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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Sam 28 Jan 2017 04:48 
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Tout le monde semble prêt pour le départ, mes compagnons ainsi que ceux qui vont se joindre à nous pour une partie du voyage, tout le monde est visiblement fin prêt. De ces gens qui vont nous accompagner, je n'en connais qu'un. Kiyoheiki, le plus valeureux et le plus courageux des nabots que je connaisse. Puis les autres. Les deux frangins, la gamine, la demoiselle d'Exech, une elfe donc j'ai oublié le nom et la lopette avec la hache immense. Bref, un bon petits groupe. Visiblement le plus nombreux d'ailleurs. Mais peu m'importe au final, je ne vais pas côtoyer la plupart d'entre eux très longtemps. Je préfère reste concentrer sur mon objectif et sur ceux qui vont m'aider à le remplir. Pas le temps de m'éparpiller. Quand notre guide en armure nous explique tout sur les temps de voyage de chacun, je me mets en selle et attend patiemment qu'il nous ouvre la voie ce qu'il ne tarde pas à faire au final. Une semaine de chevaucher au total pour rejoindre Methbe-El. Je ne sais pas de quoi sera fait le voyage ni ce qui va nous attendre mais s'il y a bien une chose dont je suis sûr c'est qu'une fois arrivé à l'entrée du désert, j'aurais mal au cul. Enfin...Ce ne sera pas la première fois.

Pendant le trajet, je reste un peu à l'écart, silencieux, discret. Même si je sais plus ou moins monter à cheval, ce n'est pas un exercice auquel je suis régulièrement confronté et je dois rester relativement concentrer pour ne pas me vautrer. Tant et si bien que j'accueille avec un plaisir immense la fin de cette journée de trajet. Me frottant le postérieur, je file aider quelques aventuriers à ramasser du bois avant de partir me dégourdir les jambes, légèrement à l'écart. Grignotant quelques fruits, je regarde les autres s'activer, discuter, se reposer. Je n'ai pas vraiment envie de me mêler à eux ce soir. Non, ce soir, je vais retrouver quelques bonne vieilles habitudes et tranquillement dormir à la belle étoile. Enfin, quand le moment sera venu car une personne que je ne m'attendais pas à voir s'approche de moi. La gamine. Les mains dans le dos elle s'approche le plus naturellement du monde et me qualifiant de « drôle » elle me demande, de but en blanc si j'ai toujours été comme ça. En voilà de la franchise. Pure. Elle me plaît bien la p'tite. Tant et si bien que je ne peux pas m'empêcher de commencer à sourire, tranquillement.

"Drôle ? Haha, c'est la première fois que je l'entends celle-là! Et non, je n'ai pas toujours été comme ça."

Oui. Pour le temps que j'ai passé à Oranan, j'ai eu le droit à « Monstre », « Traitre », « Immondice », « Abomination » mais c'est bien la première fois que quelqu'un me trouve « Drôle ». Je suppose que c'est une manière de voir les choses effectivement. Et de ce fait, l'enfant m'intrigue encore plus. Pour plusieurs raisons d'ailleurs. Elle n'a pas pu débarquer sur Aliaenon par hasard elle est donc censé savoir où elle a mis les pieds. Qui plus est Naral s'est visiblement porté garant auprès du Capitaine. Alors soit cette gamine est complètement stupide et chanceuse, soit elle cache rudement bien son jeu. Après tout, plus rien ne m'étonne vraiment maintenant et elle a plus ou moins le même âge que...Enfin autant demander les choses directement.

"Et sinon, puisque c'est l'heure des questions. Qu'est-ce qu'une gamine vient faire sur Aliaenon ?"

Visiblement, elle veut bien me répondre si en échange, je lui explique le pourquoi du comment de mon apparence et de la bestiole qui se balade sur mon bras. Quoi de plus normal. Je lui fais donc signe de s'asseoir en lâchant un "Marché conclu jeune fille." Je la regarde s'installer et poliment, je l'écoute. Son histoire, je la connais, plus ou moins...Parce que c'est la mienne. La fuite, la survie et tout ce qui va avec. Enfin, en ce qui me concerne j'avais déjà perdu cette notion d'amusement, de divertissement, de découverte quand tout à commencer. Instinctivement quand elle parle, je sers les poings et fixe le vide en fronçant légèrement les sourcils, confronté à mes propres souvenirs. Ma sœur, mon village, mon père et tout le reste. Mais visiblement c'est à mon tour de parler. Je pousse un léger soupir et me détend. J'ai depuis quelques temps déjà, arrêter de subir mon passé, ce n'est pas pour recommencer maintenant.

Je plonge alors mon regard dans le sien et décide de commencer avec une petite introduction des plus simples, juste pour lui faire comprendre que je sais plus ou moins ce qu'elle vit, même si chaque histoire est différente.

"La fuite et la survie, une dizaine d'années que je pratique l'exercice."


Maintenant que c'est fait, il est temps de lui dire ce qu'elle veut savoir, ce qu'elle veut entendre. Je n'ai rien à cacher au final maintenant que je suis relativement droit dans mes bottes. Mais ce n'est pas pour autant que je vais lui donner tous les détails. Je ne doute pas de l'intelligence de la p'tiote mais une enfant n'a pas besoin de connaître absolument tout ce qui me concerne et puis je n'ai pas envie de donner l'impression de m’apitoyer sur mon sort. Je réfléchis donc un instant en me grattant l'arrière de la tête.

"C'est donc à mon tour de remplir ma part du marché, mais essaye de ne pas m'interrompre. Pour commencer..."

Je tapote alors doucement sur la tête du truc dégueulasse que je trimballe et la bestiole rampe le long de mon bras pour venir dans le creux de ma main et prendre la forme d'un arc. Je laisse quelques secondes s'écouler, pour ménager l'effet avant de poursuivre.

"...ceci est mon arc. Un cadeau de l'un des Treize : Cwedim, le grand maître des limaces. Il me l'a remis quand je suis devenu son champion et que j'ai rejoins l'armée d'Oaxaca en tant que Sergent. En passant les détails, je suis un maintenant un traître à l'armée de la Catin d'Omyre, mais je garde cette arme pour sa praticité et le symbole qu'elle représente."


Je laisse ensuite mon arme reprendre sa place avant de fixer mes paumes. Par réflexe, je zoom sur ces dernières avant de revenir à un mode de vue plus classique. J'ai pris cette habitude de jouer avec mes pupilles quand je fixe quelque chose. Pour apprendre à les contrôler au début, puis c'est vite devenu une sorte de tic.

"Pour ce qui est de ce corps...Je l'ai récupéré ici sur Aliaenon lors de ma précédente venue. Comment ? En mourant. En passant encore une fois sur les détails compliqués, je suis mort et j'ai pu voyager sous forme de...fantôme ? J'ai investi ce corps et en ai chassé l'âme en souffrance de son précédent propriétaire pour le faire mien."

J'aurai peut-être pu utiliser des mots moins crus, moins directs, mais non. J'ai décidé et conclu, pour le moment que cette gamine avait la maturité nécessaire pour comprendre les chose. Je ne saurai pas l'expliquer. Peut-être les similitudes entre nos histoires respectives, sa manière de parler et d'agir, je ne sais pas. En tout cas, je suis sûr qu'elle est suffisamment maline pour comprendre alors autant ne pas la traiter comme une gamine niaise.

"Voilà, tu sais tout jeune fille...ou presque."


Sa réaction est incroyable. Mon histoire est selon ses dires « tout à fait fantastique » et ne semble ni choqué ni rebuté par mon ancienne affiliation aux armées Oaxiennes. Décidément, cette discussion aura été des plus rafraîchissante. Elle finit par se pencher vers moi et semble vouloir me signifier que cette discussion restera entre nous. Ha ! C'est juste...Incroyable. Je n'ai pas vraiment d'autre mot pour qualifier ce que je ressens en ce moment. Cette gamine est...drôle. Ouais, drôle. Son innocence à le mérite de me remonter le moral et je ne peux réprimer un éclat de rire avant de lui dire:

"Nan, je ne cherche pas à le cacher."


Elle ne semble pas prendre cette dernière info de la meilleure des manières, mais je ne m'en formalise pas et quand elle se lève, je lui fait un simple signe de la tête. Restant à l'écart et seul pour manger tranquillement, je regarde ce qui nous entoure. Ces Buffapas sont assez intrigants, mais docile selon le Chevalier d'Or. Par contre, dormir au milieu de ces bestioles ne me rassure pas pour autant. Un troupeau de ruminants sauvages visiblement hors de leur territoire habituel c'est une proie de choix pour tout un tas de prédateur. Et je n'ai pas vraiment envie d'être pris au milieu d'un mouvement de panique de ces grosse bestioles en cas d'attaque.

Vient d'ailleurs l'heure où tout le monde ou presque va dormir. Car Charis propose que nous nous relayons par groupe pour quelques tours de garde. Elle se propose même de tenir celui après minuit. Je me rappelle que je lui dois une discussion et quelques réponses et c'est tout naturellement que je m'approche d'elle, bien que devancé par la gamine.

« Porte-Braises, je tiendrai ce tour de garde avec vous si vous le voulez bien. Ca sera l'occasion pour moi de répondre aux questions que vous vous posez. Il s'agira juste de me réveiller à temps bien évidemment»


Ces derniers mots sont prononcés à l'intention des autres aventuriers et surtout à ceux qui prendront le premier tour. Je vais donc m'installer près du feu et ferme les yeux un instant. Je peux dormir une heure ou deux avant de devoir monter la garde, ce sera toujours ça de pris.

[1604 mots]

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Car celui qui aujourd'hui répand son sang avec le mien,sera mon frère. - William Shakespeare


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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Sam 28 Jan 2017 04:52 
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Lorsque tous furent prêts, le groupe entra dans un grand ascenseur qui les mena tout en bas, dans un hameau accolé à la resplendissante Tour d'Or. Anastasie n'eut cependant guère l'occasion d'observer les alentours, car à peine fut elle à l'air libre qu'un voile brumeux s'empara de son esprit, provoquant une migraine épouvantable et lui faisant perdre le fil de ses pensées. Elle en reconnut immédiatement l'essence : Zekiel. Le Vaahs'Umbra avait repris du poil de la bête et l'attaquait plus fort encore que par le passé. Il semblait émaner de lui une aura nouvelle, comme renforcée.

( Sur ce monde tes pouvoirs sont restreints, humaine, ) fit sa voix éthérée.

Un clignement d’œil plus tard, voilà qu'elle se trouvait devant deux dragons, l'un mauve, l'autre doré. L'apparition la fit presque sursauter tant elle était inattendue. Elle regarda autour d'elle pour prendre compte de ces lieux nouveaux ; c'était une vaste place sur laquelle se trouvaient de nombreuses statues d'or, effigies des Sauveurs d'Aliaénon.

( Je t'ai vaincu une fois, je le referai, ) rétorqua-t-elle, confiante.
( Tu m'as repoussé par de chanceuses circonstances. Les choses ont changées, tu t'en rendras compte bien assez tôt. )

Et, comme pour illustrer ses propos, il abattit un nouveau voile dans l'esprit de la Comtesse, qui réussit tant bien que mal à combattre les violents maux de tête qui semblaient l'accompagner. Mais, de nouveau, lorsqu'elle ouvrit les yeux, le monde semblait avoir tourné sans elle. Le dénommé Ezak, Elysea et le Chevalier d'or et d'argent s'apprêtaient à monter sur le dos du dragon mauve, qu'elle comprit rapidement comme étant le dénommé Naral Shaam, et un sac de vivres avait été collé dans ses bras, sans qu'elle ne sache ni comment ni par qui. Un léger ricanement s'éleva dans son esprit avant que la présence de Zekiel ne disparaisse. Cela n'avait été qu'un avertissement. Un avertissement de son retour imminent, qui serait plus dangereux que jamais.

Docilement, tâchant de mettre cette expérience derrière elle, Anastasie grimpa sur le dos du présumé champion de Brytha, tâchant de mettre de côté l'aversion qu'elle avait du personnage pour profiter de ce moyen de transport somme toutes très pratique. Lorsqu'enfin ils décolèrent, une sensation étrange envahit le corps de la jeune femme. Au début, de l'appréhension. Qui, très vite, se changea en exaltation ; elle volait. Si elle avait eu de nombreuses occasions d'emprunter des Cynores ou même des Aynores, jamais elle n'avait eu le même sentiment d'ivresse qu'à ce moment là, dans les airs. Il ne manquait qu'à pouvoir choisir les gestes de sa monture pour être complètement libre.

Si le sentiment d'exaltation ne disparut pas, il s'amenuisa après quelques temps, lui permettant de reprendre ses esprits et de se souvenir de la présence de ses compagnons de voyage. Si elle se posait des questions à propos du Kendran ou du Chevalier d'Or, c'est Elysea qui attira son attention la première. La jeune femme lui avait laissé l'impression d'être proche du fanatisme lorsqu'il était question des soi-disant préceptes de Gaïa, et elle se doutait que se retrouver dans des landes complètement dominées par la mort pourrait vite la rendre incontrôlable, aussi voulait-elle tenter de la raisonner quelque peu.

« Je ne sais pas ce que nous trouverons dans la Savanne Tanathéenne, » commença-t-elle en plantant ses yeux dans ceux de sa camarade, « mais, et ne prenez pas cela de la mauvaise manière, je pense que vous devriez prendre cette aventure comme une occasion de vous faire votre propre vision des préceptes de Gaïa. »

Le pavé avait été lancée, et la Comtesse redoutait la réaction qu'elle obtiendrait. Mais elle n'avait pas trouvé de meilleure façon d'aborder la chose. Et, comme elle s'y était attendue, la jeune femme aux cheveux platines lui adressa un regard assassin, clamant que les préceptes de Gaïa n'étaient pas sujet à la subjectivité – ce qui évidemment allait à l'encontre de tout ce en quoi croyait Anastasie – et qu'elle était là uniquement pour détruire tous les morts-vivants qu'elle pourrait croiser. La belle retint un soupir d'exaspération, ennuyée par les réactions extrêmes de cette jeune femme.

« Pensez-vous vraiment que la Mère de la Connaissance veuille de nous que nous suivions aveuglément des préceptes dictés par des temples ? » tenta-t-elle de la raisonner. « Notre devoir en tant que théurgistes de Gaïa est d'utiliser ses conseils au mieux, pas de suivre des ordres sans discernement. »

Mais une fois de plus, se furent les paroles d'une fanatique sans discernement ni volonté propre qui lui parvinrent. Elle se faisait chantre de la foi de Gaïa dans ces terres désolées et se chargeait, selon ce qu'en comprenait Anastasie, de dispenser son idéologie dans ce monde sur lequel la Déesse n'avait pas de prise direct. La Comtesse capitula.

