Rosie sentit son cœur bondir dans sa poitrine lorsque le jeune garde devint perplexe suite au commentaire du nécromancien qui avait parlé un peu trop vite. Le capitaine Hirotoshi rattrapa le coup rapidement, mais le mal était déjà fait. Il suffit que le doute se glisse par une fissure pour qu’il s’installe bien profondément et grandisse.

La semi elfe esquissa une discrète moue lorsque le capitaine la mentionna. Elle aurait peut-être dû se présenter elle-même si cela devait pareil être fait au final. Elle aurait aimé être nommée comme une parmi tant d’autre sûrement. Ne pas avoir son nom affiché ainsi, un peu de la même façon qu’on ne présente pas le nom et le visage de chaque homme présent dans une armée. Elle aimait bien le concept de garder le profil bas. Alors que certains aiment être dans la lumière, la jeune femme, elle commençait à apprécier les bénéfices de travailler dans l’ombre pour ne sortir au grand jour qu’au moment opportun.

Le doute sembla faire son chemin, le garde s’intéressant aux hommes pâles. Rosie n’aurait su quoi rajouter, surtout après ce qu’Azra avait répondu. Au grand soulagement de la semi-elfe, il sembla avoir trouvé des mots assez juste, un demi-mensonge, une demie vérité, la meilleure façon de mentir sans trop se brouiller. Sentant qu’il ne fallait pas trop en mettre, la jeune femme se contenta de rajouter dans un soupir :


« Ce fut une chance qu’ils soient là. »

Elle alla toucher machinalement sa tête, là où on avait tenté de l’assommer, se remémorant l’évènement de la nuit passé. Mérové, à ses côtés se tenait tranquille vu toute la route qu’il avait fait sur ses pattes. Il se contenta d’un soupir d’impatience.

Sirop, qui avait pourtant décidé de faire profil bas afin de faire le moins d'âneries possibles, ne put toutefois s'empêcher de s'esclaffer, alors que la situation était tout sauf drôle :

"Ah ah mouais, enfin heureusement que j'étais là, moi-aussi, pas vrai les gars ?" lança-t-il à l'adresse de ceux qui, pour le moment tous penauds, les avaient attaqués la veille.
Il se tourna ensuite vers le garde et ajouta d'un ton complice :

"Ils nous ont aidés, oui, mais c'est qu'ils sont pas bien habitués à la bagarre ces gus-là si vous voyez ce que je veux dire ! En tout cas ils sont sympathiques...Oh, pas marrant-marrant, mais sympatoches ! Leurs alcools sont excellents !"

Le pas très finaud Sirop n'avait remarqué le scepticisme du garde qu'au moment ou ses compagnons avaient commencés à mentir. Étant lui-même un menteur hors catégorie et un incorrigible fier-à-bras, il avait pensé que rajouté son petit grain de sel pourrait aider à décoincer la situation.
Sûrement se trompait-il.

Piqué au vif par la remarque du garde, la shaakt fit la moue. Comment pouvaient-ils sauver ce monde si ses propres habitants restaient désinvoltes face à une menace bien réelle. Marla ne voulait pas retrouver les membres de son groupe dans l'immédiat, mais ce qu'elle avait en tête pour obliger d'autres personnes à les rejoindre allait rendre le groupe encore plus tendu qu'auparavant.

Votre réponse est des plus évasive...si je vous demande une direction vous me répondez par là? Amenez-moi à votre meneur, il y a des choses dont je souhaite m'entretenir avec lui avant l'arrivé du groupe entier.

Un plan bien dangereux germait tout doucement dans sa tête, elle avait besoin d'avoir des personnes sous ses ordres pour mener ce plan à bien. La fille des Maev'ar allait enfin pouvoir éliminer certains gêneurs.

Le garde semblait moyennement convaincu, mais il accepta ces explications, d'autant que les autres eurent la bonne idée de le soutenir du bout des lèvres, ou au moins de ne pas le contredire. Ils purent donc entrer en Andel'Ys, où les attendaient deux autres gardes. Sans plus attendre, de peur que celui de la porte ne change d'avis, le jeune nécromancien fit signe à Rosie, Karin et les bandits de venir.

