1 C1p1

Dans cette chambre très sombre, se trouve deux lits simples et un lit double, tous de taille humaine. Rien d'autre ne meuble à première vue cette pièce qui comme à l'image des autres est en piètre état.

Tentation

(chambre 1)

Elle n'eut pas le temps d'entrer dans la pièce qu'elle s'arrêta, les oreilles aux aguets. Elle entendait quelque chose qui contrastait avec le brouhaha et les cris dans l'auberge. Des chuchotements, dont elle ne parvenait pas à distinguer l'origine, résonnaient à ses oreilles. Elle ne parvenait pas à comprendre ce qu'ils disaient mais donnaient l'impression qu'un groupe de petite filles se cachaient derrière un mur en épiant ce qu'il se passait dans l'auberge. Evangelina fronça les sourcils. Il se passait quelque chose de louche dans cette auberge, outre le crime qui venait d'être commis.

Evangelina repensa soudain à Cuilnen, à la prison, à cette bagarre contre Pénélope qui n'avait évité la mort que grâce à Fear... Elle s'était sentie différente, elle n'avait plus le contrôle. Était-ce la même chose ici ? Elle se rappelait du médaillon, que c'était en le voyant qu'elle avait sombré, et qu'elle n'avait pas voulut le lâcher, pour rien au monde...

Elle le sortit et le regarda, posé dans le creux de sa main. Si c'était bien lui la cause de sa folie, il avait arrêté depuis que Fear était intervenu. Mais alors, pourquoi ? Et était-il la cause du meurtre du tenancier ?

Evangelina n'en savait rien.

(Le médaillon !)

L'Aniathy sursauta et rangea le pendentif rapidement, levant la tête pour apercevoir l'araignée sur le haut de la porte, luisant faiblement.

"Tu... sais ce qu'est ce médaillon ?"
(C'est grâce à lui que nous sommes réunis, Evangelina.)
"Comment..."

L'Aniathy se rendit soudain compte qu'elle parlait à haute voix. Elle se tut en s'engouffra dans la pièce qu'elle venait d'ouvrir.

(Il va falloir que tu m'expliques.)
(Ici ? Et si ton amie arrive ?)
(On ne craint rien d'elle, elle est... gentille)

Les chuchotements semblaient s'être tus, et l'absence de réponse de l'araignée entraina un silence des plus pesant. Evangelina étudia la pièce dans laquelle elle venait de pénétrer, et fronça les sourcils. Il s'agissait indéniablement d'une chambre. Il y avait trois lits, dont un plus grand que les autres, sûrement pour deux personnes. La chambre n'était pas spacieuse, et les lits étaient le seul mobilier qui l'occupait.

Mais ce qui intriguait l'Aniathy s'était plutôt cette atmosphère sombre, silencieuse et froide qui tranchait avec la pièce principale d'où elle venait. En effet, l'unique fenêtre de la chambre était placardée de planches de bois grossièrement clouées, ne laissant passer que quelques rayons de lumières qui mettaient à jours la poussière lévitant dans la pièce.

Evangelina s'avança, s'imprégnant de cette atmosphère atypique. L'araignée dévala le mur et remonta le long de l'Aniathy pour se poser sur son épaule.

"C'est étrange..."

Evangelina avait envie d'aller enlever les planches qui bloquaient la lumière, mais n'osait pas vraiment avancer. Elle regarda autours d'elle, étudiant les murs abimés, le sol troué, le plafond plus ou moins encourageant, puis se décida à avancer. Elle passa devant les lits et s'arrêta devant les planches de bois.

Elles n'étaient pas fortement clouées, mais Evangelina n'était pas sûre qu'elle parvienne à les déclouée simplement en tirant dessus. Mais elle tenta quand même. Elle voulait savoir ce qu'il y avait dehors, essayer de savoir où elle était, et tenter de comprendre pourquoi...

L'Aniathy glissa ses mains entre deux interstices et commença à tirer sur une des planches...