« Tant que nous prenons le temps de discuter avec ces morts non belliqueux avant de les occire, je suppose que je peux me contenter de cela, » fit-elle cependant. Puis, d'un ton plus grave : « Mais sachez que je ne vous laisserai pas mettre qui que ce soit en danger par votre propre interprétation des préceptes de Gaïa. »

La menace était à peine voilée : elle ne la laisserait pas commettre des exactions au nom de la Déesse. La jeune femme répondit par un froncement de sourcils, arguant que les morts-vivants étaient déjà un danger. Mais, immédiatement, l'image du Conseiller d'Or vint à l'esprit d'Anastasie. S'ils rencontraient d'autres personnages de son genre, que ferait Elysea ?

« Elle sera un danger lorsqu'ils auront attenté à notre vie, » tempéra-t-elle. « Si nous trouvons là-bas des âmes en peine incapables de trouver le repos, alors nous les aiderons. Si nous trouvons des peuples pourvus des mêmes facultés que cet homme, Thensoor Val'Crooh, alors qu'est-ce qui nous donnera le droit des mettre fin à leurs jours ? »

Mais une fois de plus la réponse de son interlocutrice fut exempt de toute mesure ; les morts devaient rester morts. En d'autres termes, elle se ferait un plaisir d'attaquer d'autres personnes du genre du Conseiller d'Or.

« Alors vous la leur donnerez seule, » fit Anastasie d'un air courroucé.

Et pour cause, elle refusait de prendre part à un massacre immérité. Amère, Elysea rétorqua qu'elle ferait un rapport au Temple, pensant visiblement être dans son bon droit. Mais si le Temple cautionnait une telle fermeture d'esprit, alors la Comtesse se moquait d'avoir leur soutien.

« Si vous survivez à une attaque seule contre une armée de morts, je n'en doute pas, » répondit la belle avec cynisme.

Mais malgré les airs qu'elle tentait de se donner, elle se savait incapable d'abandonner la jeune femme à son sort si une telle situation se présentait. Pour autant, elle n'attaquerait pas d'êtres innocents, quel que soit leur statut en ce monde. Après d'autres paroles de fanatique pure et dure de la part d'Elysea, qui clamait que la Déesse la protégerait, Anastasie hésita quelques secondes puis reprit la parole, tâchant d'apaiser au moins légèrement les tensions entre elles.

« S'il vous plait, pas d'action inconsidérée. Prenez au moins le temps de discuter si vous rencontrez un mort-vivant qui ne semble pas agressif. Gaïa ne voudrait-elle pas que nous apprenions à les connaître ? »

Mais son homologue répondit à côté de la plaque, déclarant qu'elle ne foncerait pas tête baissée, certes, mais pour la seule raison qu'elle se préparerait avant d'attaquer un ennemi dont elle ignorait tout. Rien à voir donc avec le message de tolérance qu'essayait de lui inculquer la belle.

« Je tâcherai toujours d'éviter les effusions de sang inutiles, de notre côté comme du leur, je ne peux rien promettre de plus, » conclut Anastasie.

Sa déclaration ne trouva aucune réponse auprès de la théurgiste, qui se détourna pour replonger dans le silence ambiant du voyage. La Comtesse poussa un soupir et fit de même, lasse.


Le dragon mauve ne s'arrêta que lorsque la nuit fut entièrement là, les plongeant dans la pénombre la plus totale. Aussitôt au sol, il reprit sa forme elfique et proposa de camper à cet endroit, à la rive Sud du Lac Andel si la jeune femme en croyait sa mémoire de la carte qu'ils avaient pu voir plus tôt dans la journée. Chacun partit s'affairer à préparer son camp, Elysea bataillant avec sa tente alors que le Chevalier d'Or était occupé à allumer un feu pour la nuit. Anastasie fouilla dans son paquetage, mais n'y trouva aucune tente ni couverture. Elle se mordilla l'intérieur de la joue, gênée. C'était la faute de Zekiel, qui avait embrumé son esprit alors que tous s'équipaient convenablement. Déçue, elle engloutit une ration de nourriture avant de se diriger vers le Chevalier d'Or.

« Il semblerait que j'ai eu... une absence, lors de la distribution de matériel. Je n'ai ni tente ni couverture. Mais si l'un de nous monte la garde à tout temps de la nuit, je suppose que nous pouvons tourner dans celles que nous possédons ? Je prendrai le premier quart. »

C'était sa seule chance de ne pas dormir à la belle étoile, entièrement nue à la merci de la froideur de la nuit.



(((Un peu plus de 1 500 mots)))

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Sam 28 Jan 2017 07:42 
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Naral Shaam répondit à ma taquinerie avec un trait d’humour. Je souris silencieusement à sa remarque alors que je finissais de bien m’installer sur les écailles du dragon. Je m’étais placé à l’avant, seul, m’isolant de mes compagnons de routes. Je n’avais pas envie de discuter, d’autant plus qu’Elyséa et le Sans-Patrie avaient finit par me rebuter assez pour que je n’ai pas plus envie de leur faire la causette le temps du voyage. Le temps ne manquerait pas pour les jauger plus. Je voulais simplement profiter du voyage.

Le dragon mauve pris son envole à grands battements d’ailes et je pus de nouveau sentir cette excitation au creux du ventre. Ce vent qui souffle au visage et cet air de plus en plus pur à mesure que nous prenions en altitude… Je fermai les yeux comme apaisé. Ce sentiment de liberté était fabuleux. Je restais ainsi longtemps, avant d’ouvrir les yeux à nouveau sur le paysage en contrebas où la plaine d’Or semblait s’illuminer sous les rayons du soleil.

Je laissai mon esprit s’évader profitant du calme pour m’interroger sur mes véritables objectifs ici. Il était vrai que j’étais avant tout revenu sur ces terres pour retrouver les parties manquantes de l’histoire et pouvoir sortir de cet immobilisme dans lequel je m’étais plongé : Terré pendant prés d’une année dans un village reculé. Ce problème étant réglé je m’étais décidé à les aider à se débarrasser du Sans-Visage. Pourquoi ? Le gout de l’aventure certainement. Mais il y avait autre chose. Je le prenais comme une sorte de défi en rajoutant un exploit de plus sur ma jeune liste. Celui-çi était de taille, puisqu’il était de tuer un dieu. De prime abord, oui, ça me semblait complètement impossible. Un non-sens absolu. Mais quoi de mieux que braver l’impossible pour écrire sa légende ? Oui, je voulais comme ces héros d’Aliaénon entrer dans la postérité. D’aucuns parleraient de rêves zélés aux relents nauséabond de narcissisme enfouis. Ce n’était pas le cas.

Au fond de moi j’avais la sincère impression que c’était faisable. A chaque fois que ma route croisa celle de Shaam, j’eus des doutes à son sujet, j’eus même tenter de le tuer et pourtant je finissais par comprendre que bien qu’indéchiffrable il était fiable. Je ne savais pas pourquoi mais je lui faisais confiance alors que tant lui réservait sa méfiance. Alors si le Dragon Mauve voulait détruire le Sans-Visage c’est que cela était possible, j’en étais sûr.

C’est justement sa voix qui me sortit de mes rêveries. Nous survolions une cité aux remparts massifs bordant un lac brumeux ; Andelys. A ses dires, elle avait subit bien des troubles et leur dirigeant était un être belliqueux dont la nature pouvait servir notre mission. Je ne commentai pas mais je mémorisai cette information. Dans ce monde qui n’était pas le mien, tout était à apprendre.

Le soir commençait à poindre lorsque le Dragon Mauve survolait encore le lac. Le voyage était long et je ne tardai pas à m’agiter un peu. Les dernières heures furent presque un calvaire et je vis avec un soulagement non dissimulé la redescente vers la terre ferme.

Je sautai du dos de Shaam, heureux de pouvoir me dégourdir les jambes. J’étirai mon corps en baillant, épuisé par la route, et tentai de percevoir les alentours. Nous étions en bordure du lac, éclairé par une lune intermittente, jouant à cache-cache au rythme des nuages. Il semblait que nous allions passer la nuit ici. Il y avait de pires cadres…

J’entrepris de monter ma tente alors que tout le monde s’affairait à ses affaires en silence. Ce ne fut pas limpide mais je m’y pris tout de même assez vite, à en juger par Elysea qui avait grand mal à monter la sienne. Elle semblait jurer à voix basse tant elle était désemparé.
Je secouai la tête en soufflant bruyamment devant ce spectacle. Comment pouvait-on être si empotée ?

Je regardais aux alentours, pour voir qu’Anastasie se dirigeait vers le chevalier, qui, devant le feu qu’il avait lui même fait, se contentait d’observer la femme dans sa détresse. Je l’avais imaginé plus… chevaleresque. Bon seigneur, je me rapprochai d’elle pour lui donner un coup de main.

« Je ne vous demande pas si vous avez besoin d’aide. Ça crève les yeux. » dis-je en me baissant à sa hauteur pour l’aider.

Citation:
723 mots

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"L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien."

- George Smith Patton


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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Sam 28 Jan 2017 11:37 
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Voyage Tour d’Or > Treeof/Arothiir/Methbe-El. (22h-10h).

    Alors que chacun allait se coucher, les tours de garde s’organisèrent dans la plaine nocturne, prévoyants aventuriers. Le Chevalier Thersien, avant de rejoindre lui-même sa tente individuelle, promettant de s’éveiller pour le dernier quart, répondit aux inquiétudes de Kiyoheïki concernant les placides Buffapas qui les entouraient.

    « Ils sont immenses et savent se défendre, si on les attaque. Ainsi, ce n’est les humains qui les chassent, et les dragons qui peuvent les dévorer, il n’y a guère de prédateur suffisamment fou pour s’attaquer à pareille harde. De plus, ces créatures, de leur caractère posé, ne cèdent que peu facilement à la panique. D’où mon inquiétude de les voir ici, ce soir, loin des plaines où ils paissent d’habitude. »

    Ainsi réconforté, le groupe put dormir et veiller, tour à tour. Une nuit tranquille, comme le chevalier l’avait prévu. À part les bruits de la harde de buffapas, paissant paisiblement dans la lande, ils ne furent en rien dérangés. Dès l’aube, le lendemain, le campement commença à s’éveiller, à se mouvoir. Ils eurent même le plaisir de découvrir un breuvage chaud et amer, énergisant, qui était quasiment inconnu, sur Yuimen, et que Thersien, partageant son met après l’avoir dûment préparé pour l’éveil des aventuriers, appela café.

    Une heure plus tard, à peine, tous étaient prêts pour le départ, et ils poursuivirent leur route vers l’Ouest, où bien vite ils virent l’orée sombre de la Forêt d’Emeraude approcher. Les bois avaient une allure inquiétante, plutôt sombre. Une forêt du nord, composée d’arbres divers, conifères et chênes, frênes et autres hêtres. La matinée n’était pas encore finie, se débarrassant plutôt mal du froid nocturne, qu’un pâle soleil ne parvenait pas à réchauffer, que Thersien arrêta la colonne, et s’exprima face au groupe.

    « Voilà venue pour nous l’heure de nous séparer. Ceux qui se rendent à Treeof, et dans la forêt d’Emeraude, peuvent poursuivre sur cette sente, à l’ouest. »

    Il désigna un passage assez large, bien que non pavé, s’enfonçant dans les ombres de la forêt.

    « Ceux qui se rendent à Arothiir et Methbe-El me suivront vers le sud. Que le courage soit avec chacun de vous. »

    Et ainsi se divisa le groupe. Thersien, Xël, CHaris, Karz, Yurlungur, Thrag et Dorika prirent la route du Sud, et les autres, Kiyoheïki, Krayne, les frères Dongho, Algaries et Galelia s’en allèrent vers l’ouest, dans les bois.

[Suite dans les trajets respectifs, plus bas.]

[Laewllyn : 0,5 (introspection) + 0,5 (préparatifs) + 1 (bonus longueur).
Yurlungur : 0,5 (introspection) + 1,5 (apartés) + 2 (bonus longueur).
Sibelle : 0,5 (introspection) + 0,5 (questions) + 1 (bonus longueur).
Endar : 0,5 (introspection) + 0,5 (bonus longueur).
Sirat : 0,5 (question).
Charis : 0,5 (introspection) + 1,5 (apartés) + 0,5 (idée des tours de garde) + 2,5 (bonus longueur).
Xël : 0,5 (introspection) + 1 (apartés) + 1,5 (bonus longueur).
Hisaya : 0,5 (introspection) + 0,5 (bonus longueur).
Kiyoheïki : 0,5 (introspection) + 0,5 (aparté) + 0,5 (question) + 1,5 (bonus longueur).
Karz : 0,5 (introspection) + 0,5 (aparté) + 1 (bonus longueur.)
Anastasie : 0,5 (introspection) + 0,5 (aparté) + 0,5 (tours de garde) + 1,5 (bonus longueur).
Ezak : 0,5 (introspection) + 0,5 (aide à Elysea) + 0,5 (bonus longueur).
Algaries : (absence prévenue).
Galelia : (absence prévenue).]

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Sam 28 Jan 2017 12:41 
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Voyage Tour d’Or > Treeof/Forêt d’Emeraude. (10h-12h.)

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    Le groupe dirigé par Kiyoheïki s’enfonça plus avant dans la sombre forêt d’Emeraude, dont l’aspect en expliquait le nom. Les arbres et végétaux étaient si denses, à l’épaisse canopée, que les rais du soleil ne les perçaient qu’en se parant des teintes vertes des feuillages. Le tout rendait à ces bois une apparence hors du commun, dont on pouvait aisément comprendre les origines du nom. Les aventuriers parcoururent quelques lieues dans ce décor enchanteur et oppressant pendant deux bonnes heures, encore. Mais l’ambiance était lourde. Les chevaux étaient nerveux, agités. Si bien que ceux qui n’avaient pas l’habitude de monter en furent victime, peinant à les maîtriser totalement, et manquant de choir lors d’une ou l’autre rebuffade de leur monture.

    Ce fut Celemar qui plaça un mot sur ce qu’ils pouvaient tous ressentir, à la volée :

    « On nous observe. »

    C’était une évidence pour tous, même si aucun ne parvint à déceler d’où cette impression pouvait venir. Lorsqu’ils décidèrent d’une pause pour partager le premier repas de la journée, ce fut dans une ambiance de plomb. Chacun était nerveux, soupçonneux, observant les alentours avec attention, circonspection. Si bien que le repas se passa dans un silence presque complet, si ce n’était quelques éventuelles discussions.

    Lorsque soudain, le calme du repas fut interrompu par l’arrivée d’êtres étranges, qui sortirent du couvert des bois sans qu’ils soient détectables avant. Le premier fut un être au corps d’humain, mais à la tête de hibou, qui arriva vers eux muni de griffes et d’une lame dégainée. Le second, s’il était bipède, était nettement moins humain. Une tête de cerf blanc aux yeux de saphir intenses, avec une large ramure. Il n’avait d’humain que le buste et les bras, ses jambes étant celles d’une bête à sabots. Il était à peine vêtu, et portait à la main une lance de bois. Le troisième, bien qu’il soit le plus animal des trois, n’était pas armé, arborant une tête de bouc aux cornes recroquevillées, et un corps recouvert d’une toison drue. Lui aussi avait des jambes à sabots. C’est lui qui prit la parole d’un ton méfiant, quoique non agressif.