« Allons, nous avons du boulot ! Plus vite ce sera fait, mieux ce sera... »

Il observa les deux gardes. L'un était équipé d'une hache et l'autre d'un arc. Tous deux semblaient là pour les guider, et pas d tout disposés à les laisser se 'perdre' dans la ville. Il s'empressa donc de choisir celui équipé d'une hache. Simple réflexe de survit : s'il devait fuir pour quelque raison que ce soit, il tenait à ce que ce soit celui qui ne pouvait l'atteindre à distance, et s'il avait une arme lourde et encombrante, c'était encore mieux.
C'était certes futile pour quelqu'un de condamné d'avance, mais les vieilles habitudes ont la vie dure.
Il déclara d'un ton qu'il espérait amicale sous son air maussade :

« Bonjour, nous aurions besoin de nous rendre au port, pour affaire... vous pourriez nous y conduire ? »

Le mensonge improvisé voire même maladroit d’Azra fit hésiter le garde. Cependant, mon acquiescement ainsi ceux de Rosie et de Sirop vinrent à bout du petit doute qui semblait envahir le garde à la torche. Tout de même méfiant, il nous prévint de nous tenir à carreau afin d’éviter les ennuis. Il nous annonça également que deux frères nous attendaient de l’autre côté de la barricade afin de nous servir d’escorte. Ce peuple semblait bien méfiant. Ce comportement ne me dérangeait point puisque nous n’avions aucune mauvaise intention. Et puis, il serait plus facile de se rendre rapidement au lieu voulu, escorté d’un homme de la place.
Nous franchîmes donc les portes d’Andel’Ys et rencontrèrent immédiatement les deux frères. Le premier me fit froid dans le dos avec son casque à cornes, son énorme hache et son visage aux traits rudes recouverts de symboles peinturés sinon tatoués. Son frère dont on distinguait des traits plus fins malgré son casque nasal qui lui cachait une partie de visage, m’apparaissait plus civilisé, moins impressionnant.

Comme d’habitude, Azra se précipita pour prendre la parole en premier et choisir lequel des deux soldats les accompagnerait. Et comme d’habitude, il se mit les pieds dans les plats en faisant le mauvais choix. Si je devais combattre un de ses deux hommes, je préférais m’attaquer à l’archer qui plus habile à distance, l’est sûrement moins au combat de corps à corps. Mais puisque je n’accompagnais pas Azra, je fus assez satisfait de sa décision, puisque c’était l’archer qui allait nous escorter dans cette ville inconnue. Bien qu’elle aurait été en meilleure compagnie avec moi, je n’étais pas inquiet pour Rosie, elle avait vu pire que le nécromant dans notre précédente aventure commune, et puis son gros ours veillait sur elle.
J’attendis poliment que le nécromant ait terminé de parler avant de m’adresser à l’homme muni d’un arc.

« Le capitaine Hirotoshi et la princesse Honoka, tout deux de Fan ming désirent s’entretenir avec votre dirigeant. Vous est-il possible de nous conduire à lui ? »

Azra prit les devants. Rosie jeta un regard accablé vers le reste de l’équipe. Un au revoir qui lui pesait lourd. Le nécromancien n’était pas une mauvaise personne, mais la jeune femme sentait que contenir son empressement ne sera pas une mince affaire, mais une nécessité pour la réussite de leur entreprise. Elle soupira :

« Allons-y donc… »

