chaos commence à régner sur leurs cœurs et leurs âmes, au nom de Thimoros le terrible.

Alors que le sieur Von Lasch ruminait de sombres pensées, Shaar, son serviteur loyal et décérébré ouvrit la porte, et déclencha par là même un piège latent qui n’attendait qu’une venue impromptue : la leur. Les flammes du pièges se répandirent sur la porte et sur le mort-vivant, ses résidus de peau étant secs et rares, sa chairs se mit à brunir, puis à noircir, dans une horrible odeur de charnier carbonisé. De chair brûlée. Une odeur de haine, de guerre. Une odeur de mort qui bien que repoussante, plut à Gurth Von Lasch. Une odeur d’horreur. Celle qu’inspirerait Shaar à chaque ennemi qui verrait ce cadavre aux chairs pendantes et brulées. Il n’avait qu’à peine reculé pour éviter, vainement, le piège incendiaire. Et rien dans ses réactions n’indiquaient le désarroi, la peur ou la douleur. Il était un mort-vivant, et il ne ressentait rien. Sa seule vie était le fait de la magie obscure de Gurth. Il n’était qu’un pantin animé par la volonté de l’Ogre. Rien de plus.

Autour, l’ambiance n’était pas paisible. Les tensions cachées du groupe commençaient à percer, à l’instant où tous pénétraient dans l’antre de l’ennemi. L’ynorien se frittait sans cesse avec l’orque, qui semblait n’être qu’une boule de nerfs en pelote, perpétuellement sur le qui-vive, prête à frapper n’importe qui, alliés comme ennemis. Miha désespérait, et il n’y avait que les niais imbéciles qui trouvaient encore le courage de la rassurer maladroitement, par de curieux attouchements.

Ce fut alors que tous pénétrèrent dans la pièce découverte. Celle-ci semblait être une chambre, munie de deux lits, de deux armoires imposantes et d’une petite étagère. Une chambre double, qui ne pouvait être celle du druide maudit, malgré le livret dont Miha s’empara et dont le titre évocateur semblait lui assurer l’efficacité de prise de décision de l’ogre. L’orque se dirigea vers l’armoire de gauche, aussi Gurth ordonna mentalement à son serviteur zélé, sans peur et sans reproche, sinon celui de sa bêtise, d’aller ouvrir l’armoire de droite, qui recelait peut-être d’autres secrets interdits. Ou de simples habits et vivres des locataires d’ici. De son côté, l’ogre avait d’autres chats à fouetter. Il fallait qu’il marque l’empreinte du chaos dans cette pièce qui décevait ses espoirs de réussite. Et puisque cela correspondait plutôt bien avec une pressante envie de vidanger sa vessie, il s’avança vers le lit de droite, et sans gêne ni pudeur, releva sa bure pour uriner sans préavis sur la literie.

Alors que l’être décharné ouvre la porte, j’entraperçois Isaac qui me mime, héros pathétique, j’hausse les épaules et reprend mon inspection de la porte qui s’ouvre. Quand le cliquetis se fait entendre, une déflagration emporte le mort vivant. Les flammes lacèrent le corps sans vie et claudiquant dans des hurlements gutturaux. L’odeur âcre se repend rapidement dans le couloir tandis que le brasier s’éteint. Le sacrifice de cette chose à la chaire maintenant brunie nous permet d’entrée dans une chambre. Il nous évite surtout un piège mortel pour nous autres. La pièce est vieillotte, sans réelle lumière extérieure, deux bibliothèques pleine de livre se font fasse de part et d’autres, alors que deux lits sont placé au fond. Tout le monde se met à fouiller ou à attraper un livre, moi je ne sais pas lire. Gurth lui à l'étrange idée d’uriner sur un lit. Malin, si le druide se cache avec un pouvoir d’invisibilité sur un des lits il sera obligé de réagir. Je reste prudent et prêt, une main sur mon marteau.