    « Qui êtes-vous, voyageurs, pour pénétrer ainsi notre territoire ? »

    Chez les aventuriers, les réactions étaient diverses. Krayne s’était mis devant Galelia, hache à la main. Celemar et Edmar étaient méfiants, eux, main sur leur arme, mais dans une position moins agressive. Nul d’entre eux ne répondit néanmoins, ne sachant sans doute que dire. Laissaient-ils le Sauveur parler en leur nom ?

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MessagePosté: Sam 28 Jan 2017 13:02 
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Voyage Tour d’Or > Arothiir/Methbe-El. (10h-20h)

    Dirigés par Thersien, le groupe se rendant vers Arothiir se déplaça efficacement le long de la mystérieuse forêt d’Emeraude, sans jamais y entrer. Ils ne s’arrêtèrent qu’à midi, pour partager le premier repas de la journée, chacun puisant dans ses propres réserves pour ce faire. Le voyage reprit tranquillement ensuite, tout du long de l’après-midi. Lorsque les lueurs crépusculaires furent trop faibles pour pouvoir poursuivre, ils étaient arrivés à un bord de la forêt qui, au lieu de poursuivre vers le sud, bifurquait vers l’ouest. Au sud s’étendaient, au-delà de quelques bosquets épars, en contrebas d’une pente rocailleuse qui retenait à son sommet la forêt d’Emeraude. Les plaines, verdoyantes au plus proche, semblaient petit à petit s’assécher, brunir, jusqu’à la lointaine silhouette d’une vaste cité.

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    Le chevalier commenta :

    « Compagnons, voici les Plaines d’Arothiir. Le premier vrai périple de notre voyage. Si tout se passe bien, nous devrions atteindre la cité après-demain, en soirée. Pour l’heure, reposons-nous. Les deux jours qui viennent pourront être dangereux, et épuisants, tant pour nos montures que pour nous. »

    Puis, après un instant descendant de sa monture pour commencer à installer le campement, sur une zone rocheuse plus ou moins plane, il précisa sa pensée.

    « Les Plaines d’Arothiir sont parcourues d’un gaz persistant irritant et rendant difficile la respiration. Le Gaz de Thiir. Sans avoir les effets exacts de cette drogue tirée des mines d’Arothiir, il peut, si l’on ne s’en protège pas, rendre fou, dit-on. Le chemin que nous emprunteront sera plus ou moins sûr : il y a peu de vent sur ces plaines. Mais on n’est jamais à l’abri d’une mauvaise bourrasque, aussi je vous enjoins de vous saisir d’un tissu que vous placerez sur votre nez et votre bouche en l’humidifiant régulièrement. »

    Après ces bienvenues recommandations, tous se préparèrent à passer la nuit sur place, après un repas bien mérité. Dorika semblait vouloir prendre, cette fois, le premier tour de garde, les yeux rivés avec intensité sur la cité lointaine d’Arothiir.

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MessagePosté: Sam 28 Jan 2017 13:31 
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Voyage Tour d’Or > Nagorin (22h – 20h)

    Gasaru prit la peine de répondre aux questions de Sibelle sur Nagorin.

    « Nagorin est sur un pic rocheux suffisamment grand pour que nous la voyions de loin. Même si je ne m’y suis jamais rendu, elle ne sera guère difficile à trouver. Quant au climat sur place, il est relativement bon. Tempéré, avec un soleil régulier en cette saison. »

    La nuit passa, les sommeils de ceux qui en avaient besoin se relayèrent sans qu’aucun souci ne soit à relever. Aucune chute, aucun souci d’inconfort : le vol du Dragon d’Or était fluide et doux, bien que rapide. Le lendemain, ils passèrent l’intégralité de la journée à voler au-dessus des dangereuses Landes Arcaniques, qu’ils purent enfin tous observer plus attentivement, à la lueur du jour. Un décor s’étendait sous eux, à nul autre pareil.

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    Ils survolèrent ces landes inexplorées et étranges, où aucune des massives silhouettes qu’avait pu apercevoir Endar pendant la nuit ne se montra, jusqu’à la tombée du soir. Là, ils atterrirent enfin, libérant chacun de l’assise sur le dragon, pour pouvoir enfin se dégourdir les jambes. Ils étaient désormais sur des plaines vallonnées et partiellement boisées, parcourues de plusieurs pics plus élevés.

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    Sur l’un d’eux, lointain, se trouvait la prestigieuse Nagorin. Ceux qui s’y étaient rendus le savaient, bien qu’elle soit pour l’heure invisible à leurs yeux. Le dragon, sitôt qu’ils furent posés au sol, reprit son envol pour aller se percher sur l’un de ces pics rocheux, proche. Gasaru, le chevalier à l’armure noire, précisa :

    « Nous voilà arrivés dans le Royaume d’Ouessie. Nous dormirons ici cette nuit. Demain, en soirée, nous arriverons aux alentours de Nagorin, et il nous faudra être prudents : les gardiens de la cité s’assurent qu’elle reste close. Pour l’heure, aucun danger spécifique, si ce ne sont les créatures qui peuplent ces plaines. Nous devrions établir des tours de garde, ce soir. Je prendrai le premier. »

    Après avoir partagé le repas et monté le camp, ils se préparèrent pour la nuit…

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MessagePosté: Sam 28 Jan 2017 13:40 
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Voyage Tour d’Or > Fan-Ming (22h)

    Laewllyn partit de la Tour d’Or quelques minutes à peine après Hisaya et Ernold Thessier. Ils allèrent si vite, néanmoins, qu’elle dût chevaucher seule toute l’après-midi, d’abord sur la plaine d’or, cernée de champs de blé et de plaines à l’herbe dorée, sur une route entretenue de pavés dorés, eux aussi. Puis, elle quitta la plaine d’or vers la fin de l’après-midi pour rejoindre un environnement moins artificiel : des plaines sèches d’herbe et de rocs. Des steppes s’étendant à perte de vue jusqu’à l’horizon embrumé.

    Elle entra dans l’auberge où ils étaient à peine un quart d’heure après eux (cf. post du trajet vers le nord précédent pour les descriptions), alors que le chevalier inconnu les interrogeait toujours. Le silence mystérieux du rouquin et la réponse à demi-mot de l’ynorienne ne semblèrent pas satisfaire le chevalier bleu et noir, qui ne quitta pas sa position, appuyé sur la table, alors que Laewllyn débarquait dans la salle à son tour. Vindicatif, l’homme en armes répondit :

    « Ce n’est pas ce que j’appelle une réponse. Jouer les héros, c’est facile, jusqu’à rencontrer la première difficulté. Je me répète : quels sont vos buts, et que cherchez-vous si près de la Tour d’Or ? En qualité de Chevalier d’Or, je me dois de vous poser la question. »

    Cette fois, Ernold lui décocha un regard acerbe et mécontent, et répondit avec courroux :

    « Cela ne vous regarde en rien. Nous ne partons pas vers la Tour d’Or, nous en venons ! Quant à nos buts, ils ne vous concernent guère. Laissez-nous, maintenant ! »

    Le Chevalier d’or ne semblait pas l’entendre de cette oreille, se tournant à nouveau vers Hisaya pour voir si elle avait quelque chose à ajouter, main posée sur la garde de son épée.

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MessagePosté: Sam 28 Jan 2017 14:06 
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Voyage Tour d’Or > Landes Tanathéennes. (22h – 2h)

    Elysea accepta avec grâce l’aide d’Ezak pour monter sa tente, le remerciant avec politesse. Le Chevalier d’Or, lui, accéda à la requête d’Anastasie avec galanterie :

    « Certes oui, cela peut se faire. Autant que mon armure est d’or, et mon épée de fer. Je ne prendrai pas ombrage quand viendra l’heure de mon réveil. Vous pourrez alors dormir, pendant que je vous veille. »

    Il prit donc le second tour de garde, en compagnie d’Elysea, là où Anastasie s’était occupée du premier, seule ou avec Ezak. Naral, lui, pensait prendre le dernier, jusqu’à l’aube. Ils ne purent cependant pas dormir jusque-là. Au beau milieu de la nuit, alors que le Chevalier et la théurgiste extrémiste montaient la garde, ils furent éveillés par ces deux-là alors que la lueur de torches s’approchaient de leur campement, les encerclant avec pour seule issue le Lac Andel, derrière eux. Des ombres ne tardèrent pas à émerger une demi-douzaine d’hommes en armes. Épées, piques, arbalètes, poignards et gourdins étaient leurs armes. De fer étaient leurs armures, épaisses et diverses. Maille, plate, cuir renforcé, tous étaient munis d’un casque dissimulant leurs traits.

    Le groupe de bandits était dirigé par un imposant guerrier tout caparaçonné, à l’apparence sauvage et sans pitié. Celui-ci s’adressa à la compagnie d’une voix rude et sans amabilité :

    « Déposez vos armes, et transmettez-nous vos biens, et votre vie sera sauve. Ou faites-moi plaisir, et défendez-vous, que vos corps exsangues flottent bientôt sur le Lac. »

    La brute était claire dans ses intentions. Elysea brandit sa lance de lumière, le Chevalier d’or ses deux épées, et Naral se contenta de leur faire face, sourire aux lèvres, ricanant sans mot dire. Le combat n’était pas encore engagé… Mais ne tarderait pas si personne n’intervenait.

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Dim 29 Jan 2017 23:35 
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Sibelle savait bien qu’il était trop tôt pour se faire une opinion sur le chevalier d’or, mais jusqu’à présent son attitude était plus que satisfaisante. D’après les dires de certains membres du conseil, elle s’était attendue à être en présence d’un rustre sans respect pour ce qui n’avait pas trait à sa mission. Elle décida de demeurer tout de même en alerte. La confiance était un sentiment qui se méritait après tout.

Les autres aventuriers demeurant silencieux, Gasaru répondit aux questions de Sibelle. Nagorin était un pic rocheux, et il ne leur serait pas difficile de le reconnaitre de loin. Et puis, au grand soulagement de Sibelle, il rajouta que le climat était tempéré avec un soleil régulier.

La nuit passa et tous, mis à part le dragon, eurent un moment pour méditer ou dormir selon le cas. Le lendemain, ils volèrent au-dessus des Landes Arcaniques et cette fois Sibelle put satisfaire sa curiosité, en partie du moins. Si elle ne vit aucun titan, elle put observer le paysage plutôt singulier. Aucune verdure ne recouvrait les terres qui semblaient se limiter à des pics rocheux qu’une rivière sinueuse traversait. Mais au lieu de l’eau, un fluide étrange et blanc y circulait. Même si Sibelle demeurait attentive, elle ne vit pas la trace du moindre Titan.

A la tombée du soir, ils atterrirent enfin sur les plaines de l’Ouest. Contrairement aux landes arcaniques, ces terres vallonnées étaient recouvertes de verdures et même de boisés par endroit. Quelques pics plus élevés les parcouraient et Nagorin se trouvait sur l’un d’eux.

Ils descendirent du dragon qui sans un mot s’en repartit et se percha sur l’un des pics rocheux situé à proximité.

Alors que Sibelle se dégourdissait les jambes en s’étirant, le chevalier d’Or leur annonça qu’ils dormiraient là pour la nuit. Le lendemain, en soirée, ils arriveraient dans les alentours de Nagorin. La prudence serait alors de mise, puisque les gardiens de la cité demeuraient aux aguets. Pour le moment, il n’y avait aucun danger à craindre, sinon les créatures qui peuplaient les plaines. Il annonça alors qu’il prendrait le premier tour de garde. Sibelle fit part immédiatement de son intention de prendre la relève.

«Je pourrai prendre le suivant. Avons-nous besoin de quatre tours de garde ou seulement trois un peu plus long, sachant qu'Endar et moi avons besoin de sommeil ?»

Puis avisant un coin de terrain plus plat et à l’abri du vent puisque près d’un petit rocher.

« Je propose qu’on s’installe là. Je vais préparer le feu. Si l’un d’entre vous, veut bien bien aller chercher du bois afin de l’alimenter pour la nuit. »

Ce disant, Sibelle ramassa quelques roches et les disposa en cercle. Puis elle ramassa quelques feuillages secs et de petites branches sèches également, elle les disposa en pyramide dans le cercle. Elle fouilla dans son sac et en sortit son matériel d’allumage. Tenant de sa main droite la roche ferreuse et l’amadou, de sa gauche elle avait le morceau de silex. Énergiquement, elle frappa sa main gauche contre sa droite afin de produire quelques étincelles. Après quelques essais infructueux, elle réussit à enflammer l’amadou, mais la petite flamme vacillante s’éteignit avant qu’elle ne put la rapprocher du petit tas de brindilles. Elle refit une autre tentative. Cette fois, elle protégea la flamme en plaçant sa main devant puis elle souffla légèrement dessus afin de lui donner plus d’ampleur, après quoi elle l’approcha du tas de petites branches qui s’enflammèrent aussitôt. Elle rajouta quelques branches de bonnes grosseurs que lui avaient apportées ses compagnons. Le feu était allumé.

Elle entreprit ensuite de trouver quelques branchages bien garni de feuilles afin de s’y faire un tapis de feuilles bien confortable sur lequel elle étendit sa couverture. Ce lit d’infortune était placé à une distance adéquate du feu. Assez près pour jouir de sa chaleur, et assez loin pour ne pas prendre feu.

Puis elle s’assit enfin et sortit un pain et de la viande séchée, et sa gourde d’eau et mangea à sa faim.

Puis avisant ces compagnons de voyage, elle les questionna, commençant par le chevalier d’or.

« Si j’ai bien compris, pour nous rendre à proximité, on peut compter une journée de marche ? »

Puis à tous :

« J’aimerais bien connaître vos plans, si vous en avez ! Que ferons-nous une fois que nous serons à proximité de la cité ? »

Puis parlant à tous, mais s’adressant tout particulièrement à Sirat et à Endar.

« Pensez-vous être assez reconnus et influents auprès des habitants de cette cité pour pouvoir réussir à y entrer ? Avez-vous des alliés de l’intérieur qui pourraient nous être d’un certain aide. »

Tout en prenant une bonne gorgée d’eau, Sibelle attendit les commentaires de ses compères.