Résignée, elle talonna gentiment sa monture et appela Mérové à la suivre. Ce qu’il fit, le reniflement curieux. La porte ouvrant enfin sur les entrailles de la muraille, une panoplie de nouvelles odeurs vinrent lui titiller le sens et lui redonnèrent une énergie nouvellement réveillée par sa curiosité. Les narines excitées, il voulut suivre, les yeux fermés, la voie qu’elles lui avaient choisie : celle des fin gourmets de la mer. Salive à la bouche, il n’échappa toutefois pas au regard furtif de la semi-elfe qui s’empressa de le ramener à l’ordre. Elle n’eut pas vraiment besoin de dire ou faire quoi que ce soit. Mérové l’avait senti. Même à plusieurs kilomètres d’elle il aurait pu sentir ce petit cœur battre à s’en déchirer les artères, lorsqu’elle repéra sa tentative inconsciente de s’éclipser. Sa nervosité était si grande que l’ours en eut l’appétit coupé. Plus la jeune femme approchait de l’homme menaçant gardant en main une arme à l’aspect tout aussi redoutable, moins Mérové avait faim.

Rosie resta silencieuse quand Azra fit sa requête auprès de l’un des frères qui les attendait comme l’avait mentionné plus tôt le garde à l’entré, pour les escorter. Tout avait été dit pour l’instant. Elle se contenta donc de détailler leur potentiel guide et se demanda sérieusement en quoi le garde pouvait-il vraiment craindre qu’ils puissent causer le moindre ennui s’il fallait qu’ils soient chaperonner par cet homme.

Le garde de la porte sembla assez convaincu et Sirop était persuadé que c'était grâce à lui. Sa mère lu avait toujours dit qu'il avait un talent d'orateur indéniable.
Sa confiance en lui rabibochée, le Hobbit adressa un signe de main théâtral aux fameux Gayit et Arbeyit mais cette assurance s’éclipsa bien vite lorsqu'il découvrit d'un peu plus près le visage de celui qui tenait la hache, qui semblait redoutable au passage.

(La gueule du type, par Kubi...) songea-t-il en laissant passer une rapide mimique médusée sur son visage, surpris par le casque pour le moins farfelue mais aussi par la dureté des traits de cet individu.

Le petit Sinari se tut donc finalement, d'autant plus que Mathis avait déjà prit les devants auprès du gars à l'arc qui avait l'air plus sociable et moins impressionnant.
Le cœur de Sirop se serra toutefois quand l'image de ces deux frères exécutant le même métier lui rappela ce qu'il avait fait au sien, de frère.
Mais comme à l’accoutumée, il chassa bien vite ces sombres pensées pour se concentrer sur la tâche qu'il avait à accomplir mais aussi sur cette nouvelle cité grouillante de nouvelle découvertes.

Dans les rues sombres de la cité d'Andel'Ys, les volutes brumeuses s'écartaient sur le passage de la shaakt pour se reformer derrière elle. Elle se trouvait presque dans une atmosphère qui lui était familière, l'architecture était bien sur différente, mais ce qui contrastait le plus était le fait de ne pas avoir de plafond comparé à sa Khonfas natale.

(Ne t'en fais pas...un jour tu y retourneras)

Elle-même savait qu'elle retournerait sur le lieu de vie de ses ancêtres, mais surtout pour défaire ses ennemis maintenant légion sans doute. Ils arrivèrent sur une place, ce qui fit sortir Marla de ses pensées. Elle scruta chaque parcelle de la place et ne vit aucun danger immédiat, juste une bâtisse plus grande que les autres, fait de pierre et non de torchis. Elle savait qu'elle était arrivée sur une place-forte, et son escorte lui confirma.

Bien, allons-y

Elle descendit de cheval le laissant sur place sans aucune attache, s'avança vers la porte et entreprit de saisir la poignée. Mais elle se retint d'ouvrir la porte, se rappelant les coutumes humaines. Sans doutes, les hommes pâles avaient les mêmes. Elle frappa du point sur la porte et attendit qu'on vienne lui ouvrir comme une vulgaire paysanne.

(Patience Yathrin, patience...)

Andel’Ys – Maison d’Astidenix.

Un homme à la silhouette athlétique, au col de mailles et au justaucorps de cuir bouilli, vint ouvrir la porte sitôt que Marla eut frappé dessus.





