Inscription: Mer 23 Déc 2009 16:05 Messages: 3765 Localisation: quête 30
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Mes yeux s'ouvrent sur un parterre d'herbes vertes et fraichement coupées, un soleil estival diffusant lumière et chaleur sur mon corps. La première surprise est que je ressens le doux zéphyr sur tout mon être comme un doux élan me poussant à me lever, ce que je fais avec lenteur, constatant avec surprise mes bras nus, mais pas seulement. Toute mon intégrité physique est exposée à cet étrange monde de douceur et de nature. Mes yeux verts clignent plusieurs fois avant que ne s'efface le brouillard de luminosité ambiante.
C'est un jardin au cœur d'une vaste clairière, les arbres sont parfaitement alignés et rangés de façon à dévoiler de longues et profondes allées, sous un toit de feuillage. Au fond de chacun de ces chemins, on ne peut rien discerner d'autre qu'un fond, émeraude, de verdure. Au centre de cette clairière, de ce jardin, une fontaine de pierres de plus de 12 mètres, moussue et couverte d'un lierre luxuriant brillant sous les rayons bienfaiteurs et les gouttelettes d'eau qui perlent sur ses feuilles. L'eau coule, tel un volcan, du sommet de la pierre et cascade en légers clapotis parmi feuillages et roches. Je m'approche de cette fontaine sans surprise. Impossible de savoir pourquoi et comment j'ai atterri dans ce petit paradis, d'ailleurs la question ne traverse qu'imperceptiblement mon esprit, comme si tout coulait de source. Une goutte d'eau atterit sur mon visage, près de mon œil, me faisant prendre conscience que mon visage est découvert et vulnérable. Telle une larme, elle s'échappe en glissant sur ma peau, blanche porcelaine, avant de se nicher dans mon cou et je reste un moment stupéfait devant cette étrange fontaine.
Sous mes pieds, soudainement s'éveillent milles et une plantes de toutes les couleurs. Pensées, Roses, Marguerites, Tulipes, Magnolias, Coquelicots, Muguet et tant d'autre, se bousculant pour sortir de terre et emplir l'espace que la forêt leurs a réservée. Les couleurs sont ahurissantes et pleines de lumière, comme un beau matin d'été s'éveillant sous la rosée. Je crois que je souris brièvement, le vent, le soleil, l'eau, le calme...
Le calme justement, quelque chose cloche car mis à part le clapotis de l'eau, et la douce brise dans les arbres, je n'entend rien d'autre. Pas un pinson, ni même un Geai. Aucun craquements causé subrepticement par quelques petits animaux forestiers malchanceux. Rien que moi et le silence qui gâche le portrait idyllique. Ce silence qui au fur et à mesure qu'il avale le bruit de la vie, m'oppresse et me dérange, me poussant soudainement à voir plus loin que ces longues allées d'arbres. Je lance un regard presque paniqué vers la haute fontaine de pierre et entreprend de l'escalader avec force conviction, cherchant à échapper à ce soudain silence.
J'escalade comme un homme, maladroitement, mes mains glissant sur la mousse spongieuse, m'agrippant au lierre, me surprenant de l'incroyable stabilité de l'édifice de roche. 5 mètres me séparent du sol et je regarde le parterre de fleur multicolore, si parfaitement figée dans l'attente d'un souffle de vie. Le souffle de Rana, par ailleurs, est si faible qu'il fait à peine bruisser les feuilles des arbres environnant. Je continue de grimper jusqu'au sommet et une fois sur la pointe suintante d'eau de l'œuvre minérale de mère Yuimen j'ouvre les yeux sur un spectacle à faire froid dans le dos.
à L'horizon, d'un rouge cendre, ne ce discerne plus rien que des plaines de terre sèche et poussiéreuse, ou dorment ci et là les squelettes des anciens autochtones. La terre assoiffée, craquelée n'offre plus aucune vie et entoure, morbidement, ma position. La foret qui me cerne à ma grande surprise est elle-même contenue dans un grand dôme vert émeraude en verre qui absorbe tout les sons environnant. Par endroit, je vois la terre s'effondrer en soulevant des flammes, des profondeurs sombre et brulante de la terre, elle semble rugir mais je n'entend rien. Le verre imperturbable préserve ce lieu de la désolation.
Je décolle ma main de la pierre et me redresse sur le mont de roche. Suis-je le dernier de mon espèce? pire encore? suis-je le dernier des vivants? Je me regarde dans toute ma nudité et puis balaye la forêt du regard avec espoir. Mais c'est une verdure condamné qui gît en bas. Une plante en pôt, sous cloche, abritant le dernier humain. M'abritant ou me condamnant à une solitude profonde qui ne me laisse aucun doute sur la finalité. Je tente d'appeler à l'aide, à la présence? à la vie? Mais seule ma voix en écho me répond me renvoyant à mon insupportable solitude. Il n'y à rien qui puisse jamais me répondre dans cette prison dorée.
Je regarde une dernière fois l'horizon, espérant y voir des étendars de guerres, des rescapé, des survivants... Mais là ou le feu n'éclaire pas, c'est les ténèbres qui dévorent. Je lève les yeux au dessus de moi et vois alors le soleil. Une trouée circulaire dans les nuages rouges, les rayons du soleil dans un écrin bleus tente de percer la fumée et le souffre pour maintenir un point de vie sur cette terre de mort. Mais il n'existe aucun espoir pour ce monde, il est perdu. Comme pour liberer l'astre de lumière de son vain combat, je ferme les yeux, inspire une dernière fois et libérant mes larmes, de peur, de colère et de solitude inonde mon visage sous l'accablement.
Puis je crois que je lâche prise et d'un bond en arrière me laisse tomber la tête la première vers le bas. Autant mourir puisque rien ne m'attend ici... Adieu.
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Mon réveil est à la hauteur de ma chute, je sursaute et me redresse en sueur, les yeux écarquillés, je cherche du regard mes compagnons et des éléments familier auquel me rattacher.
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Serpent Ménestrel (origine Voleur) Niveau 15 "Oaxaca contre-attaque." (Quête 30)
Réputation : ¤ Il est beau ¤ Une navigatrice dans la quête 27 ¤ Il est fantastique ! ¤ Un tavernier de Dahràm ¤ rchhhtll blll rll !! ¤ Le dieu pieuvre des mines de Lebher ¤ Il est trop rapide pour moi ¤ Le Dragon Noir d'Oaxaca ¤ Il m'a faite danser, et j'ai aimé ça ¤ Silmeria, l'anima noire
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