(((758 mots )))

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Lun 30 Jan 2017 14:07 
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Voyage Tour d’Or > Nagorin (22h – 20h)

Remarquant qu'aucun Titan ne venait les attaquer ou leur lancer quelque chose à la figure, Endar décida de s'accorder une méditation bien méritée. Ramenant ses bras près de son corps et se redressant de sa posture initiale, allongé sur le cou du saurien, il ferma les yeux et put enfin se reposer. Plongé dans son subconscient, le shaakt commença à rêver. Il se retrouvait au milieu des ténèbres mais ne les craignait plus comme avant, des évanescences fantomatiques venaient l'entourer et l'apaisaient. Tout autour de lui, des ombres venaient parfois l'effleurer, murmurant ou criant de douleur. Il percevait leur souffrance mais n'en devenait point fou pour autant, il était comme un spectateur dans l'œil du cyclone. Il leva un bras et vit que celui-ci n'avait plus de consistance, qu'il oscillait entre une apparence physique et intangible. Cette vision était à la fois terrifiante et fascinante, il se sentait libre et dans son élément pour la première fois de sa vie. Quelques ombres attirées par sa présence se pressaient contre lui, dans son for intérieur, le shaakt sut qu'elles ne lui feraient aucun mal. Des mots chuchotés dans les ombres lui parvinrent comme des échos.

- Chevalier des ombres. Champion. Thimoros. Elu. Ténèbres. Ombre.

Toutes les ombres le pressaient de s'avancer, mais des liens invisibles le maintenaient et sa méditation prit fin du même coup. Plusieurs semaines s'étaient écoulés depuis qu'il avait rêvé ce moment pour la première fois et depuis il ne rêvait plus que de cela, encore et encore. Alors qu'il faisait encore nuit, il entendit le Chevalier d'Or, le dénommé Ser Gasaru répondre aux questions de l'hinïonne aux deux épées. Comme dans ses souvenirs, Endar apprit que Nagorin était une région au climat tempéré et qu'un soleil régulier brillait en cette saison. En quelle saison était-il d'ailleurs ? Le Printemps sans doute, songea-t-il même si un doute l'habitait. Le temps était leur pire ennemi, sauf peut-être pour Sirat qui était le servant du Temps et l'élu de Zewen. Endar était pressé d'arriver à Nagorin, mais il ne devait pas oublier que seule la patience leur permettrait d'en découvrir plus sur les intentions du Sans Visage. Certaines de ses prétendues actions ne collaient pas avec le personnage. Il n'aurait pas occulté la pierre de vision maîtresse et n'aurait pas non plus laissé les Ouessiens s'installer à nouveau si près de la mer, or Ouesseort avait fini par être rebâtit, volonté qu'avait partagé Endar avec Triman.

Quelques heures après, le soleil commença à se lever sur la plaine où se tenaient les titans pendant la nuit sauf que dès les premières lueurs plus rien ne venait peupler ces terres hostiles. Il songea que si les Titans étaient liés chacun à leur élément, peut-être étaient-ils des Titans d'ombre. Tous purent admirer les Landes Arcaniques et bien que les rayons solaires gênaient légèrement la vue du shaakt, il y vit un décor apocalyptique, une terre modelée par la magie pure. Pendant la journée, personne n'avait l'air d'humeur bavarde et tout le monde semblait préférer manger en silence, installés sur le dos du Dragon d'Or. Durant le trajet, le shaakt, voyant qu'il n'arriverait sans doute qu'à la nuit tombée, décida de faire une nouvelle méditation en cours de journée et s'emmitoufla dans sa cape en fourrure plus pour contrer la luminosité que le froid ambiant à cette altitude. De nouveau, il fit le même rêve et la fin fut la même avant son réveil.

A la tombée de la nuit, ils atterrirent enfin et Endar put se dégourdir les jambes en regardant la forêt qui s'étendait au loin et Nagorin qui se trouvait sur l'un des pics. Il manqua de tressaillir lorsque le reptile prit son envol pour aller se percher sur l'un des pics rocheux à proximité. Gasaru précisa qu'ils leur fallaient encore une journée de marche pour atteindre Nagorin et qu'il fallait être sur ses gardes, car les gardiens de la cité s'assuraient du blocus de la cité et que de nombreuses créatures peuplaient ces plaines et forêts. Il ajouta qu'il prendra le premier tour de garde. Sibelle ajouta de suite qu'elle prendrait le suivant puis proposa que l'un d'eux s'occupe d'aller chercher du bois pour le feu. Ce n'était pas comme si Endar avait besoin de lumières pour voir dans l'obscurité la plus totale, ainsi si une créature nocturne les attaquait, il allait sans doute être l'un des seuls à l'affronter d'égal à égal.

- Je laisse le servant du Temps et le Chevalier d'Or chercher du bois, je vais monter la tente pour que vous puissiez vous reposer, j'ai dormi bien assez aujourd'hui. Elle est assez spacieuse pour contenir six personnes, vous ne vous gênerez pas pendant la nuit.

Il vérifia que le sol n'était pas trop spongieux avant de planter le piquet central de la tente, puis il planta les six autres piquets de chaque côté pour bien tendre la toile avant de s'assurer que les nœuds ne se défraieraient pas pendant la nuit.

Regardant ensuite les autres travailler, il avisa Sibelle en train de placer son sac de couchage sur un lit de feuille.

- La tente sera plus confortable. J'aimerai que si quelqu'un voit une ombre en train de patrouiller autour du camp en faisant un cercle concentrique que vous ne l'attaquiez pas, car ce sera moi.


Sibelle s'empressa de leur demander leur plan d'action une fois Nagorin visible et si Sirat ou lui-même étaient assez connus ou connaissaient des personnes à l'intérieur pour pouvoir passer outre le blocus. Terminant de manger ses fruits secs et de boire une gorgée de son outre remplie d'eau, il répondit à ses questions:

- Les Ouessiens savent déjà que nous sommes là à mon avis, leur vision est au-delà de l'entendement et ferait pâlir de jalousie tout elfe. Quant à notre plan d'action, je pense que l'attente est la meilleure des initiatives, leurs gardiens de roche ou d'acier ne nous attaqueront que si nous menaçons les intérêts des Ouessiens et l'un des Ouessiens finira par nous rejoindre sans nul doute pour savoir ce que nous faisons sur leur terre. L'avantage est qu'ils sont comme reliés psychiquement les uns aux autres, même si leurs yeux sont bandés, tous les Ouessiens sauront au même instant que l'un des leurs nous parlera qui nous sommes, de ce fait, évoquer les liens tissés avec certains des leurs semble être la meilleure piste.

Il lui laissa le temps de digérer ces informations avant de reprendre au coin du feu:

- Sirat et moi-même sommes connus des Ouessiens, suffisamment pour rentrer à l'intérieur de Nagorin. Il y a bien entendu l'ex Conseiller Triman qui est l'une des personnes influentes à Nagorin, il y a également la prêtresse Amaya qui s'occupe du Temple où se trouve l'avatar du Sans Visage, je l'ai connu après la destruction du temple et le massacre perpétré par Naral. A l'époque, j'ai pu ressentir un substitut de magie sur l'un des piédestal du Temple, j'imagine que le Sans Visage se trouve à cet endroit précis. Pour terminer, nous connaissons le Guide des Ouessiens, Clirley Xissirant, homme que n'apprécie pas la conseillère Simaya qui garde une certaine rancœur à son égard. De tous les Ouessiens, il est le plus sage et sans doute le plus puissant même si les Ouessiens sont des érudits plus que des combattants.

Songeant à de vieux souvenirs, il prit un bout de bois et alimenta le feu de camp avant de reprendre.

- Clirley a offert trois reliques à trois aventuriers avant que ces derniers ne partent à Ouesseort: une robe de mage ayant appartenu à un puissant mage des Landes Noires, un anneau d'une grande puissance retrouvé flottant sur la lave à Arthim'Olth, précisa-t-il en adressant un bref regard à Sirat, et un arc ayant appartenu à un héros ouessien, Loss'Thern Reveliant, qui a combattu les géants de pierre à Ouesseort a permis l'évacuation de nombreux Ouessiens qui ont par la suite créés Nagorin. Je suis sûr que vous avez une idée de qui étaient ces aventuriers, ajouta-t-il avec un petit sourire.

- Concernant les choses à savoir sur les Illuminés de Nagorin, ils ont tous les yeux bandés mais sont loin d'être aveugles pour autant, ce sont des érudits qui gardent jalousement leurs reliques et leurs secrets dont la fabrication des golems, leur vue exceptionnelle et leur immortalité. Leur soif de connaissance est insatiable, attention donc aux informations que vous consentez à leur donner. Ils sont aussi à mon avis capables de sonder l'âme des gens et d'en découvrir toutes les facettes. Je crains plus ce qui nous attend à l'intérieur que le fait de ne pouvoir y entrer à dire vrai. Mon plan consiste à communier avec l'avatar du Sans Visage, si une malédiction pèse sur le temple et que cela a corrompu l'avatar, communier avec lui risque de corrompre la personne qui lui parlera, autant dire qu'il vaut mieux que cette tâche soit exécutée par des personnes connaissant les arcanes magiques ou qui y sont immunisés. La seconde partie de mon plan consiste à obtenir une audience auprès de Xissirant, je souhaite devenir l'un des leurs, quitte à sacrifier mes yeux. La dernière partie du plan dépendra de nos actions et des relations que nous tisserons avec eux.

Alors que le Chevalier d'Or se leva pour prendre son premier tour de garde, il le rejoignit pour lui poser des questions qui trottaient depuis un petit moment dans sa tête.

- Veuillez m'excuser Chevalier d'Or mais je prendrais le premier tour de garde avec vous et les suivants au cas où la faune aurait un petit creux cette nuit. Je me demandais, pourquoi vos confrères se sont-ils véritablement dissociés de l'autorité du Conseil, aviez-vous l'impression que le Conseil d'Or ne prenait plus au sérieux la menace que constitue le Sans Visage ou est-ce à cause de leur dissension interne ?

Regardant au loin en direction de la cité des Ouessiens, il reprit:

- Vous avez parlé tout à l'heure, d'une rumeur concernant une malédiction du Temple de Nagorin, y-a-t-il d'autres rumeurs plus précises concernant cette fameuse malédiction ? J'aimerai aussi un peu mieux comprendre ce qui s'est passé au Conseil depuis ces cinq ans depuis que nos autres Sauveurs d'Aliaénon sommes partis. Quand le Conseil d'Or a-t-il commencé à souffrir de départs de ses propres membres et que pouvez-vous me raconter sur la chasse menée contre les zélote du Sans Visage ?

- Vous en avez peut-être rencontré lors de vos périples, si nous autres aventuriers parvenions à les distinguer plus clairement, cela serait plus évident pour les traquer ou les infiltrer. Ont-ils des signes distinctifs ou des rites spécifiques, un modus operandi ?

Lui laissant le temps de répondre aux questions s'il y consent, il enchaîna par la suite sur des questions plus terre à terre:

- Je ne me fais pas de souci à propos des Ouessiens, surtout que leur Guide doit déjà savoir que nous sommes là, je m'inquiète plus de ce que l'on peut trouver dans cette forêt. Quelqu'un n'a-t-il pas eu l'idée géniale d'écrire des ouvrages d'herboristerie et un bestiaire afin qu'on sache un peu quel genre de créatures peuvent peupler l'Aliaénon ?

[1979 mots]
[Méditation entre 22h00-24h00/ entre 8h-10h]

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Dernière édition par Endar le Mar 31 Jan 2017 00:29, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Lun 30 Jan 2017 22:34 
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La jeune femme répondit, se lovant grassement sous la couverture et entre les jambes du guerrier. Elle cherchait l’aventure et de maison, elle n’en avait plus, elle était de ceux qui ne peuvent plus se retourner et n’ont que de choix celui d’avancer, même si cela est vers le danger. Elle apposa sa tête brune sur le thorax de l’humoran en profitant largement. Il ne disait rien, l’armure de la dame pesait sur lui, mais il en avait vu d’autres et son poitrail lui aussi équipé ne devait pas être des plus agréable bien que Natsya ne s’en plaignît pas. Sibelle lui attrapa le bras, elle lui avait promis de veiller sur lui. Il la savait capable et en même temps il pouvait lui rendre la pareille. En tant normal il aurait adoré cette situation, mais le froid lui rappela qu'ils étaient à dos de dragon.

Il s’allongea aussi, utilisant son sac et son bouclier en guise de d’oreiller afin de rester en position demi-assise. Le ciel se déroulait sous ses yeux, alors que l’elfe noir restait toujours interdit par le spectacle en dessous d’eux. Sibelle parlait avec le chevalier et l’humoran les écoutait les yeux à demi-clos. Il lui expliquait la reconstruction d’Ouessort et l’abandon de Triman pour ses fonctions au conseil.

Apparemment Nagorin avait été fermé, se repliant sur elle-même, comme une araignée morte sur son abdomen. Sirat eut l’image du roi esclave et de ses chaînes. En Nagorin, se cachait un avatar dit maudit du sans-visage. Se pouvait-il que cela soit la raison pour laquelle ils s’étaient recroquevillés dans leur cité. Elle continua de l’interroger, mais il n’y faisait déjà plus attention, les lueurs des étoiles l’hypnotisaient et finirent par avoir raison de lui.

Le soleil et la luminosité du matin les réveillèrent tôt, le froid avait redoublé d’intensité pendant la nuit, et même l’astre ne semblait avoir raison de lui. La jeune femme s’étira apparemment reposer. Lhumoran se gratta le visage encore endolori par les températures négatives.

J’ai fait un rêve… J’ai observé un escargot qui rampait le long d’un rasoir... C’est mon rêve... C’est mon cauchemar... Ramper, glisser le long du fil de la lame d’un rasoir et survivre.

Il regarda les landes arcaniques, arides, qui se dévoilaient enfin à leur regard incrédule. Une terre étrange, austère, brillante comme un diamant, aux monts sombres et taupe, s’élevant dans le ciel comme des piques tranchant. L’image résonnait étrangement avec ce qu’il venait de dire.
Survivre, malgré tout continua-t-il pensif et perdu, même s'il parlait à haute voix.

Bien loin de l’excitation de la veille, l’enivrement avait céder place à une prudence inquiète. Nagorin était encore loin et son aura étrange pesait déjà sur leur âme.

Ils continuèrent de survoler ces terres âpres et morcelées. Une rivière opale avalant la lumière pour la faire rejaillir, sillonnait la vallée. Balafre incandescente, elle s’insinuait entre les décors aux formes ésotériques. En fin d’après-midi, le dragon se posa enfin.

Le climat était très nettement plus favorable, le soleil se couchait et cette nuit promettait d’être plus agréable. Des plaines jades, se parant de couche d’orange et de jaune aux reflets des dernières lumières du jour, s’ondulaient au gré des collines qui s’étalaient sur l’horizon. Sur l’une d’elles, au loin, Nagorin trônait imperméable, déjà…

Sirat s’étira, bien content de reprendre une posture debout. Le dragon alla se percher à quelques mètres sur une colline. Il se déplaçait lentement afin de désengourdir ses articulations meurtries, écoutant Gasaru, donné les recommandations de la soirée. Sirat n’avait que faire que le chevalier dicte ses conditions, après tout, il était natif de ce monde et donc le connaissait mieux que lui. Cependant, il n’était pas sûr qu’Endar soit du même avis. D’ailleurs alors que Sibelle se proposa de faire le second quart le shaakt lui exprima le fait qu’il dormirait peu et il allait monter la garde aussi.