Devant la surprise naissante sur son visage, Ginfan précisa le motif de la visite :

« Elle vient voir Astidenix. »

L’homme aux cheveux longs opina sentencieusement du chef, et laissa place libre au duo pour rentrer dans la maison. Il resta lui-même près de la porte, alors que Ginfan menait Marla à travers des sombres couloirs, peu éclairés, décorés de nombreuses armes ou pièces d’armures hétéroclites. Une décoration toute guerrière.

Ils arrivèrent dans une salle éclairée de quelques torches, sobre pour un dirigeant de cité. Les murs de pierres étaient simplement recouverts, à certains endroits, d’étoffes rouges tombant comme des draperies, des rideaux. Sur un siège bas de pierre recouvert de fourrure, un homme se tenait. Plutôt âgé, il n’en dégageait pas moins une grande force guerrière. Dos droit, position fière, son regard perçant vit arriver Marla en son antre sans ciller. Un visage dur au front dégarni, et à la fine moustache grise tombant de part et d’autre d’une bouche sévère. De fins cheveux clairs pendaient sur l’armure, seul réel symbole extérieur de richesse et de puissance de l’homme. Une cape en fourrure sombre lui pesait sur les épaules, et il était appuyé sur une masse formidable à laquelle il ne valait sans doute mieux pas se frotter. Il prit la parole sans préambule.





« Qui es-tu, femme à la peau noire ? Et que fais-tu chez moi ? »

Andel’Ys – Port de pêche.

L’homme à la hache répondit d’un grommellement sourd d’assentiment à la demande du nécromancien. Il se tourna vers une ruelle et l’emprunta, se faisant suivre de Rosie, du nécromancien, d’un ours imposant, et de toute une bande de truands des plaines sur le repentir. La troupe, se promenant dans les rues sombres, mal éclairées et brumeuses de la cité d’Andel’Ys, arriva pourtant assez rapidement à hauteur d’un port de pêche animé, malgré la nuit tombante. Un certain mage d’Esseroth, à la peau sombre et aux yeux écarlate, était aussi de la partie.


Port de pêche


Les embarcations présentes n’étaient pas bien grandes. De petits bateaux de pêche à une voile, des barques pouvant à peine contenir une dizaine de personnes. Ce n’était pas une flotte bien impressionnante… Mais ça s’expliquait aisément, puisqu’il ne s’agissait que d’un port menant sur un lac, certes très grand, mais bien loin des dangers et distances d’un océan. Plusieurs marins et marchands s’activaient sur la jetée pour ramener sur les quais la dernière prise du jour. Tout semblait rôdé, mais ça n’empêchait pas le tout de prendre l’apparence d’un beau foutoir.

Andel’Ys – Grand-Place.

L’archer répondit sans ambages à la demande de Mathis.

« Bien sûr, suivez-moi. »

Et il se lança dans les ruelles sombres et brumeuses de la cité, suivi du blondinet, du sinari, et de la délégation de Fan-Ming. Ils arrivèrent sans peine jusqu’à une place embrumée, cernée de maisons à colombages de bois sombre, aux murs recouverts de torchis beige. Seule une habitation était toute de pierres apparentes, plus imposante que les autres.


Grand-Place


Gayit, une fois sur cette place, se retourna vers le petit groupe, et demanda :

« Excusez mon indiscrétion, mais que venez-vous faire ici, à Andel’Ys, chez Astidenix ? »

[Marla : XP : 0,5 (post)
Mathis : XP : 0,5 (post)
Azra : XP : 0,5 (post)
Sirop : XP : 0,5 (post)
Rosie : XP : 0,5 (post)]

Avec un grognement, l'homme accepta de les conduire dans les ruelles brumeuses. Pas à dire, la cité n'était guère accueillante. Le jeune homme plaignait ceux qui y résidaient toute l'année. Mais il avait ses propres soucis... d'ailleurs, il s’aperçut qu'ils étaient suivi par Egregor. Il fallait vivre avec les épreuves imposées par Phaïtos, sans doute...
Azra lui adressa un hochement de tête, ne sachant quoi dire de plus.

