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 Sujet du message: Arothiir
MessagePosté: Dim 12 Fév 2017 14:26 
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Arothiir – Mine de Thiir (15h-19h).

    Yurlungur ayant accepté le marché de Dorika pour passer inaperçues à leur arrivée à Arothiir, le lendemain au soir, elles avaient toutes deux filé sans demander leur reste. Dorika pressa l’allure de leur monture commune, comme pour mettre au plus vite le plus de distance entre elles et leur groupe précédent. Après une heure de vive chevauchée, elle fut néanmoins forcée de ralentir l’allure pour ménager sa monture. Elles voyagèrent ainsi sans autre incident, malines qu’elles avaient été de bien se protéger, pendant trois heures supplémentaires, jusqu’à arriver à portée d’un édifice dissimulé par les anfractuosités du terrain, à même le flanc d’une falaise de roches claires et jaunâtres.

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    Tout de bois, une vingtaine de silhouettes s’affairaient autour, qui plaçant des lourds sacs de jute sur un charriot, qui prenant une pause, sueur sur le front et habits sales de poussière, qui prenant la relève de ceux-là, munis de pioches et de pelles et pénétrant ce qui semblait être l’entrée d’une mine. Tous avaient un point commun : leur visage couvert, masqué, protection nécessaire contre les gaz de thiir. Dorika n’hésita pas une seconde et se rendit vers la compagnie : le soir tombait et les deux jeunes femmes n’avaient désormais plus de tente sous laquelle dormir. Cet endroit ferait sans doute un bon abri, si tant est qu’elles y soient acceptées. Une silhouette, féminine, s’approcha du duo lorsqu’elles parvinrent à portée de voix. Il s’agissait d’une jeune femme fort peu vêtue, et plutôt chichement, portant une capuche de cuir qui lui masquait la bouche, sans dissimuler ses yeux violets et ses longues nattes blanches.

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    Celle-là les toisa un instant, avant de prendre la parole :

    « Bienvenue à la Mine Za’lahak, dernière mine de thiir encore en activité. Je suis Speeh Lorhell, travailleuse. Pour quelle raison vos pas vous mènent-ils ici ? »

    Yurlungur put sentir un tressaillement de Dorika aux paroles de la jeune femme pâle. Elle prit la parole, surprenamment, pour entrer dans son nouveau rôle.

    « Je suis Dorika Knerses, d’Esseroth. Et voici ma sœur, Yurlungur. Nous nous rendons à Arothiir, et avons besoin d’un abri pour la nuit. »

    La jeune femme les toisa toutes deux un moment, circonspecte, et daigna accéder à leur requête. Elle les fit descendre de monture et rejoindre le corps de bâtiments, les menant jusqu’à un homme aux traits fatigués, lui aussi masqué, mais vêtu plus richement que les mineurs et autres travailleurs visibles de l’endroit, quoique peu ornementé. Des fourrures ayant pas mal vécu.

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    « Chef, voici deux esserothéennes qui veulent passer la nuit ici, pour se rendre à Arothiir. »

    L’homme toisa les deux jeune femmes et rétorqua, soupçonneux :

    « Et qu’est-ce que des esserothéennes iraient foutre à Arothiir ? »

    Même indirecte, la question leur était posée, Speeh les regardant à son tour avec insistance. Dorika, cette fois, garda le silence. Elle n’avait sans doute pas eu le temps de monter un mensonge correct, ne s’attendant sans doute pas à croiser la civilisation pâle si vite. Ça allait être à Yurlungur de jouer.


[HJ : Aparté possible avec Dorika pendant les quatre heures de chevauchée, puis interventions courtes possibles ici, pour faire avancer vite la situation.]


[Yurlungur : 0,5 (introspection) + 1 (apartés) + 0,5 (départ précipité) + 2 (bonus longueur)]

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Mar 14 Fév 2017 18:40 
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...

Les cris s'étaient peu à peu éloignés derrière Yurlungur et Dorika tandis qu'elles chevauchaient vers Arothiir, hardies et vaillantes. La jeune femme semblait vouloir s'écarter au plus vite du groupe qu'ils avaient abandonné - c'était le mot - et avait lancé son cheval vivement sur les plaines. Une fine poussière s'élevait derrière elles et, grâce à leurs protections au visage sans doute et un parfum de chance, elles ne subirent pas davantage les effets du gaz néfaste. La fillette, sans trop pouvoir s'en empêcher, se demandait ce qu'il advenait de Charis et de Karz, alors que le sort du nain ou de Xël lui était plutôt indifférent. S'en voulait-elle de les avoir laissés derrière ? Peut-être, un peu. Mais dans tous les cas, elle avait su improviser sur l'instant une excuse toute faite et cela avait dû plaire à Dorika. Sans avoir froissé Charis (elle l'espérait) ni les autres membres du groupe en direction de Methbe-el, si elle se souvenait bien du nom de cette lointaine cité du désert, elle avait donc réussi à ne pas se frotter à ce nain au demeurant fort désagréable.

N'avait-il pas jugé les aventuriers couards et lâches de ne pas vouloir l'accompagner ? Tout en songeant à cela en étant balancée par le trot rapide du canasson, un sourire ironique s’épancha sur le visage de l'enfant. Croyait-il donc que tout lui était acquis ? Et dire que c'était à présent son orgueil qui mettait en péril la survie du groupe... Il ne restait qu'à espérer qu'il ne parviendrait pas à blesser mortellement l'un de ceux-là, quoiqu'ils semblassent assez résistants.

Finalement, après une petite heure à allure soutenue, leur monture montra des signes de fatigue et, toutes deux bienveillantes qu'elles étaient, elles (enfin, surtout Dorika) décidèrent de la laisser se reposer : elle pouvait à présent avancer moins vite. N'était-ce pas là un gage de leur bonne volonté ?

Il semblait bien que Dorika, pressée comme jamais, souhaitait arriver à Arothiir le plus tôt possible. À vrai dire, Yurlungur ne savait si cela partait d'une intention louable et commune à elles deux, à savoir de mettre de la distance entre elles et le groupe de derrière afin de paraître le moins suspectes possibles, ou si la femme masquée avait d'autres objectifs en tête, objectifs qu'elle refuserait sans aucun doute de révéler à la gamine. Mais bon, il serait toujours temps d'en apprendre un peu plus en la collant au possible une fois dans Arothiir. Ne serait-ce pas là l'attitude parfaite d'une fillette arrivant dans une nouvelle cité vis-à-vis de sa sœur ?

Malgré la gêne pour parler qu'occasionnait le ruban qu'elle portait sur la bouche, Yurlungur se décida enfin à briser le silence :

« Dorika, il faut que nous décidions des dons que nous sommes supposées posséder. Vous vous souvenez de ce qu'a dit le Chevalier tout à l'heure, n'est-ce pas ? Pour ma part, je pense prétendre pouvoir lire l'avenir. »

Tout cela avait été annoncé d'un ton parfaitement clair, sans bavures ni intonation spécifique : en fait, on aurait dit qu'elle avait préparé ses paroles et qu'elle ne faisait que réciter. Après un court instant de pause, elle précisa sa pensée :

« Un tel pouvoir, tel quel, serait impossible à exercer. Disons, des prédictions sibyllines, presque incompréhensibles, laissant seulement vaguement quelques indications par rapport à un futur possible. Mais afin de ne pas rendre ce don trop envahissant, enchaîna-t-elle d'un ton tout aussi anodin, je pense jouer aussi le jeu d'un pouvoir épuisant et douloureux. Enfin, grosso modo, je me débrouille. »

C'était surtout sur cette dernière phrase qu'il fallait insister avec Dorika. Même si elles ne se connaissaient que depuis deux jours, la petite fille reconnaissait en elle le profil parfait d'une solitaire. Il y en avait bien quelques uns, à Dahràm, qui agissaient pour le Gros Néral ou pour d'autres petits chefs : jamais ils ne se pliaient tout à fait à la coopération et, par-dessus tout, il leur était cher de préserver leur indépendance, leur secret et leur solitude. Or, en lui signifiant clairement que Dorika n'aurait pas à se préoccuper d'elle davantage, Yurlungur espérait bien couler dans le sens de ce que la jeune femme attendait d'elle : ainsi il serait d'autant plus facile de se voir révélés les véritables intentions de la dame mystère.

(C'est un joli surnom,) songea-t-elle en lui lançant un bref coup d'œil, puis elle reprit :

« Pour toi, je ne sais pas ce qui t'arrange le plus. De toute façon, si tu ne parles pas énormément, tu n'auras pas à le dévoiler - et puis, tu peux aussi jouer avec le secret et refuser d'expliquer en quoi il consiste... Je suis sûr que ça t'ira à merveille. »

Il y avait bien une petite pique là-dedans : elle soulignait le silence de l'escrimeuse venue d'Exech et pointait tranquillement ce qui était à la fois une force et une faiblesse. Trop nombreux étaient ceux qui n'accordaient à la parole qu'un rôle mineur et un intérêt moindre. Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse ! Pourtant, il était possible de s'en sortir ainsi, et combien de nobles, d'incapables en tout genres et d'hypocrites masqués n'avaient pas usurpé une place par une ingéniosité brillante et des promesses en l'air ?

Dorika, peut-être blessée par la remarque, resta un moment coite avant de rétorquer qu'elle y réfléchirait. Dans la tête de Yurlungur, cela signifiait une chose : Dorika ne lui dirait rien, à priori. Il était possible qu'elle se trompe et que la dame mystère se décide finalement à lui annoncer quel don elle comptait faire mine d'avoir, mais ce ne serait probablement pas le cas. Tant pis.