L'oeil

1 C1p2

Jet de dés: Tentative de retirer les planches: 54 Réussite.

Alors qu’elle tira sur une planche, elle put y voir une inscription : Ne pas retirer.

L’avertissement vint trop tard, puisque la petite rouquine venait tout juste de réussir à enlever la première planche.

La lumière envahit soudainement la pièce, mais tu ne pus l’explorer longtemps, puisque presqu’aussitôt elle s’assombrit. Et dans l’ouverture qu’elle a pratiqué, Evangelina put observer une petite partie d'un gigantesque œil vert qui la regarde à son tour.

La chambre

La grossièreté des planches et des clous facilita plus qu'autre chose l'effort d'Evangelina qui ne tarda pas à sentir le bois bouger doucement. Elle accentua son effort pour faire céder les clous, et soudain quelque chose attira son attention.

Quelques mots délavés, écrits en rouge et presque invisibles, mais alarmants tout de même :



Evangelina n'eut pas vraiment le temps de prendre cet avertissement au sérieux, les clous cédant presque au même moment, faisant faire un pas en arrière à l'Aniathy pour ne pas perdre l'équilibre.

Un fin flot de lumière envahit brièvement la pièce, faisant disparaitre cette atmosphère angoissante qui la caractérisait. Malheureusement, les ténèbres reprirent rapidement leur place, une masse sombre venant de bloquer le vide nouvellement créé.

Evangelina recula de nouveau d'un pas, mais cette fois-ci sous l'effet de la surprise. Il n'y avait aucun bruit, l'atmosphère pesante avant reprit le contrôle de la pièce. L'Aniathy n'osait plus bouger, pétrifiée de stupeur. La grande masse sombre bougeait doucement, faisant vaciller les ombres sur les planches.

"Qu'est ce ce que c'est que ce truc ?"

Elle reprit doucement le contrôle d'elle même et se mit sur ses gardes, prête à réagir au moindre mouvement suspect. Mais il n'y en eut pas. La masse sombre se mouvait doucement derrière la fenêtre, de droite à gauche, et obstruant complètement la fenêtre.

Evangelina se concentra et réveilla la magie qui l'habitait. Doucement, sans s'énerver, sans se brusquer. Elle n'avait aucunement l'intention d'attaquer, et préférait éviter tout affrontement seule. Elle n'était pas en état de combattre, surtout avec un bras en moins, surtout contre une créature capable d'obstruer une fenêtre...

Elle s'approcha doucement de la fenêtre, pas à pas, et examina cette créature. Cette dernière s'immobilisa. Elle était lisse, apparemment gluante, et sa surface semblait sphérique. Elle était de couleur verdâtre. Evangelina ne parvenait pas à mettre un nom dessus, rien de ce qu'elle connaissait n'avait une telle forme ou consistance...

Elle resta sur ses gardes, n'ayant aucune confiance en cette créature inconnu. Et soudain, elle fronça les sourcils. Ses pensées fusaient dans sa tête, il y avait quelque chose qu'elles essayaient d'attraper mais qui fuyait. Mais elles s'en rapprochaient, doucement, elle le sentait... Elle détestait cette sensation. Et soudain, ses pensées trouvèrent leur proie, et Evangelina recula de nouveau d'un pas.

(Evangelina, je crois que c'est...)
"Un oeil, oui..."

Evangelina ne parvenait pas à croire qu'un œil puisse être aussi imposant. Quelle phénoménale créature pouvait posséder des globes oculaires capables de bloquer complètement une fenêtre ?

Elle n'en connaissait qu'une, et espérait de toute son âme que ce n'était pas ça. Surtout que les Aniathys brulent très bien...