Ils arrivèrent bientôt à la source du brouillard : le lac. Si vaste qu'il était inutile d'espérer en voir l’extrémité. Le port en lui-même était un capharnaüm écrasé entre l'eau et la cité. Il était dominé par une île recouverte de maisons et reliée à la terre par un pont lui-même abondamment construit.
Les embarcations ne manquaient pas, ici... trouver quelqu'un pour en louer une était une autre affaire.

« Quelqu'un, ici, à une idée d'où nous devons nous adresser pour mettre la main sur un navire capable de tous nous transporter ? » marmonna-t-il.

Tout en disant cela, il fouillait les environs des yeux, à la recherche d'un navire plus grand ou d'un bâtiment plus imposant qui ferait partie du port.

Pendant que l'archer les conduisait en silence vers la demeure du fameux Astidenix, Sirop ne s'attarda pas trop sur le paysage qui n'était de toute façon pas très agréable ni très intéressant à admirer. Des rues sinistres et floutées par cette constante purée de pois le tout cernées par de hautes maisons, ce n'était pas le décor préféré d'un Hobbit et ce dernier songeait surtout à ce qu'il allait dire au dirigeant de cette cité de brume. En effet, Sirop avait l'intention de frapper un grand coup cette fois pour, certes, se racheter auprès de la Princesse et de sa suivante, mais aussi pour prouver, ou plutôt se prouver, qu'il n'était pas là en tant que simple figurant.
Pour se prouver qu'il pouvait être utile et même nécessaire à cette quête.
Malheureusement, lui qui d'habitude possédait un bon sens des mots et des tournures des phrases alambiquées, avait, en cette fin d'après-midi, les paupières très lourdes. Il était déjà tard et il n'avait pas célébré le moment du silence obligatoire à tout Sinari pendant cette interminable journée de chevauchée et de ce fait, son petit organisme demandait maintenant nourriture et sommeil avec insistance.

Malgré tout, il s'imaginait déjà en train de parler fièrement au chef d'Andel'ys, sous les regards admiratifs et coi de son petit groupe, conversant avec le charismatique gouverneur de sa voix grave et forte dont il aimait s'affubler dans ses fantasmes pour le convaincre de se joindre à eux pour la bataille, d'unir ses forces aux leurs afin de triompher avec brio de cette réelle menace que représentait Oaxaca. Il s'imaginait Chihiro lui lançant un regard émerveillé en se disant, les yeux brillants :

"Ouaw je l'ai vraiment mal jugée...Il a en fait beaucoup trop de charme !"

C'est sans remarquer le sourire idiot qui s'était lentement peint sur son visage qu'il perçut la voix lointaine de son guide le sortant de ses rêveries. Il remarqua alors qu'il se trouvait désormais au milieu d'une grande place au sol pas très bien pavée. Instinctivement, il sut que la demeure d'Astidenix n'était plus très loin et il se mit à se sentir comme un comédien sur le point d'entrer en scène. Il savait qu'il approchait du moment où il devrait faire enfin ses preuves et une boule commençait à prendre beaucoup de place dans sa gorge. Laissant à Mathis le soin de répondre au curieux Gayit, il savait qu'il n'avait pas le droit à l'erreur cette fois. Dans quelques instants, il allait redorer son blason pour de bon !

L’homme à la hache acquiesça en utilisant le langage de Mérové. Surpris l’ours le dévisagea longuement. Rosie qui repéra le questionnement de son compagnon dû retenir un sourire d’amusement sentant que son expression pourrait être mal interprétée.

La troupe disparate entama son chemin dans les rues sombres de la cité. La brumes couvrant le moindre horizon, il était dur de se créer des points de repère. Rosie avait en tête de porter attention à chaque bâtiment qu’ils croisaient au cas où elle aurait à s’échapper. Même si c’était une façon négative de penser, elle préférait voir cela comme de la prudence et de la prévention. Nul ne sait si dans le futur, elle n’aura pas à faire ce chemin seule dans le but de retrouver les portes de sortie, ou bien le port. Que ce soit pour s’enfuir ou pour mener enquête. Elle resta donc à l’affut du moindre écriteau, changement de direction tant que l’obscurité et la brume lui permettait. Cette ville lui inspirait que des mauvais pressentiments, pierre par pierre, porte par porte, pas par pas.