Et, effectivement, le reste de leur chevauchée se déroula sans accroc ni accident jusqu'à leur arrivée devant une construction absorbée par les rocs mêmes. On voyait, ici et là, des toits ou des murs de bois émerger, inscrits dans les rides de la petite montagne, ou grande colline, sur laquelle ils avaient poussés tels des champignons, épousant la forme du relief et se fondant dans le paysage. Ce n'était pas bien dur, à vrai dire, puisque les nuances de couleur étaient assez pauvres : c'était uniformément une couleur jaunâtre, très claire, oscillant parfois sur le blanc ou le gris, mais tout le reste semblait banni.

Tout autour des bâtiments, des Hommes Pâles se mouvaient et travaillaient, sans paraître bien gênés par le soleil qui avait tapé toute la journée sur les deux cavalières. On remarquait cependant partout qu'ils prenaient soin, tout comme Dorika et Yurlungur, de couvrir leur visage : c'était donc que du gaz pouvait arriver jusqu'ici. Mais partout où se posaient le regard des deux aventurières, il n'y avait que sueur, poussière et haillons de travailleurs : il ne semblait pas y avoir par ici de responsable auquel elles pourraient s'adresser.

Le temps que la fillette fasse ce constat, Dorika s'était déjà avancée jusqu'aux ouvriers et l'une d'eux s'avança vers eux, l'enfant remarquant avec un certain malaise le manque cruel de vêtements pour cacher ses formes. Non pas que voir celles-ci la gênait, mais simplement parce que d'ordinaire, on les montrait de manière plus détournée - avec des vêtements moulants, par exemple. Ici, c'était plus qu'autre chose le manque total de pudeur qui était visible.

C'était, comme elle l'annonça, la dernière mine en activité, nommée Za'lahak. Après s'être succinctement présentée, Speeh leur demanda les raisons de leur venue en ces lieux. Et contre toute attente, ce fut Dorika qui prit la parole après un léger tressaillement, comme si les paroles pourtant banales de la travailleuse avaient en elle un écho lointain et profond. Sans grande hésitation, elle donna leurs noms respectifs et informa qu'elles se rendaient à Arothiir, ayant cependant besoin d'un abri pour cette nuit.

Speeh, après un instant passé à les jauger - Yurlungur tenta un sourire charmant avant de se souvenir que, de toute façon, celui-ci n'était guère visible -, les fit en fin de compte descendre de leur monture et les emmena à travers le corps de bâtiments. Toutefois, elle ne les mena pas à une chambre mais à une personne qu'on reconnaissait être au premier regard le chef de la mine, ou peu s'en faut.

Son accoutrement ne jurait-il pas avec celui de la travailleuse ? Alors que celle-ci n'avait guère plus qu'un bout de tissu pour se couvrir les épaules, lui portait des fourrures et d'autres ornements. Son air fatigué, le fait qu'il ne soit pas au travail, la relative richesse de ses vêtements : tout cela faisait clairement comprendre à Yurlungur qu'on les avait menées au responsable pour qu'il juge si oui ou non elles pourraient rester. Somme toute, c'était parfaitement compréhensible.

Après que Speeh eut expliqué en une seule phrase la requête des deux “Esserothéennes”, le chef désigné les toisa à nouveau avant de leur demander ce qu'elles iraient faire à Arothiir - avec un peu moins de politesse.

Yurlungur lança un coup d'œil à Dorika - c'était elle, l'adulte de la famille qui avait pris la parole tout à l'heure - mais celle-ci semblait simplement prise de court. Elle ne réagissait pas le moins du monde et, instantanément, la petite fille comprit. (Quand on chasse le naturel, il revient au galop...) Le silence allait commencer à s'installer, gênant et éliminatoire au vu de la suspicion de leur interlocuteur, lorsque Yurlungur abaissa son ruban pour parler plus librement, dévoilant un sourire ingénu.

« Enchanté, messire... récita-t-elle telle la gentille fillette qu'elle jouait, inclinant légèrement la tête en avant, comme pour montrer qu'elle connaissait ses leçons de politesse. Dorika et moi avons quitté Esseroth pour nous installer à Arothiir. »

Elle lança un rapide coup d'œil vers Dorika - celle-ci ne réagissait toujours pas - et inclina la tête sur le côté, toujours avec le même sourire :

« Durablement, précisa-t-elle. »

Elle sentait posés sur elle les regards des diverses personnes présentes : si elle se souvenait bien de la carte qu'on leur avait présentée à la Tour d'Or, Esseroth et Arothiir étaient presque à l'opposé l'une de l'autre sur l'ensemble du monde connu d'Aliaénon. Ah ça oui, ils ne devaient pas recevoir de la visite de là-bas tous les quatre matins.

Mais si Dorika n'approuvait pas et restait silencieuse tout du long, laissant Yurlungur, une gamine de treize ans, expliquer tout ce qui concernait pourtant des affaires sérieuses et bien loin de son domaine d'action à priori (ne devait-elle pas se satisfaire de jeux et d'histoires pour dormir ?), leur comportement ne paraîtrait que plus anormal, aussi se tourna-t-elle franchement vers la jeune femme et demanda-t-elle, tout sourire :

« Pas vrai, grande sœur ? »

Son regard revint à l'homme en face d'elle, survola les travailleurs derrière, croisa celui de Speeh. Puis il en vint à s'égarer sur les multiples détails qui parsemaient les bâtiments alentours et la roche creusée : elle jouait là son rôle parfaitement, tout à fait absorbée par la contemplation d'un environnement nouveau et semblant ne pas comprendre, à en voir son expression joyeusement béate, tout ce qu'impliquait leur apparition en ces lieux.


(((1845 mots)))

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Mer 15 Fév 2017 13:09 
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Arothiir – Mine Za’lahak. (19h)

    Dorika, comme semblant reprendre conscience de leur situation, s’exclama en réponse à la question de Yurlungur.

    « Oui. Oui voilà, nous installer à Arothiir. »

    Le contremaître leva un sourcil étonné, et commenta brièvement :

    « Sans rien dans les mains qu’un cheval et quelques armes ? Les rues vous seront amères et dures, à Arothiir. Vous deviez avoir une sacrée bonne raison de quitter votre patrie pour venir vous perdre ici. »

    Il soupira.

    « Enfin, ça ne me regarde pas. Dormez ici, si vous voulez, mais j’peux pas vous nourrir, et vous devrez partir à l’aube, demain. »

    Il attendit qu’elles marquent leur accord, puis fera un geste de la tête à Speeh, qui lorsqu’elles seraient prêtes, si elles n’avaient pas plus de question, les emmènerait dans une pièce isolée, une sorte de remise vide de tout matériel, où elles pourraient passer la nuit. Là, elle aussi resterait quelques instants pour donner réponses aux questions éventuelles du duo.

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Mer 15 Fév 2017 14:44 
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Dorika finit par s'exclamer que c'était bien cela, sortant de son mutisme habituel pour récupérer son rôle. N'était-elle pas supposée veiller sur sa jeune sœur et diriger leur exode ? Il était vrai que, lorsqu'elles avaient préparé leur plan, Yurlungur n'avait pas précisé explicitement qu'elles feraient mine de s'installer à Arothiir, mais c'était pourtant bien le cas. Elles n'auraient jamais été crédibles si jamais elles avaient simplement annoncé venir rendre visite ou faire du tourisme - surtout que cela n'était sans doute pas une activité commune sur Aliaénon.

Le chef en face d'eux semblait étonné, précisant qu'il serait ardu pour elles de se faire une place au vu de leurs maigres possessions, en venant à imaginer les raisons qui auraient pu pousser deux sœurs à quitter leur patrie, aussi lointaine. Souhaitant jouer aussi bien que cela se pouvait, la fillette leva à cet instant des yeux inquiets vers Dorika, une expression mal à l'aise sur le visage. Oh, oui, elles avaient une sacré bonne raison et mieux valait avoir l'air triste d'avoir eu à faire ce dur choix, n'est-ce pas ?

Peut-être avait-il pressenti qu'il s'agissait là d'une raison obscure et bien grave, aussi le contremaître soupira-t-il et laissa-t-il de côté son interrogatoire, préférant ne pas s'immiscer dans leur vie privée. Il leur offrit un toit pour la nuit, avec la protection que cela impliquait, mais les informa qu'il ne pourrait ni les nourrir ni les garder davantage. Mais c'était déjà plus qu'il n'en fallait : un sourire poupin émergea et étira les traits de l'enfant qui s'exclama en s'inclinant légèrement de nouveau :

« Merci beaucoup, monsieur. »

Celui-ci fit un signe à Speeh qui les conduisit jusqu'à un petit local, à l'écart, intégralement vide. C'était donc là qu'elles devraient dormir, toutes les deux, isolées du reste du monde par des planches et quelques clous. Ça oui, c'était rustique, mais c'était à peu près le même niveau que le taudis dans lequel Yurlungur avait passé la moitié de sa vie, si ce n'était plus. Alors, une nuit de plus, une nuit de moins, ça n'allait pas changer grand-chose.

Elle allait commencer à s'installer lorsqu'elle remarqua que Speeh, hésitante, attendait encore un peu, comme s'il se pouvait qu'il y ait encore besoin d'elle. La fillette, tout sourire, se tourna vers elle et s'approcha, l'air curieux avec les mains dans le dos.