Pourquoi se battre alors qu’ils avaient un dragon qui trônait sur leur tête, cerbère majestueux. Sibelle se hâta de vouloir faire un feu, ce qui n’était pas une mauvaise idée, Sirat et Gasaru furent employé à la recherche du bois. Sirat si prêta, mais sans grande conviction, cela l'ennuyait et il était absorbé par le jour d'après. Endar avait monté une grande tente qu’il semblait transporté dans son sac. La nuit était tombée, un feu brûlait dans l’âtre d’une petite ronde de pierre. Chacun, mangeait sa pitance à sa guise. Sibelle questionna l'assemblée sur Nagorin et les intentions de Sirat et Endar. L'elfe noir parla longuement des Ouessiens de leur pratiques, de leur façon de faire, ensuite, il exposa son plan qui s'articulait en deux étapes, parlé au sans-visage et demander audience a Xissirant. Sirat resta muet, il n'était pas si sur qu'on leur ouvre la porte aussi facilement. Parler au sans-visage il le voulait aussi, mais s'il avait réussi il y a cinq ans, il se demandait plus il approchait du moment fatidique s'il allait y arriver aussi aisément. il ne disait rien et se laissait porter par les paroles des autres. Il observait le feu sans rien dire ni répondre, pensif. Endar parla de rumeur et chercha à en savoir plus sur les suivants de l'unique.


Avant son déclin, vous l'avez prié aussi, sir Gasaru, non ?

Citation:
citation apocalypse now
887 mots
Pas de tour de garde sirat dort...

_________________


Dernière édition par Sirat le Mar 31 Jan 2017 01:21, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Lun 30 Jan 2017 22:41 
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Yurlungur, la jeune enfant, propose de veiller en ma compagnie. Si mon premier réflexe est de protester, arguant qu’une enfant n’a rien à veiller, je ravale rapidement mes mots et mes protestations. Elle est déjà des nôtres, quoi que je puisse en penser, aussi est-il préférable que nous la considérions comme l’un d’entre nous. Prendre des tours de garde en fait partie, et si cela peut en plus l’aider à être vigilante et à apprendre, tant mieux.

Je hoche donc la tête à son adresse, indiquant que je lui donne mon accord pour veiller en ma compagnie. Karz décide à son tour de se joindre à nous, m’appelant Porte-Braises, ce qui me vaut d’incliner la tête sur le côté en me demandant ce qui me vaut cette appellation. Il propose de profiter de ce tour de garde pour répondre aux questions que je me pose et j’acquiesce, le remerciant.

Mon tour de garde arrive et je me tire de mes couvertures, au début un peu groggy, et me prépare une boisson chaude devant le feu. Je suis rapidement rejointe par Karz et Yurlungur. Si l’homme aux atours si étranges s’écarte un peu, je me retrouve avec la jeune fille auprès du feu. Autour de nous, le troupeau de buffalas paît tranquillement, indifférent au groupe que nous sommes. Il semblerait qu’aucun n’ait pour le moment décidé de s’en prendre à nous.

Je finis par me tourner vers l’enfant :

- Je me demande, qu'est-ce qui a pu pousser une jeune fille aussi jeune que toi à venir sur ce monde et en affronter les dangers ? Ne me réponds pas, évidemment, si tu ne le souhaites pas.

Elle me répond d’abord par une moue boudeuse me disant qu’elle s’est déjà dévoilée à un autre membre de l’expédition et qu’elle n’aime pas se répéter. Elle poursuit en lançant un coup d’œil à Karz en disant que, de toute façon, cela n’a aucune importance qu’elle soit un enfant ou autre chose à partir du moment où elle peut se rendre utile. Ses propos assemblés me font hausser un sourcil. Me serais-je mal exprimée ? Loin de moi l’idée de la froisser, je souhaitai simplement engager la conversation et en apprendre plus sur elle.

La petite poursuit en disant avec un sourire que de toute manière, elle a l’habitude que l’on ne la pense pas à sa place. Son expression se durcit pour souligner qu’elle fera ce qu’elle veut et qu’elle n’est pas ma mère.

Mon haussement de sourcil s’accentue avant de retomber au moment où je hausse les épaules. Je lance un regard vers les flammes qui dansent devant mes yeux avant de répondre :

- En effet, je ne suis pas ta mère, pas plus que je n'ai l'intention de l'être. De même que ton utilité n'avait rien à voir dans mon interrogation.

Je pourrais justifier plus amplement ma question, mais si la petite ne souhaite pas parler, je n’ai pas la moindre intention de la forcer. Elle me répond pourtant aussitôt que j’ai souligné sa jeunesse et que je ne suis pas la seule à l’avoir fait, me demandant si j’aurais également souligné cet âge si elle avait eu une toute autre apparence.

Surprise, je tourne la tête vers elle, le même sourcil levé et une lueur amusée dans le regard. Manifestement, elle n’a guère apprécié son appellation de jeune fille. C’est pourtant bien ce qu’elle est, et je l’aurais également appelée ainsi si elle avait eu une toute autre forme, de la même manière que j’appelle ser, messire, seigneur, dame, demoiselle toute autre personne. Il ne s’agit là que d’une simple politesse. Je décide cependant de lui répondre sur le pourquoi de ma question.

- Oui. Exactement de la même manière que je me suis enquise des motivations de mes autres compagnons.

Chose que j’ai par ailleurs déjà faite, que ce soit avec Celemar, notre preux Chevalier d’argent ou le Sergent. La jeune fille – car jeune fille elle est – lève les yeux au ciel en admettant qu’elle a peut-être fait une erreur, mais admet ne pas comprendre l’intérêt de ma démarche. C’est bien la première fois que l’on me reproche d’engager une conversation avec une personne.

Mon regard, néanmoins, se replonge dans le feu alors que je réfléchis à sa question.

- Les histoires des uns et des autres sont autant d'expériences que je trouve intéressantes. Elles expliquent le présent d'une personne, ses actions et ses réactions, elles l'ont forgé, que ce soit en accord ou en opposition à ce que cette personne a vécu.

Je marque une légère pause, rassemblant mes pensées avant de poursuivre.

- Nous sommes tous engagés ici, sur Aliaénon et allons sans doute vivre des choses dangereuses et j'aime avoir un aperçu des personnes qui vont m'entourer dans ces situations. Leur passé lui-même n'a pas d'importance, ajouté-je en lançant un regard à Karz. Mais ce qu'ils en font aujourd'hui en a.

Yurlungur regarde à son tour le feu, me disant qu’en ce cas, son passé lui-même n’a pas besoin d’être dévoilé, répondant qu’elle n’est ici que pour se distraire. J’aurais beaucoup aimé lui demander ce qu’une fille de son âge pouvait trouver de distrayant dans le danger que nous allons affronter. Son intérêt devrait se trouver dans les jeux de rôles avec ses amis, pas au milieu d’aventuriers vétérans. Néanmoins, elle s’est montrée très clair dans son absence d’envie de répondre à des questions personnelles, aussi je retiens mes questions.

Elle enchaîne rapidement, sautant d’une idée à l’autre en me demandant si je sais pourquoi les gens ont inventé les distractions, les jeux et les histoires alors qu’elles n’ont que peu d’intérêt pratique. Je vois dans ses yeux une lueur malicieuse alors qu’elle me pose cette question. Avant de lui répondre ce que je pense, personnellement, je me sens obligée de revenir sur ses propos.

- Le passé d'aucun d'entre vous a besoin d'être dévoilé, je n'ai aucun droit de le demander, pas plus que je ne le souhaite.

Je lui lance un petit regard en coin en répondant à sa question, me demandant où elle souhaite en venir.

- Je trouve que les histoires et les jeux ont au contraire beaucoup d'intérêt.

Je me souviens des jeux nombreux que nous avions au sein de mon clan, des histoires que nous nous contions au coin du feu. Tout ceci avait pour but de nous faire nous sentir mieux, de créer des liens entre nous et de les renforcer par toutes ces expériences et ces rêves communs.

La petite s’agite alors en s’exclamant que ce n’était pas ce qu’elle souhaitait dire. Que les histoires ont un intérêt, certes, mais qu’il était profond et caché. Je ne puis qu’acquiescer, cela rejoint ce que je pensais à l’instant.

- L'intérêt est en effet profond et caché, il est à la fois social et profondément personnel.

Sautant une nouvelle fois d’une idée à l’autre, Yurlungur hausse les épaules avant de regarder de nouveau le feu en s’exclamant devant sa beauté. Cette remarque m’arrache un sourire alors que je replonge à mon tour mes yeux dans les flammes en répondant d’un air rêveur :

- C'est aussi l'impression qu'il me donne. J'ai parfois le sentiment que celui que j'ai en moi, celui qui est entré sur Aliaénon, y répond et voudrait le rejoindre.

Quand est-ce que j’ai arrêté de craindre les flammes ainsi ? Je me souviens pourtant de celles qui ont ravagé le campement de mon clan, leur puissance horrible. Etait-ce au moment du contact avec la clef, ou est-ce venu avant, ou après, progressivement ? Je l’ignore, toujours est-il que les flammes lovées autour de mon cœur semblent bondir à chaque rebond du feu, comme si elles voulaient le rejoindre dans sa ronde.

La petite me demande alors si je connais des histoires car Celemar lui a dit en connaître, mais sans vouloir les lui raconter. Son ton boudeur et accusateur m’arrache un nouveau sourire. Elle a beau faire sa grande et adulte dans ce monde de vétérans, elle n’en reste pas moins une enfant avec les réactions de quelqu’un de son âge.

- Il ne sait peut-être pas raconter des histoires, dis-je avant de reporter mon regard sur le feu en me demandant ce que je pourrais lui raconter. Oui, je connais beaucoup d'histoires et certaines sont même vraies. Pourquoi, tu veux entendre des histoires ?

Son visage s’illumine d’un sourire, m’en demandant une avant que je ne parte pour Methbe-el, bien qu’elle ne parvienne pas à prononcer correctement le nom de la cité. Visiblement, elle rechigne à voyager en compagnie de Dorika qui serait trop peu loquace à son goût.

- Methbe-el. Que veux-tu comme histoire ? Une légende de Yuimen ?

La petite répète le nom de la ville pour en saisir la prononciation avant de me dire de choisir, mais qu’elle aimerait une histoire d’Aliaénon avant de s’asseoir en tailleur devant moi, dans l’expectative.

J’esquisse un sourire en réfléchissant à ce que je pourrais lui raconter, mais l’histoire s’impose d’elle-même.

« Cette légende prend place dans le Désert du Raa’ska, celui de Methbe-el, celui de Neo-Messaliah la Tour des Sorciers de Feu d'Aliaénon. Elle commence au moment où ces cités n’étaient pas encore des songes dans l’esprit de leurs bâtisseurs. Les Sorciers de Feu vivaient alors dans la cité de Messaliah et regardaient avec envie vers le Désert du Raa’ska, le désert de feu, si proche et pourtant inaccessible car onde rougeoyante et brûlante qui s’étendait à perte de vue, si brillante que même les ténèbres de la nuit ne parvenaient à l’étouffer. Alors, les Sorciers de Feu, les Cadi Yangin, l’observaient, fascinés.

L’un d’eux, celui qui devint plus tard le plus grand des Cadi Yangin mais qui n’était alors rien d’autre qu’un simple apprenti, voyait dans ce Désert une source de fascination si grande qu’il en perdait le sommeil. Ses songes se dérobaient pour ne laisser place qu’au feu bouillonnant du désert. Un soir, il décida une fois de plus de se rendre à l’orée du désert. Ce soir-là, une femme le retint, il s’agissait d’Almira Mayssà, Protectrice de Messaliah, sa promise. Elle avait vu avec inquiétude cette fascination grandir dans le cœur du jeune apprenti et de nombreuses fois elle l’avait mis en garde. Mais rien n’y fit, l’obsession subsistait et il s’en alla aux abords du désert de feu. On dit qu’il s’y endormit et qu’il rêva. Dans ce rêve, il vit une flamme se détacher du désert incandescent pour venir à lui. Interloqué, curieux, le jeune apprenti s’en alla à la rencontre de cette flamme. Longtemps il la suivit, il la traqua, frôlant le désert brûlant sans jamais se laisser aller à faiblir. Pourtant, même dans les rêves, le corps humain a ses limites et il finit par tituber avant de s’effondrer, épuisé, dans le sable. Il n’en fallut pas plus à la flamme pour s’approcher de lui, prenant forme sous ses yeux larmoyants. Il s’agissait de Vâkkar Tï, le marcheur de feu, une légendaire créature bipède aux sabots de cheval. Son corps était igné, comme fait de braises et à la place de sa tête se trouvait une boule de feu.

Lorsque le jeune apprenti comprit qui était l’être qui se trouvait devant lui, il se mit à genoux devant ce dieu vivant et l’abreuva de lamentations pieuses. Vâkkar Tî n’eut que faire de ses propos et lui répondit ainsi :

« Toi, Sorcier, tu m’as vu courir dans la nuit. Et pour ça, j’exhausserai ton vœu le plus cher. »

Le jeune apprenti, voyant ses rêves devenir réalité, répondit, une lueur fanatique dans les yeux :

« Je veux voir le Désert de feu de près, et y survivre. »

Un son sinistre emplit l’air autour de l’apprenti qui comprit dans un sursaut qu’il s’agissait là de son rire. Dans un autre sursaut, il la vit disparaître dans les ténèbres.

La jeune sorcier, persuadé d’avoir été victime d’un mauvais rêve, se redressa dans le désert et s’en retourna vers les lueurs rassurantes de Messaliah. Il se traîna jusqu’à chez lui, affrontant le regard inquiet d’Almira avant de s’effondrer sur son lit pour s’enfoncer dans un sommeil empli de cauchemars. Dedans il y voyait sa douce Almira brûler aux côtés de tout ceux qu’il aimait. Il se redressa, en sueur, paniqué.

Autour de lui, sa chambre était en feu. Dehors, une tempête de sable faisait rage, une tempête gigantesque qui ravageait tout sur son passage. Et il comprit, il comprit qu’il avait devant lui Tufan, le cataclysme. Le sable était fait de feu et bientôt il fut mêlé des cendres de Messaliah qui brûlait. Il entendait, au loin, les cris des habitants tandis que la mort ignée s’abattait sur eux, le laissant immaculé. Le désespoir s’abattit sur lui car il savait que Vâkkar Tï n’avait pas été un rêve, mais la réalité. Derrière lui, il entendit les cris d’Almira Mayssà, la Protectrice de Messaliah. Elle apparut devant lui, vêtue de son armure turquoise et or que tous nommaient la Rédemption de Messaliah.