Mais elle parvint à se reprendre. Premièrement, il n'y avait pas de trace de brulure dans la grande pièce d'où elle venait, donc elle ne devait pas craindre grand chose de ce côté là. Et même dans cette chambre, elle ne devrait pas avoir trop de problèmes. Si la créature avait voulut entrer, elle l'aurait fait depuis longtemps. Quelques planches sur une fenêtre n'auraient pas empêcher une telle créature de passer...

Cependant, elle devait avouer qu'elle n'était guère rassurée. D'un autre côté, elle n'avait rien à perdre, du moins plus maintenant... L'Aniathy ferma les yeux instant, essayant de réfléchir calmement. Soit elle reculait et sortait de la pièce pour rejoindre les autres, les effluves de sang et le bruit, soit elle restait là et attendait que ce globe oculaire, désormais fixé sur elle, réagisse.

Les deux opportunités ne lui plaisait guère. Et vu la taille de la créature, si elle voulait l'attraper, ce ne serait pas en changeant de pièce dans cette auberge en ruine qu'elle l'en empêcherait.

Elle ne bougea donc pas, et rouvrit les yeux. Fixant ce globe oculaire, peut être d'une créature un temps soit peu intelligente, voire plus que celles qu'elle connaissait, sans sourciller.

"Je... Ne vous veux aucun mal..."

Evangelina espérait que la créature comprenait ce qu'elle disait. D'un autre côté, elle se rendait bien compte que si c'était la créature qui lui voulait du mal, elle ne pourrait pas faire grand chose. Avec un seul bras, même avec sa magie et sa dague, elle n'avait guère de chance...

Le retour d'Alylade

1 C1p3

L'oeil cligna des yeux à quelques reprises.

Et puis plus rien, il partit comme il était venu. La pièce s'assombrit ensuite, une substance verte semblable à de la peau, faisant obstacle à la lumière.

L'oeil

(chambre 1)

Il y eu un instant de silence, de flottement, durant lequel Evangelina ne savait ni que penser ni que faire. Qu'allait faire cet œil étrange, cette gigantesque créature qu'Evangelina ne parvenait pas à identifier ?

Mais il ne se passa rien. La créature ne parla pas, ne détruisit pas l'auberge... Elle se retourna, comme si de rien n'était, et l'œil disparu de la faille entre les planches, ne laissant pour autant la lumière inonder la chambre. En effet, à la place de l'œil, une surface verdâtre, opaque et assez étrange. Sûrement la peau de la créature à laquelle appartenait l'œil. Était-ce une sorte de lézard géant ?

Evangelina n'en savait rien, et elle n'eut pas vraiment le temps d'y réfléchir. Une voix connue retentit soudainement à ses oreilles, sans qu'elle s'y attende. Elle tourna vivement la tête et vit Alylade à côté d'elle.

Elle se sentit soudain contente que la poupée ait décidé de la suivre, cela lui faisait vraiment plaisir. Mais rapidement elle remarqua que l'Aniathy semblait essoufflée, comme les personnes vivantes. Était-ce possible ? Evangelina pensait que tous les Aniathys étaient comme elle, qu'ils ne pouvaient ni respirer, ni manger, ni boire. Mais Alylade semblait différente. Peut être y avait-il plusieurs sortes d'Aniathy. Il fallait qu'elle approfondisse le sujet.

Mais le moment actuel ne se prêtait pas à cette recherche de connaissances. En effet, Alylade semblait perdue dans ses pensées, mais surtout, semblait parcourue de magie. Evangelina reconnu cette situation, elle même l'ayant vécue plusieurs fois. La magie en Alylade s'éveillait, prenait le contrôle, et Alylade semblait la canaliser. Maitrisait-elle sa magie ? Ce serait bien, Evangelina pourrait lui demander des conseils.

De son côté, la soudaine concentration de magie tout près d'elle réveilla la sienne. Elle la sentit s'échapper, envahir peu à peu chacun de ses membres, comme si cette magie était autonome, comme si elle voulait complètement la recouvrir, que la moindre parcelle de son corps déborde presque de cette magie noire.