« Vous êtes une femme pâle, vous, n'est-ce pas ? »

Elle avait posé cette question sans attendre de réponse, tellement c'était évident, et embraya aussitôt :

« Est-ce que vous savez si Arothiir est loin ? Il paraît que c'est une ville fabuleuse ! Elle écartait les bras en grand pour montrer ce qui lui venait à l'esprit. J'ai entendu des légendes sur Arothiir... »

Elle faisait maintenant les yeux ronds, captivée par son propre récit et enchaîna sans laisser de répit à la pauvre Speeh, assaillie :

« On m'a dit qu'il se passait des choses magiques, parfois, euh... Elle se racla la gorge et prit un ton plus mystérieux, tentant d'imiter plutôt maladroitement l'intonation d'une grande personne : Quand le vent vient de l’est, le soleil est à l’ouest et s’endort dans le sables d’or. C’est l’instant envoûtant, vole en tapis volant vers la magie des nuits d’Orient... Vous avez vraiment des tapis volants ? Moi je croyais que vous n'aviez pas beaucoup de magie... »

Cette fois-ci, elle se tut pour de bon et attendit la réponse de Speeh, son regard figé sur elle et presque impérieux. Son mensonge sur ce “tapis volant”, ce n'était qu'une pure invention ; mais comment reprocher à une fillette de son âge de gober tout ce qu'on lui racontait, même les plus extravagantes nouvelles ?


(((616 mots, citation d'Aladdin)))
(((total : 2461)))

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Dernière édition par Yurlungur le Sam 18 Fév 2017 16:47, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Sam 18 Fév 2017 15:05 
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Arothiir – Mine Za’lahak. (19h-8h)

    Speeh acquiesça silencieusement à la première question de la petite fille, levant cependant un sourcil circonspect devant une question qui enfonçait tant les portes ouvertes. Lorsqu’elle lui demanda si Arothiir était loin elle fit mine de réfléchir un instant, et répondit :

    « Quatre jours, à pied. Vous l’atteindrez sans peine après demain en soirée, sur vos montures. »

    À sa dernière intervention, elle regarda Yurlungur avec une expression tellement abasourdie qu’elle demeura un instant silencieuse avant de répondre, presque hâtivement.

    « Nous n’avons aucune magie, nous les pâles. Seulement le Thiir, que l’on extrait ici. Je… Le chef n’a pas tort, vous risquez d’être déçues. »

    Et sans demander son reste, rendue mal à l’aise par l’intervention fantasque de la petite, elle laissa le duo se reposer. Les gourdes des deux aventurières étaient vides, et il leur faudrait penser à les remplir, avant de repartir.

    La nuit fut calme, mais elles furent éveillées le lendemain par un hurlement lointain. Un sérieux remue-ménage animait la mine de bon matin, et nombre d’hommes pâles se ruaient vers l’intérieur de celle-ci, vers l’origine du hurlement. Elles aperçurent Speeh parmi ceux-là. Elles avaient le choix : aller voir elles aussi ce qui se tramait là-bas, au risque de perdre du temps dans leur voyage vers Arothiir, ou quitter la mine et se mettre en route directement vers leur destination. Dorika, pour une fois, eut un commentaire différent de celui qu’elle aurait dû avoir :

    « Allons voir ce qui se trame là-bas. »

    Elle suivrait la décision de Yurlungur, quoiqu’elle décide, cependant.

[Yurlungur : 0,5 (introspection) + 0,5 (aparté) + 0,5 (bluff) + 0,5 (question) + 2 (bonus longueur).]

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Sam 18 Fév 2017 16:46 
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Speeh, devant l'exubérance de la fillette, répondit toutefois à sa première question. Il leur restait donc deux jours de voyage à cheval : mais ce qui était le plus intrigant, c'était de constater que la “dernière” mine se trouvait aussi loin d'Arothiir. Mais ensuite, l'expression de la travailleuse changea du tout au tout en écoutant les élucubrations de l'enfant : il semblait à vrai dire que ce qu'elle entendait était inouï. Voyant cela, Yurlungur ne pouvait qu'avec peine retenir un sourire, comprenant sans mal qu'elle jouait à merveille l'insouciance et l'espoir fou. Confirmant ce que la fillette avait entendu à la Tour d'Or, elle précisa que les Pâles n'avaient aucune magie, à moins que le Thiir en soit - la petite fille haussa un sourcil - puis elle indiqua qu'elle serait sûrement déçue par Arothiir.

Faisant de son mieux pour contraindre les muscles de son visage, les traits de Yurlungur s'affaissèrent, comme si ces paroles la plongeaient dans un profond émoi. Speeh, presque aussitôt, quitta les lieux, mais l'enfant rajouta à mi-voix et d'un ton attristé, suffisamment fort pour que l'ouvrière l'entende :

« Pas de magie... »

En vérité, elle était ravie. La magie, elle n'avait jamais aimé - surtout quand on l'utilisait contre elle - et arriver dans un lieu où celle-ci était au mieux proscrite, au pire inexistante, cela ne pouvait que l'enchanter. Speeh partie, elle s'avança vers la porte et la referma, se retournant en laissant un sourire apaisé prendre place sur son visage. Les premières confrontations avec les Pâles s'étaient bien passées.

Le silence de Dorika couplé à sa propre volubilité pouvait amener sans mal à une hypothèse : Dorika savait ce qui les attendait alors que Yurlungur non. Et cela correspondait tout à fait à leur couverture - c'était très bien comme ça.

Elles mangèrent en silence, constatant non sans un certain effroi pour la gamine que leurs gourdes étaient à présent vides, puis s'installèrent, chacune de leur côté pour dormir. Il y avait un avantage indéniable à avoir trouvé cette mine, c'est qu'elles pouvaient se reposer sans prendre de tour de garde : or en y songeant de plus près, elles auraient peu de temps pour dormir - ou pour avancer - si elles avaient encore deux journées à cheval à passer. C'était si compromettant que la fillette s'endormit bien rapidement. (Bof, Dorika devrait trouver une solution.)

Mais alors que de délicieux rêves l'enveloppaient, un hurlement lointain vint la tirer brusquement de son sommeil. Ouvrant un œil, puis deux, elle constata que Dorika venait aussi de se lever : elle grommela et s'extirpa de sa couverture, laissant sans complexe un bâillement s'échapper de son gosier. Sans doute quelque peu angoissées par le cri qu'elles avaient entendu, elles empaquetèrent rapidement leurs effets personnels et sortirent de la remise.

Dehors, les mineurs se hâtaient vers l'origine du hurlement dans un fouillis total, tous bien trop occupés pour porter la moindre attention aux deux voyageuses essérothéennes. Le problème semblait sérieux, au vu de l'attroupement qui se formait : cela ne pouvait qu'intriguer la fillette. Et, au-delà de sa propre curiosité, elle songeait que le personnage qu'elle était censée incarner aurait certainement également envie d'aller voir ce qu'il se passait... Mais quid de Dorika ?

Levant la tête vers cette dernière, la dame mystère indiqua qu'elle souhaitait aller voir. Yurlungur sourit intérieurement. Le motif de la visite de Dorika à Arothiir serait-il lié au Thiir lui-même ? Si c'était la dernière mine, il était normal qu'elle soit aussi affectée par les soucis de celle-ci...

« Très bien, allons-y, accepta l'enfant : mais juste quelque chose. »

L'expression joueuse, elle se rapprocha légèrement de son interlocutrice puis proposa suffisamment bas pour qu'aucun des Pâles, qui passaient de toute façon bien trop rapidement pour saisir quoi que ce soit de leur conversation, ne les entende :

« Parions. Je te parie, fit-elle en fixant l'entrée de la mine, que ce hurlement est dû au gaz de Thiir. Si je perds, je te dois une faveur, sinon, tu m'en dois une. Ça peut être n'importe quoi : la gagnante peut demander à l'autre de faire quelque chose pour elle, tout simplement. Alors ? »

Elle leva son regard vers sa “sœur”. Qu'elle gagne ou qu'elle perde, cela lui irait : si Dorika lui demandait de faire quelque chose pour elle, Yurlungur pourrait plus facilement deviner le motif de sa visite en ces lieux, tandis qu'à l'inverse ce seraient les talents de la dame mystère qui seraient révélés si l'enfant gagnait.

Enfin, maintenant, il ne manquait plus que l'assentiment de Dorika.

(((760 mots, dort de 21 à 8h)))

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Dernière édition par Yurlungur le Dim 5 Mar 2017 16:24, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Sam 4 Mar 2017 10:45 
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Arothiir – Mine Za’lahak. (8h30)

    Dorika, pour toute réponse à la proposition de Yurlungur, lui jeta un regard joueur et tendit la main pour qu’elles scellent le pari. Elles purent alors suivre le mouvement de foule des mineurs, confiantes dans leur version de la solution au jeu qu’elles venaient de mettre en place.

    Elles ne tardèrent pas à arriver sur place. Les mineurs faisaient un attroupement les empêchant de voir l’origine du cri, désormais éteint. Des rumeurs montaient dans les rangs des hommes masqués, dont les regards inquiets étaient criants. La tension était à son comble, à l’instant où le directeur de la mine arriva à son tour dans la salle d’où partaient de nombreux couloirs, tous reliés à ladite salle creusée dans le roc par un réseau de rails où quelques wagons de vieil acier, munis d’un seul levier de frein - sans doute les poussait-on à la main – stagnaient là, vides. Le contremaître écarta la foule pour passer, ce qui permit au duo de jeunes femmes de voir de quoi il en retournait : un cadavre baignait dans son sang sur le sol. Un homme au visage masqué, tout à fait semblable à la plupart étant ici, si ce n’était sa gorge tranchée d’une oreille à l’autre d’où s’écoulait encore du sang en cascades purpurines. Il était déjà mort, sans en douter. Le contremaître de la mine pesta.

    « Foutre merde ! C’est le troisième ce mois-ci. Si ceux qui font ça croient qu’on va fermer comme les autres mines à cause de conneries pareilles, ils se foutent le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Merde ! »

    Il trépignait, nerveux, autour du cadavre, et s’adressa à deux de ses ouvriers d’un ton sec et autoritaire.