« Le Désert du Feu s’est abattu sur nous, Tufan est là. Nous ne pouvons le laisser faire, » dit-elle avec, dans les yeux, une lueur déterminée.

L’apprenti vit que sa promise ne savait pas qu’il était la cause de tout ceci. Il tenta de l’atteindre, voulut lui dire et pleurer, mais elle avait déjà disparu, happée par le désert et par sa charge. Jamais plus il ne la revit.

Soudain, la ville commença à vaciller sur ses fondations et à s’enfoncer lentement dans le sol, comme s’il avait été las de soutenir son poids.

C’est ainsi que chuta la cité de Messaliah, avalée par le Désert de Feu. Les sorciers de feu survivants investirent la tour de Neo-Messaliah, don de Vâkkar Tï, où ils enfermèrent le jeune apprenti qui avait survécu à la fin de son monde. Almira Mayssà avait également survécu mais les Cadi Yangin firent retomber sur elle la responsabilité de la passion du jeune apprenti pour les flammes et la maudirent, maudissant avec elle les femmes et leur influence sur les hommes. Pourtant, si les sorciers de feu la conspuèrent, les autres habitants du désert la considérèrent comme une héroïne car en ce jour sombre elle avait sauvé maintes et maintes vies.
»

Je marque un petit temps de pause, les yeux perdus dans les flammes, avant d’ajouter :

- La Rédemption de Messaliah, l’armure que portait Almira Mayssà est celle que je porte actuellement. Quant à Vâkkar Tï… Il ne s’agit que d’un autre nom pour le Sans-Visage, l’être qui est la raison de notre venue sur Aliaénon.

Alors que je racontais mon histoire, je voyais la tête de Yurlungur dodeliner légèrement, sans jamais manifester d’émotion. A présent qu’elle est achevée, la petite rouvre les yeux pour regarder mon armure en hochant la tête. Elle me demande si c’est pour cette raison que je me rends dans le désert, pour rechercher Vâkkar Tï.

Je secoue la tête.

- Non, je ne recherche pas vraiment Vâkkar Tï. Même si je l'avais en face, je ne pourrais rien croire de ce qu'il me dirait et je ne voudrais pas me retrouver dans la situation périlleuse de ce jeune apprenti. Le désert connaît actuellement des troubles et je souhaite en comprendre la raison.

Yurlungur bâille et s’étire avant de me dire qu’elle se sent un peu fatiguée par une journée bien riche et me propose d’aller se coucher. Encore une fois, je secoue la tête avec un petit sourire.

- Retourne te coucher, tu as déjà bien veillé. Je vais rester encore un peu, puis j'irais éveiller les autres. Bonne nuit.

La jeune fille semble d’accord et baille une nouvelle fois avant de me remercier pour l’histoire et me souhaite à mon tour une bonne nuit. Je la laisse retourner se coucher et continue ma contemplation des flammes quelques instants avant d’aviser de la silhouette de Karz qui se détache à l’orée du campement, faisant face à la nuit. Je décide de me lever et de m’approcher de lui. Il est assis, dos au campement et je ne cache pas ma venue. Une fois arrivée à sa hauteur, j’indique la place à côté de lui en disant :

- Puis-je ?

Sans un mot, il indique que je peux prendre place et je m’assois, contemplant à mon tour la nuit. Mes yeux, après le feu, s’habituent petit à petit à l’obscurité et je vois les étoiles illuminer apparaître petit à petit. J’ai laissé la danse des flammes pour le ballet des étoiles, tout aussi beau quoi que plus éthéré. Un silence s’écoule avant que je ne prenne de nouveau la parole.

- Qu'est-ce qui vous pousse à ainsi aider les peuples d'Aliaénon ?

Karz ne me réponds pas tout de suite, réfléchissant à ma question avant de répondre qu’il ne sait pas vraiment. En arrivant sur Aliaénon, il a été envoyé en tant qu’espion au service de la Reine Noire et est arrivé à Esseroth au moment du siège de la ville. Il pousse un soupir, comme s’il cherchait ses mots avant de comparer notre vécu de la guerre sur Yuimen, présente mais lointaine, au choc que cela a été pour lui de s’y retrouver confronté à Esseroth. Là-bas, il s’est attaché à des personnes et je peux comprendre la suite, proche de ma propre histoire. Il poursuit en disant avoir déjà échoué à protéger des gens à qui il tenait et qu’il ne voulait pas le voir se reproduire.

Je peux difficilement répondre tout de suite, aussi je laisse un instant passer, autant pour le laisser faire de l’ordre dans ses idées que pour les miennes ?

- Vous aviez déjà tourné le dos à Oaxaca avant de venir sur Aliaénon ? Je ne puis m'empêcher de me demander... ne me répondez pas si ma curiosité vous dérange, mais pourquoi avoir rejoint Oaxaca en premier lieu ? Pourquoi vous en être ensuite séparé ?

A ma question, il caresse la chitine de la scolopendre sur son bras, attirant mon attention dessus. C’est un objet étrange qu’il possède là et, si je me suis demandé ce que c’était, ce n’était qu’un attribut étrange parmi tant d’autres, mais je me demande à présent si la créature n’est pas liée à son histoire avec Oaxaca.

Il m’explique avoir avoué à son affiliation au Capitaine Atsuhiko, ce qui m’étonne grandement, et en arrivant à Esseroth, il s’est rendu compte de l’ampleur du massacre perpétré par Oaxaca. Ce qui l’a fait les rejoindre est un amoncellement de petites choses comme la recherche de puissance, la peur, la colère. Et une méthode de recrutement assez persuasive sur laquelle il ne s’attarde pas mais qui me rend curieuse.

- Elle broie les gens avant de leur offrir un misérable porte de sortie. Que la Catin d'Omyre aille se faire foutre.

Ainsi conclut-il et je hoche sombrement la tête. J’ai du mal à saisir l’ampleur de ce qu’il me dit, mais je suppose que son parcours n’a pas été jalonné de joie, comme ce fut le cas du mien.

- Mentionner votre affiliation à Astuhiko était peut-être déjà un pas pour vous éloigner d'Oaxaca. Je n'ose imaginer ce que vous avez pu endurer sous son joug.

Je me tais de nouveau un instant avant d’indiquer la scolopendre sur son bras.

- La scolopendre lui est liée ?

Karz touche la créature et elle se met soudain à se mouvoir, remontant le long de son bras avant de se raidir pour prendre la forme d’un arc. Il me le tend alors et je le regarde un instant avant de comprendre que je peux le prendre pour le regarder. Hésitante, je tends la main vers l’arme alors qu’il m’explique que pendant la session de recrutement, il est devenu le Champion de Cwedim, le Roi des Rampants Visqueux et qu’il s’agit d’un cadeau de sa part. Je le regarde, médusée. Je ne pensais pas que son implication avec Oaxaca était allée si loin. Je regarde avec d’autant plus de crainte l’arme que j’ai entre les mains avant de la lui rendre.

- Il est réellement en vie ? Il porte un nom ?

Je le vois hausser un sourcil tandis que la créature reprend sa place. Visiblement, outre le fait que la créature soit animée et obéisse, il n’a aucune idée de si elle est vivante ou non, s’il s’agit d’un objet magique ou d’autre chose. Ne l’ayant jamais vue comme autre chose qu’une arme, il n’a jamais pensé à lui donner un nom, mais me propose de le baptiser si l’envie m’en prend.

Un sourire apparaît sur mes lèvres, rapidement suivit d’un petit rire alors que je songe à la série de noms qui me viennent alors à l’esprit. Aucun d’entre eux n’est réellement sérieux. Et après tout… pourquoi pas ? Est-il nécessaire de toujours dramatiser les situations, d’autant plus face à une arme aussi létale que celle-ci ?

- Rufus le Funeste, finis-je par dire avec un grand sourire.

Karz éclate à son tour de rire avant de se contenir pour ne pas réveiller les autres aventuriers, renforçant mon sourire. Il finit par abonder pour le nom de Rufus en regardant son arme en souriant. Reprenant son sérieux, il me demande à mon tour ce qui motive mes actions sur Aliaénon. A ses mots, le sourire sur mes lèvres s’éteint tandis que je me tourne de nouveau vers l’obscurité de la nuit et des étoiles, méditative.

- Ma venue sur Aliaénon, initialement, n’était autre qu’un hasard suite à une succession d’évènements tragiques, dis-je avant de marquer une pause. Mon clan, le Kel Asheara, s’est fait attaquer au cœur de la nuit. Grâce à ma servante, nous avons pu nous en sortir, mais pas sans avoir vu les corps de mon père, le Cheikh du clan et de l’homme qui était mon promis, fils d’un Cheikh d’un clan allié. C’était pourtant la première fois que je posais les yeux sur lui et il n’était rien d’autre qu’un cadavre. Au prix de la vie de ma servante, je suis parvenue à m’enfuir, pourchassée par les hommes qui ont réduit mon clan à l’état de cendre. C’est là que j’ai pris pour la première fois une vie et je ne parviens toujours pas à chasser cette impression. J’ai continué à fuir, sachant que mon clan n’était plus, et je suis tombée sur une affiche annonçant qu’Aliaénon avait besoin d’aide et d’aventuriers. Je ne me sentais pas plus aventurière que ça, mais je voulais éviter que d’autres subissent ce que j’ai vécu, alors je m’y suis rendue. Là, j’ai… évolué, beaucoup, grâce à des amis qui sont devenu proches. Depuis ce désert est devenu une seconde maison et je m’y sens bien. Je souhaiterai que tout s’y passe pour le mieux.

Karz esquisse un sourire rassurant, apaisant, à la fin de mes mots en disant comprendre ce que je ressens et que je ne suis pas la seule, trop de monde est dans le même cas. Il propose de protéger Aliaénon ensemble, avant que ses lèvres ne s’étirent en un grand sourire.

- C'est complètement cliché mais...

Je ne puis m’empêcher de rejoindre son sourire, le mien faisant écho au sien.

- … Mais ça n’en reste pas moins vrai, ajouté-je, avant de marquer une pause pour lui demander l’autre question qui me brûle les lèvres : comment se fait-il que vous vous retrouviez dans ce corps ?

Mon regard s’arrache à l’obscurité pour regarder Karz et j’ai l’impression de voir ses pupilles bouger, non par pas changement de lumière mais… parce qu’il le voudrait ?

Il me répond nonchalamment qu’il est mort dans le désert où nous nous rendons, lui valant un regard ébahit de ma part. Il poursuit avec un sourire, m’expliquant qu’il s’est alors retrouvé sous la forme d’esprit ou de fantôme et qu’il s’est déplacé sur Aliaénon. Il s’est rendu jusqu’aux Tours d’Orsan dont je n’ai qu’entendu parler, un lieu où se mèneraient de terribles expériences. Là-bas, il aurait trouvé l’âme de l’ancien propriétaire du corps, une pauvre personne qui n’était que souffrances et désolation. Il a fini par s’imposer à son corps en l’éjectant et son corps est devenu le siens.

Je suis parcourue d’un frisson et mon visage se tourne de nouveau vers l’obscurité. Un instant incapable de parler, je finis par dire :

- Je… peine à imaginer ce que cela peut faire.

Un autre silence passe avant que je ne regarde de nouveau ce corps si étrange qu’il possède, métallique. J’hésite un bref instant, mal à l’aise, craignant d’outrepasser la politesse en lui demandant :

- Ce corps semble si… étrange, est-il également fait de chair ? Est-il vraiment fait de métal comme il en a l’air ? Avez-vous encore des sensations… humaines ?

Il me répond que tout son corps n’est pas fait de métal et que seuls ses yeux, sa colonne vertébrale et ses bras ne sont pas organiques, laissant tout le reste normal. Il m’explique également que ses bras sont recouverts d’une fausse peau qui lui permet de ressentir le toucher, mais pas la douleur.

Je le vois lever son bras pour gratter sa tête, suivant ses gestes du regard et constate qu’il s’est mis à rougir avant de me tendre la main, paume vers le haut, pour me laisser regarder. Je me penche au-dessus, plissant les yeux pour tenter de voir dans l’obscurité. Je crois distinguer la peau transparente qui enrobe le métal et je résiste à l’envie de tendre la main pour toucher. Je l’entends alors dire qu’il pourrait me montrer pour le reste, mais qu’il aurait peur de paraître inconvenant et que ce ne soit un peu trop déplacé.

J’écarquille soudain les yeux et me redresse, sentant mes joues se mettre à rougir furieusement et rougissant d’autant plus que je me sens rougir. Je n’avais pas pris conscience de la proximité à laquelle j’étais de lui, masqués dans les ombres de la nuit. Pour les miens, pour mon clan, cela aurait été des plus inconvenants et à présent je ne sais pas comment réagir. Dois-je rire ? Dois-je courir me cacher ?

- Oh ! Je… je vous crois sur parole, finis-je par bredouiller.

Je me sens moi-même avoir l’air ridicule et n’en rougit que plus.

J’entends soudain un son fort emplir l’espace autour de moi et regarde Karz, sidérée, avant de comprendre qu’il est en train de rire à gorge déployée. Je reste un instant pantoise avant que l’hilarité de la situation ne frappe à mon tour et je me joins à lui dans un rire somme toute moins fort, mais s’approchant d’un fou-rire. Dieux ! depuis quand n’ai-je pas connu ça ? Longtemps…

Il s’excuse en expliquant qu’il ne voulait pas causer de gêne et qu’il n’est pas très doué dans les interactions sociales de base. Mon hilarité se calme pour laisser simplement un sourire tandis que je réponds :

- Je crains bien que ce soit aussi mon cas. Dès que ça sort des relations protocolaires, j’ai… beaucoup de mal à savoir comment agir.

Sur ce, Karz se relève et se dépoussière avant de me tendre une main. Je n’hésite qu’un bref instant de la saisir, non pas par gêne, mais parce que je me demande ce que je sentirais au bout des doigts. Du métal froid ? Non, visiblement pas, il s’en dégage une douce chaleur, moins chaude, ou du moins moins naturelle que celle qui s’échapperait d’un corps, mais tout de même présente. Je le relâche une fois à mon tour redressée alors qu’il annonce que le moment est venu de passer le tour de garde à la « lopette ». Il s’étire, indiquant que le reste du voyage sera sans doute plus ardu que ce que nous avons vécu jusque-là. Je n’en doute pas.

- En effet, il vaut mieux nous reposer. Merci pour cette discussion fort intéressante, lui dis-je avec un sourire avant de faire mine de me pencher vers la scolopendre. Bonne nuit Rufus !

Je me redresse, regardant cet être si étrange fait de chair et de métal, pourtant bien humain.

- Bonne nuit, Karz, dors bien.

Sur ces paroles, je file vers ma tente, décidée à profiter de mes dernières heures de sommeil.