Mais l'Aniathy réussissait de mieux en mieux à la contrôler, même si ce n'était pas encore optimal, et la maitrisa donc de manière à ce qu'elle aille plutôt dans ses doigts encore utilisables. Quitte à voir sa magie en éveil, autant qu'elle puisse être utilisée rapidement. Son état ne lui permettait sûrement pas de gérer quelque situation que ce soit, mais autant profiter du réveil de sa magie.

Alylade quant à elle semblait plus à même d'utiliser sa magie, et ne s'en priva d'ailleurs pas. Après que ses doigts aient rayonné d'éclairs, elle tendit les bras en avant et déchargea sa magie devant elle. Un crépitement se fit entendre et une gerbe d'éclairs s'échappa des doigts de l'Aniathy pour frapper la surface verdâtre derrière la fenêtre.

Evangelina écarquilla les yeux. Pourquoi avait-elle fait cela ? Elle n'en savait trop rien, et tourna la tête vers elle. Elle semblait épuisée. Ainsi, comme elle, elle ne parvenait pas à très bien contrôler sa magie.

Mais Evangelina ne se mit pas à réfléchir à la question. Elle n'attendait qu'une chose : la réaction de la créature qu'elle redoutait...

Inconnus

A peine j'avais franchi le pas de la porte que déjà je le regrettais. Un éclair aveuglant m'obligea à fermer les yeux et reculer vivement. J'espérais ne pas avoir cogné Nessandro en sursautant ainsi. Quand je rouvris les yeux je ne savais pas trop ce qu'il s'était passé, mais je pus remarqué deux personnes ressemblant à des enfants en bien mauvais état. La pièce était munie d'une fenêtre obstruée par je ne sais vraiment quoi qui avait une couleur verte. Je ne savais pas d'où provenait l'éclair ni qui en était sa cible ni les conséquences de ce phénomène. Mais j'étais déjà certains que mon compagnon ailé n'allait pas être tendre avec les deux gamines. Il n'avait aucune raison de l'être d'ailleurs et je ne le serais pas plus. Hors de questions de s'encombrer de deux enfants dont l'une était couverte de sang et l'autre à bout de force. Je fixais l'une et l'autre d'un air méfiant avant de prendre la parole.

"Du calme, on ne vient pas chercher les ennuis."

Je ne voulais pas me montrer menaçant, l'une de ces petites était peut-être à l'origine de cet éclair. Je leurs fis un sourire le plus sincère possible avant de rediriger mon regard sur cette étrange substance verte qui bloquait la fenêtre.

"Qu'est-ce que c'est ?..."

Entrant à la suite du shaakt masquant une bonne partie du passage, je le vois soudainement s'arrêter, reculant vivement dans le même mouvement. Surpris, je l'évite de justesse en prenant de la hauteur vers le cadre de la porte, manquant de peu m'y cogner une aile. Mais qu'est-ce qu'il lui a pris ? Est-ce qu'il a encore vu des arachnides ? Sans doute pas, ou il se serait figé, voire aurait piqué une crise comme dans le dépôt. Quoiqu'il ait vu, ce n'est pas mon cas. Brandissant ma torche, je tente de chasser l'agacement qui a résulté de ce geste, et du fait que je ne comprends aucunement sa réaction.

Un peu en hauteur, j'ai une vue certaine sur la pièce, éclairée par la flamme à ma main. Deux lits simples et un double, une fenêtre qui a du être obstruée si j'en crois la présence de quelques planches supplémentaires. D'ailleurs, il y en a une au sol, près de... Un air entre mauvaise surprise et écoeurement s'affiche immédiatement sur mes traits.