    « Nettoyez-moi ça, et mettez-vous au boulot. On a des horaires à respecter, si on ne veut pas mettre la clé sous le paillasson. Les Harpies ne permettront pas le moindre retard. »

    Les ouvriers semblèrent hésitants, tout d’abord, mais comme les deux désignés s’échinèrent sans demander leur reste pour débarrasser la pièce du corps, une voix ténébreuse retentit dans le dos des deux filles de Yuimen.

    « Je sais quel être a commis ce meurtre. Engagez-moi, et c’est lui qui sera le prochain à répandre son sang dans votre mine. »

    Tous les regards se tournèrent vers l’origine de la voix. Un homme se tenait devant le couloir menant à l’entrée de la mine, armé de deux longues dagues et protégé tant par une armure de cuir sombre aux nombreuses sangles que par un masque lui barrant le visage. Cela ne parvenait pas à dissimuler, encore fallait-il qu’il l’eut souhaité, ses cheveux blancs et courts, bien que son jeune âge soit évident, au vu de sa posture ferme et tonique.

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    Le contremaître pesta :

    « Asork. Bordel, combien de fois je devrai te dire que je ne veux pas te voir traîner dans les environs de la mine, toi et les engeances de ton espèce. Fiche-moi le camp ! »

    Mais l’homme sombre ne se laissait pas démonter. Il poursuivit, sûr de lui.

    « Celui qui a commis le meurtre est une Ombre d’Arothiir, tout comme moi. Et croyez-moi, vous avez bien assez d’un seul d’entre nous comme ennemi. Il n’y en a qu’un de notre ordre qui soit capable de tels meurtres. Un vieil ennemi. Laissez-moi le traquer, et je vous apporterai sa tête. »

    Le silence était total dans la salle. Le dirigeant de la mine s’en rendit compte, et pesta de plus belle.

    « Qu’est-ce que j’ai dit, bande de faignants ! Au travail, et que ça saute ! Asork, dans mon bureau, tout de suite. On va poursuivre cette discussion en privé, parbleu. »

    Il alla rejoindre l’homme à la toison blanche, mais Yurlungur et Dorika étaient sur son chemin. Il les toisa d’un air mécontent, avant de s’exclamer :

    « Qu’est-ce que vous foutez encore là vous deux. On a assez de souci comme ça ici, foutez-moi le camp. »

    Et il les dépassa sans demander son reste, allant vers son bureau avec le dénommé Asork. Tout le monde se remit au travail, à part Speeh, qui regardait les deux demoiselles d’un air désolé du piètre accueil qui leur était réservé. Dorika, elle, ne sembla pas en prendre ombrage, et se tourna vers Yurlungur avec un regard satisfait.

    « Je crois bien que j’ai gagné. Alors, pour ma faveur, que dirais-tu de m’aider à résoudre ce meurtre ? Le type, là, Asork, me parait bien louche. »

    Louche… en tout cas il l’intriguait, au vu de la manière qu’elle avait eue de le regarder fixement lorsqu’il était apparu.


[Yurlungur : 0,5 (introspection) + 0,5 (pari) + 0,5 (bonus longueur).]

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Dim 5 Mar 2017 16:24 
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...

Le regard de Dorika annonçait déjà sa volonté et, joueuse, elle tendit la main pour accepter le pari. Naturellement et toujours avec assurance, Yurlungur lui rendit sa poignée de main : il ne restait plus qu'à voir ce qu'il y avait là-bas. À vrai dire, c'était surtout parce qu'elle ignorait tout des autres dangers de la région que l'enfant avait lancé ce pari ainsi. Ajouté à cela qu'elle se considérait gagnante quelle que soit l'issue, et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes... Après avoir relâché cette main fine et ferme, la petite fille saisit son ruban et le remit en protection contre le gaz de Thiir. On n'était jamais trop prudent.

Elles s'approchèrent donc de l'attroupement alors que le cri s'était déjà tu, sans parvenir à passer à travers les mineurs qui discutaient entre eux. On les aurait dit sous tension si l'on eût voulu user d'euphémismes : tout indiquait, de leur regard à leur posture en passant par leur gestuelle, qu'ils avaient peur. Quelque part, la petite fille s'en délectait. N'était-ce pas dans des moments pareils qu'ils risquaient de faire les plus grandes erreurs ? Peut-être que ces mineurs, gueux de seconde zone, n'y connaissaient rien au culte du Sans-Visage : mais il serait maintenant bien plus aisé de les approcher, puisqu'ils étaient en danger...

C'était un raisonnement de la sorte qui traversait l'esprit de la gamine lorsque le chef de la mine arriva, écartant de sa seule autorité tous les travailleurs. Se glissant discrètement derrière lui, la brèche dans le flot de Pâles se refermant, elles purent distinguer la raison de l'émoi de ces pauvres gens : un mort. Sa gorge entière avait été tranché d'un geste habile : il ne semblait même pas avoir pu se défendre. Non, ce n'était pas un valeureux guerrier qui était mort en ce jour... Signe que le meurtre était récent, le sang continuait de couler de la gorge.

Sans trop d'espoir, Yurlungur essaya de trouver quelque chose à travers la foule. Le cri s'était élevé depuis tout au plus une minute : mais il était évident que l'assassin s'était caché entre temps. Ou bien il avait fui directement, et il courait alors le risque d'être repéré pour s'éloigner alors que tous s'approchaient, ou bien il s'était dissimulé parmi les travailleurs... Mais malgré tous ses efforts, elle ne parvint pas à trouver quoique ce soit dans la masse des mineurs rassemblés.

Le chef, bien évidemment, était furieux. Outre son langage fleuri, il était toutefois notable que ce n'était pas un événement isolé, ni même le premier du genre. Et, même, il semblait indiquer que d'autres mines avaient subi de tels “accidents” avant leur fermeture... Décidément, si ces gens tuaient ainsi pour leur idéaux, c'était un pays qui allait lui plaire. Mais il ne fallait pas laisser ces sentiments transparaître actuellement : son masque d'inquiétude, qu'elle avait fait surgir juste après avoir aperçu le corps, voilà ce qui la faisait passer pour une véritable enfant.

Les mineurs furent renvoyés au travail, certains délégués à la tâche de nettoyer le cadavre - serait-il enterré ? Aurait-elle le temps d'examiner la blessure pour le type d'arme employé ? Elle voulut se rapprocher avant qu'ils n'aient le temps, leur première hésitation passée, de faire disparaître le corps : lorsqu'un homme prit la parole derrière elles. Simultanément, elles se retournèrent et dévisagèrent le type, qui devait maintenant avoir remarqué sans mal qu'elles n'étaient pas d'ici.

Il affirma qu'il connaissait le meurtrier, qu'il le trouverait et qu'il le tuerait... à condition d'être engagé. Autrement dit, il demandait un dédommagement. (Quelle sympathique personne.) Sans doute se croyait-il hors de portée du tueur, confiant avec ses deux dagues et son équipement complet. En réalité, il n'y avait bien que lui, le chef et les deux Yuiméniennes à être aussi couvertes de protections en ces lieux. Mais ce qu'on voyait tout de suite en lui, c'était sa jeunesse, une forme de fougue que des cheveux blancs n'arrêtait pas. Ça lui donnait même un certain style, du point de vue de la petite Varrockienne, comme si le fait d'avoir l'air plus âgé lui rajoutait une certaine expérience. Mais non, c'était simplement un homme Pâle.

Dorika et Yurlungur, aussi muettes qu'observatrices, écoutèrent la conversation qui s'ensuivit entre le chef et l'homme. Les informations fusaient : son nom (Arsok), une organisation à laquelle il devait appartenir (les “Ombres d'Arothiir”), ses liens avec le meurtrier, aussi bien affectifs que formels. Et lorsqu'Arsok se tut, le silence se fit : comme si tous avaient écouté ce qu'il avait révélé avec la plus grande diligence. Oui, certainement, tous ces gens avaient peur pour leur vie. Quel dommage qu'il n'existât pas sur Aliaénon un culte de Phaïtos...

Peut-être refroidi après les explications de l'Ombre et tout ce qu'elle avait annoncé devant tout le monde, le contremaître finit par l'embarquer avec lui en ordonnant à nouveau à ses subordonnés de se remettre au travail, non sans quelques jurons. Puis, lorsqu'il remarqua la présence des deux “sœurs”, son visage s'assombrit légèrement et il les congédia avec la plus grande des impolitesses. Avant qu'elles n'aient pu espérer répliquer quoi que ce soit, il était déjà parti vers son bureau avec l'Ombre, tandis qu'une Speeh aux traits affaissés les dévisageait, déconfite après le malheureux spectacle auquel elles avaient pu assister.

Dorika se tourna vers Yurlungur et exprima son contentement. Oui, effectivement, elle avait gagné. Se tournant vers elle afin que Speeh ne puisse pas voir son expression, la gamine sourit en écoutant la requête posée et haussa les épaules en répondant avec sarcasme :

« Je m'incline. Et il semblerait bien que je sois obligée de vous aider, puisque c'était le marché... »

Mais tout dans son attitude montrait que cette obligation était tout sauf contre sa volonté. Dorika, par ailleurs, semblait avoir une fixette sur Arsok, souhaitant sans doute le suivre pour vérifier que ce qu'il racontait n'était pas faux. Après tout, Yurlungur elle-même aurait pu agir ainsi : assassiner quelqu'un, faire croire qu'elle pourrait élucider le meurtre, trouver un suspect lambda et le faire accuser. Ensuite, la récompense aurait été à elle... Ce n'était rien de plus qu'une stratégie commune à Dahràm. Quoique là-bas, on n'embauchait que rarement des gens pour élucider les meurtres. Les commettre, c'était tout de même bien plus drôle.