Ce ne fut pas bien long qu’ils atteignirent le port de la ville. L’endroit, plus ouvert que les dédales de la ville, redonna un peu d’entrain à Rosie. Bien que la brume et la nuit dominaient, le port avait un charme certain et mystérieux. Le son des vagues paisibles qui se percutent contre les coques et les quais, l’horizon disparaissant dans une brume fantomatique, une odeur mêlant le poisson, la glaise et les algues qui planent dans l’air froide et humide ainsi que de bruyants marins qui s’attèlent méticuleusement à leurs tâches quotidiennes. Quelque part, tous les ports se ressemble un peu et ça avait de quoi de rassurant. C’était comme ce sentir un peu moins loin de chez soi.

Toutefois, une chose clochait dans le décor et ce manquement vint ternir l’image que Rosie admirait jusqu’alors. Il n’y avait certainement pas là ce qu’ils étaient venu chercher. Il n’y avait pas d’embarcation digne de ce nom pour les conduire à destination. Rosie resta silencieuse un instant cherchant une possibilité, une explication, une solution.

Puis, elle tourna machinalement la tête vers le nécromancien, étonnée qu’Azra ne prenne soudainement plus tant les devants, qu’il n’avait rien à dire, rien a proposer. Son quasi silence n’était pas un bon signe considérant qu’il avait toujours quelque chose en tête, quelque chose à exprimer. Il semblait plutôt chercher un repère, quelque chose, surement une embarcation digne de ce nom. Elle l’observa un instant, observer les environs, cherchant une expression positive sur son visage. Il marmonna son questionnement, mais la jeune femme doutait que quelqu’un lui répond ici.

La jeune femme ayant aussi constaté elle-même avec déceptions l’aspect général des embarcations, jugea qu’il était peut être inutile de continuer de se contenter de ses yeux et de marmonnement pour trouver une solution. Il allait falloir demander. Elle s’adressa aux autres et bien sûr plus particulièrement en réponse à Azra.

« Un instant, je vais m’informer. »

En parcourant la troupe du regard, elle perçut l’éclat rouge des deux rubis incrustés dans une peau de nuit. Elle le vit, mais ne s’y attarda pas ayant un but en tête et ne voulant pas laisser ses pensées s’en déroger.

Leur guide s’étant montré particulièrement peu bavard, elle ne se donna même pas la peine de lui poser la question, se doutant déjà qu’elle serait déçue de sa réponse. D’un pas qu’elle voulait assuré, elle se dirigea vers les marins les plus proches. Mérové la suivit mais resta toutefois quelques pas derrière elle. Sa présence dans son dos, donna à Rosie un brin d’assurance et de sécurité. Elle leurs demanda simplement.

« Pardonnez-moi messieurs ? Savez-vous où je peux trouver quelqu’un qui pourrait nous offrir une embarcation et un équipage pour descendre le fleuve? »

Dès qu'elle eut frappé à la porte de la bâtisse en pierre, la porte s'ouvrit laissant place à un garde aux cheveux longs avec un col de maille. Ginfan annonça le but de la visite et prit les devants, menant Marla dans les couloirs de la maison. Ceux-ci, peu éclairés étaient une réelle satisfaction pour la shaakt, les décorations martiales lui rappelait un peu celle des temples dédié à Valshabarath.

Ils arrivèrent peu après dans une grande salle du trône ou se tenaient sur son siège de pierre et de fourrure un vieillard. Même s'il pouvait être impressionnant, son âge avancé faisait douter Marla de ses capacités. Même si la vieillesse était un exploit chez les shaatks, chez les autres races du monde, elle était considéré comme la fin de toute vie. Celui-ci prit la parole demandant l'objet de la visite.