(Oh non, mais ce n'est pas vrai ! Et cela se multiplie en plus ! )

Contrairement à ce que j'avais cru, ce n'est pas une, mais deux créatures qui se trouvent dans la pièce. Pire encore, à leur apparence à peine qualifiable de dégoûtante et irritante, je suis persuadé que ces choses sont de genre féminin. L'une a une crinière rousse, rendue encore plus visible à cause de la torche, l'autre... A l'air prête à s'écrouler. Tant mieux, qu'elle chute et rampe. Non, même cela est encore trop acceptable pour une femelle. Rien que la présence de ces deux bipèdes fait revenir à la charge l'amertume que je refoule tant bien que mal. Les doigts bleutés se resserrent sur la torche et ma mâchoire se crispe légèrement.

Ce n'est qu'à la voix d'Hekell, annonçant que l'on ne venait pas chercher les ennuis, que je tente de reprendre un semblant de calme. Je redescends un peu, lui lançant un bref regard où je lui laisse entendre qu'il s'avance peut-être un peu en parlant avec "on". Cependant, je ne suis pas encore assez sur les nerfs pour convier une de mes fléchettes à se loger dans le corps d'une de ces choses. Oui, choses, parce que cela a beau avoir l'air féminin, la petite taille m'indique que ce n'est pas humain... Ou alors c'est loin d'être adulte. Quoique ? Je ne suis même pas certain de ce que je vois, à vrai dire.

Lorsque le shaakt indique du regard la fenêtre, j'y jette brièvement un oeil. Je hausse un sourcil. Est-ce que ce vert étrange se trouve dans le cadre de la fenêtre ou à l'extérieur ? D'ailleurs, qu'est-ce ? Cela ne ressemble pas à un feuillage, mais j'en suis trop éloigné pour en voir les détails. Je n'aime pas cela, et le reste non plus, d'ailleurs. Je ne vais pas me gêner pour le faire savoir.

"C'est cela, fais donc un brin de causette. Personnellement, je n'ai aucune intention de trainer ici plus que nécessaire... Surtout en aussi piètre compagnie."

Ma pique envoyée, je lance un regard appuyé aux crinières longues, puis les ignore superbement. Je décide d'éclairer la pièce, cherchant quoique ce soit d'intéressant. S'il n'y a rien sur ou dans les lits, autant aller jeter un oeil en-dessous. Je finis donc par me poser au sol, faisant attention où je marche, scrutant ce que je vois à mon niveau. Le seul point positif de ces grands meubles, c'est qu'ils peuvent me laisser passer sans difficulté en-dessous.

1 C1p4

Jets de dés : Attaque Alylade: Réussite


L'attaque de Alylade fut réussie, les éclairs sortant de ses mains frappant précisément sur cette chose verte que l'on pouvait discerner à travers l'espace provoqué par la planche enlevé. Mais il ne se produisit rien. La chose ne tressaillit même pas, comme si un éclair ne pouvait affecter cette substance trop épaisse.

La recherche de Nessandro se résultat par un échec... il n'y avait rien d'autre dans cette pièce, ni sous les lits, ni sur les murs délabrés ou sur les planchers en piteux. état, pas plus qu'au plafond. La seule découverte, si découverte il y avait c'était cette torche éteinte, accroché au mur à côté de la porte d'entrée.

Le retour d'Alylade

(chambre 1)

Mais rien ne se produisit. C'était comme si la créature n'avait pas sentit les éclairs la frapper de plein fouet. Evangelina appréhendait de plus en plus l'endroit où elle se trouvait. Quelle créature pouvait ignorer les éclairs ? Quelle auberge pouvait clôturer ses fenêtres ? Quelle village pouvait exister dans une livre ? Tant de questions auxquelles elle ne pouvait répondre.

Soudain, elle sentit Alylade défaillir à ses côtés. Elle semblait épuisée, à bout de souffle. Evangelina se rapprocha d'elle et lui passa un bras dans le dos pour la soutenir. Mais elle n'eut le temps de rien dire, une autre voix la devança, la surprenant et boostant d'un seul coup sa magie. Elle tourna la tête dans la direction de la voix, derrière elle, et fronça les sourcils.