L'enfant ferma les yeux et força son visage à prendre une expression troublée avant de se tourner à nouveau vers Speeh et d'avancer vers elle, tremblotante. Ses gestes, sans être exagérés, montraient tout de même une certaine angoisse : le seul point qu'elle trouvait dommage était sa voix, qu'elle n'arrivait pas à altérer autrement qu'en réduisant légèrement sa force.

« Je... Je... »

Son regard se fit inquiet et elle se mit à fixer la femme avec pitié.

« C'était bien l'un de vos compagnons, n'est-ce pas ? Oh... Je suis désolée... Je... je... Si j'avais su... »

Elle secoua la tête pour reprendre ses pensées et releva son regard sur Speeh :

« Mais vous devez être bien plus triste et anxieuse que moi, à voir cela aussi fréquemment... Je ne dirai pas : ne pleurez pas. Car toutes les larmes ne sont pas un mal... Même si je sais que c'est mal vu de pleurer devant des invités, confia-t-elle en murmurant presque. »

Elle se détourna, comme pour laisser la travailleuse pleurer sans être observée. Elle arrivait diablement bien à se donner l'attitude d'une fillette sensible, trouvait-elle, quand bien même la vue du sang ne l'horrifiait pas plus que ça. Devant le spectacle de la mort, elle ressentait tout au plus une légère indifférence, ce qui la faisait s'interroger : où était donc passé son affection pour ce liquide vermeil ? Elle se souvenait clairement de cette soirée d'hiver, lorsque son père l'avait quitté. C'était par là que ce sentiment avait commencé à croître en elle... Mais il avait disparu en même temps qu'Asmodée. Comme si tout cela n'avait été qu'un rêve...

Après quelques instants, elle revint figer son regard dans celui de Speeh et affirma :

« Je suis navrée... Je souhaitais vous demander de l'eau, puisque ma sœur et moi n'en avons plus, mais j'imagine qu'elle vous est si précieuse ici - et après ce tragique accident... Elle vint placer sa main devant la bouche, vérifiant que Dorika était non loin. Non, nous ne pourrions accepter de recevoir quoique ce soit de vous à présent, alors que vous avez été si accueillant avec nous malgré le danger que vous courrez en permanence. Je vous en prie, laissez-nous vous aider pour mériter notre eau. »

Du coin de l'œil, elle vérifia que le corps n'était pas encore emmené. Si seulement elle pouvait l'examiner, il lui serait possible de déterminer l'arme employée, avec la largeur et la profondeur de la plaie... Certes, elle ne faisait pas cela tous les jours, mais elle savait bien à quoi ressemblaient les blessures qu'elle infligeait avec sa propre dague. De même, elle avait eu l'occasion de voir les blessures faites par des griffes, des sabres ou des épées, selon l'armement des pirates de Dahràm - ou plutôt de leurs adversaires. Alors, son jugement ne serait peut-être pas infaillible, mais il serait là, au moins. Et puis, Dorika avait peut-être également de tels talents.


(((1500 mots, citation du Seigneur des anneaux)))

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Dim 12 Mar 2017 11:26 
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Arothiir – Portes du quartier du palais (18h30)

    Alors que Xël, Charis et Thrag se rendraient au palais, Karz, fourbu, dût avouer sa faiblesse, et précisa qu’il resterait à l’auberge près de l’entrée de la cité jusqu’à avoir recouvré son énergie. Ce fut donc un trio qui s’avança à l’assaut de la cité du Thiir, vers la colline centrale surplombant la cité humaine, où se dressait le palais de la ville. S’ils ne rencontrèrent aucun problème dans les bas quartiers, dont la pauvreté, la misère sautait aux yeux, ils se rendirent vite compte que la partie haute de la ville, les beaux quartiers, était encerclée d’une enceinte massive en pierre claire, dont l’accès se faisait par une porte unique et fort bien gardée. Plusieurs soldats se tenaient là, engoncés dans leur protection matelassée et de plaques d’une couleur unie et sombre : du noir. Leurs casques possédaient des petites ailes, tout comme le symbole d’argent sur leur poitrail.

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    À l’approche du trio, l’un d’eux prit la parole d’un ton revêche.

    « Les hauts quartiers sont interdits aux manants et quémandeurs, par décret de la Noble Trinité. Qui êtes-vous, et que voulez-vous ? »

    Thrag grommela dans sa barbe, pestant contre le manque d’hospitalité de cette cité, mais laissa les aventuriers habitués à ce monde répondre à l’interdiction qui leur était infligée, eux qui étaient entrés dans la cité sans qu’on leur pose la moindre question.


[Xël : 0,5 (introspection) + 0,5 (idée d’aller voir les dirigeants) + 0,5 (bonus longueur).
Charis : 0,5 (introspection) + 0,5 (décision d’aller voir les dirigeants)
Karz : Absence excusée.]



Arothiir – Mine Za’lahak. (8h35)

    Speeh n’avait pas l’air de souhaiter pleurer, avec ou sans présence des deux demoiselles venues de Yuimen. Elle n’en était pas moins nerveuse, atteinte. La jeune femme si peu habillée répondit au premier commentaire de la petite Yurlungur avec emphase.

    « Ces meurtres sont une nouveauté ici, même s’ils sont parvenus à faire fermer toutes les autres mines de Thiir de la région. Nous avions pourtant quémandé à Arothiir des troupes pour nous protéger, mais… le Syndicat n’a rien pu obtenir de la Trinité. Nous ne pouvons rien réclamer, ces garces ne font qu’avoir des attentes à notre égard, sans la moindre considération pour nos conditions de travail. »

    À la proposition de la petite de gagner son eau en apportant son aide, Speeh grimaça, hésitante.

    « Hmm… Tout vaudrait mieux que la présence d’une Ombre au sein de notre mine. Mais je doute que le contremaître Deunog accepte que vous fourriez votre nez dans ses affaires. Peut-être lui aussi pourrait-il craindre d’employer une Ombre. Ces gens-là sont inquiétants, et sèment la mort partout où ils passent. »

    Dans l’entrefaite, trois hommes masqués, des ouvriers de la mine, s’étaient pressés autour du cadavre avec un brancard de fortune. Ils allaient évacuer le corps avant que la maladie ne s’empare de l’endroit, et que les charognards des alentours ne soient attirés par l’odeur de sang frais. Dorika regarda Yurlungur avec sérieux, et lui précisa qu’elle irait guetter la conversation entre le Contremaître et Asork. Elle lui recommanda de la rejoindre près du bureau dudit contremaître lorsqu’elle en aurait fini ici.

[Yurlungur : 0,5 (introspection) + 0,5 (rôle de composition) + 0,5 (marchandage) + 1,5 (bonus longueur).]

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Jeu 16 Mar 2017 16:58 
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Les bas quartiers nous laissent tranquilles mais je sens mes sourcils se froncer devant la pauvreté si manifeste. Il s’agit véritablement d’une chose à laquelle je ne suis réellement pas habituée et qui me met mal à l’aise. Je peine à détourner les yeux devant cette misère. J’aimerais faire quelque chose pour ces pauvres hères, leur déverser ma bourse pleine pour qu’ils en profitent, mais… Je sais que c’est vain, que le problème ne sera pas réglé. Je ne suis ici qu’une étrangère sans légitimité aucune.

Karz, taiseux depuis quelques temps, annonce préférer aller se reposer à l’auberge et j’incline la tête. J’espère qu’il ne lui arrivera rien durant notre absence.

Nous arrivons rapidement dans les quartiers plus aisés… pour nous retrouver confrontés à un mur. Littéralement. Une enceinte ceint les quartiers riches, les protégeant des quartiers pauvres. Mon froncement de sourcils s’accentue plus encore. Pourquoi les dirigeants agissent-ils ainsi ? Pensent-ils réellement que ce soit une solution contre la misère et la pauvreté ? Non... je comprends qu’il ne s’agit pas d’une solution pour les pauvres, mais pour les riches. Ce sont eux qui sont protégés par de telles mesures, les pauvres restants toujours aussi pauvres.

Devant nous se dressent plusieurs soldats tout de noir vêtu aux casques pourvus de petites ailes. Ils semblent faire bien grise mise dans cette ville bien grise. J’ai soudain l’envie de partir et de me retrouver loin sous la chaleur du désert, dans cette ville gaie qu’est Methbe-el, parmi mes saltimbanques d’amis. Pourtant, je carre mes épaules et prend une inspiration. Je ne suis pas à Methbe-el, mais à Arothiir, et j’ai à faire. Naturellement, je prends la tête du trio que nous formons lorsque l’un des gardes prend la parole pour nous annoncer que les quartiers riches sont interdits aux manants et aux quémandeurs par décret de la Noble Trinité. J’ignore de quoi ou de qui il s’agit. Il nous demande alors de décliner nos buts et notre identité.

J’entends le nain pester derrière moi et, si je rejoins ses propos, je m’efforce de présenter au garde un visage lisse et avenant, dépourvu du froncement de sourcils. Je retiens également la petite pique qui me vient aux lèvres soulignant le fait qu’habillés comme nous sommes, nous faisons guère manants.

Par politesse, je descends à bas de Hisan, mon cheval et le tiens par la bride en m’approchant du garde, restant tout de même à une certaine distance, autant par respect que pour lui montrer que je ne suis pas une menace. Et me prémunir de la menace que lui-même pourrait représenter. Après tout, je ne sais pas comment nous sommes perçus par ici.