Vendui' rivvil, je viens d'un monde qui diffère du vôtre, je suis Marla Maev'ar, maitresse de la maison Maev'ar de Khonfas dans le monde de Yuimen. En ces terres, je suis inquisitrice pour la ville de Fan-Ming et éclaireur pour le groupe qui va arriver en vos murs. Le but de notre visite est simple, vous demander votre aide concernant la guerre au sud. Je suis sur que vous en avez entendu parler...

Je connais déjà votre position sur cette guerre, vous allez attendre qu'elle vienne à vous ou auprès de votre autre cité avant de déplacer votre armée, néanmoins laissez moi vous mettre quand même en garde au sujet de cette armée. Elle n'est pas ici pour tout conquérir et asservir, c'est une armée qui a qu'un seul but, anéantir votre monde pour en prendre le contrôle. Mes compagnons ont conscience de cela et tenteront de vous convaincre de nous rejoindre.

Marla s'avança de quelques pas vers Astidenix.

Ce que je vous propose nous sera bénéfique aussi bien au groupe qu'a votre ville. Je souhaite vous délester des prisonniers qui sont dans vos geôles, des combattants qui se trouvent dans vos arènes si vous en avez.

Elle fit une pause, laissant le chef de la ville prendre en détail tout ce qu'elle venait de lui annoncer, mais juste avant qu'il donne sa décision, la sombre reprit la parole.

Si d'autres mondes se sont ligués contre cette fausse divinité, c'est que chacun à perdu quelque chose qui lui était cher, une ville, une famille, des proches. Nous sommes là pour éviter que cela se reproduise, malheureusement, il faudra travailler de concert.

(Quel beau discours, on croirait presque que tu as un cœur.)

(Comme chaque chose, mais mon cœur est déjà dédié à notre maitresse. Les humains vibrent tous sur une corde, il suffit de trouver laquelle...)

Elle plongea ses yeux carmin dans ceux de l'homme pâle attendant sa réponse. Sinon il ne lui restait qu'une seule alternative. Elle allait devoir quitter le groupe pour rejoindre la citée perdue et amasser quelques richesses pour son compte.

Ma politesse et mon savoir vivre furent accueillis comme il se doit par le frère archer qui sans la moindre hésitation acquiesça à notre demande, le priant de le suivre.

Et c'est ainsi qu'à sa suite, nous pénétrâmes au coeur même de la cité traversant ses nombreuses ruelles brumeuses et sombres. Fort bien guidés, nous arrivames rapidement et sans aucun incident dans une place fidèle au reste de la ville quant à la présence d'un brouillard constant.

Les maisons, presque toutes identiques, arboraient un toit de tuiles de pierre et des murs pâles garnis de colombages de bois sombres. Identiques, presque, puisqu'une seule, de plus grandes dimensions et entièrement constituée de briques, se démarquait des autres. J'en déduisis que cela devait être la demeure du chef de AndelY's. Mon doute se confirma lorsque notre guide s'arrêta, il nous avait conduit à destination.

Mais avant de prendre congé de nous, sans pour autant manquer de savoir vivre, il nous questionna sur le but de notre visite. Je ne répondis pas immédiatement, le jaugeant d'abord. Puis, je me dis que si sa curiosité était comblée, il pourrait nous rendre la pareil en répondant à nos interrogations, ou encore mieux en nous donnant des tuyaux quant à l'attitude à adopter en présence d'Astidenix.

"Moi et une petite troupe, sommes originaires de Yuimen." Commencai-je.

"Il existe dans notre monde une demi-déesse obscure nommée Oaxaca qui sème le chaos partout où elle passe. Il semblerait qu'elle soit en train d'envahir Aliéanon. Elle serait plus au sud de votre monde, mais ne tardera pas à monter jusqu'ici. Connaissant les aptitudes et stratégies de ses troupes, nous sommes venus vous porter secours. Nous venons auprès de votre chef proposer notre aide. Avec nous, vos troupes seront plus efficaces pour combattre ce mal et le détruire là où il siège à présent l'empêchant de se rendre jusqu'à AndelY's "

Cela dit, je me suis tu.