Le final : La Fin de toutes choses
Quand la réalité revint aux prisonniers, elle était toute autre que celle qu’ils avaient pu voir jusqu’ici, dans le bagne. Tout était très sombre, noir, obscur. Mais pas d’un manque de lumière. C’était l’essence même de l’endroit qui était ténébreuse. Si bien que chacun put sentir que nulle lumière ne pourrait éclairer les lieux, pas même la plus pure. Et pourtant, tous y voyaient plutôt bien. Pas aussi nettement qu’en plein jour, sous un soleil rassurant, mais toutes les choses étaient discernables. Même si elles n’étaient au final pas si nombreuses que ça.
La salle qui les entourait était vaste, ovale dans sa circonférence. On ne pouvait en discerner le plafond, s’il existait, tant il semblait se perdre haut dans les ténèbres de l’endroit. Le sol était fait d’obsidienne, une pierre noire plus solide que le métal, aux reflets mordorés d’un gris profond, presque ton sur ton. Aucune jointure n’apparaissait, comme s’il s’agissait d’une plaque immense créée, ou creusée, pour l’endroit. Les murs étaient de marbre noir, aux striures blanches et grises rares et évanescentes. De petites perles d’Onyx semblaient enchâssées dans ceux-ci, à divers endroits, brillant de toute leur noirceur. Ces parois semblaient être en deux parties. Les murs extérieurs s’arrêtaient à quatre mètres de hauteur, laissait la place pour un balcon ovoïde qui faisait tout le tour de la salle. Cette avancée donnait sur l’autre mur, intérieur, qui semblait davantage décoré de perles d’Onyx que celui extérieur.
Les seules lumières présentes dans l’endroit venaient en colonne des profondeurs du plafond, comme des puits de lumière. Mais loin d’apporter le réconfort lumineux, elles étaient pâles, blafardes, et plus inquiétantes qu’autre chose. Une lumière de mort. Il y en avait treize, dispersées tout le long de la salle, sur le balcon. Et une autre, plus large, qui éclairait le centre de la pièce, où tous les prisonniers étaient apparus.
Ces treize puits de lumière n’étaient pas là par hasard : ils éclairaient chacun un être différent. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que leur nombre n’était pas non plus un hasard. Le lien avec les treize sbires les plus puissants d’Oaxaca était clair. Ses treize lieutenants les plus serviles, et puissants. Ils n’étaient bien sûr pas tous là en personne, mais chaque créature les représentant était plus inquiétante. Quand il ne s’agissait pas d’eux, tout simplement. Ils observaient ces prisonniers, silencieux comme des tombes.
Le premier était sans doute le plus humain de tous. Des cheveux noirs, des habits sombres cernés de rouge, un regard injecté de sang et un sourire carnassier,
Crean Lorener faisait l’honneur de sa présence en personne.
Le second n’était guère plus engageant. Une forme évanescente, enveloppée dans un manteau d’ombre, dont les yeux blancs inquiétants semblaient toujours vous fixer au plus profond de votre âme. Un
spectre immatériel portant un crâne fantomatique à la main représentait le plus puissant des nécromants : Tal’Raban.
À ses côtés, le troisième sbire était lui-aussi un délégué. Son appartenance à Sisstar, maîtresse des reptiles était évidente. C’était un
homme-lézard aux écailles noires et rouges, dont le regard de glace était fixé vers les prisonniers.
Le quatrième était particulièrement immonde. Amas de chairs torturées et transformées pour en faire une véritable machine à tuer, le lieutenant de Vallel était semblable à un
golem de chair gigantesque, et peu appétissant.
Le cinquième, non moins impressionnant, était l’un des treize en personne. Celui dont on dit qu’il peut tuer un ours à mains nues. Un barbare sanguinaire à la force incommensurable du nom de
Karsinar.
Le sixième était lui aussi présent en personne à cette réunion inquiétante. Mélange d’un humain et d’un robot, image de ses créatures automatisées,
Khynt était là, appuyé sur la rambarde du balcon.
Son voisin,
Cwedim, représentant des limaces baveuses, vers visqueux, triturait ses chaînes nerveusement en remuant d’un pied à l’autre. Il était le septième représentant d’Oaxaca dans la place.
Une
femme-poisson semblable aux sirènes, aussi belles que monstrueuses, représentait le huitième membre, non présent : Perailhon, maître des océans et créatures marines.