- Bonjour, nous ne sommes ni manants, ni quêteurs ou quémandeurs. Nous sommes originaires du monde appelé Yuimen et que d’aucuns appellent, pour mon compagnon et moi-même, ajouté-je en indiquant Xël, Sauveurs d’Aliaénon. Je me nomme Charis Kel Asheara. Nous demandons audience auprès de vos dirigeants.

Je marque un instant de pause pour lui laisser digérer mes mots et observe avec attention sa réaction. J'aurais pu oublier le titre que nous portons ici et me contenter de la simplicité. C’est ce que j’aurais préféré faire, mais j’ai dans l’idée qu’un peu de décorum ne fera pas de mal à ce monsieur bien peu poli.

- Pardonnez mon ignorance, mais comme nous ne venons pas d’ici, nous ignorons beaucoup de choses sur votre cité. Pourriez-vous m’en dire plus sur la Noble Trinité, je vous prie ?

(~500 mots)

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Jeu 16 Mar 2017 20:37 
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Speeh, malgré tout, ne semblait pas avoir envie de pleurer. Sans doute ne connaissait-elle pas suffisamment le mineur tué pour en arriver là - il lui suffisait de rester stoïque et d'espérer que ça ne lui arriverait pas à elle non plus. Yurlungur se montrait extravagante, sans doute un peu trop dans l'exagération, mais cela n'avait aucune importance : son rôle était fixé et elle s'y tiendrait. D'ailleurs, même si la mineuse avait trouvé son comportement enjoué bizarre la veille, elle semblait commencer à s'y faire. C'était parfait. D'autant plus qu'aucune remarque n'avait été faite à propos du mutisme de Dorika, qui tranchait pourtant tant avec la spontanéité factice de la petite fille. C'était surtout ce point qui inquiétait la gamine : mais s'il n'attirait pas plus l'attention que ça, c'était réellement parfait. Leur couverture s'adaptait à merveille à tout ce qu'elles voulaient faire croire.

Speeh laissa toutefois quelques informations tomber, informations qu'il ne fallait pas laisser passer. Elle expliqua pourquoi cette mine était la seule encore en activité, donnant un sens aux paroles du chef de tantôt - posant par ailleurs un nom sur ce type : Deunog. Apparemment, malgré le danger, rien n'était fait depuis Arothiir pour aider les mines, comme si leur sort importait peu. Quelques noms d'organismes furent donnés : le Syndicat, la Trinité. On ne leur en avait pas parlé, ni à la Tour d'Or, ni par le Chevalier. À vrai dire, elles n'avaient pas demandé non plus, mais comment auraient-elles pu deviner que de telles... choses existaient ? Le Syndicat, cela faisait sans doute référence à un ensemble de personne s'exprimant pour les autres. C'était une notion lointaine dont elle avait déjà entendu parler - par sa mère peut-être ? - mais elle ne parvenait pas davantage à mettre le doigt dessus. Quant à la Trinité, ce devaient être trois personnes, mais quoi de plus... Toujours était-il qu'il devait probablement s'agir des trois dirigeants d'Arothiir, puisqu'ils refusaient de voler au secours des mines de Thiir.

Mais le Thiir n'était-il pas la ressource phare d'Arothiir ? Sans doute y avait-il là derrière des intérêts privés qui s'entrechoquaient, politiques et économiques : elle ne savait pas trop dans quoi elle se fourrait. Bien sûr, on pourrait toujours raconter ce qu'on voulait dans la foule, à propos de telle ou telle mesure, de tel ou tel refus, on pouvait toujours affirmer que c'était l'absence totale d'empathie des dirigeants qui menait à cela, mais il était évident que cela n'était que le fruit d'une réflexion superficielle. À chaque effet, il y avait une cause, c'était tout naturel. Pour l'heure, la proposition de Dorika était parfaite : élucider le mystère planant autour de ces meurtres dans cette mine afin de s'attirer une bonne image et de s'intégrer d'autant plus vite à la société arothiirienne. (Si du moins cet adjectif existe...)

Le principal problème restait que, même si voir une Ombre ici était préoccupant, ils ne pouvaient s'opposer à la décision du contremaître. Des ragots divers semblaient courir sur ces gens - des faits qui étaient sans doute teintés de vérité. Elle indiqua à Dorika :

« Ces bruits qui courent sont en effet tout à fait abominables : j'en suis toute retournée. Malgré la chaleur, elle se força à frissonner grossièrement, fermant les yeux un instant avant de reprendre : Mais le pire est que cela a sans doute un fond de vérité. D'ordinaire... J’adore les rumeurs. Les faits sont parfois trompeurs alors que les rumeurs, vraies ou fausses, sont souvent révélatrices. Mais là, je dois bien avouer que toute cette affaire m'effraie un peu. »

Tout cela était faux. Au contraire, elle était excitée comme une puce à l'idée de se confronter à des adversaires tels que les Ombres. Elle attendit quelques instants, comme pensive avant de reprendre :

« Mais cela me pousse d'autant plus à vouloir vous aider ! Elle bomba le torse et ramena sa main droite sur le haut de sa poitrine pour affirmer : Je ne peux pas vous laisser sans rien faire. Je comprends qu'avec tout cela et le manque cruel de soutien de la part d'Arothiir, votre contremaître se sente quelque peu obligé d'accepter l'offre de cette Ombre, mais vous courrez peut-être tous un grave danger à cause de cette décision. Je vous en prie, nous nous ferons aussi discrètes que possible pour vous aider. »

Mais des hommes s'approchaient déjà du corps pour l'emmener : Yurlungur croisa le regard de Dorika, qui l'avertit qu'elle allait espionner l'entretien de l'Ombre avec le contremaître. (Excellent,) pensa-t-elle en hochant de la tête avant de s'avancer à nouveau vers Speeh pour lui demander :

« Excusez-moi, pourriez-vous me laisser examiner le corps s'il vous plaît ? »

La demande, telle quelle, était incongrue. Elle, une petite fille si innocente dans ses manières, voudrait voir cela de plus près ? Mais elle avait eu le temps de réfléchir à un moyen de s'en tirer et, avant que Dorika ne soit trop loin pour ne pas l'entendre, elle affirma suffisamment fort :

« Notre mère fut chirurgienne, et elle avait pris l'habitude de me prendre avec elle pour l'aider à quelques menues tâches. Elle détourna le regard un instant, la mine affectée comme si un souvenir fâcheux remontait, puis elle reprit : Même si je ne suis pas une experte, je pense pouvoir reconnaître approximativement à la plaie l'arme qui a été utilisée. J'ai vu... de nombreux cas, il y a cinq ans. »

Un instant, un doute affreux l'envahit. Était-ce bien il y avait cinq ans de cela ? Oui, c'était ce qu'avaient dit les membres du Conseil avec Naral et Esseroth avait dû être frappée par la guerre elle aussi. Elle aurait dû avoir huit ans tout juste, à l'époque : il était concevable qu'en cette période de troubles, elle ait dû elle aussi aider ses parents à soigner ceux qui arrivaient. Elle n'avait pas parlé du père, puisque ce n'était pas nécessaire : l'idéal serait de laisser Dorika aviser à ce propos, ou d'inventer au moment où le besoin viendrait comme elle venait de le faire. Au cas où, elle se nota tout de même d'avertir Dorika de quel mensonge elle avait sorti, si cette dernière ne l'avait pas entendue.


(((1000 mots, citation de Inglorious Basterds)))

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Dernière édition par Yurlungur le Dim 19 Mar 2017 11:58, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Ven 17 Mar 2017 14:09 
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Nous décidons de grimper la butte pour atteindre les quartiers plus aisés mise à part Karz qui, épuisé, préfère se reposer à l'auberge. Que ce soit par la peine ou par le voyage je respecte son choix et le silence qu'il garde depuis la mort de Fin'. Je lui adresse un signe de la tête avant de suivre Charis et Thrag.

Nous atteignons une porte bien gardée, seul passage à travers l'enceinte de pierre claire qui séparait la misère d'une population plus aisée. Comme chaque grande cité, les torchons et les serviettes ne se mélangeaient pas. Des gardes à l’armure sombre, arborant un symbole représentant des ailes d'argents surveillaient le passage. L'un d'eux nous déclare que les hauts quartiers sont interdits aux pécores. Il nous demande ensuite qui nous sommes et ce qu'on veut.

Je retiens d'abord un rire qui ne donne qu'un soupir amusé tandis que Thrag grommelle dans sa barbe. L'étiquette de clodo me collait décidemment à la peau. Je laisse à Charis le soin de prendre la parole. Elle descend de sa monture pour expliquer qui nous sommes et d'où nous venons. J'adresse un chaleureux signe de main aux gardes quand elle me désigne mais me garde de mettre pied à terre pour ne pas paraître ridicule. Elle l'interroge également sur la cité et j'avoue que j'attends la réponse avec impatience, avide de combler ma curiosité sur Arothiir et le monde d'Aliaénon en général. Combien de cité j'avais découvert jusque-là ? Fan-Ming, Esseroth, Nagorin, Ouesseort, la nouvelle cité de la Tour d'Or. Je voulais en découvrir d'autres. Découvrir toutes les richesses, les paysages, les gens. Embrasser la même quête de tour du monde que Fin' voulait débuter il y a cinq ans. Je retrouve le sourire en songeant à mon ami, le souvenir de son visage en nous quittant à mon réveil plutôt que celui de sa face défiguré par la douleur lors de sa mort. J'ajoute quelques mots à l'adresse du garde sur un ton sincère.

"Rassurez-vous, nous désirons juste passer la nuit avant de repartir. Nous ne comptons pas vous dérangez."