Un grand homme, fin mais à l'air menaçant, et défiguré, se tenait dans l'encadrement de la porte. Il avait les cheveux blancs et des yeux violets. Evangelina n'avait jamais vu de tels hommes, et cela ne lui donna aucunement confiance. Elle ne faisait confiance à personne, excepté à Alylade, et ce n'était pas ici, dans ces conditions, qu'elle allait commencer. Elle fronça les sourcils et tint sa magie éveillée, même si elle commençait à s'épuiser elle aussi.

L'inconnu comprit le message qu'envoyait son regard car il expliqua tout de suite ne pas chercher les ennuis. Mais Evangelina n'en avait cure. Elle n'avait aucunement l'envie de lui répondre, et encore moins de le voir rester là. Et son regard était clair là-dessus.

Elle savait qu'elle ne pouvait sûrement pas l'affronter dans son état, son seul bras valide soutenant l'Aniathy épuisée, mais il ne semblait pas fort, et elle devait faire peur avec ce sang qui la recouvrait.

L'inconnu détourna le regard vers la créature, du moins se qu'Evangelina pensait être de la peau, et demanda se que c'était. Elle ne répondit pas. En fait, même si elle ne comptait pas répondre, elle n'en eu pas non plus l'occasion. Une autre voix se fit entendre, et l'Aniathy mit quelques secondes à en trouver la source.

C'était une créature ailée, étrange, toute petite et assez vivace, près de l'épaule de l'inconnu, qui venait de parler. Mais Evangelina ne poussa pas plus loin son étude de la petite créature. Elle était désagréable et dédaigneuse, et cela irrita l'Aniathy plus que nécessaire.

Elle pris le contrôle de sa magie et l'accumula au bout de ses doigts, le regard noir et plein de cette haine qui l'habitait, de ce sentiment qu'elle ressent pour tous les vivants. Mais elle ne l'utilisa pas, du moins n'attaqua pas ces deux inconnus désagréables. Elle fit simplement suinter sa magie, comme Alylade avant de lancer ses éclairs. Des volutes noires s'échappèrent doucement de ses doigts, et son regard se fit inflexible.

(Evangelina, il y a des compromis qui peuvent apporter plus qu'une exclusion...)

Elle ignora complètement la remarque de l'araignée.

"Personne ne vous retient ici... Ce serait même le contraire."

Puis elle tourna le regard vers Alylade qu'elle sentait faible.

"Viens, tu vas t'allonger."

Blessures

L'intervention de Nessandro fut sans surprise. Après une remarque véhémente il voleta ici et là pour fouiller la pièce avant de s'aventurer sous le lit. L'une des gamines était à bout de force et l'autre la soutenait en tentant, je crois, de m'intimider en dégageant du bout des doigts des volutes noires. Elle nous invita à quitter la pièce avant de poser son regard sur son amie.

Je ne pouvais m'empêcher de ricaner, se montrer menaçante pour ensuite détourner le regard. Voilà la faiblesse qu'apportait le besoin de protéger quelqu'un. Tellement obnubilé par la sécurité d'une autre, on en venait à quitter des yeux un ennemi potentiel. Au moins avec mon acolyte ailé ça n'arriverait pas. J'étais certains que nous n'étions l'un pour l'autre qu'un sacrifice en sursit pour pouvoir se tirer d'affaire. N'accordant ainsi que la confiance nécessaire pour le partage des trouvailles. A ce propos, je l'interpellais pour savoir où il en était, sans quitter des yeux les deux idiotes.

"Tu trouves quelque chose d'intéressant ou on peut laisser ces deux personnes entre elles ? Elles ont l'air à bout de force. Peut-être veulent elles se reposer."

Je ponctuais ma phrase d'un sourire hypocrite en attendant que Nessandro réapparaisse de sous le lit pour pouvoir quitter cette chambre qui ne me paraissait pas sûre.