Au petit matin, je m’éveille avec la sensation d’être en forme, du moins autant qu’on peut l’être en dormant en extérieur. Je goûte avec intérêt la boisson que nous propose le Chevalier, qu’il nomme café et m’invitant à le regarder sous un angle plus amène. J’aimerais beaucoup en obtenir plus tard. Nous nous remettons alors en route pour poursuivre vers l’Ouest. J’avise avec un froncement de sourcils grandissant la forêt qui s’approche de plus en plus. La Forêt d’Emeraude. J’ignore pourquoi, mais je ne me sens pas à l’aise à l’idée de l’approcher. Peut-être suis-je trop habituée à mon désert pour l’apprécier. Finalement, l’heure arrive où nous devons nous séparer.

Au groupe partant pour Treeof, je leur dis :

- Puissiez-vous mener à bien votre mission.

J’adresse un salut de la tête particulier à Celemar et à Kiyoheiki avant de rejoindre les miens. Nous poursuivons notre chemin le long de la Forêt d’Emeraude, sans jamais la pénétrer, ce qui m’arrange grandement. Plus le temps passe, plus je me sens mal à l’aise. Nous nous arrêtons pour manger et boire avant de poursuivre notre trajet jusqu’au crépuscule. Montée sur un promontoire, je distingue au soleil couchant la silhouette d’une cité qui s’étend après quelques bouts de forêt. Le Chevalier prend de nouveau la parole pour nous dire que nous sommes face aux plaines d’Arothiir, qui est le premier vrai périple du voyage et que si tout se passe bien, nous serons en ses murs le lendemain en soirée, mais nous dit que les prochains jours risquent d’être dangereux. J’acquiesce, en prenant note.

Tout en commençant à installer le campement, il nous explique que les Plaines sont parcourues d’un gaz irritant qui rend toute respiration difficile, le Gaz de Thiir. Je me souviens avoir entendu parler de cette drogue via Kerem, l’un des membres du quatuor de Methbe-el. Visiblement, nous devons faire attention à ce gaz et nous en protéger, même si le chemin que nous emprunterons devrait être sans trop de danger car il y a peu de vent. Mais nous ne sommes pas à l’abris de bourraques. La tenue du désert que je possède est composée d’un masque que je compte bien utiliser.

Je propose une nouvelle fois des tours de garde de deux heures, en prenant cette fois le dernier.


[5000 mots ; Sommeil : de 21h à 2h et de 4h à 6h, donc 8h.]

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Mar 31 Jan 2017 17:57 
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La couverture sur les épaules, à proximité du feu de camp, mon esprit était assaillit de questions.

J'avais du mal à comprendre pourquoi il y avait tant de problèmes entre les entités sur ce monde, là où sur Yuimen certains n'avaient aucuns problèmes à en vénérer plusieurs.

J'avais du mal à comprendre pourquoi le dieu qui nous avait aidé cotre Vallel était maintenant désigné comme ennemi numéro un de ce monde. Un ennemi à éliminer. Un ennemi que Naral tenait particulièrement à éliminer. Je n'étais pas passé à côté de la manière expéditive qu'il conseillait, allant jusqu'à encourager les abus de certains Chevaliers d'Or.

Je pique le feu d'un bâton, jouant avec les braises.

Je ne peux m'empêcher de repenser aux actes de ce dragon, la colère que j'ai ressentie à Nagorin, à Fan-Ming, dans la Tour d'Or à mon réveil.

Il nous avait manipulées. Pourquoi ne le ferait-il pas encore ?
Pourquoi les Chevaliers sont-ils si déterminés et pourquoi devoir tout abandonner pour leur but ?
Ma conversation avec Thersien était loin de m'avoir apporté des réponses.

Je remets une bûche dans le feu, le préservant de la famine.

Et pourquoi Naral porte-il autant d'intérêt à ce monde. Est-ce que comme Vallel il en venait ? Je ne comprenais pas ses motivations.

Les questions s'ajoutent et s'ajoutent, devenant gênantes voir insupportables. Le temps passe et l'heure de laisser mon tour aussi. Je me relève pour aller me soulager avant de trouver Karz pour le réveiller.

Tranquillement, il ouvre les yeux qui, dilatées, reprennent rapidement une taille normale. Il me sourit et me remercie. Amusé par le jeu des pupilles, j’incline la tête avant de lui demander.

"Avec ces nouveaux yeux, tu as quand même la sensation de tête dans le cul ?"

Il se marre et me déclare qu’en fonction de qui il a en face de lui il peut même l’avoir dans celui des autres.

Je retiens un éclat de rire qui réveillerait le camp avant de tendre la main pour l’aider à se relever en ajoutant plus sérieusement.

"Tu avais l'air de connaître Naral plus que les autres. Qu'est-ce que tu peux me dire sur lui ?"

Il se relève et se colle quelques gifles pour se réveiller avant de bailler et de me répondre.

"Ce que je peux te dire sur Naral ? Pas grand chose. J'ai beau l'avoir côtoyé un peu plus longtemps que certains, je ne le connais pas plus que ça. Je sais juste qu'il est fourbe. Fourbe et très intelligent ce qui le rend d'autant plus dangereux. Et ça, c'est sans parler de sa capacité à faire fondre les gens avec son haleine."

Sa dernière remarque fait apparaître un mince sourire sur mon visage inquiet.

"Oui j'ai remarqué tout ça... J'ai... même été au premier rang pour y assister..." Dis-je tristement.

"Est-ce que tu penses que tout ça pourrait être une de ses ruses ?"

"C'est possible, je n'en sais rien. Mais je sais que laisser le Sans-Visage faire ce qu'il veut n'est pas franchement une solution acceptable non plus."

"Que t'as dit le sans visage quand tu lui as parlé ?"

Son regard s'assombrit un peu.

"Ce qu'il m'a dit ? Qu'il n'avait aucune intention d'aider les peuples d'Aliaénon quand les armées Oaxiennes ravageaient son monde. Que c'était l'évolution ou une connerie du genre, qu'il ne voulait pas intervenir et laisser les choses se faire. Il jouait avec les habitants d'Aliaénon comme un enfant joue avec des fourmis. Et maintenant qu'il se rend compte que les hommes et les Titans cohabitent, qu'il se rend compte qu'il sert plus à rien. Il nous fait un caprice et essaye de reprendre le contrôle ? Qu'il aille se faire foutre. Il n'a aucune légitimité."

Je me gratte la tempe. Décidément j’étais complètement paumé.

"Mais pourquoi nous avoir confié les sifflets alors..."

Il me répond immédiatement. Me demandant pourquoi donner des épées à deux condamnés dans une arène ?

J’hausse un sourcil, surpris et presque déçu.

" Le spectacle ? "

Il lève son pouce.

"Je veux bien te croire. Mais ça ne m'empêche pas de penser que le dragon rose veut profiter de nous."

"Bien sûr. Ni Naral ni le Sans-Visage ne sont digne de confiance. C'est à nous de démêler le vrai du faux, de nous faire notre propre opinion et d'agir en conséquence."

"Dans ce cas, Est-ce qu'il est idiot de penser que les chevaliers d'Or ne sont pas si dignes de confiance que ça ? Ils ont l'air fortement lié à l'avis de Naral sur la manière de procéder."

"Les chevaliers d'Or font ce qu'ils estiment être juste. Contrairement à Naral, ils ne cachent pas leurs intentions. Ils sont des habitants de ce monde, comme la plupart des membres du Conseil d'Or."

"Peut-être que je me pose trop de questions."

Il me tape amicalement l’épaule, me rassurant en m’expliquant que ce n’est pas un mal mais qu’il ne fallait pas se laisser submerger.

Je retrouve un mince sourire.

"Ouais... Je vais te laisser rejoindre Charis avant qu'elle s'imagine que tu l'a laissée tomber."

Il pose un regard tranquille sur moi avant de s’éloigner.

"Dors tranquillement M'sieur le clodo, je veille sur toi."

Je lui fais un signe de la main avant de rejoindre ma tente pour y sombre, légèrement rassuré par les mots de Karz et l'épuisement du voyage.

Le lendemain matin, je sors de ma tente en massant mes fesses endolories par le voyage à cheval. Je m'étire, je baille, je me frotte les yeux en humant l'air, profitant de l'odeur agréable de breuvage que prépare le Chevalier d'Esseroth. Il me propose de goûter ce qu'il nomme café. J'accepte et porte le liquide chaud à ma bouche après avoir soufflé dessus.

Je grimace et tire la langue, gêné par l'amertume. Mais cela à l'avantage de me réveiller rapidement.

Assez vite, nous rangeons, replions bagage et reprenons la route.

Grâce aux conseils avisés de Charis je parviens cette fois à monter correctement sur Gaika et j'apprends encore à connaitre ma monture et ses façons de réagir.

Nous atteignons la forêt avant la fin de la matinée où nous nous séparons. Je souhaite bonne chance à Krayne qui s'est montré très sympathique et lui demande d'être prudent tout en observant le sentier qui s'enfonce dans les bois sombres.

Thersien, Charis, Karz, la gamine, son chaperon, le nain et moi nous continuons vers le sud, longeant la large forêt dont je ne pouvais détacher mon regard.

Je profite également du voyage pour me rapprocher du nain qui ne s’était toujours pas défait de son air renfrogné. J’espérais que lui apprendre que Krayne souhaitait l’aider lui redonnerait un peu le sourire.

"Salut, je ne crois pas qu'on ait déjà vraiment fait connaissance. Je suis Xël. Je voulais te prévenir que Krayne m'a dit qu'aimerait t'accompagner quand nous aurons fini dans le désert."

Il me jette un bref coup d’œil en coin en opinant de la tête.

"Bien. S'il est aussi fort qu'il y parait, il sera utile. Il vaudrait presque un nain. Et vous, mage, serez-vous des nôtres ?"

Je me gratte la tête, hésitant.

"Si mes amis vous suivent, je viendrais avec eux. Mais je ne peux pas vous cacher que je pense que ce soit une mauvaise idée d'attirer l'attention des armées d'Oaxaca en ce moment."

Je m'empresse d'ajouter.

"Même si je comprends que vous vouliez libérer les vôtres."

Il me rétorque, aussi amer que le café de ce matin.

"Justement, il s'agit des miens. De mes frères d'armes. Je n'admets pas qu'ils puissent être réduits à l'esclavage par ces pantins d'Oaxaca. Ne pas attirer leur attention ? Et pourquoi pas ? Auriez-vous peur, humain ?"

J'incline la tête, compréhensif, avant de répondre.

"Si j'ai peur ? Bien sûr que je chie dans mon froque. Tout ici prend des proportions titanesques. Si je veux éviter un conflit entre le Sans Visage et les Titans c'est parce que j'ai vu à quoi ressemblait un titan. J'imagine donc la puissance qu'a un être qui a pu les neutraliser. On risque une guerre entre les fidèles, guerre qui ne pourrait se faire sans magie. Vous avez entendu comme moi qu'elle était instable et elle était déjà difficilement contrôlable il y a un an. Enfin cinq ans. Si on y ajoute une armée d'orcs marchant sur les cités... Qui n'aurait pas peur ?"

Il me regarde d’un air un peu dédaigneux qui me gêne.

"Avec les miens, vous auriez un corps de combattants chevronnés de Mertar, qui n'ont nul besoin de magie pour vaincre leurs adversaires. Et au lieu de ça, vous les laisseriez croupir dans un cachot, asservis à nos ennemis ? Cela ne vaut-il pas la peine d'aller titiller ces noires troupes, quitte à les affaiblir au passage ?"

"Peut-être bien que si. Je vous assure que si je vous accompagne, je ferais tout pour vous venir en aide. Comment sont-ils arrivés là-bas ?"

Il s’assombrit en me racontant que c’est pendant une embuscade des Shaakts sur son campement pendant la nuit que ses amis se sont tous fait capturés et qu’il n’a rien pu faire pour les protéger malgré les nombreuses morts qu’il a causé. C’est pour sauver son honneur qu’il cherche à tout prix à les libérer car un nain n’abandonne jamais les siens. C’est en enquêtant qu’il à découvert l’existence d’Aliaénon et l’esclavages des siens dans les mines de la Lande Noire.

"Vous savez ce qu'ils cherchent dans ces mines ?"

"Ne le savez-vous donc pas ? Mes contacts m'ont parlé d'un métal maudit par la mort elle-même qu'ils nommeraient l'Argent Noir, et dont ils constitueraient l'armure de golems invincibles ayant participé à l'attaque contre Fan-Ming. N'y étiez-vous pas ? Avez-vous vu à quoi ressemblaient ces créatures de l'ombre, issue du sang des miens ?"

J'arbore un air grave avant de déclarer d'un air ironique.

"Oh si... Je les ai vue de très, très, très près. J'ignorais d'où et de quoi elles étaient issue. Des horreurs immenses dépourvus de chair, je me souviens qu'elles étaient froides, puissantes. Lourdement armés. Mais elles se sont retournés contre Vallel à Fan-Ming. Difficile de dire à qui elles obéissent maintenant s'il y en a encore."

Le souvenir de ma courte captivité à Ouesseort me fait frissonner. Il opine du chef, toujours sombre en déclarant qu'il n'y avait qu'un moyen de le savoir.

"Les créatures ont transpercés Vallel quand Naral a ordonné aux Ouessiens de se retourner contre nous. J'aurais tendance à dire que c'est donc le dragon rose qui les contrôles maintenant... Mais comme vous dites, il n'y a qu'un moyen de le savoir."

"J'espère, désormais, que vous m'aiderez à convaincre les vôtres d'œuvrer à la libération des miens. La portée en est plus vaste qu'une simple mission suicide de vengeance."

"Vous avez raison... Je n'y avais plus pensé. Je pensais que les horreurs sombres avaient toutes été vaincu à Fan-Ming mais si elles sont encore produites il faut découvrir par qui, qui les contrôles et y mettre un terme. En plus de libérer les vôtres bien sûr. Vous pourrez compter sur moi l'ami."

Je lui mets une bourrade dans l'épaule avant d'incliner la tête puis j'empresse d'ajouter.

"Évitez juste de me rendre cette tape, vous me feriez tomber de cheval."

Puis je ris franchement, espérant lui faire prendre une mine moins sombre.

Il esquisse un sourire dans sa barbe, apparemment rassuré. Puis, il rétorque :

"Ah ! Mes bras sont trop courts pour ça, je tomberais moi-même de la mienne avant de vous avoir touché !"

Je ris franchement avant de lui demander.

"Vous connaissez une chanson ? Pour égayer un peu le voyage ? J'ai toujours trouvé que les chants nains sont les meilleurs."

Il parait réfléchir un instant, mais secoue la tête.

"Je n'ai le cœur à chanter, hélas. Nos chants, telles les pierres formant une montagne, sont des chœurs graves et rocailleux. Aussi ne chanterai-je qu'avec les miens, lorsqu'ils seront sauvés."

"Je comprends. J'attendrais qu'ils soient sauvés alors."