((340 mots ))

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Sam 18 Mar 2017 13:35 
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Arothiir – Palais (18h45)

    Le garde qui avait adressé la parole au trio parut impressionné des présentations qui lui furent servies. Aussitôt, il fit un salut militaire, ramenant sa main à hauteur de son casque, et répondit tout de go :

    « Des ? Oh, oui, bien sûr. Les Dames d’Arothiir seront ravies de vous recevoir, aucun doute là-dessus. Veuillez me suivre, héros d’Aliaénon. »

    Il entama la marche dans les quartiers nobles d’Arothiir, allant jusqu’à escorter en personne le trio d’arrivants. Tout en marchant, il répondit à Charis, qui était la seule à être descendue de sa monture.

    « La Noble Trinité, les Dames d’Arothiir, dirigeantes de la cité. Mes seigneuriales Jess, Guigne et Sable, comme elles aiment être appelées. Dame Jessaccilo, Dame Guinirgy et Dame Sableviss. Elles ont réussi d’une main ferme à garder Arothiir hors de l’eau depuis l’effondrement de l’alliance du Royaume Pâle. Elles sont des dirigeantes efficaces et zélées, nos représentantes presque divines en ce monde dangereux. »

    Thrag grogna une fois de plus dans sa barbe :

    « Té, on ne fait pas plus partial, ici, comme guide touristique ? »

    Le Garde singea de n’avoir pas entendu, et les mena jusqu’au palais, gardé par d’autres soldats à la même livrée noire, et à l’intérieur de celui-ci jusqu’à une salle dont le faste apparent décriait clairement avec la pauvreté des bas-quartiers de la cité.

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    Immense et vide, toute de marbre, à la colonnade large et haute, la grande salle menait à trois majestueux trônes, occupés par des créatures les plus surprenantes. La première, à gauche, était avachie lascivement sur un trône de coussins, fort peu vêtue. Elle avait la peau pâle, quoique dans des teintes humaines, et tenait à la main un calice d’or. Ses yeux de lave observaient le quatuor qui entrait, débarrassé de ses montures, et sa chevelure blanche était engoncée dans deux grandes cornes courbes qui venaient cerner son visage comme une couronne.

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    La seconde était bien plus vêtue, toute de noir et de blanc, d’une manière noble, avec col montant et robe longue. Elle se tenait fièrement, droite et inflexible, sur le trône central. Sa peau était des plus blanches, tout comme sa chevelure qui descendait en cascades autour de son visage gracieux. Ses yeux entièrement noirs étaient fixés eux aussi sur le quatuor, et elle arborait elle aussi deux cornes courbes noires sur la tête, ornée d’argent et de gemmes rouges.

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    La troisième, sur le trône de droite, semblait être la plus jeune du trio. De la Noble Trinité. Visage ingénu, cheveux rouges et courts, elle portait une robe courte de cuir dans les tons rouges. Elle portait de nombreux bijoux, collier et bracelets de piques, boucles d’oreilles et de nombreux piercings sur le visage. Ses cornes, plus fines que celles de ses consœurs, étaient elles aussi ornées de joaillerie. Elle toisait les arrivants d’yeux entièrement rouges. Sa peau était hâlée, presque dorée.

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    Le garde introduisit les visiteurs à ses seigneuriales.

    « Grandes Dames, voici que se présentent à vous Charis Kel Asheara, Sauveuse d’Aliaénon, et ses deux compagnons de voyage, venus eux aussi du monde de Yuimen. »

    La créature de gauche le congédia d’un geste de la main, tandis que la centrale prit la parole d’une voix impérieuse, gardant un port et un visage tout à fait solennels.

    « Au nom d’Arothiir, nous vous souhaitons la bienvenue en notre Palais, Dame Charis du clan Asheara, ainsi qu’à vos deux gardes du corps. C’est un honneur que vous nous faites de nous gratifier de votre visite. Voilà longtemps que les êtres de Yuimen n’ont plus foulé Aliaénon. Quelles raisons vous amènent à nouveau sur notre monde, Héroïne ? »

    Visiblement, elles ne s’adressaient qu’à Charis… Thrag émit un soupir voisé étouffé dans sa barbe, se retenant de tout commentaire, et laissant le loisir aux deux Sauveurs d’Aliaénon de répondre à ce trio incongru.


[Charis : 0,5 (introspection) + 0,5 (présentations) + 0,5 (question) + 0,5 (bonus longueur).
Xël : 0,5 (introspection) + 0,5 (rassurer le garde).]



Arothiir – Mine Za’lahak. (8h40).

    Dorika s’en alla donc espionner, laissant seule sa « jeune sœur » s’occuper de l’enquête sur le cadavre. Une seule chose se dressait encore contre Yurlungur : les hommes pâles, les mineurs qui avaient commencé à emmener le corps. Speeh, face au discours de la jeunette, ouvrit des yeux surpris, et hésita un instant avant de répondre, peu convaincue :

    « Je… heu… je ne trouve pas que ce soit la place d’une jeune fille, mais… si vous y tenez, et si vraiment la vue du sang ne vous effraie pas… »

    Elle mena la petite jusqu’aux mineurs, qui interrompirent leur embarquement à l’arrivée du duo. Speeh leur demanda si elles pouvaient observer le corps, ce à quoi les mineurs parurent peu contents :

    « Et puis quoi, encore ? L’a le droit à un peu de respect, non ? Déjà qu’il s’est fait buter comme un chien ! Et puis, qu’est-ce qui nous dit que celle-là et l’autre plus âgée, là, elles ne sont pas liées à tout ça ? »

    Il s’adressait à Speeh, qui ne sut que répondre, tenant tout de même tête d’un visage déterminé au mineur qui l’avait apostrophée. Pendant ce temps, Yurlungur eut tout le temps de sommairement analyser le corps exsangue. Sa gorge avait été tranchée d’une oreille à l’autre, proprement, rapidement. La plaie était nette : l’arme était aiguisée, sans aucun doute. Et le mouvement précis, d’un être habitué au meurtre. Aucune bavure, aucune trace de combat sur le cadavre. Il s’était fait surprendre sans pouvoir réagir… Elle pouvait peut-être en apprendre plus sur lui, en l’observant plus attentivement, mais il allait falloir convaincre les mineurs, cette fois…

[Yurlungur : 0,5 (introspection) + 0,5 (rôle de composition) + 0,5 (enquête) + 1 (bonus longueur).]

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Dim 19 Mar 2017 11:57 
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...

Apparemment, son excuse n'était pas formidable : Speeh la regardait maintenant avec des yeux grands ouverts, comme si elle eût en face d'elle un être incroyable. Elle bredouilla quelques mots, ne pensant pas que ce soit la place d'une jeune fille. La mineuse semblait presque inquiète : sans doute pensait-elle que Yurlungur serait effrayée par la vue du sang. Toutefois, elle ne tenta pas de s'y opposer, au contraire : Speeh semblait bien de son côté, même si elle ne parvenait évidemment pas à saisir toutes les nuances de la fillette. Celle-ci lui adressa un sourire de satisfaction pour la remercier, associé à un léger hochement de tête, puis s'approcha du corps. La demande fut faite, la réponse cinglante.

Elle faillit hausser un sourcil et se montrer à son tour dure envers ces travailleurs - mais elle devait se contenir. Son masque lui était trop agréable pour qu'elle le retire dès maintenant. Elle écoutait donc, sans manifester de prime abord d'émotion sur ses traits, tout en observant rapidement la plaie qui avait tué le mineur. Il était donc question du respect qu'on tient aux morts et de la suspicion qui portait sur tous les étrangers à la mine du fait du caractère aléatoire des meurtres. Il fallait qu'elle trouve un moyen de leur clouer le bec sans pour autant s'attirer leur ressentiment : si jamais elle disait quelque chose, il fallait qu'elle soit aussi douce et subtile qu'un poignard qui égorge sa proie. Quelque peu ironique, en face d'un mineur mort : mais surtout, pas de sourire amusé sur son visage enfantin.

Elle avait bien vu que l'assassin menait son affaire avec une expertise remarquable. Pour avoir réussi à trancher la gorge d'un seul coup, d'un geste aussi propre que net, il s'agissait clairement d'un adversaire des plus dangereux - ou d'un allié des plus intéressants. Après tout, elle ne connaissait rien de ses motivations... Sans nul doute, l'assassin avait été suffisamment rapide pour avoir eu sa victime sans qu'elle n'ait le temps de réagir - peut-être le hurlement qu'elles avaient entendu ce matin n'était-il même pas le sien, mais celui du mineur qui l'avait découvert. Elle doutait que l'un d'eux, d'ailleurs, soit à l'origine de ces meurtres : non seulement cela devait nécessiter de leur part une maîtrise des armes tout à fait exceptionnelle, mais leur côté balourd tranchait avec l'idée de discrétion et d'agilité qu'elle se faisait d'un tel tueur. Non, décidément, elle ne parvenait pas à les croire capable d'une telle chose : il était certain que le meurtrier n'était pas de la mine. Et puis, même si cela la dérangeait un peu de l'admettre, il était probablement bien meilleur qu'elle au combat. Restait à voir s'il pourrait les battre toutes les deux, Dorika et elle - mais même dans cette configuration, leur victoire n'était pas assurée.