La torche éclairant l'endroit où je me trouve, je le scrute intensément. Par terre, droite, et à ma gauche où j'aperçois les pattes des bipèdes présents... Utile cela. Si jamais une telle situation devait se reproduire, je sais maintenant que je peux me servir du mobilier géant comme cachette. Je n'imagine pas l'employer pour échapper à ces grandes choses, mais plutôt pour avoir un coin tranquille depuis lequel les viser avec précision. Qui sait ? Quand je sortirai d'ici, j'aurais peut-être la soudaine envie de détruire les rêves de gloires d'imbéciles via un lancer de fléchette dans le genou.

Mais pour l'heure, c'est une légère grimace affligée et amère que je sens se former. L'endroit est rempli d'une poussière grisâtre et blanchâtre, portant comme une odeur de moisi. Beurk. Je sais que l'endroit est abandonné, mais je suis persuadé que même en usage, personne n'avait idée de déplacer ce lit pour s'occuper du sol. Lorsque mon aile droite se prend un fil de poussière, et les moutons qui vont avec, je ne parviens plus à retenir un souffle contrarié.

"Tch !"

Calant ma sarbacane sous mon aisselle, je frotte ma peau bleutée pendant que la voix du shaakt me parvient. Bien évidemment, sa première demande est de savoir si j'ai trouvé la moindre chose. Il poursuit en m'informant du fait que le binôme de créatures insupportables souhaite sans doute se reposer. C'est donc quasiment à la hauteur de ses pieds que je réapparais, arrachant le dernier amas poussiéreux de mon membre argenté. Rien que pour me détendre, j'aurais du faire brûler ce lit avec ma torche, mais cela aurait été la gaspiller à cause de créatures insignifiantes.

Prenant mon envol en m'assurant m'être défait de toute présence grisâtre, j'arrive au niveau des épaules d'Hekell. J'ignore totalement les autres êtres en dehors de lui. Si j'arrive à imaginer qu'elles ne sont pas là, j'arriverai sans doute à amoindrir cette pointe haineuse dans ma poitrine.

"Rien de mieux que des moutons de poussière. Allons-y, j'ai besoin de changer d'air. "

Sans attendre, je reprends ma sarbacane dans mon poing, remarquant la présence d'un support à torche quand je me tourne vers la porte. Mais à quoi bon l'allumer ? Après tout, cela n'est pas comme si j'avais la moindre raison de m'en préoccuper. Je reste un moment en vol stationnaire, fixant le support, montrant bien que je l'ai vu. Sur ce, je passe sans attendre par la porte restée ouverte. Je n'ai pas menti sur l'envie de changer d'air. Il faut vraiment que je sorte, quelle que soit l'heure de la journée. Etre bloqué entre quatre murs commence, là aussi, à me porter sur les nerfs.

Inconnus

Alylade semblait très fatiguée, mais elle refusa de se coucher. Elle affirma n'avoir qu'à se ressaisir. Evangelina était sceptique mais ne dit rien. Que pouvait-elle dire ? En même temps, les deux inconnus fouillaient brièvement la pièce et continuaient à parler. Et leur discussion n'avait vraiment rien d'agréable pour elles deux.

Pourquoi étaient-ils si méchants, si irrespectueux ? Cela l'énervait grandement, mais elle n'avait aucun moyen de les en empêcher. Son effet de magie ne semblait pas plus les apeurer que cela et elle n'était vraiment pas en état de plus les menacer. Elle ne dit donc rien, restant silencieuse et ruminant en silence.

Finalement, ils semblaient ne pas vouloir rester, ce qui n'était somme toute pas une mauvaise idée. Alylade pour sa part semblait elle aussi ne pas aimer l'attitude des inconnus, mais le montra beaucoup plus clairement qu'elle.

Elle cria littéralement sur la petite créature volante, mettant des mots sur les pensées d'Evangelina. Cette dernière tourna les yeux vers elle. En effet, outre invectiver les deux inconnus désagréables, elle posa délicatement sa main sur la sienne et parla d'elle en temps qu'amie.