Dans l'armoire de gauche, s'ouvre sans problème, Virina ne trouve rien d'autre que quelques habits, du moins à premières vue, car il y a (Jet de perception, Réussite Critique) dans le fond de l'armoire, un petit coffret de bois tout simple, de la taille du poing de Virina. Le coffret est bien évidemment fermé. Muni d'une petite serrure sur le devant, il vous est peut-être possible de l'ouvrir. De son côté, Shaar ouvre une armoire totalement vide, il ne peut pourtant s'empêcher de rester là, à la fixer. Aurait-il découvert quelque choses ?
Pour ce qui est de la lecture de Miha, elle ne trouve rien d'autre que les écrits d'un homme qui fait l'éloge du druide Ximar Onap. Pourtant à la fin du livre, quelques mots sont griffonnés à la va vite.

Sans se préoccuper de ce que faisaient les autres, Virina avait prudemment ouvert la porte de la grande armoire. Elle y découvrit ce que l’on trouve normalement dans ce type de meubles : des vêtements. Insatisfaite de sa banale découverte, elle déplaça les habits et finit par dénicher dans le fin fond du chiffonnier un minuscule coffre.
Puis soudainement, les narines en alerte, elle cessa tout mouvement afin de localiser la provenance de cette affreuse odeur qui subitement envahissait son nez. Un petit coup d’œil aux alentours suffit pour qu’elle découvre l’origine de cette désagréable fragrance. Il s’agissait de l’ogre, qui bure en l’air et robinet à découvert, n’avait rien trouver mieux à faire que de vider sa vessie sur l’un des petits lits.

Curiosité satisfaite, puisque tout danger écarté, Virina ramassa le coffret qui n’était guère plus volumineux que son gros poing vert. La guerrière l’examina sous toutes ses coutures avant de tenter de l’ouvrir. Notre vieille orque hésitait quant à l’action à prendre. Deux possibilités s’offraient à elle, tenter d’ouvrir le petit contenant et risquer que celui-ci lui explose au nez, ou le confier à un de ses compagnons sans trop savoir si ce dernier accepterait de lui rendre.

Ne faisant nullement confiance aux autres, et tenant absolument à garder le fruit de ses découvertes, notre vieille créature verte sortit sa lame de son fourreau et tenta d’en insérer la pointe dans la serrure dans le but bien évident de découvrir le contenu de sa découverte.

L’invisibilité, voila un pouvoir que j’ai souvent rêvé de posséder étant petit, pouvoir filer au nez et à la barbe des adultes, voler sur le marché. J’y pense et reste debout, les yeux dans le vague alors que les autres s’empresse de piller la petite chambre. Je reprends mes esprits, jaugeant mes camarades, Virina semble avoir fait une découverte mais mon regard s’attarde sur le mort vivant, je me rends compte réellement de ce qu’a fait Gurth, redonner substance à un être décharné et titubant. Plus j’y réfléchis, plus une suée froide me dégouline dans le dos. Yuimen autorise ce genre d’acte, comment peut il accepter qu’une baudruche mal dégrossie puisse avoir de tel pouvoir. Je vivais dans un monde à moi, calfeutrer, caché de l’extérieur et me voila aujourd’hui confronté à des choses qui dépasse ma compréhension.
Je secoue légèrement la tête, essayant de sortir ses idées, qui me gène et trompe ma vigilance. Je reprends l’observation du cadavre qui semble être en arrêt devant quelques choses. Je ne voie rien et je n’y connais pas grand-chose en charogne ressuscité, mais j’ai souvent chassé et quand une bête ce ment en arrêt comme cela c’est qu’il y à anguille sous roche.
Je lève mon marteau, menaçant le vide. J’hésite un instant avant de parler. Ce climat, ces événements étranges me rendent suspicieux de tout.

Sortez de là !!