Aerq, dans son étrange costume de bouffon maléfique, observait la scène, juché sur le balcon comme pour plonger dans le centre de l’arène. Il était le neuvième.
Léona n’était pas là non plus, sans doute retenue par quelque affaire de famille éloignée. Un
Oudyo entre deux âges tenait sa place en représentant ses pouvoirs végétaux. Le dixième représentant.
Les trois suivants,
Xenair,
Herle Krishok et
Gadory étaient présents eux aussi, à guetter les prisonniers comme s’il s’agissait d’un spectacle.
Et au centre de la salle, il y avait une cage. Une cage aux barreaux imbibés de magie qui renfermait un visage inexpressif. Ni féminin ni masculin, aux traits sombres ou mauves, aux yeux violets. Certains l’avaient déjà vu, d’autres non. Mais tous comprirent qu’il s’agissait de la Voix Mauve qui leur parlait depuis le début. Un maître de prison tout aussi prisonnier. Ceux qui étaient accoutumés à l’existence des faeras comprirent ce qu’il était, les autres ne distinguèrent pas sa nature. Mais c’est à tous qu’il s’adressa, sans que ses lèvres ne remuent. Dans leur tête à tous.
« Prisonnier, vous voilà arrivé à la fin de toutes choses. Je suis votre maître, votre serviteur, votre bourreau et votre confident. Je suis sans-nom, sans maître, mais retenu et lié au Bagne Maudit. Contraint de faire ce que je fais par ceux qui nous entourent. Mais c’est avec plaisir que je le fais. Vous faire souffrir, vous voir mourir, écumer de rage ou de panique. Vous former pour que vous deveniez plus puissants… Vous offrir cette opportunité qui se présente à vous aujourd’hui. Une chance qui ne peut être octroyée qu’aux meilleurs : servir librement la puissante Oaxaca. »Une pause subtile, pour permettre à chacun de digérer l’information, et voilà que la voix retentit de nouveau :
« Mais pour la servir, il faut d’abord être libre. Et prouver votre valeur. Ces êtres autour de nous attendent chacun un champion. Un héros qui le représentera dans le combat à venir. Chacun n’en acceptera qu’un, de son choix spontané ou de votre pouvoir de persuasion. Vendez-vous à eux, et vous serez armés pour combattre pour votre vie, votre liberté. Battez-vous entre vous pour obtenir leur faveur, ou choisissez avec pertinence pour ne pas vous confronter aux vôtres. Pressez-vous, enfin, car le temps qu’il vous reste est court, avant la Fin. »Et le silence retomba, dans une tension palpable. Nouvelles rivalités, nouvelles décisions à prendre… Et les visages alliés ou rivaux qui se dévoilaient : Cahidrice, Silmeï, Karz, Léandre, Guasina, Tathar, Eiko et Ezak. Ethel, aussi. Puis Naral, Ashaar, Maelan. Et même Gruush, revenu d’entre les morts… Et Voile-de-Mort, semblable à lui-même, éternel supplicié, perdu et apeuré.
Gruush regarda Léandre d’un air fâché, Ethel tenta de croiser le regard de Silmeï, et d’éviter au possible celui de Karz. Maelan s’approcha de Guasina, nue et redevenue petite, et lui présenta sa main tremblante. Ashaar ne bougea pas, lui. Et Voile-de-Mort s’approcha d’Ezak.
Naral fut le premier à parler en retour. D’abord aux prisonniers :
« Je ne vous souhaiterai pas bonne chance, dans cette épreuve à suivre. Je vous dirai seulement d’être malin, et de choisir votre voie avec discernement. Hihihi. Quant aux objets que je vous ai commandé de récupérer… Sans doute est-il temps de me les confier. En échange de ma sympathie. Une alliance qui ne se refuse pas. Hihihi. »Il ne semblait pas avoir remarqué la petite écaille mauve, au pied de la cage de la Voix Mauve. La même qui fut lancée par Rick…
Puis, il se dirigea vers l’homme-lézard, et s’inclina légèrement :
« De par mon sang et mes pouvoirs, je suis lié à votre maîtresse. Puisse-t-elle m’accueillir à son service, et me reconnaître comme son champion. Hihihi. »[HJ : à vous de jouer. Si vous avez la moindre question, posez-là dans le topic adéquat. Vous avez jusqu'au dimanche 4 novembre à midi pour poster. Si vous ne le faites pas, votre tuteur sera choisi par mes soins... ^^]