C'était quelque peu problématique, néanmoins elle n'avait pas davantage le temps d'y songer. Elle avait pris le soin, dès le début de sa réflexion silencieuse - c'est-à-dire à partir du moment où elle avait pu commencer à observer le cadavre - de laisser une mine inquiète se former peu à peu sur son visage. Elle releva de grands yeux tristes vers les mineurs qui la regardaient suspicieusement avant de leur répondre, la voix légèrement brisée :

« Je comprends votre colère et votre ressentiment. Il est en effet si dur de voir un être cher quitter ce monde... »

Elle semblait parler d'expérience - d'ailleurs, c'était vrai. Mais pour l'heure, c'était plus un stratagème qu'autre chose : toute personne un tant soit peu sensible comprendrait qu'elle avait dû vivre des événements tragiques. Ceci associé au fait qu'elle était une enfant, même si elle était en ces terres plus une étrangère qu'autre chose, suffirait à rendre les mineurs embêtés d'avoir répondu si sèchement. Il était inutile d'en rajouter plus : un court silence suffirait à installer un malaise palpable et les mineurs devraient se sentir légèrement gênés, eux qui ne considéraient sans doute pas leur collègue tué comme un “être cher” à leurs yeux. Si elle avait commencé avec l'émotif, elle devait toutefois poser quelques arguments de raison en sa faveur pour réussir à les convaincre de la considérer comme une alliée de confiance :

« Mais je tiens à prouver mon innocence, reprit-elle soudainement, son regard s'étant doté d'un certain aplomb. Moi et ma sœur ne sommes arrivées que hier, or Speeh nous a informées que les meurtres avaient commencé bien avant. Alors que si nous étions déjà là auparavant, ne nous aurait-on pas remarquées avec notre physique d'Esserothéennes ? Nous ne sommes ni responsables ni liées à ces meurtres. Même si je suis encore petite, j'ai appris à sauver des vies et je pourrai peut-être reconnaître l'arme utilisée à partir de la plaie, si du moins celle-ci a déjà été utilisée sur les champs de bataille il y a cinq ans. Ne croyez pas que ma mémoire me ferait défaut : il y a des scènes que l'on oublie pas, d'autant plus lorsqu'elles sont macabres comme celles-là. »

Elle soupira et secoua la tête avant de se reprendre :

« Oh, je suis navrée. Je vous en prie : offrez à cet homme une tombe décente et espérons que son âme trouve la paix. Il est sans doute bien plus intelligent de laisser cette Ombre, Arsok, enquêter sur ces assassinats plutôt que quelqu'un d'autre. Après tout, n'est-il pas un expert en la matière ? »

Et elle se tut, son regard s'étant baissé jusqu'au corps sans vie qu'elle fixait maintenant avec tristesse. Si ce que Speeh lui avait raconté était vrai, rappeler qu'ils mettaient leur survie entre les mains d'une Ombre d'Arothiir devrait les secouer un peu : restait à voir ce qu'ils préféraient entre ça et deux inconnues d'Esseroth, dont une enfant. Au moins, elle avait exposé en trois temps tout ce qui pourrait faire regretter à ces hommes de l'avoir repoussée. Tout avait été mis en place pour expliquer à la fois pour quelles raisons il pourrait être utile de la laisser examiner le cadavre, tout en conservant dans la mesure du possible son côté de petite fille innocente. Son jeu n'avait pas été tout à fait parfait avec Speeh jusqu'ici, mais plus elle construisait précisément son rôle, plus il lui devenait agréable et aisé de le suivre à la lettre. Intérieurement, elle souriait en attendant leur réponse.


(((1000 mots)))

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Dernière édition par Yurlungur le Mer 29 Mar 2017 20:31, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Arothiir
MessagePosté: Ven 24 Mar 2017 12:34 
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Aussitôt les présentations faites, le garde se redresse pour nous adresser un salut militaire parfait, salut militaire qu’il aurait dû accorder à quiconque se serait présenté devant la porte, quel que soit son rang ou son appartenance. S’il avait été membre de mon clan, la remontrance cinglante ne se serait pas faite attendre, cependant il ne s’agit pas là d’un de mes hommes, mais d’un parfait étranger. Il ne m’incombe pas d’éduquer les personnes sous les ordres d’autres. Il estime que les Dames d’Arothiir seront assurément ravies de nous voir.

Nous lui emboitons le pas pour entrer dans les quartiers riches de la ville alors que je l’écoute expliquer que la Noble Trinité sont les dirigeantes de la cité, ce que j’avais plus ou moins déduit jusque-là. Elles se prénommeraient Jessaccilo, Guinirgy et Sableviss et il nous indique les diminutifs allant avec, cependant la politesse m’interdit d’utiliser les diminutifs en question. Il s’agit de dirigeantes et d’inconnues, après tout. Ou presque inconnues, du moins. Selon notre guide, les dames d’Arothiir seraient parvenues à maintenir la ville hors de l’eau suite à l’effondrement de l’alliance avec le Royaume Pâle. La population les considèrerait comme presque divines. Je ne puis m’empêcher de pincer les lèvres, dès qu’un dirigeant se prend pour un dieu, cela peut rapidement mener à des ennuis.

Le nain, lui, marmonne dans sa barbe quelques mots de plus à l’adresse du garde et je ralentis le pas pour me tenir au niveau de son cheval en laissant le garde devant. Je siffle entre mes dents avec une fermeté que j'emploie rarement :

- Modérez vos propos en la présence de nos hôtes, je vous prie, Maître Thrag. Vous pourrez exprimer votre mécontentement de tout votre saoul une fois que nous serons sortis d’ici.

Nous arrivons jusqu’au palais, un lieu véritablement sublime pour mes yeux toujours peu habitués aux bâtiments de pierre. Celui-ci est colossal, d’une taille bien supérieure à tout ce dont je suis habituée. Il y a des fenêtres de verres, des colonnades de marbres et un sol si poli que je distingue dedans mon visage éberlué par tant de faste, triste contraste avec l’état des bas quartiers. Je reprends rapidement un visage neutre, visage qui ne bouge pas d’un fil lorsque nous arrivons face à la Noble Trinité. Je ne m’attendais pas du tout au spectacle de trois femmes alanguies pourvues de cornes. Que sont-elles exactement ? Des humaines, autre chose ?

L’une d’elle est étonnement peu vêtue et je ne peux masquer le léger rose qui me vient aux joues à l’idée de me présenter ainsi dévêtue face à une audience. Ce sont décidément des mœurs auxquelles je ne peux m’habituer. Je tourne rapidement le regard pour le poser sur la seconde de la Trinité, une femme à la peau d’une pâleur impressionnante qui me fait penser à la lune au milieu d’une nuit sans étoiles. La troisième est manifestement la plus jeune, ses cornes sont plus petites et son visage semble plus juvénile, ce qui me pousse à m’interroger sur la façon dont elles sont choisies à ce poste. Est-ce héréditaire, par choix du peuple ou se sont-elles taillées un chemin jusque-là ?

Surtout… Elles ne ressemblent pas au souvenir que j’en ai. Je me souviens de femmes ailées qui se transformèrent en créatures parfaitement humaines pour nous annoncer leur départ d’Andel’Ys, leur tâche achevée. Combien de formes pouvaient-elles revêtir ? D’où tenaient-elles de tels pouvoirs ? Une autre information de taille : aucune d’elles n’avait participé à la bataille finale de Fan Ming. Ce que je me garderai bien de faire remarquer pour le moment, nous ne sommes pas ici pour porter des accusations, surtout sans connaissance de la situation telle qu’elle fut à l’époque.

Je me souviens de dirigeantes inflexibles et fières, mais là s'arrêtent mes souvenirs, je n'ai guère eu le temps de les côtoyer avant qu'elles ne partent. Il m'est donc difficile de subodorer leur opinion de la situation. Je les observe avec attention, tentant de remettre un nom sur chacun des visages, mais cela n’est guère aisé car je ne les avais vu que brièvement et leur visage a quelque peu changé depuis.

Le garde nous présente avant de se faire congédier par Guinirgy. Celle du milieu, Jessaccilo dont je ne peux me méprendre sur la voix impérieuse nous souhaite la bienvenue au palais, nous annonçant qu’il s’agit là d’un honneur de nous recevoir.

- Mes Dames, je suis agréablement étonnée que vous connaissiez les coutumes de mon peuple, je suis en effet Charis Asheara du clan Asheara, voici Xël, également Sauveur d’Aliaénon et Maître Thrag, aventurier venu de Yuimen. C’est un honneur d’être accepté en vos murs.

Je leur adresse une légère révérence avant d’indiquer mes compagnons alors que je les présente.

- Nous nous sommes brièvement rencontrées à l’issue de la bataille d’Andel’Ys. Notre présence en vos murs est avant tout due à la courtoisie car nous sommes de passage en votre cité et nous souhaitions vous présenter nos hommages, poursuis-je en inclinant légèrement la tête pour souligner mes propos. Notre présence sur Aliaénon, cependant, n’a malheureusement pas des buts aussi légers car nous avons été appelés par le Conseil d’Or qui s’inquiète des agissements du Sans-Visage. Nous ignorons pour l’heure la nature exacte de ses agissements et les motivations qu’il y a derrière, nous ignorons, même, s’il s’agit réellement de lui derrière tout ceci, aussi pour le moment nous tentons d’en apprendre plus, de nous informer et aviser avant d’agir, si cela est nécessaire. Auriez-vous, par hasard eu vent de tout ceci et en sauriez-vous plus ?

J'ignore beaucoup de choses sur ces femmes et leurs opinions, aussi ai-je choisi l'honnêteté pour m'adresser à elles, leur présentant la situation telle que je la vois : nous sommes des enquêteurs sans avis arrêté et tentons simplement d'en apprendre plus, sans jugement hâtif ou préjugé. Peut-être pourront-elles nous apprendre des choses, car je ne doute pas qu'elles aient leur propre vécu de la situation.

La curiosité me pousse à leur en demander plus sur les formes différentes qu’elles arborent, mais je ne les connais pas assez pour se faire. Peut-être en aurai-je, plus tard, l’occasion, mais pas pour le moment.

~ 1000 mots.

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