Je passe la suite du voyage à admirer le paysage en sifflotant, chantant parfois un chant joyeux que Méli m'a appris. Je repense à elle. Peut être l'orphelinat était-il déjà en cours de construction. J'avais du mal à imaginer à quel point elle pouvait être heureuse de plus manquer de rien pour s'occuper de tous ses enfants mais également inquiète de me savoir à nouveau sur un autre monde. Quelques larmes remontent jusqu'à mes yeux que j'essuie d'un revers de manche avant de chanter de plus belle pour me remettre de la joie en cœur et dans celle de mes compagnons.


En fin d'après-midi, nous apercevons enfin la cité d'Arothiir du haut d’un promontoire rocheux ou Thersien décide de passer la nuit.

J'accueille cette idée avec un soupir de soulagement tant mon derrière me fait souffrir. Je mets pied à terre et donne à boire à Gaika avant de monter ma tente et participer aux diverses tâches du camp.

Le chevalier nous met au courant que les plaines sont parcourues d'un gaz de Thiir. Pour s'en préserver il nous conseille de placer un tissu humide sur notre nez et notre bouche.

Comme la première nuit, je propose de rester éveiller pour le premier tour de garde avec Dorika qui ne détournait pas les yeux de la cité qui brillait maintenant dans la nuit de lumières vacillantes et dansantes.


(( environ 1800 mots. Sommeil: De 23h à 8h))

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Mer 1 Fév 2017 12:48 
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Au final je ne trouvai rien qui vaille vraiment la peine d'être récupéré sur la grande place. La plupart des objets étaient conçus pour que des hommes puissent avoir un certain confort sur la route. Des tentes, des ustensiles de cuisine, de quoi allumer un feu, des couvertures, des vêtements... tout ce qui pourrait rappeler l'atmosphère de leurs maisons de pierres. En somme rien d’utile pour moi. Je récupérai tout de même des rations supplémentaires de viande pour la route, craignant de ne pas avoir le temps de chasser avant un moment.

Etant prêt avant le reste de mon groupe, je me mis un peu à l'écart observant la place à distance. Tout le monde s'équipait selon ce qu'il pensait judicieux, le ton monta un peu par endroit mais dans l'ensemble ce fut plus l'entraide qui domina. Ce fut alors que la dernière pièce de l'équipement typique des races "civilisés" entra en jeu. Pour ceux qui n'avaient pas la chance de monter à dos de dragon, mon groupe en faisait partie, il fallut se trouver une monture.

Je ne songeai même pas à m'approcher des bêtes mises à notre disposition. Si pour des raisons que j'ignorais elles ne semblaient pas êtres inquiétées par les dragons, je doutais que l'une d'elle puisse supporter de m'avoir sur le dos toute la durée du voyage. Je me contentai donc d'attendre encore un peu que chacun ait trouvé une monture à son goût. Tous, à part la gamine qui se mis derrière une autre cavalière, finirent par choisir et furent prêt à partir.

C'est alors qu'un des chevaliers d'or, Ser Thersien d’Esseroth, prit la parole pour annoncer que son groupe et le notre feraient route commune pour une partie du voyage. Ce fut donc une compagnie de onze personnes et neuf chevaux qui prit la route vers l'ouest. Thersien, étant le seul du groupe originaire de ce monde, prit la tête du convoi. Les autres aventuriers mirent leurs montures au pas derrière lui et je fermai la marche. Etre à pied parmi les montures ne me disait rien et de toute façon je préférai être un peu en retrait.

Noud nous arrêtâmes alors que la nuit tombait pour établir le campement. C'était probablement le manque de luminosité qui avait gêné mes compagnons. Si pour moi l’obscurité aurait plutôt été un facteur favorable au déplacement, j'étais soulagé que nous fassions enfin une pause. Nous avions à peine prit le temps de manger le midi et le reste du trajet s'était déroulé sans intermittences. Pour tous les cavaliers la chose avait dû être facile, encore que passer la journée assis sur un cheval ne devait pas être très agréable, mais pour moi qui n’avais pas l'habitude des longues marches la journée fut éreintante. Aussi c'est avec un véritable soulagement que je laissai tomber mon sac par terre dans la zone indiquée par le chevalier d'or.

Il avait choisi d'établir le campement au milieu d'un troupeau de grands herbivores. Des espèces de buffles avec six pattes et de longs poils blancs. Je trouvai étrange un tel choix mais notre guide nous rassura sur la tranquillité de cet étrange voisinage. Trop épuisé pour protester et trop heureux de pouvoir souffler je me contentai d'espérer que le chevalier d'or était digne de confiance.

Une fois que tous le monde eu mis pied à terre chacun s'affaira à la préparation du campement. Avant de venir prêter main forte je m'assis sur une pierre moussue pour me reposer un peu. Je regardai avec envie un buffapa, cet ainsi que notre guide avait appelé les herbivores, mais la bête était bien trop grosse et la harde trop nombreuse pour que je songe sérieusement à en faire ma proie, dommage. Je reportai donc mon attention sur le groupe qui s'agitait comme une petite fourmilière. Je repérai parmi les aventuriers ceux qui continueraient la route avec moi.

Il y avait d'abord Kiyoheïki. C'était lui qui s'était imposé comme leader malgré sa taille. Il était facilement le plus petit du groupe. Plus encore même que le fillette qui allait venir avec nous. Yurlungour? Je n'étais pas sûr d'avoir encore bien saisi son nom mais cette gamine était étrange, je ne comprenais pas comment elle avait pu se retrouver ici. Le second personnage féminin de la bande était Galelia, l'elfe blanc. Elle, je m'étais efforcé de retenir son nom car elle était une de celle qui, avec moi et l'elfe noir, avait fait réagir le bouclier de la mage blanche à Oranan. J'ignorai encore ce qui nous liait mais cela m'intriguait. Alors que les deux premiers semblaient se battre à l'arme blanche elle portait un arc. Avec Celemar, le premier des frères Dongho, cela nous faisait deux combattants à distance, chose appréciable. L'archer volubile faisait contraste avec son frère taciturne tant par le comportement que l'équipement. En effet, Edmar, le second frère possédait une immense épée. Le dernier membre de l'équipé que je n'avais pas encore repéré jusque là était pourtant un des plus grand de la troupe. Il portait une imposante armure et semblait surveiller l’archère de loin. Il faudrait que je sois vigilant pour tenter d'entendre son prénom à l'avenir.

Satisfait d'avoir fait le tour de mes futurs compagnons je jetai un rapide coup d'œil aux autres sans m'attarder. Ils avaient l’air compétent et je ne m’inquiétais pas de leur future réussite. Le campement commençait à prendre forme et j'aurai bien voulu aider mais je ne comprenais pas la logique qu'il y avait derrière leurs mouvements ni l'utilité finale de toute cette agitation. Ce n'est que lorsque la corvée de bois fut annoncée que je trouvai une tâche à laquelle je pouvais participer. L'archer et la fillette partirent d'un côté et moi d'un autre. C'était un réflexe que j'avais du mal à perdre, la recherche de la solitude. Il faudrait surement que j'y remédie sinon toute cette entreprise n’aurait pas de sens. Alors que je ramassais du combustible je ne pus m'empêcher de sourire. Je voulais sortir les miens de leur isolationnisme mais même sur un autre monde entouré d'inconnus je ne parvenais pas à perdre les habitudes du clan. J'avais encore un long chemin à parcourir.

Ramenant le bois au centre du campement qui était maintenant monté je fis un effort pour manger en même temps que le reste du groupe. Le chevalier d'or remarqua sur le ton de la discussion que la présence des buffapas ici était inhabituelle. Seul Kiyoheiki releva en s'inquiétant sur l'éventuel risque qu'ils pourraient causer si paniqués et il fut rassuré par le chevalier. J'entendis vaguement ce dernier insister sur l'étrangeté de la présence des bêtes ici. J'étais trop fatigué pour relever et alors que les tours de garde commençaient à s'organiser je me retirai silencieusement. Je n'avais pas eu la chance de me laisser porter toute la journée et de plus la chaleur du soleil n'avait pas aidé. Je décidai égoïstement que pour ce premier soir la veille de mes compagnons et mon instinct suffirait largement à la sécurité du campement. Sans plus de cérémonie j'allai me lover entre deux tentes et commençai aussitôt à dormir.

...


Je me réveillai avec le reste du campement. Il y avait longtemps que je n'avais pas eu une nuit entière de sommeil et je n'étais pas sûr d'aimer ça. Je me consolai en me disant que nous devrions bientôt arriver à la forêt d'émeraude. Bientôt les champs monotones qui nous entouraient depuis notre départ laisseraient place à de grands arbres. Alors que tout le monde démontait le campement je me mis à les observer silencieusement s'affairer. Je voulais être en mesure de pouvoir aider pour le prochain campement. Au final tout cela fut réglé en moins d'une heure. Le chevalier proposa à tous une boisson chaude que l'odeur forte me fit refuser. Nous prîmes de nouveau la route dans le même ordre que le premier jour.

Alors que je redoutai une longue marche, nous rapidement l'orée de la forêt. Je fus impressionné par l'épaisse végétation qui s'étendait devant nous. La forêt d'émeraude me rappela un peu ma terre natale, elle avait la même aura sombre et majestueuse. Je fus aussitôt conquis. Les deux groupes se saluèrent rapidement et nous pûmes finalement pénétrer dans l'immense territoire de chasse que je devinais se dresser devant nous. J'avais du mal à contenir mon excitation. Je remarquai tout de même que la fillette nous quitta pour rejoindre l'autre expédition.

Cette fois je fus celui qui ouvrit la marche. Les bois étaient mon élément et j'avais beaucoup moins de mal à progresser parmi l'épaisse végétation que les quadrupèdes qui m'accompagnaient. L'endroit était encore plus sublime vu de l'intérieur et je compris sans mal le nom de la forêt. Le toit de verdure était si dense que les rayons du soleil se teintaient de la couleur des feuilles en les traversant, inondant l'espace d'un magnifique vert émeraude. Cependant un léger malaise m’envahit.

J'entendais derrière moi les chevaux trépigner. Quelque chose les rendait nerveux. Les premiers moments d'émerveillement passés je me mis à ressentir également que quelque chose n’allait pas. C'était la même impression confuse que l'on ressentait en s'aventurant par mégarde sur un territoire voisin. Je mis tous mes sens en alerte et pourtant je n'entendis, ne vis ni ne sentis rien qui pourrait abonder dans le sens de mon impression. J'étais tendu. C'est le frère archer qui finalement mit des mots sur ce que tous devaient ressentir.

« On nous observe. »

La suite du voyage se déroula sous une tension croissante. Nous finîmes finalement par faire une pause pour le repas. Je pus constater à quel point tous monde était tendu. C'est seulement que je me rappelai de la raison première de ma présence ici. Je fis aussitôt le lien avec l'étrange sensation que j'avais ressentie. Je sortis mon cahier, mon morceau de charbon et me mis à écrire une note à l’attention de mes compagnons.

"L'archisorcier de la tour d'or m'a prévenu que des liykors vivaient dans les environs. C'est sans doute eux qui nous observent. Si nous sommes sur leur territoire depuis tout ce temps et qu'ils n'ont pas encore attaqués c'est..."

J'hésitai un instant avant de reprendre mon écriture et levai la tête. Les regards des autres aventuriers étaient tournés vers moi et je sentais que tous attendaient ce que j'avais à communiquer. Je repris mon écriture en sentant que j'étais au centre de l'attention.

"...probablement qu'ils n'ont pas l'intention de le faire. Ils seraient apparus à l'éveil du titan de la magie. Ils doivent savoir des choses qui nous seront utiles. Prudence mais diplomatie"

J'avais rajouté ces trois derniers mots après avoir observé les visages crispés de mes compagnons. Je ne voulais pas que l'un d'eux ait la mauvaise idée d'une attaque frontale en cas de rencontre brusque. J'ignorais encore l'étendue de la force de ceux qui m’accompagnaient mais attaquer un clan de liykor sur leur territoire serait un suicide. Je n'avais aucune envie de faire partie d’une telle folie. Je tendis la note à mon voisin de droite, elle fit le tour du cercle avant de me revenir.

Alors que nous n'avions même pas encore finis notre repas j'eus la confirmation que j'avais raison, du moins en partie. Nous avions bien pénétré sur le territoire d'un clan mais il ne s'agissait pas de liykors. Trois êtres sortirent du couvert des bois, je sentis leurs odeurs qu'une fraction de seconde avant qu'ils ne soient visibles. C'était des créatures dont je n'avais jamais entendu parlé auparavant: le premier avait un corps d’homme et une tête de hibou, le deuxième avait la tête d'un cerf blanc, des jambes de bouc de la même couleur mais un torse et des bras d’humain, seul le dernier était entièrement animal avec une tête de bouc et une toison parcourant tout son corps.

Je repensai à ce que m’avait dit Thensoor et je compris mon erreur. Il n’avait jamais parlé de liykors mais d’homme loups. Ils devaient sans doute faire référence à des créatures similaires à celles devant nous. Je ne pus m'empêcher d’imaginer qu'ils étaient tous les trois à l'origine des hommes à des étapes différentes d'une étrange métamorphose. Je gardai cette hypothèse dans un coin de mon esprit mais si ils avaient commencé à apparaître à l'éveil du titan de la magie c'était plus que probable.

Seul les deux premiers portaient des armes mais je savais depuis un moment que ne pas avoir une épée à la main ne signifiait pas pour autant être désarmé. Ils avaient encerclé notre groupe bien qu'étant en infériorité numérique. L'étaient ils vraiment? Si ces trois là avaient pu dissimuler leur présence jusque maintenant, il était certain que d'autres pouvaient encore se cacher à l'abris des bois. Le temps que nous avions marcher dans la forêt plus celui de la pause avaient été largement suffisant pour réunir un groupe beaucoup plus large. Je jetai un coup d'œil à mes compagnons pour voir si mon mot avait eu l'effet apaisant escompté.

Seul le guerrier, dont j'ignorai encore le nom, avait bondit sur sa hache dans le but visible de protéger l'archère. Les autres avaient l'air de garder leur sang froid. Les frères Dhongo avaient juste mis leurs armes à porté. Kiyoheiki écarquilla les yeux à cette arrivée insolite mais ne semble pas avoir la moindre intention hostile. Pour ma part je me relevai lentement en rangeant mon livre dans mon sac.

C'est alors que celui qui était entièrement animal et sans armes apparentes, visiblement le chef du groupe, nous demanda qui nous étions et confirmait que nous avions pénétré sur leur territoire. Je lançai un regard lourd de sens à Kiyoheiki. Le sauveur d'Aliaénon s'était imposé comme le chef de cette expédition, il avait maintenant l'occasion de prouver qu'il méritait cette responsabilité. D'un signe de tête je l'invitai à prendre la parole au nom du groupe en espérant qu'il saurait trouver les bons mots.

(((2304 mots sommeil 22h-8h00)))

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Multi d'Harper


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