Le grimoire que je tenais en main n’avait rien de bien rassurant, mais au moins il ne m’explosa pas à la figure. Faisant abstraction de ce qui se passait dans la pièce, pendant que je feuilletais le manuscrit, j’appris grâce aux écrits que le mage que nous recherchions, Ximar Onap, n’était pas le seul à semer la terreur. Vantant les exploits de druide du début à la fin, la dernière page du bouquin était cependant bien plus intéressante. L’écriture soignée ne paraissait plus sur cette dernière page et l’éloge fait à ce druide n’était plus. Au contraire, l’auteur de ce livre rendait compte de la dangerosité du druide, donnant même un avertissement incomplet à son sujet.

Levant les yeux sur la petite troupe, je retrouvais le chaos qui régnait en permanence sur nous. Les observant un instant en fronçant les sourcils, plutôt exaspérée par la disgracieuse action de l’ogre qui ne semblait pas choqué plus que ça les autres. Virina fouillait une armoire et semblait avoir trouvée un petit coffret, dont elle s’acharnait dessus pour l’ouvrir. Je soupirai, en un tour de main j’aurais pu le lui ouvrir, si seulement elle l’avait demandé. Et Ybeild qui de son lourd marteau menaçait le vide, nous demandant de sortir. Je le regardais un instant, me demandant ce qui n’allait plus… Je fis quelque pas dans sa direction, gardant le livre ouvert en main.

« Sortir? Mais pour quel raison? Et puis poser votre marteau, vous n’allez pas encore l’abattre sur l’un de nous tout de même. Écoutez plutôt ceci! »

La dernière phrase s’adressait à tout le groupe, je m’assurai de parler assez fortement pour capter l’attention de tous, ou du moins avoir leur attention au moins deux petites secondes. Et je lus le passage de la dernière page, refermant ensuite le livre.

« Cela voudrait dire qu’il n’y a pas que le druide qui s’amuse à ravager les champs de kendra-Kâr. Si nous retrouvons celui qui a écrit ce livre nous avons peut-être une chance de le vaincre plus facilement. Si cette personne est toujours en vie du moins… »

Je regardais ensuite chacun d’eux, tentant de voir leur réaction face au livre.

Deux armoires ouvertes, un livre lu, une literie souillée d’urine, voilà le résultat de leurs actions. Virina, devant son meuble, avait sorti sa lame, et s’acharnait sur quelque chose que Gurth ne voyait pas. Shaar, lui, restait immobile et bêta devant l’ouverture de la garde-robe, et l’Ogre décida d’aller le rejoindre pour voir ce qu’il y avait à y voir. Mais avant toute chose, il fut interrompu par le paysan, qui affirmait que tous devient fuir, sans raison apparente. Comme s’il était subitement pris d’une soudaine lâcheté. Oui, ils étaient dans l’antre d’un druide complètement taré, qui ne désirerait que leur trépas à tous dès qu’ils le croiseraient, mais… tous en étaient conscients depuis le début. Et rien ne valait de tourner maintenant les talons, sous le coup d’une simple intuition non argumentée.

L’ogre arrêta de marcher et oublia presque son but initial lorsque Miha lut un passage du livre qu’elle avait découvert. Ximar avait des détracteurs au sein même de son association. C’était bon à savoir, pour qui voulait faire régner le chaos en tous lieux. Les espérances de l’humaine étaient toutefois trop prononcées.

« Nous ne savons pas de quand date ce bouquin. Son propriétaire a très bien pu filer il y a longtemps. Ou mourir après avoir été découvert. Mais s’il y en a un, il y en a peut-être d’autres, parmi les sbires du druide, qui se méfient de celui-ci. Notre arrivée leur fera sûrement prendre conscience de la folie de Ximar Onap. »

Il abandonna ses recherches d’armoires, et marcha vers la porte de la chambre.

« Shaar, prends donc ce que tu as trouvé, et viens. »

Et il passa le pas de la porte pour se retrouver à nouveau dans le couloir, prêt à explorer plus avant le complexe.