Evangelina la regarda, admirative. Une amie. Qui était-elle, pourquoi l'aimait-elle, pourquoi n'avait-elle pas peur ? Elle n'en savait rien, mais ça lui faisait plaisir, très plaisir. Elle vit à peine les deux inconnus partir en silence, toute concentrée sur Alylade, qui lui tenait toujours la main.

Elle ne voulait pas qu'elles se séparent venait-elle de dire. Evangelina baissa les yeux et sourit doucement, avant de suivre son amie. Elle ne voulait pas non plus la quitter, elle voulait simplement rester avec elle et l'aider.

*******Coupure de correction **************** GM8

Elle la suivit donc vers la fenêtre, plus précisément la surface verdâtre, surface qui ne bougeait toujours pas et qui semblait complètement les ignorer. Evangelina se remit à réfléchir sur ce qui l'entourait, sur cette auberge... Mais rapidement, un évènement inattendu la sortit de ses pensées. La surface verdâtre se mit à gonfler doucement, irrégulièrement, comme si des gros pustules apparaissaient d'un seul coup. Il y en avait trois, et la poupée recula d'un pas, inquiète.

Et soudain, ces gros pustules éclatèrent dans un bruit atroce, laissant tomber sur le sol, dans l'auberge, trois étranges sphères blanchâtres. Evangelina recula de nouveau d'un pas et attira Alylade avec elle. Les sphères blanches s'ouvrirent dès qu'elles touchèrent le sol, révélant trois créatures étranges, aux multiples pattes, couvertes d'une carapace blanchâtre et pourvues de pinces qui ne permettaient aucune hésitation sur leur objectif.

Dès qu'elles eurent détecter les deux Aniathys, ces trois créatures s'élancèrent à une vitesse prodigieuse, laissant à peine le temps à leurs cibles de réagir. Et d'un coup, sans prévenir, l'une des créatures blanchâtres fit un bond que son anatomie ne laissait présager, et tendit ses pinces vers Alylade.

Son amie n'hésita pas une seconde et tendit le bras en sautant devant sa nouvelle amie. Elle entendit un craquement et une sensation extrêmement désagréable dans l'avant bras qui lui firent pousser un cri. Le choc la fit reculer d'un pas mais son bras résista et resta opérationnel, à son grand soulagement.

Elle baissa le bras sous le poids non négligeable de la créature d'une cinquantaine de centimètre et posa un genoux à terre, la créature retombant sur le sol, les pinces enfoncées dans le bois du bras de l'Aniathy. Mais elles n'y restèrent pas longtemps et la créature recula pour extirper ses pinces de cette matière qu'elle ne s'attendait sûrement pas à rencontrer.

Evangelina ne prit pas le temps de réfléchir. Elle serra sa dague dans son poing et visa la créature qui l'avait attaquée. Le mouvement fut rapide et bref, mais elle sentit cependant son bras craquer de nouveau. Il fallait qu'elle fasse attention. N'avoir qu'un seul bras de libre était déjà un handicap assez important, autant ne pas aggraver les choses.

Elle leva le bras au dessus de la créature et l'abattu subitement. Il y eut un instant de flottement, puis la lame perça la planche en bois du plancher. L'Aniathy ne sut pas tout de suite si elle avait atteint son but, mais elle le comprit rapidement en entendant le sous étrange et strident de la créature en train d'agoniser. Du liquide verdâtre, sûrement son sang, s'écoulait de la blessure, teintant cette carapace blanchâtre et signant la mort de la créature. Puis le bruit s'arrêta.

Et soudain, une ombre passa devant ses yeux. Evangelina tourna la tête et écarquilla les yeux. Les deux autres créatures fonçaient sur elles, pinces en avant, et elles étaient trop proches, et elle était trop surprise, pour qu'elle puisse les éviter...

Lutte